vendredi 4 juin 2021

Enzo Paci : Journal phénoménologique

Éditions Conférence - Juin 2021


« Que faisons-nous et vivons-nous vraiment chaque jour ? » Cette question, Enzo Paci la pose en diariste et en phénoménologue. Ce livre est le journal d’un individu qui, comme tous les individus, est en quête du sens animant son existence, et s’en remet au rythme des jours pour le percevoir ; mais qui, ce faisant, comprend qu’il y faut un écrit d’un genre nouveau, le Journal phénoménologique, capable de réinvestir le vécu quotidien de toute la puissance descriptive et explicative de la philosophie héritée de Husserl pour se hisser à hauteur de la vie. Ce projet original consiste à reprendre les difficiles leçons de la phénoménologie dans l’exemple immédiat et concret d’une vie vécue, afin de servir d’introduction à cette école. Mais c’est avant tout un texte où mesurer la fécondité de deux traditions appelées à se rencontrer, la phénoménologie et le journal, celui d’une l’existence qui se tient et se considère dans son propre passage.

Enzo Paci (1911-1976) fut professeur de philosophie théorique à l’Université de Pavie puis de Milan. Dans sa jeunesse, il eut pour maître Antonio Banfi qui l’introduisit à la pensée de Husserl. Après avoir soutenu en 1934 une thèse intitulée La signification du Parménide dans la philosophie de Platon, il publia de nombreux livres qui le font figurer parmi les plus éminents représentants de l’existentialisme et de la phénoménologie : Dall’esistenzialismo al relazionismo, Tempo e verità nella fenomenologia di Husserl ou encore Funzione delle scienze e significato dell’uomo. La lecture que Paci fait de Platon le conduit dès la fin des années 1930 à des développements originaux qui entrent en dialogue avec les pensées nouvelles de l’existence de Sartre, Merleau-Ponty ou Ricœur, dont il fut un ami proche. Mais, en dépit de cette proximité avec l’école française de phénoménologie, Paci suit une voie originale en se voulant plus fidèle à la pensée de Husserl et moins influencé par celle de Heidegger. Nourrie à la riche tradition italienne, dont elle se veut le prolongement, la philosophie de Paci se présente comme un relationnisme qui cherche à penser l’homme par-delà les errements de l’ontologie trop prompte à tracer des frontières entre les êtres. Cet esprit d’ouverture à toutes les formes de l’être se manifeste sans doute avec le plus d’acuité dans la vie foisonnante de la revue Aut aut que Paci fonda en 1951 et qu’il dirigea jusqu’à sa mort.

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