jeudi 11 mars 2021

Danielle Cohen-Levinas : L'Impardonnable

 Cerf - Mars 2021


Plus de poésie après Auschwitz disait Adorno. Mais est-ce vrai de la pensée ? L'impardonnable ne crée-t-il pas l'impensable au risque de la répétition ? Pour qu'il n'en soit véritablement plus jamais ainsi, il faut rendre ses droits à la philosophie. Bouleversant et courageux.

Passée le seuil du xxie siècle, la question juive n'est toujours pas réglée. L'antisémitisme est une question qui perdure, comme si, à l'échelle européenne et mondiale, on ne savait que faire des Juifs et du judaïsme. Entre haine, rejet, conversion, exclusion, persécution, extermination, l'antisémitisme revêt à travers l'histoire des formes d'une extraordinaire plasticité. La figure du Juif hante notre civilisation au point de contaminer tous les registres de l'existence. Chacun y va de sa réponse, alors même qu'aucun argument rationnel n'est jamais parvenu à combler la haine de l'autre homme. Ne pas être " dupe de la morale ", comme l'écrit Emmanuel Levinas dans la préface de Totalité et Infini, cela ne signifie rien de moins que de suspendre la conscience morale, afin d'admettre que là où réside l'antisémitisme, il n'y a pas d'eschatologie de la paix et de la justice qui tienne. Dans un contexte historique marqué par l'expérience de la Shoah, a surgi après la Seconde Guerre mondiale une autre question : le pardon, comme un défi lancé à l'impardonnable et à l'irréparable.
Danielle Cohen-Levinas opère dans son essai un retournement. Au travers de quelques figures majeures de la philosophie contemporaine et de la pensée juive, elle passe au crible la question de l'impardonnable, à savoir comme limitation aux multiples apories du pardon.

Danielle Cohen-Levinas est philosophe et musicologue, professeure à la faculté des Lettres de l'université Paris-Sorbonne, fondatrice et responsable du " Collège des études juives et de philosophie contemporaine " (Centre Emmanuel-Levinas).

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