On voudrait que religion et politique relèvent de deux domaines distincts : d’un côté les croyances personnelles, de l’autres la vie en commun. Cela semble aller de soi et être souhaitable, ne serait-ce que pour assurer la possibilité de la tolérance : on accepte d’autant mieux les différences en la matière que chacun s’accorde pour ne faire de sa religion qu’une affaire personnelle. On voit bien, en outre, ce que peut avoir d’oppresseur un État qui ajoute à la puissance qui le caractérise la contrainte d’une doctrine officielle. Même si l’on associe le mot république ou le mot démocratie au nom d’une religion ou de quelque autre dogmatique, on est bien devant un totalitarisme quand la puissance publique pourchasse ce qu’elle appelle « le vice » et prétend se mêler des conditions de la vie privée, jusqu’à la manière de se nourrir ou de s’habiller.
Il se trouve hélas que la claire et saine distinction du politique et du religieux, déjà loin d’être la norme, est remise en cause là même où elle était revendiquée. C’est que, pour les peuples qui ont peiné à se constituer en État, la religion est perçue comme un marqueur de l’identité nationale. Du coup, ceux qui se sentent solidaires des opprimés soutiennent des revendications étroitement religieuses, quittes à fermer les yeux sur le caractère oppressif de certaines d’entre elles.
Pour y voir plus clair, on se propose ici de revenir sur le débat occasionné par les thèses de Carl Schmitt et de les confronter à la tradition occidentale des relations entre politique et religion.
Marc Lebiez est philosophe et helléniste. Il a publié Les premiers temps modernes et Le culte du nouveau chez Kimé.
2 domaines différents entre la vie.commune et la religion
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