vendredi 28 février 2025

Cristina Grazioli, Antonio Palermo, Véronique Perruchon (éd.) : Lumière Matière. Variations et perspectives

 Septentrion - Mars 2025


La lumière étant traditionnellement considérée comme immatérielle, l'association « Lumière Matière » ne va pas nécessairement de soi. Pourtant, en écho à l’histoire scientifique qui balance entre lumière corpusculaire et lumière ondulatoire, l’art transcende sa complexité équivoque par le mouvement et le rayonnement.
Conçu par le programme de recherche Lumière de Spectacle (Université de Lille) et issu d’un colloque franco-italien en collaboration avec l’Université de Padoue et l’Istituto per il Teatro e il Melodramma (Fondazione Cini), cet ouvrage pluridisciplinaire en explore les limites et les enjeux, réunissant des contributeurs internationaux (France, Italie, Brésil, Belgique).
Artistes, éclairagistes et universitaires ont mis en commun leurs compétences et expertises pour aborder les aspects matériels et immatériels de la lumière dans les domaines des arts de la scène, selon des approches historiques, esthétiques et contemporaines liées à la création lumière.

acheter ce livre



David Hugot : Capitalisme et Modernité chez I. Wallerstein. La colonisation des mondes

 Septentrion - Février 2025


Immanuel Wallerstein (1930-2019) a réécrit l'histoire du capitalisme à l’échelle mondiale dans une veine braudélienne en le reconceptualisant de manière originale. En faisant de l’institution d’un espace marchand transnational par les États européens lors du long seizième siècle la condition d’émergence du capitalisme comme système social, il fait de l’impérialisme et du colonialisme le moteur de l’accumulation, dressant par la même occasion une généalogie du développement et du sous-développement dans la longue durée. Cette élaboration du capitalisme fonctionne comme un opérateur critique de la modernité anticipant aussi bien les études décoloniales que celles du capitalocène. Enfin en mettant en évidence les cycles de ce système (alternance de périodes de libre-échange sous hégémonie d’une puissance et de protectionnisme concurrentiel), il rend intelligible l’actualité géopolitique la plus brulante (déclin de l’Occident et émergence d’un monde multipolaire, retour du protectionnisme, rivalité entre la Chine et les États-Unis pour l’accès à l’hégémonie).

acheter ce livre

Etienne Anheim et Paul Pasquali : Bourdieu et Panofsky. Essai d'archéologie intellectuelle, suivi de leur correspondance inédite

 Editions de Minuit - Mars 2025


Ce livre raconte, à partir d’archives inédites, l’histoire de la rencontre entre deux figures emblématiques des sciences humaines du XXe siècle, Pierre Bourdieu (1930-2002) et Erwin Panofsky (1892-1968). Rien de commun, en apparence, entre le jeune sociologue français, œuvrant au milieu des années 1960 à la refondation de sa discipline dans un monde intellectuel dominé par le structuralisme, et le vieil historien d’art allemand reconnu internationalement, émigré aux États-Unis après avoir fui le nazisme. Et pourtant, c’est dans la collection « Le sens commun », dirigée par Bourdieu aux Éditions de Minuit, que paraît la première traduction française de Panofsky, Architecture gothique et pensée scolastique, au printemps 1967, en même temps que les Essais d’iconologie chez Gallimard.
L’édition d’Architecture gothique et pensée scolastique est minutieusement préparée par Bourdieu qui, fait unique dans sa carrière, réalise lui-même la traduction. Il y joint une longue postface qui deviendra célèbre : c’est là qu’apparaît sous sa plume la première théorisation du concept d’habitus.
En s’appuyant sur des sources multiples – dont la correspondance des deux savants reproduite en annexe –, cette enquête retrace pas à pas une aventure éditoriale et intellectuelle unique, moment clé dans la réception d’Erwin Panofsky, mais aussi dans la carrière d’un Pierre Bourdieu en pleine construction des outils qui lui permettront de s’imposer dans les décennies suivantes comme l’auteur d’une œuvre capitale.

acheter ce livre


Camille Delattre-Ledig : L'Animal-machine dans les Belles-Lettres

 Les Belles lettres - Février 2025


Avec l'hypothèse de l'animal-machine, l'époque classique apparaît comme le moment de la naissance de la conception la plus réductionniste de l'animal et, en littérature, comme la période où dominent les représentations anthropomorphiques des animaux, qui en diraient plus sur les humains que sur les bêtes. Cet ouvrage montre que la querelle de l'âme des bêtes, engendrée par l'hypothèse cartésienne, a impulsé au contraire l'invention de nouvelles manières de représenter, d'exprimer, de penser l'animal et l'animalité. Les productions lettrées inscrites dans le contexte de cette querelle sont ainsi un observatoire de la séparation des sciences et des belles-lettres, et de de la mutation de ces dernières en « littérature ».

Camille Delattre-Ledig est docteure et agrégée de littérature. Ses recherches et travaux portent notamment sur les représentations de l'animal et de l'animalité dans les productions lettrées de la période classique et sur les liens entre littérature, sciences et philosophie.

acheter ce livre



Aurélien Demars, Monica Garoiu, Ana-Maria M'Enesti (dir.) : Écrire la Shoah. Trauma et représentation

 Classiques Garnier - Février 2025


Comment écrire la Shoah ? Que signifie écrire ce langage de la destruction et comment éviter qu'il ne dérive en reconstruction factice ? L'esthétisation de l'Holocauste et l'éloquence de la littérature des camps menacent toujours de sombrer dans l'insincérité et le kitsch. Pourtant, cette écriture ne va pas sans catharsis, témoignage et résilience. Dans et par-delà les mots, entre l'indicible et l'invisible, l'étude du trauma et de la représentation de la Shoah interroge fondamentalement le langage de la mort à l'oeuvre non seulement dans la littérature des camps, mais aussi dans l'architecture mémorielle et dans les expressions musicales, graphiques et cinématographiques de l'effroyable expérience concentrationnaire.

acheter ce livre


Renaud Barbaras : Le propre du corps

 PUF - Février 2025


L'auteur pose la question du corps en prenant pour point de départ de sa réflexion le dualisme cartésien. Ce dualisme, qui oppose le corps à l'âme, à l'esprit, à la conscience, à la pensée, ne nous permet pas de penser correctement ce qu'est le corps et son rapport véritable au monde. Le corps est toujours déjà là, avec nous et il est irréductible à la matière, à l'inerte, à ce qui n'est pas la pensée. Sa signification est beaucoup plus difficile à déterminer. Pour définir ce qu'est le corps, il est nécessaire de mettre en lumière le lien essentiel qui unit le corps à la vie. En effet, avoir un corps, c'est vivre aux deux sens du terme, à savoir être en vie et vivre quelque chose. La vie met en échec le dualisme puisqu'elle manifeste l'unité de l'âme et du corps et leur impossible séparation. De quel fait originaire le corps est-il l'expression ? À cette question, il n'y a qu'une seule réponse possible : avoir un corps, c'est être là, c'est appartenir au monde. Ainsi, ce n'est pas parce que j'ai un corps que j'appartiens au monde ; c'est au contraire dans la mesure où j'appartiens au monde que j'ai un corps.

acheter ce livre

jeudi 27 février 2025

Alexis Gladiline-Bozio : La leçon d'échecs. Petite histoire de l'IA

Humensciences - Février 2025


1997, Garry Kasparov, champion du monde d'échecs, est battu par l'algorithme Deep Blue. Vingt-cinq ans après cette défaite de l'homme contre l'intelligence artificielle, tous les joueurs savent qu'il leur est désormais impossible de battre les nouveaux programmes et ils les utilisent même pour s'entraîner. Mais quelles leçons en tirer ? C'est tout l'enjeu de la réflexion d'Alexis Gladiline-Bozio, qui revient sur l'histoire de l'IA, du Turc mécanique à ChatGPT. Ce faisant, l'auteur déconstruit les mythes autour de ce phénomène sociétal. L'IA n'est en réalité pas une unique entité, ses contours toujours mouvants regroupent de nombreux systèmes. Et si l'intelligence artificielle fait partie du quotidien et obtient des résultats spectaculaires, elle interroge notre rapport à la rationalité et à l'intelligence humaine, au-delà de la confrontation entre l'homme et la machine.

Alexis Gladiline-Bozio est spécialiste des sciences de l'informatique et des applications de l'intelligence artificielle. Il travaille actuellement au sein de la société EDF.

acheter ce livre

Joëlle Zask : L'Art au grand air

 Premier parallèle - Février 2025


" Au grand air ", " outdoor ", " dehors " : autant d'expressions pour désigner le fait d'être exposé aux éléments, à l'imprévu, engagé dans une histoire qui ne saurait être écrite à l'avance. La portée politique majeure d'une telle démarche a été clairement identifiée par les philosophes de la nature : c'est à partir de cette expérience, nous disent Thoreau ou Emerson, que l'ethos démocratique peut naître, se développer et se maintenir.
Or, la plupart du temps, nous pensons le dehors comme un décalque du dedans. C'est le cas en art, et en particulier pour les sculptures, que nous avons l'habitude de placer au centre d'un espace plan, symétrique et dégagé, un " espace public " nous réduisant au rôle de spectateurs passifs.
C'est que la question de l'emplacement des œuvres d'art est rarement posée. Pourtant, se demander " comment prendre place " vis-à-vis de ces œuvres et où les installer dans nos espaces partagés est crucial si l'on souhaite les insérer dans le tissu de la vie sociale.
C'est ce que propose de faire Joëlle Zask dans ce livre au croisement des champs politique et esthétique et dans lequel on " rencontre " de nombreuses œuvres " au grand air ", à l'origine d'une authentique expérience de liberté.

Joëlle Zask enseigne au département de philosophie de l'université Aix-Marseille et est membre de l'Institut universitaire de France. Spécialiste de John Dewey, elle s'intéresse aux conditions d'une culture démocratique partagée. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages, dont La Démocratie aux champs (La Découverte, 2016) et, aux éditions Premier Parallèle, Quand la forêt brûle (Prix Pétrarque 2020, 2019, réédition poche 2022), Zoocities (2020), Écologie et démocratie (2022), Se tenir quelque part sur la Terre (2023) et Admirer (2024).

acheter ce livre


Pierre Dardot et Christian Laval : Instituer les mondes. Pour une cosmopolitique des communs

 La Découverte - Février 2025


Face au désastre climatique, aux ravages de la globalisation néolibérale, à la montée des nationalismes, des néofascismes et à l'embrasement du monde, il est vain de compter sur la " communauté internationale " pour surmonter les antagonismes des souverainetés étatiques. Relever les défis auxquels est confrontée l'humanité requiert une nouvelle cosmopolitique, qui ne soit pas un idéal philosophique ou une utopie sentimentale, mais une action collective au-delà des frontières. La voie en est aujourd'hui tracée, par le bas, au travers des expérimentations alternatives et des pratiques de transnationalisation et de transversalisation qui se développent au sein des luttes écologistes, féministes, antiracistes, autochtones, syndicales et paysannes.
Ces mouvements esquissent partout la texture des communs, ces institutions fondées sur l'autogouvernement des milieux de vie. Mais, si leurs promesses démocratiques et égalitaires dessinent déjà un autre horizon politique, il ne suffit pas d'attendre patiemment que ces petits îlots se multiplient et s'agrègent pour en révéler la puissance révolutionnaire planétaire. Il s'agit maintenant de se demander comment penser les échelles d'action et leur articulation sans céder à l'illusion d'un emboîtement vertical.
C'est cette question stratégique fondamentale qu'affrontent ici Pierre Dardot et Christian Laval. L'enjeu suppose de tirer le bilan des internationalismes du passé, de comprendre les limites que l'altermondialisme s'est lui-même imposées et d'établir l'inadéquation des variétés anciennes de cosmopolitisme aux exigences nouvelles. En œuvrant à composer un monde commun qui procéderait des multiples manières de faire monde, la cosmopolitique des communs permet désormais d'envisager lucidement la possibilité d'une nouvelle phase de mobilisation mondiale.

Pierre Dardot est philosophe et chercheur à l'université Paris-Ouest-Nanterre-La-Défense.
Christian Laval est sociologie, professeur émérite de sociologie à l'université Paris-Nanterre.

acheter ce livre

Nicole Jacques-lefèvre : Le Mot et le Verbe. Méditations sur le langage et la parole poétique dans l'oeuvre de Louis-Claude de Saint-Martin

 Hermann - Février 2025


Le Siècle des Lumières est connu pour avoir aussi été celui de l’Illuminisme, dont Saint-Martin, le Philosophe inconnu, fut l’un des plus importants représentants. Cette étude souligne son originalité. Proclamant son indépendance par rapport aux croyances et institutions, franc-maçonnerie comprise, et entretenant avec la philosophie des Lumières une relation complexe, il a placé le langage et l’écriture poétique au centre de sa réflexion, et vu dans la Révolution française l’émergence d’une ère de régénération sociale et universelle. En tête du volume, une autobiographie de Saint-Martin, construite à partir de citations de sa correspondance et de son Portrait, permet de mieux le situer dans l’époque tumultueuse qui fut la sienne.

Nicole Jacques-Lefèvre, professeure des Universités émérite, est spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, de l’illuministe Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803) et des discours démonologiques. Elle a publié dans ces domaines de nombreux articles, études et éditions critiques. Elle a dirigé à l’ENS Fontenay-Saint-Cloud le Centre de recherche Littérature et Discours du Savoir, et l’équipe pluridisciplinaire Histoire critique de la sorcellerie.

acheter ce livre



Bertrand de la Vaissière : Jung, l'oeuvre au noir et le Christ rouge. Le Livre Rouge. Révolution thérapeutique et spirituelle ?

 Terre noire - Février 2025


Après deux ouvrages de clinique alchimique - Le travail des rêves et Les énergies du mal - qui témoignaient d'une pratique et soulignaient l'importance de la connaissance de l'herméneutique alchimique et de la lecture du processus proposées par Jung, le présent opus est le fruit d'un retour aux sources et d'une méditation personnelle de l'expérience très singulière du fondateur de la psychologie analytique telle qu'elle est consignée dans le Livre Rouge. L'ouvrage s'efforce de répondre aux questions suivantes : - Est-ce que le Livre Rouge s'inscrit dans le courant d'une révolution spirituelle (en Occident) qui s'accorde à l'homme une responsabilité décisive : se positionner face à ses passions et "faire naitre Dieu dans l'âme" ? - En quoi initie-t-il une révolution thérapeutique (dont on peut penser qu'elle déborde celle de la psychanalyse) ? - A quoi ce livre si baroque et si difficile, qui correspond en fait à une sorte d'auto-analyse de Jung et à son oeuvre au noir, nous engage-t-il ? - Peut-il souligner l'urgence pour un plus grand nombre d'un travail analytique Jungien, en s'inspirant de ce dont Jung a témoigné, et selon une intensité qui dépasse largement les seuls exercices de l'anamnèse comme ceux du développement personnel ? - De quelle façon anticipe t-il ce que Jung décèlera dans la philosophie alchimique ?

Bertrand de la Vaissière est né en 1949 et execerce en tant qu'analyste depuis près de trente ans. Il a animé pendant deux décennies des groupes de travail en psychothérapie analytique jungienne et travail des rêves. il est auteur conférencier.

acheter ce livre


mercredi 26 février 2025

Gérard Bonnet et Marie-France Patti : La phobie. Ces peurs qui nous habitent

 In Press - Février 2025


Qui n’a pas sa phobie plus ou moins discrète qu’il entretient par-devers lui ? La phobie est la chose du monde la mieux partagée : phobie des araignées, des espaces clos, du vide…Dès l’instant où l’on parvient à parler librement, il est bien rare que l’on ne découvre un lieu, un objet, qui nous met mal à l’aise et qu’on évite dans toute la mesure du possible.
Très tôt, pour les cliniciens qui ont précédé Freud, la phobie est considérée comme une maladie psychique, témoin d’une faiblesse ou d’une fragilité héritée du passé. Et si c’était l’inverse ? L’effet d’une force ou d’une poussée non identifiée, mais bien réelle ? L’objet phobique nous aveugle d’une vérité qu’il dérobe et qui se dérobe à la réflexion. C’est la raison pour laquelle il vaut la peine
de s’interroger sur les raisons de son pouvoir.
C’est à cela que nous invite ce livre qui commence par envisager la phobie à partir d’exemples précis de la vie quotidienne, puis reprend la question, étape par étape, dans le sillage de la recherche freudienne, pour voir comment elle a ouvert la voie à son interprétation.

Gérard Bonnet est psychanalyste (APF), directeur de l’EPCI où il dispense un enseignement de psychanalyse à un large public. Il a écrit de nombreux ouvrages en psychanalyse. Directeur de la collection « Psy pour tous » aux éditions In Press, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de la collection : L’idéal, Le narcissisme, Deuil et séparation…
Marie-France Patti est psychologue clinicienne, psychothérapeute. Enseignante à l’Ecole de Propédeutique à la Connaissance de l’Inconscient (EPCI), elle a publié plusieurs articles dans la revue Psychomédia et dans la Psychiatrie de l’enfant. Elle est l’auteure aux éditions In Press de L’Humour, Un défi aux certitudes (2017), La jalousie, métamorphose de l’envie (2018), L’animal, un allié, un double, un miroir (2019) et Le héros (2020).

acheter ce livre


Athénée : Les Deipnosophistes, livre XII. Les plaisirs

 Les Belles lettres - Février 2025


Né en 170 après J.-C. en Égypte, Athénée appartenait à la communauté grecque de Naucratis. Il vécut pourtant à Rome. Voilà à peu près les seuls renseignements dignes de foi que nous ayons sur l’auteur des Deipnosophistes, ou Banquet des sophistes, précieux témoignage à la fois d’une forme littéraire et d’un mode de sociabilité particulièrement fécond dans l’Antiquité : le banquet. À la fin du repas, les convives abordent des sujets très variés et font entendre les fragments d’oeuvres qu’ils connaissent par coeur, mais dont la voix s’est effacée pour nous. Les Deipnosophistes constituent donc une sorte de bibliothèque fantôme.
Consacré aux plaisirs, le livre XII offre une réflexion, entièrement menée par Athénée, sur les individus célèbres pour s’être adonnés au plaisir. Selon lui, le plaisir est lié à toutes sortes de vices. Les hommes s’enivrent et perdent souvent toute virilité en se fardant et en se parfumant. Et surtout, le plaisir estsource d’une hubris qui peut conduire au meurtre – les histoires violentes abondent dans ce livre. Dans la dernière histoire, le lien entre plaisir et folie offre une conclusion piquante : le plaisir ne serait-il jamais si grand que lorsqu’on a perdu la raison ?

Texte traduit par Anne-Marie Ozanam. Introduction et notes d’Anne-Marie Ozanam.

acheter ce livre

Mariangela Perilli : Le prof de philo fait son cinéma. Sexe, livres et robe de chambre

LettMotif Editions - Février 2025


Mâle, séducteur, négligé, volontiers sadique, toujours inapte à l’amour, le professeur de philosophie se raconte avant tout comme un être d’exception… Il était temps de lui tirer le portrait et de brosser en creux le paysage intellectuel français qui en a fait l’un de ses anti-héros les plus attachants. Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), Noce blanche, La Grande Vie, Conte de printemps, Encore, L’Avenir, La Faute à Rousseau… autant de films, de séries, où un singulier personnage évolue sous nos yeux : le professeur de philosophie. Ce personnage est un mythe, et bien français. Un mythe au sens où Roland Barthes l’entendait : un discours tissé de signes, d’images, de mots, de récits, dans lequel une idéologie se déploie à mots couverts. Aucun autre professeur ne charrie autant de représentations hétéroclites mais dans une cohérence globale dont on peut dessiner les contours. De la barbe du philosophe antique à la robe de chambre du penseur des Lumières, jusqu’aux cheveux en bataille du philosophe des plateaux de télévision, le mythe se survit, travaille à sa visibilité, en s’adaptant aux époques. Ainsi devine-t-on les avatars de Socrate, Diogène, Thalès ou de Diderot sous les traits variés, mobiles, des personnages de films et de séries français des années 1970 à aujourd’hui.

Mariangela Perilli est née à Naples en 1980. Professeure agrégée d’italien, elle a en outre étudié l’histoire médiévale et l’histoire de l’art à l’Université Paris IV, ainsi que les sciences et cultures du visuel à l’Université de Lille.

acheter ce livre

Jean Baechler : Écrits (1967-2022), tome I. "Philosophie", vol. 1: 1967-1995 (Alexandre Escudier éd.)

 Hermann - Février 2025


Jean Baechler compte parmi les derniers grands auteurs de la sociologie classique. Comme les fondateurs des sciences humaines et sociales, son œuvre mobilise tour à tour les registres de la philosophie, de la sociologie et de l’histoire. D’envergure encyclopédique, elle porte aussi bien sur la sociologie historique du politique que les origines du capitalisme, la sociologie des religions, l’éthique, la métaphysique et l’épistémologie. Elle se caractérise par sa dimension comparatiste et diachronique, englobant toutes les formes d’organisation sociale (bandes, tribus, cités, royaumes, empires, nations) sur la plupart des grandes aires civilisationnelles depuis le Paléolithique supérieur.
Mêlant tradition philosophique et sciences sociales, ce premier tome (en deux volumes) témoigne de l’approche conceptuelle rigoureuse, chez Baechler, des questions explorées dans ses enquêtes empiriques. Interroger les fondements était, pour lui, la condition de toute démarche scientifique. Définir précisément un problème, formuler des hypothèses plausibles sur ses manifestations historiques et guider l’examen des facteurs sociologiques actualisant le possible y relevait surtout d’une théorie générale du règne humain.
Ce volume articule cette problématisation anthropologique des histoires humaines avec un « réalisme critique » épistémologique, offrant un accès privilégié à la pensée de Baechler. Son interrogation sur l’Absolu, qu’il soit religieux ou séculier, révèle en outre un pan cardinal de sa réflexion anthropologique et historique sur l’humain.

Jean Baechler (1937-2022) est historien, sociologue et philosophe, professeur émérite de l'Université Paris IV-Sorbonne, et membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques).
Alexandre Escudier est chercheur au Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF) Paris.

acheter ce livre



mardi 25 février 2025

Jean-Christophe Bardout : Penser l’existence. L’existence imposée. Époque moderne

 Vrin - Mars 2025


A la différence de nombreux concepts hérités d’Aristote, l’existence fait en métaphysique une entrée aussi discrète que tardive, avant de devenir un thème à ce point majeur qu’aucune philosophie n’a pu s’en dispenser, en dépit d’un paradoxe constitutif : l’existence n’est-elle pas l’autre absolu de la pensée? Pourquoi l’existence s’est-elle constamment maintenue, au-delà du questionnement métaphysique qui fut son horizon médiéval, jusqu’à constituer un des concepts fondamentaux de toute anthropologie? Pour répondre, une histoire de l’existence dans la longue durée s’imposait, qui entreprenne d’en relever les mutations principales. Née dans l’Antiquité tardive pour singulariser l’être du Christ, développée au Moyen Âge pour appréhender l’être du monde créé, l’existence qualifie, aux temps des Lumières, l’être de l’homme.
Le deuxième volet de cette enquête montre comment l’époque moderne élabore deux acceptions foncièrement différentes de l’existence. Fruit des spéculations médiévales, la première la pense comme cause ou effet de sa cause efficiente. Sur le fond d’une crise de celle-ci, sans précédent, la seconde, issue du cogito cartésien, se tire de la conscience affectée et devient dominante : exister, pour l’homme, c’est sentir. Ainsi l’existence s’est-elle finalement imposée.

Ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé de philosophie, Jean-Christophe Bardout est professeur à l’Université de Rennes

acheter ce livre


Jacques Sénécal : Une étoile filante entre deux néants... et autres destinations philosophiques

 Fides - Mars 2025


Nos vies ne sont que des étoiles filantes dans le cours infini d'une nuit éternelle, nous dit Montaigne ; c'est tragique ! On a nécessairement une fin, mais on s'obstine à ne pas la voir, à ne pas la considérer comme telle. Au contraire, on accumule pour le futur comme si la permanence ou l'immortalité était notre destin. Pourtant, tout change, tout se transforme : on vient de rien et on retourne à rien. C'est vrai pour soi comme ce l'est pour le monde. Nous vivons de profondes métamorphoses démographiques, politiques, sociales, familiales, économiques, écologiques. Tout est fragile. Pourquoi ? Cet essai aborde des explications en discernant diverses attitudes : des angoisses, des résistances, des ouvertures, des aveuglements volontaires, des performances extravagantes, des obsessions du pouvoir... Bref, l'être humain est complexe : autant par la bêtise qui côtoie la curiosité que par l'émerveillement qui avoisine le nihilisme. Comment se retrouver dans tout cela ? En examinant les réponses simples aux questions essentielles posées par les personnes les plus ordinaires.

Jacques Senécal a enseigné la philosophie à Rimouski, à Rosemont et au lycée français international de Hong-Kong, Il a aussi été organisateur de cafés philosophiques et animateur d'ateliers de philosophie chez les retraités. Il est également l'auteur de plusieurs essais dont Jouir, faire jouir et s'en réjouir (2003 aux Éditions du Méridien), Manières de dire, manières de penser (2004) Le bonheur philosophe (2008), Le cerveau amoureux (2010), Philosophies occidentales et sagesses orientales, une approche amoureuse (2017) aux éditions Liber, La philosophie et les femmes (2016) aux éditions Cornac et Le Devoir de philo. Démocratie, liberté et politique, Somme toute, Le Devoir, 2022.

acheter ce livre


Nicolas Tenaillon : Apprendre à philosophier avec Ricoeur

 Ellipses - Février 2025


Paul Ricœur (1913-2005) est l’un des philosophes les plus importants et les plus étudiés de la deuxième moitié du XXe siècle. Traducteur de Husserl, ayant longtemps enseigné aux États-Unis, il a ouvert la voie à un dialogue particulièrement fécond entre la description phénoménologique et la philosophie analytique du langage. Ce dialogue lui a permis d’élaborer une herméneutique (ou science de l’interprétation) originale grâce à laquelle il a renouvelé la compréhension de questions philosophiques aussi difficiles que celle du temps, de l’action, de l’identité ou encore du mal. Se définissant modestement comme un « passeur d’idées », il a cherché à montrer au fil de ses œuvres, issues de travaux universitaires autant que d’articles de circonstance, qu’innovation et tradition peuvent se nourrir mutuellement parce que le sens « nous précède et nous excède »...

acheter ce livre

Lucien Derainne : Monomanies romantiques. Essai sur nos institutions intérieures

 Hermann - Février 2025


Les inquiétudes de la période romantique vivraient-elles encore en nous, sous la forme d’« institutions intérieures » ? C’est ce que défend cet essai en montrant que les normes structurant notre subjectivité, comme l’idée de vocation ou de discipline intérieure, furent à l’origine pensées sur le modèle de la monomanie, à la fois folie et idéal de la vie moderne. Toutes avaient en commun de valoriser l’intensité de l’action plutôt que sa finalité. Mais ce qui était à l’époque une façon commode d’occulter la crise postrévolutionnaire des valeurs est devenu aujourd’hui un obstacle au débat démocratique. C’est en relisant à nouveaux frais la littérature du « mal du siècle », de Stendhal à Sand en passant par Vigny et Dumas, qu’on s’affranchira enfin de ces institutions intérieures.

Agrégé et docteur en Lettres modernes, Lucien Derainne est enseignant-chercheur à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Ses travaux portent sur les rapports entre la littérature, la science et la politique au cours du premier xixe siècle.

acheter ce livre



lundi 24 février 2025

Philippe Diaz : Jean Meslier, curé, athée et anarchiste pour le XXIe siècle

 L'Harmattan - Février 2025


Jean Meslier était curé, d’un petit village dans les Ardennes, au XVIIe siècle. Il écrivit là l’un des traités les plus visionnaires de l’histoire de l’humanité, proposant une nouvelle forme de société.
Il fut le premier à poser les bases du communisme 150 ans avant Marx, à esquisser la théorie de l’évolution 100 ans avant Darwin et à poser les bases d’une société anarchiste 100 ans avant Proudhon et Bakounine. Il est aussi le premier à avoir écrit un traité sur l’athéisme, non pas en tant que concept intellectuel, mais en tant qu’outil de libération des peuples.
Mais, comme Meslier écrivait son mémoire la nuit, comme il dit lui-même « dans l’urgence », il ne s’est soucié ni du style ni des répétitions. Il écrivit sous le coup de la révolte et de la passion, ce qui rend cette œuvre très difficile à lire. Les pages qui suivent l’introduction, la vie de Jean Meslier et de son manuscrit, et qui précèdent l’analyse de sa société anarchiste, sont un condensé des mille pages de son Mémoire.

Philippe Diaz est scénariste, réalisateur et producteur de films documentaires et de fiction. Il est spécialisé dans les films sociopolitiques. Ces films ont obtenu de nombreux prix dans les festivals internationaux. Il est aussi philosophe ayant étudié cette discipline à la Sorbonne durant de nombreuses années et ayant continué ses recherches sur l’athéisme et l’anarchisme toute sa vie.

acheter ce livre


Vivian Sobchack : Le corps du film. Une phénoménologie de l'expérience filmique

 Presses du réel - Février 2025


Traduit pour la première fois en français, Le corps du film – Une phénoménologie de l'expérience filmique, ouvrage fondateur de la pensée de Vivian Sobchack, offre une perspective inédite à la tradition phénoménologique par le biais d'une interrogation de notre expérience cinématographique, et plus généralement de notre rapport aux écrans.

Comment décrire la rencontre qui s'opère avec un film ? En s'appuyant sur la phénoménologie de Maurice Merleau-Ponty, Vivian Sobchack repart de notre expérience de la rencontre avec autrui : lorsque je rencontre un autre humain, je vois bien son corps visible mais je ne peux que déduire, deviner, imaginer, supposer ce que celui-ci voit et ressent. Cet autre sujet qu'est le film inaugure un geste différent et inédit : il se présente à moi en me montrant ce qu'il voit, il me montre l'activité perceptive de son corps voyant. Comment qualifier un tel corps ? Et la relation qui s'offre alors à nous ?
Ce parcours dans l'essai fondateur de la philosophe des médias Vivian Sobchack nous permet de saisir son approche radicale du cinéma et renouvelle notre regard sur les flux d'images contemporains, avec lesquels nous vivons actuellement.

Vivian Sobchack (née en 1940 aux États-Unis) est une théoricienne du cinéma et philosophe des médias, surtout dans le champ de la phénoménologie, mais aussi de la science-fiction, du féminisme, du documentaire. Depuis les années 1990, la pensée de V. Sobchack est devenue une référence clé au niveau international et a eu un impact décisif notamment dans le domaine des études cinématographiques et études des médias (media studies), mais aussi dans d'autres disciplines comme la philosophie de la technique, l'anthropologie, les sciences cognitives et les neurosciences. Ses travaux novateurs sont restés largement inconnus du public universitaire français, principalement du fait de l'absence de traductions, alors que la tradition phénoménologique occupe une place importante dans l'enseignement et la recherche scientifique. L'objet de sa contribution théorique est particulièrement important aujourd'hui, alors que la question du corps en relation avec les écrans et les technologies numériques prend une place de plus en plus centrale dans nos vies.

acheter ce livre


Corine Pelluchon : La démocratie sans emprise ou la puissance du féminin

 Rivages - Mars 2025


L’intrigue qui se noue entre les leaders d’extrême droite et une population relève de l’emprise. S’il est nécessaire de pouvoir repérer les autocrates et d’insister sur les garde-fous comme sur les dispositions morales permettant de préserver la démocratie, la spécificité de l’emprise oblige à réfléchir à ce qui rend les personnes perméables au fascisme. Ce dernier encourage les sujets à évacuer leur sentiment d’impuissance en déchargeant leur agressivité sur certains groupes et conduit à un délire à plusieurs. Mais c’est dans ces périodes troublées que la puissance du féminin, qui s’oppose à la force et à l’obsession du contrôle et naît de la gratitude pour le donné, prend toute son importance. Nourrie par le féminisme, la puissance du féminin témoigne de l’amour d’un monde rendant possible l’accueil d’êtres nouveaux et diffuse un esprit de convivialité sans lequel un projet humaniste et écologiste ne peut s’imposer.

acheter ce livre

dimanche 23 février 2025

Thierry Paquot : L'amour des lieux

 PUF - Février 2025


Chacun sait ce que les lieux font de lui. Notre autobiographie environnementale nous renseigne sur notre géographie affective, nombreux sont les écrivains qui en témoignent. Si l'amour des lieux est un sentiment exigeant, il nous récompense de notre attention envers nos demeures et leurs paysages en nous ménageant pour autant que nous les ménageons. Aussi, ressentons-nous cruellement les lieux méchants, les maisons revêches, les quartiers indifférents, les architectures anxiogènes. Ces manifestations de topophobie provoquent un malaise, une spatiophagie, une schizotopie, une agoraphobie, un mal-être lié au lieu qui ne nous rejette... Au contraire, une maison ou un lieu d'une grande hospitalité nous réconforte, nous stabilise, nous enchante. Cela n'a pas échappé à Gaston Bachelard pour qui une habitation n'est pas un simple « corps de logis » mais un « corps de songes ». Il en va du bonheur de chacun. De sa capacité à inscrire son existence dans des territorialités et des temporalités aimables... Tout être humain réclame un habitat et un territoire comme n'importe quel être vivant, ainsi convient-il sûrement d'élargir notre lieu de vie à la biorégion en attente de son éclosion...

Thierry Paquot, philosophe, professeur émérite des universités, s'intéresse à l'urbanisation planétaire, aux utopies et à la géohistoire de la pensée écologique, comme en témoignent ses nombreux ouvrages. Mesure et démesure des villes est paru en septembre 2024 (CNRS).

acheter ce livre


Marc Bloch : La Vie d'outre-tombe du roi Salomon

 PU de Lyon - Septembre 2024


En 1925, Marc Bloch, historien du Moyen Âge, fait paraître un article qui illustre parfaitement sa méthode de recherche, sa conception du mythe et, de manière plus étonnante, sa position de savant. Quatre-vingt ans après son exécution par la Gestapo, il est temps de souligner ce que l'anthropologie historique doit à ce chercheur trop tôt disparu en remettant ce texte en lumière. Dans cet article, Marc Bloch pose une question en apparence simple : pourquoi Salomon, roi à la sagesse proverbiale, se voit refuser l'accès au paradis dans de nombreuses légendes médiévales ? Pour y répondre, il rapproche deux récits évoquant le châtiment de Salomon, rédigés respectivement au XIIIe et au XVe siècles. Comme le montre Florence Hulak dans sa préface, cette étude lui permet de déployer une méthode particulièrement audacieuse. D'abord, la science historique doit être une connaissance directe fondée sur l'observation et non une connaissance indirecte fondée sur des témoignages. Ainsi, les légendes médiévales sont intéressantes non pas en tant que récits crédibles, mais en tant que vestiges de la pensée médiévale. Ensuite, la connaissance du présent est un outil indispensable à l'exploration du passé. Ainsi, l'étude des fausses nouvelles diffusées dans les tranchées de la Grande guerre permet à Marc Bloch de mieux comprendre la diffusion des légendes au Moyen Âge. Enfin, la comparaison est au coeur de sa méthode historique : le rapprochement réalisé ici entre deux textes éloignés de plusieurs siècles l'illustre parfaitement. Ces différents outils restent aujourd'hui au coeur de l'anthropologie historique, comme le démontre Julien Théry dans sa postface. Ce texte permet enfin de préciser comment Marc Bloch définit et utilise le concept de mythe. Surtout, à travers la figure de Salomon, c'est la manière dont Bloch envisage sa position de scientifique qui apparaît ici : le roi Salomon, fort d'un sentiment de sagesse infinie, a endossé la posture de juge, posture que se doit de refuser l'historien.

acheter ce livre


Jean-Marie Donegani : Aux origines religieuses de la psychanalyse. Freud et Lacan entre judaïsme et christianisme

 Seuil - Janvier 2025


Des premiers textes de Freud aux derniers de Lacan, la psychanalyse est adossée à une problématique religieuse qui sous-tend son histoire conceptuelle. Tout commence avec l’analogie notée par le psychanalyste viennois entre les activités compulsionnelles de la névrose obsessionnelle et le ritualisme typique de l’activité religieuse. S’attachant ensuite à dévoiler le rôle de la religion dans l’histoire, il la conçoit comme une illusion destinée à faire supporter à l’homme le poids de sa condition. Héritier des Lumières, il exprime une hostilité violente à l’égard de ce leurre qui doit, selon lui, disparaître avec le progrès de la raison.
Lacan quitte le jugement de la religion en extériorité et en généralité pour la considérer comme un idiome, doté d’une portée anthropogénétique. Dans ce cadre, la vérité n’a d’autre fondement que la parole : elle ne repose plus sur l’adéquation de l’énoncé avec le réel mais sur la rectitude de l’énonciation, soit la présence du locuteur à son désir d’être sujet. En privilégiant ainsi la dimension énonciative du langage, Lacan prend place, non pas seulement dans l’histoire de la psychanalyse, mais, bien au-delà, dans celle de la vérité et de sa saisie par la philosophie et la religion. C’est donc à une version inédite de l’anthropologie analytique qu’il parvient, mais aussi à une relecture du christianisme qui défait celui-ci de toute couleur religieuse, retrouvant par là quelques-unes des plus novatrices élaborations théologiques du XXe siècle.

Psychanalyste, Jean-Marie Donegani est professeur émérite des Universités et membre du Groupe lacanien d’études et de recherches cliniques.

acheter ce livre



samedi 22 février 2025

Jonathan Crary : L'écorchement du monde

 Presses du Réel - Février 2025


Dans cet essai sans concession, Jonathan Crary tord le cou à l'optimisme béat du tout-numérique. L'ère de la connectivité ne renforce pas les liens entre les vivants, elle les dissout pour de bon. Pour l'auteur de 24/7, l'ère numérique doit être identifiée lucidement pour ce qu'elle est : la phase terminale funeste d'un capitalisme mondial et d'un auto-extractivisme auquel participent à leur insu les utilisateurs du Net. Pour Crary, il faut cesser de croire que les réseaux sociaux puissent être des espaces de mise en commun, et reconnaître qu'ils participent d'un processus d'isolation et de dépolitisation méthodique. Son brûlot vise à réveiller les consciences, afin de chercher d'autres manières de recréer du lien, et de préserver la planète d'un écocide annoncé.

Jonathan Crary (né en 1951) est professeur d'histoire de l'art et d'esthétique à l'université de Columbia, à New York. Il est notamment l'auteur de L'Art de l'observateur, vision et modernité au XIXe siècle (1999) et de 24/7. Le capitalisme à l'assaut du sommeil (2014).

Traduit de l'anglais par Matthieu Dumont (titre original : Scorched Earth. Beyond the Digital Age to a Post-Capitalist World, Verso, 2022).

acheter ce livre

Manuel Cervera-Marzal, Nicolas Poirier (dir.) : La pensée et la vie. (Auto)biographie, philosophie et sciences sociales

 Le Bord de l'eau - Mars 2025


La célèbre phrase prononcée par Heidegger lors du début d’un cours sur Aristote (« Nous allons commencer par la vie d’Aristote : il naquit, travailla et mourut. Passons maintenant à ce qui importe, sa pensée ») résume assez bien la position des philosophes sur la question des rapports entre la vie et la pensée. Quant aux Confessions de Rousseau, comme aux autobiographies de Sartre et Beauvoir, on les cantonne au genre littéraire, qu’on distingue fermement du versant philosophique de leurs œuvres.
De leur côté, sociologues et historiens s’aventurent volontiers sur le terrain de la réflexivité. Est-ce en raison de l’abstraction et de la conceptualité qui est la sienne que la philosophie n’est pas portée sur ce genre de réflexion et d’écriture ? Les sciences sociales, en vertu du matériau empirique sur lequel elles se fondent, auraient-elles plus de facilité à revenir sur le terrain de la vie ?
Il convient de poser de manière radicale le problème des rapports entre une œuvre et son auteur : nos objets d’étude n’ont-ils pas toujours un lien avec nos histoires de vie ? Dès lors, que fait-on de ce lien ? Doit-on le traiter comme un objet embarrassant, quitte à le refouler ? Ou essaie-t-on de l’assumer, en exerçant un acte de réflexivité qui nous mette véritablement aux prises avec ce que nous sommes ?
Les auteur·e·s

Afin de traiter ces questions, cet ouvrage collectif les contributions de Blaise Bachofen, Ludivine Bantigny, Manuel Cervera-Marzal, Adélaïde Fins, Isabelle Garo, Ivan Jablonka, Martine Leibovici, Yann Moulier Boutang, Claire Pagès, Irène Pereira, Nicolas Poirier et Jérôme Segal.

Manuel Cervera-Marzal est philosophe et sociologue, chercheur qualifié FNRS à l’Université de Liège. Ses recherches actuelles portent sur la démocratie, les contestations sociales et les partis politiques. Il s’intéresse également aux liens entre littérature et sciences sociales. Il a publié une dizaine d’ouvrages, dont trois aux éditions du Bord de l’eau, où il dirige la collection L’atelier du chercheur.
Nicolas Poirier est philosophe, docteur en Science politique et habilité à diriger les recherches en Philosophie contemporaine. Il a écrit plusieurs ouvrages sur Castoriadis, Lefort et Canetti, ainsi qu’un livre sur le lien entre exil et création dans le cadre de la littérature autobiographique moderne et un essai autobiographique.

acheter ce livre