vendredi 27 janvier 2012

Savoir immédiat et savoir absolu. La lecture de Jacobi par Hegel

Jean-Michel Buée


Janvier 2012 - Classiques Garnier - coll. "Les Anciens et les Modernes – Études de philosophie - 28 €

Pourquoi Hegel n’a-t-il cessé de s’intéresser à la pensée de Jacobi, depuis Tübingen jusqu’aux textes de Berlin sur les positions de la pensée par rapport à l’objectivité? Il s’agit de montrer que la polémique initiale contre un subjectivisme qui indique la présence d’un irrationalisme au cœur des philosophies de la réflexion fait place à une reconnaissance des mérites spéculatifs de la pensée de Jacobi, dissimulés sous une métaphysique de l’immédiateté qui est pour Hegel le paradigme même du dogmatisme.

La République et le Prince moderne

Blandine Kriegel


Novembre 2011 - PUF - 24 €

À l’heure où, partout dans le monde, les peuples se tournent vers la république démocratique, mais à l’heure aussi où l’Europe hésite à bâtir une république commune, que sait-on véritablement de l’histoire de la république européenne ?
Est-elle issue, comme l’affirment nombre d’historiens anglais, des cités antiques et médiévales ? Est-elle née, comme le voudrait un préjugé francocentrique tenace, de la Révolution française de 1789 ?
En contournant ces deux généalogies, trop longue ou trop courte, la philosophe Blandine Kriegel retrace ici une histoire originale et inédite de la république moderne. Celle-ci naît en effet de la rencontre inattendue des traditions des républiques de cité et de celle du droit politique moderne de l’État qui permet à l’insurrection des Pays-Bas néerlandais de vaincre le despotisme impérial de Philippe II. Mieux, tous les États-nations européens, au premier rang desquels la France et l’Angleterre, contribuent à sa victoire. Mieux encore, le droit politique neuf de cette première république d’État qui s’affiche dans les discours de Guillaume d’Orange, véritable « Prince moderne », comme dans les Déclarations d’indépendance des Provinces-Unies, est rédigé par des Français, protestants et « politiques ». L’épilogue de cette histoire culmine avec le « Grand Dessein » d’Henri IV et de Sully de construire une république européenne… devant laquelle nous trébucherons encore.
La république moderne, une idée européenne ? Ou quand le retour sur le passé peut permettre de frayer la voie à l’avenir. 


Table des matières

Introduction — République de cité, république d’État
Les républiques de cité
Les républiques d’État

PREMIÈRE PARTIE. — LE CONTEXTE HISTORIQUE
Prologue à la révolte des Pays-Bas

I – Avant la guerreLeurs intérêts
Les traditions
Un nouvel état d’esprit

II – La guerre d’occupation et de libérationL’événementiel militaire, politique et idéologique
Le duc d’Albe ou la répression (1567-1573)
Luis de Requesens (1573-1576) ou le début de la négociation
Don Juan d’Autriche (1576-1579) ou l’unité manquée
Alexandre Farnèse (1579-1584) ou le leurre de la reconquête
Les leçons de la guerre et de la résistance

III – Guillaume d’Orange ou le Prince moderne

IV – La politique européenneLe projet impérial
L’intervention des puissances extérieures
L’Empire
Les Princes protestants
Jean Casimir
Les villes protestantes
Strasbourg
Genève
L’Angleterre
La France
L’équipée du duc d’Anjou
L’explosion du projet impérial

DEUXIÈME PARTIE. — LES HOMMES ET LES ŒUVRES

I – Les hommesHubert Languet (1518-1581)
Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623)
François Hotman (1524-1594)
François de La Noue (1531-1591)
Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde (1538-1598)

II – Les œuvres Prologue : des changements 
La Réforme
Le droit romain
Jean Bodin et la doctrine de la souveraineté
Vindiciae contra tyrannosThéodore de Bèze : Du droit des magistrats sur leurs sujetsFrançois Hotman et la doctrine de la nation
Les déclarations d’Indépendance des Provinces-Unies
Les défenses de Guillaume d’Orange
L’Apologie
Épilogue : le Grand Dessein d’Henri IV et de Sully

Conclusion. — La république européenne à la lumière dorée de la République de Hollande

Chronologie de la naissance de la République des Pays-Bas1559-1565 – Marguerite de Parme, gouverneur général des Pays-Bas
1567-1573 – Occupation du duc d’Albe
L’OCCUPATION – 1567-1572 (7 ans)
1573-1576 – Luis de Requesens
1576-1578 – OCUPATION PAR DON JUAN
1581-1584 – Occupation par Alexandre Farnèse, duc de Parme

Sources
Index des lieux
Index des noms


lundi 23 janvier 2012

Etats de choc. Bêtise et savoir au XXIè siècle

Bernard Stiegler



Janvier 2012 - Ed. Mille et une nuits

L’impression que la déraison domine désormais les hommes accable chacun d’entre nous. Que la rationalisation qui caractérise les sociétés industrielles conduise à la régression de la raison (comme bêtise ou comme folie), ce n’est pas une question nouvelle : Theodor Adorno et Max Horkheimer nous en avertissaient déjà en 1944 – au moment où Karl Polanyi publiait La Grande Transformation.
Cette question a cependant été abandonnée, tandis qu’au tournant des années 1980, la rationalisation de toute activité, rapportée au seul critère de la «performance», était systématiquement et aveuglément orchestrée par la «révolution conservatrice» – imposant le règne de la bêtise et de l’incurie.

Tout en mettant en évidence les limites de la philosophie qui ins- pirait l’École de Francfort, le post-structuralisme laisse aujourd’hui ses héritiers désarmés devant ce qui s’impose comme une guerre économique planétaire et extrêmement ravageuse.
Naomi Klein a soutenu que la théorie et la pratique ultralibérales inspirées de Milton Friedman reposaient sur une « stratégie du choc ». L’«état de choc» permanent règne cependant depuis le début de la révolution industrielle – et plus encore depuis le temps où s’applique ce que Joseph Schumpeter décrivit comme une «destruc- tion créatrice», caractéristique du modèle consumériste.
À partir des années 1980, sous l’impulsion de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, l’état de choc technologique a été suscité par un marketing planétaire ne rencontrant plus aucune limite, imposant la prolétarisation généralisée, et détruisant l’économie libidinale : ainsi s’est installé le capitalisme pulsionnel où la destruction créatrice est devenue une destruction du monde.
L’état de choc est ce que le post-structuralisme n’aura pas pensé, principalement en raison de deux malentendus : 1. quant au sens de la prolétarisation (que Marx pense avant tout comme une perte de savoir induite par un choc machinique), 2. quant à la nature de l’économie libidinale (au sein de laquelle Freud, à partir de 1920, distingue la libido de la pulsion).

dimanche 15 janvier 2012

Les émotions démocratiques : Comment former le citoyen du XXIe siècle ?

Martha Nussbaum



Août 2011 - Climats - 19 €

Une crise silencieuse frappe aujourd'hui les démocraties du monde.
L'éducation se plie aux exigences du marché de l'emploi, de la rentabilité et de la performance, délaissant la littérature, l'histoire, la philosophie et les arts : les humanités. Pour Martha Nussbaum, l'une des plus grandes philosophes américaines, celles-ci ne sont ni un vestige du passé ni un supplément d'âme pour happy few. Dans ce manifeste original et argumenté, Martha Nussbaum montre comment les humanités nous font accéder à la culture des émotions, à l'"imagination narrative".
C'est grâce à l'empathie que nous sommes capables de nous mettre à la place d'autrui, de nous identifier au "faible" au lieu de le stigmatiser, de développer de la compassion et du respect en lieu et place de l'agressivité et de la peur qui naissent inévitablement de la vulnérabilité, et de défendre l'intérêt commun. Ce n'est pas à coup de débats d'idées abstraites que s'imposeront l'égalité et la liberté...
C'est en formant, par le biais des "émotions démocratiques", le citoyen du XXIe siècle.

samedi 14 janvier 2012

Philosophie des sciences humaines

Charles Girard, Florence Hulak (dir.)


Janvier 2011 - Vrin - Bibliothèque d’histoire de la philosophie- 12 €

Les sciences humaines ont en partage des concepts. L’histoire et la géographie, la sociologie et l’anthropologie, l’économie et la linguistique, la psychologie et la psychanalyse trouvent leur unité dans l’usage divers qu’elles en font, plutôt que dans un objet commun aux contours incertains. Pour s’établir comme sciences, elles ont dû affronter les problèmes épistémologiques, ontologiques et pratiques qu’ils suscitent ou révèlent. En s’efforçant d’éclairer le sens et l’efficace de ces concepts, en rendant compte de l’articulation et de l’évolution de ces problèmes, la philosophie peut contribuer au développement des sciences humaines. Elle ouvre aussi pour elle-même un accès plus sûr à leurs savoirs et questionnements, sans lesquels elle ne saurait désormais avancer. Les contributions réunies dans ce recueil explorent, dans cette perspective, neufs concepts essentiels : la causalité, les normes, l’interaction, l’événement, la nature, la société, l’inconscient, l’expérimentation et la neutralité.

Table des matières


INTRODUCTION par Florence Hulak et Charles Girard
LA CAUSALITÉ par Pierre Demeulenaere
LES NORMES par Ruwen Ogien
L’INTERACTION par Céline Bonicco-Donato
L’ÉVÉNEMENT par Florence Hulak
LA NATURE par Pierre Charbonnier
LA SOCIÉTÉ par Eva Debray
L’INCONSCIENT par Claire Pagès
L’EXPÉRIMENTATION par Stéphanie Dupouy
LA NEUTRALITÉ par Francesco Callegaro et Charles Girard

vendredi 13 janvier 2012

Descartes. Des principes aux phénomènes

Jean-Pierre Cléro, Emmanuel Faye (dir.)


Janvier 2011 - Armand Colin - Collection : Armand Colin/Recherches

Cet ouvrage, issu d’un colloque consacré aux Principia philosophiae de Descartes, met l’accent sur l’astronomie cartésienne, trop souvent délaissée au profit de la seule physique du mouvement, et revient sur l’aboutissement de la longue démarche entreprise par Descartes pour contourner après 1633 la censure de Galilée par le Saint-Office . De façon générale, les auteurs remettent en question la vision caricaturale, qui s’est imposée à la Modernité depuis Heidegger, d’un homme cartésien mesure de toute chose par sa raison calculatrice, dominant la nature à partir de la représentation qu’il s’en fait et auteur d’un projet faustien de mise en coupe réglée du réel par son exploitation technique. En réalité, Descartes combat dans les Principia l’anthropomorphisme de la théologie pour laquelle « Dieu a créé toute chose pour l’homme » (PP III, 3). La conscience de la vaste étendue de l’univers, qui déborde infiniment notre représentation, rend particulièrement vaine la prétention à se poser comme fin de l’univers. Descartes apparaît donc comme le philosophe qui nous rappelle les limites de la présence humaine dans un univers sans limite assignable dans l’espace ou dans le temps. La diversité des approches proposées dans ce volume ouvre un vaste espace d’interprétation, où l’on notera particulièrement le contraste entre l’analyse épistémologique proposée par Jean Seidengart dans la lignée du dernier Koyré, et la théorie des fictions prise par Jean-Pierre Cléro comme fil conducteur d’une relecture de Descartes.

Sommaire

Avant-propos (Emmanuel Faye)
Préface (Jean-Pierre Cléro)
1. La définition de la pensée et la conscience dans les Principia I, 9 et La Recherche de la Vérité par la lumière naturelle (Emmanuel Faye)
2. Notions et choses chez Descartes. À propos de Principes I (Kim Sang Ong-Van-Cung)
3. Des principes d’une union « libre » ; l’union des Méditations aux Principes (Philippe Drieux)
4. L’Erreur dans les Principes de la philosophie de Descartes de Spinoza, I, XV (Chantal Jaquet)
5. Descartes et le principe d’inertie : un corrélat de la réforme cartésienne de la géométrie (Olivia Chevalier-Chandeigne)
6. La connaissance du Monde dans les Principes de Descartes : Métaphysique, Physique et Astronomie (Jean Seidengart)
7. Lire les Principes comme un roman (Anne Staquet)
8. Les Principes de la philosophie, Le Traité du monde et les fictions (Jean-Pierre Cléro)

Se mettre à la place d'autrui. L'imagination morale

Solange Chavel



Janvier 2012 - Presses Universitaires de Rennes - Série Raison publique - 16 €

Au cours de nos discussions morales ordinaires résonne souvent une injonction familière : « Mets-toi donc à sa place ! » Comme si une des racines possibles de nos désaccords moraux était moins un défaut de raisonnement qu’un défaut de perception : non pas tant une manière d’argumenter qu’une manière de voir.

Ce livre est un effort pour décrire cet aspect particulier de nos vies morales, qui tient à notre usage de la perception et de l’imagination. Les discussions morales les plus courantes comme les plus élaborées dépendent assurément de la maîtrise de principes et de concepts. Elles mettent pourtant aussi en jeu une capacité d’une nature différente : la capacité à imaginer la situation telle qu’elle se donne à vivre non seulement pour soi-même, mais également pour les autres personnes impliquées ; à imaginer des scénarios possibles, à distribuer des rôles que nous-mêmes et les autres pouvons incarner.

À travers un parcours de la philosophie contemporaine de langue anglaise (Murdoch, Diamond, Nussbaum), mais en s’appuyant également sur les travaux récents de la psychologie de l’empathie et des exemples de fiction littéraire, cet ouvrage affirme que c’est seulement par l’effort imaginatif pour nous mettre à la place d’autrui que nous pouvons accéder à un jugement moral digne de ce nom.



lundi 9 janvier 2012

HUMAIN - Une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies

Monique Atlan et Roger-Paul Droit


Janvier 2012 - Flammarion
L'impossible d'hier est-il devenu le possible d'aujourd’hui? Produire des cellules artificielles, recomposer l'ADN, transformer nos cerveaux en machines artificielles, voir directement nos pensées sur un écran, réparer notre corps à l’infini grâce aux nanotechnologies jusqu’à repousser la maladie, la vieillesse, puis la mort... s’agit-il de science ou de fiction? Comment penser ces mutations scientifiques associées ò la révolution numérique, à la mondialisation, à l’écologie triomphante, à notre responsabilité planétaire? Sommes-nous face à une prospective caricaturale ou à une étape nouvelle dans l’histoire de l'humanité?
Pour répondre a ces questions, Monique Atlan et Roger-Paul Droit ont entrepris un tour du monde scientifique dans les laboratoires des chercheurs les plus réputés. Du MIT au Collège de France, de Stanford à Saclay, de Harvard à l’École normale supérieure, à New York, Londres ou Hambourg, leur enquête sans équivalent fournit une boussole irremplaçable et accessible a tous pour identifier les carrefours de pensée et les choix qui nous attendent.
Dans ce grand chantier du XXIe siècle, ils font dialoguer les disciplines et confrontent les points de vue pour renouveler cette question philosophique centrale : qu’est-ce que l’humain?


Monique Atlan et Roger-Paul Droit ont interrogé, aux quatre coins du monde, les personnalités suivantes:


JEAN-CLAUDE AMEISEN, HENRI ATLAN, MARC AUGE, ZYGMUNT BAUMAN, JEAN-MICHEL BESNIER, GÉRARD BERRY, RÉMI BRAGUE, MICHAEL BRAUNGART, MONIQUE CANTO-SPERBER, MANUEL CASTELLS, MORAN CERF, DAVID CHALMERS, GEORGE CHURCH, DANIEL COHEN, ANTONIO DAMASIO, STANISLAS DEHAENE, PHILIPPE DESCOLA, FREEMAN DYSON, JEAN-PIERRE DUPUY, BERNARD EDELMAN, ALAIN EHRENBERG, RENÉ FRYDMAN, FRANCIS FUKUYAMA, MARCEL GAUCHET, ANDRÉ GREEN, JÜRGEN HABERMAS, GEORGES HANSEL, FRANÇOIS HARTOG, FRANÇOISE HERITIER, JEAN-CL
AUDE HEUDIN, CHRISTIAN JAMBET, SUDHIR KAKAR, ÉTIENNE KLEIN, JULIA KRISTEVA, RAY KURZWEIL, PIERRE-MARIE LLEDO, DOUGLAS MELTON, JEAN-CLAUDE MILNER, MARVIN MINSKY, NICHOLAS NEGROPONTE, ERIK ORSENNA, CORINE PELLUCHON, ISABELLE QUEVAL, JOËL DE ROSNAY, AMARTYA SEN, RICHARD SENNETT, PETER SLOTERDIJK, JEAN-DIDIER VINCENT, ELIE WIESEL, FRANCIS WOLFF.


Monique Atlan est journaliste et productrice du programme littéraire quotidien "Dans quelle éta-gère" à France 2. Roger-Paul Droit est écrivain et journaliste. Chercheur au CNRS en philosophie, il est également chroniqueur (Le Monde, Les Echos, Le Point), et enseigne à Sciences-Po Paris. Il est l’auteur d’une trentaine de livres.

dimanche 8 janvier 2012

Les ombres de l'âme – Penser les émotions négatives

Sous la direction de Christine Tappolet, Fabrice Teroni et Anita Konzelmann Ziv




Novembre 2011 - Editions markus haller - 15 €

Les émotions peuvent être pénibles, voire néfastes. Pensons par exemple à la peur, la colère, la haine, la jalousie ou au mépris. De telles émotions sont souvent qualifiées de négatives. Mais que sont les émotions négatives et comment se distinguent-elles des émotions positives ? Plus généralement, qu’impliquent-elles pour notre compréhension des émotions ? Et quels sont concrètement leurs effets sur nos pensées et nos vies ? De plus, comment analyser l’ambivalence affective, comme quand on ressent à la fois de l’amour et de la haine ? Réunissant dix contributions rédigées pour l’occasion, Les ombres de l’âme propose des éléments de réponses originaux à ces questions. Ce faisant, cet ouvrage jette les bases d’une philosophie des émotions négatives.

Cahiers de lexicologie, n° 99 (2011 – 2) - Lexique et philosophie

Editions Classiques Garnier - 45 €



Responsable : Marco Fasciolo

Le numéro 99 des Cahiers de lexicologie – Lexique et philosophie – est la contribution de la sémantique lexicale à l’analyse conceptuelle. Il s’articule en trois sections: une générale, concernant les universels, les rapports langue-pensée et individus-catégories en langue; une appliquée, concernant l’expression et la conceptualisation de l’espace, des sentiments et des couleurs, la sémantique de vrai, faux, bien et la notion de norme. Une dernière section présente les perspectives informatiques dans l’élaboration d’ontologies naturelles.

Deux siècles d’utilitarisme


Malik Bozzo-Rey et Émilie Dardenne (dir.)



Janvier 2012 - Presses Universitaires de Rennes - 18 €

Sous l’impulsion de Jeremy Bentham, le principe d’utilité a été défini comme visant la « maximisation du plus grand bonheur du plus grand nombre ». Cet ouvrage rend compte de la richesse de la pensée utilitariste et de la vivacité du débat qui l’entoure. Il entend proposer une vision pluridisciplinaire approfondie de l’utilitarisme à la fois critique et constructive en questionnant les racines historiques et philosophiques de la doctrine, et en interrogeant son héritage, ses mutations et ses développements contemporains.

samedi 7 janvier 2012

Le zéro et le un. Histoire de la notion d’information au XXe siècle

Sous la direction de : Jérôme Segal



Octobre 2011 - Matériologiques - "Sciences & philosophie" - 29 €

La notion d’information est particulièrement polymorphe, luxuriante même. Ses définitions prolifèrent, son domaine lexical est si vaste que la probabilité que deux spécialistes de l’information (sans plus de précision) évoquant cette notion ne parlent en fait pas de la même chose est très élevée. Nous avons tous une idée vague et courante de que ce terme veut dire, nous utilisons tous ce vocable aux multiples acceptions propres à notre quotidien, tandis que les physiciens et les mathématiciens, entre tentatives de formalisation rigoureuses et multiplications des domaines d’application de l’information, développent sans cesse leur compréhension de ce que certains voient comme une nouvelle catégorie du réel. Les sciences humaines, via notamment les sciences de l’information et de la communication, et la linguistique, ont également contribué à l’inflation conceptuelle et lexicale des usages et significations de ce terme. Quant à la biologie, il est patent qu’elle a incorporé l’information à son socle théorique de manière massive. Cette discipline est sans doute celle où cette notion est des plus discutée, notamment parce que la biologie peut dialoguer avec la physique, l’informatique et les mathématiques via la notion d’information, et parce que le programme génétique, Deus ex machina du fonctionnement cellulaire pendant ces cinquante dernières années, est redevable de fortes critiques issues de théories très stimulantes. Le chapitre 7, véritable essai de 110 pages sur «  l’information et le vivant  : aléas de la métaphore informationnelle  », offre une vision panoramique de cette histoire dense et complexe.
Le livre de Jérôme Segal permet de comprendre les racines historiques et épistémologiques de cette profusion et des confusions qui continuent encore trop souvent à perturber notre perception de la notion scientifique d’information. Il s’interroge également sur l’unité du savoir que certains théoriciens de l’information ont cru fonder sur cette instance du réel qui a véritablement révolutionné le XXe siècle et qui sera sans nul doute un objet scientifique crucial durant le siècle en cours.

Nouvelle édition (ouvrage initialement paru en 2003), augmentée d’une postface d’Antoine Danchin et de 800 liens hypertextes bibliographiques.

jeudi 5 janvier 2012

Une morale pour les mortels. L'éthique de Platon et d'Aristote

Anne Merker


Décembre 2011 - Les Belles Lettres - 39 €

Une morale pour les mortels est une étude d'ensemble de l'éthique de Platon et d'Aristote, à partir de la problématique philosophique qui lui donne corps: la mortalité de l'être humain, source de ses désirs et de leur perpétuelle insatisfaction. Par contraste avec une morale du devoir, on découvre ici une morale qui s'exprime par un « il faut » (δεί, χρή), poussant vers une fin qui puisse répondre au manque (ένδεια) et au besoin (χρεία) qui marquent la condition humaine. À partir de cette problématique sont repris et éclairés tous les concepts et thèses classiques de l'éthique ancienne: la question de la mesure et de l'harmonie, la vertu dans son unité et sa pluralité, le bonheur, le bien, le plaisir, l'amitié, l'amour de soi, la volonté et les autres désirs, l'intention, l'action, et surtout la vérité du paradoxe « nul n'est méchant de plein gré », dont sont exposées la résistance face aux critiques d'Aristote et les conséquences dans le domaine pénal. L'ensemble met en valeur la spécificité de l'être humain décelée par les Anciens: qu'il soit un être tout à la fois désirant et pensant.

La circulation entre les savoirs au siècle des Lumières. Hommage à Francine Markovits

Sous la direction de François Pépin


Janvier 2011 - Hermann - Collection "Histoire des sciences" - 22 €

Cet ouvrage collectif constitue un hommage à Francine Markovits, spécialiste de Diderot et des Lumières, dont l’œuvre a révélé l’importance d’un « ordre des échanges » éclairant les relations entre des domaines que l’on a souvent tendance à séparer. Les diverses contributions de cet hommage concernent les Lumières, avec quelques excursions dans le XVIIe siècle, et s’intéressent à différentes manière de circuler entre les savoirs, que ce soit la philosophie, les sciences de nature, celles de la société et de l’homme. Il est ainsi question d’interprétation de la nature, de médecine et de chimie, mais aussi d’esthétique, d’anthropologie et de politique. Contre la tendance à classer les « disciplines » et à transformer les Lumières en système, les chapitres de ce livre tissent des réseaux de relations complexes, parfois étonnants, qui sont autant de parcours dans la philosophie et les savoirs de l’âge classique. Une question politique demande une théorisation anthropologique, elle-même renouvelée par le scepticisme et spinozisme, les arts se mêlent aux sciences pour façonner une philosophie expérimentale, le matérialisme et l’empirisme se nourrissent de la chimie et de la médecine. Derrière une pluralité de figures (l’aveugle, l’artiste, le savant, le philosophe) et d’auteurs (Rousseau, Spinoza, Montesquieu, Bayle, La Mettrie), se dessine un type de circulation entre les savoirs particulièrement bien mis en valeur par Diderot et l’Encyclopédie.

mardi 3 janvier 2012

Philosophie n°112 : Philosophie animale française

Janvier 2012, Editions de Minuit, 10 €


Sous le titre de philosophie animale, il faut entendre une discipline philosophique d’origine anglo-saxonne dont la réflexion est centrée sur la responsabilité éthique des hommes à l’égard des animaux. Or, s’il n’existe pas vraiment de « philosophie animale française » – les travaux français sur l’animalité s’étant développés dans des perspectives très diverses sans souci d’unification –, certains philosophes français majeurs du XXe siècle ont cependant contribué au renouvellement de la réflexion sur l’animalité. L’ambition de ce numéro est d’en mettre en lumière quelques aspects centraux.



Sommaire

EMMANUEL LEVINAS
Le paradoxe de la moralité (entretien)

CLARE PALMER
« Apprivoiser la profusion sauvage des choses existantes » ? Une étude sur Foucault, le pouvoir et les relations
homme-animal

PATRICK LLORED
Les deux corps sacrifiés de l’animal. Réflexions sur le concept de zoopolitique dans la philosophie de Derrida

BRIAN MASSUMI
Ceci n’est pas une morsure.
Animalité et abstraction chez Deleuze et Guattari

lundi 2 janvier 2012

Le sens du temps et de la perception chez Husserl

Gérard Granel



Décembre 2011 - T.E.R. - 26 €

Le sens du temps et de la perception chez Husserl propose une interprétation générale de la phénoménologie transcendantale qui en traverse les textes fondamentaux: Leçons sur le temps, Ideen I, Philosophie première, Krisis.

Gérard Granel y soumet à lʼanalyse les thèmes conducteurs du husserlianisme (la reconnaissance de lʼintentionnalité de toute forme de conscience et de lʼabsoluité de la conscience intime du temps, lʼexigence dʼintuitivité et de rationalité, etc.), et il procède à une évaluation critique de lʼidée même de constitution transcendantale qui montre que les concepts husserliens dʼimmanence et de transcendance sont grevés par des équivoques quʼHeidegger lèvera dans Être et temps.

dimanche 1 janvier 2012

Schopenhauer et l'inconscient

Jean-Charles Banvoy, Christophe Bouriau, Bernard Andrieu (éditeurs)


Décembre 2011 -  Presses universitaires de Nancy - 15 €

Sont réunis ici des textes issus d'horizons philosophiques très différents, centrés sur la question de l'inconscient dans la pensée d’Arthur Schopenhauer. La perspective ici adoptée est celle de ne pas lire Schopenhauer à partir de Freud, comme s’il n’en était qu’un pâle précurseur, mais d’examiner la théorie schopenhauerienne de l’inconscient pour elle-même, dans ses difficultés, sa richesse, mais aussi sa fécondité. Le présent ouvrage cherche à élucider la place et le rôle de l’inconscient schopenhauerien, encore peu connu, dans l’histoire des théories de l’inconscient et plus largement dans l’histoire de la philosophie contemporaine.

Sommaire

Jean-Charles Banvoy – La notion d'inconscient dans l'œuvre d'Arthur Schopenhauer
Christopher Janaway – La véritable essence de l'Homme : Schopenhauer et la Volonté inconsciente
Marie-José Pernin-Ségissement – Enjeux métaphysiques et religieux de la Volonté « inconsciente » dans la philosophie de Schopenhauer
Christophe Bouriau – Schopenhauer : les inférences inconscientes
François Félix – Entre inconscient psychique et inconscient neuro-cognitif
Peter Welsen – Schopenhauer précurseur de Freud
Bernard Andrieu – La corporéisation du rêve par le cerveau de la Volonté chez Schopenhauer