Les Livres de Philosophie: juillet 2024

vendredi 5 juillet 2024

François Baskevitch : Théories et nature du son dans l’Antiquité grecque. Histoire de l’acoustique physique dans les textes grecs (du Ve au Ier siècle avant notre ère)

L'Harmattan - Juillet 2024

Jusqu’au IVe siècle avant l’ère commune, la littérature grecque décrit les sons et les nomme en créant un vocabulaire abondant et souvent expressif. Des philosophes de la nature et quelques

anatomistes s’intéressent à l’ouïe et parfois à son objet : le son. Avec Aristote (mort en -324), les savants tentent de comprendre comment le son se produit, comment il se propage, s’il se réfléchit comme la lumière… Ils écrivent que le son est produit par un choc, puis s’interrogent : le son est-il corporel, subit-il un déplacement ? Pour les atomistes, c’est un flux de corpuscules, pour les stoïciens, le son se propage comme les ronds dans l’eau. Mais comment expliquer le grave et l’aigu ? Et l’écho ?

Les philosophes grecs, qui tentaient de comprendre les phénomènes naturels et leurs causes, éprouvent des difficultés à aborder cette entité si commune et pourtant impalpable et fugitive.

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jeudi 4 juillet 2024

Denise Carabin : Les Idées stoïciennes dans la littérature morale des xvie et xviie siècles (1575-1642)

Classiques - Garnier Juillet 2024

Espérant répondre aux attentes d'une époque troublée, l’Europe humaniste redécouvre le stoïcisme. Cette sagesse antique propose des solutions, mais suscite aussi des controverses. Cette histoire du néo-stoïcisme éclaire les transformations idéologiques et littéraires opérées au tournant des xvie et xviie siècles.

Sommaire

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Jacynthe Tremblay : Le soi égaré. Entretiens avec Nishida Kitarō, I

PU de Montréal - Juillet 2024

La première série d'entretiens porte sur la logique de Nishida et sur sa philosophie de l'existence. Avec pour fil conducteur le thème de la « voie » ou du « chemin », ce volume offre une vue d'ensemble des trois périodes de la philosophie de Nishida. Il est question de la première période (1911-1923) dans le chapitre 4. Les chapitres 5 à 10 sont entièrement consacrés à la logique de Nishida développée au cours de la deuxième période (1923-1933). Afin de rendre cette logique plus accessible, de nombreux exemples tirés du jeu d'échecs ont été fournis. Les chapitres restants (1 à 3 et 11 à 14) tirent leur matériel des aspects existentiels dont Nishida commença à traiter durant la deuxième période et qu'il exposa dans toute leur étendue durant la troisième période (1934-1945).

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Le Coq-héron 2024/2 (N° 257) : La tendresse, de la survie au rêve. Transformations, symbolisation

Erès - Juillet 2024

Page 7 à 12 : Elena Adam - La tendresse en psychanalyse, la levée des tabous | Page 13 à 23 : Laurent Tigrane Tovmassian - La tendresse comme vecteur de transformations et de symbolisation, de la survie au rêve | Page 24 à 31 : Lorenza Escardó Zaldo - Situation anthropologique fondamentale, tendresse et situation analytique | Page 32 à 39 : Jean-François Chiantaretto - La tendresse pour l’infans dans l’adulte : question métapsychologique ou question posée à la métapsychologie ? | Page 40 à 49 : Régine Prat - La tendresse, affect premier associé à la pulsion primitive : Tact-Pulsion | Page 50 à 57 : Christophe Janssen - Tendresse et illusion au cœur de la relation clinique | Page 58 à 64 : Francis Martens - S’adopter | Page 65 à 73 : Olivia Farkas - L’École de Budapest, un courant tendre de psychanalyse | Page 74 à 81 : Julien Bufnoir - Le lien tendre, entre Ferenczi et Bion | Page 82 à 89 : Sophie-Caroline Cromphout - La tendresse thérapeutique : une approche réflexive avec le patient… | Page 90 à 97 : Bernard Golse - Tendresse et contre-transfert en psychanalyse d’enfant | Page 98 à 106 : Karl-Leo Schwering - La tendresse dans le contre-transfert | Page 107 à 116 : Julianna Vamos et Armelle Hours - Déjouer l’impact de l’absence : deux dispositifs ressources pour la protection de l’enfant | Page 117 à 120 : Françoise Davoine - « Objets inanimés, avez-vous donc une âme, Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » | Page 121 à 128 : Régine Waintrater - Charlotte Delbo ou la tendresse exigeante | Page 129 à 133 : Janine Altounian - Lors d’une transmission traumatique, l’amour se vit sans tendresse | Page 134 à 141 : Drina Candilis-Huisman - La tendresse en idéal. Les enseignements d’une rencontre esthétique avec l’œuvre de Chana Orloff | Page 142 à 148 : Fabio Landa - Le sacre du crime. Une matinée d’octobre à jamais | Page 149 à 150 : Jean-Marie Fossey - L’Entre-deux sexuel. Daniel Sibony. Odile Jacob, 2024 | Page 151 à 153 : Jean-François Simoneau - Le défi des états limites. Regard clinique et théorique. Bérengère de Senarclens. Préface de René Roussillon. Éditions Campagne Première, 2022 | Page 154 : Maria Pierrakos - La résistance en héritage (1945-1963). Fragments d’enfance. Nicole Beaume-Scariot. Préface Anne-Marie Cocula. Memoring ED, 2024.

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PLASTIR, La Revue Transdisciplinaire de Plasticité Humaine n°73

Revue Plastir - Juillet 2024

Au sommaire de ce numéro de Plastir, une série de dévoilements transdisciplinaires: celui des scénarios possibles du commencement du temps délivré avec subtilité par Jean-Marc Chomaz, celui de l’épais mystère entourant le chiffre mis en scène par Bernard Troude, celui du long chemin à suivre pour atteindre la paix dans le monde tracé par Péguy Lumuene Lusilavana et enfin celui de la voie sage du taijiquan instillé au sein du corps et de l’esprit des musiciens par Eric Caulier.

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mercredi 3 juillet 2024

Bertrand Ogilvie : Inclassable enfance

La Tempête - Août 2024

C'est un secret de Polichinelle : on n'apprend rien à l'École. Rien sinon qu'au départ, soi-disant, on ne sait rien. Pour l'enfant, disqualifié, l'important à l'École, c'est d'apprendre à obéir, peu importe à quoi. Certes on ne parle pas ici de ces moments enchantés où grâce à la parole d'un maître on s'est engagé sur la voie de l'émancipation intellectuelle. Ces récits, légendaires, bien d'entre nous en ont plein leur besace. Mais « bien d'entre nous », c'est combien ? Ce n'est pas de ce nous là qu'il s'agit dans ce livre mais de l'École comme système : lieu d'échec, d'ennui et de dévalorisation pour le plus grand nombre. Or une appropriation joyeuse des pratiques et des savoirs est chose aisée, peu coûteuse et libératrice. Mais c'est avant tout une volonté politique et une autre idée d'enfance.

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Pascal Chabot : Un sens à la vie. Enquête philosophique sur l'essentiel

PUF - Juillet 2024

Le sens est partout mais sa définition, nulle part. On veut du sens pour son travail, dans ses relations, face au système. Mais que cherche-t-on en cherchant du sens ? Que cache ce Graal éternel, devenu tellement important qu'il semble avoir supplanté la recherche du bonheur ? Pour y répondre, cette enquête montre comment le sens circule entre ce que nous sentons, ce que nous comprenons et ce que nous désirons. Or une mutation majeure a rompu l'équilibre entre ces trois pôles car dès que nous consultons un écran, nous nous branchons au « surconscient » numérique qui bouleverse notre rapport au sens. De là, ce qu'il faut appeler les « digitoses » contemporaines : le burn-out, l'éco-anxiété, la rivalité avec l'intelligence artificielle et le triomphe des machinoïdes, ces humains qui ressemblent à leurs outils.

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Michael Naas : Threshold Phenomena. Derrida and the Question of Hospitality

Fordham University Press - Août 2024

Threshold Phenomena reexamines Jacques Derrida's thinking of hospitality, from his well-known writings of the 1990s to his recently-published seminars on the same topic. The book follows Derrida's rereading of several central figures and texts on hospitality (Sophocles' Oedipus at Colonus, Kant's Perpetual Peace, Levinas's Totality and Infinity) and his attempt to rethink questions surrounding not only private but also public hospitality in the form of immigration law, the contemporary treatment of migrants or stateless peoples, and the establishment of cities of asylum.

Naas develops many of the central themes of Derrida's seminar--the relationship between hospitality and teletechnology (telephone, internet, cyberspace, etc.), the role of fatherlands and mother tongues in hospitality, questions of purity, immunity, and xenophobia, and the possibility of extending hospitality beyond the human--to animals, plants, gods, and clones. Reframing Derrida's approach to ethics, Naas reconsiders the relationship between hospitality and deconstruction, concluding that hospitality is not merely a theme to be treated by deconstruction but one of the best ways of describing its work.

Naas's book turns around a figure that Derrida himself returns to several times throughout the seminar: the threshold--a figure of hospitality par excellence, but also, in his seminars, another name for what Derrida in the 1960s began calling différance. Threshold Phenomena concludes that Derrida's seminar on hospitality is one of the best introductions we have to Derrida's work in general and one of the surest signs of its continuing relevance, a seminar that is at once fascinating and engaging in its own right and necessary for analyzing today's increasingly nationalistic and xenophobic political climate.

Michael Naas is Professor of Philosophy at DePaul University. He is the author of Class Acts: Derrida on the Public Stage (2022), Apocalyptic Ruin and Everyday Wonder in Don DeLillo's America (2022), Don DeLillo, American Original: Drugs, Weapons, Erotica, and Other Literary Contraband (2020), Plato and the Invention of Life (2018), The End of the World and Other Teachable Moments: Jacques Derrida's Final Seminar (2015), Miracle and Machine: Jacques Derrida and the Two Sources of Religion, Science, and the Media (2012), Derrida From Now On (2008), Taking on the Tradition: Jacques Derrida and the Legacies of Deconstruction (2003), and Turning: From Persuasion to Philosophy (1994). He is co-translator of a number of books by Jacques Derrida, including Life Death (2020), and is a member of the Derrida Seminars Editorial Team.

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mardi 2 juillet 2024

Collectif : Darwinisme et sciences sociales - L'oeuvre de Patrick Tort

Honoré Champion - Août 2024

Patrick Tort est certainement l’homme au monde qui a le plus écrit sur Darwin. En restituant en 1983 la logique de l’œuvre anthropologique du naturaliste anglais, étrangement ignorée ou mésinterprétée jusqu’alors, il met en évidence le ressort profond de ce qu’il va nommer la « seconde révolution darwinienne » : en retenant comme avantageux le développement des instincts sociaux et ses conséquences relationnelles et rationnelles au sein des sociétés humaines, la sélection naturelle sélectionne la civilisation, qui s’oppose à la sélection naturelle. C’est cet « effet réversif de l’évolution », inscrit dans La Filiation de l’Homme de 1871, qui donne la clé de ce que Patrick Tort défendra ensuite sous l’enseigne d’une « refondation des études darwiniennes » que l’on peut estimer aujourd’hui largement accomplie.

Théoricien de la connaissance, épistémologue, historien de la philosophie et des sciences sociales, historien des sciences biologiques et linguiste, Patrick Tort est également un méthodologiste en matière d’histoire des idées : sa longue élaboration d’une discipline d’étude intitulée « Analyse des complexes discursifs » lui a permis d’éclairer notamment, sur des bases en partie darwiniennes, les racines biologiques du symbolique, renouvelant ainsi le secteur des études scientifiques sur le rapport nature/société.

Ce sont ces différents aspects qu’analysent les auteurs de ce livre, eux-mêmes soucieux d’apporter aux sciences sociales un lien mieux problématisé avec l’évolution : Lilian Truchon étudie les rapports entre darwinisme et marxisme ; Marc Joly revient sur la révolution anthropologique contenue dans La Filiation de l’Homme et ses liens avec la « révolution sociologique » ; Wonja Ebobisse s’attaque au concept d’hypertélie comme instrument pour la critique du libéralisme économique, et Georges Guille-Escuret montre la parenté méthodologique du marxisme et de l’écologie scientifique issue de Darwin. Un long entretien conduit par Wonja Ebobisse et Philippe Kernaleguen permet enfin à Patrick Tort d’illustrer sur plusieurs plans la démarche d’élucidation qui est celle de son « Analyse des complexes discursifs ».

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Maren Niehoff : Philon d’Alexandrie. Une biographie intellectuelle

Brepols Publishers - Juillet 2024

Philon est un philosophe juif hellénisé dont les œuvres forment l’un des corpus les mieux fournis qui nous soient parvenus de l’Antiquité. Pourtant sa personnalité et son évolution intellectuelle restent une énigme. Maren Niehoff offre la première biographie de Philon et suggère que son séjour à Rome en 38 EC marqua un tournant dans sa vie. Il y fut confronté non seulement à un nouveau cadre politique, mais aussi à un nouvel environnement culturel et philosophique.

TABLE OF CONTENTS

Acknowledgements

1) An Intellectual Biography of Philo?

Philo as Ambassador and Author in Rome

2) Philo’s Self-Fashioning in the Historical Writings

3) Power, Exile and Religion in the Roman Empire

4) Roman Philosophy and the Jews

Philo’s Exposition in a Roman Context

5) Creation Theology and Monotheism

6) Character and History in the Lives of the Biblical Forefathers

7) Biblical Ladies in Roman Garb

8) Stoic Ethics in the Service of Jewish Law

Young Philo among Alexandrian Jews

9) Biblical Commentary

10) A Platonic Self

11) An Utterly Transcendent God and His Logos

12) Stoicism: Rejected, Subverted and Advocated

Epilogue: Philo at the Cross-Roads between Judaism, Hellenism and Christianity

Appendix 1: Table of Philo’s Dates and Works

Appendix 2: Did Philo write an Allegorical Commentary on Genesis Chapter One?

Notes

Abbreviations

Bibliography

Index

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Norbert Sclippa : Nouvelles lectures de Sade. Tout dire

L'Harmattan - Juin 2024

Le crime n’existe pas, là où la loi n’existe pas. C’est aussi pourquoi tous les types de conduite sont permis chez les animaux. Mais c’est également ce qui fait que la notion de crime différencie notre espèce des autres.

Cependant, se cache ici une problématique. En effet, si le crime existe bel et bien pour nous, cela signifie qu’il existe aussi pour la nature, dont nous en faisons partie, à l’égal des autres espèces.

Cet essai rassemble seize études analysant cette problématique dans l’œuvre de Sade, à la fois par rapport à la critique littéraire et aux sciences humaines (notamment, l’anthropologie, la philosophie, et la psychanalyse) comme aussi la religion.

Norbert Sclippa est professeur émérite de l’université de Charleston, en Caroline du Sud. Spécialiste des Lumières, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur Diderot, Rousseau, Voltaire, et Sade, et a organisé le Premier Colloque International Sade aux États-Unis.

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lundi 1 juillet 2024

François Vannucci : La Promesse du hasard

Odile Jacob - Juin 2024

Quand la science se penche sur la question du destin. De la physique à la métaphysique, il n’y a qu’un pas : le physicien François Vannucci nous entraîne dans ses réflexions sur le thème du hasard, de l’existence de Dieu et de la liberté humaine.

Laquelle décrit mieux le réel, la physique classique ou la physique quantique ? L’auteur part de l’opposition entre deux mondes : d’un côté, un monde déterministe et connaissable, de l’autre, un monde où règnent la loi des probabilités, la notion de hasard, l’irrationnel, l’inconnaissable.

Un monde sans raison n’est pas concevable, mais on étoufferait dans un monde sans imprévu où la vie serait bloquée par les nécessités.

C’est le dilemme de la condition humaine : si tout est hasard, où est notre motivation ? S’il n’y a pas de hasard, où est notre liberté ?

D’Einstein à Pascal, l’auteur s’appuie sur l’histoire des sciences et de la philosophie pour faire dialoguer physique et métaphysique avec bonheur.

Le hasard quantique s’appelle-t-il Dieu ou multivers ?

François Vannucci est normalien, anciennement chercheur au CNRS, professeur de physique à l’université Paris-Cité, chercheur en physique des particules et astroparticules, spécialiste des neutrinos.

Il a dirigé plusieurs expériences au CERN. Il a déjà publié L’Astronomie de l’extrême univers et Le Miroir aux neutrinos.

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Jacqueline et Alain Pousson : Turbulences juridiques autour du corps humain

PU de Toulouse Capitole - Juin 2024

Après avoir été ignoré par le droit pendant près de deux siècles le corps humain refait surface. La poussée de l’individualisme, la recherche du bien-être et de l’épanouissement de la personne ont favorisé cette résurgence mais dans le même temps ont suscité des interrogations quant aux relations entre le sujet de droit et son corps mais aussi des réactions, parfois violentes, dans une société profondément fracturée, sur les sujets sociétaux : IVG, PMA, fin de vie, suicide assisté, intelligence artificielle…

Le corps humain s’est réconcilié avec la personne dont il est devenu le support de l’identité mais cette promotion attise les critiques. Sa décrépitude, ses imperfections inspirent un courant post-humaniste qui prophétise sa disparition.

Trente ans après les lois de bioéthique il est apparu nécessaire de faire le point en toute objectivité et de concilier dans la mesure du possible juristes et scientifiques.

Ouvrage de Jacqueline et Alain Pousson, professeurs émérites de l'Université Toulouse Capitole, IDETCOM.

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Alexandre Abensour : Les philosophes et la Bible

Ellipses - Août 2024

La philosophie a-t-elle à voir avec la Bible ? N’est-ce pas plutôt l’affaire de spécialistes, parmi lesquels on peut citer théologiens, exégètes ou historiens ? La Bible occupe une place telle dans la culture occidentale que la philosophie l’a nécessairement rencontrée comme « objet culturel ». Mais rien de plus ? Notre ouvrage veut au contraire montrer qu’on peut concevoir la Bible comme un objet philosophique à part entière. Pour des penseurs aussi différents que Maïmonide, Spinoza, Rousseau, Nietzsche ou Ricœur, s’affronter au texte biblique, dans sa richesse immense et sa complexité extrême, c’est bien rencontrer des enjeux théoriques : le rapport entre foi et savoir, bien sûr, mais aussi la question des fondements de la morale, de la place du religieux dans la culture, du rôle des mythes etc. Au cœur de toutes ces questions, domine le problème central de l’interprétation. Les auteurs présents dans cet ouvrage, qui couvre deux millénaires (de Philon d’Alexandrie à Paul Ricœur), ne prennent jamais les Écritures pour une donnée : au contraire, il s’agit de trouver la clef d’entrée, qui permet au philosophe d’être un herméneute original, à la fois dépendant des traditions et sciences de l’exégèse, et libre d’inventer ses propres règles interprétatives, pour tirer de la Bible ce qu’aucune science positive ne peut donner : chercher des pensées déposées dans des textes non théoriques, mais capables de libérer des effets d’une rare puissance. Si la philosophie est confrontation du concept à la multiplicité de l’expérience, cette dernière se présente ici non sous la forme du monde sensible, mais d’un monde de lettres, sans cesse à déchiffrer.

Alexandre Abensour, ancien élève de l’École Normale Supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, enseigne en CPGE économiques et commerciales au Lycée Saint-Jean de Douai et en Lettres Supérieures au Lycée Sainte-Marie de Neuilly.

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