mardi 28 novembre 2017

Natalie Depraz (dir.) : Alain. Un philosophe rouennais engagé

Publications de l'Université de Rouen et du Havre - Octobre 2017 - Collection : Cahiers de l'ERIAC


Ce volume se propose de revisiter la figure d'Alain, en la replaçant dans son temps et en faisant justice à son oeuvre protéiforme, encore partiellement inédite. La première partie s'attache à l'originalité d'Alain en tant que professeur de philosophie à travers ses influences, ses différentes pratiques de l'enseignement et son ouverture à des publics variés, depuis les élèves de sa classe de philosophie jusqu'à ses lecteurs de La Dépêche de Rouen et des autres journaux auquel il a régulièrement collaboré, en passant par le public des universités populaires. La deuxième interroge le mode d'inscription d'Alain dans la philosophie française à travers certaines figures qui l'ont précédé ou suivi. La troisième fait enfin le point sur la spécificité de sa position face à la Grande Guerre, aussi bien d'un point de vue historique que philosophique.

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Arnold Geulincx : Métaphysique

Classiques Garnier - Novembre 2017 - coll. Textes de philosophie


Arnold Geulincx, cartésien flamand, développe un occasionnalisme original qui associe une priorité de l’éthique et la thèse d’une influence minimale de l’homme dans le monde. Sa Métaphysique (1691) présente une conception du sujet centrée sur l’expérience de l’humanité, définie par ses limites.


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Marc Faessler : Qohélet philosophe. L'éphémère et la joie

LABOR ET FIDES - Novembre 2017 - Collection : Essais bibliques


Le livre de Qohélet est l'un des plus mystérieux de l'Ancien Testament. Aucun consensus ne circule au sein des chercheurs quant au statut et à la visée d'un écrit que certains trouvent profondément pessimiste et teinté d'athéisme. Pour le théologien Marc Faessler, la portée de ce grand texte est tout autre. Il s'agit d'un écrit philosophique du IIIe siècle avant Jésus-Christ, au carrefour du judaïsme, de l'hellénisme et de courants de pensée venus d'Asie, dans lequel apparaissent en contraste les thèmes de l'éphémère et de la joie. L'auteur nous invite à soupeser ses découvertes en suivant son interprétation mot à mot de l'entier du texte dont on trouve en fin de volume une traduction nouvelle appuyée sur ses hypothèses. « Vanité des vanités, tout est vanité », la célèbre formule inaugurant l'écrit trouve par exemple une nouvelle dynamique avec Marc Faessler qui propose de lire plutôt, à partir de l'hébreu : « Buée de buées, tout n'est qu'évanescente buée ! »

Marc Faessler est théologien, pasteur, auteur de nombreux ouvrages dont, avec Catherine Chalier, Judaïsme et christianisme (Cerf, 2001) et Jean Calvin : « Réponse aux questions et objections d'un certain Juif » (Labor et Fides, 2010).

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lundi 27 novembre 2017

Jean-Alexis Aguma Asima : Le Mécanisme. Langage, théorie, philosophie. Etude critique

L'harmattan - Novembre 2017


Le mécanisme est un langage de caractère structural, une théorie scientifique, celle de la Mécanique, et une philosophie conçue comme un système scientifique. Ses difficultés viennent de ce qu'il prétend s'identifier aux procédures, aux données et aux résultats des sciences. Le crédit philosophique à faire à la philosophie mécaniciste réside cette ambition à sauver l'unité de la science et à retrouver l'idée de nécessité. Pour les philosophies de la finitude, ce projet est illusoire. C'est en se confrontant à elles que, peut-être, le projet d'une philosophie mécaniciste soit perdra ses illusions, soit trouvera tout autre sens.

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Michel Dalissier : Héritages et innovations. Merleau-Ponty et la fonction conquérante du langage

Métis Presses - Novembre 2017 - Collection : Champ contrechamp


Scrutant les Recherches sur l’usage littéraire du langage, transcription des notes du cours professé par Maurice Merleau-Ponty au Collège de France en 1953, Michel Dalissier s’emploie à en développer toute l’ampleur. Car ses Recherches, consacrées – comme leur titre l’indique – à un usage bien particulier du langage, mettent en regard de manière inédite philosophie et littérature afin d’en élucider les rapports essentiels.
Encore fallait-il en démêler la complexité pour que leur portée et leur richesse soient pleinement saisies. Relevant ce défi, Héritages et innovations montre qu’en s’occupant de littérature Maurice Merleau-Ponty s’occupe aussi bien de métaphysique, supposant qu’en l’usage littéraire du langage œuvre, à plein régime, une fonction conquérante qui enseigne au plus haut point sur l’être et sa constitution.
Cet ouvrage met ainsi en évidence l’insuffisance des approches phénoménologique ou ontologique du langage pour saisir les véritables enjeux philosophiques de la création littéraire. Car les sollicitations de l’écriture ouvrent à un champ d’innovations qui à travers la reprise de l’héritage métaphysique en permet le renouvellement.
En retour, tout au long de son étude, Michel Dalissier montre avec profondeur à quel point les Recherches offrent une méditation subtile des grands moments de l’expérience littéraire et proposent une réflexion déterminante sur le sens de l’écriture, sur la nature de l’écrivain et de son «autre» et sur la vérité que conquiert, en sa réussite, l’usage littéraire du langage.

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Astérion n°17 : De l'intérêt général

ENS Editions - Novembre 2017


Sous la direction de Pierre CRÉTOIS et Stéphanie ROZA

La notion d’intérêt général est, aujourd’hui, autant un concept juridique qu’un topos rhétorique. Son usage, qui se généralise en France dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, est inséparable d’une ambiguïté constitutive : en effet, les débats autour de sa définition cristallisent, depuis l’époque des révolutions, les enjeux de la caractérisation moderne de l’État et de son droit. C’est pourquoi on ne peut s’étonner qu’elle ait été portée tant par des penseurs que l’on peut rattacher à la tradition libérale (Locke ou Hobbes, souvent associés aux prémisses du libéralisme), que par d’autres, davantage associés à la tradition égalitariste (Proudhon) ou républicaine (Rousseau, Léon Bourgeois). L’invocation de l’intérêt général correspond toujours à une prise de position particulière dans le champ politico-philosophique. Les articles du présent dossier s’efforcent de montrer que chacune des conceptualisations fortes de l’intérêt général, y compris critiques, implique une conception de l’homme et de ses droits, ainsi qu’un projet de société.

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dimanche 26 novembre 2017

Kenneth White : Lettres aux derniers lettrés. Concernant les possibilités d'une littérature vraiment mondiale

Editions Isolato - Septembre 2017


Huit essais percutants qui constituent un livre d'une grande ampleur et d'une rare densité. Basés sur une analyse radicale du contexte culturel et intellectuel contemporain, ces essais explorent la notion de " littérature mondiale " lancée par Goethe au xixe siècle, notion que White prolonge et approfondit à son tour, en se concentrant, fondamentalement, sur le concept même de " monde ". Que l'on ne voie pas dans le titre de ce livre la moindre lamentation.
Seulement la perception lucide que les lettrés de haut vol sont devenus rares, et le seront encore plus dans l'avenir. C'est pourtant chez eux que se poursuivra et se maintiendra la vraie vie de l'esprit.

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Jacques Muglioni : L'école ou le loisir de penser

Minerve - Novembre 2017


Les textes de Jacques Muglioni réunis ici témoignent du combat acharné qu'il a mené pour la défense de l'école contre les réformes successives, et parfois les ministres, qui depuis au moins 1965 la trahissent.
Pour lui, il n y a pas d'école possible quand le monde n'est plus qu'un marché. Car l'école n a pas pour vocation de former les élèves selon le modèle qu'impose une société, mais de les élever à hauteur d'homme. Et cela par l'instruction, c'est-à-dire par l'apprentissage du jugement, par l étude des disciplines fondamentales selon l'ordre qui détermine en chacune l'intelligibilité de son contenu et qui est donc la seule assise possible d'une vraie pédagogie.
Ce livre formule dans la langue la plus belle une certaine idée de la pensée, dont l'exigence républicaine est inséparable, car la république a besoin de citoyens libres et éclairés. À la subordination de l'institution scolaire à l'entreprise, il oppose une conception philosophique de l école qui est aussi au fondement de la présence d'un enseignement de la philosophie dans les lycées, reste de l'originalité de l école française.

Jacques Muglioni (1921-1996) a été professeur de philosophie en classe terminale et en classe préparatoire, puis inspecteur général en 1963 et doyen de l inspection générale de philosophie de 1971 à 1983. Un peu plus de vingt ans après sa disparition, ses analyses éclairent d une vive lumière les débats actuels et montrent qu on ne pouvait pas ignorer l échec inévitable et aujourd hui patent des politiques scolaires.

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Isabelle Stengers et Thierry Drumm : Une autre science est possible !

La Découverte - Novembre 2017


Le compromis qui a longtemps assuré aux chercheurs le minimum d'indépendance vitale est mort. L'économie de la connaissance est dépendante des intérêts privés. Un plaidoyer pour la slow science auquel répond, en miroir, et à un siècle de distance, un brillant pamphlet du philosophe William James.
Comme le fast food, la fast science, c'est vite fait, pas bon et pas très digeste ! Une économie spéculative – avec ses bulles et ses krachs – s'est emparée de la recherche scientifique : les chercheurs doivent intéresser des " partenaires " industriels, participer aux jeux guerriers de l'économie compétitive. Conformisme, compétitivité, opportunisme et flexibilité : c'est la formule de l'excellence. Mais comment poser publiquement la question d'un désastre lorsque l'on ne veut pas que le public perde confiance en " sa " science ? Les mots d'ordre comme " Sauvons la recherche " font consensus, alors qu'ils ne posent surtout pas la bonne question : " Mais de quoi faut-il la sauver ? " 
Ce livre montre que les chercheurs doivent cesser de se prendre pour le " cerveau pensant, rationnel, de l'humanité ", refuser que leur expertise serve à faire taire l'inquiétude de l'opinion, à propager la croyance en un progrès scientifique inéluctable capable de résoudre les grands problèmes de société. Et qu'ils auraient avantage à nouer des liens avec un public potentiellement intelligent et curieux, c'est-à-dire aussi à produire des savoirs dignes de cette ambition.

Isabelle Stengers, docteur en philosophie, enseigne à l'Université libre de Bruxelles. Elle est l'auteure de nombreux livres sur l'histoire et la philosophie des sciences, dont, à La Découverte, L'Invention des sciences modernes (1993) et Sciences et pouvoir (1997, 2002). Aux Empêcheurs de penser en rond, elle a récemment publié Au temps des catastrophes (2009) et Les Faiseuses d'histoires. Que font les femmes à la pensée ? (avec V. Despret, 2011).
Thierry Drumm, chercheur en philosophie à l'Université libre de Bruxelles, prépare une thèse sur William James.

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samedi 25 novembre 2017

Laurent Fleury : Max Weber. La responsabilité devant l'histoire

Armand Colin - Novembre 2017 - Collection : Lire et comprendre


Responsabilité de l’homme devant les défis de son temps, responsabilité du savant devant la science, responsabilité du politique devant l’histoire : qui entreprend de lire Weber saisit la centralité de la responsabilité, mieux, la découvre comme une tonalité propre à son œuvre.
Inversement, qui entend s’intéresser à la responsabilité rencontre Weber, mais aussi la charge d’inquiétude de sa pensée, et discerne l’intellectuel qui allie responsabilité et conviction. Weber s’engage dans les batailles scientifiques et politiques de son siècle, sans pour autant renoncer aux principes qui le guident : probité, rigueur, refus du prophétisme.
Contre le discours des démagogues et le « sacrifice de l’intellect », il nous invite à regarder en face la réalité et à adopter une démarche scientifique pour penser l’action. Son œuvre offre un modèle d’exigence critique et nous lègue cette interrogation première et ultime : quelles sciences sociales peuvent rendre possible l’avènement d’un homme responsable ?
Ce livre propose des clés pour comprendre Weber, penseur des ambivalences de la modernité, penseur par excellence des sciences sociales, mais également fondateur de la pensée politique moderne. En tous points frappe l’actualité de ses enseignements pour nos sociétés contemporaines.

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Michel Deguy : L'envergure des comparses. Écologie et poétique

Hermann - Novembre 2017


Pourquoi écologie et poésie ? L’écologie politique et la poétique ? Voici deux choses dont l’affinité n’a pas été pensée jusqu’à présent. La poésie est un mode du penser : voir et montrer le non-encore-visible et le peu-visible. L’écologie est une clairvoyance à longue portée, météoro-logique, qu’alertent les voyants rouges de toutes parts. Comment envisager l’affinité de ces deux disciplines qui sont des enjeux brûlants pour nos sociétés contemporaines ? Leur conjonction et leur articulation s’avèrent indispensables et urgentes. 
Le présent essai analyse donc la poétique et l’écologie pour mettre en valeur leur inclination, leur réciprocité de preuves échangées, leur mutualisation, leur relation privilégiée, voire leur indivision programmable. Il traite du problème à partir d’aujourd’hui, car c’est d’aujourd’hui qu’il s’agit : poétique pour aujourd’hui ; écologie pour aujourd’hui ; écologie politique et poéthique pour aujourd’hui. « Le xxie siècle sera poétique… ou rien. » Rien n’est plus urgent que cet « ou rien ».

Michel Deguy, né à Paris le 23 mai 1930, est un philosophe, poète et essayiste français.

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Adèle Van Reeth : Les chemins de la philosophie (entretiens)

Plon - Novembre 2017


Depuis 2007, " Les Nouveaux Chemins de la connaissance ", devenus " Les Chemins de la philosophie ", tentent de prouver quotidiennement que la philosophie est affaire de rencontres. Rencontre avec un interlocuteur, d'abord, au gré d'une discussion dont le seul but est de donner envie de penser, en invitant à questionner ce qui est déjà connu et à découvrir ce qui ne l'est pas encore. Rencontre entre les différents langages, ensuite, puisque la littérature, la musique et le cinéma, bien loin d'être des illustrations de concepts, sont autant de manières d'exprimer des problèmes que la philosophie formule à sa façon. 
Si ces rencontres peuvent surprendre, c'est parce qu'elles visent à rappeler que la réflexion, même exigeante et rigoureuse, est aussi affaire de goût et de sensibilité. C'est en ce sens que les questions les plus redoutables en philosophie ne se formulent qu'en s'incarnant dans un discours, une vision du monde, un certain caractère. Fidèle à cette démarche, cette compilation propose de donner à lire ce qui n'a pas encore été dit à l'antenne. Chaque publication a été suivie d'une série d'émissions sur le même thème pour prolonger une discussion dont le ton spontané a été volontairement maintenu au sein de ces textes, de manière à susciter une rencontre ultime avec vous. 

Dirigés par Adèle Van Reeth, sont réunis dans cet ouvrage : La Jouissance avec Jean-Luc Nancy, La Méchanceté avec Michaël Foessel, L'Obstination avec Myriam Revault d'Allonnes, Le Snobisme avec Raphaël Enthoven et La Pudeur avec Éric Fiat. 

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vendredi 24 novembre 2017

Jean-Luc Chalumeau : Procès de l'art contemporain. Accusation & Défense

Uppr - Novembre 2017


Ancien responsable de la revue OPUS International, Jean-Luc Chalumeau dirige aujourd'hui la revue en ligne VERSO-HEBDO (sur www.visuelimage.com). Il a par ailleurs participé à de nombreuses instances telles que les FRAC (Fonds régionaux d'art contemporain) ou le Fonds National d'Art Contemporain, ce qui fait de lui un observateur privilégié de l'évolution de l'art dit « contemporain » sur lequel il a publié plusieurs livres traduits en huit langues. Volontiers polémiste, il dénonce certaines impostures, mais, admirateur de nombreux authentiques créateurs, il les défend avec conviction : ce procès, construit en deux temps (Accusation et Défense), est donc équilibré et donne au lecteur les éléments nécessaires pour se faire sa propre opinion. Un ouvrage majeur et indispensable pour toutes celles et ceux qui souhaitent affiner leur jugement et mieux comprendre les multiples problématiques qui se jouent dans l'art contemporain.

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Revue de philosophie économique 2017/1 (Vol. 18) : La question de l’autre en économie

Vrin - Novembre 2017


Page 3 à 11 : Ragip Ege, Herrade Igersheim - La question de l’autre en économie | Page 13 à 36 : Sergio Cremaschi - Adam Smith on Savages | Page 37 à 56 : Victor Bianchini - Inquiry into James Mill’s interpretation of Adam Smith’s love of praiseworthiness | Page 57 à 89 : Jérôme Lallement - Individu et société selon Walras | Page 91 à 115 : Patrick Mardellat - Devenir soi-même sous l’exigence de justice devant autrui. Levinas, la justice pour autrui et la critique des théories de la justice sociale | Page 117 à 139 : Sylvie Thoron - Au fondement de l’altruisme : le lien comme fin | Page 141 à 160 : Carl David Mildenberger - Economic Evil and the Other | Page 161 à 164 : Pierre Livet - Neuroéconomie, Daniel Serra | Page 165 à 172 : Jean Magnan de Bornier - Le Renversement de l’individualisme possessif - de Hobbes à l’État social, Pierre Crétois.

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Philippe Richard : Tomber de tout son corps. Philosophie de Bernanos

Hermann - Novembre 2017


Si la souffrance semble être l’existential majeur qui domine l’œuvre de Bernanos, c’est parce qu’elle permet la révélation d’une expérience fondamentale : l’homme habite le monde parce qu’il y tombe. Dans cette chaotisation de l’espace et du temps qu’est la chute se dit en effet la constitution même de l’être comme corps. Ainsi l’écrivain ne nous donne-t-il à voir l’écroulement que pour nous conduire aussi à le vivre comme dimension de l’être-là de ce que nous sommes – non pas en luttant contre lui, mais en nous laissant rouler en lui comme en une vague. Nul n’a son corps. Nul n’est son corps. C’est à se tenir à la frontière, ou à accepter de tomber sans trop immédiatement se relever, que la philosophie pourra donc sans doute repenser le sens de l’inhabitation du corps, voire de l’inhabitation de l’homme même par Dieu.

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jeudi 23 novembre 2017

Paul Henry Thiry baron d'Holbach : Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans, suivi de Paradoxe du citoyen

Berg International éditeurs - Novembre 2017 - Collection : Dédales


Méprisé des philosophes et des dévots, le courtisan est rarement tenu en estime. Dans l'Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans, Paul Henri Dietrich d'Holbach feint de défendre celui que l'on condamne a priori, celui dont on ne connaît ni la psychologie plurielle et fine, ni la portée des sacrifices. À ce mauvais procès, l'auteur oppose l'exposé d'un art méconnu qui mène à la parfaite maîtrise de soi, à la connaissance subtile des passions et des vices des puissants. Cet art qui nécessite une parfaite abnégation envers le prince qui incarne le corps politique, ne serait-il pas, au delà des apparences, le plus noble sacrifice pour le bien public ? Cet essai est suivi de Paradoxe sur le citoyen de Remy de Gourmont dont les réflexions dressent un constat quelque peu cynique : le citoyen fait preuve d'une totale abnégation sans raisons valables ; et c'est en cela qu'il est judicieux pour le lecteur de le comparer au courtisan. Le citoyen aurait comme qualités principales le dévouement, la résignation et la stupidité. C'est par une déconstruction des métaphores que sont la République comme mère et l'Etat comme père, que l'auteur va mettre au jour la supercherie du système dans lequel le citoyen, cet éternel débiteur, doit se sacrifier.

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Bertrand Vergely : Prier, une philosophie

Carnets Nord - Novembre 2017 - Collection : Une philosophie


« Prier, une philosophie ? Parlez-en à un philosophe. Il vous dira que quand on est philosophe, on ne prie pas. On philosophe. Parlez-en à un homme ou à une femme de prière. Ils vous diront que, quand on prie, on ne philosophe pas. On prie. En quoi ils ont raison et tort à la fois. »

Dans ce texte, Bertrand Vergely écrit au fil de sa pensée les réflexions que lui inspirent l’association de ces deux activités : philosopher, qui lui est quotidienne, et prier, une autre passion personnelle. Les deux lui sont donc essentielles, et elles ne sont pas incompatibles comme il va en faire la démonstration en parcourant le monde des philosophes (Socrate, Novalis, Ricoeur…) et celui de la prière, de toutes sortes de prières.

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Martin Heidegger : Le commencement de la philosophie occidentale. Interprétation d'Anaximandre et de Parménide

Gallimard - Novembre 2017 - Collection : Bibliothèque de philosophie


On sait l'importance de la réflexion sur les penseurs présocratiques dans la philosophie de Heidegger. Le cours traduit ici, datant de 1932, s'il n'est pas le premier à en faire mention, est le premier, en revanche, à les aborder sous l'angle du Commencement qui s'y joue. Cest ce motif du commencement qui oriente la lecture que Heidegger entreprend de la très courte et dense "parole d'Anaximandre" et des fragments qui nous sont parvenus du poème de Parménide d'Elée. Cette explication avec le commencement de la philosophie occidentale ne cessera plus, dès lors, d'accompagner le cheminement de la pensée de Heidegger. Elle constituera un second foyer de l'oeuvre heideggerienne, après Être et temps : la recherche d'un autre commencement.

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mardi 21 novembre 2017

Éric Mangin : La nuit de l’âme. L’intellect et ses actes chez Maître Eckhart

Vrin - Novembre 2017 - Études de philosophie médiévale


Fidèle à la tradition dominicaine, Maître Eckhart (1260-1328) accorde une grande importance à l’intellect aussi bien dans la connaissance de Dieu que pour la béatitude de l’homme. Cependant, il n’est pas possible d’envisager cette notion sans souligner l’existence d’une difficulté. Dans son élan pour atteindre la vérité, l’intellect fait l’expérience d’une certaine cécité, il ne parvient jamais parfaitement à ressaisir ce qui est là, caché dans le creux de son être. Loin d’être un obstacle, cette difficulté ne définit-elle pas la nature de notre pensée? Ce nouvel ouvrage se présente comme une enquête sur les actes de l’intellect à travers l’analyse des principaux verbes employés par le maître rhénan pour décrire ce qui se passe dans l’âme et l’épreuve qu’elle traverse. L’intellect ne doit-il pas consentir à ce qui se donne à lui sous le mode de l’inappropriable? Et la pensée devient alors une quête sans fin. « Dans la nuit, quand aucune créature ne brille ni ne jette un regard dans l’âme, dans le silence où rien ne parle à l’âme, la parole est prononcée dans l’intellect » (Sermon 70). L’expérience de la nuit est cette épreuve nécessaire qui permet à l’âme intellective de laisser résonner en elle une parole toujours inexprimée.

Éric Mangin, docteur en philosophie, docteur en théologie et sciences religieuses, est maître de conférences en philosophie antique et médiévale à l’Université catholique de Lyon.

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Odile Gilon et Christian Brouwer (éd.) : La liberté au Moyen Âge


Librairie Philosophique Vrin - Novembre 2017 - Annales de l'Institut de philosophie et de sciences morales


Peut-on parler de liberté au Moyen Âge?
Le sens de cette question ne peut se comprendre qu’à partir de l’institution de la liberté dans ses contextes historico-doctrinaux. Entre nature et volonté se dessine l’horizon médiéval de la liberté, dans un dialogue entre Augustin et Aristote, drainant avec lui l’idée emblématique d’impuissance de la volonté. L’émergence du concept de volonté chez Augustin est l’élément fondamental du réseau conceptuel qui conduira à l’idée d’auto-détermination chez Duns Scot : s’y rencontrent le liberum arbitrium, voluntas et potestas, akrasia et péché. Au cours d’une journée d’études tenue à l’Université libre de Bruxelles, des spécialistes de l’Antiquité et du Moyen Âge ont croisé leurs réflexions sur cette question. On en trouvera la teneur dans le présent volume.

Ont participé à ce volume : Isabelle Bochet, Olivier Boulnois, Christian Brouwer, Lambros Couloubaritsis, Sylvain Delcomminette, Odile Gilon, Bernd Goebel, Jean-Marc Goglin et Kristel Trego

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Gottfried Wilhelm Leibniz : Dialogues sur la morale et la religion

Vrin - Novembre 2017 - Bibliothèque des Textes Philosophiques – Poche


Ces dialogues sur la morale et la religion, dont Jean Baruzi n’avait édité qu’une partie sous le titre Trois dialogues mystiques inédits de Leibniz (1905), portent sur la piété ou amour de Dieu sur toutes choses. Cet amour consiste, selon Leibniz (1646-1716), dans la connaissance de la nature et de son divin auteur, ainsi que dans une action orientée vers le bonheur du genre humain. Écrits vers 1679, les dialogues sont un éloge de la raison et une exhortation à l’employer, dans le domaine théorique comme pratique, contre toutes les formes que peut prendre l’antiphilosophie (fidéisme, indifférentisme, scepticisme). La science doit être cultivée car elle est une célébration de Dieu autant qu’une oeuvre au service de l’homme. Leibniz la conçoit comme le fruit d’un travail collectif, inlassablement poursuivi, qui suppose une étroite collaboration entre les savants, leur respect commun de certains principes et l’appui des autorités politiques. Le lien essentiel entre progrès scientifique, félicité de l’homme et gloire de Dieu est particulièrement illustré par le Mémoire pour des personnes éclairées et de bonne intention(rédigé entre 1692 et 1695), publié en appendice.

Introduction, traduction et notes par Paul Rateau, maître de conférences à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

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lundi 20 novembre 2017

Hans-Jörg Rheinberger : Systèmes expérimentaux et choses épistémiques

Classiques Garnier - Octobre 2017 - Histoire et philosophie des sciences


Édition d'Arthur Lochmann

En quelques années, ce livre s'est imposé parmi les classiques de l'histoire des sciences. L'étude repose sur une description des dispositifs matériels que les scientifiques du xxe siècle appellent « systèmes expérimentaux ». À partir de ce concept, l’ouvrage établit une épistémologie de l'expérimentation moderne.


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Simone Weil : L’agonie d’une civilisation

Fata Morgana - Novembre 2017


Il ne peut y avoir d’ordre que là où le sentiment d’une autorité légitime permet d’obéir sans s’abaisser ; c’est peut-être là ce que les hommes d’oc nommaient Parage. S’ils avaient été vainqueurs, qui sait si le destin de l’Europe n’aurait pas été bien différent ? La noblesse aurait pu alors disparaître sans entraîner l’esprit chevaleresque dans son désastre, puisqu’en pays d’oc les artisans et les marchands y avaient part. Ainsi à notre époque encore nous souffrons tous et tous les jours des conséquences de cette défaite.
Rien qu’en regardant cette terre, et quand même on n’en connaîtrait pas le passé, on y voit la marque d’une blessure.
Au cœur de cette Agonie d’une civilisation vue à travers un poème épique, Simone Weil, se penche sur ces évènements qui contribuèrent à l’écrasement de la civilisation d’oc et en donne une lecture personnelle, mêlée de mysticisme et de réflexions philosophiques inédites qui portent en elles un caractère profondément politique et social que rien ne sépare de notre présent : «La terreur est une arme à un seul tranchant. Elle a toujours bien plus de prise sur ceux qui songent à conserver leur liberté et leur bonheur que sur ceux qui songent à détruire et à écraser ; l’imagination des premiers est bien plus vulnérable, et c’est pourquoi, la guerre étant, avant tout, affaire d’imagination, il y a presque toujours quelque chose de désespéré dans les luttes que livrent des hommes libres contre des agresseurs.»
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Gabriel Gauny : Le philosophe plébéien

La fabrique - Novembre 2017


Textes présentés par Jacques Rancière

Né à Paris en 1806, mort en 1889, Louis Gabriel Gauny était menuisier et philosophe. Ses écrits constituent un précieux témoignage de la condition ouvrière et des luttes pour l’émancipation à l’avènement du capitalisme industriel. Jacques Rancière, qui a dépouillé ses archives à Saint-Denis, restitue l’expérience au jour le jour de ce philosophe plébéien : « Il nous décrit, heure par heure, sa journée de travail. Et il n’y est pas question de la belle ouvrage des nostalgiques, pas non plus de la plus-value, mais de la réalité fondamentale du travail prolétaire : le temps volé. Et nous ressentons que nos mots – exploitation, conscience, révolte… – sont toujours à côté de l’expérience de cette vie “saccagée”. Il entreprend de se libérer : pour lui et pour les autres, car nos oppositions sont là aussi dérisoires : les “chaînes de l’esclavage” doivent être rompues par des individus déjà libérés. Il prend un travail de parqueteur à la tâche, où il se libère du maître tout en restant et en se sachant exploité : et il nous montre que nous, philosophes, n’avons rien compris aux rapports de l’illusion et du savoir, de la liberté et de la nécessité. […] À l’origine du discours de l’émancipation ouvrière, il y a le désir de ne plus être ouvrier : ne plus abîmer ses mains et son âme, mais aussi ne plus avoir à demander ouvrage ou salaire, à défendre des intérêts ; ne plus compter le jour, ne plus dormir la nuit… Celui-là a la force de vivre son rêve, sa contradiction : être ouvrier sans l’être. »

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dimanche 19 novembre 2017

Emmanuel Roux & Mathias Roux : Michéa, L’inactuel. Une Critique de la civilisation libérale

Le bord de l'eau - Novembre 2017


Jean-Claude Michéa est un philosophe désormais bien installé dans le paysage intellectuel français. Manifestant une forte filiation avec George Orwell, sa pensée est dédiée à la compréhension de notre époque qu’il estime entièrement modelée par le triomphe de la « civilisation libérale ».
Depuis vingt ans, il contribue à renouveler l’analyse des évolutions de la société contemporaine en mettant à jour les soubassements culturels du capitalisme. Par la remise en question des oppositions structurelles du débat politique (gauche/droite, progrès/réaction, tradition/mouvement, peuple/élites, etc.) Michéa s’attache aussi à dérégler nos boussoles traditionnelles et invite son lecteur à reconsidérer le sens des clivages jusqu’alors admis, seul moyen, à terme, d’envisager une alternative politique au capitalisme triomphant associé au culte de la croissance. Ses différentes positions lui ont valu d’être qualifié de « nouveau réactionnaire » et d’être enrôlé malgré lui par une droite intellectuelle dans la critique de l’antiracisme et de la postérité supposée délétère de mai 68. Ce livre montre qu’il s’agit pourtant d’une instrumentalisation qui ne résiste pas à une lecture attentive de son œuvre.
Ce faisant, il répond également à la question : « Pourquoi un penseur que tout classe à gauche est-il considéré comme de droite ? »

Emmanuel Roux, agrégé et Docteur en philosophie, est l’auteur de Machiavel, la vie libre (Raisons d'agir, 2013) et George Orwell, la politique de l'écrivain (Michalon, 2015).
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, Mathias Roux est agrégé de philosophie et auteur, entre autres, de Socrate en crampons, une introduction sportive à la philosophie (Flammarion, 2010) et S’estimer soi-même avec Descartes (Eyrolles, 2016).

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Michel Angot (éd.) : Mahābhāṣya de Patañjali. PaspaśᾹ

Les Belles Lettres - Novembre 2017 - Collection : Collection Indika


Le Mahābhāṣya (Grand Commentaire) est le nom donné vers le Ve siècle de notre ère par le philosophe et linguiste Bhartṛhari au commentaire grammatical rédigé anonymement quelque sept siècles auparavant sur la Grammaire de Pāṇini. Bhartṛhari l’attribue à une figure mythique : Patañjali était un grand Serpent. Dorénavant on parlera du « Mahābhāṣya de Patañjali ». Pendant quelque vingt siècles, le Mahābhāṣya sert de modèle au genre commentarial, lequel est le principal genre littéraire par lequel les brahmanes exposent philosophie, pensée, en général tous leurs savoirs.

La Paspāśā (Examen) constitue l’introduction du Mahābhāṣya. C’est la seule partie non technique de l’ouvrage, la seule qui puisse encore être lue aujourd’hui sans la connaissance technique de la grammaire de Pāṇini. « Patañjali » y expose sa conception du sanskrit, la langue de l’Ordre cosmique, dans un heureux mélange de linguistique, de philosophie, de logique et de mythologie. Le présent ouvrage est donc un des classiques de la langue et de la pensée des brahmanes, le socle de toute leur réflexion.

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Alexandre Viala : Le pessimisme est un humanisme. Schopenhauer et la raison juridique

Mare et Martin - Octobre 2017


Demeuré longtemps dans l’ombre de Hegel dont il est le contemporain, Arthur Schopenhauer ne bénéficiera que d’une gloire posthume et influencera, à la fin du XIXème siècle, des penseurs importants à l’instar de Nietzsche ou Freud. Son apport majeur, qui est loin d’être dérisoire, est d’avoir renversé la perspective à partir de laquelle la philosophie occidentale pensait jusqu’à présent l’individu. Considéré comme un être libre et doué de raison, voici que l’homme est regardé, avec Schopenhauer, comme l’otage de la Volonté, concept derrière lequel le philosophe allemand range notamment les passions et les émotions. En définissant la souffrance comme constitutive de l’essence de la vie et en affirmant la thèse révolutionnaire de l’assujettissement des fonctions intellectuelles aux fonctions affectives, Schopenhauer nous livre une vision irrationaliste du monde dont cet ouvrage tire parti pour revisiter la pensée juridique moderne. Le présent essai propose de voir dans le désenchantement éthique et moral qui caractérise le libéralisme politique et le positivisme juridique l’ombre portée du pessimisme schopenhauérien.

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samedi 18 novembre 2017

Thierry Simonelli : Lacan. La Théorie

Cerf - Novembre 2017 - Passages


Lacan a révolutionné la théorie et la pratique psychanalytiques par une approche dont le caractère expérimental n'a cessé de se heurter aux rigidifications de la pensée freudienne. Mais l'on sait aussi que Lacan lui-même n'a pas échappé, malgré ses mises en garde permanentes, à une telle momification de sa théorie. Aussi convient-il de soumettre cette pensée à une relecture systématique et critique qui permette d'en comprendre les articulations, d'en dégager les conséquences et d'en récuser, le cas échéant, les présupposés. Tout au long d'une relecture chronologique de la pensée de Lacan, l'auteur tente de circonscrire dans les textes mêmes le processus de dogmatisation de la théorie du signifiant, trop aisément attribuée à de mauvais disciples. Il montre comment la réflexion sur la pratique, qui caractérise la théorie psychanalytique, se métamorphose d'abord en une anthropologie apriorique pour finir comme conception du monde, doublée de positions éthiques et politiques problématiques. Critique du discours du maître, critique du discours de l'université, de la bureaucratie, de la philosophie, le discours de Lacan est lui-même un formidable instrument de pouvoir. Dans les coulisses de la non-maîtrise, du trou, de la castration et de la finitude, l'" au-moins-un " orchestre une maîtrise subtile et d'autant plus absolue que son lieu reste insaisissable.

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Maxime Chastaing : La compréhension d'autrui

Cerf - Novembre 2017


Maxime Chastaing s’étonne de l’embarras manifesté par les philosophes pour s’assurer de l’existence des autres : ne va-t-il pas de soi que nous coexistons depuis toujours avec nos semblables et que nous ne doutons pas de leur présence tant que nous ne spéculons pas ? Il s’agit dès lors de dénoncer avec énergie le faux problème philosophique de la connaissance d’autrui, tout en s’employant à rendre compte, grâce à la psychologie, des conditions de notre communauté d’existence.
Cette perspective proprement psycho-philosophique est déployée dès 1934, dans un travail inédit à ce jour, La compréhension d’autrui. Essai de psychologie descriptive.
Proche à cette époque de Gabriel Marcel et d’Emmanuel Mounier, après avoir été l’élève de Jean-Paul Sartre au lycée du Havre, Chastaing est un des premiers en France à discuter les thèses de la phénoménologie allemande, d’Edmund Husserl à Max Scheler. Il anticipe ce faisant sur la phénoménologie d’autrui que Sartre développera, non sans résoudre par avance des difficultés que ce dernier mettra du temps à apercevoir.


Maxime Chastaing (1913-1997) est une figure méconnue de la pensée française. Professeur de psychologie à l’université de Dijon à partir des années 1950, inspiré par Wittgenstein et la philosophie du langage ordinaire, lui-même inspirateur de la sociologie de Pierre Bourdieu, il est l’auteur d’une psycholinguistique, d’une doctrine des interactions sociales et d’une théorie de la littérature originales.


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Jean-Marc Rouvière : Au lieu d'être. Vers une métaphysique de l'ici

L'Harmattan - Novembre 2017


Chez les philosophes, le concept de temps prime assez largement sur celui d'espace. "Au lieu d'être" met en avant que l'espace a une influence décisive sur l'être même des choses. Nous distinguons alors « chose » et « objet ». Le second est fait des propriétés géométriques, physiques. . . contenues par la première. Mais en tant que présente au monde, toute « chose » est plus que l'« objet » qu'elle porte. Le verre (outil-pour-boire) en se déplaçant du placard vers la nappe bien qu'étant inchangé « objectivement » devient une autre « chose » (article-d'art-de-la-table). L'être de la « chose » est déterminé par son « ici », qui est tangence entre elle et un support (lui-même une « chose »). "Au lieu d'être" pose un (nouveau) principe métaphysique : « Autant d'ici autant de chose. »

Entretien avec l'auteur sur le site L'oeil de minerve

Jean-Marc Rouvière est l'auteur d'essais philosophiques ou théologiques dont récemment « L'Homme surpris, vers une phénoménologie de la morale » et « Adam ou l'innocence en personne, méditations sur l'homme sans péché ». Thibaud Zuppinger est docteur en philosophie, associé au centre de recherche CURAPP-ESS (CNRS) de l'université de Picardie Jules Verne. Il est fondateur et directeur de la revue électronique Implications Philosophiques. Il a publié en 2016 aux éditions Kimé « Agir en contexte, enquête sur les pratiques ordinaires de l'éthique ».

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vendredi 17 novembre 2017

Paul Valéry : Sur Nietzsche. Lettres et notes

La Coopérative - Novembre 2017


Comme tous les intellectuels de sa génération, Paul Valéry a découvert Nietzsche aux alentours de 1900, grâce aux traductions qui commençaient de paraître au Mercure de France. Pour répondre à la demande de plusieurs revues attendant de lui des articles sur les parutions récentes, Valéry lit à cette époque, crayon en main, les œuvres du philosophe allemand. Au cours de l’hiver 1908-1909, il prend une longue série de notes.
Ces notes inédites, qui ne se trouvent pas dans les célèbres Cahiers, forment le principal élément du dossier rassemblé par Michel Jarrety. Pour les compléter et les éclairer (Valéry ayant finalement renoncé à écrire les articles promis), cet ensemble est précédé d’une série de lettres (à André Gide, à Guy de Pourtalès, et à Henri Albert, premier traducteur de Nietzsche).
Confronté à une pensée forte qui, sur plusieurs points, rejoignait pourtant la sienne, Valéry exprime dans ces pages ses réticences, exerce sa faculté critique avec son acuité habituelle, et nous donne ici plus que jamais l’exemple de ce « lecteur exigeant » qu’il appelait de ses vœux pour sa propre œuvre.

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