lundi 21 juin 2021

Critique, n° 889-890 : Démocraties : la peau de chagrin

 Editions de Minuit - juin 2021


« Pas besoin de météorologue pour connaître la direction du vent », chantait Bob Dylan. Soufflait alors celui de la rébellion. Aujourd’hui le vent a tourné. Pas besoin d’arpenteur pour mesurer le terrain perdu par les libertés depuis deux décennies. Pas besoin de baromètre pour savoir que les démocraties sont sous forte pression.
Pour désigner cette pesante atmosphère politique, ce ne sont pas les vocables qui manquent : illibéralisme, démocratie autoritaire, nouveaux autoritarismes... Mais pour l’analyser, les outils font défaut. La réflexion menée sur les totalitarismes du XXe siècle ne nous est plus d’aucun secours devant les régimes de contrainte et de contrôle qui se multiplient autour de nous. Régimes « hybrides », en plus d’un sens : soit qu’ils combinent formes électorales maintenues et gouvernementalité dictatoriale, soit qu’ils allient aux vieilles violences légales et para-légales des techniques de surveillance dernier cri.
Avant de mettre un nom sur cette réalité nouvelle, il faut la décrire. Cette cible mouvante, encore mal identifiée, nous avons donc choisi de la désigner en creux : « Démocraties : la peau de chagrin ». Titre qui voudrait aussi suggérer que le déchiffrement des autoritarismes contemporains passe par une analyse détaillée et précise de leurs interfaces avec la démocratie.

Textes réunis par Pierre Birnbaum, Laurent Jeanpierre et Philippe Roger

Sommaire

Laurent JEANPIERRE : Comment sauver les démocraties ?
Justine LACROIX : Un libéralisme autoritaire est-il possible ?
Jean-Claude MONOD : Avatars de l’autoritarisme
Sébastien BROCA : Militants des libertés numériques et tournant « illibéral » d’Internet
Hamit BOZARSLAN : Anti-démocraties
Ahmet INSEL : Un autoritarisme électif et autocratique. L’erdoganisme
Alice EKMAN : Chine. Vers un néo-marxisme technologique
Émilie FRENKIEL : « Participation citoyenne ordonnée » et contrôle politique en Chine
Irina OKUNEVA : « L’État leur tenait lieu de tout ». L’Homo sovieticus selon Svetlana Alexievitch

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