samedi 15 mars 2025

Le Coq-Héron Numéro n°259, 2024 : Religiosités

 Erès - Mars 2025


Aux yeux de certains, le fait religieux semblait destiné à disparaître. Il est pourtant redevenu l’une des questions majeures de notre époque, y compris dans son versant politique. Ce numéro s’intéresse aux rencontres entre les psychanalystes et les expressions du religieux.
Mouvements transférentiels et contre-transférentiels, ainsi que défis à la neutralité, peuvent être mobilisés par cette question au cours des séances d’analyse. Intervenant auprès de la souffrance humaine, des religieux sont susceptibles de se rapprocher de la psychanalyse - mais aussi de se trouver confrontés à des limites, voire à des incompatibilités significatives. De leur côté, des psychanalystes peuvent essayer d’atténuer ces contradictions quand ils évoluent dans des milieux où la religion est prégnante.
Ce numéro s’intéresse également aux aspects sectaires des idéologies (sacrées ou profanes) et aux intolérances, préjugés et violences qui en découlent.


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Georg Simmel : La Tragédie de la culture (rééd.)

 Rivages - Mars 2025


"Je retrouverais chez lui ce qu'on a appelé la "mentalité des grandes villes". Il y a dans cette pensée mobile et comme perpétuellement inquiète, je ne sais quoi de fiévreux, d'angoissé et de vibrant qui est spécifiquement moderne. Georg Simmel n'est pas un optimiste et ce n'est pas sa Tragédie de la culture qui peut nous promettre le repos et la quiétude : Georg Simmel, comme Pascal, approuverait volontiers ceux qui "cherchent en gémissant". Mais, comme Pascal aussi, il espère dans un Absolu qui rendra peut-être un jour à l'esprit sa confiante sérénité." (Vladimir Jankélévitch)

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Mathieu Corteel : Ni dieu ni IA. Une philosophie sceptique de l'intelligence artificielle

La Découverte - Mars 2025


Dissimulées dans nos moteurs de recherche, réseaux sociaux, générateurs de textes ou d'images et autres assistants vocaux, les intelligences artificielles ont appris de nous pour produire des contenus à notre place. Du devoir de l'étudiant paresseux à l'article scientifique, en passant par le deepfake, le journalisme ou encore l'art visuel, les IA participent désormais à tous les types de production culturelle et se propagent de proche en proche dans chaque recoin de nos vies. Nous partageons avec elles nos souvenirs, nos désirs, nos affects, nos connaissances et nos créations sans la moindre limite. Et si leur développement conduisait non pas à l'émergence d'une machine consciente, comme leurs promoteurs et leurs détracteurs l'envisagent, mais à l'expropriation et à l'exploitation de notre intelligence collective ?
En interrogeant la démultiplication infinie de simulations qui nous illusionnent, cet ouvrage (probablement écrit par une IA) nous entraîne à coups de paradoxes dans le vide du non-sens bien ordonné. Au gré d'un inquiétant voyage à la rencontre de cerveaux plongés dans des cuves, de robots dactylographes, de perroquets stochastiques, de policiers quantiques et de chatbots psychopathes, Mathieu Corteel nous amène à questionner la tentation de nous déposséder de nos qualités humaines et d'en investir des calculatrices toutes-puissantes.
Qu'est-ce que la délégation de nos pouvoirs d'action, de création et de décision à des interfaces auxquelles nous attribuons une pensée implique concrètement dans des domaines tels que le travail, le soin, la surveillance, le vote ou encore l'éducation ? Que deviennent nos mondes humains en s'hybridant à nos machines connectées ?

Mathieu Corteel, philosophe et historien des sciences, est chercheur postdoctoral à Sciences Po, à l'Institut Imagine et chercheur associé à Harvard. Il a notamment publié Le Hasard et le Pathologique (Presses de Sciences Po, 2020).

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Laurent Le Gall : La politisation

 La Découverte - Mars 2025


En France, les élections législatives surprises de l'été 2024 n'ont cessé de poser la question pendante de la politisation. Mais qu'est-ce qu'être politisé ? Ce mot banal dans le lexique des sciences sociales est par ailleurs utilisé au quotidien. Il renvoie à des pratiques et à des représentations qui ont en commun des investissements dans un espace politique irréductible au seul ordre électoral. S'il fallait ne retenir qu'une définition de la politisation, ce serait la requalification d'un certain nombre d'activités sociales en des activités politiques.
L'ouvrage part de cette interrogation centrale : qu'est-ce qui fait qu'un geste, une action, une mobilisation est, apparaît ou est présenté comme politique ? Il y est question tout autant de " frontières du politique " que de croyance démocratique, de carrières militantes que d'apathie. Si la politisation recouvre un ensemble de processus qui conduisent à produire un état (le sujet politisé), elle est aussi un prisme qui permet de lire, autrement, les vies en société.

Laurent Le Gall est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Brest. Ses travaux portent sur l'ordre démocratique à travers trois objets (le vote, la " tuyauterie démocratique ", le drapeau comme signe du dévoilement politique).

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Patrice Guillamaud : Péguy. Barbarie et pornographie

 Kimé - Mars 2025


Dans À nos amis, à nos abonnés, texte des Cahiers de la quinzaine, Charles Péguy sublime et transpose, en 1909, sa propre maladie physiologique, dont on sait qu’il s’agit d’une simple jaunisse, en lui donnant une valeur culturelle et universelle. Il donne aussi à l’échec personnel de son projet intellectuel de publication du Polyeucte de Corneille, pour des raisons financières, une portée de même éminemment collective, une portée qui est le symptôme même de son échec concernant son ambition socialiste visant la moralisation et l’instruction du grand public. Il donne enfin et en même temps aux défaites historiques et militaires de la France elle-même, la défaite de la guerre de 70 est notamment omniprésente, une nouvelle et suprême portée universelle de pure sublimation culturelle. C’est ainsi que, dans un texte émouvant et fort, sublimant, spiritualisant, universalisant et intériorisant ses propres déceptions et échecs personnels ainsi que les échecs patriotiques, il dénonce de manière bouleversante la barbarie et l’inculture de son temps. Sous le titre violent de pornographie, il dénonce en effet la corruption des plus hautes valeurs de l’humanité. Il s’agit alors non pas d’une pornographie grossière, vulgaire, populaire et naturelle mais d’une « pornographie mondaine », toute pétrie de « fatuité » et de « fausse élégance », à savoir de superficialité sociale et culturelle opérant la destruction fatale de toute grandeur humaine authentique, la vaporisation de tout contenu spirituel dans l’obsession matérialiste de la réussite, de la montre sociale, de l’argent et du profit. Qu’est-ce donc que la pornographie mondaine sinon un autre nom pour la culture philistine, à savoir pour l’hypocrisie de la montre qui vire, par-delà les apparences, à la destruction délirante et véritable de la créativité, de la dignité, de la discipline et du style, à savoir de la réalité même de la culture et de l’humanité ?

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Jacques Derrida : L'animal que donc je suis (rééd. poche)

 Gallimard - Mars 2025 - Folio essais


« Souvent je me demande, moi, pour voir, qui je suis – et qui je suis au moment où, surpris nu, en silence, par le regard d’un animal, par exemple les yeux d’un chat, j’ai du mal, oui, du mal à surmonter une gêne. Pourquoi ce mal ? »
Tel est le point de départ de la réflexion de Derrida : une expérience pourtant quotidienne, celle de la honte qu’il peut éprouver quand, dans sa salle de bains, le regard de son chat le surprend dans son plus simple appareil. Occasion de poser à nouveaux frais la question : quel est le propre de l’homme ?
Si, chez les Grecs, l’homme était au moins un animal raisonnable, Descartes creuse le gouffre : contrairement à l’homme, doté d’une conscience, l’animal s’apparenterait à la machine. Ses réactions aux stimuli du monde seraient des automatismes, produits des lois de l’instinct.
Or, tenter de se voir à travers les yeux d’un chat devient un moyen de retracer les frontières entre Homo sapiens et le règne animal, frontières plus poreuses qu’on ne le croit…

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jeudi 13 mars 2025

Bernard Formoso : Sciences sociales, sciences « molles » ? Le cas de l’anthropologie

 L'Harmattan - Mars 2035


Qualifiées de « dures » ou d’« exactes », les sciences de la vie et de la matière font apparaître par contraste les sciences sociales comme subjectives et inabouties. Le présent essai déconstruit ces idées reçues en montrant que tout savoir scientifique est élaboré empiriquement et socialement.
Il soutient d’autre part que l’extractivisme utilitariste au service duquel agissent les technosciences ne peut être l’étalon-valeur commun de tous les champs du savoir.
L’anthropologie est de toutes les sciences sociales celle qui a poussé le plus loin l’examen critique des modalités relationnelles de production des connaissances. C’est aussi celle dont les praticiens ont été les plus sensibles à la critique postmoderne qui réduit le savoir scientifique à un récit
sans vérité, tout en contestant la pertinence des concepts de société et de culture. De ce fait les anthropologues se détournent de plus en plus de l’étude des collectifs humains et de leurs activités culturelles pour porter leurs efforts sur l’analyse de relations humains/non-humains. Cette
réorientation présente un risque majeur de perte d’identité disciplinaire et de faillite épistémique que dénonce l’auteur, solides arguments à l’appui. En contrepoint, il propose de repenser le contenu et l’usage du concept de culture, qui est au coeur du projet anthropologique, afin de l’expurger
de toute connotation essentialiste et de le rendre plus opératoire.

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Ivan Taveau : La philosophie selon Death Note

 L'Etudiant - Mars 2025


Si vous aviez le pouvoir de vie et de mort sur vos semblables, que feriez-vous de cette toute-puissance ? Death Note est aujourd’hui un classique incontournable du manga ! Light Yagami, un étudiant surdoué, découvre par hasard un carnet au pouvoir terrifiant : écrire le nom d’une personne à l’intérieur su t à la tuer. Animé par un désir de justice absolue, il entreprend de façonner un monde idéal, mais jusqu’où peut-il aller pour imposer sa vision du bien et du mal ? Et surtout, est-ce vraiment ça, la justice ?
« Il n’existe pas de terreau plus fertile que l’imagination pour créer de la réflexion. »
Morale, justice, sacralité de la vie, inévitabilité de la mort… nombreux sont les concepts philosophiques essentiels abordés dans Death Note. À travers leurs choix radicaux, Light, L, N, ou encore Matsuda, incarnent des questionnements qui résonnent bien au-delà du simple récit. Dans cet ouvrage, Ivan Taveau explore les enjeux éthiques de cette œuvre culte, éclairant les confrontations entre Light et ses adversaires sous un nouvel angle.
Enrichi des illustrations de Mathilde Leprettre, ce livre vous entraîne au cœur de Death Note pour une analyse qui parle autant aux amateurs de mangas qu’aux esprits curieux.

Passionné de mangas et de philosophie, Ivan Taveau aime faire dialoguer ces deux univers. Il est l’auteur de La philo des mangas et La philosophie selon Demon Slayer, publiés aux Éditions de l’Opportun.

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Pierre Wagner (coord.) : Logique et épistémologie

 Vrin - Mars 2025


Les philosophes qui s’interrogent sur la science soulèvent des questions variées : quelles sont ses objets, ses méthodes, ses fondements, ses limites, ses valeurs, ses visées? Quelle est son objectivité, son unité, son historicité, son rapport à la pratique, à la technique, au politique, aux institutions? Au sujet de la logique et des mathématiques, on se demande, en outre, ce qui les distingue des sciences de la nature et des sciences humaines, et si elles font réellement exception. Sont-elles sciences d’objets idéaux ou abstraits? Constituent-elles des outils ou des langages? Comment nous donnent-elles accès à des vérités? Quelle est leur valeur normative?
Pour aborder ces questions, la logique et l’épistémologie, comme domaines de la philosophie, supposent une connaissance minimale de la réalité effective des sciences, de leur histoire et de leur état présent. Il leur faut, en outre, non seulement s’appuyer sur des réflexions philosophiques acquises mais aussi se réinventer. Le présent ouvrage se place à la croisée des textes classiques et des approches épistémologiques les plus récentes. Répondant aux besoins des lecteurs philosophes, étudiants ou professeurs, et de quiconque porte un regard réflexif sur la science, il prend le parti d’un retour aux questionnements philosophiques classiques tout en innovant par le choix des objets, des points de vue et des références, et par une prise en considération des formes contemporaines de la connaissance scientifique.

Ont participé à ce volume : M. Antonutti Marfori, V. Ardourel, A. Barberousse, J. Brumberg-Chaumont, D. Forest, H. Galinon, Ph. Huneman, M. Lequin, F0 Merlin, A. Naibo, M. Panza, A.-L. Rey, S. Ru

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Thomas Diette : Les Croyances religieuses dans la culture contemporaine

 PU de l'Artois - Mars 2025


Si la question de Dieu a été reléguée au second plan, celle portant sur la façon dont les vies humaines s’accommodent des croyances religieuses, au sens large, est restée essentielle. Cet ouvrage évalue comment les auteurs du présent s’interrogent sur la place à accorder aux religions de nos jours.

Les écrivains contemporains s’interrogent sur la place que l’homme accorde aux religions. Si la question de Dieu a été reléguée au second plan, celle portant sur la façon dont les vies humaines s’accommodent des croyances religieuses, au sens large, est demeurée essentielle. Cet ouvrage porte sur les relations qui se nouent entre la littérature et des disciplines voisines ou rivales, toutes s’étant intéressées, d’une manière ou d’une autre, au fait religieux. Sur le plan des mentalités autant que dans ses manifestations extérieures, la pratique religieuse continue d’alimenter l’espace public et littéraire. Les représentations qui en découlent sont plurielles, parfois divergentes, jamais définitives. Écrire sur les croyances religieuses nécessite, dès lors, d’éviter le double écueil de la vision partielle et de l’approche niaise. C’est seulement à cette condition que la littérature contemporaine est en mesure de produire une réflexion d’ordre philosophique sur les phénomènes du présent, dont le religieux est assurément un des plus importants.

Thomas Diette est enseignant agrégé de Lettres modernes et docteur en langue et littérature françaises.

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Marc Tadié et Jean-Yves Tadié : Le sens de la mémoire (nouvelle édition augmentée)

 Folio - Mars 2925 - Essais


C'est la mémoire qui fait l'homme. Il commence sa vie comme un enfant freudien : frappé en apparence d'amnésie, il a refoulé dans l'inconscient toutes ses blessures. Il grandit comme un jeune bergsonien : sa mémoire sert à l'action, elle est toute pratique et tournée vers l'avenir. Baudelairien, il retrouve le passé dans un parfum, une musique, dans la correspondance entre ses cinq sens. Avançant en âge, voici que, devenu proustien, des extases de mémoire involontaire lui font revivre le passé, peut-être même échapper au temps. Bientôt il vieillit comme Chateaubriand, ses souvenirs ne le consolent plus. Sophocle lui avait montré le chemin d'Œdipe à Colone, celui de la sérénité après un passé chargé, sanglant. Peut-être s'est-il égaré sur la lande où le roi Lear clame sa démence à tous les vents, là où il n'y a plus de mémoire pour personne.
C'est donc à la vie du souvenir, à sa nature, à son histoire physique et mentale qu'est consacré cet essai, qui s'appuie à la fois sur les travaux scientifiques les plus récents et sur les résultats de l'analyse littéraire au fil des siècles. Les progrès des neurosciences permettent en effet de donner un support neuroanatomique aux descriptions littéraires d'Homère, de Lamartine ou de Proust. Ce que la science découvre ou vérifie aujourd'hui, le génie littéraire l'avait souvent pressenti et décrit de façon artistique.

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Gershom Scholem : Quitter Berlin. Journal de jeunesse

 Rue d'Ulm - Mars 2025


Adolescent, Scholem redécouvre ses racines, apprend la langue hébraïque, étudie le Talmud, les mathématiques et la philosophie, fréquente Martin Buber et les milieux Ostjuden, fait la rencontre déterminante de Walter Benjamin et réfléchit sur le sionisme. Écrit dans une langue fiévreuse, particulièrement dense et foisonnante, son Journal de jeunesse évoque tour à tour son opposition à la guerre et à l’idéologie de l’assimilation, l’anarchisme, ses relations orageuses avec son père, la figure de son frère Werner, socialiste, ses séjours à Munich, Heidelberg, Iéna et Berne, les prémices de son intérêt pour la mystique juive et de sa vocation d’historien…

Gershom Scholem (Berlin, 1897-Jérusalem, 1982) a grandi dans une famille juive assimilée à la culture allemande. En 1923, il décide d’émigrer en Palestine où il deviendra professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem. Spécialiste universellement reconnu de la kabbale et de la mystique juive, il est l’auteur d’une oeuvre historique et philosophique magistrale. On citera notamment : Les Grands Courants de la mystique juive (rééd. 2014), Walter Benjamin. Histoire d’une amitié (rééd. 2022), De Berlin à Jérusalem. Souvenirs de jeunesse (1984), Le Messianisme juif (rééd. 2016).

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mercredi 12 mars 2025

Raymond Aron : Aron critique de Sartre. Textes rassemblés et commentés par Perrine Simon-Nahum

Calmann-Lévy - Mars 2025


Nés la même année 1905, condisciples à l’École normale de la rue d’Ulm, Aron et Sartre ont noué leur amitié dans l’étude des grands textes de la philosophie et l’horizon de la montée des régimes autoritaires du XXème siècle.
Pourtant leurs chemins philosophiques divergent dès la fin des années 1930. Aron pressent le déclenchement de la guerre quand Sartre se projette dans la figure du grand écrivain.
La rupture sera consommée au début des années 1950.
Les deux philosophes s’opposent sur l’interprétation du marxisme et la question du sens de l’histoire. Si Aron reconnaît le génie de l’écrivain Sartre, il ne ménage pas ses critiques à l’égard de sa philosophie. Histoire et Dialectique de la violence, résultat du grand cours qu’il consacre treize ans après sa parution en 1960 à la Critique de la raison dialectique, le dernier grand ouvrage philosophique de Sartre, marque le point d’orgue de ce « dialogue » philosophique.

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Bruno Villalba : Au-dessus du gouffre. Extinction du vivant et responsabilité politique

 Actes sud - Mars 2025


L’évidence d’un processus pouvant conduire à une sixième extinction de masse des espèces vivantes n’est plus à démontrer. Que fait-on de ce constat ? Cette réalité interroge notre responsabilité, individuelle et collective.
Plus personne ne peut désormais ignorer le maillage étroit qui nous unit avec les autres compagnons terrestres. À partir de l’analyse du texte de Rodolfo Dirzo, Gerardo Ceballos et Paul R. Ehrlich. “Au bord du gouffre : la crise de l’extinction et le futur de l’humanité”, le chercheur en écologie politique Bruno Villalba propose de suivre l’entremêlement des causes historiques de la destruction des mondes vivants et des conséquences présentes et à venir. Plus urgente encore que la crise climatique, cette extinction de masse révèle notre extrême dépendance à toutes ces espèces vivantes que nous considérons encore comme secondaires dans notre projet humain. Notre responsabilité est d’imaginer, maintenant, un monde commun car, comme le rappellent Dirzo, Ceballos et Ehrlich : “Les êtres humains font partie de la biodiversité.” Une partie parmi d’autres.

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Renaud Hétier : Saturation. Un monde où il ne manque rien, sinon l'essentiel

PUF - Mars 2025

Trop de bruit, trop de sel, de sucre, de graisse, trop d'activités, trop de sollicitations, trop d'écrans, trop de tout : nous sommes de plus en plus saturés. De surcroît, nous débordons sur le monde, que nous occupons de façon toujours plus intense. Pour accentuer ce phénomène, nous nous engageons dans des formes d'hypercommunication et d'hyperprésence qui nous accaparent. Ce « trop » débouche finalement sur une forme de vacuité, quand on découvre que, bien que comblé, on passe à côté de l'essentiel. Tout est fait pour que l'expérience du vide - qui n'est pas celle de la vacuité - soit évitée, et c'est pourtant de cette expérience que peut venir le salut. Non pas un vide total, mais un vide qui, ne serait-ce que par alternance, ouvre la possibilité de s'apaiser, de penser, d'imaginer, de créer.

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David Munnich : L'utopie, le messianisme et la mort. Les trésors de Ernst Bloch sauvés par ses amis Theodor W. Adorno, Günther Anders, Walter Benjamin, Emmanuel Levinas

 Sens & Tonka - Mars 2025


Depuis son ouvrage fondateur l'«Esprit de l'utopie» jusqu'au «Principe espérance», et dans la suite des ouvrages de E. Bloch, l'utopie joue pour lui un rôle moteur dans l'histoire humaine pour transformer l'être-devenu et le conduire vers le non-encore-advenu, vers ce qui reste à achever. Si E. Bloch n'a pas réellement fait école, son oeuvre a joué un rôle de repère, de recours, d'opposition et parfois de révélateur pour des penseurs et des oeuvres très importantes au XXe siècle. Cet ouvrage porte sur l'utopie de E. Bloch s'appuyant sur ses amis qui dévoilent les trèsors contenuent par la conception blochienne de l'utopie, don c tout sur les trésors de Ernst Bloch sauvés par ses amis Theodor W. Adorno, Günther Anders, Walter Benjamin, Emmanuel Levinas. David Munnich a étudié la philosophie politique et l'économie à Paris. Il s'intéresse en particulier aux écrits politiques de Rousseau et aux philosophes marxiens du XXe siècle.

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Anne Kupiec : De pierre et d'encre : Livre & Architecture

 Sens & Tonka - Mars 2025


Quelle proximité peut-on repérer entre livre et architecture ? Il est proposé un chemin sinueux, un recueil d'indices pour tenter d'établir une conjonction. Parole est donnée à des architectes, à ceux et celles qui écrivent des livres. Sont examinées les traces, les expériences, la connaissance issues de cette possible proximité susceptible d'apporter à chacun et à chacune étonnement, ébranlement, estrangement.

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Christian Godin : L'Histoire en phase terminale

 PUF - Mars 2025


Après avoir été richement explorée durant trois siècles, la philosophie de l'Histoire est tombée en désuétude. Plusieurs facteurs contribuent à expliquer ce discrédit, qui tiennent à la fois à la nature des courants dominants de la philosophie contemporaine et au caractère chaotique, voire catastrophique, de l'histoire réelle. Croire que nous sommes aujourd'hui en train de vivre la fin de l'Histoire (thèse de plus en plus répandue) peut rétrospectivement donner consistance à cette idée d'un sens de l'aventure humaine : c'est à quoi s'attache cet essai sociohistorique. Depuis ses origines il y a 300 000 ans jusqu'à nos jours, l'histoire d'Homo sapiens a en effet un sens qui n'est ni celui d'un plan divin naturel (comme le croyait un Bossuet à l'Âge classique), ni celui de la conquête progressive de la raison et de la liberté (comme le pensaient Hegel et Marx aux Temps modernes), mais celui d'une montée en puissance dont le terme ultime est la catastrophe finale, parce que la technoscience finit par donner à la pulsion de mort présente de tout temps en l'homme les moyens de sa propre destruction.

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Christine Brusson : Proust. Ecrire le vivant

 Kimé - Février 2025


Proust partage avec certains artistes de son temps ce rêve de réhabiliter quelque chose de détruit, de dévalorisé, pour le modifier, dans l’idée de réparation, de régénération et d’invention. Il revendique une forme de résistance contre une pensée rationnelle et une langue qui ne serait plus qu’abstraite. Pour lui, seule la nature nous mène à la vérité à travers ce bruit, cette forme rayonnante qui s’échappe des êtres et qu’il appelle l’essence individuelle des choses.
En pénétrant cette qualité perdue, le monde nu, primitif, des origines où tout est pris ensemble dans la complexité vivante de l’impression, l’écrivain lui rend sa prérogative contre la langue. L’infamie infligée au vivant conduit au désamour et à la dématérialisation du monde. Alors comment traduire la vie de manière vraie et vivante ?
À partir de l’idée, sans cesse réaffirmée par Proust, que vrai égale vivant, Christine Brusson explore la singularité de l’écrivain, confronte sa quête littéraire à l’avant-garde artistique, analyse la crise ruskinienne.
Le réalisme faisait de la réalité une traduction homogène répondant aux conventions d’une époque. Proust revendique une autre façon de voir, étonnamment proche de certains penseurs de l’écologie. Il nous fait entrer dans la structure même de la vie à travers une transe, une participation. Les univers s’ouvrent dans une porosité fascinante.
Dans Proust, contre-enquête, Classiques Garnier, 2018, et Proust, voir l’invisible, Kimé, 2023, Christine Brusson interrogeait la profonde étrangeté de l’écrivain en explorant plusieurs pistes inédites : le trauma et les traits autistiques, la voyance. Elle clôt ici sa contre-enquête en posant l’équivalence, à la fois simple et énigmatique, du vrai comme vivant.

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mardi 11 mars 2025

Maxime Coulombe : Vertiges du jeu. Vers une éthique des jeux vidéo

 Liber - Mars 2025


On joue aux jeux vidéo à la fois pour se perdre, et pour reprendre pied. Ces univers virtuels offrent un espace de fuite où prendre une pause des contraintes et des exigences de notre époque. Face à un monde contemporain angoissant de ses exigences contradictoires, les jeux vidéo proposent des moyens de reconnaissance clairs, des espaces de réussite nombreux, un réel sentiment d’accomplissement. Ils répondent à un manque – social, personnel. Fines pointes les plus avancées de la société de consommation, les jeux vidéo sont, symétriquement, une manière de happer l’attention des jeunes, de les inciter à consommer. En phase avec le développement des nouvelles technologies, ils en reprennent les mécaniques et les ambitions ; ils visent désormais – tout comme notre téléphone portable ou Facebook – à capter et contrôler l’attention, à proposer un univers de consommation infini. Les designers de jeu s’entourent de spécialistes en sciences cognitives et en neurosciences veillant à cadencer cette progression, à maximiser cet investissement affectif, puis les manières de le rentabiliser. Le joueur ne lutte plus à armes égales face à ces régiments d’experts visant à ce que ces jeux se métamorphosent en labyrinthes sans fin. Quelles sont les conséquences d’une telle inégalité ? Quelles en sont les menaces ? Ce livre articule cette double nature, ces deux forces animant les jeux vidéo, à la fois réponse à notre époque anomique et menace à notre autonomie. Chemin faisant, il propose les bases d’une éthique des jeux vidéo.

Sociologue et historien de l’art, Maxime Coulombe est professeur titulaire au département des sciences historiques de l’Université Laval, à Québec. Ancien membre du comité d’acquisition du Musée national des Beaux-Arts du Québec (MNBAQ), fondateur du Centre de Recherche en Arts contemporains de l’Université Laval (CRAC), il est spécialiste des images et de leur relation à la culture contemporaine.

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Frank Smith : Deleuze Memories

 Lanskine - Mars 2025


A partir d'une navigation libre dans l'oeuvre de Gilles Deleuze apparaît deleuze memories : un dispositif poétique composé de 229 énoncés proposant une traversée circulatoire dans la logique d'organisation et de transformation des concepts deleuziens. deleuze memories constitue un mode d'interrelations décentralisées entre des propositions ou aphorismes qui communiquent par voisinage dans la pensée du philosophe sans fixer de point ni d'ordre, indépendamment d'une figure pivot. Deleuze memories propose une rencontre avec l'oeuvre de Deleuze pertinente et enrichissante tout en permettant une compréhension de son travail "en actes".

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Victor Burgin : Formes d'idéologie

 Mimesis - Mars 2025


Formes d’idéologie. Écrits sur l’image est un recueil de textes de l’artiste et théoricien Victor Burgin (né en 1941). Rédigés entre 1982 et 2024, ces douze essais s’intéressent à la part politique de l’esthétique, en explorant des sujets aussi différents que le rôle joué par la photographie dans la formation des idéologies, la catégorie incertaine de film-essai ou encore la question de l’art à l’époque de l’IA. En proposant au lecteur francophone ce recueil de textes, cet ouvrage entend susciter avant tout la rencontre avec une pensée et un parcours singuliers, marqués par une exigence critique exemplaire.

Victor Burgin est un artiste et écrivain anglais qui vit en France. Il est Millard Professor of Fine Art au Goldsmiths College de l’Université de Londres, et Professeur émérite d’Histoire de la conscience à l’Université de Californie à Santa Cruz. Ses oeuvres sur l’image fixe et l’image en mouvement sont présentes dans les collections publiques dont celle du Museum of Modern Art à New York, de la Tate Gallery à Londres et du Centre Georges Pompidou à Paris.

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Charles-François Mathis et Steve Hagimont (dir.) : La Terre perdue. Une histoire de l'Occident et de la nature (XVIIIe-XXIe siècle)

 Tallandier - Mars 2025


Depuis le XVIIIe siècle, les progrès techniques et scientifiques, les mutations agricoles, l’industrialisation, le développement des transports et des communications ont accompagné une profonde mutation de nos relations avec la nature, que l’on veuille la domestiquer, la comprendre, la sublimer, la préserver ou l’exploiter. Il semblerait au bout du compte que les forêts soient devenues des usines à bois, les rivières des flux dont on oublie qu’ils sont vivants, les océans de vastes poubelles de notre modernité…
Dans cet ouvrage, en une trentaine de thématiques, les auteurs analysent avec profondeur, précision et nuance l’histoire des rapports entre la culture occidentale et la nature durant ces trois derniers siècles. Ils décrivent l’évolution des différents espaces : les campagnes, entre vision romantique et défis écologiques, les montagnes de « l’or blanc », les fleuves industrialisés, les marais « assainis »… Ils montrent leurs différentes représentations dans l’art, l’enseignement ou même les médias. Sans polémique, ces historiens analysent les entreprises de domination de la nature dans les sociétés occidentales et les colonies, la place des femmes – tour à tour sorcières, botanistes ou écoféministes –, l’appropriation des énergies fossiles ou encore les choix politiques face à l’épuisement des ressources et la chute de la biodiversité. Ils explorent enfin les tentatives visant à repousser les limites de la nature ou à la protéger.
Cette somme inédite dévoile les multiples aspects de l’histoire longue de l’emballement écologique et climatique.

Sous la direction de :
Charles-François Mathis, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine.
Steve Hagimont, maître de conférences en histoire contemporaine à Sciences Po Toulouse, membre du Laboratoire des sciences sociales du politique et du bureau du RUCHE.

Avec la collaboration de :
Anne-Claude Ambroise-Rendu – Renaud Bécot – Jean Bérard – Hélène Blais – Christophe Bonneuil – Martine Chalvet – Patrick Fournier – Jean-Baptiste Fressoz – Stéphane Frioux – Frédéric Graber – Romain Grancher – Sebastian V. Grevsmühl – François Jarrige – Fabien Locher – Rémi Luglia – Corinne Marache – Raphaël Morera – Giacomo Parrinello – Émilie-Anne Pépy – Violette Pouillard – Solène Rivoal – Mark Stoll – Anna Trespeuch-Berthelot – Julien Vincent – Alexis Vrignon – Estelle Zhong Mengual

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lundi 10 mars 2025

Alexandre Dupeyrix : Visions du monde. Histoire d'un concept, enjeux contemporains

 Classiques Garnier - Février 2025


Le concept de Weltanschauung (vision du monde) possède une histoire exceptionnelle. Forgé par Kant en 1790, il va rapidement connaître une immense fortune et mobiliser pendant plus de deux siècles les plus grands esprits, de Fichte à Habermas en passant par Schelling, Hegel, Humboldt, Dilthey, Nietzsche, Husserl, Weber, Kelsen, Heidegger ou encore Jaspers. Retracer l'histoire de ce concept, c'est reconstruire une passionnante histoire philosophique. Mais c'est aussi contribuer à une histoire culturelle et à une histoire des mentalités : car ce que dit le succès du concept, c'est la fin du monopole de l'interprétation religieuse du monde et l'avènement irrésistible du pluralisme moderne.

Alexandre Dupeyrix est professeur d'histoire des idées allemandes à l'université Paris 8 - Vincennes - Saint-Denis. Ses travaux portent en particulier sur la philosophie de Friedrich Nietzsche et de Jürgen Habermas, et sur les théories de la démocratie. Il a également été responsable du pôle discours à la direction générale de l'UNESCO.

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Monette Vacquin : Le plan hors sexe. Nous affranchir de la sexualité ?

 Erès - Mars 2025


Préface de Jean-Pierre LEBRUN
Postface de Dany-Robert DUFOUR

Cet ouvrage aborde le chemin qui mène du slogan de Mai 68 « le sexe est libre » à la problématique des années 2020 « le choix de mon sexe est libre ».
À partir des questions posées par la fécondation in vitro et son inscription dans l’histoire des idées depuis la naissance de Louise Brown en 1978, première enfant de l’histoire de l’humanité conçue sans sexualité, l’auteur analyse le passage entre les années 1960 (faire l’amour sans faire des enfants), les années 1980 (faire des enfants sans faire l’amour), les années 2000 (faire des enfants sans être de sexe différent) et les années 2020 (choisir son sexe et en changer à volonté).
S’agit-il, comme l’indiquait le Frankenstein de Mary Shelley, de fabriquer l’homme pour le comprendre ? Est-il pertinent d’observer que la technoscience s’est emparée des grands moments de l’expérience humaine - naissance, mort, transmission - sur fond de déclin des grands discours qui « équipaient » l’humain de représentations pour les vivre ?

Monette Vacquin est psychanalyste, essayiste, ancien membre du Collège de psychanalystes. Membre du Conseil scientifique du département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins, ses travaux portent notamment l’artificialisation de la procréation humaine. Elle a notamment publié Frankenstein ou les délires de la raison (François Bourin 1992), Main Basse sur les vivants (Fayard, 1999), Frankenstein aujourd’hui, égarements de la science moderne (Belin, 2016), Grave ma non troppo, Beethoven, dernier mouvement (Penta, 2014) « Les marchés de la maternité », dir.M. Segalen et N. Athéa, Odile Jacob.

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David Labreure : Auguste Comte. Amour, ordre et progrès

 Calype - Mars 2025


Peu de philosophes ont autant mêlé leur vie à leur oeuvre qu'Auguste Comte (1798-1857). Ancien élève de l'Ecole polytechnique, mathématicien, auteur d'un système politique et philosophique - le positivisme -, fondateur d'une religion : Comte est l'un des penseurs les plus importants et influents du XIXe siècle, tentant de réorganiser « sans dieu ni roi » la société de son époque, tout en établissant « l'amour pour principe » dans une société selon lui trop encline aux penchants égoïstes. Considéré comme l'un des pères fondateurs de la sociologie, il existe peu de biographies de cet « illustre méconnu », dont la statue trône pourtant toujours place de la Sorbonne, comme un symbole durable et visible de son héritage. Ce livre rend compte de la vie tourmentée d'Auguste Comte, philosophe pétri de contradictions mais personnalité attachante, passionnée et visionnaire, qui disait qu'irrémédiablement, « les vivants sont de plus en plus gouvernés par les morts ».

David Labreure est directeur du musée et des archives de la Maison d'Auguste Comte depuis 2010. Docteur en lettres modernes, il a notamment publié Le Paris d'Auguste Comte (Alexandrines, 2022), Céline. Le médecin écrivain (Bartillat, 2023).

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dimanche 9 mars 2025

Pierre Patrolin : Dire la couleur

 Eliott - Mars 2015 - L'éclectique


La couleur n'a pas de sens. La couleur paraît échapper à la raison. L'inépuisable variété de ses nuances résiste à constituer un système, tant les analogies, les degrés et les transitions composent une continuité progressive où chaque élément tend vers son voisin de manière insensible. Il y a quelque chose d'insaisissable, à la limite de l'imperceptible, dans l'infini des oranges qui séparent un jaune d'un rouge. En même temps, la couleur est prévisible. Demain encore les arbres seront verts, les fruits rouges, oranges ou jaunes, et le chocolat noir. Aucun doute sur le coloris des billets au sortir de la fente du distributeur de monnaie, dans le hall de la banque. Sans surprise. Prévisible, comme antérieure au visible, ou au moins en amont du processus de conscience du phénomène. Immédiate avant d'être analysée. Ressentie comme instantanée, sur le modèle de la vitesse de la lumière.

Pierre Patrolin, écrivain, est l'auteur de La Traversée de la France à la nage (2012), La Montée des cendres (2013), L'Homme descend de la voiture (2014), J'ai décidé d'arrêter d'écrire (2018), ainsi que Les deux domaines de la solitude (2021), parus aux éditions POL.

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Christophe Bouton : Le temps de l'urgence

 Le bord de l'eau - Mars 2025


Rares sont les personnes aujourd’hui à ne pas être touchées par l’urgence, aussi bien dans leur vie professionnelle que privée. Le manque de temps, la nécessité de se presser, sont devenus le lot quotidien de notre modernité hyperactive. Nous vivons le temps de l’urgence, au double sens d’une époque dominée par ce phénomène envahissant, et d’une forme de temps spécifique imprégnée par des normes sociales de rentabilité à court terme. Ce climat d’urgence est renforcé par l’urgence climatique, que nul ne peut désormais ignorer. S’appuyant sur des sources diverses – des philosophes (Marx, Heidegger et Foucault), des sociologues (Nicole Aubert et Hartmut Rosa), ou encore des témoignages de salariés, etc. –, ce livre s’attache à décrire l’extension de l’urgence dans les différents domaines de la société et à instruire certaines des questions qu’elle soulève : quelles sont ses conséquences, en particulier sur le rapport des individus au temps ? Quelles sont ses multiples causes ? Dans quelle mesure faut-il compter, parmi celles-ci, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui semblent accélérer notre rythme de vie ? Comment faire le départ entre les « vraies » et les « fausses » urgences, les « bonnes » et les « mauvaises » ? Au nom de quelles valeurs ? Cet ouvrage n’est pas seulement un diagnostic, il se veut également une réflexion sur les remèdes à apporter : il propose des pistes juridiques et politiques qui supposent une analyse critique du capitalisme et de la course à la productivité qui le caractérise ; il invite enfin à distinguer l’urgence de la vitesse ou de l’accélération, en soutenant que le contrepoint de l’urgence n’est pas la lenteur, mais le loisir compris comme un libre usage du temps dans son contenu et dans son rythme.

Christophe Bouton est professeur de philosophie à l'université Bordeaux Montaigne. Spécialiste de Hegel, il a élargi ses recherches aux théories de l'histoire et à la question du temps dans la philosophie contemporaine. Dernières publications sur ce sujet : Temps de la nature, nature du temps. Etudes philosophiques sur le temps dans les sciences naturelles, volume collectif édité avec Philippe Huneman, CNRS éditions, 2018 ; L'Accélération de l'histoire. Des Lumières à l'Anthropocène, Seuil, 2022.

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