lundi 3 juin 2019

Gérard Pfister : Ce qui n'a pas de nom

Arfuyen - Mai 2019


Après le triptyque de La Représentation des corps et du ciel – Le grand silence (2011), Le temps ouvre les yeux (2013) et Présent absolu (2014) –, après Ce que dit le Centaure mettant en scène le Temps, le Songe et le Chant, c'est une méditation plus vaste encore qui est ici proposée au lecteur. D'emblée le propos, philosophique autant que poétique, en est posé par l'épigraphe de Lucrèce : " Tu parais, et les vents, les nuages du ciel / à ta venue s'enfuient, sous tes pas la terre / brode de tendres fleurs, le miroir de la mer sourit, / et le ciel apaisé brille d'une lumière immense. " De quelle apparition s'agit-il ? Celle qui se révèle à nous dans la vie de chaque instant, dans le mouvement des formes, des couleurs, des significations. De tout cela que voyons-nous, que comprenons-nous ? " Tout est tellement incompréhensible ", écrivait Etty Hillesum devant le lupin violet éclos dans le camp de Westerborck. " Le poème, indique une courte préface, serait cette parole plus fluide que l'eau, plus rayonnante que la lumière, qui saurait de toutes choses ne faire sentir que l'apparition, le chatoiement, ce qui toujours semble ici et qui n'a pas de nom. " Comment atteindre à cette parole pour qu'aphorisme et lyrisme, pensée et musique ne fassent plus qu'un : à travers 1000 poèmes de 4 vers, indépendants et résonnant ensemble. 4000 vers, ouverts à la nature, à l'art de Titien, Monet, Bill Viola ou Lee Chang-Dong . Et l'intense lumière de Venise.

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