jeudi 16 juin 2016

André Tosel : Etudier Gramsci. Pour une critique continue de la révolution passive capitaliste

Kimé - Mai 2016 - Philosophie en cours


Antonio Gramsci, célébré conjointement, dans les années 1960-1978, comme le penseur marxiste le plus novateur du XXe siècle par Jean-Paul Sartre et Louis Althusser, n'a pas fait l'objet d'études soutenues en France après quelques recherches importantes, et cela malgré la publication de ses oeuvres aux Editions Gallimard et la parution d'anthologies. Il réapparaît aujourd'hui en notre pays grâce à l'intérêt suscité par les travaux anglo-saxons en matière de Cultural Studies, de Subaltern Studies et même d'International Relations Studies. Les études italiennes qui avaient déserté cette oeuvre dans les années 1980 renaissent autour du projet d'une édition nationale complète et se signalent par une vitalité renouvelée. La même observation vaut pour des spécialistes anglais et américains de grande compétence. En France Gramsci n'est même plus un célèbre méconnu ; il est encore largement inconnu. Il est temps de lever cette méconnaissance. Gramcsiens et non gramsciens, faites enfin un fort de connaissance avec un penseur majeur du monde moderne dont il reste encore à mesurer l'inactuelle actualité. Cette étude entend exposer la pensée de cet intellectuel et politique exceptionnel en réfléchissant sans réfraction adjacentes une oeuvre multiforme, quasi encyclopédique, mais critico-systématique en ses intentions. Les Cahiers de prison ne sont pas un livre, ni même une suite d'essais thématiques. Leur fil conducteur de cette étude est l'équation énigmatique que Gramsci établit entre philosophie, histoire et politique. Voici quelques questions qui seront abordées. Comment une pensée ni économiciste ni déterministe s'ouvre une histoire internationaliste des nations de l'Europe et de l'Occident qui reçoit une nécessité conditionnelle sans jamais perdre sa contingence ? Comment une théorie du bloc historique congédie la dualité vulgaire entre structures et superstructures au profit d'une articulation des rapports de forces et de sens inscrits dans des conjonctures où peut se former et peser une volonté collective elle-même divisée ? Comment l'idéologie du sens commun peut-elle se faire objet d'une critique qui culmine avec une philosophie intérieurement politique, la philosophie de la praxis, sans que jamais le cercle du sens commun et la philosophie ne se brise ? Comment le langage et la langue jouent-ils un rôle essentiel dans la formation des pensées des collectifs ? Enfin comment les masses subalternes vouées à l'instrumentalisation et écrasées par un sens commun passivisant peuvent-elles conquérir une puissance de pensée et d'action et envisager de devenir protagonistes de leur histoire ? Comment comprendre les transformations simultanées des formes de l'Etat et de la société civile dans une problématique de l'hégémonie et de la contre hégémonie, issue autant de Machiavel que de Marx et de Lénine ? Comment penser la possibilité d'une nouvelle Réforme et d'une Renaissance entreprise par des institutions politiques à la fois expressives des masses et capables d'hériter de la civilisation, et cela à une époque tragique dominée par les fascismes et la stagnation de la révolution soviétique ? Comment composer cet historicisme avec une alliance transitoire avec le meilleur du libéralisme politique et moral ?

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