dimanche 11 octobre 2009

Le libertinage et l'éthique à l'âge classique

Antony McKenna, Pierre-François Moreau, Celso Martins Azar Filho, Sophie Gouverneur



Paru le : 08/10/2009
Editeur : PU Saint-Etienne
Prix : 25 €

Du début à la fin du XVIIe siècle, aux yeux des apologistes, le libertin n'a pas de philosophie digne de ce nom: il se sert de prétextes divers et superficiels pour se donner un alibi et pour faire bonne figure; il cherche le " bon air" selon une formule de Pascal.
Le libertin s'adonne à la licence des moeurs dans l'élégance mondaine. Il est de " mauvaise foi "; son incroyance affichée n'est qu'une posture sociale. C'est une tautologie chez les apologistes. Dans une lettre de 1671 à propos du Traité théologico-politique, Lambert van Velthuysen accuse Spinoza d'athéisme. Il est tout à fait remarquable que, dans sa réponse, Spinoza commence par répondre à l'accusation d'athéisme non en termes de théologie mais en termes de comportement - comme s'il s'agissait d'abord d'une question éthique, et non pas d'une question de croyance ou de démonstration théorique.
Avant d'être une conception théorique, l'athéisme, comme le libertinisme ou toute forme de regard critique sur les croyances, est un choix éthique. C'est de cela d'abord qu'athées, incroyants et libertins doivent se justifier. Et ce fut ainsi dès le début : les attaques contre les " libertins " ont tout de suite porté sur leur conduite au moins autant que sur leurs thèses. D'où leur attitude ou plutôt leur éventail d'attitudes: assumer les comportements qu'on leur attribue et les justifier, refuser au contraire ces accusations comme infamantes, montrer enfin la diversité des moeurs au cours de l'histoire, qui empêcherait la constitution d'une éthique universelle.

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