vendredi 24 février 2023

Emmanuel Salanskis : Pourquoi une Généalogie de la morale ? Le projet de Nietzsche, ses sources et son horizon

 Editions de la Sorbonne - Mars 2023





Redécouvrir le projet de recherche collectif, interdisciplinaire et fondamentalement ouvert que Nietzsche a présenté dans la Généalogie de la morale en 1887 constitue la visée de ce livre. Paradoxalement, la généalogie nietzschéenne a en effet été méconnue par les premiers interprètes qui en ont fait un philosophème à part entière : en particulier par Gilles Deleuze, dont le Nietzsche et la philosophie, paru en 1962, a présenté à tort la généalogie de la morale comme un concept propre à Nietzsche. Ce n'est pas ce que nous dit Nietzsche et il est essentiel de l’entendre. Car non seulement Nietzsche se reconnaît des prédécesseurs en matière de généalogie, comme l’Allemand Paul Rée et l’Anglais Herbert Spencer, mais son intervention personnelle dans ce champ consiste bien souvent à corriger des hypothèses antérieures trop « azurées ». Il faut donc lire les auteurs que Nietzsche a lus pour mesurer ses dettes, discerner ses originalités et saisir les enjeux de son travail. On mesure ainsi le sérieux philologique de son entreprise, qui en accroît à vrai dire la portée philosophique, y compris dans une perspective contemporaine.

Sommaire 

Avant-propos

Introduction : le choix du mot « généalogie »

Sortir de l'évidence de la généalogie

Les « généalogistes de la morale jusqu'ici »

L'émergence de la métaphore généalogique en 1886-1887

Le contexte : une relecture de L'origine des sentiments moraux de Paul Rée

Généalogie versus géologie

Une image évolutionniste

Considérations préliminaires sur la structure d'ensemble de la Généalogie

chapitre I. La méthode axiologique de Nietzsche

Provenance et valeur selon la préface de la Généalogie

La « note » : pour un perspectivisme axiologique utilisant les sciences

Le problème philosophique de la valeur, sous celui de la connaissance

Perspectivisme et hiérarchie

Le recours perspectiviste aux sciences

Une application : la « valeur biologique » des affects actifs et réactifs

chapitre II. Le fil conducteur langagier du premier traité

Identifier les locuteurs dominants : première approche du cas Théognis

Repérer les basculements des rapports de puissance : la matrice théognidéenne

La matrice théognidéenne appliquée à l’émergence du christianisme

Julius Lippert, ou la centralité de la figure de Paul

L’interprétation de Nietzsche-Lippert : Paul en tant que judéo-chrétien

Volonté de puissance et messianisme apocalyptique

Une resignification victorieuse, plusieurs questions en suspens

chapitre III. L’hypothèse de Nietzsche sur l’origine de la « mauvaise conscience »

Le problème de la structure du deuxième traité dans la littérature secondaire et les éditions de la Généalogie de la morale

La distinction fondamentale entre faute et responsabilité, à la lumière de l’anthropologie des religions et de l’ethnologie comparée du droit

La notion de « dette expiatoire » chez Julius Lippert

Les limites du nulla poena sine culpa selon Albert Hermann Post

La transcription de la distinction entre faute et responsabilité dans la structure du deuxième traité

L’incipit sur la conscience de responsabilité et le zigzag du § 4

Contre le préjugé que le châtiment donne mauvaise conscience

Pour une généalogie spécifique et non linéaire de la « faute »

L’hypothèse pulsionnelle de Nietzsche

Bilan et ouverture

chapitre IV. La distinction du troisième traité entre sens et signification

Un arrière-plan philosophique du troisième traité : le nihilisme comme « vide de sens »

Idéal ascétique et donation de sens selon le § 28 du troisième traité

« Un sens quel qu’il soit vaut mieux que pas de sens du tout »

À la place d’une conclusion

Bibliographie

Index des noms

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