jeudi 2 avril 2009

Walter Benjamin. Une vie dans les textes

Bruno Tackels



Paru le : 01/04/2009
Editeur : Actes Sud
prix : 29 €

Walter Benjamin, philosophe, auteur notamment des Passages, des Chroniques berlinoises, a passé sa vie à tenter de comprendre le monde en lisant. Il lisait tout, aussi bien les contes pour enfants que les textes de théâtre ou les écrits des philosophes. Il s’intéressait à tout : au devenir de l’image, à la technologie, à la poésie (il fut un grand spécialiste de Baudelaire) mais aussi à la littérature (il fut le premier introducteur et traducteur de Kafka en France et quand il fit sa première conférence sur lui à Paris, il y avait cinq personnes dans la salle…).
Son oeuvre est considérable dans bien des domaines, et fragmentaire. Sa vie aussi est fascinante. Mais comme lui même ne pensait pas que la vie de chacun, en tout cas la sienne, était intéressante, Bruno Tackels, pour ne pas le trahir, a décidé d’aborder sa vie en partant de ses textes et des expliquer par les circonstances de sa vie.
Cette méthode s’avère passionnante car Benjamin eut une vie amoureuse, amicale ô combien fournie et aventureuse. On pourrait même le qualifier d’aventurier. Ami de Brecht et de Scholem, cousin d’Hannah Arendt, issu d’une famille bourgeoise, Benjamin rompt très jeune avec son milieu familial et, dans les cercles intellectuels de Berlin, veut opposer sa vision du monde face à la déliquescence de Weimar puis à la montée du nazisme. On connaît hélas le sort des intellectuels antifascistes : réduit à s’enfuir d’Allemagne, Benjamin ira se réfugier à Paris, cette ville qu’il aimait tant et sur laquelle il a tant écrit, puis, progressivement, se clochardisa.
Bruno Tackels raconte la lente dérive de cet immense intellectuel qui ne peut vivre sans sa bibliothèque, et sa transformation inéluctable en clochard céleste. Au moment de l’invasion allemande, Benjamin, après avoir été interné dans un camp de transit, retrouve ses amis exilés à Marseille. C’est là qu’il décide de s’enfuir par la frontière espagnole, là qu’il décida de se suicider.

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