vendredi 28 novembre 2008

Philosophie n° 100

Hiver 2008



Editeur : Ed. de Minuit
prix : 10 €

Le numéro 100 de Philosophie s'ouvre sur la réédition d'un texte d'Yvonne Picard paru en 1946 dans la revue Deucalion, dont l'acuité n"a échappé ni à Derrida, ni à Levinas. Résistante, morte à vingt-trois ans au camp de Birkenau, elle avait consacré son mémoire de philosophie à confronter, sur fond de référence à la dialectique hégélienne, les phénoménologies husserlienne et heideggérienne du temps, qui pour elle s'opposaient essentiellement par leur méthode : phénoménologie réflexive versus phénoménologie analytique et existentiale. Manifestant une prédilection pour l'analyse husserlienne du temps, elle tente de montrer que cette dernière ne tombe pas sous les critiques adressées par Heidegger aux conceptions "vulgaires” du temps. Outre son intérêt intrinsèque, ce texte constitue un document important sur l’histoire de la phénoménologie en France, notamment sur l'importance qu'y a le concept de dialectique.
Dans « D’une logique de la vie à une théorie de l’organisme vivant », Chr. Daluz s'interroge sur le traitement du concept de vie dans la Logique de Hegel. Les interprètes de Hegel ont fréquemment contesté la pertinence du traitement hégélien de ce concept, voire son appartenance à la logique hégélienne, au motif que, se référant à un objet concret, l'idée de vie ne se laisse pas réduire à un contenu purement logique. Aussi oscille-t-on entre deux lectures : faire de la vie logique une vie du logique, ou l'interpréter comme un argument en faveur d'une métaphysique de la subjectivité. Pourtant, Hegel affirme nettement que l'idée de vie y est à entendre en son sens propre de vie naturelle. Quels sont alors son contenu et sa fonction dans la Logique ?
Dans « Savoir tacite et action », M. Le Du tente d'évaluer l'importance d'un certain héritage wittgensteinien (en matière de thèmes, de problèmes et de méthodes) dans la philosophie récente des sciences sociales, et défend la thèse selon laquelle un tel héritage se manifeste de la manière obvie lorsqu'il est question du concept de compréhension. L'article part de la thèse, commune à plusieurs sociologues, selon laquelle les structures règlent notre action en même temps qu'elles sont produites par celles-ci, pour en examiner la validité. Défendant un séparatisme méthodologique entre sciences sociales et sciences de la nature, il dégage et oppose l'usage qu'elles font respectivement de la notion de règle implicite.
Sous le titre « Contenu étroit, mécanisme et fonctions de choix », M. Rebuschi propose une réflexion sur la notion de contenu étroit, qui offre une réponse aux difficultés de l'externalisme (doctrine selon laquelle nos états mentaux sont déterminés par l'environnement, physique ou social) et de la théorie de la référence directe (qui supprime le sens comme médiation entre l'expression linguistique et la référence). L'auteur présente les arguments qui ont conduit Fodor et Putnam à formuler l'hypothèse d'un contenu étroit, avant d'en exposer sa propre conception, de la justifier contre les objections opposées à Fodor et d'en indiquer une formalisation possible grâce à la théorie sémantique des jeux.

YVONNE PICARD
Le temps chez Husserl et chez Heidegger
Présenté par Daniel Giovannangeli

CHRISTINE DALUZ ALCARIA
D’une logique de la vie à une théorie de l’organisme vivant

MICHEL LE DU
Savoir tacite et action

Manuel REBUSCHI
Contenu étroit, mécanisme neuronal et fonctions de choix

Note de lecture

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