ACF Normandie - Janvier 2025
Folie générale est le titre choisi sous lequel parait ce numéro 83 de Letterina. La folie est habituellement conçue comme exception, car étant considérée et traitée par rapport au normal. Dans la langue commune, un fou est ce qui est évalué par rapport à la notion de norme. En effet la folie se remarque par des attitudes, délires et passages à l’acte. De ce point de vue, elle exige un traitement particulier, précédé dans le meilleur des cas d’une réflexion visant à empêcher les manifestations qui excèdent le « normal ».
De là toutes sortes de méthodes ont été et sont utilisées. On voit par exemple le retour fracassant d’une biologisation du traitement. On voit le neuro s’emparer de l’explication de la folie par l’imagerie, les couleurs, la zone du cerveau qui s’allume ou reste éteinte selon les façons dont il est sollicité. Le « tout biologique », l’approche biomédicale qui parait triomphante ne délivrent en rien une solution pour celle ou celui qui est l’objet de sa folie1. Tout cela se déroule dans un temps de délitement avancé des institutions de santé et d’éducation, dans un temps où les équipes sont de plus en plus épuisées… Les pratiques cliniques sont mises à mal par cette situation, en particulier celles qui s’appuient sur la parole dont la fonction est rejetée.
Pourtant la fonction de la parole permet du mieux – a minima. Freud l’indique dans ses écrits en situant le délire comme tentative de guérison2. Lacan le prolonge dès le début de son enseignement en montrant ce qu’il en est des pouvoirs de la parole à partir de la structure du langage et du statut du signifiant. En effet il y a le mot et la chose où le mot est censé la capturer. Or il demeure toujours un écart entre le mot et la chose, seule la représentation de la chose pouvant laisser croire à l’existence d’un rapport garanti entre les deux. Bref, le signifiant rate la chose, le langage ne l’absorbe pas, toujours un écart est là entre les deux, et le signifiant ne renvoie qu’à un autre signifiant. Il y a un trou dans le langage dont l’effet est le ratage de la chose par le mot...
SOMMAIRE
Liminaire, Serge Dziomba
Interprétation
L’interprétation. Raisonnement et résonance, Laurent dupont
Tout le monde est fou
Sur quelques conséquences de « Tout le monde est fou ». Délire et sentiment de la vie, Romain Aubé
Érasme : Éloge de la folie, Jean-Louis Woerlé
Mon délire si tranquille, Romulo Ferreira Da Silva
Liens sociaux et discours à l’époque de la post-modernité, Judith couture
Opacités du réel
De la dénégation du réel, Marion Maurel
Le réel du petit Hans, Elisa Ali Chérif
Le réel, avec le Séminaire L’Angoisse, Bertrand Barcat
Étude. Le livre de Jacques-Alain Miller : Comment finissent les analyses. Paradoxes de la passe
Présentation, Serge Dziomba
Position de l’analyste et sorties d’analyse, au commencement de la découverte freudienne, Alexia Lefebvre Hautot
La passe entre les lignes, David Coto
Le sujet supposé savoir, Nathalie Herbulot
Le transfert, un reste irréductible en fin d’analyse ?, Cyril Duhamel
L’extime, d’un mot oublié à un concept psychanalytique, Delphine Souali
Celui qui se retourne en partant, Manuela Baty
Une École vivante, Marie Izard
« Un réel pour la psychanalyse », Marie-Claude Sureau