samedi 24 septembre 2016

Etienne Balibar : Des universels. Essais et conférences

Editions Galilée - Septembre 2016 -  La philosophie en effet


" Cet ouvrage recueille une série d'essais et de conférences, s'échelonnant sur un peu plus de dix ans, jusqu'à aujourd'hui, mais que j'ai conçus à chaque fois comme la poursuite d'une même investigation. Le temps est venu, me semble-t-il, non pas de leur procurer une " conclusion ", mais d'en éprouver la continuité et la complémentarité. Pour ce faire, je les ai adaptés en français (lorsqu'ils avaient été rédigés en anglais, en diverses circonstances que je rappellerai plus bas), harmonisés et parfois complétés (en particulier de quelques références indispensables). Leur objectif est de problématiser notre conception de l'universel, afin de contribuer à la clarification des débats sur le sens et la valeur de l'universalisme. Cette notion aujourd'hui chaudement disputée (on a pu parler d'une " querelle de l'universalisme ", comme naguère à propos de l'humanisme) ne saurait être univoque, elle doit être pluralisée, ou plutôt différenciée, pour deux raisons dont l'ensemble fait une dialectique sans fin préétablie : d'une part toute énonciation de l'universel (par exemple les " droits de l'homme ") est située dans un cadre géographique et historique (qu'on peut appeler une civilisation) qui l'affecte dans son contenu ; d'autre part l'énonciation de l'universel n'est pas tant un facteur d'unification des êtres humains que de conflit entre eux et avec eux-mêmes. Disons qu'elle n'unit qu'en divisant. Encore faut-il essayer de mettre un peu d'ordre dans cette " équivocité de l'universel ", qui tout à la fois engendre la dérive des discours universalistes et aide à formuler l'exigence qui les traverse. Le coeur de l'ouvrage est constitué par deux longs essais qui tentent une problématisation originale des contradictions de l'universel, et par conséquent de sa " dialectique ". Dans l'un, issu de conférences prononcées en 2005 aux Etats-Unis, " Constructions et déconstructions de l'Universel ", je déploie, en m'appuyant essentiellement sur Hegel et sa postérité (jusqu'à Derrida), la notion d'une " universalité conflictuelle ", en passant de l'énonciation à la domination, et de celle-ci à la subjectivation des " porteurs de l'universel " qui mesurent l'être de la communauté à l'idéal d'universalité. Dans l'autre, issu de ma contribution à une enquête internationale de la revue Topoi sur les " tâches " de la philosophie contemporaine (2006), j'examine l'articulation du problème de l'universalité avec celui de l'université, et je décris les trois grandes " stratégies " qui ont été mises en oeuvre par les philosophes modernes (de Spinoza et Hegel à Wittgenstein, Quine et Benjamin) pour penser sub specie universitatis : disjonction, totalisation, traduction. Ces essais sont encadrés par des " discussions ", dans lesquelles je me suis confronté aux positions et aux objections d'auteurs contemporains qui ont défendu, parmi d'autres, une position différente dans la " querelle de l'universalisme ", à laquelle j'emprunte néanmoins des questions et des notions importantes à mes yeux : en particulier Alain Badiou, Judith Butler et Joan Scott. " (E.B.)

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