vendredi 29 janvier 2021

F. Jedrzejewski, F. Martinez, N. Périn (dir.) : Pascal Quignard, l’écriture et sa spéculation

Lambert-Lucas - Janvier 2021 - Le discours philosophiques


Des Petits Traités jusqu’au Dernier Royaume, le lecteur de Pascal Quignard, pour peu qu’il soit conquis par la beauté des phrases, ne peut manquer d’être saisi par la dimension extraordinairement théorique de l’horizon qu’elles composent.
En rupture avec la philosophie et toute construction en système, la pensée de celui qui est aussi l’auteur d’une Rhétorique spéculative, s’appuyant sur la vitalité de la langue et sur la méditation de cette vitalité, n’est théorique, cependant, qu’en se nouant à sa propre écriture. Pensée qui spécule à mesure qu’elle s’écrit.
Les contributeurs de ce volume, philosophes, littéraires, traducteurs, se sont essayés, chacun depuis un lieu dont l’œuvre de Quignard vient troubler le partage, à rendre compte de cette singulière écriture, et de sa spéculation.
Prolongeant leur travail à partir du mot même qui l’a initié, celui de spéculation, Pascal Quignard, dans un texte intitulé Esse in speculis, nous offre ici une méditation étymologique de son sens. Speculum, nous rappelle-t-il, c’est d’abord en latin la petite tour où un guetteur se maintient à l’affût :
« Être à l’affût, c’est très différent de réfléchir.
Spéculer, c’est très différent de penser. »

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Frédéric Marty : Louise Dupin. Défendre l'égalité des sexes en 1750

Classiques Garnier - Janvier 2021 - L'Europe des Lumières


Louise Dupin (1706-1799) est une auteure majeure en matière de défense de l’égalité des sexes. Son Ouvrage sur les femmes est une ambitieuse encyclopédie de la condition féminine et un projet global de réforme de la société pour rétablir les droits des femmes.


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Paolo Evangelisti : La Pensée économique au Moyen Âge. Richesse, pauvreté, marchés et monnaie

Classiques Garnier - Janvier 2021 - Savoirs anciens et médiévaux


La pensée économique médiévale est étudiée comme phénomène complexe, dans lequel l’effort de l’homme pour comprendre les faits économiques se mesure à sa capacité de lire les relations qui les légitiment. Les sources examinées vont des Pères de l’Église jusqu’à l’humanisme civil.


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Ziad Elmarsafy : Esoteric Islam in Modern French Thought : Massignon, Corbin, Jambet

Bloomsbury Academic - Janvier 2021


Why would a devout Catholic, a committed Protestant, and a Maoist atheist devote their lives and work to the study of esoteric aspects of Islam? How are these aspects 'good to think with'? What are the theoretical and intellectual problems to which they provide solutions? These are the questions at the heart of Esoteric Islam in Modern French Thought. The three French specialists of Islam described above form an intellectual and personal genealogy that structures the core of the text: Massignon taught Corbin, who taught Jambet in his turn. Each of them found in the esoteric a solution to otherwise insurmountable problems: desire for Massignon, certainty for Corbin, and resurrection/immortality for Jambet. Over the course of three long chapters focused on the life and work of each writer, the book maps the central place of esoteric Islam in the intellectual life of twentieth and twenty-first century France.

Table of Contents

Introduction: Introducing the Guest
Chapter One: Louis Massignon: In the Beginning Was Desire
Chapter Two: Henry Corbin: A Certain Vision
Chapter Three: Christian Jambet's Resurrections
Epilogue: One Being True to Oneself: Esoteric Authenticities
Bibliography
Index

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Alexandre d'Aphrodise : Commentaires à la Métaphysique d'Aristote. Livres Petit Alpha et Beta

 Vrin - Janvier 2021


Parmi les commentateurs d'Aristote, Alexandre d'Aphrodise (IIe -IIIe siecles) est, depuis l'Antiquite, tenu pour l'Exégète par excellence. Titulaire de la chaire impériale de philosophie péripatéticienne a Athènes, il a rédigé nombre de commentaires aux oeuvres d'Aristote. Son commentaire à la Métaphysique a servi a la fois de modèle et de source à la tradition ultérieure, des Néoplatoniciens grecs à la pensée médievale byzantine, arabe et latine. Le livre Petit alpha de la Métaphysique lui donné l'occasion de revenir sur le projet général de la sagesse ou philosophie premiere, qui guide l'ouvrage en son entier. Aux interpretes antérieurs, qui ont doute de l'authenticité et de l'appartenance du livre au traite, Alexandre répond qu'il ne peut être que l'oeuvre d'Aristote. En organisant en un systeme déterminé les intuitions éparses de Petit Alpha, Alexandre transforme durablement la figure de la métaphysique aristotélicienne. Le livre Beta est, quant a lui, connu comme le livre des apories, ces difficultés qui se posent a tout métaphysicien. Le livre constitue a ce titre, du point de vue d'Alexandre, le vrai commencement de la Metaphysique. Alexandre voit dans ces apories un moment proprement exploratoire, formant, de ce fait, autant de manieres de mettre le métaphysicien en quete de la vérité. La traduction ici présentée est la première donnée en francais de l'un des grands Commentaires lemmatiques qui ont fait la réputation d'Alexandre. Elle repose sur un texte grec révisé en profondeur.

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Pierre Taminiaux : Esthétiques radicales. Actualité des avant-gardes

 Hermann - Janvier 2021


Cet ouvrage rassemble des écrits critiques portant sur les avant-gardes du XXe siècle et sur leurs significations esthétiques et philosophiques pour notre monde contemporain. Il analyse tant la littérature que les arts plastiques issus de ces mouvements, du surréalisme à Cobra, en passant par l'Internationale lettriste. Son propos est de montrer l'exceptionnelle diversité d'expression de ces avant-gardes, du poème-manifeste au récit autobiographique, de l'écriture automatique à l'essai, et de la peinture au ready-made. Il inclut en outre un ensemble de photographies personnelles qui illustrent et soulignent l'importance de la thématique du vide pour ces mouvements.

Pierre Taminiaux est professeur de littérature française et francophone du XXe et du XXIe siècles à Georgetown University (Washington). Il est l'auteur de nombreux essais critiques sur les rapports entre la littérature et les arts plastiques, en particulier dans les avant-gardes. Il est également artiste et écrivain.

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jeudi 28 janvier 2021

Friedrich Daniel Ernst Schleiermacher : Herméneutique. Pour une logique du discours individuel

 Septentrion - Janvier 2021


Parmi les oeuvres qui inaugurent le « tournant linguistique » de la pensée contemporaine, l'Herméneutique de Schleiermacher (1768-1834), théologien, philosophe, philologue, selon les catégories de l'époque, tient une place essentielle. Conçue en pleine expansion de l'idéalisme allemand, mais pour une large part contre lui, elle développe la première théorie du discours individuel et définit les méthodes de compréhension qui lui sont appropriées. L'observation minutieuse des mécanismes du langage y va de pair avec une analyse étonnamment actuelle de leurs incidences sur le processus de la formation subjective. Entièrement revue et augmentée de deux textes sur la critique philologique, cette traduction intègre les corrections philologiques et chronologiques de l'édition critique.

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Transversalités 2021/1 (n° 156) : Héroïsme et sainteté

 Institut Catholique de Paris - Janvier 2021


Page 5 à 9 : Camille Riquier - Liminaire | Page 11 à 21 : Marie-Françoise Baslez - La genèse du martyre : du héros antique au saint chrétien | Page 23 à 32 : Alexandre de Vitry - Génie, héros ou saint : remarques sur la « grandeur » selon Péguy | Page 33 à 43 : Robert Redeker - Pourquoi des saints en temps de nuit du monde ? | Page 45 à 55 : Arnaud Montoux - Marie Noël et l’héroïsme de la patience cachée | Page 57 à 67 : Emmanuel Gabellieri - De Simone Weil à Etty Hillesum. Les « armes de l’esprit » | Page 69 à 85 : Ludovic Danto - Réflexion de droit canonique à propos de la décision du Synode national de Lazaret (Sète) du 17 mai 2015. Interprétation et perspective catholiques | Page 87 à 111 : Martin Koci - La phénoménologie est-elle une théologie ? Jan Patočka entre le tournant théologique et la tâche de penser | Page 113 à 131 : Philippe Richard - Peut-on encore déshabiller Clio ? Repenser l’histoire avec Péguy | Page 133 à 144 : Marie-Anne Torneberg - Penser dans le temps pour éclairer les prospectives éthiques, politiques et écologiques | Page 145 à 151 : Rapports de soutenance de thèse | Page 151 à 152 : Publications des enseignants-chercheurs de l’Institut Catholique de Paris.

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Thomas Franck : Le philosophe dans l'atelier. Sartre et Giacometti en miroir

Presses Universitaires de Liège - Janvier 2021 - Essais


1941. France occupée. Deux hommes se rencontrent à la terrasse de chez Lipp, un café de Saint-Germain-des-Prés. L’un est un artiste en plein doute, héritier du surréalisme, l’autre un philosophe en devenir, sur le point de s’imposer comme une figure dominante de la pensée française. Près d’un quart de siècle plus tard, une brouille les oppose. Chacun a derrière lui une oeuvre monumentale et jouit, dans son domaine, d’une notoriété incontestable. Entre ces deux moments, une amitié profonde s’est nouée, faite de convergences, de distances et d’échanges tant personnels qu’intellectuels. La pensée et l’oeuvre qu’ils ont mûries au cours de ces années se sont réalisées en se confrontant à une même conjoncture historique et sociale et en puisant leurs armes dans une sociabilité à de nombreux égards commune. Jean-Paul Sartre et Alberto Giacometti se rejoignent sans jamais se confondre. Bien qu’ils soient deux penseurs de la liberté, de la recherche artistique et philosophique ininterrompue, de l’homme en situation, ils ne cessent de se mettre mutuellement à l’épreuve. Tous deux s’enrichissent et se singularisent dans la confrontation à l’autre.

En réunissant en constellation différents concepts philosophiques qui sont propres au milieu dans lequel gravitent Sartre et Giacometti – de la contingence à l’engagement –, cet essai propose de relire en miroir deux oeuvres essentielles de la pensée du XXe siècle. Le dialogue critique qui s’en dégage offre plusieurs clefs d’analyse pour l’exercice d’une pensée philosophique, artistique et politique.

Thomas FRANCK est chargé de recherche à La Cité Miroir et collaborateur scientifique à l’Université de Liège où il a réalisé sa thèse de doctorat. Il est l’auteur de Lecture phénoménologique du discours romanesque (Lambert-Lucas, 2017) et prépare la publication d’Adorno en France. La constellation « Arguments » comme dialogue critique aux Presses Universitaires de Rennes.

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Monique Lévi-Strauss et Emmanuelle Loyer : L'Abécédaire de Claude Lévi-Strauss

Éditions de l'Observatoire - Janvier 2021 - Abécédaires des Lumières


Révélant la vitalité stratégique qui anime les écrits comme la vie de Claude Lévi-Strauss, cet abécédaire rappelle la résonance actuelle de l’œuvre, souvent peu comprise, du grand anthropologue, théoricien du structuralisme.
Discordante au regard du triomphalisme moderniste, son inquiétude, qu’on a pu qualifier de « pessimisme lévi-straussien », est aujourd’hui pleinement la nôtre. C’est notre condition contemporaine : « Expropriés de notre culture, dépouillés de valeurs dont nous étions épris – pureté de l’eau et de l’air, grâces de la nature, diversité des espèces animales et végétales –, tous indiens désormais, nous sommes en train de faire de nous-mêmes ce que nous avons fait d’eux. »
Tristes Tropiques, La Pensée sauvage, L’Homme nu, Nous sommes tous des cannibales… Sa critique de l’humanisme classique instituant les humains en règne séparé est devenue une évidence partagée : l’Occident, ivre de lui-même, fétichiste du « Progrès », est aujourd’hui en déconfiture. Lire Lévi-Strauss, c’est envisager les problèmes autrement ; c’est pourquoi il est primordial de découvrir ou redécouvrir la pensée du plus grand ethnologue français du XXe siècle.

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Laurent Vidal : Les Hommes lents. Résister à la modernité, XVe-XXe siècle

 Flammarion - Janvier


L'histoire de la modernité est d'abord celle d'une discrimination : en érigeant la vitesse en modèle de vertu sociale, les sociétés modernes ont inventé un vice, celui de la lenteur - cette prétendue incapacité à tenir la cadence et à vivre au rythme de son temps. Partant d'une violence symbolique et d'un imaginaire méconnu, Laurent Vidal fait la genèse des hommes lents, ces individus mis à l'écart par l'idéologie du Progrès. On y croise tour à tour un Indien paresseux et un colonisé indolent à l'époque des grandes découvertes, des ouvriers indisciplinés dans le XIXe siècle triomphant ; plus proches de nous, le migrant en attente ou le travailleur fainéant restent en marge de l'obsession contemporaine de l'efficacité. Mais l'auteur révèle avant tout la façon dont ces hommes s'emparent de la lenteur pour subvertir la modernité, à rebours de la cadence imposée par les horloges et les chronomètres : de l'oisiveté revendiquée aux ruses déployées pour s'approprier des espaces assignés, les hommes lents créent des rythmes inouïs, jusque dans les musiques syncopées du jazz ou de la samba. En inventant de nouveaux modes d'action fondés sur les ruptures de rythme - telles les stratégies de sabotage du syndicalisme révolutionnaire -, ils nous offrent un autre regard sur l'émancipation. Mêlant la rigueur de l'historien à la sensibilité d'un écrivain qui puise aussi bien dans la littérature que dans les arts, cet essai ouvre des horizons inédits pour repenser notre rapport à la liberté.

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La règle du jeu n°72 : Michel Foucault, penseur d'aujourd'hui

 Grasset - Janvier 2021


DOSSIER : MICHEL FOUCAULT, PENSEUR D’AUJOURD’HUI

« On devrait tout lire, tout étudier. » Telle fut la méthode, telle fut aussi l’ambition que se fixa Michel Foucault : traquer, partout dans la société, les mécaniques de pouvoir et de discipline ; identifier les expériences-limites qui forment l’ADN de notre civilisation ; établir une micro-physique des normes qui pèsent sur un individu ; se demander comment les hommes peuvent opposer des résistances à la gouvernementalité qui les façonne ; s’interroger sur la naissance des savoirs ; questionner le rôle des artistes à travers l’histoire… Bref, composer une œuvre hétéroclite et immense, recommencée d’un livre à l’autre depuis son point de départ, qui, parce qu’elle obéit à une précision méticuleuse, suscite chez son lecteur un immense vertige.
Tantôt archéologue, tantôt généalogiste, philosophe historien ou historien philosophique, Michel Foucault n’en demeure pas moins un penseur d’aujourd’hui. Et ce dossier réunira des textes qui, chacun à leur manière, tenteront de montrer que le présent fait écho à ses écrits. Il y sera question, à partir de Foucault, des prisons, de la médicalisation du pouvoir, de la surveillance des individus, du néolibéralisme, de la place de l’homme dans l’économie du monde, ou encore du travail des artistes.

Mais aussi :
- Une interview de Kamel Daoud
-Un dialogue entre Bernard-Henri Lévy et Francis Fukuyama à propos des conséquences politiques du coronavirus, du conservatisme, de Trump, et du « monde d’après ».
- « Synthèse » : une pièce de Liza Bretzner sur le transhumanisme et l’intelligence artificielle.
- Une nouvelle de l’écrivain Bruno Gay
- Un texte consacré à la philosophie de Clément Rosset (et à sa théorie du bonheur).
- Un article de Nathan Devers sur les jeux vidéo

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mercredi 27 janvier 2021

Claude Romano : L'événement et le monde (nouvelle édition)

 PUF - Janvier 2021 - Epiméthée


Paru pour la première fois en deux volumes il y a une vingtaine d'années et réédité plusieurs fois entre-temps, L'événement et le monde retrouve sa forme originelle, celle d'une seul et unique ouvrage dont l'édition a été entièrement révisée par l'auteur. Cet essai philosophique visant à comprendre l'homme comme « advenant », c'est-à-dire comme ce vivant auquel il peut arriver quelque chose, seul « capable » d'événements au sens fort du terme - de bouleversements complets de son existence -, pourra être ainsi redécouvert dans son intégralité. Cette phénoménologie de l'événement noue un dialogue étroit avec l'ontologie fondamentale de Heidegger dont elle souligne l'incapacité à intégrer la dimension « événementiale », et singulièrement le phénomène de la naissance, dans sa compréhension de l'existence humaine.

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Pierre-Henry Salfati : Le premier mot. "Au commencement..." Histoire d'un contresens

 Fayard - Janvier 2021


Toutes les Bibles du monde font commencer « la » Bible par l’expression « Au commencement ». L’expression est devenue tellement usuelle qu’il peut sembler parfaitement incongru de préciser qu’en hébreu, le mot Bereshit, premier mot de la Torah hébraïque, n’a pour sa part jamais signifié
« Au commencement ». C’est tout simplement un mot qu’aucune langue ne peut réellement traduire, on ne le trouve qu’une unique fois dans l’ensemble du livre, aucune autre référence ne permettant de circonscrire son sens littéral. A l’aide du commentaire de Rashi, célèbre rabbin et exégète du xiie siècle, Pierre-Henry Salfati mène l’enquête. Il nous éclaire sur le contresens qui a émergé après la traduction grecque de la Tora, la Septante, et sur ses conséquences considérables dans l’imaginaire collectif occidental, et tente ici de restituer le sens du texte originel.

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Monique Atlan et Roger-Pol Droit : Le sens des limites

 L'Observatoire - Janvier 2021


De tous côtés, nous vivons une crise des limites, celle des ressources énergétiques, des moyens d'imaginer l'avenir, des possibilités d'action. Et si, pour en sortir, l'idée même de limite était à repenser ? Abolir ou renforcer les frontières, poursuivre une expansion sans fin ou imposer de nouvelles normes écologiques, respecter ou transgresser la distanciation physique liée à la Covid, instaurer ou non une limitation de vitesse à 80 km/h... partout les limites font débat. Entre ceux qui souhaitent les effacer et ceux qui veulent les renforcer, l'impasse est totale. Car tous s'affrontent au sujet des limites, pensées comme carcans par les uns, comme protections étanches par les autres - sans s'interroger sur le sens de la notion, tenu pour évident. Il n'en est rien. Monique Atlan et Roger-Pol Droit revisitent cette idée, ses définitions et ses principales représentations au long de l'histoire occidentale. À travers une série de variations, ils montrent combien la limite est décisive, positive, indispensable à l'organisation de la pensée, des sociétés et de la vie. Une promenade philosophique qui suggère une salutaire politique des limites.

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Bernadette Bensaude-Vincent : Temps-paysage. Pour une écologie des crises

Editions le Pommier - Janvier 2021


Qu'il tende vers le progrès ou vers l'effondrement, nous voyons le temps sous la forme d'une flèche, et nous le supposons donc unique et linéaire, maîtrisé, dominé, comme vu de dehors, c'est-à-dire de nulle part. Or, la crise du climat nous oblige à abandonner cette position d'extra-territorialité : de multiples temporalités y entrent en jeu - les temps cosmologique, géologique, biologique, histo-rique, social et vécu -, qui rendent caduc le primat du temps chronologique, lequel semble les aligner sur les barreaux d'une même échelle. Dans cet essai, Bernadette Bensaude-Vincent nous invite à sortir du cadre temporel de la modernité occidentale pour porter attention à la diversité des temps propres aux vivants et aux choses qui font monde avec nous - jusqu'aux virus, aux plastiques ou aux déchets nucléaires. En s'inspirant de la pensée chinoise classique aussi bien que de l'écologie du paysage, elle met au jour une hétérogénéité de trajectoires temporelles qui cohabitent, interfèrent et s'entremêlent. Par là, elle ne nous apprend rien de moins qu'à composer des « temps-paysages », c'est-à-dire à replonger les actions humaines dans les cycles multiples qui régissent l'histoire de la Terre, articulant le temps qui passe avec le temps qu'il fait.

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Yves Simon : Enquête sur la vertu morale

Pierre Téqui éditeur - Janvier 2021


Yves Simon (1903-1961) donne à l'automne 1957 un cours sur « Les vertus » au Committee of Social Thought de l'université de Chicago. Ce cours, enrichi des réponses aux questions des étudiants, deviendra l'ouvrage La Définition de la vertu morale. Le livre de Simon paraît donc de manière posthume (comme plusieurs de ses travaux), en 1986. Simon repère trois grandes catégories de substituts modernes à la vertu : la bonté naturelle, l'ingénierie sociale et la psycho-technologie. Il parvient à trois grandes conclusions. Primo, la distinction entre nature et usage fait sens en morale et se révèle éclairante. Secundo, en matière morale, la délibération prime sur les sentiments premiers et spontanés. Tertio, les personnes humaines passent par un processus de socialisation, non seulement pour se conformer à des règles communautaires, mais aussi pour être elles-mêmes, tant il est vrai que la société est comme intérieure à la personne et à son déploiement. Élaborant une définition de la vertu morale (avec un développement final sur les vertus morales traditionnelles, signe d'une belle convergence et permanence doctrinale, au long des siècles, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui), Simon glose, explicite et précise la définition aristotélicienne de la vertu et fait de précieux développements sur la fameuse doctrine aristotélico-thomiste de la pluralité et de l'interconnexion ou interdépendance des vertus. La justice, la prudence, le courage ou la tempérance sont bien des qualités distinctes. Il n'en reste pas moins qu'elles sont étroitement reliées. Le livre d'Yves Simon mérite une place centrale, parmi d'autres, on l'aura compris, dans l'édifice du renouveau philosophique en défense et illustration de la nécessité des vertus dans la construction de la personne humaine et de ses relations sociales.

Yves Simon (1903-1961) a enseigné à Notre Dame University de South Bend dans l'Indiana aux Etats-Unis, de 1938 à sa mort. Son nom reste attaché à son travail en philosophie morale et politique.

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Renato Di Ruzza et Yves Schwartz (dir.) : Agir humain et production de connaissances. Epistémologie et ergologie

Presses de L'Université de Provence - Janvier 2021


N'y a-t-il qu'une forme de savoir à reconnaître dans l'Université? Les savoirs dits « scientifiques », légitimés par leur tentative de mettre à distance les séductions, les conflits, les valeurs en débat dans le présent qui introduisent des biais dans les concepts? Ou bien n'y a-t-il pas d'autres formes moins visibles de savoirs, nouées aux exigences de l'agir, que toute activité humaine entraine en produisant de nouvelles configurations dans la vie sociale? Les activités de travail jouent comme un révélateur de cette dualité des formes du savoir, dont la mise en dialogue est absolument nécessaire, si on veut comprendre quelque chose dans la production de la société et dans l'usinage des connaissances. Cette conviction a conduit une équipe, dont participent les auteurs, à créer des dispositifs de formation et de recherche propres à expérimenter ce dialogue. Comment alors retravailler la conception de l'épistémologie sur cette base? C'est le fondement même de ce livre, auquel conduisait l'itinéraire épistémologique des auteurs, l'un en philosophie, l'autre en économie politique. Cet ouvrage s'adresse tant aux protagonistes des activités sociales, qu'aux chercheurs et enseignants soucieux de mieux mesurer les liens à développer entre la production des connaissances et la vie sociale. Ni vulgarisation ni érudition, mais rigueur et respect des lecteurs dans la diversité de leur formation et de leur expérience.
Biographie de l'auteur

Renato Di Ruzza, économiste, professeur honoraire à l'AMU, ancien coordinateur scientifique de l'institut de recherche d'une confédération syndicale.
Yves Schwartz, philosophe, professeur émérite à l'AMU est membre de l'Institut universitaire de France (1993-2003), membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques.

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lundi 25 janvier 2021

Patrice Guillamaud : Autrui, la chose et la technique. Essai d'ousiologie altérologique sur les trois essences de l'extériorité

 Kimé - Janvier 2021


Ce livre met en œuvre la méthode philosophique de l’ousiologie pour l’étude de l’extériorité. Il s’agit de définir les trois essences de l’altérité comme autrui, chose et technique. La véritable tolérance, comme réalité et non comme simple idéal, ne concerne pas seulement la sphère d’autrui mais la coexistence d’autrui avec, d’abord, les choses, dans leur valeur notamment économique, et avec, ensuite, la technique. Dans une perspective autant inspirée par Aristote et Simondon que par Lévinas, il s’agit de garantir ou plutôt de reconnaître la dignité d’être et de valeur des différentes sphères du réel comme transcendance. La perversion consiste dans la confusion entre les essences, par exemple dans la confusion entre la chose et la technique. Derrière une analyse conceptuelle rigoureuse, ce livre cache une condamnation de la théorie abstraite et de la confusion systématique, un hymne respectueux à la pluralité du réel.

Patrice Guillamaud enseigne la philosophie en khâgne. Fondateur d’une science philosophique nouvelle, l’ousiologie, il a dernièrement et notamment publié, aux éditions du Cerf, La Jouissance et l’espérance, et, aux éditions Kimé, Les Essences de la pensée.

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Danielle Cohen-levinas et Philippe Capelle-dumont (dir.) : Judaïsme et christianisme dans la philosophie contemporaine

 Editions du Cerf - Janvier 2021


La modernité a pu proclamer la mort de Dieu, mais il n'y aurait pas de philosophie contemporaine sans les apports juifs et chrétiens. Sur un siècle d'histoire de la pensée, cette somme sans précédent révèle l'inconscient refoulé de l'Occident.
La relation entre les deux traditions du judaïsme et du christianisme a fait l'objet, depuis le début du xxe siècle, d'approches philosophiques fondamentales que le présent ouvrage s'efforce de réunir et de ressaisir. De Rosenzweig à Levinas, de Bergson à Maritain, de Péguy à Sartre et de Simone Weil à Ricoeur, c'est une constellation théorique singulièrement contrastée qui s'y manifeste, mettant en lumière une histoire philosophique inspiratrice de notre espace religieux et politique. Il ne s'agit cependant pas ici de rejouer philosophiquement les antagonismes historiques. Les textes rassemblés dans ce volume posent en effet de manière irréductible la question : qui est l'autre ? À quels types d'altérations et de complémentarités la pensée est-elle ici confrontée ? Il ne saurait donc être question d'autre chose que de trouver une orientation et une signification là où les déterminations historiques ont parfois recouvert ce qu'il est permis d'appeler l'exception judéo-chrétienne.

Philippe Capelle-Dumont est professeur à l'université de Strasbourg, doyen honoraire de la Faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, chercheur associé à l'université Paris-Sorbonne, directeur de la Revue des sciences religieuses, auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont certains sont traduits en plusieurs langues.
Danielle Cohen-Levinas est professeur à l'université Paris-Sorbonne, fondatrice et responsable du " Collège des études juives et de philosophie contemporaine - Centre Emmanuel Levinas ", chercheure associée aux Archives Husserl de l'ENS-CNRS de Paris et directrice de collections aux éditions Hermann.

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Jean-Clet Martin, entretiens avec Jean-Philippe Cazier : Faut-il brûler les postmodernes ?

 Kimé - Janvier 2021


Comme pour un roman de Bradbury, Fahrenheit 451, on peut supposer que le livre de papier s'autodétruise à une certaine température. De la même manière, la déconstruction telle que Derrida pouvait la concevoir, de nombreux détracteurs souhaiteraient qu’elle se déconstruise d’elle-même, par inanité. Et il en irait ainsi de Deleuze ou Foucault. Leurs œuvres conduiraient au pur relativisme, à l'ère de la post-vérité qui ferait de toute proposition une valeur modifiable, sans discernement ni authenticité. Mais force nous incombe de reconnaître que les brûlots ne disparaissent pas d'eux-mêmes et que rares sont ceux qui ont exercé un regard véritablement critique sur une époque dont il est difficile de concevoir qu’une relève ait eu lieu, à considérer les propositions intellectuelles d'aujourd'hui. Voici donc que les tenants de la French Theory endossent le concept de postmodernité comme chef d’accusation, un sobriquet qui les caractérise. Il nous incombe de reprendre cette charge virulente pour en signaler les malentendus à travers une conception élargie du dépassement de la modernité tout au long d’une œuvre singulière. Jean-Philippe Cazier interroge ici le parcours de Jean-Clet Martin pour clarifier sa position de penseur « postmoderne » et suivre son parcours depuis Deleuze. Se révèle ainsi l'itinéraire d’une philosophie de la différence et d’une forme de néocriticisme à reconsidérer sous un jour plus éclairant.

Jean-Clet Martin est l'auteur d'une œuvre philosophique qui comporte de nombreux titres entre littérature et philosophie. Ancien Directeur de programme au Collège International de Philosophie, il compte parmi les lecteurs attentifs de Deleuze et Derrida tout en renou-velant les perspectives du pluralisme.

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Patrick Llored : Une éthique animale pour le XXIè siècle. L'héritage franciscain

Editions Médiaspaul - Janvier 2021


Avec cet ouvrage, Patrick Llored, un spécialiste de cette question à renommée internationale, nous introduit dans la présentation la plus actuelle de l'éthique animale contemporaine, replongeant dans ses racines et son histoire pour mieux expliciter les différentes manières d'aborder ce sujet. L'intérêt pour l'écologie et la préservation du vivant ravive actuellement l'intérêt pour l'éthique animale. Or, la question animale n'est pas une question comme les autres car elle nous oblige à prendre du recul par rapport à ce qui constitue le propre de l'homme. De plus, c'est l'une des plus anciennes questions qui préoccupe l'humanité en tant qu'elle est très présente dans l'Ancien et le Nouveau Testament à travers tous les récits fondateurs du judaïsme tout comme du christianisme. L'originalité de cet ouvrage est de montrer que tous les questionnements actuels concernant le monde animal sont issus d'une longue tradition de pensée qui remonte au Moyen-Âge lorsque certains se mettent à considérer « nos frères les animaux ». Cet ouvrage qui puise à la fois dans l'histoire de la philosophie et dans les débats les plus actuels sur l'éthique animale est appelé à faire date.

Patrick Llored est professeur de philosophie et chercheur en éthique animale à l'Institut de Recherches Philosophiques (IRPHIL) de l'Université Jean-Moulin Lyon III. Il est l'auteur du premier livre d'introduction à la philosophie animale, Jacques Derrida, Politique et éthique de l'animalité (éditions Sils Maria, 2013) et aussi de nombreux articles de référence sur l'éthique animale. Spécialiste reconnu de l'éthique animale en France, il est le seul à enseigner cette matière à l'université et est sollicité pour donner des conférences dans le monde entier (Bolivie, été 2019).

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dimanche 24 janvier 2021

Arnold Gehlen : L'Homme. Sa nature et sa position dans le monde

 Gallimard - Janvier 2021


Arnold Gehlen (1904-1976) est l'un des protagonistes majeurs, à côté de Max Scheler et de Helmuth Plessner, de l'anthropologie philosophique, vaste courant encore méconnu qui a traversé le XXᵉ siècle en dialoguant avec la plupart des écoles philosophiques et sociologiques allemandes, de la phénoménologie à l'école de Francfort. Son maître-ouvrage L'Homme, paru en 1940, est considéré comme l'un des trois livres fondateurs de ce courant, à côté de La Situation de l'homme dans l'univers, de Scheler (1928) et des Degrés de l'organique et l'Homme, de Plessner (1928). Il interroge la place spécifique de l'homme comme organisme vivant dans la nature, selon une approche qui croise les sciences de son temps, la tradition philosophique de l'idéalisme allemand et le pragmatisme américain. Le concept de l'homme comme "être déficient", biologiquement inadapté, met en relief sa constitution physique particulière, ouverte au monde, par contraste avec la morphologie de l'animal, corrélée à son milieu naturel. L'homme, cet orphelin de la nature, survit en compensant ses déficiences biologiques initiales par l'action, laquelle lui permet d'élaborer une "nature artificielle". Cette anthropologie de l'action débouche sur une théorie des institutions que Gehlen allait développer par la suite et dont il propose une première esquisse dans ce livre.

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Laurent Bibard : Phénoménologie des sexualités. La modernité et la question du sens

 L'Harmattan - Janvier 2021


« Phallocrates rétrogrades » contre « progressistes décadents » : autour des sexualités, les combats font rage. C'est que chacune et chacun argumente à partir de sa chair même, de son expérience unique et intime d'être sexué. Les études de genre, initialement lutte salutaire pour la dignité des femmes, présupposent que le corps n'est qu'un construit. Elles l'éliminent comme donnée minimale de sens, le considérant comme infiniment plastique. Comme si le corps, au fond, n'était « rien » pour l'être humain. Dédaignant d'opposer sexualités biologique, affective et sociale, cet ouvrage veut aller « à la chose même ». Et si féminin et masculin étaient des forces bien plus riches que leur simple expression sensible ? Le masculin et le féminin nous traversent, nous dépassent et font notre humanité. Pour un monde en crise, chercher une harmonie entre ces deux pôles ne serait-il pas l'ultime vecteur de paix ?

Laurent Bibard enseigne la philosophe à l'Essec (École supérieure des sciences économiques et commerciales) où il est responsable de la filière Management et philosophie. Il a publié son dernier ouvrage Complexité et Organisations : faire face aux défis de demain (Eyrolles, 2018) en collaboration avec Edgar Morin.

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Louis Pinto : La construction d'objet. Actualité d'une démarche

Editions du Croquant - Janvier 2021


Pour les auteurs du Métier de sociologue, la « construction d'objet » occupait une place centrale mais un peu mystérieuse : en substance, la science doit rompre avec le sens commun, voir les choses autrement en posant des questions inédites. Ce recueil permet à plusieurs chercheur.e.s d'élucider cette opération en montrant à travers leur propres recherches (action publique, politique, sport, délinquance, protection de l'enfance, langage, religion, art, consommation) que le travail scientifique ne se réduit pas à l'accumulation d'informations sur un domaine. Ils tentent de comprendre en quoi et avec quoi ces recherches ont impliqué une « rupture ».

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samedi 23 janvier 2021

Edouard Jourdain : Théologie du capital

 PUF - Janvier 2021 - Perspectives critiques


Rien de plus mondain, rien de plus séculier, rien de plus rationnel, en apparence, que l’économie. Et s’il ne s’agissait que d’une illusion ? Repoussant les évidences faciles d’une vulgate économique devenue idéologie par défaut du contemporain, Edouard Jourdain propose dans Théologie du capital de dresser la carte des liens qui existent entre les concepts économiques les mieux établis et leur origine dans les grands débats théologiques ayant émaillé l’histoire de l’Occident. De la propriété à la comptabilité, de l’idée de marché à celle d’intérêt, de la conception qu’on s’y fait du travail aux rêves cybernétiques qui en hantent les derniers développements, tous les concepts de l’économie moderne sont des concepts théologiques sécularisés. À l’heure où le modèle capitaliste chancelle sur ses bases, comprendre d’où proviennent les modèles intellectuels qui lui ont donné naissance représente une tâche plus urgente que jamais – car c’est de cette compréhension que pourra naître, peut-être, notre émancipation véritable par rapport à eux. C’est cette tâche que Théologie du capital affronte, en un geste aussi panoramique qu’érudit.

Edouard Jourdain est philosophe et politiste. Il enseigne à l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués dont, dernièrement, Proudhon contemporain (CNRS, 2018).

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vendredi 22 janvier 2021

Recherche et formation, n°92 : La théorie de l'enquête de John Dewey (Joris Thievenaz éd.)

 ENS Editions - Janvier 2021


Le concept d'enquête (inquiry) forgé par John Dewey fait l’objet d’un intérêt renouvelé en sciences humaines et sociales (SHS), notamment en sciences de l’éducation et de la formation (SEF). Cet engouement pour l’enquête est certes à relier à de récentes traductions en français des ouvrages fondateurs de la pensée de John Dewey, mais aussi avec le besoin d’aborder la problématique de l’expérience et de son élaboration en prenant appui sur une approche universelle de l’agir et du développement humain. Penser avec ou à partir de la lecture de J. Dewey les problématiques actuelles qui traversent les milieux de l’éducation, de la formation ou encore de la santé, est aussi l’occasion de les approfondir par un point de vue à la fois holiste et analytique, singulier et universel. Les contributions réunies dans ce numéro thématique explorent le caractère heuristique de cette théorie de l’expérience en mettant en évidence ses fondements, son actualité et ses formes de renouvellement pour la recherche et la formation.

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Emmanuelle Prak-Derrington : Magies de la répétition

 ENS Editions - Janvier 2021


Préface de Claude Hagège

Les battements du cœur, l’alternance des jours et des saisons, les lundis matins... Notre vie est faite de répétitions. Qu’en est-il de la répétition dans le langage ? Longtemps délaissée, la répétition verbale est aujourd’hui traitée dans de nombreuses études qui en appréhendent chacune un aspect particulier : les figures ou les procédés, les auteurs, les types de textes ou les genres de discours. C’est l’apport et l’originalité de cet ouvrage de présenter pour la première fois une définition unitaire. Qu’est-ce qui change quand des sons, des mots, des phrases sont dits plusieurs fois ? En quoi la parole sert-elle autre chose que la transmission d’informations ? Pourquoi la répétition est-elle utilisée dans les pratiques poétiques, politiques, religieuses et magiques ? Ce sont ces questions et bien d’autres que l’auteure, qui réfléchit et écrit depuis des années sur la répétition verbale, aborde et éclaire dans cet ouvrage. Écrit dans une perspective largement interdisciplinaire, ce livre s’adresse, au-delà des linguistes, à tous ceux et celles qui dans les sciences humaines s’intéressent au pouvoir des mots.

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Ludovic Frobert : Vers l'égalité, ou au-delà ? Essai sur l'aube du socialisme

 ENS Editions - Janvier 2021


Comment le socialisme doit-il articuler les deux exigences qui l’ont toujours défini : « à chacun selon ses besoins » et « à chacun selon ses mérites » ? Ce court essai propose un retour aux origines. Dans l’une de ses belles formulations, Pierre Leroux écrivait, « le socialisme paraît, et l’aube du jour c’est 1830 ». Procédant ici de quelques portraits, ceux notamment de Louis Blanc et Constantin Pecqueur, de François-Vincent Raspail et de George Sand, cet essai signale comment en cette période de genèse, qui inventa même le terme de « socialisme », l’exigence du besoin fut considérée comme rectrice. Loin d’être nié, le mérite restait néanmoins associé à cette exigence. En ces temps déjà de premières déferlantes libérales, cette articulation originelle permit alors au socialisme de s’identifier d’abord, de résister ensuite et de créer enfin, tant dans le domaine des idées que dans celui des expérimentations, des voies nouvelles à l’émancipation et au progrès social, économique et politique. Cette option consistant à résolument situer le pari du socialisme au-delà de la seule égalité des chances, aussi rigoureusement définie soit-elle, méritera dès lors d’être rappelée et reconsidérée aujourd’hui.

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