lundi 2 décembre 2024

Andrea Emo : Suprématie et malédiction. Journal philosophique, 1973

Editions Conférence - Janvier 2024


Suprématie et malédiction (Journal 1973) est la première traduction en langue française d’un livre d’Andrea Emo (1901-1983). L’ouvrage original est paru en 1998 en italien sous le titre : Supremazia e maledizione. Diario filosofico 1973, a cura di Massimo Donà e Romano Gasparotti, Milan, Raffaello Cortina Editore. Andrea Emo n’a jamais publié ni formé le projet d’aucun livre. Son œuvre entière est constituée de près de 38 000 pages de cahiers rédigés de 1918 à sa mort. Ces cahiers, une série de notes quasiment ininterrompue pendant plus de soixante ans, sont des textes touffus où la recherche de la vérité se donne à voir dans son état le plus brut. Carnets de recherche, ils prennent tantôt la forme d’aphorismes, tantôt celle de textes développés sur plusieurs pages. Massimo Donà et Romano Gasparotti, chargés par les héritiers d’Emo de la publication des cahiers, en ont d’abord tiré des recueils d’aphorismes et de textes choisis. Suprématie et malédiction a cependant été conçu dans un autre dessein, puisqu’il constitue la première publication intégrale d’une section autonome des manuscrits de l’auteur, à savoir ses notes rédigées du 27 octobre 1973 au 1er janvier 1974, correspondant aux cahiers 359 et 360. Le choix de ce texte n’est pas fortuit : l’année 1973 est une période significative de la philosophie d’Emo, celle de sa maturité. Les éléments structurants de sa philosophie s’y trouvent définis dans tout l’aboutissement de la pensée et toute la virtuosité du style. Parmi les thèmes qu’aborde le livre, on notera : Dieu, le monde, l’être et le néant, l’apparence et la réalité, le temps et la mémoire ; et, à côté de ces préoccupations métaphysiques essentielles, le rapport entre l’Orient et l’Occident, l’héritage des Grecs, l’histoire du christianisme, de la Réforme et de la Contre-Réforme, le destin de l’Europe moderne, la crise de l’idéologie et les formes de l’art. Malgré la cohérence de sa pensée et de son style, Suprématie et malédiction reste avant tout un extrait de journal ― le fruit de trois mois d’une activité intellectuelle particulièrement féconde (trois mois dans plus de soixante ans d’une vie dédiée à la recherche philosophique).
L’ouvrage n’est donc pas structuré comme un traité, et l’on s’efforcerait en vain de lui donner un plan ou même une structure. Son rythme est celui d’une recherche journalière librement conduite au gré de son auteur. Si Emo a choisi la forme littéraire du journal, c’est pour des raisons absolument essentielles à sa philosophie que le livre illustre exemplairement. D’abord, la réalité ne relève jamais selon Emo d’un fait brut extérieur à l’homme, car elle se déploie par et pour la conscience. Les hommes n’ont pas d’autre réalité que celle que leur conscience fait surgir ― en la niant. Ce pouvoir extraordinaire de négation absolue est la conscience elle-même, et Emo en décrit les manifestations infinies. Le journal philosophique doit donc être une recherche quotidiennement attentive à la conscience comme pouvoir de négation absolue. Or, la deuxième vertu de la forme journal relève, paradoxalement, d’un mouvement opposé. Si, d’un côté, la conscience nie le monde, de l’autre l’expérience qu’elle fait du monde est celle de son infinie diversité. Le journal permet à l’auteur de décrire librement les multiples phénomènes du monde. De ces deux points de vue (le principe de la négation et la diversité du monde), Suprématie et malédiction manifeste la maturité de la recherche d’Emo. Contrairement aux cahiers des premières décennies d’écriture, qui donnent à voir une pensée en pleine formation, une recherche jeune qui élabore lentement ses concepts et son lexique, le journal de 1973 poursuit l’enquête en s’appuyant sur un édifice conceptuel maîtrisé. Est-ce à dire que la recherche n’est devenue que la vaine répétition d’un exercice devenu habitude, et qui n’aurait plus rien de nouveau à dire ? Ce serait se méprendre sur le projet d’Emo. Sa recherche n’atteint ses véritables dimensions que dans la maturité : la lucidité devant l’œuvre du néant n’est pas le dernier mot de l’œuvre, mais son moteur. Suprématie et malédiction doit se lire comme son mouvement enfin déployé dans toute ses potentialités.
Le titre du livre, choisi par ses compilateurs, est tiré d’une de ses phrases qui en capte l’esprit : « La tentative de connaître le sujet, de connaître la connaissance, l’individualité, la divinité, est toujours punie par la foudre céleste, les revendications ou les enfers ― tentative de connaître qui se perpétue comme gloire et comme faute, comme suprématie et malédiction. » Emo voit dans la vie de tout homme un déchirement entre la suprématie et la malédiction, qui de désignent pas deux réalités distinctes mais une seule, à savoir la connaissance. L’être humain s’élève à la gloire de connaître l’être, le monde et Dieu ; mais il se condamne aussi par-là, puisque dans cette connaissance il découvre son propre néant. Toutefois, outre la condition humaine, la suprématie et la malédiction renvoient à la condition du penseur qu’est Emo. La vocation de penser est tragique : là où les hommes ordinaires détournent la vue du néant qu’ils sont, le penseur s’abîme dans cette vision. Il se prive de la consolation de l’oubli. Ce caractère tragique de la connaissance philosophique est sensible à la lecture de Suprématie et malédiction. L’insistance obsessive de son auteur sur le néant présent dans toute réalité est porteuse d’un pathos dont le lecteur cherche à comprendre la nécessité. Celle-ci se donne sous la forme d’une argumentation philosophique originale et parfois déconcertante. La raison est que le livre n’a pas été pensé pour un lecteur. Il s’agit d’un journal philosophique que son auteur n’a tenu pour personne d’autre que lui. Le journal n’est pas seulement la forme prise par un texte pensé pour la diffusion auprès d’un public, il est l’expression d’une œuvre réalisée dans le soliloque et l’isolement.
En dépit de l’indéniable difficulté que le lecteur peut éprouver au premier abord de ce livre, sa lecture produit surtout l’effet d’un émerveillement et d’un étonnement devant un objet authentiquement singulier. L’œuvre d’Emo est sans pareille, et il n’est pas d’autre façon de l’éprouver que d’en lire de longs extraits in extenso. Si, parmi les dix ouvrages qui constituent la bibliographie actuelle d’Emo, leurs compilateurs ont privilégié la forme de l’aphorisme, c’est dans le souci de rendre plus accessible une philosophie hétéroclite. Mais ce choix sacrifie la teneur et le rythme de la pensée, sensibles avant tout dans la continuité de l’écriture. Les éditions Conférence ont donc jugé plus judicieux de présenter Emo au public français à l’aide d’un ouvrage qui soit exemplaire à tous ces titres : la construction du raisonnement, le style de l’écriture, la diversité des thématiques et des enjeux. Suprématie et malédiction montre la philosophie d’Emo dans ce qu’elle a de plus singulier, celle d’un auteur aussi inclassable qu’un Nietzsche.

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Bernie Glassman : Le Cercle infini. Méditations sur le Sûtra du cœur

Synchronique - Janvier 2024


e zen authentique se vit dans le monde et non hors de lui. Bernie Glassmann, maître zen, défend l'idée d'un « bouddhisme engagé » : il met en lumière le lien qui unit le bouddhisme et l'action sociale à travers le commentaire de deux textes fondamentaux, le Sûtra du Cœur et le Sandokaï.
Le Sûtra du Coeur est l’un des textes les plus importants du bouddhisme, le Sandokaï, poème chinois du VIIIe siècle, l’un des écrits fondamentaux du zen.
Maître zen et pionnier d’un « bouddhisme engagé », Bernie Glassman nous offre un commentaire lumineux de ces deux textes majeurs. Il invite le lecteur à découvrir leur sagesse intemporelle, non comme des concepts abstraits mais comme des outils vivants pour transformer au quotidien notre rapport au monde.
Le Cercle infini montre clairement le lien qui unit le bouddhisme et l’action : rien n’est séparé, tout est un. On ne peut rester indifférent à la souffrance des autres. Éveil, compassion et action sont inséparables : c’est par l’attention aux plus vulnérables que l’on marche sur la Voie du Bouddha. Le zen authentique se vit dans le monde et non hors de lui.

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John Dewey : Comment nous pensons

Dupleix - Novembre 2024


Dans un monde débordant d’informations, où les routines se transforment souvent en automatismes, Comment nous pensons de John Dewey offre une réflexion intemporelle et essentielle sur la manière de cultiver une pensée véritablement réfléchie. Ce texte, à la fois profond et accessible, explore le pouvoir transformateur de l’esprit humain lorsqu’il est libéré des chaînes de l’instinct et de la simple routine.
Dewey, philosophe éducatif visionnaire, nous guide avec clarté et méthode à travers les multiples facettes de la pensée : de la rêverie fugace à l’investigation critique. Il démontre comment la curiosité, cet élan naturel de l’enfance, peut devenir un outil puissant pour organiser nos idées, résoudre des problèmes et donner un sens à nos expériences. Avec des exemples tirés de la vie quotidienne, il illustre comment un esprit discipliné peut transcender les biais et les automatismes pour naviguer dans un monde complexe et changeant.
À l’heure où l’éducation moderne cherche à équilibrer l’explosion des matières avec le besoin de structurer les savoirs, Comment nous pensons offre un fil conducteur essentiel. Dewey rappelle que la pensée réfléchie n’est pas un luxe intellectuel mais une nécessité pratique. Elle est, selon lui, le fondement de la liberté humaine et de l’adaptabilité face aux défis de la vie.
À la croisée de la philosophie, de la psychologie et de l’éducation, ce classique résonne avec une pertinence saisissante. En ouvrant ses pages, le lecteur trouve non seulement des clés pour comprendre la nature de la réflexion humaine, mais aussi des outils pour façonner une existence plus riche et plus consciente.

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Bernard Guéry & Bénédicte Mathonat (dir.) : L’intelligence de la raison Hommage à Aline Lizotte

Les Presses Universitaires de l’IPC - Décembre 2024


Aline Lizotte transmet depuis les années 70 une philosophie vivante, dont l’un des traits marquants est sans doute l’intelligence de la raison. En effet, la raison procède de manière différente en fonction de son objet. Discerner avec intelligence les implications de ces modes de procéder est une exigence qu’elle a reçue des philosophes de l’université Laval au Québec, en particulier de Charles De Koninck et de Mgr Maurice Dionne. Elle a su transmettre cette philosophie dans les différents lieux où elle a enseigné, notamment à l’IPC. Ses étudiants ont appris avec elle à distinguer le savoir pratique et le spéculatif, les différents niveaux d’accès à l’être, la philosophie et les sciences. En guise d’hommage à son travail, les différentes contributions du présent ouvrage explorent les enjeux de ces distinctions, pour mieux servir la vocation de la personne humaine.
L’Auteur

Avec les contributions de M. Boyancé, B. Couillaud, M. Siggen, J.-B. Échivard, F. Chaveton, V. de Lartigue, B. Mathonat, X. Lefebvre.

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dimanche 1 décembre 2024

Vincent Gerber : L'imaginaire au pouvoir. Science-fiction politique et utopies

Le Passager Clandestin - Octobre 2024


Les littératures de l'imaginaire, et plus encore la science-fiction, ont longtemps été considérées comme un simple vecteur de divertissement ou d'évasion. Aujourd'hui encore, c'est surtout par les essais que se transmettent les idées. La SF, cette "littérature du pas de côté", a pourtant un potentiel politique immense, soutient Vincent Gerber. De Philip K. Dick à Kim Stanley Robinson, en passant par Ursula K. Le Guin, Alain Damasio et bien d'autres, il nous entraîne dans un voyage vers des mondes lointains qui pourtant éclairent le nôtre. Si elle n'est pas divinatoire, la science-fiction permet de décadrer le regard. Elle peut avertir, prévenir, révéler les brèches du système. C'est la littérature de l'expérimentation des possibles - scientifiques, mais aussi humains et sociétaux. Alors que l'horizon est incertain et que nos vies prennent des accents dystopiques, ce livre est une invitation à abreuver nos imaginaires à d'autres sources que celles que le réel nous tend. Pour bâtir des futurs plus désirables, renouons avec l'utopie !

Historien de formation et libertaire de coeur, Vincent Gerber a consacré de nombreux travaux à l'écologie sociale. Grand amateur de science-fiction, il préside depuis plusieurs années les Amis de la Maison d'ailleurs, association affiliée au musée suisse de l'utopie et de la science-fiction.

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Nicolas Nova : Persistance du merveilleux. Le petit peuple de nos machines

Premier Parallèle - Novembre 2024


Il y a bien longtemps que nous, Occidentaux, ne percevons plus, dans les forêts, les montagnes et les lacs, la présence de toutes ces entités du merveilleux que sont les fées, les gnomes, les hommes des bois ou les esprits divers. Ces créatures s’en sont progressivement retirées. Faut-il pour autant en conclure, comme il est tentant de le faire, à un désenchantement ?

Nous passons en réalité notre temps à interagir avec tout un bestiaire d’entités méconnues et plus ou moins bienveillantes, notamment dans notre environnement numérique. Pensons aux trolls perturbant les échanges en ligne, aux « daemons », ces petits programmes qui font tourner nos systèmes d’exploitation, aux créatures de jeux vidéo ou à ces nouveaux monstres que sont les intelligences artificielles. Sans parler des cas plus évidents de rumeurs de fantômes qui hantent les machines. Ce petit peuple habite nos ordinateurs et nos téléphones. Il forme notre mythologie moderne.

Qui est là derrière nos écrans ? Quel lien nous unit aux figures de ce bestiaire moderne ? Nicolas Nova propose ici d’observer la manière dont nous dialoguons avec elles. Il montre ainsi que loin d’être désenchanté, notre monde actuel peut et doit être lu comme un lieu dans lequel persiste le merveilleux.

Nicolas Nova, anthropologue et professeur à la Haute école d’art et de design, à Genève, est également co-fondateur de l’agence de prospective Girardin & Nova. Ses recherches portent sur la compréhension des cultures numériques et leur évolution. Il s’intéresse à des sujets tels que les mèmes internet, l’utilisation des smartphones, ainsi que les liens entre science-fiction et technologie.Lorsqu’il n’est pas en train d’enquêter sur ces thématiques, il s’intéresse aux forêts et glaciers alpins ou aux déserts rocailleux écrasés par le soleil. Parmi ses dernières publications figurent Exercices d’observation. Dans les pas des anthropologues, des écrivains, des designers et des naturalistes du quotidien (Premier Parallèle, 2022) et Bestiaire de l’Anthropocène, co-édité avec disnovation.org (art & fiction, 2024).

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samedi 30 novembre 2024

Marc Feix, Jean-François Bour (dir.) : États, religions et sociétés. Le défi géopolitique

 Cerf - Novembre 2024


L'actualité en apporte chaque jour confi rmation : le levier religieux est abondamment utilisé dans les dynamiques socio-politiques. Dispositifs de sens, cadres éthiques, normatifs ou coercitifs pour déterminer l'action individuelle et collective... Les religions courent ainsi souvent le risque d'être réduites à une « idéologie » ou un « récit » pour fonder l'enracinement historique et l'identité, voire pour délimiter et justifi er les sphères d'infl uences et d'expansion. Alors que la dimension religieuse de divers confl its ne peut être ignorée, cet ouvrage entend dresser l'état des lieux de la question, en l'envisageant sous une perspective plurielle : les États et les religions sont-ils en concurrence dans l'espace politique et socioculturel ? Les religions sont-elles instrumentalisées dans un but politique - sinon hégémonique - ou sont-elles parfois complices ? Le dialogue interreligieux peut-il promouvoir de nouvelles dynamiques dans les relations internationales ?
Tels sont les sujets traités dans cet ouvrage, qui est le fruit de deux Journées interdisciplinaires annuelles de la faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg, organisées en partenariat avec l'association DECERE (Démocratie, construction européenne et religions), coanimée par les dominicains de la province de France et le diocèse de Strasbourg.

Marc Feix, professeur des universités en éthique sociale, est doyen de la faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg. Jean-François Bour est dominicain. Il est délégué national de la Conférence des évêques de France pour les relations avec les musulmans et directeur de DECERE (Démocratie, construction européenne et religions).
Ont également contribué à cet ouvrage : Antoine Arjakovsky, Blandine Chélini-Pont, Vincent Feroldi, François Mabille, Francis Messner, Claudio Monge, Kathy Rousselet, Haoues Seniguer et Costas Zorbas.

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Benjamin Deruelle et Michel Hébert (dir.) : Arbitraire et arbitrage. Les zones grises du pouvoir (XIIe-XVIIIe siècle)

 Septentrion - Novembre 2024


Dans un monde régi par le droit et la loi, l’idée d’un arbitraire du pouvoir est surprenante, voire choquante. On ne retient souvent du mot que sa connotation négative, celle du bon plaisir d’un maître dont l’appétit de puissance serait sans frein. Pourtant, la notion d’arbitraire est intimement liée à celles de prudence et de discernement. Elle est chargée de valeurs morales d’intelligence et de sensibilité que l’on réserve volontiers aux juges dans l’exercice de leurs fonctions. Le pouvoir arbitraire, dès lors, est un pouvoir d’arbitrage, dans le règlement des conflits et l’administration de la justice mais aussi face aux carences, aux incertitudes ou à l’incomplétude des normes établies. En Occident, entre le XIIe et le XVIIIe siècle, la notion d’arbitraire, zone grise du pouvoir, plutôt technique et neutre à l’origine, se charge progressivement de connotations négatives aboutissant à son rejet par les philosophes des Lumières. Le présent ouvrage aborde sous différents angles des aspects jusqu’ici méconnus d’une histoire conceptuelle du pouvoir dans la longue durée.

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Barbara Cassin : L'Odyssée au Louvre. Un roman graphique

 Flammarion - Novembre 2024


"Ulysse aux mille tours est un héros contemporain, naufragé et inventif, nostalgique d’un ailleurs et nostalgique de chez lui. C’est un héros grec, bien sûr, qui choisit d’être mortel, d’avoir un nom, d’être un soi-même racontable, d’inventer un discours qui gagne, et d’être reconnu.
Les mots de l’ Odyssée sont mis devant nos yeux par les vases qui écrivent au Louvre, galerie Campana, un roman graphique. Nous comprenons alors ce qu’est un monde païen, et comment Homère, la Bible ou la science ne nous tyrannisent pas de la même manière.
Au terme de ces conférences de la Chaire du Louvre, j’ai cru voir comment nous étions grecs." — B. C.

Barbara Cassin, philologue et philosophe, est directrice de recherches au CNRS. Spécialiste de philosophie grecque, en particulier de rhétorique et de sophistique, elle anime deux collections chez Fayard. Elle a dirigé Le Vocabulaire européen des philosophes : dictionnaire des intraduisibles (Le Seuil, 2004). Barbara Cassin a reçu en 2012 le Grand Prix de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.

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Francis Guibal : Existence, langage(s), sens

Editions de Corlevour / Revue La Forge - Décembre 2024



Les essais rassemblés dans ce livre tentent d'écouter et de laisser résonner un certain nombre de voix contemporaines en quête du sens de l'existence. Philosophiques, théologiques ou poétiques, les jeux de langage à travers lesquels elles s'expriment se révèlent d'autant plus irréductiblement distincts qu'ils renvoient à des formes de vie et/ou à des engagements existentiels spécifiques. Mais la cohérence vigilante de la raison, l'écoute intelligente de la foi et la créativité lucide de la poésie se concurrencent moins qu'elles ne se provoquent et ne se répondent dans une attention commune à ce qui les mobilise, les traverse et les dépasse : l'élan éthique qui emporte l'existence douée de langage vers une réalisation sensée, inséparable du respect des autres, de l'exploration du monde de la vie et de la participation aux luttes de l'histoire.
Agrégé et docteur en philosophie, Francis Guibal est professeur émérite de l'Université de Strasbourg. Spécialiste de Hegel, attentif aux pensées contrastées d'Eric Weil et d'Emmanuel Lévinas, il s'intéresse particulièrement aux rapports de la philosophie contemporaine avec la politique et l'histoire, la culture et la religion.

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Dominique Berthet : L’imprévisible rencontre. L’autre, le lieu, l’art

 PU Antilles - Décembre 2024


Qu’est-ce qu’une rencontre ? S’il en est qui sont insignifiantes, d’autres au contraire sont marquantes. On imagine mal à quel point certaines peuvent avoir un impact et produire des effets importants. Cet ouvrage s’interroge sur celles qui méritent réellement le terme de rencontres parce qu’elles bouleversent une situation, un contexte, un ordre des choses, la vie d’une personne, d’un groupe, d’un peuple. Ces rencontres peuvent être désastreuses et dramatiques, tandis que d’autres sont magnétiques et fascinantes. Dans un cas comme dans l’autre ce sont des rencontres déterminantes dont les conséquences sont imprévisibles.
La rencontre concerne à la fois la relation avec l’Autre et ce qui en découle, la découverte d’un lieu particulier auquel on accorde la valeur de haut-lieu, l’expérience esthétique éprouvée face à des œuvres singulières. Certains artistes sont particulièrement sensibles et réceptifs à cette question de la rencontre de l’Autre à laquelle ils donnent des traitements divers, ainsi qu’à la puissance de certains lieux qui les inspirent ou dans lesquels ils s’immergent. Le public, quant à lui, fait l’expérience de la rencontre avec des œuvres qui suscitent en lui, selon le cas, plaisir, déplaisir, choc.

Dominique Berthet est professeur des universités, il enseigne l'esthétique et la philosophie de l'art à l'université des Antilles. Fondateur et responsable du CEREAP. Fondateur et directeur de la revue Recherches en Esthétique. Membre du CRILLASH (Université des Antilles). Il est également critique d'art (membre de l'AICA-France) et commissaire d'exposition. Il a publié une douzaine d'ouvrages et de nombreux articles sur l'esthétique, l'art et la critique d'art.

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vendredi 29 novembre 2024

Jean-François Caron, François Boucher (dir.) : Multicultural Citizenship. Legacy and Critique

Routledge - Novembre 2024


Multicultural Citizenship: Legacy and Critique allows the philosopher an opportunity to consider the evolution and transformation of Will Kymlicka’s theories from Multicultural Citizenship: A Liberal Theory of Minority Rights.
Canonical in the field of multiculturalism, Will Kymlicka’s work developed an original way of recognizing and accommodating ethnic groups and national minorities through liberal democratic principles. This new volume brings together expert scholars to evaluate the impact of Kymlicka’s book on their own views and the field’s general progression over the past three decades and brings Kymlicka to face new questions challenging multiculturalism and re-evaluate the main ideas of his original theory by reflecting on its development. Through engagement with the contributors’ chapters, Kymlicka ends this edited collection with proposals for new ways of understanding multiculturalism at a time of rising anti-immigration populism and natalist movements.
This book offers a modern outlook on multiculturalism with contributions from a diverse group of authors as well as Will Kymlicka himself and will be of great interest to scholars and students of migration, nationalism, minority rights, sociology, law, and politics.

Jean-François Caron is Associate Professor in the Department of Political Science and International Relations at Nazarbayev University and Research Fellow at the Institute of Political Science and Administration at the University of Opole.
François Boucher is Postdoctoral Research Fellow at the Centre for Ethics, Social and Political Philosophy of the Institute of Philosophy at the KU Leuven. He has been part of the Justice and Migration project since the Fall of 2019.

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Alexandre Chèvremont (dir.) : La Polyphonie. Des Lumières à Adorno

 Classiques Garnier - Novembre 2024


Questionner la polyphonie sous un angle philosophique comme musicologique, tel est le pari de cet ouvrage. Si la polyphonie semble au siècle des Lumières obéir au processus de rationalisation de la musique qu'avait décrit Max Weber, puis Theodor Adorno, elle est surtout débordée par la modélisation d'une nouvelle forme de musique instrumentale qui tente à nouveau de faire droit à la pluralité des voix. Regroupant musicologues, philosophes et germanistes, le présent ouvrage voudrait faire droit à une question moderne : de ce schéma pluraliste, que fait, au juste, notre temps, sur le plan de la voix, mais aussi de l'écoute ? La pluralité du public auditeur s'est-elle effacée au profit d'une écoute uniforme et sourde car technologiquement assistée ?

Alexandre Chèvremont est professeur en esthétique et philosophie des arts contemporains à l'université de Lille et chercheur au CEAC. Il a publié L'Esthétique de la musique classique (Rennes, 2015) et Donner lieu au son (Dijon, 2024). Ses recherches portent sur l'écologie sonore, l'acoustique architecturale et la phénoménologie de l'écoute. Il dirige la collection « Esthétique et sciences des arts » aux Presses universitaires du Septentrion.

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Hélène Vérin : Construire une science de l'homme. Antoine Raucourt, un polytechnicien engagé (1789-1841)

 Classiques Garnier - Novembre 2024


Suivre l'histoire d'Antoine Raucourt, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, éducateur, réformateur qui voulut fonder une science de l'homme, n'est pas seulement s'intéresser au parcours d'un personnage hors normes, si passionnant soit-il. L'intérêt qu'il peut susciter tient à ce qu'il est un homme présent à son temps. Il l'est à plusieurs titres et nous ouvre à toutes sortes de points de vue et d'horizons différents, intervenant dans des domaines divers, tous essentiels. Celui du bagne, de l'organisation du travail, de l'aménagement des ports, de l'entretien des routes. Celui d'un ordre politique fondé dans la raison publique. Entre les idéologues et Auguste Comte, il sollicite une vision renouvelée de la science et de la philosophie positive.

Hélène Vérin est docteur d'État en philosophie, chargée de recherche au CNRS en économie, philosophie puis histoire. Ses recherches, centrées sur l'époque moderne en Europe, portent sur l'émergence et les transformations de l'idée d'entreprise sous l'Ancien Régime, sur la formalisation des outils de décision par les ingénieurs, sur le vaste mouvement de « réduction en art et méthode » des pratiques.

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Dominique Marin : Ça parle

 Editions Nouvelles du Champ Lacanien - Novembre 2024


Cette étude s’appuie sur des données historiques et sur des éléments cliniques contemporains. Elle prend sa source dans une première thèse intitulée "La parole intérieure", celle de Victor Egger publiée en 1881, qui considère le discours intérieur comme le phénomène psychique le plus important de l’existence de l'être parlant et le moins étudié. Jusqu’à présent, la psychanalyse s’est peu intéressée à ce phénomène tant il est banal et commun.
La première partie, "Études du discours intérieur", propose des allers-retours entre la thèse d’Egger et diverses recherches, certaines récentes et menées dans une approche neurolinguistique, d’autres de la fin du dix-neuvième siècle. Le recours à un terme générique, endophasie, contribue à sous-entendre que le discours intérieur pourrait être rangé sous ce mot, mais aussi être réduit à une pure activité cérébrale. Il semble important de s’attarder sur ces conceptions neurologiques naissantes, même si elles ne revêtent pas une grande valeur au regard de la psychanalyse, étant donné qu'elles mettent en évidence des conceptions déjà très opposées du phénomène étudié. Le choix en faveur du vocable discours intérieur, au lieu d’endophasie, rend plus net l'abîme qui sépare la psychanalyse des sciences neuropsychologiques actuelles. Quand ces dernières veulent prouver l’utilité du discours intérieur pour éclairer le fonctionnement du cerveau, la psychanalyse interroge les étrangetés du ça parle à l’aide de l’hypothèse de l’inconscient.
La deuxième partie, "Discours intérieur et psychopathologie de la vie ordinaire", mène une exploration systématique de divers phénomènes cliniques. L’abord psychanalytique du discours intérieur permet en effet d’éclairer selon une même logique des phénomènes aussi disparates que l’oubli, le refoulement, les problématiques liées à l’assignation sexuelle et au phénomène d’emprise, sans oublier les diverses manifestations du surmoi, en passant par l’inspiration créatrice.
La dernière partie, "Discours intérieur et psychanalyse", tout en restant ancrée dans la clinique, propose les prémisses de fondements théoriques du discours intérieur. Grâce à l’enseignement de Lacan, il s’agit en effet de rendre raison de ce « ça parle dans l’au-delà intérieur » de tout sujet mais aussi des voix hallucinées que Lacan conçoit comme un élément autonome coupé du monologue intérieur.
L’enjeu de cet essai est de démontrer ce que le concept d’inconscient doit au discours intérieur et d’ouvrir ainsi quelques perspectives cliniques plus larges, en particulier sur le fantasme.

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jeudi 28 novembre 2024

Michel Tozzi : Diversifier les pratiques philosophiques. Éloge des temps longs

 Chroniques sociales - Décembre 2024


Dans ce nouveau livre, Michel Tozzi nous propose ses réflexions sur les nombreuses activités qu'il mène, notamment dans des ateliers diversifiés d'écriture philosophique et littéraire, de lecture filmique et de philosophes, de discussions philosophiques au sein de cafés philo, de séminaires de philosophie ou de l'Université populaire de la Narbonnaise. Il interroge le métier de professeur de philosophie au secondaire, puis de professeur à l'université, et retrace son activité éditoriale dans Diotime. Il articule toutes ces activités personnelles sur des mouvements collectifs plus larges, qui élargissent leur sens... Un des intérêts de l'ouvrage, outre une approche diversifiée des pratiques philosophiques est, par rapport à la vitesse et l'accélération qui caractérisent notre temps, de saisir l'intérêt de ce que Hannah Arendt appelait des « oasis de pensée », des pauses réflexives dans l'activité quotidienne, dont l'engagement dans la durée ajoute une plus-value, à contre-courant de l'effervescence contemporaine, pour pratiquer la philosophie.

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Alexander Schnell : Les sombre reflets du temps. Essai sur Black Mirror

Les éditions des Compagnons d’humanité - Décembre 2024


Black Mirror est une série télévisée aussi ambitieuse que populaire, consacrée aux bouleversements sociaux et interhumains engendrés par l’avenir numérique. Cet essai aborde les six premières saisons dans une perspective philosophique. La question soulevée est celle du statut de la réalité à l’ère du digital. En suivant les différents thèmes de la série, l’ouvrage se demande comment cette nouvelle conception de la réalité se répercute sur des aspects fondamentaux de l’existence humaine – par exemple en ce qui concerne le temps, l’amour et la mort. Il apparaît que la série traite de thèses philosophiques parfois complexes, établies d’abord par Kant et prolongées jusqu’à nos jours, notamment dans la phénoménologie. La réflexion livrée dans cet ouvrage jette ainsi un éclairage original sur la philosophie à partir d’une matière extra-philosophique.

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Thomas Bénatouïl, Charlotte Murgier (dir.) : Philosophie de l’action

 Vrin - Décembre 2024


Si on doit à la philosophie contemporaine d’avoir forgé la notion de philosophie de l’action, les philosophes antiques, lorsqu’ils se demandent par exemple à quelles conditions un agent est responsable de ses actes, lorsqu’ils distinguent action et contemplation, ou encore lorsqu’ils entreprennent d’élucider la spécificité de la rationalité pratique, n’en fournissent pas moins d’importantes analyses relevant de plein droit d’un tel champ. Leurs réflexions éthiques, physiques ou ontologiques sont ainsi l’occasion d’explorer certaines déterminations fondamentales de l’action, humaine comme non-humaine. Ce numéro met en lumière quelques-unes des contributions antiques à l’analyse de l’action, non seulement de la part de philosophes déjà bien étudiés de ce point de vue, tels Aristote et les stoïciens, mais aussi d’auteurs moins attendus, comme Héraclite et Diogène de Sinope. Pour les premiers, sont abordés des thèmes centraux comme la nature des actions permettant d’acquérir la vertu morale, l’extension du volontaire aux actions animales ou l’articulation entre destin et action volontaire. Quant aux seconds, ils ne proposent pas une théorie explicite de l’action, mais n’en élaborent pas moins une réflexion sur les conditions de l’action réussie, sur sa représentation par des exemples et son enseignement.

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Charles Bobant, Elodie Boublil, Charles-André Mangeney (dir.) : La phénoménologie, l’homme et les sciences humaines (Biennale I/2023)

Editions des Compagnons d'humanité - Décembre 2024


Il suffirait de porter attention aux événements éditoriaux de ces dix dernières années pour s’apercevoir que, dans le champ de la phénoménologie française et francophone, ce que l’on pourrait nommer trop approximativement encore la « question anthropologique » a pris une place prépondérante, dénotant par là une préoccupation, sinon une inquiétude, quant à la capacité de la phénoménologie contemporaine de se doter d’un concept ou d’un eidos satisfaisant de l’homme. En effet, par-delà l’impression au demeurant tout à fait trompeuse de l’édification récente d’un “front” ou d’une “cause” anthropologique commune, un grand nombre de divergences et de controverses quant à la place de l’homme dans la phénoménalité se sont fait jour, relativement, notamment, au sens et à la valeur qu’il convient de conférer phénoménologiquement à ce que Blumenberg à pu nommer l’“interdit anthropologique” frappant la phénoménologie husserlienne classique. Est-il possible de rassembler la phénoménologie sous la bannière d’un paradigme anthropologique cohérent ou faut-il, au contraire, préserver la phénoménologie de toute immixtion anthropologique? Comment, dès lors, devrions nous penser le rapport de la phénoménologie et des sciences humaines? Est-ce dans une relation de complétion critique, de distanciation réfutative, ou dans un autre rapport, encore à déterminer? Peut-on, par ailleurs, estimer que les problèmes traditionnels tels les problèmes du rapport entre ego empirique et ego transcendantal ou les problèmes induits par l’humanisme, qu’il soit métaphysique ou non, sont de vieux problèmes qu’il nous faut enterrer, ou doit on considérer au contraire qu’ils ont encore une pertinence phénoménologique? Ce sont à ces questions, et à bien d’autres encore, que les interventions prononcées lors de la première biennale internationale de la Société Francophone de Phénoménologie consignées dans cet ouvrage s’efforcent de répondre.

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Biagio D'Angelo, Gilles Picarel (dir.) : Penser le verre. La création au tournant de la transparence

L'Harmattan - Novembre 2024


Penser le champ artistique du verre plonge la réflexion dans une histoire millénaire qui consacre au verre une réalité plurielle.
D’abord naturel avec l’« obsidienne », le verre est ensuite artificiel comme l’émail, la faïence, le vitrail, etc. Les techniques de la faïence et de l’émaillage apparaissent au IIIe millénaire avant J.-C., en Mésopotamie et en Égypte.
Au regard de la tension entre l’idée de transparence et celle d’une opacité troublante qui anime le verre, ce livre propose une approche pluridisciplinaire permettant de penser une esthétique du verre. À partir du rapport que le verre permet d’expérimenter – entre opacité et transparence, fixité et déplacement, instantanéité et virtualité, fluide et solide, minceur et profondeur, réalité et déréalisation, etc. –, la réflexion permet d’interroger ce tournant de la transparence dans les arts comme possible élargissement de notre sensibilité à l’autre, un autre entendu dans sa radicale extériorité.

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Félix Resch, Marie Girard (dir.) : Violence et Révélation. René Girard, lecteur de l'Ecriture

 CLD éditions - Novembre 2024


Quel est le sens du « bouc émissaire » dans les récits bibliques ? La passion du Christ équivaut-elle à un sacrifice ? Comment la théorie mimétique de René Girard (1923-2015) peut-elle éclairer notre compréhension du message évangélique ? À l'occasion du centenaire de la naissance de René Girard, le collège des Bernardins et la Faculté Notre-Dame ont organisé, avec la Société des Amis de Joseph & René Girard et sous le parrainage de l'Académie française, une journée d'étude afin d'honorer la pensée de cet éminent anthropologue. Ce volume met ainsi en lumière le rapport girardien à la révélation judéo-chrétienne.

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mercredi 27 novembre 2024

Les Cahiers philosophiques de Strasbourg n°56/2024 : L’université résistante – Strasbourg, 1930-1945

 PU de Strasbourg - Décembre 2024


Y aurait-il jamais eu une résistance par les armes, et tant de sacrifices héroïques, s’il n’y avait pas eu d’abord une résistance intellectuelle ? Y aurait-il eu de si nobles exemples d’engagement, s’il n’y avait eu d’abord des convictions ancrées dans la perception commune de « valeurs », qui valaient tant qu’on était prêt à leur sacrifier jusqu’à sa propre personne et sa vie en leur nom ? L’université de Strasbourg a-t-elle eu, par son histoire, une position remarquable, qui permette de trancher cette question ?
Sans doute faut-il, pour répondre à ces questions, que les philosophes se fassent un peu historiens, et les historiens un peu philosophes. Lorsque René Capitant affirme que les universitaires strasbourgeois furent, nonobstant leurs dissensions, d’emblée et majoritairement résistants, et que le noyau de la résistance fut avant tout celui d’une résistance intellectuelle, il reste à comprendre ce qui a effectivement déterminé cette attitude collective : c’est ce que l’on tente de faire ici.

Dossier

Dilexerunt veritatem. L’esprit de résistance et l’université française — Édouard Mehl
Le « je suis spinoziste » de Cavaillès — Hourya Benis-Sinaceur
Cavaillès et la « logique de la résistance » — Romain Peter
Georges Canguilhem, acteur et témoin dans l’histoire — Claude Debru
Georges Canguilhem, 1942-43, 1962-63 : « La philosophie est […] philosophie des valeurs » — Michel Fichant
Résistance au réductionnisme : de la théorie de la biologie à la théorie de l’action avec Kant et Canguilhem —David Espinet
Julien Freund, philosophe Résistant et philosophe de la résistance — Laurent Fedi
L’engagement dans la philosophie française des accords de Munich à la guerre de Corée — Vincent Gérard
René Capitant et ses écrits sur le nazisme (1934-1939) — Olivier Beaud

Un usage à fronts renversés ? René Capitant, Carl Schmitt et la fin de la République de Weimar — Jean-Claude Monod
Une résistance intellectuelle ? La Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg (1930-1945) — Matthieu Arnold
L’enjeu philosophique et politique du Congrès Descartes (1937) — Édouard Mehl
Henry Corbin et la conception heideggerienne de l’histoire au Congrès Descartes (1937) — Raphaël Authier

Varia
Le sublime comme possibilité éthique chez Schopenhauer — Melis Hermann

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Elodie Gallet, Geneviève Guétemme, Sylvie Pomiès-Maréchal (dirs.) : Décentrement(s). Théories et pratiques d un concept nomade

 Hermann - Novembre 2024


Le « décentrement » est un outil central de notre modernité, servant à interroger les limites des disciplines, des savoirs et des discours. Comment se manifeste le décentrement ? Que fait gagner la perte du centre ? Quelles traces concrètes ou symboliques restent après la relégation d’un centre ? Nous faisons l’hypothèse que le décentrement, pris indifféremment dans des formes matérielles, mais aussi mémo-rielles et monumentales, permet de penser le transculturalisme et l’interdisciplinarité.
Le concept de décentrement est ici successivement envisagé comme un changement de perspective, pour mieux comprendre. Puis il est défini comme une façon de s’affranchir d’un centre pour créer un ou plusieurs nouveaux centres. D’un point de vue linguistique, nous voyons comment il met en travail la traduction, pour introduire un nouveau regard et raconter différemment en prenant de la hauteur. Enfin, il s’agit d’aborder le décentrement dans sa capacité à déconstruire et reconstruire le rapport à l’espace à travers un ensemble de délocalisations, de déplacements en périphérie, dans le but de trouver un nouveau centre.
Tous ces décentrements – géographiques, conceptuels, culturels, lin-guistiques, artistiques – offrent une image, révélatrice dans sa diversité d’un concept proprement insaisissable, mais essentiel à la compréhension des espaces contemporains.

Avec les contributions de :
Manola Antonioli, David Arbulu Collazos, Joseph Armando Soba, Michael Boylan, Marcos Eymar, Samuel Fasquel, Cynthia Gabbay, Élodie Gallet, Geneviève Guétemme, Catherine Guillaume, Jacques Jouet, Yoo-jung Kim, Jimena Larroque, Sylvie Maréchal, Sophie Marty, Dean-Liathine McDonald, Christiane Montandon, Léa Peltier, Louis Pichot, Maria Simota, Erwan Sommerer, Delphine Wibaux.

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Stephen Mumford : La métaphysique. Une brève introduction

 Eliott - Novembre 2024


Traduit de l’anglais (GB) par Mathieu Mulcey.

Si la métaphysique ne cesse de susciter curiosité et fascination, nombreux sont ceux qui la confondent avec les aspirations mystiques ou redoutent son caractère trop abstrait. La métaphysique débute souvent par des questions enfantines mais désarmantes: Qu’est-ce qu’un objet? Les couleurs et les formes existent-elles vraiment? Est-ce que le temps passe? Qu’est-ce que l’identité d’une personne? En dix courts chapitres, Stephen Mumford aborde certaines des questions les plus fondamentales de la métaphysique et présente de façon claire et vivante les débats et les théories au cœur de la métaphysique contemporaine.

Stephen Mumford est l’auteur de nombreux livres en métaphysique, parmi lesquels Dispositions (2003) ; Laws in nature (2004) ainsi que deux essais originaux sur le sport, Watching Sport: Aesthetics, Ethics and Emotion (2011) et Football: la philosophie derrière le jeu (2020).

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