samedi 27 septembre 2008

Cahier de l'Herne René Girard

dirigé par Mak Anspach



Paru le: 25/09/2008
Editeur : L'Herne
Collection : Les Cahiers de l'Herne
Prix : 39 €

Depuis un demi-siècle René Girard construit une œuvre originale et puissante qui transforme notre vision du monde. Au cours d’une carrière passée sur les campus américains, il défie les modes intellectuelles et les dogmes universitaires pour creuser ses propres intuitions. Qu’il étudie la tragédie classique ou le roman moderne, les comédies shakespeariennes ou les Écritures judéo-chrétiennes, il s’intéresse moins aux textes en tant que tel qu’aux vérités qu’ils recèlent sur les mécanismes fondamentaux de la vie sociale. Du désir mimétique au sacrifice des victimes émissaires, les concepts forgés par Girard font désormais partie du savoir contemporain. Peu de penseurs ont su prévoir comme lui l’a fait le « retour du religieux » ou les liaisons dangereuses de la violence et du sacré.

Débats et mises en perspectives

Plutôt que de dresser un bilan, ce Cahier vise à donner un aperçu représentatif de la diversité des travaux que les hypothèses de Girard ont suscité des deux côtés de l’Atlantique. Critiques littéraires ou philosophes, psychiatres ou anthropologues, les contributeurs prennent la mesure de la théorie girardienne, dévoilant ses racines, explorant ses ressorts et l’utilisant pour décortiquer des phénomènes marquants de notre temps : les génocides du vingtième siècle (Dumouchel, Gans), les dérives actuelles du système judiciaire (Guillebaud), le mimétisme des marchés financiers (Orléan), les rivalités des marques commerciales (Sicard) ou l’exclusion victimaire des immigrés (Petonnet). Et les auteurs n’hésitent pas à ouvrir le débat sur des points controversés, comme le christianisme de Girard (Deguy, Goodhart, Smyth) ou sa théorie de l’homosexualité (Lance).

Des textes et témoignages inédits

Ce Cahier vise également à révéler des aspects méconnus de la vie et de la carrière de Girard à travers des témoignages des collègues qui le connaissent le mieux, un nouvel entretien avec lui, et une sélection riche et variée de ses écrits, avec notamment des textes, jamais parus en France auparavant, sur Voltaire, Kafka, et Simone de Beauvoir. Dans l’entretien, Girard livre des souvenirs inédits de sa jeunesse : les « farces » qui lui ont valu d’être expulsé du lycée sous l’Occupation, son rôle dans l’exposition d’art moderne qui a lancé le festival d’Avignon, sa lecture passionnée du Livre de la jungle dont les scènes de chasses et de meutes préfigurent sa théorie de la violence collective. La première section comporte également des extraits de ses thèses de l’Ecole des chartes et de l’Université d’Indiana, qui nous rappellent que sa première vocation a été celle d’historien, et des témoignages personnels, dont celui de J.-M. Oughourlian, co-auteur des Choses cachées depuis la fondation du monde, qui raconte la rédaction de cet ouvrage.

La psychologie et la question des religions

La deuxième section commence par la psychologie, avec les textes de Girard et Grivois. Le romancier J.M. Coetzee analyse l’Eloge de la folie comme une tentative utopique de revendiquer une position en dehors des rivalités mimétiques ; il est question à la fois de la folie chez Foucault et Lacan et de la liberté de parole des fous du roi, thème repris par R. Escobar. Celui-ci et les auteurs qui suivent développent l’anthropologie girardienne en partant du problème de la royauté sacrée pour arriver à la théorie du religieux primitif. Avec la troisième section, on passe du paganisme aux religions bibliques. Girard et R. Schwager, théologien qui a exercé une influence importante sur lui, exposent ses idées sur la différence essentielle entre les deux, et P. Ricœur explique comment la pensée de Girard remplit une lacune dans sa propre pensée. S. Goodhart remet en question la singularité que Girard attribue à l’Evangile, Girard répond à Goodhart, et G. Bailie suggère l’influence cachée de l’antisacrificiel judéo-chrétien sur notre monde. Les contributeurs de la quatrième section ont en commun de déceler l’influence du christianisme chez des auteurs de l’époque des Lumières. La cinquième section commence par un texte de Girard sur Shakespeare, suivi par un débat sur le même sujet, et d’autres textes qui traitent de la violence et du désir d’un point de vue littéraire ou philosophique. La dernière section ouvre sur des problèmes d’actualité, et les contributions d’autres auteurs sur les thèmes déjà évoqués ci-dessus.

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