Pourquoi peut-on étudier le Japon en particulier, mais pas l’étranger en général ? Avant tout parce que la conception que l’on se fait de l’universel reste largement monolingue et autocentrée. Liée à l’ignorance – ou au déni – du caractère nécessairement situé de l’étude des réalités étrangères, cette situation tend à reproduire les logiques de domination qui structurent le monde. Il en résulte un face-à-face délétère entre ceux qui n’appréhendent le réel qu’au prisme d’intérêts locaux et ceux qui, se revendiquant universalistes, partent du principe qu’il n’existe pas de frontières.
Pour rompre avec cet état de fait, Michael Lucken propose dans cet ouvrage une réflexion riche et engagée sur la xénologie, dont il expose les principaux jalons historiques et les différentes fonctions : la prédation, la critique, la généralisation et, à l’horizon, la métamorphose des individus et des sociétés. Il dessine ainsi les linéaments d’une forme renouvelée d’anthropologie, plus sensible à la variabilité des imaginaires collectifs. Et montre que c’est seulement lorsque les humains auront une expérience intime de la divergence des points de vue sur le monde que l’universel cessera de leur être étranger.
Michael Lucken est professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Historien spécialiste du Japon moderne et contemporain, il a publié entre autres Les Japonais et la guerre, 1937-1952 (Fayard, 2013), Imitation and Creativity in Japanese Arts from Kishida Ryūsei to Miyazaki Hayao (Columbia University Press, 2016), et Le Japon grec. Culture et possession (Gallimard, 2019).
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