lundi 20 avril 2015

Nicolas de Cues : La chasse de la sagesse (1462)

PUF - Avril 201 - Collection : Epiméthée


Nicolas de Cues compose le De venatione sapientiae en 1462, peu de temps avant sa mort. Cette oeuvre constitue, en quelque sorte, son testament philosophique. La lecture de la Vie des philosophes de Diogène Laërce lui offre l'occasion de faire un bilan personnel. En vérité, plus qu'un bilan, le De venatione sapientiae se révèle être un approfondissement de la pensée cusaine sans cesse en mouvement. Celle-ci s'enrichit à la lumière d'un nouveau concept : le posse fieri, le « pouvoir être fait ». Déjà présente dans le De docta ignorantia depuis le Possest, la notion de puissance et sa priorité sur l'acte prend de plus en plus d'importance, elle deviendra le posse ipsum dans la dernière oeuvre du Cusain, le De apice theoriae. 
L'image de la chasse va lui permettre d'illustrer ce que fut, ce que continue d'être, la recherche de toute sa vie : la poursuite de la sagesse. Cette métaphore, d'autres parmi les plus grands y ont recouru avant le Cusain, mais ce dernier lui donne un sens nouveau, fruit de sa méditation. Le chasseur doit connaître les terres où il chasse, Nicolas les connaît bien pour les avoir parcourues sa vie durant, aussi peut-il les passer en revue. Il leur donne le nom de champs et en dénombre dix : la « docte ignorance » ; le « possest » ; le « non-autre » ; la « lumière » ; la « louange » ; l'« unité » ; l' « égalité » ; le « bien » ; la « limite » ; l' « ordre ». 
La chasse de la sagesse se révèle être finalement la recherche de Dieu, ainsi que Nicolas l'avait formulée dans son De quaerendo Deum. En vérité, il s'agit moins de différentes parties de chasse dans différentes terres, que de différentes perspectives d'une même quête, qui est la quête de la Sagesse divine.

Hervé Pasqua est membre du Centre d'histoire des idées (CRHI), département de philosophie de l'université de Nice Sophia Antipolis. Il est président de la Société Française Cusanus et est l'auteur, entre autres, de Maître Eckhart et le procès de l'Un (Cerf, 2006) et de Nicolas de Cues, l'Un sans l'être (à paraître). Il a entrepris la traduction et le commentaire de l'oeuvre de Nicolas de Cues. Parmi les dernières parutions aux Puf, coll. « Épiméthée » : Les dialogues de l'Idiot, Le Coran tamisé et Le « possest ».

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