jeudi 26 février 2015

Florent Perrier : Topeaugraphies de l'utopie. Esquisses sur l'art, l'utopie et le politique

Payot - Février 2015 - Collection : Critique de la politique


L’utopie se meurt d’un double oubli : celui du sensible qui l’anime comme celui des corps qui la portent. D’un marxisme devenu orthodoxe aux conservateurs de tout bord, se répète la même amnésie aux dépens d’une aspiration des peuples à la liberté. Cette perte du recours au sensible dans les lectures politiques de l’utopie se traduit par des processus d’occultation et d’assignation destinés à domestiquer une pensée sauvage faite de pratiques critiques de l’écart, rétive à l’ordre établi. Cela, au mépris de topeaugraphies de l’utopie pourtant bien réelles qui forment de singuliers tissus de possibles sillonnés de désirs, traversés d’échappées – la membrane mouvante d’un monde autre ouvert à l’émancipation.
Contre cette atrophie récurrente, Florent Perrier fait, à partir de Charles Fourier et de Claude-Henri Saint-Simon, le pari de relever l’utopie de cette mutilation durable en arrimant pour elle, comme pour l’art, le désir au sein du politique. Mettant en relief la teneur première de l’avant-garde des artistes – pressentir, désirer, appeler le peuple, la révolution, la société autre –, ces esquisses sur l’art, l’utopie et le politique ne réhabilitent pas seulement mais actualisent, ne sauvent pas uniquement mais concrétisent un partage du sensible qui, d’écart en d’écart, œuvre à la venue de l’hétérogène quand, force tangible, l’utopie se conjugue au présent du subversif.
Porté par une hérétique de l’utopie, cet essai maintient ouvert le présent à l’effraction du différent, du dissemblable, de l’inaccoutumé : à leur dissonance même, révélant, par l’utopie comme par l’art, l’outrepassement des limites instituées. C’est à leur revers que s’annonce alors, forte d’une insatisfaction critique, d’une intranquillité figurative permanentes, la persistance politique d’une esthétique de la résistance.

Florent Perrier, docteur en esthétique et théorie des arts, est chercheur associé à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) et aux archives Walter Benjamin de Berlin. Son prochain essai phalanstère W a pour objet Walter Benjamin Charles Fourier, l’utopie sauve.

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Alain Juranville : Les cinq époques de l'histoire. Bréviaire logique pour la fin des temps

Editions Cerf Alpha - Février 2015


Décrire un mouvement inéluctable et en éclairer le sens, c’est le pari philosophique que tente cet ouvrage, qui brasse des contenus à la fois proprement philosophiques, mais aussi politiques et historiques. Les cinq époques de l’histoire sont ici étudiées en exacte correspondance les unes avec les autres. Chacune est introduite par une affirmation (de l’idée, du péché, du doute, de l’existence, de l’inconscient). Chacune fait gagner un savoir philosophique. Chacune suppose l’appropriation d’un aspect de la vérité. Chacune se fixe dans une institution. Chacune offre des droits nouveaux. Chacune néanmoins se heurte au refus foncier que les hommes opposent à tout progrès de la justice – c’est l’inéliminable pulsion de mort. Jusqu’à l’époque actuelle (fin de l’histoire) où l’individu reçoit une place centrale. La pulsion de mort, inassumable en dernier ressort (d’où le terrorisme), devra alors être socialement assumée, autant qu’il est possible (d’où la question brûlante aujourd’hui du capitalisme).

Communiqué de presse



Alain Juranville, ancien élève de l’École normale supérieure de la Rue d’Ulm, agrégé de philosophie, a enseigné la philosophie moderne et contemporaine à l’université de Rennes I. Il a publié plusieurs ouvrages dont, aux PUF, Lacan et la philosophie (1984) et Inconscient, capitalisme et fin de l’histoire (2010).

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Rémi Brague : Le Règne de l'homme. Genèse et échec du projet moderne

Gallimard - Février 2015 - Collection : L'Esprit de la cité


C'est à l'époque moderne que l'homme en est arrivé à se dire le créateur de sa propre humanité. Autrefois, il se croyait l'oeuvre de la nature ou l'enfant de Dieu. Désormais, il entend conquérir l'une et s'affranchir de l'autre. Il veut rompre avec le passé, se donner souverainement sa loi, définir ce qui doit être, dominer. Telle est l'ambition vertigineuse que raconte cet ouvrage. Descartes rêvait d'un homme maître et possesseur de la nature ; deux siècles plus tard, Nietzsche allait décréter que l'homme doit être dépassé, n'étant plus à la hauteur des attentes que lui-même avait définies. Rémi Brague interroge les origines de ce projet et retrouve les traits qui vont progressivement dessiner la nouvelle humanité dont nous sommes les héritiers. Pour reconstituer la longue trajectoire de l'homme moderne, ce livre convoque aussi bien la philosophie que la littérature ; il y découvre les espoirs et l'enthousiasme qui portent ses débuts, mais aussi, à l'épreuve de cette expérience impossible, l'angoisse et les désillusions qui en marquent l'échec. Le Règne de l'homme clôt une longue enquête sur la manière dont l'homme, de l'Antiquité à nos jours, a pensé successivement son rapport d'abord au monde, ensuite à Dieu et, pour finir, à soi-même.

Spécialiste de la philosophie grecque et de la philosophie médiévale arabe et juive, Rémi Brague, de l'Institut, est professeur émérite de philosophie à la Sorbonne et à l'Université de Munich. Il est notamment l'auteur de La Sagesse du monde (1999). De lui, les Editions Gallimard ont déjà publié Europe, la voie romaine (Folio essais n° 343) et La Loi de Dieu (L'Esprit de la Cité, 2005, Folio essais n° 504).

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lundi 23 février 2015

Giuseppe Bianco : Après Bergson

PUF - Février 2015 - Collection : Philosophie Française contemporaine


Quelles ont été la réception, la circulation, les lectures et les réappropriations des textes d'Henri Bergson à l'intérieur du champ philosophique français ? L'auteur écrit « après », après le succès relativement récent de l'oeuvre de Bergson, mais aussi « sur l'après », sur ce qui est arrivé à l'ensemble de la philosophie française après Bergson. Il prend en considération la période qui va des lendemains du traité de Versailles au début du XXIe siècle et introduit une approche « chorale » à l'histoire de la philosophie : textes, concepts, auteurs et groupes sont évoqués pour l'importance qu'ils ont dans la construction des schémas d'analyses déployés, et non pas à cause de leur valeur supposée. Dans cette ample fresque sont ainsi mobilisées des ressources analytiques originales, tirées de l'épistémologie historique et pragmatique, de l'histoire intellectuelle, de la sociologie de la connaissance et des récentes études sur les aspects rituels de la philosophie.

Giuseppe Bianco est chercheur à l'Institut d'études avancées de Paris. Docteur en philosophie de l'université Lille 3, ancien chercheur postdoctoral à l'École normale supérieure, il a dirigé Jean Hyppolite entre structure et existence (Rue d'Ulm, 2013), Badiou and the Philosophers (Blomsbury, 2013), The Care of Life (Rowman & Littlefield, 2014) et La signification du concret. Philosophie et psychologie chez Politzer (Hermann, 2014).

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Sören Kierkegaard : Diapsalmata (nouvelle édition)

Allia - Février 2015 - Collection : Petite collection


Mon âme est si lourde que nulle pensée ne peut la porter, que nul essor ne peut l'élever dans l'éther. Se meut-elle, elle ne fait alors que raser la terre comme l'oiseau volant bas au vent précurseur de l'orage. Je sens en mon for intérieur une oppression, une angoisse qui présage un tremblement de terre.
J'emploie ainsi mon temps : une moitié à dormir et l'autre à rêver. Quand je dors, je ne rêve jamais, ce serait dommage ; dormir, c'est le comble du génie.
La vieillesse réalise les rêves de la jeunesse. Témoin Swift : en sa jeunesse, il fit construire une maison de fous ; devenu vieux, il y entra.
On appelle diapsalmata les intermèdes musicaux intercalés dans la lecture des psaumes à la synagogue. Sous ce titre, Kierkegaard a réuni une suite de réflexions et d’aphorismes qu’il présente comme le journal intime d’un jeune romantique désespéré. Ils reflètent les différents moments d’une jeunesse dont il cherche à se délivrer, les différentes épreuves qu’il vécut chaque fois qu’il songea à se livrer à Satan pour connaître toutes les formes du péché. Confessions voilées, exclamations lyriques ou cyniques, les Diapsalmata, comme le célèbreJournal d’un séducteur, sont une œuvre littéraire autant que philosophique, emblématique des tourments et des angoisses de l’adolescence.
Traduit du danois par Paul-Henri Tisseau.

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Piergiorgio Donatelli : Manières d'être humain. Une autre philosophie morale

Vrin - Février 2015 - Collection : La vie morale


Les conceptions philosophiques qui ont longtemps dominé l’éthique contemporaine (comme par exemple l’utilitarisme et le kantisme) visent à établir les critères normatifs en les isolant des situations concrètes auxquelles ils devaient être appliqués. Ce livre renverse une telle perspective et met au centre de sa réflexion les circonstances qui rendent humainement et moralement significatifs les problèmes dont se soucient les individus et les sociétés.
La tâche de l’éthique consiste alors en l’approfondissement et la réorganisation des manières de voir, de sentir, de réagir au monde qui définissent les dimensions conceptuelles de nos vies. Piergiorgio Donatelli réélabore une tradition qui part de Wittgenstein et dialogue avec des auteurs tels que Stanley Cavell, Elizabeth Anscombe, Iris Murdoch et Cora Diamond, en faisant émerger des nouveaux outils philosophiques qui permettent de traiter de façon nouvelle les questions concernant, par exemple, la naissance, la mort, la sexualité et les conceptions de l’humain.

Piergiorgio Donatelli est professeur de philosophie morale à l’Université de Rome Sapienza. L’éthique est au centre de ses recherches, et il a travaillé entre autres sur la philosophie de Wittgenstein, de J.S. Mill, de Foucault et sur des thèmes liés à la vie humaine.

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Claude Dupuydenus : Herbert Marcuse ou Les vertus de l'obstination

Autrement - Février 2015 - Universités populaires & Cie


Issu d'une famille juive allemande, Herbert Marcuse a passé plus de la moitié de sa vie aux États-Unis, où il s'est exilé dès 1933. Élève de Heidegger et membre de l'École de Francfort, il a côtoyé Horkheimer, Adorno, Angela Davis et a mené ses combats philosophiques avec une conviction sans égale : contre le nazisme, la barbarie, le libéralisme et les mécanismes de domination.
Cette première biographie en français retrace le parcours personnel et intellectuel d'un penseur acharné qui fut présenté comme l'une des grandes figures de Mai 68. On redécouvre l'homme mais aussi une époque, une philosophie, et surtout les fondements de notre propre aliénation, encore cruellement contemporaine. Préface de Michel Onfray

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dimanche 22 février 2015

Noël Carroll : La philosophie des films

Vrin - Février 2015 - Collection : Essais d'art et de philosophie


A l’échelle mondiale, Noël Carroll est un théoricien bien connu du champ de l’esthétique et des études cinématographiques. Aucun de ses livres, pourtant, n’a été jusqu’ici traduit en français. Sans doute l’approche très rationnelle que propose Carroll de la théorie du cinéma détonne-t-elle un peu dans le paysage de l’esthétique française, où le culte de l’intuition et du je-ne-sais-quoi – les bêtes noires de l’auteur – est encore très vivace. Pourtant, ce n’est pas un livre de désenchantement que cettePhilosophie des films; on pourrait même dire que l’ineffable, la poésie et l’informulable commencent là où un travail de catégorisation comme celui de Carroll est terminé. La clé de voûte de ce livre, en effet, est le concept de catégorie, et son moteur la volonté d’éclaircir le discours. De quoi parle-t-on exactement lorsqu’on dit qu’un film est plus cinématographique qu’un autre? Ou, plus simplement, et comme cela arrive tous les jours, lorsqu’on dit qu’un film est meilleur qu’un autre? Tout lui est bon pour répondre : pas seulement les chefs-d’œuvre estampillés du Septième Art, mais les films du tout-venant, ceux qu’on regarde au quotidien, sur toutes sortes d’écrans, quelquefois à la sauvette.

Avant-propos par É. Dufour, L. Jullier et A.C. Zielinska.
Traduction par É. Dufour, L. Jullier, J. Servois et A.C. Zielinska.

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Marie Auffray-Seguette, Jean-Marc Ferry, Arnauld Leclerc (dir.) : Europe. Crise et critique

PU Paris-Sorbonne - Février 2015 - Collection : Philosophie appliquée


L'Europe était dans l'oeil du cyclone, et les économistes faisaient à la fois l'objet de toutes les suspicions et de toutes les espérances. Mais pour autant qu'elle empruntât des formes économiques et financières et connût de lourdes retombées sociales, il était devenu évident que cette crise était aussi une crise politique, une crise institutionnelle, une crise de sens et de légitimité. Le projet européen semblait privé de telos. La solidarité manquait à l'appel. L'identité commune ne parvenait pas à se construire. La citoyenneté se nichait dans les interstices de l'administration locale. La démocratie était exsangue. Les technocrates prenaient — seuls — les paris les plus périlleux. C'est une chaire de philosophie, une chaire unique en Europe : La chaire de Philosophie de l'Europe de l'université de Nantes, qui a réuni en deux temps, sur trois journées, des économistes, des politistes, des juristes, des philosophes et des parlementaires afin de réfléchir conjointement à la plurivocité de la crise européenne et tâcher de bâtir ensemble des propositions de sortie de crise lesquelles, en aucun cas, ne prétendent se tenir au bout du chemin ni délivrer assez de vérité pour clore le débat sur les causes ou sur les devenirs possibles. Car au contraire, outre la vertu du croisement des modes de lecture, outre l'affirmation de connexions et de distinctions auxquelles on était peu accoutumé (entre citoyenneté et nationalité, entre peuple et nation, entre souveraineté et autorité...), ce que ces échanges ont donné à entendre, c'est la fécondité de la crise du point de vue de la pensée critique, c'est l'étroite relation qui noue, en son principe, la crise à la critique. Voici qui nous interdit de concevoir l'issue autrement que comme un «acheminement contingent vers l'idéal», quand bien même il pourrait au fond surtout s'agir de renouer avec les fondements de l'humanisme européen exprimés en un désir de monde (cosmos) et d'égalité (polis).
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samedi 21 février 2015

Franck Damour : La tentation transhumaniste

Salvator - Février 2015 - Collection : Carte blanche


Transhumanisme. Il y a quelques années, ce terme était peu connu du public, avant les livres de ou Jean-Claude Guillebaud. Quelle est cette idée parmi « les plus dangereuses du monde » ? Ni plus, ni moins que de faire de la transformation des corps, puis de toute l'espèce humaine, un objectif majeur. Cette transformation, dans le sens d'une augmentation des capacités et d'un allongement considérable de l'espérance de vie, serait le fruit d'une convergence des nouvelles technologies. Ce courant utopiste est révélateur des glissements sismiques que la définition de l'humain est en train de vivre. Des frontières autrefois établies, sont mises à mal par l'essor technologique : frontière entre l'humain et l'animal, entre l'humain et la machine, entre le corps et l'esprit. Un état des lieux et un diagnostic ne sauraient suffire. Il faut en effet poser un jugement et, s'il rencontre quelque estime, le soumettre à la discussion publique. Faut-il se résoudre à dire adieu à cet humain qui doit faire l'amour pour avoir des enfants ? Qui doit apprendre et s'exercer pour connaître ? Qui souffre et meurt, et apprend à rester un vivant ? Dire adieu à cet humain qui doit se discipliner, éduquer son corps, écouter son âme ?
Franck Damour est philosophe et professeur agrégé d'histoire. Créateur de la revue Nunc, collaborateur de la revue Etudes, il est particulièrement attentif aux grandes tendances de la culture contemporaine. Il a publié Olivier Clément, un passeur : Son itinéraire spirituel et théologique, Anne Sigier, Québec, 2003 Qu'avons-nous fait de l'au-delà ?, éditions Bayard, 2011 Le pape noir : Genèse d'un mythe, éditions Lessius, 2013.
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Serge-Thomas Bonino : Brève histoire de la philosophie latine au Moyen Age

Cerf - Février 2015 - Collection : Vestigia


Le Moyen Age, "une nuit de mille ans" ? Constellée, en tout cas, d'une multitude d'étoiles ! Au-delà des caricatures éculées, dont les études contemporaines ont fait justice, une pléiade de penseurs, d'abord théologiens en quête d'une intelligence systématique de la foi, puis, à partir du mie siècle, philosophes de profession ont fait preuve d'une étonnante créativité rationnelle dont les résultats irriguent jusqu'aujourd'hui le tissu vital de la culture européenne. Ce livre sans autre exemple retrace à l'usage des débutants et du public cultivé les étapes de cette page majeure et charnière de l'histoire de la philosophie. Il en présente les principaux protagonistes, d'Augustin à Nicolas de Cues, en passant par Pierre Abélard, Thomas d'Aquin, Guillaume d'Ockham et tant d'autres. Il situe chacun d'entre eux dans son contexte culturel, fournit quelques repères essentiels sur le contenu de son enseignement, les relie au fil rouge qui fait leur unité par-delà leur diversité. Qu'en est-il du rapport entre la raison et la foi chrétienne. Exclusion ? Absorption ? Séparation ? Fécondation ? En une quête inégalée, le Moyen Age a exploré les diverses facettes de cette question qui est au coeur de tout projet sapientiel depuis l'avènement du christianisme et qui revient sur le devant de la scène avec une brûlante actualité.

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Philippe Mengue : Marcher, courir, nager : le corps en fuite

Kimé - Février 2015



Cet essai n’envisage du sport que ses activités élémentaires, marcher, courir, nager. Il ne constitue une étude ni historique, ni sociologique, ni psychologique du sport. Il se consacre à en dégager sa portée philosophique, métaphysique. Il s’agit de saisir le sens (« spirituel », si l’on veut) qui se trouve être immanent aux exercices corporels et qui rend raison de la joie ou « jouissance » qui leur est inhérente. Si bien qu’il apparaîtra que les sports contemporains dits de « glisse » se trouveront constituer la ligne hégémonique qui traversait déjà les sports anciens quand ils parvenaient à leur accomplissement interne (et qui n’a rien à voir avec les records ou les exploits).
Le sens le plus haut et le plus beau du sport ne réside ni dans les victoires dans les compétitions, ni les honneurs d’être champion, ni dans les prix et les récompenses, mais en lui-même. On montre que son sens et sa jouissance propres résident dans un affect spécifique, le sentiment d’indéfinitude, affect ressenti dans et par la ligne de fuite qui entraîne le corps sportif quand il est porté à son excellence propre.
Pour soutenir ce propos, des auteurs sont convoqués, dont principalement Rousseau et Rimbaud. Mais ceux-ci se voient doublés d’une étude analytique qui présente une description interne de l’agencement formé par le corps sportif dans son rapport aux Eléments (Mer, Terre, Vent…) aussi bien dans la marche, la course que dans la brasse ou le crawl… Que, selon la dimension spirituelle ainsi dégagée, les exercices élémentaires s’avèrent constituer un « service divin » (Nietzsche), ne provoquera donc pas une trop grande surprise – surtout si l’on prend soin de bien distinguer ce nouveau mode éthique d’existence de la religion et de ses rites – mais se validera d’une évidente crédibilité.

Philippe Mengue, agrégé et docteur d’État en philosophie, a publié de nombreux essais, dont, aux Éditions Kimé, une étude sur Sade, L’ordre sadien, une étude sur Deleuze, Le Système du multiple, et récemment Faire l’idiot, La Politique de Deleuze, Germina, 2013. Il a enseigné en Provence et au Collège International de Philosophie.

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Danielle Cohen-Levinas et Marc Crépon : Levinas-Derrida

Hermann - Février 2015


"Lire ensemble" : cela devrait s'entendre en plus d'un sens, au ?l croisé d'au moins quatre lectures. La première et la seconde sont la double attention, explicite ou plus secrète, que Derrida et Levinas ont accordée, chacun, à leurs oeuvres respectives - et à l'effet de celles-ci sur leur cheminement. L'un et l'autre se sont écoutés - et cela fait déjà deux lectures. A chaque moment de son histoire, la philosophie rassemble des penseurs autour d'une (ou plusieurs) oeuvre(s) singulière(s) à laquelle ils se confrontent communément. Ils forment alors autour d'elle - parfois contre elle - la constellation de ses lecteurs, dans la conviction, partagée, qu'aucun pas ne saurait être accompli hors cette confrontation. Pour tous deux, outre la phénoménologie husserlienne, une oeuvre s'est imposée plus qu'aucune autre : Etre et temps de Heidegger qu'ils n'ont cessé de lire et relire, sinon "ensemble", du moins en écho. A celle-ci, bien d'autres pourraient être ajoutées, à commencer par celles qui auraient pour foyer les récits de Blanchot ou les poésies de Celan - voici une troisième façon d'entendre ce qui les associe. Mais on a parlé de quatre lectures. La dernière est celle qui préside doublement à l'organisation de ce volume. Il ne s'agit plus de ce que Derrida et Levinas ont lu ensemble, mais de la façon dont nous les lisons ensemble - à la fois l'un et l'autre et à plusieurs.

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Christian Godin : La démoralisation. La morale et la crise

Editions Champ Vallon - Février 2015 - Collection : L'esprit libre


Cet essai interprète ce qu’il est convenu d’appeler « la crise » sous un angle psychologique et moral. Dans son sens courant, la démoralisation renvoie à une perte de conviction et d’énergie. On peut également la comprendre comme une perte morale.
L’idée centrale de l’ouvrage est qu’il existe un lien entre l’affaiblissement et la disparition de « la morale » (la prolifération des éthiques de substitution en est le symptôme le plus net), et la démoralisation comme perte de certitude et d’espoir. Historiquement lié à la démocratie et aux droits de l’Homme, l’individualisme aboutit à des situations sociales d’une grande cruauté. Les valeurs morales traditionnelles sont des freins et des verrous pour la technoscience mondialisée, dont l’auteur tente de montrer la foncière immoralité.

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vendredi 20 février 2015

Pascal Nouvel : Axiomatique des sentiments

Hermann - Février 2015 - Fictions pensantes


D'où vient le savoir que nous possédons sur nos propres sentiments ? C'est la question que pose ce livre. Et il répond : ce savoir se trouve, pour une bonne part, dans les proverbes, les maximes, les adages, ainsi que dans les romans, les pièces de théâtre, les films, etc. Pascal Nouvel explore ce savoir. Le résultat de cette exploration est présenté sous une forme qui rappelle les formules proverbiales : sous forme d'axiomes. Un axiome est une brève proposition sur la nature et sur les mécanismes du sentiment. Par exemple : "ce qui est perdu devient désirable". C'est l'un des 128 axiomes que contient l'Axiomatique des sentiments. On y montre que le désir s'amplifie lorsqu'il est associé au sentiment de la perte. La méthode axiomatique ouvre ainsi le champ infini de l'analytique des relations humaines.

Pascal Nouvel est docteur ès science (biologie) et docteur ès lettres (philosophie). Il est professeur de philosophie à l'Université Paul Valéry de Montpellier, et directeur du Centre d'Ethique Contemporaine, membre de l'équipe Epsylon (EA 4556). Ses travaux portent sur les rapports entre science, philosophie et littérature.

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Jean-François Mattei : L'homme dévasté. Essai sur la déconstruction de la culture

Grasset - Février 2015


Depuis sa thèse sur l'ontologie platonicienne, Jean-François Mattéi n'a cessé de poursuivre ses recherches sur les fondements pré-métaphysiques de la métaphysique. Au fil de ce voyage philosophique – tragiquement interrompu par sa mort en 2014 - il a toujours cheminé en compagnie des Grecs, de Heidegger, d'Hannah Arendt, d'Albert Camus, de Jan Patocka – et, surtout, de leurs concepts ou sensibilités face au monde moderne.
Ces recherches l'ont amené, de proche en proche, à prendre quelques distances intellectuelles avec les tenants de "l'anti-humanisme" contemporain - qui, fidèles à la leçon de Michel Foucault, avaient cru devoir diagnostiquer "la mort de l'homme".
Pour Mattéi, disciple en cela d'Albert Camus (auquel le lient une complicité solaire et une naissance en Algérie), l'humanisme n'a pas dit son dernier mot, au contraire, à condition de ne pas le réduire à un vain syncrétisme de bons sentiments.
Dans ce nouvel ouvrage – qu'il avait d'abord voulu intituler: "Essai sur la destruction de l'homme"- ce grand pédagogue revient ainsi sur les "idéologies de la mort de l'homme" et entend les combattre à partir de Camus et de Platon. Le titre ultime de son livre ne fait-il pas, d'ailleurs, écho à L'homme révolté ? 
Testament philosophique, ce livre est magnifiquement fidèle à ce qu'était Jean-François Mattéi : un homme bon, un ami de la vie, un tenant de "la morale à hauteur d'homme" et un styliste de grand talent.  

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Gérard Delille : L'Économie de Dieu : Famille et marché entre christianisme, hébraïsme et islam

Les Belles Lettres - Février 2015 - Collection : Histoire


Cet ouvrage explique pourquoi et comment, au cours de leur élaboration doctrinale puis de leur affirmation religieuse et politique (Ier millénaire après J.-C.), les trois religions monothéistes hébraïsme, christianisme, islam ont élaboré puis imposé des systèmes familiaux et de parenté distincts et consciemment opposés, créant entre elles des barrières culturelles et sociales infranchissables. Ces structures profondes ont persisté parfois jusqu'à nos jours. Elles ont eu, sur le plan économique et politique, des conséquences considérables : affirmation progressive d'un marché « libre » en partie, aussi de l État , en Occident ; persistance du rôle dominant de l État dans le monde musulman ; « économie de la diaspora » dans le monde juif. L'Économie de Dieu analyse tous les principaux aspects de ces évolutions divergentes, renouvelant, dans ce domaine, les thèses de K. Marx, de M. Weber et de K. Polanyi. L auteur pose sous un jour nouveau des problèmes d une brûlante actualité.

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Giovanni Cerri : La Poétique de Platon

Les Belles Lettres - Février 2015 - Collection : L'Âne d'or


Les rapports de l'oral et de l'écrit dans la culture grecque ancienne ; le traitement du mythe par Platon, envisagé principalement du point de vue de son projet politique (République, Lois) ; l'examen critique, par ce philosophe, des différents types de connaissance : si ces thèmes sont connus, Giovanni Cerri s'en empare et les croise avec une problématique toute contemporaine, celle de la communication et de ses enjeux (éthiques, pédagogiques, politiques et poétiques). Cette approche lui permet de jeter une lumière nouvelle sur l'oeuvre platonicienne et, au-delà, sur la culture grecque ancienne, bâtissant des ponts entre cette culture et la nôtre.
Giovanni Cerri, né en 1940, est antiquisant, historien de la littérature et de la philosophie ; il a enseigné à Naples, puis à Rome. Son champ d'études couvre un vaste domaine, de la Grèce archaïque à Rome et aux auteurs néo-latins, d Homère à Dante, de la comédie ancienne aux théories de la communication. A l'égal de Bruno Gentili (qui a préfacé cet ouvrage), il montre un intérêt prédominant pour l'histoire culturelle, avec un accent particulier sur les questions de la réception et de la transmission.

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Christian Malaurie : L'ordinaire des images. Puissances et Pouvoirs de l’image de peu

Editions L'Harmattan - Janvier 2015 - Collection : Nouvelles études anthropologique


L’hypermodernité se caractérise comme un temps historique nouveau émergeant à la fin des années 1960, qui a pris la forme de ce que nous appelons aujourd’hui la mondialisation. Cet essai s’attache à donner quelques pistes pour comprendre comment à l’âge de l’hypermodernité industrielle, nous pouvons analyser la question des images et de leurs médiations dans un rapport à l’ordinaire. Poursuivant le travail de recherche mené dans La carte postale, une œuvre sur la constitution d’une esthétique de l’ordinaire, le présent ouvrage se propose d’analyser les images contemporaines à partir de la notion d’image de peu. Il retrace dans un premier temps la généalogie du discours occidental où ont émergé les notions d’écriture de l’histoire, images, spectacles, espace, corps, étendue scénique, modernité, hypermodernité, etc., puis dans un second temps, il montre le rôle des objets techniques dans la production des images modernes et hypermodernes. Dans un troisième temps, il avance une analyse des enjeux existentiels de la médialité produite et donnée à voir par les images (mise en réception) à des spectateurs-regardeurs autant récepteurs que producteurs d’images.

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jeudi 19 février 2015

Valérie Aucouturier et Marc Pavlopoulos (Ed.) : Essais sur la philosophie d'Elizabeth Anscombe

Publications de la Sorbonne - Février 2015 - Collection : Logique, langage, sciences, philosophie


Qu'est-ce qu’agir dans une certaine intention ? Comment faire la différence entre agir intentionnellement d’une part, et provoquer quelque chose sans en avoir l’intention d’autre part ? Faut-il penser l’intention comme une idée d’action que nous formons avant d’agir, ou bien comme une forme et un sens qui se dégagent dans l’action elle-même ? La pensée pratique est-elle de même nature que la pensée théorique ? Ou bien est-ce seulement dans l’action que se conçoit et se définit une pensée pratique proprement humaine ? Tel est le noyau des questions abordées dans ce collectif critique consacré à l’œuvre d’Elizabeth Anscombe (1919-2001), philosophe majeure du XXème siècle et néanmoins aujourd’hui encore, méconnue. D’autres questions non moins intéressantes s’articulent autour de ce premier noyau, notamment : en quel sens la perception est-elle intentionnelle ? Du point de vue logique, une action est-elle un prédicat comme un autre, ou bien sa forme verbale est-elle irréductible – auquel cas les phrases d’action poseraient un sérieux problème aux logiques tant classiques que post-frégéennes ? Le plaisir est-il un bien ? Un choix pleinement rationnel peut-il être libre ? Dire « je », est-ce faire référence à une personne en particulier ? Une action involontaire peut-elle être rationnelle ? Précédés d’un avant-propos de Vincent Descombes qui revient sur la « métaphysique » et la méthode d’Anscombe, les essais réunis ici forment, d’une part, une introduction critique à la pensée riche, incisive et toujours radicale d’Anscombe sur toute une variété de questions pérennes de la philosophie. D’autre part, notamment pour les lecteurs familiers de la philosophie anglo-saxonne, ces essais entreprennent de confronter les positions et les arguments d’Anscombe à des problématiques tout à fait contemporaines et de penser à partir, mais pas toujours avec, la philosophe d’Oxford. Où l’on pourra constater que nous avons beaucoup à apprendre et à penser par celle que l’on ne connaît souvent que comme exécutrice testamentaire et traductrice de Wittgenstein, alors qu’elle fut aussi et surtout une philosophe de plein droit, et de tout premier ordre.

SOMMAIRE

Remerciements
Avant-propos
Vincent Descombes
Introduction
Valérie Aucouturier et Marc Pavlopoulos
Anscombe sur l'expression des intentions : une exégèse
Richard Moran et Martin J. Stone
Anscombe et le problème de la causalité mentale
Rémi Clot-Goudard
La connaissance pratique, ou comment lire l'intention dans les faits
Marc Pavlopoulos
Libre arbitre et responsabilité morale
Cyrille Michon
Le plaisir est-il un bien ?
Roger Teichmann
L’intentionalité de la sensation
Valérie Aucouturier
Anscombe et McDowell à propos de « Je »
Rachael Wiseman
Que prouve l’argument des stopping modals ?
Philippe de Lara
Proposition et connexion non prédicative
Bruno Gnassounou
La rationalité de l’involontaire. Une difficulté pour l’analyse anscombienne de l’action intentionnelle
Anselm W. Müller
Repères bibliographiques
Index des noms
Les auteurs

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Steven Lukes : Le relativisme moral

Markus Haller Ed. - Février 2015 - Collection : INFERENCES


Tout au long de l’histoire, les récits des explorateurs, des marchands et des missionnaires ont contribué à remettre en question l’idée que l’humanité entière partage un noyau de normes et de valeurs morales communes. Alors que les membres de chaque groupe culturel partagent certains jugements moraux, ceux-ci varient d’un groupe à l’autre. Pis, ce qui est moralement approuvé dans un groupe est parfois proscrit dans un autre. Devrions-nous alors accepter le relativisme moral – la thèse selon laquelle nous manquons de critères objectifs pour évaluer les jugements moraux de différents groupes culturels ? Les enjeux de cette question sont de taille. Le mélange de cultures différentes est plus que jamais une réalité et provoque inéluctablement des conflits moraux. Peut-on exiger le respect des droits de l’homme auprès de personnes issues de cultures communautaires ou patriarcales ? La condamnation morale des punitions cruelles infligées pour adultère ou pour apostasie n’est-elle qu’une expression de l’impérialisme culturel occidental ? Dans cet ouvrage, Steven Lukes nous introduit aux concepts et aux résultats de recherche en anthropologie, en psychologie et en philosophie qui caractérisent ce débat depuis Montaigne. Il montre pourquoi la simple observation du comportement social ne suffit pas à trancher la question, et comment les jugements moraux sont reliés non seulement aux contextes culturels mais également à la rationalité humaine.

Steven Lukes est professeur de sociologie à la New York University. Il est Fellow de la British Academy et a enseigné dans de nombreuses universités au Royaume Uni, aux Etats-Unis, en France et en Israël. Spécialiste internationalement reconnu pour ses travaux sur Emile Durkheim, dont il édite les ouvrages en traduction anglaise, Lukes a publié des ouvrages très influents dans le domaine de la théorie politique et sociale. Il est également l’auteur d’un roman philosophique traduit en français sous le titre Les étranges lumières du professeur Caritat (Salvy, 1998).

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Olivier Penot-Lacassagne (dir.) : Back to Baudrillard

CNRS Editions - Février 2015


Sa célébrité à l'étranger, considérable, masque mal l'obstination française à l'ignorer, à la dénigrer ou à la récuser sans la lire vraiment. Il est vrai que des controverses, des polémiques, des malentendus ont brouillé sa réception. Surprenant, rétif à toute assignation disciplinaire, difficile donc à classer, à l'interstice entre philosophie et sociologie, Baudrillard déroute autant qu'il séduit. Sa liberté de pensée ébranle nos savoirs et nos croyances. L'objet de ce livre est donc moins de constituer une somme d'hommages posthumes que de questionner une oeuvre qui, au-delà des célébrations ponctuelles, connaît un accueil à la fois fasciné et circonspect. Entretiens, études, lettres, essais l'affrontent et s'y confrontent, tantôt avec gratitude et reconnaissance, tantôt avec réticence ou résistance, parfois avec hostilité. Les textes rassemblés émanent d'universitaires, d'intellectuels, d'écrivains qui interrogent sans complaisance une oeuvre essentielle qui n'a eu de cesse d'interpeller le présent. La diversité des auteurs sollicités (Sophie Calle, Michel Deguy, Philippe Dagen, Bernard Edelman, Nathalie Heinich, Michel Maffesoli, Philippe Petit, Anna Sauvagnargues, Bernard Stiegler, Jean-Baptiste Thoret...) était essentielle. Les analyses et les propos tenus par les uns et les autres dialoguent librement avec cette pensée exigeante, féconde, souvent déroutante. Toujours en mouvement, Baudrillard voulait "promouvoir un commerce clandestin des idées, de toutes les idées irrecevables, des idées imprenables". Ce livre répond à cette exigence radicale.

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mercredi 18 février 2015

Eric Loret : Petit manuel critique

Les Prairies Ordinaires - Février 2015


Désormais délestée de son autorité, à la portée de tous, la critique se cherche une nouvelle légitimité dans le monde 2.0, où chacun se livre à la compétition des goûts et à la passion des hit-parades. En examinant d'un point de vue à la fois phénoménologique et pragmatique pourquoi la critique du goût n'est pas un supplément à l'expérience esthétique mais en est proprement constitutive, cet essai tente, par des exemples pratiques et avec Schiller, Hume ou Dewey de dégager des éléments de méthode pour partager notre "pulsion" critique sous l'horizon d'une communauté différentielle. Il s'agit donc de mettre à nu ce qu'on appelle "goût" en vue de mieux communiquer notre expérience du monde et d'établir des principes critiques au-delà du seul domaine de l'esthétique. Où l'on verra qu'une "bonne" critique est toujours créative et qu'au contraire de l'évaluation des performances qui règne dans l'ordre néolibéral, son rôle politique est d'ajourner infiniment la conclusion, c'est-à-dire la condamnation.

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Marc Perelman : Voir et incarner. Une phénoménologie de l'espace corps - architecture - ville

Encre Marine - Février 2015


Le but, sinon la visée, de cet ouvrage ressortit à une tentative de mise au jour d'une intelligibilité des rapports sociaux, politiques et idéologiques, historiquement institués entre le corps, l architecture et la ville. Sans prétendre vouloir faire l inventaire exhaustif des multiples associations, dépendances voire des unions, osmoses, fusions entre ces trois objets ou sphères de recherche, eux-mêmes inscrits dans une interrogation plus large sur l espace et le temps, ce recueil de textes tente d analyser les moments forts, les noyaux durs, les structures pérennes dont ils dépendent plus ou moins directement.
Quelle est la thèse centrale de cet ouvrage ? Elle est qu au c ur des rapports réels, symboliques ou encore imaginaires établis entre le corps humain et l espace, qu il soit construit matériellement au moyen de l architecture ou peint par le biais de fresques ou de tableaux, il est de fait question d un puissant mouvement dont le corps est à l origine et auquel la pensée sous le registre spéculatif de l intuition, de l anticipation, voire sur le modèle de la construction elle-même, lui est attachée.
Les différents chapitres de cet ouvrage soutiennent une interrogation sur la cristallisation d une symbolique corporelle de l architecture, la mise au jour de la projection du corps des parties du corps ou du corps tout entier dans l architecture voire dans la ville, la réfraction de l architecture dans le corps, enfin sur l organisation de la ville perçue comme un gigantesque corps. Le développement de l ouvrage cherche à montrer que l organisation du corps, sa dynamique, son mouvement général dans la société occidentale participe de la structure de l architecture autant que celle-ci le structure jusqu à procéder à une forme d amalgame voire de fusion entre eux.

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Jean-François Kervégan : La raison des normes. Essai sur Kant

  • Vrin - Février 2015 - Collection : Moments philosophiques


Comment la raison normative évalue-t-elle les maximes d’action fournies par la raison commune? Afin de répondre à cette question, le présent ouvrage étudie les transformations des concepts kantiens de liberté à partir de la Critique de la raison pure; puis il expose la théorie kantienne de la normativité en réinterprétant la « loi fondamentale de la raison pure pratique » et le « fait de la raison »; il établit alors qu’il y a une théorie pure de la normativité juridique (une métaphysique du droit); enfin, examinant les rapports de la philosophie pure (métaphysique) et de l’anthropologie, il s’interroge sur l’existence d’une philosophie de l’histoire chez Kant, et suggère pour finir que le kantisme dessine la perspective d’une rationalité incarnée dans des pratiques et des institutions, ce qui n’est pas sans annoncer la conception hégélienne de la Sittlichkeit.

Jean-François Kervégan a étudié la philosophie à l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud et à l'Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), où il est professeur de philosophie depuis 1999 après avoir été enseignant dans le secondaire, chercheur au CNRS et professeur à l'Université de Cergy-Pontoise. Il est depuis 2007 membre senior de l'Institut Universitaire de France et membre du directoire de l'Association Internationale des Etudes hégéliennes. Ses travaux portent d'une part sur la philosophie pratique de l'idéalisme allemand (Hegel, Kant), d'autre part sur le problème de la raison normative et la philosophie contemporaine du droit. Il prépare un ouvrage sur « les droits ».

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Mark Alizart : Pop théologie

PUF - Février 2015 - Collection : Perspectives critiques


Le 24 mai 1738, un jeune pasteur anglais de campagne, John Wesley, se sent appelé à « réformer la Réforme ». Un siècle après sa mort, l'Église qu'il avait fondée comptait trente millions de fidèles et le wesleyisme était la première religion des États-Unis. Pop Théologie propose une réactualisation de L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, de Max Weber, à l'âge de la pop, à partir du rappel de l'histoire méconnue de cet extraordinaire regain de protestantisme dont le dix-neuvième siècle fut le théâtre, et qui a marqué de son empreinte aussi bien les romantiques allemands, de Novalis à Hegel, que des intellectuels qu'on associe plus volontiers à la modernité, voire à la postmodernité, comme Kierkegaard, Nietzsche et Heidegger, ou même Walter Benjamin et Gilles Deleuze. De l'invention de la société des loisirs sous le règne puritain de la reine Victoria aux sources évangélistes de la société du spectacle hollywoodienne, en passant par les origines calvinistes du blue jean, l'iconoclasme de l'art contemporain ou encore l'éthique ascétique de l'informatique, c'est un tableau tout différent de celui d'un monde terrassé par le désenchantement que Pop Théologie livre ainsi, suggérant une esquisse de réponse à cette énigme de notre époque : depuis le temps qu'on dit l'Occident en déclin, comment se fait-il que nous ne soyons pas déjà morts ?

Mark Alizart est philosophe. Membre fondateur de Fresh Théorie, ancien directeur adjoint du Palais de Tokyo et ancien conseiller de Frédéric Mitterrand, il est l'auteur, entre autres livres, de Stuart Hall (Amsterdam, 2007). Il a dirigé le catalogue de l'exposition « Traces du sacré » au Centre Pompidou.

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jeudi 12 février 2015

Sébastien Charbonnier : L'érotisme des problèmes. Apprendre à philosopher au risque du désir

ENS Editions - Janvier 2015



Préface de Michel Favre

« Tous les hommes ont naturellement le désir de savoir », écrit Aristote. Si seulement ! L'incipit de La Métaphysique ne saurait être un postulat pour ceux qui veulent partager l'amour de la sagesse, il constitue plutôt un objectif : « comment rendre les idées philosophiques désirables ? »
Cette importance du désir est cruciale si l’on considère qu’une idée juste ne désigne pas tant une solution vraie qu’un vrai problème. En philosophie, le « désir de savoir » n’est pas une curiosité pour les solutions, c’est un désir de questionner – et cela n’a rien d’inné. La liberté de penser suppose ainsi l’amour des problèmes : comprendre que ces derniers ne sont pas des « ennuis », mais les gestes intellectuels même qui permettent de se mouvoir dans la pensée. A contrario, la quête exclusive des solutions nous fait perdre le sens du savoir et nous empêche de nous construire comme sujet.
Pour explorer ces enjeux, ce livre propose une analyse de ce qu’est un problème philosophique, depuis sa rencontre concrète où tout notre être se retrouve exposé dans sa fragilité, jusqu’à sa résolution pratique qui fait de la philosophie une manière de vivre, en passant par sa position parmi le champ des croyances et sa construction. Ces quatre dimensions du problème forment la trame d’une compréhension éthique de ce que philosopher veut dire.

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Rue Descartes n°83, 2014/4 : "Négritude et Philosophie"

Collège International de Philosophie - Février 2015



Horizons

« Négritude et philosophie » par Nadia Yala Kisukidi (UNIGE/CIPh)

Corpus :

1/Dominique Combe (ENS Paris ) : « Le noir et le langage »
2/Matthieu Renault (Université Paris 13) : « « Des inventeurs d’âmes » — Fanon, lecteur de Césaire»
3/Souleymane Bachir Diagne (Columbia University) : « La Négritude comme mouvement et comme devenir »
4/Hubert Tardy Joubert (ENS Paris) : « Sartre et la négritude : de l’existence à l’histoire »
5/ Nadia Yala Kisukidi (Université de Genève/ CIPh) : « Le « missionnaire désespéré » ou de la différence africaine en philosophie »
6/ Tanella Boni (Université d’Abidjan) : « Femmes en négritude : Paulette Nardal et Suzanne Césaire»

Paroles :

« Penser par éclairs et par la foudre » : entretien avec Achille Mbembe (WISER/ Johannesburg) réalisé par Seloua Luste Boulbina (CIPh)

Traverses :

- Valentin Mudimbe (Duke University) : « À la naissance de Présence Africaine : “La nuit de foi pourtant…” ». Lettre à Eric Van Grasdorff. »
- Nadia Yala Kisukidi (Université de Genève/ CIPh) « Présentation de Jay Ramier »



lundi 9 février 2015

Lionel Jacquot et Jean-Marc Leveratto (dir.) : Relire Durkheim et Mauss. Emotions : Religions, Arts, Politiques

Presses Universitaires de Nancy - Janvier 2015


Le centenaire de la parution d'un des ouvrages fondateurs de la sociologie et de l'anthropologie religieuses - Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912) d'Emile Durkheim - a donné lieu à différentes manifestations scientifiques pendant l'année 2012. Les deuxièmes biennales Durkheim/Mauss qui se sont déroulées à Epinal les 19 et 20 octobre n'ont pas dérogé au fétichisme des anniversaires en interrogeant le triptyque "Sociétés, cultures et religion" qui est au coeur de l'ouvrage. L'idée de consacrer ces Biennales à une évaluation du sens que conservait encore aujourd'hui cette oeuvre s'est imposée tout naturellement. D'abord, bien entendu, du fait du caractère testamentaire de l'oeuvre, qui constitue le dernier écrit majeur du fondateur de la sociologie française. Ensuite, en raison de sa portée intellectuelle et de sa postérité scientifique qui, du fait de l'apport épistémologique et méthodologique de Marcel Mauss, excèdent largement tant le cadre disciplinaire de la sociologie que le domaine de l'étude sociologique des religions. Relire l'ouvrage offre ainsi l'occasion d'articuler une réflexion épistémologique à des analyses issues d'enquêtes et de terrains et de faire communiquer des disciplines et des objets encore trop souvent séparés. Les 14 contributions réunies dans cet ouvrage permettent d'apprécier l'actualité scientifique du texte durkheimien relu, grâce à la multiplication de travaux de références sur l'école française de sociologie, en tenant compte de l'apport propre de Mauss à l'élaboration et à la transmission de la pensée durkheimienne (Partie I). Elles permettent également de tester la pertinence empirique des concepts et des instruments d'analyse du phénomène religieux forgés par ces deux auteurs, pertinence non seulement pour observer les cultures religieuses contemporaines (Partie II), mais aussi pour analyser les émotions artistiques (Partie III) et réfléchir la magie du discours (Partie IV).

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Elsa Boyer : Le Conflit des Perceptions

  • MF éditions - Février 2015 - Collection : Inventions


Ouvrage passionnant et novateur, Le Conflit des perceptions est le premier essai d’Elsa Boyer. Elle y entreprend, en partant des jeux vidéos et de la réalité virtuelle, de penser la question de la perception artificielle. Elle montre en relisant la phénoménologie husserlienne, Jacques Derrida et Bernard Stiegler que c’est la perception elle-même que ces pratiques nous obligent à repenser. Fourmillant d’exemples empruntés aux pratiques artistiques et vidéoludiques contemporaines, Le Conflit des perceptions soulève avec une rare puissance philosophique des questions auxquelles nous sommes quotidiennement confrontées. 

Le texte est accompagné d’une préface de Catherine Malabou, philosophe, auteur de nombreux livres dont Que faire de notre cerveau ? (Bayard, 2005) et La Grande Exclusion avec Xavier Emmanuelli (Bayard, 2009).

Docteur en philosophie, Elsa Boyer est également écrivain, auteur de trois romans aux éditions P.O.L. – dont Mister paru en 2014. Elle a dirigé en 2012 l’ouvrage collectif Voir les jeux vidéo (Bayard). Elle enseigne le cinéma à l’Université de Lille 3.
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jeudi 5 février 2015

Camille Froidevaux-Metterie : La révolution du féminin

Gallimard - Janvier 2015 - Collection : Bibliothèque des Sciences humaines


Le mouvement féministe a produit bien plus qu'une dynamique d'égalisation des conditions féminine et masculine. Il a contribué, montre Camille Froidevaux-Metterie, à réorganiser en profondeur notre monde commun, à la faveur d'un processus toujours en cours qui voit les rôles familiaux et les fonctions sociales se désexualiser. Par-delà les obstacles qui empêchent de conclure à une rigoureuse égalité des sexes, il faut ainsi repérer que nous sommes en train de vivre une véritable mutation à l'échelle de l'histoire humaine. Plus d'attributions sexuées ni de partage hiérarchisée des tâches : dans nos sociétés occidentales, la convergence des genres est en marche. La similitude de destin des hommes et des femmes ne renvoie pourtant à aucune homogénéisation. Dans un monde devenu mixte de part en part, les individus se trouvent plus que jamais requis de se définir en tant qu'homme ou en tant que femme. Or ils ne peuvent le faire sans prendre en considération la sexuation des corps. S'évertuer à la nier, comme le fait un certain féminisme, c'est heurter de plein fouet cette donnée nouvelle qui veut que la maîtrise de sa singularité sexuée soit la marque même de la subjectivité. L'auteure entreprend ainsi de réévaluer la corporéité féminine pour en faire le vecteur d'une expérience inédite englobant l'impératif universaliste des droits individuels et l'irréductible incarnation de toute existence. Le sujet féminin contemporain se révèle alors être le modèle d'une nouvelle condition humaine.

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