L’essentialisme a généralement mauvaise presse : quand ce n’est pas pour des raisons purement idéologiques, on l’associe le plus souvent à un aristotélisme substantialiste dépassé, à une époque révolue où la métaphysique était considérée comme la reine des sciences, ou encore à une attitude foncièrement hostile à la science et peu soucieuse des découvertes, notamment de la biologie ou de l’anthropologie. Pourtant, la fin du XXe siècle aura aussi été marquée par le regain conjoint de la métaphysique et de l’essentialisme, ce dernier prenant des formes aussi nouvelles que diverses, tant en métaphysique qu’en philosophie des sciences.
Après quelques rappels sur cette histoire récente, on reviendra sur ce qui est au cœur des concepts d’essence et d’essentialisme, sur les problèmes qu’ils posent depuis toujours au philosophe, et l’on montrera pourquoi et comment il est non seulement possible mais nécessaire de défendre une forme d’essentialisme étroit (ou « aliquidditisme ») selon une conception foncièrement dispositionnelle et non plus substantielle ou modale de l’essence, conformément à l’attitude scientifique et réaliste que l’on aimerait recommander en métaphysique.
Claudine Tiercelin dir.
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