jeudi 6 mars 2014

Le danseur et sa corde. Wittgenstein, Tolstoï, Nietzsche, Gottfried Keller et les difficultés de la foi

Jacques Bouveresse


 
Agone - "Banc d'essai" - Mars 2014
 
En écrivant ce livre, j’ai essayé de réaliser simultanément deux ambitions : celle de comprendre les raisons qui ont pu faire de Gottfried Keller un des écrivains que Wittgenstein admirait le plus, et celle de préciser ce que j’ai écrit sur les relations que ce philosophe a entretenues avec la religion. Ces deux objectifs convergent car peu de questions sont aussi présentes et aussi centrales dans l’œuvre du romancier que celle de la religion. De plus, l’espèce de « révélation » que Wittgenstein a eue lorsqu’il est entré en contact avec le texte de la version tolstoïenne de l’Évangile semble avoir marqué de façon profonde sa relation avec le christianisme. Même le Tractatus comporte des formules qui ont parfois une ressemblance assez frappante avec ce que Wittgenstein avait pu lire dans l’Abrégé de l’Évangile. Pour ce philosophe, « le penseur religieux honnête est comme un danseur de corde. Il marche, en apparence, presque uniquement sur l’air. Son sol est le plus étroit qui se puisse concevoir. Et pourtant on peut réellement marcher sur lui ».
Après Peut-on ne pas croire ? et Que faut-il faire de la religion ?, ce livre est le dernier volet d’une trilogie sur la philosophie de la religion. Pour Bouveresse, ce qui est en jeu, ce n’est pas le jugement à porter sur les dogmes, les croyances, etc., mais le regard à porter sur la foi elle-même comme attitude face à la vie. Les idées de Wittgenstein sont éclairées par leur mise en relation avec les récits et les réflexions de Keller – le plus grand romancier de langue allemande de la seconde moitié du XIXe siècle –, et par la confrontation avec Tolstoï, Nietzsche, Ibsen, et quelques autres.
Ce livre n’est issu ni de cours, ni de conférences, et c’est certainement l’un de ses plus personnels. 

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