jeudi 15 octobre 2015

Jacques Derrida : Séminaire La peine de mort. Volume II (2000-2001)

Editions Galilée - Octobre 2015 - Collection : La philosophie en effet


Edition établie par Geoffrey Bennington et Marc Crépon

« Nous avons poursuivi les recherches engagées l’année précédente, en déployant les mêmes questions (autour de trois concepts : exception,souveraineté, cruauté) et en suivant les mêmes fils conducteurs. […]
Les discours de Kant et de Hegel ont été, de ce point de vue, au foyer de notre travail, qu’il s’agisse des débats avec Beccaria autour de la Révolution française, du régicide, de la Terreur ou de la grande tradition de la loi du talion. Au sujet de cette dernière, nous avons relu quelques textes bibliques et étudié les efforts pour la justifier et même y reconnaître, contre une certaine doxa traditionnelle, le principe même et l’origine de la justice, de Kant ou Hegel jusqu’à Lévinas (inclus).
Cette loi du talion est aussi une référence fondamentale dans le débat qui s’est amorcé entre la psychanalyse et le droit pénal. Nous avons interrogé, de ce point de vue, les projets de transformation du droit criminel par la psychanalyse (notamment les écrits de Reik et les déclarations que celui-ci fit au nom de Freud, en 1926, contre la peine de mort, dans Le Besoin d’avouer).
À travers toutes ces lectures, nous avons tenté de ne pas perdre de vue l’actualité du problème, en particulier ce qui se passe actuellement aux États-Unis, pendant et après l’élection du nouveau président. La figure du “président”, c’est-à-dire d’une souveraineté soumise à élection démocratique, méritait une attention particulière. Nous avons donc aussi fait référence à ce qui est dit, entre autres choses, du “président” et de la récente histoire de la peine de mort en France dans le dernier livre de Robert Badinter, L’Abolition. Au croisement des analyses concernant les États-Unis et d’une problématique psychanalytique, et tout en suivant une certaine, “histoire du sang” (visibilité ou non de l’exécution, passage à l’injection létale, modes de visibilité, de publicité, de théâtralité, de ritualité sacrificielle – lecture de Foucault et discussion de sa thèse sur la dé-spectacularisation progressive du châtiment ; lecture aussi de Donoso Cortes sur le sacrifice sanglant et la peine de mort [1859]), nous nous sommes aussi laissé guider par les trois questions suivantes, auxquelles nous avons tenté de donner un sens à la fois nouveau et spécifiquement coordonné à l’histoire des “crime et châtiment” : 1) Qu’est-ce qu’un acte ? 2) Qu’est-ce qu’un âge ? 3) Qu’est-ce qu’un désir ? » J. Derrida, Annuaire de l’EHESS

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