jeudi 8 mars 2018

Simon Gallegos Gabilondo : Les mondes du voyageur. Une épistémologie de l'exploration (16e-18e siècle)

Editions de la Sorbonne - Mars 2018 - Collection : La philosophie à l'œuvre


Qu’est-ce que l’exploration ? Comment se présente-t-elle dans les voyages qui ont dessiné la cartographie du monde moderne entre la Renaissance et les Lumières ? À travers l’étude d’un corpus portant sur le Nouveau Monde et les spéculations sur le Continent Austral, ce travail analyse les enjeux épistémologiques entre le nouveau et l’inconnu. D’une part, il montre que dans ces textes un régime de spatialité trouve son instance inaugurale ; de l’autre, que l’histoire de celui-ci est aussi celle de la philosophie elle-même, pour autant qu’elle s’est conçue sur le modèle d’une exploration dans la tradition baconienne jusqu’au XVIIIe siècle chez D’Alembert. En prolongeant la métaphorologie blumenbergienne, il identifie l’ancrage historique des images géographiques mobilisées par la pensée moderne ainsi que la continuité entre la production de savoir et la production d’un espace à découvrir par les voyages d’exploration. Puis, il interroge l’horizon de sens anthropologique de l’exploration, en particulier à travers la polémique de la présence d’une espèce d’hommes géants au Nouveau Monde, et examine l’appropriation scientifique de cette figure littéraire dans l’histoire naturelle d’Acosta à Buffon. Enfin, après un regard sur le rapport ambigu entre les usages de la thèse du vieillissement du monde et l’ouverture épistémologique des objets possibles de l’exploration, il propose une analyse de la centralité de la "gigantum demonstratio" au sein du programme philosophique de Vico. Cette variété d’objets trouve son unité dans l’idée selon laquelle l’épistémologie de l’exploration constitue un champ "sui generis" qui, à son tour, constitue un objet de réflexion spécifique et inédit.

Docteur en philosophie, Simón Gallegos Gabilondo est auteur de plusieurs articles sur Anquetil-Duperron, consacrés à la critique de Montesquieu, au colonialisme et à l'anthropologie historique. Professeur dans le secondaire, il a enseigné au Collège universitaire français de Moscou et à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a écrit sur l'épistémologie historique du voyage d'exploration et, entre autres, sur la notion de mappemonde encyclopédique chez d'Alembert ("L'homme de lettres en géographe : d'Alembert et la mappemonde encyclopédique", dans Jean-Yves Sarazin, Evgueni Rytchalovski [dir.], La géographie des Lumières : entre imaginaire et réalité, Moscou, Naouka [Le siècle des Lumières, 5], 2015, p. 15-26).

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