Liber - Mars 2025
On joue aux jeux vidéo à la fois pour se perdre, et pour reprendre pied. Ces univers virtuels offrent un espace de fuite où prendre une pause des contraintes et des exigences de notre époque. Face à un monde contemporain angoissant de ses exigences contradictoires, les jeux vidéo proposent des moyens de reconnaissance clairs, des espaces de réussite nombreux, un réel sentiment d’accomplissement. Ils répondent à un manque – social, personnel. Fines pointes les plus avancées de la société de consommation, les jeux vidéo sont, symétriquement, une manière de happer l’attention des jeunes, de les inciter à consommer. En phase avec le développement des nouvelles technologies, ils en reprennent les mécaniques et les ambitions ; ils visent désormais – tout comme notre téléphone portable ou Facebook – à capter et contrôler l’attention, à proposer un univers de consommation infini. Les designers de jeu s’entourent de spécialistes en sciences cognitives et en neurosciences veillant à cadencer cette progression, à maximiser cet investissement affectif, puis les manières de le rentabiliser. Le joueur ne lutte plus à armes égales face à ces régiments d’experts visant à ce que ces jeux se métamorphosent en labyrinthes sans fin. Quelles sont les conséquences d’une telle inégalité ? Quelles en sont les menaces ? Ce livre articule cette double nature, ces deux forces animant les jeux vidéo, à la fois réponse à notre époque anomique et menace à notre autonomie. Chemin faisant, il propose les bases d’une éthique des jeux vidéo.
Sociologue et historien de l’art, Maxime Coulombe est professeur titulaire au département des sciences historiques de l’Université Laval, à Québec. Ancien membre du comité d’acquisition du Musée national des Beaux-Arts du Québec (MNBAQ), fondateur du Centre de Recherche en Arts contemporains de l’Université Laval (CRAC), il est spécialiste des images et de leur relation à la culture contemporaine.
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