mercredi 31 août 2022

Catherine Guesde (dir.) : Penser avec le punk

 PUF - Septembre 2022


Dès ses débuts, le punk feint la bêtise et revendique un certain « analphabétisme culturel ». Pourtant, comme genre musical et comme subculture, le punk a déployé un ensemble de valeurs politiques, sociales et de positions théoriques permettant de s'orienter dans l'existence, au point de faire naître des ouvrages de « philosophie du punk ». S'il est possible de détailler, dans toutes ses nuances, les éléments de cette philosophie en retrouvant leurs racines théoriques souvent souterraines - du transcendantalisme au situationnisme -, cet ouvrage adopte une autre démarche : étendre le champ d'action du punk dans le domaine de la pensée. Sans chercher à convertir une subculture en système philosophique, cet ouvrage cherche à montrer ce que le punk éclaire comme corpus théorique, afin d'ouvrir la possibilité de relire l'histoire de la philosophie à la lumière du punk.

Catherine Guesde est docteure en philosophie, musicienne et critique musicale. Ses recherches portent sur des formes marginales de musiques populaires, en particulier le metal extrême et la noise. Elle a notamment coécrit, avec Pauline Nadrigy, À l'écoute de la noise (Musica Falsa, 2018). Ont contribué à cet ouvrage Louise Barrière, Nicolas Delon, Catherine Guesde, Jeanne Guien et Fabien Hein.

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Carole Pateman : Le contrat sexuel

 La découverte - Septembre 2022


Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'" individus " émancipés ?
Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage désormais classique, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le " contrat sexuel ", qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes. Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'autrice en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats touchant à la propriété de la per-sonne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel.

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mardi 30 août 2022

Cécile Cerf (dir.) : Réussir l'option Humanités Littérature Philosophie en Première

 Atlande - Août 2022


Les nouvelles spécialités du lycée ont des programmes ambitieux inspirés de questionnements de type universitaire.

Le présent volume incarne l’esprit de la réforme. Il propose la construction méthodique d’un savoir tout en adoptant les codes graphiques les plus contemporains et en variant angles et points de vue pour mieux susciter la curiosité d’une génération moins habituée à une lecture soutenue.

De nombreux encadrés, définitions, frises chronologiques, extraits d’œuvres illustrent et agrémentent le propos.

Avec la participation de : E. Huisman-Perrin, L. Gauthier, J.-B. Nanta, C. Verdié, P.-L. Salles, K. Andréys-Kéroui, A. Caillé, V. Blin, D Luttway, A. Jougla,

Thème 1 - LES POUVOIRS DE LA PAROLE

Axe 1. L'ART DE LA PAROLE

Approche philosophique

Jalon 1. L'art de la parole : ses conditions

Jalon 2. Rhétorique et philosophie

Jalon 3. La parole comme art

Approche littéraire

Jalon 1. Les enjeux de la rhétorique

Jalon 2. Approche historique : du "tout est rhétorique" au "rien n'est rhétorique"

Jalon 3. Les techniques de la rhétorique

Outils

Axe 2. L'AUTORITÉ DE LA PAROLE

Approche philosophique

Jalon 1. Le sens des mythes : l'autorité d'une parole sans écriture

Jalon 2. La laïcisation de la parole : vers une autorité du λόγος

Jalon 3. Entre persuasion et raison : la parole politique

Approche littéraire

Jalon 1. Parler pour "augmenter la confiance", garantir

Jalon 2. Parler pour l'exercice de la raison

Jalon 3. "Quand dire c'est faire" : parler pour (faire) passer à l'action

Outils

Axe 3. LES SÉDUCTIONS DE LA PAROLE

Approche philosophique

Jalon 1. Séduire par la parole : pour quoi faire ?

Jalon 2. Comment la parole séduit-elle ?

Jalon 3. La parole séductrice en elle-même

Jalon 4. Plaire ou instruire

Jalon 5. Les séductions de la parole philosophique

Approche littéraire

Jalon 1. Persuader (suadere)

Jalon 2. Plaire (delectare)

Jalon 3. Émouvoir (movere)

Outils

Thème 2 - LES REPRÉSENTATIONS DU MONDE

Axe 4. DÉCOUVERTE DU MONDE ET PLURALITÉ DES CULTURES

Approche philosophique

Jalon 1. Mise en contexte historique

Jalon 2. Enjeux de la compréhension de la Chine

Jalon 3.La mise à l'épreuve et le renforcement de l'idéal d'une rationalité universelle : la figure de Leibniz

Approche littéraire

Jalon 1.Retour vers le futur : le continent antique émerge de l'oubli

Jalon 2. L'exploration de territoires nouveaux

Jalon 3. Un présent troublé qui peine à donner raison à la pensée humaniste

Outils

Axe 5. DÉCRIRE, FIGURER, IMAGINER

Approche philosophique

Jalon 1. Décrire, définir et nommer : une représentation purement conceptuelle et adéquate du monde ?

Jalon 2. La figuration se réduit-elle à une représentation visuelle du réel ou peut-elle créer un nouvel espace de pensée ?

Jalon 3. Imaginer le monde afin d'y habiter et d'y agir : l'homme à la conquête de sa liberté

Approche littéraire

Jalon 1. L'essor de l'imprimé : un moyen de diffusion qui révolutionne le rapport au savoir

Jalon 2. Tout est question de perspective

Jalon 3. Tenter de dresser l'inventaire du monde

Jalon 4. Utopies

Outils

Axe 6. L'HOMME ET L'ANIMAL

Approche philosophique

Jalon 1. L'animal, cet autre qui nous définit

Jalon 2. Âme, sensibilité, intelligence : l'évolution d'une considération

Jalon 3. Quels devoirs et quelle responsabilité envers les animaux ?

Approche littéraire

Jalon 1. Décrire l'animal et s'émerveiller

Jalon 2. Utiliser l'animal pour juger l'homme

Jalon 3. Homme/animal : une frontière poreuse, des statuts en mouvement

Outils


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Olivier Dhilly : La philosophie selon Squid Game

 Opportun - Août 2022


Squid Game est un phénomène qui a de quoi nous interroger : un univers acidulé et ultra-violent, une "démocratie" qui conduit à la servitude volontaire, à la cruauté et à la mort. Au fil des épisodes et des épreuves vécues par les personnages, nous sommes confrontés à une foule de questions :

Quelle valeur donner à l'existence humaine ? Quel est son prix ? La démocratie peut-elle conduire à la servitude ? Peut-on définir la démocratie par le vote ? Qu'est-ce qu'une société juste ? Être libre, est-ce choisir ? À quel point mérite-t-on ce qui nous arrive ? Le travail est-il ce qui libère ou ce qui aliène ? L'argent est-il un grand corrupteur ? Jusqu'à quel point sommes-nous prêts ou conduits à sacrifier notre vie et celle des autres ? Vivons-nous donc vraiment dans l'univers de Squid Game ?

Bien plus qu'un simple divertissement, Squid Game est une formidable boîte à questions philosophiques ! Avec l'aide précieuse de Rousseau, Kant, Montaigne, Nietzsche, Hobbes, Arendt, Rawls, Platon.. Olivier Dhilly, professeur agrégé de philosophie, tente de répondre à toutes ces questions philosophiques (et à bien d'autres) posées par la série à succès.

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Clélia Zernik et Justin Jaricot (dir.) : Abécédaire de la beauté

 B42 - Août 2022


Qu’est-il advenu de la beauté ? Du charme dissimulé dans le quotidien au régime esthétique atypique de l’imagerie scientifique, de sa capacité inouïe à penser le vivant jusqu’à ses innombrables applications littéraires, philosophiques, techniques, historiques et artistiques, la beauté se révèle être un terrain intellectuel particulièrement fécond.

Cet abécédaire croise les axes de réflexion autour d’une notion aussi galvaudée qu’insaisissable, mais qui, selon les quarante-trois contributions réunies ici, demeure au centre de nos préoccupations les plus actuelles et les plus vives. Mêlant à la fois une réflexion sur les termes attendus (Grèce, Style, Sublime, Vénus) et d’autres beaucoup plus insolites (Déchets, Robot, Chaos, Pieuvre), la beauté est présente comme un cadre structurant nos pensées mais également comme une lézarde, diffuse et souterraine, dans les interstices de toutes nos modalités d’existence.

Avec les contributions de :

Justine Balibar, Florence Bancaud, Laure Barillas, Samuel Bianchini, José Bico, Philippe Bonnin, Rémi Carminati, Laura Cappelle, Adeline Chevrier-Bosseau, Olivier Chiquet, Claudine Cohen, Camille Couvry, Gisèle Dambuyant, Anne-Lise Darras-Worms, Antoine de Baecque, Elie During, Olivier Gaudin, Catherine Guesde, Armand Hatchuel, Thierry Hoquet, Milena Ivanova, Justin Jaricot, François Jouen, Déborah Laks, Baptiste Lanaspeze, Pascal Le Masson, Michael Lucken, Carole Maigné, Guitemie Maldonado, Elsa Marguin-Hamon, Guilhem Marion, François-René Martin, Rémi Mermet, Dominique Peysson, Jocelyne Porcher, Emmanuelle Pouydebat, Julien Renoult, Étienne Reyssat, Patricia Ribault, Benoît Roman, Claudine Sagaert, Frédéric Worms, Clélia Zernik.

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Henri de Monvallier : L'avenir d'une désillusion. Faut-il encore enseigner la philosophie au lycée ?

 Le Passeur - Septembre 2022


Lors du premier cours de philosophie au début du mois de septembre, dans la torpeur finissante de l’été, le professeur explique généralement à ses élèves de terminale avec des roulements de tambour qu’en cours de philosophie on va enfin vraiment « réfléchir » et qu’on peut poser toutes les questions qu’on veut : rien n’est jamais acquis, rien ne doit être tenu pour évident, tout peut être remis en doute, tout doit être interrogé, questionné, « problématisé ». Mais si les professeurs de philosophie, qui se prennent bien souvent pour des philosophes, veulent bien tout interroger et tout remettre en question, ils deviennent très sourcilleux et pour le moins susceptibles quand on commence à « problématiser » leur discipline, c’est-à-dire à la considérer non comme une évidence mais comme un problème, à analyser la représentation qu’ils se font de son importance réelle ou supposée.

Après une dizaine d’années d’enseignement en lycée, d’expérience sur le terrain et autant de réflexion sur le cours de philosophie, Henri de Monvallier pose la question de la nécessité du cours de philosophie : faut-il encore enseigner la philosophie au lycée ? Quels sont ses effets réels sur les élèves ? Sert-elle vraiment encore à quelque chose ?

Né en 1980, Henri de Monvallier est agrégé de philosophie et docteur en philosophie. Auteur d'une dizaine d'ouvrages et de nombreux articles, il anime une université populaire à Issy-les-Moulineaux depuis 2018. Membre du comité scientifique de la Revue internationale de la philosophie, il a déjà publié, au Passeur, Les Imposteurs de la philo (2019) et Le portefeuille des philosophes (2021).

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dimanche 28 août 2022

Romantisme 2022/3 (n° 197) : Les nouveaux usages du ciel

 Armand Colin- Août 2022


Page 5 à 10 : Alain Montandon - Les (nouveaux) usages du ciel au XIXe siècle | Page 11 à 23 : Anouchka Vasak - 1783, la fin du ciel ancien | Page 24 à 36 : Céline Millet - Le ciel, une célébration de l’homme et de la femme. Le parachute d’André Jacques Garnerin (1797) | Page 37 à 50 : Hélène Kuchmann - Le « formidable infini noir » : fonction de la science et imaginaire cosmique dans l’œuvre hugolienne de l’exil | Page 51 à 68 : Pierre Causse - Une joyeuse dérive : passages de ballons dans le ciel du théâtre | Page 69 à 82 : Elsa Courant - L’« observatoire volant » de Camille Flammarion : enjeux médiatiques d’une science récréative | Page 83 à 93 : Françoise Sylvos - Aventures sélénites dans trois récits pour la jeunesse (1830-1860) | Page 94 à 106 : Patrick Luiz Sullivan De Oliveira - « Ce gentlemen [sic] rider du turf atmosphérique » : l’aérostation, la masculinité aristocratique et l’imaginaire colonial au tournant du XXe siècle | Page 107 à 124 : Luc Robène - Filles de l’air, filles de rien. Le fabuleux roman oublié des femmes aéronautes au XIXe siècle | Page 125 à 130 : Alain Montandon - Petite bibliographie sélective | Page 131 à 143 : Marie Parmentier - L’intérêt : les tribulations d’une catégorie esthétique au seuil du XIXe siècle | Page 144 à 156 : Moez Lahmedi - Topographie mystique et expériences chronotopiques dans La Peau de chagrin de Balzac | Page 157 à 166 : Gaëlle Guyot-Rouge - Charognes et cadavres exquis : Huysmans lecteur d’Armand Gautier | Page 173 à 190 : Comptes rendus.

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Fabien Millet : Sciences et métaphysique dans la pensée de Claude Tresmontant

 L'Harmattan - Août 2022


Claude Tresmontant (1925-1997) était professeur de philosophie médiévale et d'histoire des sciences à la Sorbonne. Cet ouvrage présente ses thèses en insistant sur l'articulation entre les sciences et la question de l'existence de Dieu. La rationalité de la théologie chrétienne est soutenue. Ses travaux aboutissent à démontrer l'existence de Dieu et soulèvent l'alternative suivante : admettre l'existence du Créateur ou la refuser tout en continuant d'être les héritiers du matérialisme qui fit florès jusqu'aux réductionnistes contemporains. La finalité de l'évolution n'étant autre que l'union de la nature humaine créée à la nature divine incréée, union dont le Christ incarne le Premier-Né. Les sciences donneraient alors accès à la Création en cours d'évolution, tandis que la Bible contiendrait le secret de l'information essentielle sur son avenir. « Emounah » en hébreu, « certitude de la vérité », la foi reviendrait ainsi à un acte rationnel, et non à une croyance purement affective.

Fabien Millet est professeur de philosophie en lycée. Il est également théologien et psychanalyste. Il poursuit ses recherches au Laboratoire de Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies des Archives Henri Poincaré à l'Université de Lorraine.

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Nikol-Nicole Abécassis : Haine de la raison et obsessions antisémites. La philosophie pervertie

 L'Harmattan - Août 2022


La haine de la pensée ou de la raison habite l'homme. Elle est une haine de soi comme sujet. C'est que la pensée demande à chacun d'avoir le courage de bousculer son narcissisme, c'est-à-dire de renoncer à la vaine espérance de la complétude. Aujourd'hui, cette haine de soi trouve son acmé dans des thèses qui mettent en péril nos démocraties, notamment qui tentent de nous convaincre que la valeur de l'universel se trouve au fondement de toutes les dérives et de tous les crimes associés à l'Occident. Alors que la philosophie, en tant qu'elle repose sur la pensée, a pu faire l'objet de dénigrements de la part de la conscience narcissique, étonnamment, aujourd'hui, c'est la philosophie elle-même qui cultive, sur son propre terrain, le rejet haineux du « sujet ». Un tel retournement est révélateur de l'ampleur de ce qu'il convient d'appeler un état de « catastrophe » de notre civilisation. Comment comprendre un tel phénomène ? Un lien très fort, quoique souterrain, existe entre la haine de la pensée et l'antisémitisme, point que révèle précisément l'entrée fracassante de ce dernier au coeur même de la philosophie. C'est ainsi que si l'analyse de la haine de la pensée conduit à une plus grande compréhension du phénomène persistant de l'antisémitisme, inversement, l'analyse de l'antisémitisme aide à mieux saisir le sens de la haine de la raison.

Nikol-Nicole Abécassis est professeure agrégée de philosophie et docteure en philosophie.

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vendredi 26 août 2022

Henri Estienne : Introduction à la lecture de Sénèque (1586)

 Classiques Garnier - Août 2022


Paru en 1586, l'Ad Senecae lectionem Proodopoeiae s'inscrit dans un processus de découverte de Sénèque, entamé dès le début du siècle. Si de grands érudits se sont déjà exprimés sur son stoïcisme ou sur son style, Henri Estienne peut se prévaloir de tenir un discours nouveau. Il ne dissocie pas les approches rhétorique, érudite et philosophique et affine la connaissance du stoïcisme par des rapprochements avec Épictète et d'autres philosophes. Enfin, il réhabilite le style de Sénèque et étudie chez lui le phénomène de création littéraire. Il offre ainsi au public européen de son temps la possibilité de réfléchir sur le contenu et l'esthétique de la philosophie morale. Par sa manière de faire partager « un gai savoir », il perpétue aussi l'esprit de la Renaissance.

Traduction et édition critique : Denise Carabin, spécialiste de l'histoire des idées et de la littérature morale des XVIe et XVIIe siècles, a notamment consacré ses travaux à la réception et l'influence du stoïcisme à la Renaissance. Nous lui devons, entre autres, Henri Estienne, érudit, novateur, polémiste (Paris, 2006) et Les idées stoïciennes dans la littérature morale des XVIe et XVIIe siècles (1575-1642) (Paris, 2004).

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Pierandrea Amato et Luca Salza (dir.) : La destitution de la nature. Sur Lucrèce

 Mimesis - Août 2022


Lire Lucrèce est une expérience vertigineuse : nous assistons à la guerre entre atomes qui voltigent dans l’espace infini, nous voyons se former des tourbillons et des ouragans, et ensuite des mondes, et puis les ruines de cette « nature » lorsque de nouveaux heurts se produisent. Mais aussi, nous découvrons que notre pensée, à la recherche d’un fondement (l’atome ?), ne trouve aucune assise, aucun fond. Dans l’infini, dans l’espace infini, seul un principe de vacuité (donc un non-principe, un nonfondement, un sans fond) fonde anarchiquement la réalité. La « nature » n’existe pas. Il n’y a que des « choses ». Cette philosophie du vide signifie que le vide est primordial, et qu’il faut faire le vide, c’est-à-dire : partir de rien. Lucrèce nous invite à destituer toutes les questions classiques de la philosophie. Or, comme l’enjeu ontologique est pour lui surtout éthico-politique, sa poésie laisse émerger aussi la question de la destitution du pouvoir, de tout pouvoir.

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Perig Pitrou : Les anthropologues et la vie

 Mimesis - Août 2022


La prise de conscience des effets désastreux des activités humaines sur les équilibres écologiques renouvelle le regard sur les liens d’interdépendance, aussi complexes que fragiles, qui s’établissent entre les organismes et les écosystèmes. La vie et le vivant émergent comme des thématiques centrales dans les sciences de la nature, la philosophie et le monde de l’art. Il est intéressant d’écouter ce que les anthropologues ont à dire à ce sujet, afin de mieux connaître comment les sociétés interagissent avec les êtres vivants, humains et non humains, et conçoivent la vie. Science & Technology Studies, anthropologie de la biopolitique, anthropologie de l’ordinaire et des formes de vie, anthropologie de la nature et de l’écologie : depuis quelques décennies, les approches se sont multipliées pour aborder ces questions. Comment articuler ces options méthodologiques les unes avec les autres ? Comment la vie peut-elle être un objet pour l’anthropologie ? À partir d’une lecture d’auteurs et d’autrices ayant mené des enquêtes ethnographiques dans des sociétés non occidentales, cet ouvrage propose une première exploration du domaine, en plein effervescence, de l’anthropologie de la vie.

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jeudi 25 août 2022

Michel Boyancé et Bernard Guéry (dir.) : Le conservatisme. Nature, enjeux limites

Les Presses universitaires de l'IPC - Août 2022


Le maniement des mots en « -isme » requiert toujours une vigilance intellectuelle : le conservatisme ne fait pas exception. Le conservateur est-il réactionnaire? Est-il un peu ou très libéral?
Cet ouvrage s’emploie à traiter les principales difficultés qui entourent la compréhension du conservatisme. Sur quels critères décider ce qu’il faut conserver et ce qu’il faut laisser progresser? Peut-on critiquer la modernité alors qu’on entérine les présupposés anthropologiques propres à la modernité, en rupture avec les anciens? S’il s’oppose au progressisme, le conservatisme ne fait-il pas qu’accentuer la binarité de pôles contraires? Le conservatisme doit-il seulement ralentir le progrès, ou bien l’arrêter, voire l’inverser?
Autant de questions que les contributeurs de ce livre abordent chacun de leur point de vue disciplinaire. La philosophie, le droit, l’histoire, les sciences politiques ne sont pas de trop pour cerner ce courant de pense´e multiforme et permettre des outils de discernement.

Préface de Pierre Manent

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Kazimir Malévitch : La Paresse comme vérité effective de l’homme

 Allia - Août 2022

“Le travail doit être maudit, comme l’enseignent les légendes sur le paradis, tandis que la paresse doit être le but essentiel de l’homme. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. C’est cette inversion que je voudrais tirer au clair.”
Dans ce texte inattendu écrit en 1921 et inédit en français, le peintre suprématiste Kazimir Malévitch se livre à une réhabilitation de la paresse et de l’oisiveté “mère de la vie”. Il rappelle que toute civilisation doit tendre à affranchir l’homme du travail, afin de permettre son plein épanouissement.

Traduit du russe par Régis Gayraud.

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André Burguière : Les affinités sélectives. Un parcours historiographique

Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales - Août 2022


Ce livre nous invite à une promenade intellectuelle en compagnie de l’historien André Burguière, qui nous fait croiser Jean-Paul Sartre, Ernest Labrousse ou Norbert Elias, s’interroger sur le rapport passé à la natalité, revivre la première tentative d’interdisciplinarité en actes, ou comparer l’évolution des mentalités à travers les siècles.

Ces essais ressemblent à leur auteur, spécialiste de l’histoire de la famille et de la population à l’époque moderne, promoteur de l’anthropologie historique, acteur majeur de la revue des Annales, témoin de l’histoire intellectuelle durant l’âge d’or des sciences sociales, humanistes avant toute chose, qui n’a cessé de faire preuve d’une curiosité de passionné.

Au fil des chapitres, cette grande figure de l’historiographie française nous conte l’histoire en train de se faire et la naissance d’un dialogue inédit entre les disciplines et ses effets au cours du siècle dernier.

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Eirick Prairat : L'école des lumières brille toujours

 ESF - Août 2022


L’École de la République est fille des Lumières. Ouverte à toutes et tous, elle prend forme à la fin du XVIIIe siècle. Gratuite, laïque et soucieuse de l’égalité des chances, elle se veut un lieu préservé car vouée à éclairer et à émanciper les hommes.

Aujourd’hui, cette école – notre école – est confrontée à cinq grands défis, structurels ou inédits. Les premiers, sans cesse recommencés, sont inscrits au cœur même du projet républicain. Comment rendre l’école plus hospitalière, plus efficace, plus juste ? Défis d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

De nouveaux défis, plus inquiétants – l’avènement de la post-vérité et l’urgence du vivant – sont apparus ces deux dernières décennies. La post-vérité est un mal sournois qui se plait à mimer l’art de raisonner. Elle subvertit nos compétences cognitives et menace l’École dans sa tâche de transmission des savoirs et des connaissances. L’urgence du vivant nous invite à redéfinir notre rapport à l’altérité ; il ne s’agit plus seulement d’apprendre à penser mais, plus fondamentalement, de changer notre rapport au monde.

Ces deux derniers défis signifient sans doute que s’ouvre un nouveau moment dans l’histoire de l’École des Lumières.

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mardi 23 août 2022

Sabine Rommevaux-Tani (éd.) : De sex inconvenientibus. Traité anonyme de philosophie naturelle du XIVe siècle

Vrin - Septembre 2022 - Textes philosophiques du Moyen Âge


Le début du XIVe siècle a vu fleurir, dans les universités d’Oxford, les réflexions nouvelles en philosophie naturelle, notamment à l’occasion de questions ponctuelles posées par la lecture des traités d’Aristote, comme la composition du continu, la détermination de la rapidité des mouvements, la quantification des qualités, la réaction, le mouvement dans le vide. L’auteur anonyme du traité De sex inconvenientibus s’inscrit dans cette tradition, qui restera vivante jusqu’à l’émergence de la science classique. Il reprend certains des thèmes des maîtres d’Oxford : détermination des causes et des effets des différents types de mouvement, démonstration du théorème du degré moyen, mesure de l’intensification et de la rémission des qualités, possibilité de la réaction, discussions autour de l’instant premier du changement. Il s’intéresse aussi au magnétisme, à l’influence des astres sur le monde sublunaire, aux couleurs ou à la lumière.

Sabine Rommevaux-Tani est Directrice de recherche au CNRS, membre du laboratoire SPHERE. Elle est historienne des sciences et de la philosophie.

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Jean-François Deluchey et Nathalie Champroux (dir.) : La valeur néolibérale de l'humain. Capitalisme et biopolitique à l'ère pandémique

 Kimé - Juin 2022


Que valent nos vies pour un gouvernement néolibéral ? Comme nous l’a enseigné Michel Foucault, le néolibéralisme est un « art de gouverner ». Fondé sur le « régime de vérité » du marché, cette gouvernementalité nous incite à normaliser et moraliser nos vies et nos actions pour les consacrer à l’accumulation d’un capital (économique, social, culturel, symbolique). Le néolibéralisme nous a imposé une « raison du monde » biopolitique qui, par les logiques d’un utilitarisme radical fondées sur la compétition, la responsabilité individuelle, les inégalités économiques et l’empire universel de la valeur, n’hésite pas à mettre en balance des vies humaines et des opportunités de profit. Dans l’ordre néolibéral, la question de la valeur de la vie humaine se posait déjà avant la pandémie du Covid-19 ; elle se pose aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité. Plus récemment, les gouvernements néolibéraux ont volontiers recouru à des programmes politiques néo-conservateurs autoritaires qui promeuvent une politique de destruction des Communs assortie d’une politique de mort (nécropolitique) eu égard aux populations ou groupes sociaux jugés inutiles ou excédentaires dans le projet néolibéral, normalisateur et moral. C’est pourquoi nous assistons aujourd’hui, dans le champ politique, à des affrontements qui opposent radicalement les identités, les nations, les religions, et les modes de vie. Ces affrontements mettent en scène une véritable « guerre civile mondiale », dont la violence est ressentie partout et par tous, et dans le cadre de laquelle les groupes hégémoniques proposent que soient neutralisées ou éliminées les vies de ceux et celles qui constituent des obstacles pour la mise en œuvre de leur projet politique. L’objectif de ce livre est donc de mettre en perspective des réflexions interdisciplinaires critiques sur le problème de la valeur de l’être humain dans un ordre capitaliste néolibéral et bio-nécro-politique.

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Chiasmi International n°23 : Phénoménologie critique après Merleau-Ponty

Vrin / Mimesis / Penn State University - Juin 2022


Pour commémorer le 60e anniversaire de la mort de Merleau-Ponty, le vingt-troisième numéro de Chiasmi International offre un double regard, en arrière d’abord, vers un Merleau-Ponty commémoré par ses amis et collègues juste après sa mort, puis tourné vers l’avenir, à travers le prisme des discours émergents sur la phénoménologie critique.
Si les nécrologies comme genres littéraires tendent toujours à l’idéalisation, la section « Rariora » révèle néanmoins l’apport décisif qu’elles constituent dans la réception d’une œuvre.
La section spéciale « la phénoménologie critique après Merleau-Ponty » inaugure une série en deux parties qui se poursuivra dans le prochain numéro. Ce travail d’ampleur tend à mettre en valeur la recherche contemporaine inspirée de Merleau-Ponty; la phénoménologie critique a grandement contribué à mettre des concepts et des méthodes de la phénoménologie au service des complexes situations éthiques et politiques contemporaines.
La section « Varia » inclut des essais sur l’être et le langage dans la pensée tardive de Merleau-Ponty, sur les implications éthiques de la honte et sur la prise en compte de la connaissance dans son cours sur Les sciences de l’homme et la phénoménologie.

Ont contribué à ce numéro : P. Amoroso, L. Andén, G. Andreini, D. M. Bertet, M. Blain, G. Caignard, C. Cormick, G. Crivella, A. Dru, S. Fayad, M. Ferrari, M. Goy, M. Iofrida, C. La

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Sophie Grapotte, Dimitri Lang, Mai Lequan (dir.) : Kant et les Grecs. Hier et aujourd’hui

 Vrin - Juin 2022


Le présent volume « Kant et les Grecs – hier et aujourd’hui » réunit un ensemble de travaux développés à l’occasion du XIVe congrès de la Société internationale d’Études Kantiennes de Langue Française (SiEKLF) qui s’est tenu à Athènes en octobre 2019. Consacré au dialogue que Kant a noué avec les philosophes grecs, il présente des études qui, sans viser à une impossible exhaustivité, embrassent la plupart des domaines de la pensée : philosophie de la nature, théorie de la connaissance, métaphysique, éthique et politique, enfin, anthropologie. Les principales figures de la pensée grecque aussi bien que les grandes doctrines philosophiques de l’Antiquité y sont convoquées : Socrate, Platon, Aristote, l’épicurisme et le stoïcisme. Deux axes de lecture ont guidé la recherche des contributeurs : il s’agissait, d’une part, d’examiner comment Kant a lu et compris les philosophes grecs, de mesurer aussi l’influence de ces derniers sur la genèse de sa pensée; d’autre part, d’étudier selon une perspective systématique la position du philosophe allemand sur des problématiques léguées par la philosophie antique, comme la question de la métaphysique, du mal, du souverain bien, des sources de la connaissance.

Ont collaboré à ce volume : C. Androulidakis, A. Brisson, L.-Ét. De Boyer, P. J. Brunel, M. Castillo, B. Geonget, V. Gerhardt, M. Haumesser, D. Lang, L. Langlois, É. Lefort, M. Lequan, G. Lorini,

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dimanche 21 août 2022

Jean-Louis Comolli : Jouer le jeu ?

 Verdier - Juin 2022


Un passage par l’hôpital, les soins qu’on y reçoit, l’attention à l’autre qui s’y fait voir à chaque instant, le voisinage de la mort, tout cela fait que se rebattent les cartes de nos soucis, que l’on revoit sa vie en perspective, avec notamment ce que le cinéma y a laissé de traces, de réflexions et de luttes.

Alors revient, inlassable, la question de savoir si, dans les circonstances plus ou moins ordinaires de cette vie, l’on aura eu raison de « jouer le jeu ». De faire, comme nous y invitent les pouvoirs, ce qu’ils veulent de nous. De suivre, pour ne pas être en reste, les mouvements des majorités, fussent-ils contradictoires. De s’aligner sur les moyennes. Questions au travail, quand bien même nous les oublions et les refoulons.

Le marché, que des choix politiques imposent toujours plus dans nos existences, ne fait que prendre nos vies pour les détruire. À chacune, à chacun de tirer son épingle du jeu.

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Vincent Berthelier : Le Style réactionnaire, de Maurras à Houellebecq

 Amsterdam - Août 2022


En matière de littérature et de style, dit-on, les conservateurs révolutionnent et les révolutionnaires conservent. Les amis du peuple parlent le français de Richelieu, les amis de l’ordre jargonnent comme des Apaches. L’idée a la peau dure : remontant au moins à Stendhal, il n’est pas rare de la trouver sous la plume des réactionnaires d’aujourd’hui, chez Houellebecq, par exemple, qui fait dire à l’un de ses personnages que tous les grands stylistes sont des réactionnaires. La droite ferait passer le style avant toute chose. À preuve, Céline, dont il serait dès lors possible d’ignorer les idées antisémites et exterminatrices, ou du moins de les dissocier radicalement du style constitutif de sa grandeur.

Or, Vincent Berthelier le montre, ce discours remplit historiquement une fonction politique. Il se solidifie après-guerre, chez des Hussards soucieux de minimiser l’engagement vichyste ou hitlérien de la droite littéraire et de réhabiliter leurs aînés en les présentant comme des stylistes.

Plus largement, en étudiant un large corpus d’auteurs de droite et d’extrême droite, ce livre ambitieux voudrait repenser les rapports entre style, langue et politique. Il s’intéresse d’abord à la conception du style et de la langue défendue par certains écrivains, tout en proposant des analyses précises de leur écriture. À chaque étape, il s’agit d’explorer la problématique du style à partir des enjeux idéologiques du moment : dans l’entre-deux-guerres (Maurras, les puristes, Bernanos, Jouhandeau), dans la période de l’essor du fascisme et de la Libération (Aymé, Morand, Chardonne), enfin des années 1970 à nos jours, dans la période où s’élabore une nouvelle pensée réactionnaire (Cioran, Millet, Renaud Camus, Houellebecq).

Vincent Berthelier est agrégé de lettres et docteur en langue française. Il est membre organisateur du séminaire Les Armes de la critique.

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Charles Senard : Carpe diem. Petite initiation à la sagesse épicurienne

 Les Belles lettres - Août 2022


Le bonheur tient à peu de choses. Il se cueille au jour le jour dans les parterres fleuris du beau jardin, millénaire, de la sagesse épicurienne. Le philosophe grec Épicure (340-270 avant J.-C.), mais aussi les grands poètes qu’il a influencés, Horace, Lucrèce, Virgile, bien d’autres encore, jusqu’à la Renaissance et au-delà, promettent le bonheur pourvu que nous sachions nous contenter de sobres plaisirs.
Charles Senard, au fil des chapitres, les égrène : conversations amicales, amour et poésie, campagne charmante, bons vins, trésors des souvenirs. La philosophie épicurienne est l’un d’eux, d’autant plus précieux qu’il est fragile : beaucoup de ses grands textes ont disparu, plusieurs ont été sauvés in extremis, déchiffrés dans les rouleaux carbonisés, patiemment dépliés, d’une bibliothèque d’Herculanum.
Dans ces pages légères et profondes, l’auteur propose une initiation poétique à une philosophie source d’inspiration quotidienne.

Charles Senard, docteur en études latines, a publié deux volumes dans la collection « Signets », Imperator. Diriger en Grèce et à Rome (Les Belles Lettres, 2017) et, avec Louise de Courcel, Minus. La petite enfance en Grèce et à Rome (Les Belles Lettres, 2018). Il est également l’auteur du roman Le pressoir du monde ainsi que de Vénus et Priape. Anthologie de poésie érotique néo-latine du Quattrocento.

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jeudi 18 août 2022

Louise Dupin : Des femmes. Discours préliminaire

 Payot - Août 2022


Contemporaine d’Olympe de Gouges, invisibilisée par son mari et restée dans l’ombre des trois penseurs auxquels elle eut affaire : Montesquieu, Rousseau et Voltaire, Louise Dupin (1706-1799) tenait pourtant, à Paris, l’un des plus fameux salons littéraires et philosophiques de son époque. Elle dénonçait les violences faites aux femmes, militait pour l’égalité professionnelle et l’accès des femmes à la politique, pour le divorce, pour la transmission du nom de la mère aux enfants, et critiquait le manque de considération envers les femmes dans les écrits des plus grands auteurs depuis l’Antiquité.
Rousseau tomba amoureux d’elle, Louise Dupin l'éconduit puis l'engagea comme secrétaire. Ensemble, à Paris ou au château de Chenonceau, dont elle était propriétaire, ils travaillèrent à un grand livre féministe. Le résultat, ce sont des milliers de pages qui finiront, au XXe siècle, dispersées dans toute l’Europe et en Amérique. En les traquant pour les rassembler, Frédéric Marty a retrouvé un manuscrit formant comme une longue introduction à son grand-œuvre, où sont formulées les idées de Louise Dupin sur l’égalité des sexes ; c’est ce texte totalement inédit que nous publions.

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Laurent Cournarie : Religion et démocratie. Une introduction à Marcel Gauchet

 Entremises - Août 2022


Marcel Gauchet occupe une position originale dans le milieu intellectuel français. Il compte parmi les intellectuels les plus connus, mais on a du mal à le classer selon les distinctions académiques, comme philosophe, historien ou comme sociologue - c'est un philosophe qui ne fait pas de l'histoire de la philosophie, un sociologue qui ne défend pas la sociologie, un économiste qui ne surdétermine pas l'économie. Dans cet ouvrage magistral, Laurent Cournarie montre que la pensée de M. Gauchet se déploie selon un double mouvement : désir de saisir les mutations du présent - car c'est le présent qu'il faut penser - et nécessité de remonter haut dans le passé pour comprendre le contemporain, en faisant le long détour de l'histoire longue. La politique du jugement suppose l'histoire. Mais l'histoire ne suffit pas : la philosophie est requise pour conceptualiser et schématiser les données. Or, mener à bien ce programme implique également de faire « le détour par la religion, clé de tout notre passé, pour peser la nouveauté de notre présent ». Il passe donc par une philosophie de l'histoire politique de la religion, qui revendique et assume le projet résolument intempestif de remembrer tout le champ des sciences humaines...

Laurent Cournarie, Professeur de chaire supérieure en Philosophie, est l'auteur de plusieurs livres sur La sensibilité (Ellipses, 1998), L'existence (A. Colin, 2001), L'imagination (A. Colin, 2006), Le Principe, une histoire métaphysique (Vrin, 2021), et de très nombreux articles de philosophie générale, d'épistémologie, d'esthétique, d'histoire de la philosophie antique et moderne dans la revue numérique Philopsis ou autour des enjeux sociétaux de l'IA pour le compte NXU, Think Tank dédié à la réflexion sur les NBIC. Il a également dirigé plusieurs ouvrages collectifs sur La phénoménomologie : un siècle de philosophie (Ellipses, 2002) ou sur les programmes d'agrégation de philosophie chez Delagrave.

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Peter Szendy : Pouvoirs de la lecture. De Platon au livre électronique

 La découverte - Août 2022

Lorsque je lis, une voix en moi m'intime de lire (" lis ! "), tandis qu'une autre s'exécute, prêtant sa voix à celle du texte, comme le faisaient les antiques esclaves lecteurs que l'on rencontre notamment chez Platon. Lire, c'est habiter cette scène qui, même lorsqu'elle est intériorisée dans une lecture apparemment silencieuse, reste plurielle : elle est le lieu de rapports de pouvoir, de domination, d'obéissance, bref, de toute une micropolitique de la distribution des voix.
L'écoute attentive de la polyphonie vocale inhérente à la lecture conduit vers ses zones sombres : là où, par exemple chez Sade ou dans des jurisprudences récentes, elle peut devenir un exercice violent, punitif. Mais en prêtant ainsi l'oreille aux rapports conflictuels des voix lisant en nous, on est aussi conduit à revisiter l'idée, si galvaudée depuis les Lumières, selon laquelle lire libère. Les zones sombres de la lecture sont ses zones grises : là où lectrices et lecteurs, en faisant l'épreuve des pouvoirs qui s'affrontent dans leur for intérieur, s'inventent, deviennent autres. Aujourd'hui plus que jamais, à l'ère de l'hypertexte, lire, c'est faire l'expérience des puissances et des vitesses qui nous traversent et trament notre devenir.
Cette archéologie du lire dialogue avec nombre de théories de la lecture, de Hobbes à de Certeau en passant par Benjamin, Heidegger, Lacan ou Blanchot. Mais elle s'attache aussi à ausculter, d'aussi près que possible, de fascinantes scènes de lecture orchestrées par Valéry, Calvino ou Krasznahorkai.

Peter Szendy, philosophe et musicologue, est professeur de littérature comparée à l'université Brown et l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Écoute. Une histoire de nos oreilles (2001), Tubes. La philosophie dans le juke-box (2008) et Pour une écologie des images (2021).

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Diderot Studies, t. 37 : Diderot et l'identité, dans le jeu contradictoire des possibles (Thierry Belleguic, dir.)

 Droz - Août 2022


Table des matières – Diderot et l’identité, dans le jeu contradictoire des possibles – S. Pujol « Introduction » – L'identité dans tous ses états – F. Cabane, « Diderot et l’insaisissable identité » ; C. Vincent, « L’identité collective chez Diderot : de l’individu pluriel au personnage collectif » ; É. Pavy-Guilbert, « Diderot, langue et identité » ; F. Chassot « Identité et morale : de Charles Taylor à Diderot » ; M. Delon, « "Dissemblable à soi-même". La quête d'une continuité » ; F. Lotterie, « De l’art d’être un.e autre : les masculinités paradoxales de Diderot » ; M. Marcheschi, « L’araignée dans sa toile : l’identité entre matière et image dans la philosophie de Diderot » ; S. Albertan-Coppola, « "N'êtes-vous pas Monsieur Diderot ?". Variations identitaires dans les satires, contes et entretiens » ; R. Le Menthéour, « Le secret d’une pyramide : Diderot, la double doctrine et l’Encyclopédie » ; F. Salaün, « Le moi réticulaire » – L’identité dans Le Neveu de Rameau – J. Goldzink, « MOI, LUI et DENIS. De quelques questions d’identité dans Le Neveu de Rameau » ; J. Bourdin, « Essais d’identification d’un "original" : identification jugement et morale dans Le Neveu de Rameau » ; É. Leborgne, « Identité et individualité : pour une lecture anthropologique du Neveu de Rameau » ; J.-C. Igalens, « Le mépris dans Le Neveu de Rameau » ; S. Pujol, « Identité et reconnaissance dans Le Neveu de Rameau ».

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