jeudi 22 octobre 2020

Sens-Dessous 2020/2 (N° 26) : Végétal

Éditions de l'Association Paroles - Octobre 2020


"Mon ami, deviens végétal ! » aurait dit Diogène de Sinope, invitant ainsi à prendre pour modèle la plante qui sait recevoir et grandir de ce qui lui est donné. Devenir végétal dans la bouche du philosophe cynique c’est être en mesure de se tenir à sa place, « la bonne », celle que la nature a ordonnée. « Devenir végétal » ne signifie parfois guère autre chose aujourd’hui que de transformer des protéines animales en végétales, si l’on évoque la substance, ou peut encore signifier si l’on se place du point de vue du sujet qui le devient : se transformer en légume c’est-à-dire être inerte presque mort. Aussi, « l’être végétal » qui signifiait la persistance de la vie en nous et malgré nous s’est tourné en un contre-modèle repoussoir : il qualifie celui qui végète et en un mot gâche la vie. Ce retournement qui aboutit à dire plutôt à son ami : agis, prends toi en main, réveille la bête en toi… fût long et lent. Il est l’effet d’une transformation progressive des valeurs qui se parachève dans un rapport hygiéniste aux végétaux : il faut manger 5 fruits et légumes par jour. Là où la sagesse invite a diminué sa consommation de viande, se replier ainsi sur le végétal me paraît un peu trop facile. Et on manque l’essentiel. Nous oublions que notre rapport aux plantes est aussi complexe que notre rapport aux bêtes. Nous omettons que le fait de se tenir à une place ne veut pas dire être mort. Aussi « mangeons végétal » oui ! Mais nous ne serons jamais autre chose que des cannibales et cela Diogène l’avait bien compris." Nadia Taïbi

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