samedi 31 octobre 2015

Till Hanisch : Justice et puissance de juger chez Montesquieu - Une étude contextualiste

Editions Classiques Garnier - Octobre 2015 - Collection : Bibliothèque de la pensée juridique


Cet ouvrage analyse l'idée de justice chez Montesquieu et donne une nouvelle interprétation de la puissance de juger. Il montre que dans l'œuvre de Montesquieu les conditions de la liberté et de la justice dépassent toujours le cadre national et sont créées en interaction avec d'autres peuples et sociétés.


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Jean-Pierre Jameux : Réflexions sur la réalité en philosophie.

Editions L'Harmattan - Octobre 2015 - Collection : Ouverture philosophique


" En philosophie on oppose classiquement le rationalisme et le réalisme. Veut-on de nouveau les associer qu’on creuse entre ces deux points de vue un fossé paradoxalement infranchissable. C’est ce que nousrévèle particulièrement l’attitude épistémologique de Gaston Bachelard : « Depuis William James, on a souvent répété que tout homme cultivé suivait fatalement une métaphysique. Il nous paraît plus exact de dire que tout homme, dans son effort de culture scientifique, s’appuie non pas sur une, mais bien sur deux métaphysiques et que ces deux métaphysiques naturelles et convaincantes, implicites et tenaces, sont contradictoires. Pour leur donner rapidement un nom provisoire, désignons ces deux attitudes philosophiques fondamentales, tranquillement associées dans un esprit scientifique moderne, sous les étiquettes classiques de rationalisme et de réalisme » . Le mariage artificiel de ces deux positions philosophiques,même sous un mode qui se dit pacifique, celle décrite par Gaston Bachelard, ne fait que dévoiler de façon plus tragique ce tiraillement conceptuel que notre culture philosophique nous inflige. Et, que ce qu’il appelle l’« esprit scientifique moderne » veuille à tout prix les mettre ensemble, face à une tradition qui ne fait que les disjoindre, ne change rien, car même dans ce nouvel état pacificateur, nous sommes toujours incapable de choisir entre d’un côté notre pensée et de l’autre côté le monde. De cette situation provient toute l’étrangeté que revêtent nos réflexions sur la réalité." (Premières lignes)

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Jean Terrel : La politique d'Aristote. La démocratie à l'épreuve de la division sociale

Vrin - Octobre 2015 - Bibliothèque d'histoire de la philosophie


La Politique a été écrite il y a plus de 2000 ans. Redécouvert il y a 750 ans, depuis sans cesse lue et commentée, elle nourrit encore nos interrogations : sur les conséquences d’un accès égalitaire à la citoyenneté et l’hétérogénéité de la communauté civique qu’il entraîne; sur la nature de la citoyenneté, trop souvent réduite au choix périodique de représentants; sur la compatibilité de la souveraineté des États avec un ordre politique commun à l’Europe ou au monde, démocratique, capable d’éviter les guerres ou la domination de quelques grandes puissances et de réguler la recherche sans fin du profit qu’Aristote jugeait incompatible avec une vie pleinement humaine.
Sans s’arrêter à des réponses dogmatiques, Aristote analyse les succès et les échecs de ces deux siècles où les Grecs ont inventé et expérimenté des cités et des démocraties. Ses réponses sont parfois difficiles à interpréter. Veut-il un accès large ou étroit à la citoyenneté Tient-il compte de la critique de l’esclavage dont il est un des seuls à nous informer? Dans des sociétés déchirées par le conflit entre les riches et les pauvres, comment pense-t-il éviter que la démocratie conduise au pouvoir despotique des pauvres?
Ces difficultés ont été expliquées par la biographie d’Aristote – il aurait évolué de l’idéalisme au réalisme – ou par les hasards de la conservation et de la transmission des manuscrits. Selon l’auteur, elles manifestent plutôt une pensée toujours au travail, une volonté de « problématiser » avec rigueur des questions que nous devons, dans un monde différent, reprendre et prolonger à notre manière.

Jean Terrel est professeur émérite à l’Université Michel de Montaigne, Bordeaux III.

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François Rastier : Naufrage d'un prophète - Heidegger aujourd'hui

PUF - Octobre 2015


Quand Heidegger dénonce dans les Cahiers noirs le «complot juif mondial» et développe des thèmes nazis, il dépasse l’engagement politique personnel pour compromettre la philosophie. Ouvertement crypté, son langage mêle des éléments de l'’ontologie classique et de l'’idiome national-socialiste, dont il radicalise et renouvelle la dimension prophétique. Comment alors le lire, sans égard pour les traditions lénifiantes ? En France notamment, les apologies redoublent, alors que les dénégations font place aux affirmations : on applaudit la radicalité de Heidegger, sa critique de la modernité, sa «grandeur» indispensable pour comprendre l’Extermination. La responsabilité de la pensée et la reconstruction de l’'éthique seront-elles alors éludées au profit des propagandes identitaires les plus agressives ?

François Rastier, Directeur de recherche au CNRS, s'’est spécialisé dans la sémantique de l'’interprétation. Il explore notamment des corpus littéraires, philosophiques et scientifiques et, depuis son étude sur la poésie de Primo Levi (Ulysse à Auschwitz, Cerf, 2005), il a caractérisé le style des radicalismes contemporains et questionne la reconstruction de l'’éthique.

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Philippe Cabestan : Qui suis-je ? Sartre et la question du sujet

Editions Hermann - Octobre 2015 - Collection : Le Bel Aujourd'hui


En 1966, Sartre déclare : « si l’on persiste à appeler sujet une sorte de je substantiel, ou une catégorie centrale, toujours plus ou moins donnée, à partir de laquelle se développerait la réflexion, alors il y a longtemps que le sujet est mort ». Ainsi, à sa manière, Sartre participe lui aussi à l’enterrement du sujet. Mais c’est au nom d’un autre sujet, un sujet non substantiel, dont l’identité est toujours en sursis, tout à la fois libre et aliéné, essentiellement vulnérable car toujours happé sinon par la névrose du moins par l’inauthenticité. C’est à l’explicitation critique de ces différentes déterminations que cet essai est consacré.

Professeur en classes préparatoires, Philippe Cabestan est membre associé des Archives Husserl de Paris, coprésident de l’École française de Daseinsanalyse, membre du comité de direction de la Revue de Phénoménologie ALTER et corédacteur de la revue Le Cercle herméneutique.

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Bertrand Vergely : Entretiens au bord de la mort

Bartillat - Octobre 2015


Onze ans après Voyage au bout d'une vie, parallèlement réédité, Bertrand Vergely fait le constat d'un évitement dans notre société des questions liées à la mort . Ce nouveau récit prend la forme d'une pérégrination, où il parle des rencontres faites à propos de la mort et de la vie, des choses qu'il a été amené à formuler au sujet de l'euthanasie ou du suicide, des cours donnés sur la question. Dans ces réflexions il a voulu entremêler le réel et la pensée. Quand on est en face de la mort, c'est en parlant du réel qu'on la vit de la façon la plus juste. Bertrand Vergely tente de raconter en philosophe comment il a été amené à rencontrer les questions de la fin de vie, de l'euthanasie et du suicide. C'est en quelque sorte le récit d'une réconcialiation entre pensée et mort. Dans ce nouveau livre, Bertrand Vergely a voulu rassembler les expériences auxquelles il a été confronté ces dix dernières années à partir de rencontres, de témoignages et d'expériences qui lui permettent de transmettre une réelle approche de ce que l'on pourrait appeler le savoir mourir.

Bertrand Vergely est philosophe. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels La Souffrance (Gallimard), La Mort interdite (Lattès), Une vie pour se mettre au monde (Carnets Nord), Retour à l'émerveillement (Albin Michel), Deviens qui tu es : la philosophie grecque à l'épreuve du quotidien(Albin Michel).

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René Guénon : L'ésotérisme de Dante

Gallimard - Octobre 2015 - Collection : Tradition, nouvelle série


Première parution en 1957

Édition définitive établie sous l'égide de la Fondation René Guénon

Dans cette brève et substantielle étude, l'auteur des Aperçus sur l'Initiation corrige les méprises de ceux qui n'avaient fait qu'entrevoir le sens profond de l'œuvre dantesque, et donne une explication entièrement neuve de multiples points que les commentateurs du grand Florentin n'ont jamais pu élucider d'une façon satisfaisante. 
Sans avoir la prétention d'être complet sur un sujet qu'on pourrait dire inépuisable, René Guénon a jeté ainsi une clarté inattendue sur un côté qui est proprement ésotérique et initiatique dans l'œuvre de Dante et surtout dans sa Divine Comédie. Dante fut sans doute tout autre chose que le génie littéraire qui suscite tant d'admiration, et l'on est en droit de penser que bien des choses, pour ne pas dire des trésors, restent à découvrir dans ce que René Guénon a appelé non sans raison «le testament spirituel du Moyen Âge».

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Jacob Rogozinski : Ils m'ont haï sans raison. De la chasse aux sorcières à la Terreur

Cerf - Octobre 2015 - Collection : Passages


Qu'est-ce que la haine ? Comment, de cet affect individuel, peuvent découler des dispositifs de persécution collective ? En quoi l'invention moderne d'une logique de la haine reste-t-elle d'actualité ? Retraçant le phénomène de la chasse aux sorcières qui a marqué la période courant entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle, de la Renaissance aux Lumières, Jacob Rogozinski dresse un tableau complet des techniques mises en oeuvre pour désigner puis anéantir les cibles supposées de cette entreprise de purification. S'imposent ainsi la recherche du "stigmate diabolique", l'aveu de la "vérité démoniaque" extorqué sous la torture et l'accusation de "Satan" comme stratège et ennemi absolu menant à l'"anéantissement" du possédé. Tous ces mécanismes d'éradication se retrouveront, sous d'autres noms, dans d'autres circonstances, animant la Terreur jacobine, les procès de Moscou ou encore les plus récentes théories du complot. En analysant ces diverses expériences historiques, en scrutant leurs dimensions concrètes, en détaillant leurs similitudes, Jacob Rogozinski montre qu'elles proviennent de la même angoisse du "monde renversé" que les dominants soupçonnent les opprimés de préparer. Et que c'est ainsi que s'est opéré le passage de l'exclusion à la persécution.

Philosophe, professeur à l'Université de Strasbourg, Jacob Rogozinski a publié au Cerf Le moi et la chair, en 2006, et Guérir la vie, en 2011.

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Henri Pena-Ruiz : Dieu et Marianne. Philosophie de la laïcité

PUF 2e édition - Octobre 2015 - Collection : Quadrige


Contrairement aux particularismes exclusifs, la laïcité permet de concilier la diversité des croyances et des patrimoines culturels avec l’égalité des droits. Ainsi, le bien commun échappe à la guerre des dieux. Et l’ouverture à l’universel est préservée par l’espace civique. La laïcité n’est pas le degré zéro des convictions. Elle parie sur des hommes libres, maîtres de leur jugement, capables de concorde authentique. L’école laïque apprend à ne pas transiger avec l’exigence de vérité. Cette confiance dans la souveraineté de la pensée humaine est la vertu propre à la laïcité, force d’âme fraternelle où se transcendent les «différences». Ce livre propose une philosophie de la laïcité. Il conjugue les approches de l’histoire, de la théologie, et du droit. Sans polémique, il éclaire les questions actuelles par une réflexion sur la genèse et les fondements de l’idéal laïque. Il en montre la dimension émancipatrice face à la menace des nouveaux obscurantismes et des identités exclusives.

Henri Pena-Ruiz, agrégé de l’université, est professeur de philosophie en première supérieure au Lycée Fénelon et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris.

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Dominique Cardon : A quoi rêvent les algorithmes. Nos vies à l'heure des big data

Seuil - Octobre 2015 - Collection : La république des idées


Parmi les espoirs et les craintes que suscite la numérisation de nos sociétés, la constitution de grandes bases de données confère une place de plus en plus centrale aux algorithmes qui gouvernent les comportements de chacun. L'ambition de ce livre est de proposer une exploration critique de la manière dont les techniques de calcul façonnent nos sociétés. Classement de l'information, personnalisation publicitaire, recommandation de produits, orientation des déplacements, mesures corporelles, etc., les calculateurs sont en train de s'immiscer, de plus en plus profondément, dans la vie des individus. Cet ouvrage voudrait montrer comment les techniques statistiques qui prennent leur essor avec les big data enferment des conceptions différentes de la société qu'elles calculent. Loin d'être de simples outils techniques, les algorithmes enferment un projet politique. La thèse défendue dans cet ouvrage est que la personnalisation des calculs est à la fois l'agent et la conséquence de l'individualisation de nos sociétés. Elle témoigne de la crise des catégories statistiques traditionnelles qui permettaient à la société de se représenter. Elle encourage le déploiement de la course méritocratique vers l'excellence, la compétition des individus pour la visibilité et le guidage personnalisé des existences. Comprendre la logique des nouveaux algorithmes du web, c'est aussi donner aux lecteurs les moyens de reprendre du pouvoir dans la société des calculs.

Dominique Cardon est sociologue au Laboratoire des usages d'Orange Labs et chercheur associé au Centre d'études des mouvements sociaux (EHESS). Avec La Démocratie Internet (Seuil, 2010) et de très nombreux articles, il s'est imposé comme l'un des meilleurs spécialistes du numérique et d'Internet.

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vendredi 30 octobre 2015

Etienne Klein et Heinz Wismann : L'ultime atome. De Démocrite au Boson de Higgs et au-delà

Editions Albin Michel - Octobre 2015


L'enjeu de ce dialogue entre un spécialiste de la pensée antique, Heinz Wismann, et un théoricien de la physique moderne, Etienne Klein, est de retracer la longue histoire de l'idée de l'atome qui n'a cessé de hanter l'imagination des chercheurs. Il ressort de cette reconstruction des étapes successives de l'atomisme que, même si les moyens de vérification changent d'une époque à l'autre, c'est le génie créatif des savants qui, d'hypothèses en hypothèses, fait progresser les découvertes. De Démocrite, qui au Ve siècle avant notre ère pense au vide dynamique, à la théorie moderne de l'atome, ce sont des hypothèses spéculatives qui ont fait bouger les lignes ; pour progresser, la science a besoin de "penser". Avec ces deux complices, il sera démontré de façon vivante et passionnante que la jonction se fait entre la science la plus avancée et la culture, que tout commence toujours par la pensée, la spéculation, c'est-à-dire quelque chose qui n'est pas encore schématisé.

Etienne Klein est physicien, directeur de recherche au CEA, au CERN, il a participé à la conception du grand collisionneur de particules européen, le LHC. Auteur à succès de nombreux ouvrages de vulgarisation, il est aussi chroniqueur sur France Culture. Heinz Wismann, philosophe et philologue, est directeur d'études à l'EHESS. Son dernier ouvrage, Penser entre les langues, Albin Michel, 2012 a été primé à de nombreuses reprises.

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Alain Chauve : Wittgenstein. Logique et métaphysique. Le tractatus

Demopolis - Octobre 2015 - Collection : Philosophie en cours


Ludwig Wittgenstein a écrit le Tractatus logico-philosophicus durant la Grande Guerre, probablement dans le courant de l'hiver 1917-1918, lorsqu il combattait dans l'armée austro-hongroise sur le front russe.
L'ouvrage témoigne du bouleversement intellectuel qu a provoqué la création des « calculs » logiques modernes entre 1900 et 1914 à Cambridge. On peut dire que la pensée des temps modernes débute avec le Tractatus. En effet, il s agit d une philosophie de la logique qui se propose d'élucider et de clarifier les formes et les expressions logiques en écartant toute interprétation métaphysique. Ces éclaircissements sur la logique doivent nous permettre de « voir correctement le monde », c'est-à-dire d en apercevoir et d'en tracer les limites qui sont les limites de ce qui est pensable et exprimable.
Wittgenstein se propose de montrer que le monde n'est autre que « l'espace logique » des calculs logiques modernes ; que tenter de bâtir avec cette logique une métaphysique, comme « l'atomisme logique » de Russell, par exemple, n'a aucun sens et que de façon générale un discours métaphysique est un non-sens.
Avec le Tractatus, nous assistons à l'apparition du monde moderne, celui qui prend la figure de l'échafaudage d'une construction logique d'un « système de signes » qui constitue le langage, le seul langage qui peut avoir un sens : le discours propositionnel de la logique. C'est aussi un monde où la question du sens de ce « système » se pose. Mais à cette question, il n y a pas de réponse formulable dans un discours.

Alain Chauve est inspecteur pédagogique régional honoraire et ancien professeur de philosophie en khâgne.

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Aristote : Les topiques - Réfutations sophistiques (Organon, V-VI)

Flammarion GF - Septembre 2015


Traduction par Jacques Brunschwig et Myriam Hecquet

Réunion des deux derniers traités logiques de l'Organon. Le premier, à vocation didactique, introduit au raisonnement dialectique tandis que le second analyse et classe les types de paralogismes employés par les sophistes pour réfuter leurs interlocuteurs.

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Jean-François Bert (dir) : Michel Foucault et les religions

La manuscrit - Octobre 2015 - Collection "Religions, Histoire, Cultures


Foucault nous a donné de multiples potentialités pour repenser certaines des questions classiques posées par l’histoire et les sciences des religions. Cet ouvrage fait état des nombreux excursus du philosophe vers les domaines de la spiritualité antique, de l’histoire du christianisme primitif, de l’ascétisme chrétien, ou encore de la question des marginalités religieuses. Il est l’occasion, surtout, de réfléchir sur quelques uns des « outils » mis en place par le philosophe et de montrer comment ceux-ci peuvent se révéler pertinents pour saisir les phénomènes religieux de notre modernité. Des phénomènes qui se comprennent à l’intérieur de problèmes historiques, politiques et sociaux, culturels. Seule manière, répète Foucault, de nous protéger contre les synthèses toutes faites et les découpages familiers, mais aussi d’ouvrir la réflexion à l’épreuve de la réalité et de l’actualité.

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Thomas de Koninck : A quoi sert la philosophie ?

Hermann - Octobre 2015 - Kaïros



Si les problèmes de société et les problèmes politiques s’avèrent de plus en plus complexes, au sens de « tissés ensemble », le déploiement des connaissances va dans le sens opposé, suivant des labyrinthes de plus en plus spécialisés, fragmentés, détachés du tout. C’est dire l’importance accrue de la philosophie qui a, depuis toujours, affaire au tout de la réalité.

La philosophie ne sert à rien, en ce sens qu’elle ne sert rien de particulier. Elle est libre, autonome. À quoi sert la philosophie ? À ce compte, à quoi sert la musique ? Ou, sur un autre registre, à quoi sert la santé ? Toutes servent l’être humain. La différence est qu’elles le servent tout entier. Et dans le cas de la philosophie, c’est la vie proprement humaine en toutes ses dimensions qui est servie.

Thomas de Koninck est professeur de philosophie à l’Université Laval et titulaire de la Chaire « La philosophie dans le monde actuel ». Il a publié plusieurs ouvrages sur l'éducation et la dignité humaine.

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Peggy Sastre : La domination masculine n'existe pas

Anne Carrière - Octobre 2015


L'homme (avec un petit h et un pénis de taille variable) est une pourriture : c'est lui qui vole, viole, tape, tue, refuse de laver ses slips et préférerait crever plutôt que de vivre dans un monde où des bonniches ont le droit de devenir PDG. Voici la " version officielle " de notre histoire. L'histoire humaine est, dit-on, l'histoire d'une domination masculine, faite par et pour des hommes prêts à tout pour tenir les faibles femmes à leur botte. Sauf que cette histoire est fausse. Du moins en partie. Si les hommes ont le pouvoir, c'est parce que les femmes l'ont bien voulu, tout au long des 99,98 % de l'histoire de notre espèce. Et ces millions d'années qui nous ont vus devenir lentement ce que nous sommes, elles les ont passés à frétiller du derche au moindre indice de force, de puissance et de brutalité. Pourquoi ? Parce lorsque votre organisme renferme des ovaires et un utérus, que votre reproduction vous fait courir un danger vital aussi extrême qu'indispensable, et que vous vivez dans un environnement hostile, de tels attributs sont encore les meilleurs pour vous protéger, vous et le fruit de vos entrailles, et vous aider à transmettre vos gènes aux générations suivantes. En d'autres termes, il n'y a pas de domination masculine. Un tel système oppresseur, vertical et unilatéral n'existe pas. Ce qui existe, c'est une histoire évolutive qui aura poussé les deux sexes à des stratégies reproductives distinctes. En décortiquant les principaux territoires de la " domination masculine " – les inégalités scolaires et professionnelles, le harcèlement, les violences familiales et conjugales, le viol et les violences sexuelles, la culture de l'honneur, l'agressivité, la guerre et le terrorisme –, cet ouvrage non seulement les éclaire d'une lumière radicalement nouvelle dans notre paysage intellectuel, mais il permet surtout de mieux les comprendre et de les expliquer, quitte à risquer de saisir, au passage, que les femmes ne s'en sortent vraiment pas si mal...

Peggy Sastre est docteur en philosophie des sciences, spécialiste de Nietzsche et de Darwin. Ses travaux s'orientent principalement autour d'une lecture biologique des questions sexuelles. Elle a notamment signé Ex utero – pour en finir avec le féminisme(2009, La Musardine) et Le Sexe des maladies (2014, Favre). En tant que chroniqueuse et traductrice, elle collabore à divers titres de presse ( Slate, L'Obs).

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Collectif : Penser l'éducation, n° 36/2015

Presses universitaires de Rouen - Octobre 2015


Michel Fabre, « La liberté de questionner. Émancipation et problématisation » ;

Alain Firode, « Empirisme et pédagogie chez Condillac » ;

Christine Gautier Chovelon, « Analyse de pratiques, repérage et illustration des temporalités issues du mouvement de professionnalisation : le cas des intervenants en milieu éducatif » ;

Renée Guimond-Plourde, « L'appel impératif du contact en pédagogie » ;

Dominique Kern, Marc Weisser, « La formation des adultes dans la deuxième moitié de la vie : épistémologie et hypothèses » ;

Xavier Riondet, « La revue Techniques de vie (1959-1964) ou l'impossibilité des collaborations, un épisode entre histoire du militantisme et histoire des sciences de l'éducation » ;

Josep-Lluís Rodriguez i Bosch, « Le Talmud, la lecture dans le judaïsme ».


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Laura Dethiville (dir.) : Winnicott, notre contemporain

Campagne première - Octobre 2015 - Collection : En question


« Qu’est-ce que vivre ? L’absence de maladie mentale est peut être la santé, ce n’est pas la vie. » Les questions qui sont au cœur du travail de Donald W. Winnicott sont essentielles. Elles font de lui, pour toujours, notre contemporain. Cet ouvrage en témoigne.
Des psychanalystes y rendent compte de ses recherches sur la créativité et la destructivité, la haine comme facteur de connaissance. Ils nous montrent également l’aspect novateur, jamais fermé par l’orthodoxie, de sa clinique avec les enfants, et avec les adultes.
Un entretien inédit de son épouse, Clare Winnicott, dresse un portrait de cet analyste enthousiaste qui se définissait comme un « chercheur en psychanalyse ».

JAN ABRAM – JACQUES ANDRÉ – NICOLE AUFFRET – MARIE-CHRISTINE BAFFOY – MAURIZIO BALSAMO – MONIQUE BOUCHILLOUX – PIA DE SYLVESTRIS – LAURA DETHIVILLE – SYLVIE DU BOIS-CASSANI – JOANA ESPERITO SANTO – RACHEL FROUARD-GUY – PATRICK GUYOMARD – FRANÇOIS LÉVY – MICHELLE MOREAU RICAUD – HÉLÈNE OPPENHEIM-GLUCKMAN – JEAN-FRANÇOIS SOLAL.

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Henri Bergson : Le possible et le réel

PUF 2e édition - Octobre 2015 - Collection : Quadrige


Bergson a marqué l’importance de certains de ses «essais et conférences» en les rassemblant dans deux recueils : L’énergie spirituelle en 1919, La pensée et le mouvant en 1934. Il faut donc tout à la fois replacer ces écrits dans ses recueils (et dans l’ensemble de son oeuvre) et les lire pour eux-mêmes. Dans Le possible et le réel (1920), Bergson propose une distinction qui change tout : le «réel» dépasse, il précède même un «possible» que nous nous représentons en fait, seulement, après coup ; il actualise, en revanche, des virtualités qui sont le temps, la vie, la durée même. L’illusion rétrospective, la création imprévisible, l’une et l’autre essentielles à notre vie, voilà ce qui se joue ici, dans ce texte précis, juste après la guerre.

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Robert Boyer : Économie politique des capitalismes

La Découverte - Octobre 2015


Pourquoi le régime de croissance des trente glorieuses s'est-il enrayé ? Comment expliquer que les innovations financières aient d'abord accéléré la croissance avant de déboucher sur une crise majeure ? L'euro, supposé unifier le vieux continent, ne creuse-t-il pas une fracture Nord-Sud ? La théorie de la régulation répond à ces questions. Lors de sa création, dans les années 1970, elle a emprunté à Marx l'analyse de la dynamique du capitalisme, à l'école des Annales la nécessité d'une mise en perspective historique longue, aux post-keynésiens les outils de la macroéconomie. Depuis, elle n'a pas cessé de retravailler ses concepts, ses méthodes, et d'étendre son champ d'application. Aujourd'hui, sous l'hypothèse fondatrice du rôle déterminant des institutions et de leur architecture, elle est une économie politique qui explique les régimes de croissance stabilisée et leurs crises, avec une attention particulière à l'articulation de l'économique et du politique. Cet ouvrage expose les notions centrales de la théorie de la régulation en les situant par rapport aux théories orthodoxes, mais aussi aux différentes alternatives hétérodoxes. Ce manuel d'économie politique, sans équivalent, synthétise plusieurs décennies de travaux d'un réseau international de chercheurs.

Robert Boyer, économiste, anciennement directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'EHESS, s'est impliqué dès l'origine dans les recherches sur la régulation. Il a notamment publié Théorie de la régulation, l'état des savoirs (La Découverte, 2002), Croissance début de siècle (Albin Michel, 2002), Une théorie du capitalisme est-elle possible ? (Odile Jacob, 2004). Il anime l'association Recherches & Régulation.

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jeudi 29 octobre 2015

Philippe Cabestan, Jeanine Chamond (dirs) : MÉLANCOLIE Phénoménologie, psychopathologie, psychanalyse

Le Cercle Herméneutique - Octobre 2015 - Collection Phéno Série Daseinsanalyse


Avec les contributions de Camille Abettan, Jean-Jacques Alrivie, Philippe Cabestan, Jeanine Chamond, Georges Charbonneau, Françoise Dastur, Dorothée Legrand, Pierre Marie, Guy Risbec, Carla Tagliatela.

Que ce soit du côté de la psychanalyse et ses commentaires de Deuil et mélancolie (1917), ou du côté de la psychiatrie phénoménologique, et on pense notamment au livre de Binswanger, Manie et mélancolie (1960), la mélancolie a suscité tout au long du vingtième siècle de très nombreuses publications. Mais un ouvrage, contemporain de ce dernier, se distingue par son ampleur et sa profondeur, et mérite une attention toute particulière. Hubertus Tellenbach publie en 1961 Melancholie : Problemgeschichte, Endogenität, Typologie, Pathogenese, Klinik, ouvrage qui sera traduit quelques années plus tard en français sous le titre La Mélancolie. Comme Karl Jaspers, l’auteur est un psychiatre philosophe ou, comme on voudra, philosophe psychiatre. Il mobilise son immense culture afin de jeter quelques lueurs sur ce trouble étrange, qui suscitait déjà l’étonnement des grecs, et qui frappe encore et toujours certains de nos contemporains. Tout le monde en effet ne semble pas pouvoir sombrer, au sens médical du terme, dans la mélancolie. Reste alors à comprendre dans quelles circonstances certains le deviennent, ce que recouvre la notion de typus melancholicus mais aussi à cerner la souffrance mélancolique. Telle est l’ambition des différentes contributions de ce petit livre qui envisage la mélancolie d’un point de vue aussi bien historique que phénoménologique, psychiatrique et psychanalytique.

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Martin Heidegger : La métaphysique de l'idéalisme allemand (Schelling)

Gallimard - Octobre 2015 - Collection : bibliothèque de philosophie


Après le grand cours de 1936 sur le traité de Schelling de 1809, les Recherches philosophiques sur la liberté humaine, Heidegger remet en 1941 l'ouvrage sur le métier. Il propose ici une interprétation "renouvelée" du traité dans lequel il voit "le sommet de la métaphysique de l'idéalisme allemand", ou encore "le coeur de toute métaphysique de l'Occident". C'est dire que, loin de faire double emploi avec le cours de 1936 (dont la traduction française est parue en 1977 sous le titre Schelling), ce cours de 1941 reprend à nouveaux frais la problématique schellingienne en se focalisant sur la distinction entre fond et existence. C'est aussi l'occasion, pour Heidegger, de démarquer la question de l'existence telle est posée dans Etre et temps d'autres problématiques, celles de Kierkegaard et de Jaspers, en montrant que le livre de 1927 ne relève pas d'une "philosophie de l'existence" ni de l'"existentialisme", contrairement à une idée répandue. 
Traduit de l'allemand par Pascal David

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Horst Bredekamp : Théorie de l'acte d'image

La découverte - Octobre 2015


Dans ce livre, Horst Bredekamp tente de comprendre un paradoxe qui hante la pensée de l'image depuis toujours : l'image, en tant qu'artefact créé par les humains, ne possède pas de vie propre, et pourtant elle développe une présence, une puissance, qui emporte celui qui la regarde – comme en témoigne la longue controverse sur la force des images, de l'iconoclasme byzantin ou protestant jusqu'à la destruction des bouddhas de Bâmiyân. Platon, Léonard de Vinci, Lacan, Heidegger, Warburg : nombreux sont ceux qui ont tenté de percer ce mystère de la puissance effective de l'image. De la statuaire grecque jusqu'aux performances scéniques de Michael Jackson en passant par les automates, les tableaux vivants et l'œuvre de Niki de Saint-Phalle, Horst Bredekamp analyse plus de deux cents images afin de déployer une théorie originale et ambitieuse, celle de l' acte d'image. Conçue pour faire écho et contrepoint à la célèbre théorie de l'acte de langage, initiée par Searle et Austin, elle analyse la puissance spécifique recelée par l'image. Il n'y a alors pas d'autre choix que de replacer l'image au même niveau que le langage (et l'écriture) dans notre pensée de l'humain et de son histoire, de ses origines à nos jours. Traduit dans plusieurs langues, le livre de Horst Bredekamp est déjà une référence incontournable dans des disciplines aussi variées que la philosophie, l'esthétique, l'histoire de l'art et les études culturelles, l'histoire et la théorie politiques.

Horst Bredekamp est professeur émérite à l'université Humboldt de Berlin. Il est l'auteur de nombreux livres dont, en français, Stratégies visuelles de Thomas Hobbes (Maison des Sciences de l'Homme, 2003) et Les coraux de Darwin. Premiers modèles de l'évolution et tradition de l'histoire naturelle (les Presses du réel, 2008).

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