samedi 5 avril 2025

Marianne Massin et Gaëlle Périot-Bled (dir.) : Répéter, refaire, reprendre. Enjeux artistiques et esthétiques

 PU de Rennes - Avril 2025


Parce qu’elles résultent de processus de création qu’elles semblent parachever, les oeuvres d’art sont souvent considérées comme des objets définitifs émancipés du temps, des ébauches et des repentirs. Achevées, unifiées, elles proposeraient au regard, à l’écoute, à la réception, l’instauration d’un monde original dans sa clôture propre. Répéter, refaire, reprendre seraient alors des actes suspects de dégrader l’oeuvre par la copie stérile et la duplication. Ce volume veut défendre le parti inverse : certaines oeuvres nécessitent des répétitions ou en sont tramées, « faire » implique souvent de « refaire » et les arts sont tissés de reprises et d’échos ; enfin, à rebours des discours dépréciatifs, la fécondité d’une oeuvre peut se mesurer à l’aune des reprises qu’elle inspire. Ces trois verbes, selon leurs modalités spécifiques, relèvent d’une praxis qui interroge et travaille de l’intérieur le modèle poïétique. Ces pistes sont explorées à la fois sur le versant théorique, et sur le versant pratique en donnant la parole dans deux intermèdes à quatre artistes.

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Aude Haffen et Nelly Mok (dir.) : Vulnérabilité et radicalité. Écritures de soi britanniques et américaines contemporaines

 PU de Bordeaux - Avril 2025


Cet ouvrage s’intéresse à la dyade notionnelle vulnérabilité-radicalité dans un rapport de corrélation, à travers l’analyse d’écritures de soi britanniques et américaines des XXe et XXIe siècles où est évoquée la vulnérabilité physique, psychique et textuelle du « je » autobiographique – son expérience directe, transmise ou réimaginée de violences personnelle, familiale, sociale et politique. Quel « je » autobiographique le récit de ces violences et de ces blessures fait-il advenir ? Face à la vulnérabilité extrême de l’autre, de quelles façons sommes-nous interpelés, en lisant ces textes, dans notre propre vulnérabilité ? Questions auxquelles les autrices réunies dans cet ouvrage tentent de répondre à travers leurs lectures des textes autobiographiques de F. Scott et Zelda Fitzgerald, Jean Rhys, Derek Jarman, David Feinberg, Bhanu Kapil, Eleni Sikelianos, Ruth Ozeki, Amy Uyematsu, Jesmyn Ward et Loung Ung, en mettant en lumière le potentiel radical de l’expression littéraire de la vulnérabilité, quand elle engage conjointement la (re)présentation d’une souffrance intime et l’intensité mobilisatrice d’une relation perlocutoire entre témoin et co-témoin.

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David Labreure et Annie Petit (dir.) : Socialismes, utopies et positivismes

 Hermann - Avril 2025


Au xixe siècle, nombreux sont ceux qui veulent réorganiser la société. Auguste Comte (1798-1857) fonde le positivisme comme prolongement socio-politique de la philosophie positive. À partir de penseurs comme C. H. Saint-Simon (1760-1825), Charles Fourier (1772-1837), Étienne Cabet (1788-1856), Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), etc., émergent des programmes sociaux divers, parfois dits « socialistes », dans les débats, combats et les efforts plus ou moins éphémères de réalisation. Cependant ces efforts sont souvent considérés comme des « utopies ». Sont ici confrontés certains de ces programmes et tentatives pour en dégager les interrogations communes et transversales ainsi que les originalités.

David Labreure est directeur du musée et des archives de la Maison d’Auguste Comte.
Annie Petit, professeur émérite de philosophie à l’université de Montpellier, a publié sur l’histoire de la philosophie, la philosophie et l’histoire des sciences et l’histoire des idées au xixe siècle. Elle a publié notamment Le Système d’Auguste Comte. De la science à la religion par la philosophie, Paris, Vrin, 2016.

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Bernard Barsotti : De la vie dans l'art et dans la musique en particulier

 Hermann - Avril 2025


La vie humaine est-elle action ou création ? Le vivant se joue des lois physiques pour inventer une variété infinie de formes. Les êtres de sensibilité que sont le musicien et le peintre semblent prolonger en l'homme ce mouvement et, à travers l'expérience et l'invention de beautés nouvelles, offrir à notre existence sa forme la plus intense. Mais l'homme est un être de pensée, de volonté et d'action qui n'a de cesse de transformer son propre monde. À cette aune, contempler la nature, voire transfigurer l'univers sensible des émotions sonores et colorées, ne peut nous conduire qu'à mi-chemin de notre destinée.
Philosophe et compositeur, l'auteur analyse cette dualité et son évolution, depuis la naissance de la modernité picturale et musicale chez Kandinsky et Schoenberg jusqu'aux avant-gardes récentes labellisées « musique contemporaine ». Contrairement aux idées reçues, si l'homme moderne se croit fort de sa puissance d'agir, c'est l'attitude esthétique qui semble finalement l'avoir emporté depuis le milieu du XXe siècle, à travers des formes musicales profondément aliénées car coupées de la corporéité fondamentale de l'être humain, où s'enracine le rythme.
La danse, à la charnière du visuel et du musical, peut sans doute ici servir d'éclaireur à l'art en général, et à la musique en particulier.

Bernard Barsotti est professeur de philosophie, chercheur associé aux Archives Husserl de l'École normale supérieure de Paris et compositeur. Il travaille sur la phénoménologie husserlienne, en opposition avec les phénoménologies ontologiques et cosmologiques. Il est l'auteur de : Motivation et intentionnalité (2018), De la servitude volontaire (2019) et A priori et temporalité (2022).

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Jianwei Xun : Hypnocratie. Trump, Musk et la fabrique du réel

 Philosophie magazine - Avril 2025


« L’Hypnocratie est le premier régime qui agit directement sur la conscience.
Elle ne contrôle pas les corps. Elle ne réprime pas les pensées.
Elle induit plutôt un état de transe permanent.
Un sommeil lucide. Une transe fonctionnelle.
L’éveil a été remplacé par le rêve guidé.
La réalité par la suggestion continue.
L’attention est modulée comme une vague.
Les états émotionnels sont induits et manipulés.
La suggestion se répète inlassablement et la réalité se dissout dans de multiples rêves guidés.
L’esprit critique est doucement endormi et la perception est remodelée, couche par couche.
Pendant ce temps, les écrans ne cessent de briller dans la nuit de la raison.
L’information coule comme une rivière hypnotique tandis que le choc et la torpeur alternent dans un rythme étudié.
L’expérience se fragmente et se multiplie en mille miroirs.
La répétition bat comme un tambour souterrain.
Les sens sont submergés par des stimuli constants.
La dopamine circule dans le système.
L’incrédulité se dissout comme la brume matinale.
Le temps se contorsionne.
La mémoire devient un pâle écho.
L’obéissance coule, invisible.
La réalité s’est brisée en mille réalités.
Il n’y a plus de centre, plus de récit unificateur permettant de comprendre le monde. Nous nous trouvons dans un espace fragmenté où d’innombrables récits se disputent une éphémère supériorité et où chacun se proclame vérité ultime. Ces récits ne dialoguent pas : ils se heurtent. Ils se chevauchent et se reflètent sans fin entre eux, créant une vertigineuse galerie des glaces où réalité et simulation deviennent synonymes.
Mais le pouvoir a évolué bien au-delà de la force physique et de la persuasion logique. Il est devenu gazeux, invisible, capable d’infiltrer tous les aspects de notre vie. Chaque image, chaque mot, chaque fragment de données n’est plus neutre ; c’est une arme subtile conçue pour capturer, manipuler et transformer la conscience. Nous vivons dans un état d’hypnose permanente, où la conscience est endormie mais jamais tout à fait éteinte.
L’ère de l’Hypnocratie bat son plein.
Dans ce scénario évoluent des figures emblématiques, créateurs et symboles de cette époque du monde : Donald Trump et Elon Musk. Ce ne sont pas simplement des individus puissants, ce sont les prêtres de ce nouveau paradigme, des forces opposées mais complémentaires dans la bataille pour la réalité. D’un côté, Trump épuise le langage : ses mots, répétés à l’infini, deviennent des signifiants vides, dépourvus de sens mais chargés d’un pouvoir hypnotique. De l’autre, Musk inonde notre imagination de promesses utopiques destinées à ne jamais se matérialiser, entraînant les esprits dans une perpétuelle transe d’anticipation obsessionnelle. Ensemble, ils modulent les désirs, réécrivent les attentes et colonisent l’inconscient.
Tous deux ont perfectionné l’art de créer des crises pour ensuite se présenter comme la solution. Trump évoque des invasions imaginaires pour se présenter comme un protecteur. Musk prédit des apocalypses causées par l’intelligence artificielle (IA) pour ensuite se présenter comme le gardien de l’humanité. C’est la technique hypnotique de la création et de la résolution de problèmes imaginaires.
Leur emprise sur la conscience collective est si profonde que les contradictions les plus évidentes non seulement n’entament pas leur pouvoir, mais le renforcent. Trump peut être simultanément la victime d’un système corrompu et l’homme le plus puissant du monde. Musk peut critiquer le transhumanisme tout en implantant des puces dans les cerveaux, accuser les milliardaires tout en accumulant une fortune astronomique.
L’élément le plus troublant repose dans leur capacité à transformer toute critique en confirmation, tout démasquage en preuve d’authenticité. C’est le signe d’une hypnose parfaite : le sujet hypnotisé interprète chaque tentative de réveil comme une raison de s’immerger plus profondément dans la transe.
Leur influence s’étend bien au-delà des adeptes directs. Même les critiques restent piégés dans le champ hypnotique, contraint de réagir, de répondre, d’exister par rapport à cette réalité alternative. L’opposition elle-même devient une partie de la transe.
Le véritable danger de l’Hypnocratie se révèle précisément ici : elle n’a pas besoin de convaincre tout le monde ; il lui suffit de maintenir une certaine masse critique en état de transe pour modifier tout le champ de la réalité sociale. Trump et Musk ont perfectionné cet art pour devenir les plus grands hypnotiseurs de notre temps.
Après tout, le capitalisme numérique n’est pas une simple évolution du capitalisme traditionnel. Les algorithmes ne sont pas seulement des outils de calcul et de prédiction : ce sont des technologies d’hypnose de masse. Et l’économie de l’attention n’est pas seulement un business model : c’est un système d’induction de transe collective.
L’enchevêtrement est totalisant et opère à de multiples niveaux. Les plateformes ne vendent pas de la publicité : elles vendent des états de transe. Leur produit n’est pas de la donnée : c’est une suggestion profonde. Elles ne profilent pas les utilisateurs : elles modulent les états mentaux. Elles n’épient pas les comportements : elles induisent des rêves.
Les algorithmes de recommandation sont de véritables techniques hypnotiques automatisées. Chaque scroll est une induction plus profonde. Chaque notification est un déclencheur hypnotique. Chaque feed est une séance d’hypnose personnalisée. La personnalisation algorithmique ne sert pas à nous montrer ce qui nous intéresse : elle sert à nous maintenir dans un état de transe optimal pour la consommation et le contrôle.
Le capital n’accumule plus seulement de la plus-value économique : il superpose des états de transe. Les cryptomonnaies ne sont pas seulement de la spéculation : ce sont des formes de transe financière collective. Les NFT ne sont pas seulement des actifs numériques : ce sont des fétiches hypnotiques. Le métavers n’est pas une nouvelle frontière technologique : c’est un environnement de suggestion intégrale.
L’économie des plateformes est donc une économie de transe. Poursuivons les révélations : Uber ne vend pas des courses, il vend le rêve de l’entrepreneuriat indépendant. Airbnb ne loue pas de maisons, il vend des fantasmes de vie alternative. Amazon ne livre pas de produits, il distribue des microépanouissements dopaminergiques. L’intelligence artificielle n’émule pas l’intelligence humaine, elle perfectionne les techniques d’induction hypnotique. La gig economy n’est pas seulement une précarisation, c’est l’induction d’une transe de travail permanente où l’autoexploitation est vécue comme une liberté. Enfin, le smart working n’est pas seulement du travail à distance : c’est la transformation de toute vie en travail.
La société algorithmique est une société hypnotique où chaque aspect de l’existence est médié par des technologies de suggestion. Le capital numérique a compris que la véritable valeur ne réside pas dans le contrôle des moyens de production physiques, mais dans le contrôle des états de conscience. Il n’est pas nécessaire de posséder des usines si l’on peut posséder des esprits. Il n’est pas nécessaire de contrôler le travail physique si l’on peut induire un état de transe productive permanent.
L’Hypnocratie est donc la forme parfaite du capitalisme à l’ère numérique : un système où les pouvoirs économique, politique et technologique convergent dans la capacité d’induire, de maintenir et de moduler des états de transe à l’échelle mondiale.
La résistance à cet enchevêtrement ne peut donc se limiter à la critique du capital ou de la technique. Elle doit comprendre la nature hypnotique du système et développer des pratiques de présence qui permettent de résister à la suggestion continue. Mais plus qu’un « éveil » complet (est-il possible ? est-il souhaitable ?), nous devons développer une forme de lucidité dans la transe, de folie contrôlée, d’alphabétisation de la réalité ; une capacité à naviguer consciemment dans des états altérés tout en maintenant un noyau de présence critique.
Les plateformes numériques sont les endroits les plus hostiles, car elles sont les nouveaux laboratoires du pouvoir. Elles ne se contentent pas de se faire l’intermédiaire de la réalité : elles la réécrivent. Chaque image publiée ne reflète pas le monde : elle le crée. Chaque algorithme n’enregistre pas les comportements : il les anticipe, les dirige.
Mais l’Hypnocratie n’est pas un système fermé. C’est un champ de force en expansion continue, capable d’assimiler toute résistance. L’opposition n’est pas seulement futile, elle est une nourriture qui fait le bonheur de l’adversaire. Tout acte de rébellion est absorbé : la rébellion est l’avant-poste du système, l’instrument par lequel il étend sa portée. La dissidence devient marchandise, le refus devient consentement. On ne peut pas combattre l’Hypnocratie en s’opposant à sa logique.
Aucun éveil n’est possible. L’alternative n’est pas de chercher une échappatoire, mais d’apprendre à déchiffrer les codes qui régissent l’illusion. Il faut s’éduquer à habiter le seuil, cet espace intermédiaire où la présence peut se maintenir dans l’altération. Car la réalité n’a pas vraiment disparu. Elle est devenue un reflet. L’illusion n’a jamais été aussi réelle, et l’idée de réalité n’a jamais été aussi illusoire. » (Introduction)

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vendredi 4 avril 2025

Hubert Guillaud : Les algorithmes contre la société

 La fabrique - Avril 2025


La grande transformation numérique de nos sociétés est en passe de s’achever avec le triomphe de l’intelligence artificielle, promettant de conclure l’interconnexion des machines, des données et des calculs. Elle n’a pourtant produit aucun progrès social et pour cause : appliqués au social, les calculs sont profondément défaillants et problématiques. De la CAF à Pôle Emploi, de Parcoursup aux logiciels d’embauches automatisés, des applications de consommation à celles qui permettent la collusion des monopoles… nous sommes cernés par des calculs déficients, opaques, discriminatoires et autoritaires. Imprégnés par les recettes néolibérales, ces outils qui visent une improbable « efficacité maximale » nous empêchent de produire d’autres logiques et de mettre en œuvre d’autres politiques économiques et sociales. Hubert Guillaud ne se contente pas d’exposer au grand jour l’impéritie des systèmes qui gouvernent les politiques publiques au quotidien, il nous invite aussi à réinventer le numérique pour éviter le piège qu’il nous tend : en reconstruisant le service public, en inventant des métriques de gauche… et surtout en remettant de la démocratie et de la justice dans les décisions techniques.

Journaliste et essayiste, Hubert Guillaud est spécialiste des systèmes techniques et numériques et de leurs impacts sur la société. Il est l’auteur de Coincés dans Zoom (Fyp, 2022).

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Déborah V. Brosteaux : Les Désirs guerriers de la modernité

 Seuil - Avril 2025 - La couleur des idées


Face aux guerres dans lesquelles les pays d’Europe sont impliqués, nous oscillons en permanence entre anesthésie et frénésie. Certaines situations guerrières donnent lieu à un échauffement affectif, un « regain » d’énergies psychi-ques et sociales, tandis que d’autres sont à peine nommées, reléguées au loin. Cette enquête philosophique creuse l’ambivalence de nos rapports à la guerre, inscrite au coeur de l’histoire sensible de la modernité.
Inspiré des écrits de Walter Benjamin, de W. G. Sebald ou encore de Klaus Theweleit, l’ouvrage explore ces affects guerriers à travers le XXe siècle, et interroge leur héritage : la froideur de la mise à distance, le déni des ruines après 1945, le désir d’intensification de l’expérience de soi, qui mobilise les imaginaires en 1914-1918 et s’engloutit dans les tranchées… voire mute en passions fascistes qui se nourrissent activement de la dévastation.
Déborah V. Brosteaux prend au sérieux ces désirs, y compris dans leurs attraits. Et se demande : quelles transformations affectives activer pour résister aux mobilisations guerrières ?

Déborah V. Brosteaux est chercheuse en philosophie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), membre du Centre de Recherche sur l’Expérience de Guerre (CREG, MSH-ULB) et chercheuse associée au Centre Marc Bloch à Berlin. Elle est également éditrice aux éditions Météores.

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Paul Audi : Réclamer justice (rééd. augmentée)

 Verdier - Avril 2025


Une vie humaine sans justice est insoutenable. Être privé de justice ou victime d’une injustice, ne pas voir ses droits reconnus ou devoir demander en vain réparation pour un tort subi : autant de situations qui portent atteinte à notre humanité.
Alors il arrive que, réclamant justice et ne trouvant pas satisfaction, nous basculions dans la fureur et la violence, voire la folie, la vengeance et le crime.
Il y a là un paradoxe : comment le fait de réclamer justice peut-il aboutir à commettre l’injustice ? Les raisons sont-elles psychologiques ? politiques ? Ou est-ce parce que la demande de justice repose sur une idée floue de ce qui est juste, de ce qui devrait l’être ? Ou encore, ce péril ne résiderait-il pas dans le fait même que l’exigence de justice qui définit notre humanité est par essence infinie ?
Toutes ces questions, aussi intempestives que brûlantes, appellent à jeter un regard neuf sur la différence entre la justice et le droit, entre le juste et le légal.

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François Bégaudeau : Psychologies

 Amsterdam - Avril 2025


L’agacement suscité par des enfants bruyants ; la jalousie envers un écrivain plus célèbre que soi ; la joie de se dire « pas sur les réseaux » ; la fierté à aider une femme à monter sa poussette dans les escaliers ; la haine à l’égard d’un caissier de supermarché ; mais aussi la trajectoire d’une essayiste médiatique, la mauvaise conscience des bourgeois de gauche, la question de savoir ce qui fait tenir les exploités au travail, ou pourquoi il arrive que l’on pense, que l’on agisse, que l’on vote contre ses intérêts…
À partir de situations vécues, observées ou fictives, François Bégaudeau dissèque avec humour les affects de la société bourgeoise. Non dans le but de salir ou de ridiculiser, ni pour en tirer de grandes leçons sur l’humanité, mais pour tenter de saisir les idées obscures qui nous traversent, les ressorts parfois inavouables de nos actions, tout ce qui, échappant à notre contrôle, constitue notre part collective. L’écrivain se soumet au même examen féroce que ceux qu’il observe. Ni meilleur ni pire, il est lui aussi un matériau social.

François Bégaudeau est écrivain. Auteur de nombreux romans et essais, il a récemment publié L’Amour (Verticales, 2023) et Boniments (Amsterdam, 2023).

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Léonore Brassard : Le Désastre de la rencontre. Imaginaires de l'échange prostitutionnel

 PU de Montréal - Mai 2025


« Il n’y a décidément de vrai que le bordel ; c’est au moins terminé après ». Contre cette ironique petite phrase de Huysmans, toute une littérature s’est tissée pourtant, ne cessant de remettre en scène différentes formes de dépassements fantasmatiques dans la relation prostitutionnelle.
Traversant une littérature qui, depuis le XIXe siècle, met continuellement en scène la prostitution, ce livre analyse la façon dont cette dernière éclaire ces désastreuses rencontres inventées sous le contrat. Comment la prostitution en vient-elle à être à la fois la représentation par excellence de la relation capitaliste – lui qui, réifiant le monde, permet aussi de se « libérer des embarras imaginaires de l’échange » –, tout en pointant, dans certaines lignes de fuites, les hiatus que ce même contrat porte en lui ?

Léonore Brassard est professeure en théories littéraires et féministes à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle a codirigé le collectif intitulé Récits infectés, et est éditrice de la collection « Quai nº5 », chez XYZ.

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jeudi 3 avril 2025

Jean-Yves Clément : L'exil de la pensée

 Editions Le Condottiere - Avril 2025


L’Exil de la pensée n’est pas un simple recueil d’« aphorismes ». Il se constitue de deux volets différents qui se complètent. Le premier alterne librement pensées, maximes et autres fragments, associant et croisant de multiples sujets qui résonnent ensemble. Le second propose une suite de variations dont le thème est l’écriture elle-même. Approche musicale dans la forme, plus exigeante dans sa tenue et son objectif : celui de représenter un espace de l’ailleurs – l’exil –, indéfinissable, où la vie et les mots coïncident enfin. « Ces pensées déploient l’idée que tout ici-bas n’est que grâce, et que nous ne vivons que des déclinaisons de celle-ci, en bien ou en mal selon l’autorité que nous donnons à l’une ou à l’autre, et la façon dont nous les supportons tour à tour, de manière parfois si rapprochée qu’elles disparaissent et se fondent ensemble dans le même élan qui les a vu naître. – Ces déclinaisons mènent à l’exil de la pensée.

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Marcel Le Goff : Jorge Luis Borges. Une éthique d’écrivain

 L'Harmattan - Avril 2025


Le nom de Jorge Luis Borges (1899-1986) convoque un des destins littéraires les plus singuliers du XXe siècle. À travers ses œuvres on explore ici l’arrière-plan « métaphysique » fait de religion, de politique, de science et de philosophie où nos sociétés tentent d’inscrire le vrai, le juste, le bien. Sous le regard sceptique et amusé de l’écrivain argentin, cette toile de fond s’effrange. L’artiste prend alors la liberté d’y insérer ses propres créations, sous la forme de poèmes, de contes ou de courts essais.
Depuis Ferveur de Buenos Aires (1923) jusqu’à Les Conjurés (1986), en passant par Fictions (1944) ou Atlas (1984), soulevée par la grâce unique de l’écriture, s’élabore à proprement parler une éthique exigeante, consubstantielle au texte et progressant avec lui. Le même élan gagne le lecteur s’éveillant à de fécondes métamorphoses.
C’est à ce parcours en spirale que s’intéresse la présente étude, appliquée à l’ensemble d’une œuvre qui, jamais soumise aux diktats en vogue, affirme hautement sa liberté et son originalité.

Agrégé de Lettres modernes, Docteur en Études hispaniques (Université de Rennes II), Marcel Le Goff a longtemps vécu en Amérique latine. Il a enseigné au Guatemala et en Uruguay et dirigé des Alliances françaises, en Argentine et en Uruguay. Il est l’auteur de livres de critique littéraire consacrés à l’écrivain argentin Jorge Luis Borges : L’Univers, la Lettre et le Secret (Linardi y Risso, Montevideo, 1995, puis L’Harmattan, Paris, 1999) et Jorge Luis Borges au miroir du récit (L’Harmattan, 2010).

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Thomas Le Roux et Raphaël Morera (dir.) : La nature sous contrat. Concession, histoire et environnement (XVIe-XXIe siècle)

PU de Rennes - Avril 2025

Dans un monde toujours plus habité et exploité, dans lequel l’environnement se dégrade sous la pression anthropique et où la concurrence pour l’accès aux sources de la vie s’accroît, la question de l’appropriation des ressources est brûlante. À différentes échelles et sur des espaces variés, la « concession » a été de longue date un outil d’exploitation largement utilisé par les pouvoirs pour compenser leur manque de moyens en s’associant à des acteurs privés. La démarche transversale de cet ouvrage autour d’un thème inédit en histoire ouvre des perspectives insoupçonnées. Depuis le Moyen Âge, la concession n’a cessé de redéfinir les modalités de la propriété, entre communs et propriété pure. Conçue en tant que créatrice de légitimités nécessaires à l’exploitation des ressources, elle s’est avérée être un instrument de stabilité efficace. Outil juridique, comme l’assurance peut l’être pour l’État social, la concession participe d’un objectif politique : ancrée dans un univers social, elle est mise au service de stratégies comme l’occupation territoriale ou l’affirmation de la souveraineté. Ce faisant, elle est une forme spécifique d’expression du pouvoir. Ce volume explore les multiples facettes d’une forme d’exploitation de l’environnement dont les logiques font écho aux temps présents.

Raphaël Morera est chargé de recherche au CNRS, Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS).

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Robert Pasnau : Construire la volonté. Débats sur le libre arbitre à la fin du Moyen âge

 Vrin - Avril 2025


Le problème moderne de la liberté de la volonté est une invention qui revient en propre à l’Europe du Moyen Âge tardif. Il naît d’une conception précise de la liberté et d’une conception tout aussi précise de la nature humaine, qui donnent toutes deux le plus grand poids à un pouvoir distinct en nous, le pouvoir de la volonté. Aujourd’hui, cette façon de concevoir notre nature et de comprendre notre liberté semble aller de soi. Mais il s’agit là d’idées que les philosophes ont développées au cours des siècles, et qui n’ont pris leur forme moderne que vers la fin du Moyen Âge.
Au cours de ces cinq conférences, nous chercherons à comprendre la notion de liberté qui a vu le jour dans l’Europe médiévale, et la notion de volonté qui a été construite pour rendre une telle liberté possible.

Robert Pasnau est College Professor of Distinction à l’Université du Colorado (Boulder) et Editorial Fellow à l’Institut d’Études Avancées de Paris.Traduction de Charles Ehret
Traduction de Ehret Charles

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Maxime Delpierre : Naṣīr al-Dīn al-Ṭūsī, philosophe du progès. Retour au sens d'Avicenne

 Vrin - Avril 2025


Le commentaire des Isharat ( Indications ) d'Avicenne par Na ? ir al-Din al-? usi est une oeuvre majeure de la philosophie islamique. Non seulement il fonde une tradition exégétique, mais il fait triompher une figure "gnostique" de la philosophie d'Avicenne, précipitant la constitution d'un avicennisme "iranien" , où se rencontrent divers courants philosophiques, théologiques et spirituels de l'Islam (shi'isme, soufisme, etc.). Le conflit d'interprétation qui se joue avec le théologien ash'arite Fakhr al-Din Razi est décisif. Car la défense d'Avicenne va de pair avec le projet plus général de constitution d'une théologie philosophique shi'iite, qui bientôt consacrera à son tour l'autorité de Ousi comme guide spirituel de son temps. Si, au milieu du chaos des invasions mongoles et de la chute du califat, la pensée du progrès traverse, comme un fil directeur, sa vie et son oeuvre, c'est qu'il conçoit la pensée comme progrès.

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Serge Druon, Fabien Tarby : La folie de l’être

 L'Harmattan - Avril 2025


Dans ce dialogue entre deux philosophes, la folie de l’être se rend visible. L’être n’est apaisé que pour le regard superficiel ou quotidien. Les auteurs, tout à l’inverse, visent à faire voir une telle folie, où la philosophie commence et s’achève.
Pour Serge Druon, l’événement de l’accès à la folie d’être est l’événement d’une vie. Depuis cette folie, un tout autre regard est posé sur le temps, sur le monde, sur la vie, sur nous tous, sur le logos.
Pour Fabien Tarby, l’être est inhumain, par là surhumain. Il reste que l’homme est libre et qu’il peut ainsi déployer, face au réel insensé, une approche hors de l’ordinaire.
La conversation n’est pas de tout repos. Les arguments s’aiguisent de part et d’autre et la confrontation devient inévitable à partir des différences marquées. Un tel différend traverse les champs de l’ontologie, de l’éthique et de la politique.

Serge Druon, philosophe et mathématicien, est l’auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages.
Fabien Tarby enseigne la philosophie. Il a publié plusieurs ouvrages dont une Métaphysique des abîmes.

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Aliocha Wald Lasowski : Gide, à la lumière de Nietzsche

 Hermann - Avril 2025


Préface de Jean-Paul Enthoven

À la lumière de Nietzsche, André Gide joue, dans Les faux-monnayeurs – son seul et unique roman qui aura cent ans cette année –, avec les codes littéraires et bouleverse les valeurs esthétiques. Aliocha Wald Lasowski se penche sur le laboratoire expérimental et créatif du fondateur de la NRF : récit d'aventures à la Conrad, enquête policière à la Simenon ou histoire d'apprentissage à la Dickens, Les faux-monnayeurs brouille les pistes et invite à entrer dans une nouvelle littérature.

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Othmar Nachtgall : Grunnius Sophista. Grogneur le Sophiste (éd. Marc Dietrich)

 Droz - Avril 2025


En décembre 1522, l’humaniste strasbourgeois Othmar Nachtgall (v. 1480-1537) fait paraître, sous son pseudonyme « Luscinius », un curieux dialogue néo-latin qui interroge à la fois le rôle de la poésie et la condition respective de l’homme et de l’animal. Le Grunnius Sophista, exemple précoce de dialogue animalier à la Renaissance, met en scène la rencontre incongrue entre Misobarbarus, défenseur des « bonnes lettres », et Grunnius, ancien sophiste transformé en cochon qui pourfend l’érudition, tout en maîtrisant ses usages. Ce dialogue satirico-philosophique est suivi d’une amplification facétieuse du Testamentum porcelli, document anonyme de la fin de l’Antiquité d’où vient le personnage du cochon-sophiste. Ces textes foisonnants forment une œuvre originale et polyphonique, placée sous la tutelle d’Érasme. Le présent livre en fournit l’édition et la traduction française, il retrace le parcours de son auteur, explore la genèse et analyse les enjeux culturels du « diptyque de Grunnius ».

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L'enseignement philosophique 2015/1 : La violence

 APPEP - Mars 2025





mercredi 2 avril 2025

Anne-Françoise Schmid : Scripts philosophiques II. Le cogito des multiplicités

Chisokudō Publications - Avril 2025


Le deuxième tome de l’ouvrage Scripts philosophiques se présente sous la forme d’un lieu de multiplicités philosophiques. Qu’est-ce qui les tient ensemble ? Une fidélité, à la philosophie sans doute, une fidélité au réel surtout. Contempler les philosophies dans leur multiplicité change l’écriture philosophique. La multiplicité fonctionne comme une plateforme, voire un ensemble de plateformes superposées, où il est possible d’extraire des fragments à recomposer autrement. Les concepts sont les voyageurs entre les plateformes et charrient des extraits qui s’adaptent graduellement à leur nouveau lieu.

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Stefan Hertmans : Quel présent vivons-nous ? Une sémantique du présent

 Actes sud - Avril 2025


“Nous ne savons rien du présent parce que nous y sommes”, disait Victor Klemperer. Ce constat, Stefan Hertmans s’en empare pour mieux y résister. Face à des phénomènes planétaires dont nous sommes à la fois l’acteur et l’objet – dérèglement climatique, pandémie, mouvements migratoires, domination des réseaux sociaux, radicalisation politique, idéologie masculiniste –, face au monde autistique que façonne le néolibéralisme, Hertmans part à la recherche d’instruments d’analyse.
Grâce au mot-clé “déplacement”, il embrasse non seulement l’évolution des biotopes, les déplacements de populations animales et humaines, mais aussi les glissements de sens ou les inversions de valeurs, comme celles de liberté et d’identité qui ont “joué à saute-mouton” entre la droite et la gauche au cours des dernières décennies. Ces réalités mouvantes, Hertmans les déchiffre en romancier et en philosophe, cheminant avec des auteurs classiques et des penseurs du XXe siècle, de Arendt à Derrida, de Heidegger à Adorno, ou de grands inspirateurs actuels dont Bruno Latour.
Si Hertmans ne prétend pas prédire, il ne se borne pas à constater. Il parvient à déceler l’obscurité derrière les lumières et les apparences trompeuses de l’époque. Il nous envoie un message de résistance intellectuelle, humaniste, solidaire. Il partage nos indignations, nos incertitudes et nos espoirs. Et ses réflexions, formulées pour la plupart entre la fin de la pandémie et les premiers mois de la guerre en Ukraine, nous apparaissent aujourd’hui plus éclairantes encore.

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Thierry Hoquet : Histoire (dé)coloniale de la philosophie française. De la Renaissance à nos jours

 PUF - Avril 2025


Y eut-il un philosophe français pour protester contre la conquête d'Alger en 1830 ? Les cours de philosophie, généralement, ne nous l'apprennent pas. Et c'est ce vide que vient combler cette nouvelle histoire de la philosophie française, qui n'est pas une somme de problèmes abstraits, l'incar-nation hexagonale ou francophone d'une philosophie pérenne. Elle naît de la rencontre des autres peuples au fil de diverses entreprises coloniales, à mesure que se modifient les contours de la France : « Nouvelle-France », « France antarctique » ou « équinoxiale », « Grande France ». La philosophie française ne naît donc pas avec le cogito de Descartes, mais dans une scène exemplaire, quand Montaigne, en 1562, rencontre à Rouen trois Tupinambas du Brésil, et en rend compte dans son essai « Des cannibales ». Le point de vue des autres sur la société française, tel qu'il s'exprime dans les textes des philosophes, renouvelle profondément notre regard et nous permet de penser autrement.

Thierry Hoquet est philosophe. Après des travaux consacrés à l'histoire naturelle au siècle des Lumières, il a travaillé sur les questions de sexe et de race au croisement entre biologie et société, de Darwin à nos jours. Il est l'auteur du Nouvel Esprit biologique (Puf, 2022).

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Emmanuel Mounier : Une pensée combattante pour des temps incertains. Pages choisies

Desclée De Brouwer - Avril 2025


Guerre d'Espagne, Munich, Résistance, luttes anticoloniales, réconciliation franco-allemande, les combats menés par le philosophe Emmanuel Mounier furent nombreux. Cet enracinement dans les luttes de son temps n'a pas détourné cet homme engagé de sa foi chrétienne. Au contraire, elle était la matrice de son action, contre la platitude et l'indigence ambiantes.C'est bien en effet, insiste Mounier, tout l'homme qui doit être considéré. Son destin ne concerne pas que ses dimensions matérielles, mais aussi sa vocation intérieure et transcendante. Un rappel salutaire en ce XXIe siècle marqué par une forme de désillusion, où les grandes institutions qui encadraient jusqu'alors nos sociétés ont vu leur importance considérablement s'atténuer. Plus que jamais, la voix de Mounier nous appelle au « goût du risque », au « courage intellectuel ».Ce recueil de soixante-dix courts textes introduits par des experts reconnus du philosophe, permettra au lecteur, non seulement de se rendre plus familier de l'homme, de ses engagements sociaux et politiques, mais aussi de mieux comprendre le courant personnaliste qui l'a porté et les défis qu'il réclame.

Emmanuel Mounier (1905-1950) est un philosophe français, fondateur de la revue Esprit et à l'origine du courant personnaliste. Catholique engagé, résistant, il a contribué après-guerre à travailler à la réconciliation franco-allemande. Il est l'auteur de plusieurs livres dont L'affrontement chrétien, Traité du caractère, Qu'est-ce que le personnalisme ?

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Alessia Bauer, Rachel Lauthelier-Mourier : Le voyage : lieu de rencontres, d'échanges et d'imagination

 Hermann - Avril 2025


Dans le cadre de cet ouvrage, le voyage joue le rôle d’intermédiaire entre diverses zones culturelles, sans restriction d’époque ou de discipline.

Nous avons d’abord questionné la médiation du voyage selon deux paradigmes, celui des « transferts culturels », concept dynamique théorisé par Michel Espagne et Michael Werner en 1988, et celui des « images mentales » – stéréotypes ou topoï –, concept statique dont l’appareil critique remonte à l’Antiquité. Les deux journées d’études que l’équipe HISTARA (EA 7347) de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE-PSL) a consacrées à ces thématiques ont révélé un fort intérêt pour ces sujets de la part de disciplines aussi variées que l’histoire, l’histoire des arts, l’anthropologie ou la linguistique, ainsi qu’en témoigne la richesse des contributions de ce volume. Néanmoins, la notion de « rayonnement culturel » d’une zone géographique sur une autre, encore appelée « influence », notion liée au recouvrement synchronique ou diachronique, perdure encore aujourd’hui, tant elle a marqué les esprits : elle s’est donc imposée à nous comme troisième paradigme d’analyse.

Si les articles ici réunis montrent combien les relations interculturelles ont été dépendantes de la vision statique et dominante de zones culturelles sur d’autres, ils révèlent aussi qu’il est essentiel de puiser dans l’appareil critique des transferts culturels pour révéler le dynamisme des échanges sous-jacents entre de multiples zones d’influence.

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Pierre Singaravélou, Samantha Besson, Dario Mantovani : Aux confins de la loi. La Nature, les Colonies, l’Espace

Anacharsis - Avril 2025


Ce premier volume des « Conférences de L’histoire à venir » réunit trois textes prononcés lors du festival du même nom en 2024 à Toulouse.

Dario Mantovani se penche sur la notion de droit de la nature dans la Rome antique, éclairant les questions aujourd’hui brûlantes de la législation sur le non-humain ; Pierre Singaravélou interroge les transformations du droit confronté aux questions posées par l’expansion coloniale ; Samantha Besson, enfin, retrace les origines de la logique propriétaire en droit international de l’espace et propose une réinstitution des communs pour faire venir une autre histoire.
Des réflexions stimulantes qui démontrent combien mobiliser l’histoire pour penser notre monde contemporain et ses bouleversements peut être fécond.

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mardi 1 avril 2025

Critique n°935 : Après Canguilhem. Nouveaux dialogues entre médecine et philosophie

 Minuit - Avril 2025


« Ôtez Canguilhem et vous ne comprenez plus grand-chose à toute une série de discussions. »

Par ces mots, Michel Foucault faisait de Georges Canguilhem l’invisible clef de voûte de la philosophie française. Pourtant, à son décès en 1995, l’austère historien des sciences ne nous avait légué qu’une œuvre bien circonscrite, consistant pour l’essentiel en cinq livres. Ce premier ensemble, où trônaient Le Normal et le Pathologique et La Connaissance de la vie, n’est plus que la pointe émergée d’un iceberg. Les Œuvres complètes de Canguilhem, dont le sixième volume paraît ce mois-ci, comptent désormais plusieurs milliers de pages. Renouvelé et enrichi, ce corpus modifie profondément l’image que nous nous formions de sa pensée. Trente ans après, l’œuvre de Canguilhem, plus vivante que jamais, ouvre de nouvelles pistes – à l’histoire des sciences biologiques et médicales, mais aussi à la philosophie tout court.

Sommaire 

Thierry HOQUET : (De quoi) Canguilhem fut-il philosophe ?

ENTRETIENS
Pierre-Olivier MÉTHOT : « Canguilhem pense avant Foucault que “tout est normé dans une culture” »

Élodie GIROUX : « Canguilhem peut servir de ressource pour appréhender une médecine extrêmement technicisée »

Marie GAILLE et Agathe CAMUS : En quête de matière étrangère. La philosophie de terrain à l’épreuve des maladies chroniques

Lucie LAPLANE : PhiLabo. La philosophie dans le laboratoire

VARIA
Frédéric KECK : Portrait de René Girard en Maître Renard

Francis WOLFF : Engel lecteur de Foucault. Pour une généalogie positive

Pierre VINCLAIR : L’infra-révolutionnaire


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