dimanche 10 octobre 2010

Spinoza et nous

Antonio Negri

1

Parution : octobre 2010 – Editions Galilée – 26 €

Au début des années 1980, alors qu’il est incarcéré sous le coup d’accusations politiques extrêmement graves (dont, heureusement, il sera par la suite démontré la totale inanité), Antonio Negri, qui est à la fois un universitaire renommé et un militant d’extrême gauche, se met à travailler à un livre sur Spinoza. Ce texte, écrit dans des conditions difficiles, entre les quatre murs d’une cellule, ce sera L’Anomalie Sauvage, publié en France en 1982 avec une triple préface de Gilles Deleuze, de Pierre Macherey et d’Alexandre Matheron.
  Presque trente ans après, que reste-t-il de cette lecture « hérétique » de Spinoza dont Negri s’attache à enraciner la généalogie dans les événements de 1968 ? Quelles avancées ont-elles été produites dans le domaine des études spinoziennes ? Et comment faire dialoguer une fois encore l’Éthique avec notre propre actualité, alors même que les conditions qui sont les nôtres semblent au contraire nous éloigner toujours davantage de ce « court XXe siècle » dont 1968 semble avoir fait partie de droit ?
   À travers une série de textes prononcés sous la forme de conférences et d’interventions au cours de ces dernières années, Antonio Negri s’attache tout à la fois à dresser le bilan d’un certain spinozisme, à expliquer la fortune de la lignée interprétative dont il fait partie – et qui le place sous l’ombre portée d’autres figures de la recherche philosophique (Deleuze, Matheron) avec lesquelles il ne cesse de dialoguer à distance –, et à relancer certains points de débat à la hauteur de notre propre actualité.
  La notion d’ontologie, le dialogue de la pensée de Spinoza avec les sciences humaines et sociales, le rapport extrêmement complexe entre le spinozisme et la pensée de Heidegger, la définition de ce que peut être une philosophie de l’immanence, la possibilité d’une lecture politique de l’Éthique : autant de thèmes sur lesquels il s’agit de revenir afin de faire, une fois encore, valoir l’extraordinaire richesse de la pensée « anormale » et « sauvage » du philosophe d’Amsterdam.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire