jeudi 30 mars 2023

Vladimir Soloviov : Du national et de l'universel. Ecrits polémiques 1883-1891

 Vrin - Avril 2023


Les quinze articles de ce recueil de Vladimir Soloviov, inédits en français à part quelques fragments, ont été édités en 1884 et 1891 sous le titre La question nationale en Russie. Ils ont tous pour thème le rapport du national à l’universel. Dans le contexte d’une montée du nationalisme et de l’obscurantisme sous Alexandre’III, Soloviov ferraille contre les épigones du slavophilisme qui a dégénéré en « patriotisme zoologique » et « ensauvagement réactionnaire ».
Soloviov voit le salut de la Russie dans la liberté de parole, le renoncement au droit de la force pour « croire à la force du droit », et le rejet du nationalisme religieux en vue de la réconciliation spirituelle de l’Orient et de l’Occident « dans l’unité divino-humaine de l’Église universelle ». L’utopisme de Soloviov s’appuie sur un diagnostic lucide et plus que jamais d’actualité des maux de la Russie.

Présentation, traduction et notes par Michel Niqueux, professeur émérite de littérature et civilisation russes à l’Université de Caen-Normandie
Traduction de Niqueux Michel

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Cahiers de Conflits 2023/1 (Janvier-mars) : Qu’est-ce que la puissance ?

 Revue Conflits - Mars 2023


Page 1 à 3 : Jean-Baptiste Noé - Introduction. La puissance en question | Page 4 à 8 : Raphaël Chauvancy - La puissance comme grille de lecture | Page 9 à 13 : Jean-Robert Pitte et Louis du Breil - Géographie de la puissance. Entretien avec Jean-Robert Pitte | Page 14 à 17 : Charles Millon et Louis du Breil - La puissance, une idée française ? Entretien avec Charles Millon | Page 18 à 22 : Rémi Brague et Louis du Breil - L’Europe face à la puissance. Entretien avec Rémi Brague | Page 23 à 27 : Sylvain Gouguenheim et Jean-Baptiste Noé - Frédéric II, un modèle de puissance ? Entretien avec Sylvain Gouguenheim | Page 28 à 31 : Pierre-Louis Boyer - Puissance et droit : la potestas et la souveraineté | Page 32 à 36 : Georges-Henri Soutou et Louis du Breil - Entretien avec Georges-Henri Soutou : puissance et géopolitique | Page 37 à 38 : Olivier Chantriaux - La dialectique de la diplomatie et de la puissance | Page 39 à 43 : Jean-Marc Daniel et Louis du Breil - Entretien avec Jean-Marc Daniel : puissance et économie française | Page 44 à 47 : Olivier Kempf - France, puissance militaire et armée de terre | Page 48 à 52 : Yan Giron et Louis du Breil - La puissance maritime. Entretien avec Yan Giron.

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Basile Zimmermann : Humanités populaires. La culture des objets

 Les Belles lettres - Mars 2023


L’objectif de ce livre est de vérifier dans quelle mesure nous avons compris quelque chose de travers, et si oui, comment redresser la barre.
Depuis longtemps déjà, la crise des humanités nous menace. Ou du moins, c’est ainsi qu’on en entend parler. Les spécialistes d’études classiques s’inquiètent de la logique marchande qui ferme départements et facultés, coupe dans les budgets, et réduit les effectifs. Certains tentent de répondre à des chiffres par des chiffres, et à un déficit de popularité par un gain de popularité.
L’hypothèse défendue ici est que les humanités auraient avantage à travailler sur les objets populaires actuels. Par « objets » je désigne des artefacts, des produits matériels d’activités humaines comme des textes, des tableaux, des sculptures, des partitions de musique, ou des téléphones mobiles. Par « populaires », j’entends ce qui relève de la culture dite de masse, comme la musique de variété, les séries télévisées, les transports publics, ou les produits de supermarché ; et par « actuel », je désigne ce qui se passe aujourd’hui d’un point de vue temporel.

Basile Zimmermann est spécialiste en anthropologie de l'innovation et maître d’enseignement et de recherche au rectorat de l’université de Genève où il dirige l’institut Confucius, une plateforme de diplomatie scientifique entre la Chine et la Suisse établie en partenariat avec l’université Renmin.

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Antonio Prete : La pensée poétante. Essai sur Leopardi

 Mimesis - Avril 2023


La pensée poétante de Leopardi n’est pas seulement une modalité cognitive, c’est aussi une façon d’être de l’écriture, qui unit raison et passion, méditation et chant. Une écriture sans protection, audacieuse, toujours en mouvement, qui déplace constamment le point d’observation : du sujet à la nature, de la sensation individuelle au rythme cosmique, des formes visibles et dominantes de la civilisation à un avant de la civilisation, à une antériorité lumineuse. Dans cette antériorité se disposent les figures de l’ancien, du primitif, de l’enfant et de l’animal : des figures dont l’énergie poétique, soustraite à tout regret, exempte de toute nostalgie, devient source d’interrogation. C’est ainsi que la subtile analyse d’Antonio Prete, devenue un classique des études léopardiennes, nous accompagne dans la lecture du “Zibaldone”.

Antonio Prete, poète, narrateur, critique, traducteur en italien de la poésie française, a enseigné la Littérature comparée à l’Université de Sienne. Il a donné des cours et des séminaires à l’Université de Harvard et au Collège de France. Ses oeuvres sont traduites en plusieurs langues. En français : “Prosodie de la nature”, “L’Imperfection de la lune”, “L’Ordre animal des choses”, “À l’ombre de l’autre langue (pour un art de la traduction)”. Son essai le plus récent, “Carte d’amore” (2022).

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Nicolas Dittmar : Simondon et Ortega y Gasset

 Ovadia - Novembre 2022


Penser l’individuation ou la réalité « radicale » de la vie, implique une méthode génétique, et relève en même temps d’une démarche naturelle qui est au plus proche de la dynamique de la vie, et de la problématique perceptive. La philosophie de l’individuation peut en effet se caractériser comme un vitalisme, mais il s’agit d’un vitalisme critique, qui s’interroge sur les conditions de la connaissance réelle, dans ce qu’elle a de plus immédiat pour la conscience. C’est en ce sens que l’on peut comprendre la philosophie de Simondon, de façon post-phénoménologique.
Le projet le plus général qui caractérise l’analyse ortéguienne est d’introduire les notions de vie et de valeur dans la science et les concepts sur lesquels elle s’appuie pour forger une théorie de l’Homme : le geste philosophique commun à Simondon et à Ortega consiste rigoureusement à élaborer une ontologie non-éléatique de l’Etre, à travers la notion d’ontogénèse chez le premier et de raison vitale et historique chez le second. L’enjeu est « d’apprendre à désintellectualiser le réel afin de lui être fidèle », l’éléatisme ayant représenté « l’intellectualisation radicale de l’être... cercle qu’il est urgent de dépasser » : le fait de parler de réalité a semble-t-il trop longtemps fait l’objet de l’ontologie, c’est-à-dire d’une réification du réel en ce qu’il a d’identique, la chose étant réduite à une nature que l’esprit observe de l’extérieur, à une « res » ; or, nous dit Ortega, « ce qui nous gêne dans le naturalisme à l’heure de concevoir les phénomènes humains, ce qui les couvre face à notre esprit, ce ne sont pas les attributs secondaires des choses, des res, mais l’idée même de res fondée sur l’être identique et, en tant qu’identique, fixe, statique, prévu et donné... Le naturalisme est, à sa racine, intellectualisme, « projection du mode d’être particulier des concepts sur le réel ».
Simondon dénonce de manière similaire le privilège ontologique accordé à l’individu comme être donné une fois pour toutes, de façon monolithique, en tant qu’effectif et en acte, laissant de côté l’opération et le processus d’individuation qui conduit réellement, c’est-à-dire potentiellement, à l’individu constitué ; pour les deux auteurs, il s’agit en fait, de « renoncer allègrement, courageusement, à la commodité qu’il y a à présumer que le réel est logique », et de repenser un concept de devenir en tant qu’être, dans la perspective de cette philosophie ionienne dont l’enjeu était de « sauver les apparences ».

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Camille Roelens : Éthique, numérique et idéologies aujourd'hui et demain

 Ecole des Mines - Mars 2023


La transition numérique et la mutation profonde de modes relationnels entre les individus dans tous les domaines - politiques, sociaux, économiques, amoureux, amicaux, professionnels, pédagogiques... - occupent une partie considérable de l'espace public. Ces changements invitent à une réflexion éthique fondamentale sur ce que la numérisation du monde révèle de nos conceptions contemporaines de l'être-soi, de l'être ensemble et de leur articulation. Ils invitent aussi à inscrire ces analyses dans un contexte de profondes mutations idéologiques contemporaines dans le cadre du devenir démocratique des sociétés modernes et du projet démocratique qui les animent aujourd'hui. Voici le chantier intellectuel que les chapitres de cet ouvrage contribuent à ouvrir, traçant des pistes à la fois plurielles et articulées. Résolument interdisciplinaire, ce livre réunit des spécialistes initiaux en éthique et/ou dans les technologies informatiques, mais aussi des personnes d'horizons variés qui ont en commun de s'engager dans une démarche de réflexivité éthique face aux transformations numériques qui saisissent leurs domaines respectifs d'activité et de compétence.

Camille Roelens est chercheuse au Centre Interdisciplinaire de Recherche en Éthique, Université de Lausanne. Chrysta Pélissier, MCF HDR, Université Paul Valéry Montpellier 3, Unité de Recherche LHUMAIN.

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mercredi 29 mars 2023

Iris Murdoch : La souveraineté du bien

 Editions de l'Eclat - Mars 2023


Traduit et présenté par Claude Pichevin

On dit parfois, avec irritation ou avec un brin de satisfaction, que la philosophie ne fait aucun progrès. C’est certainement vrai, mais je pense que le fait que la philosophie doit toujours, en un sens, s’efforcer de reprendre les choses à la base n’est pas un accident regrettable, mais un trait qui appartient à la structure de la discipline. Or l’entreprise n’est pas des plus faciles. Il y a en philosophie un double mouvement : l’un qui progresse vers la construction de théories élaborées, et un autre qui revient sans cesse à la considération de faits simples et évidents. Par exemple, McTaggart déclare que le temps n’existe pas, et Moore lui répond qu’il vient de prendre son petit-déjeuner. Philosopher requiert l’un et l’autre mouvement. »

Née en Irlande, ancienne élève de Wittgenstein, Iris Murdoch (1919-1999) a enseigné la philosophie à Oxford de 1948 à 1963. Elle s’est ensuite principalement consacrée à une œuvre romanesque et théâtrale, aujourd’hui reconnue internationalement.

La traduction de La souveraineté du bien a paru pour la première fois en 1994, dans la collection Tiré à part, créée et dirigée par Jean-Pierre Cometti.

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Giacomo Leopardi : Pensées

 Allia - Mars 2023


"On peut mesurer la sagesse économique de ce siècle à la vogue des éditions dites compactes, où l'on épargne beaucoup le papier, mais fort peu la vue. Malgré cet effort pour économiser le papier dans les livres, on voit bien que la mode actuelle est d'imprimer beaucoup et de ne rien lire. C'est à cette mode également que nous devons l'abandon des caractères ronds, en usage autrefois partout en Europe, au profit des caractères longs. Si l'on y ajoute l'éclat du papier, voilà des ouvrages aussi agréables à regarder que nuisibles aux yeux du lecteur ; ce qui convient parfaitement du reste à une époque où les livres sont faits pour être vus, non pour être lus."

Publiées de façon posthume en 1845, ces Pensées sur le caractère des hommes et leur conduite dans la société présentent, sous forme d’aphorismes, d’anecdotes significatives ou de sentences lapidaires, l’essentiel des conclusions léopardiennes sur la morale.

Traduit de l'italien par Joël Gayraud.

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Hans Robert Jauss : Petite Apologie de l'expérience esthétique

 Allia - Avril 2023


“Ils sont peu nombreux, ceux qui ont le courage de transgresser l’interdit et de se comporter comme l’un des patriarches de ma discipline, Leo Spitzer, qui, un jour, comme un ami le trouvait assis à son bureau et le saluait de ces mots : 'Tu travailles ?', eut cette réponse digne d’être méditée : ‘Moi, je travaille ? Mais non, je jouis !””
Dans ce texte issu d’une conférence prononcée en 1972, Jauss entreprend de réhabiliter la notion de jouissance esthétique à la fois contre la notion vulgaire de simple plaisir et contre les attaques des ascètes modernes qui voudraient exclure toute jouissance de l’art, qu’ils conçoivent comme pure intellectualité. Pour Jauss, il est impossible de faire abstraction de la jouissance que provoque l’expérience esthétique, il faut au contraire la prendre comme objet de réflexion. C’est à ce prix qu’une telle expérience peut devenir libératrice et donner naissance à une forme nouvelle de sociabilité. Posant les bases d’un nouvel humanisme esthétique et critique, Jauss réhabilite la primauté de l’expérience esthétique qu’il oppose au langage asservi des sociétés modernes de consommateurs. Cette expérience spécifique maintiendrait présente l’image d’un monde unique, commun à tous. Un monde que seul l’art laisserait apparaître comme possible.

Traduit de l'allemand par Claude Maillard.

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André Hirt : Promesse de Beethoven

 Hermann - Mars 2023


En même temps que la civilisation et la culture s’effondraient, Thomas Mann, dans Le Docteur Faustus, roman rédigé entre 1943 et 1947, concevait le personnage du musicien Adrian Leverkühn qui, en proie aux effets du Pacte contracté avec le Diable, finit par devenir fou. La musique, la création et l’inspiration en général ne sont-elles vraiment possibles que par la médiation d’un Pacte de ce type, afin de conjurer la réalité et le risque de la stérilité en s’appropriant ainsi les pouvoirs du génie ? Faisant suite aux avertissements de Nietzsche et de Freud auxquels on resta bien trop sourds, on doit se demander avec lucidité comment la musique, et avec elle la plus haute culture, peuvent s’avérer à ce point douteuses à l’égard de leurs propres exigences et prétentions. Mais la musique ne lutte-t-elle pas en son propre sein, ainsi que le fit exemplairement celle de Beethoven, dans le but d’opérer la percée, comme sous la poussée de la pensée elle-même, vers sa plus haute et sa plus sensible destination ?

À travers quelques moments décisifs du roman de Thomas Mann, l’évocation de la Heiterkeit (la « sérénité ») de Mozart, La Petite Sirène d’Andersen, l'Essai sur le Théâtre de marionnettes de Kleist, et en suivant la tension au cœur de la musique de Beethoven entre l’affirmation héroïque, la jubilation assez douteuse de l’Hymne à la Joie de la IXe Symphonie et la sobriété du XVe Quatuor à cordes, on percevra en pensée les Lumières – qui ont historiquement échoué – se réfléchir et engager, par la grâce d’une ressource insoupçonnée, une autre promesse d’humanité et de paix.

André Hirt a enseigné la philosophie en khâgne. Il a publié de nombreux ouvrages portant sur Baudelaire, Musil, Glenn Gould, mais aussi Descartes et Hegel. Dans deux de ses ouvrages précédents sur Thomas Mann et le Docteur Faustus, il présente le croisement de la littérature, de la musique et de la philosophie comme une méthode pour comprendre autant notre présent que l’avenir de la culture et de la civilisation.

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Bertrand Naivin : Cachez ce Beau que je ne saurais voir ! L'avènement de l'imbeau au XXIe siècle

 Hermann - Mars 2023


Du succès de la saga Moi, moche et méchant au #chubby sur Instagram, du selfie au photo-dumping, du désormais incontournable pull moche arboré à Noël à l’improbable design de la Citroën AMI, il semble qu’aujourd’hui, la Beauté avec un grand B ne soit plus en vogue.
Normatif et dictatorial, artificiel et trompeur, prompt à l’asservisse­ment et au rejet du différent, le Beau est alors à présent accusé d’intolérance et de propagandisme.
Dès lors, la Laideur est devenue en art une source intarissable de liberté esthétique et une critique de la culture du Surhomme des dictatures du XXe siècle avant que le moche ne soit considéré comme une réponse à l’hyperesthétisme impersonnel et deshumanisant des mass media.
Depuis, l’heure semble désormais à l’élaboration d’une esthétique de l’inesthétique et à la banalisation comme à la valorisation de nos penchants les plus abjects. De cette tendance émerge une nouvelle valeur qui ne prétend plus à la transcendance du Beau ni au choc cathartique du Laid, mais revendique une mocheté assumée et militante. Un moche qui entend déconstruire les anciennes hiérarchies esthétiques et morales au profit d’une vision résolument inclusive. Un néo-moche que nous qualifions d’imbeau, et dont ce livre propose d’analyser la genèse artistique autant que sociétale.

Bertrand Naivin est théoricien de l’art et des médias, chercheur associé au laboratoire AIAC (Art des images et art contemporain), conférencier et enseignant. Il est l’auteur notamment de Comprendre la culture numérique (Dunod, 2019) ; Selfie(s), analyses d’une pratique plurielle (Hermann, 2018) ; Monstres 2.0, l’autre visage des réseaux sociaux (François Bourin, 2018) ; Sur la laideur (Complicités, 2018) ; ainsi que de nombreux articles dans des revues en ligne (Esprit, Usbek et Rica, etc.).

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Simon Claude Mimouni : Politiques de la religion. Prophétismes, messianismes, millénarismes

 PUF - Mars 2023


Dans ce livre, à travers le prisme de la mystique, on trouve des perspectives didactiques sur les messianismes, prophétismes et millénarismes, c'est-à-dire la mystique et la théologie politique, qui conditionnent souvent les recherches pour des périodes tout aussi difficiles que formatrices, comme le judaïsme et le christianisme de l'Antiquité classique et tardive, voire l'islam des premiers siècles, lesquelles sont aux fondements des temps modernes et contemporains. Non pas seulement à cause de la spécificité parcellaire et orientée de la documentation de ces religions, mais aussi pour des raisons qui tiennent parfois aux idées que l'on se fait sur les origines de ces religions encore vivantes et dont les manifestations théologiques et spirituelles sont toujours indéfiniment et richement développées, il est essentiel d'en revenir à une réelle contextualisation culturelle et politique.

Historien, directeur d'études émérite à la Section des sciences religieuses de l'École pratique des Hautes études où il est titulaire de la chaire « Origines du christianisme », professeur associé à l'Université Laval à Québec, Simon Claude Mimouni est l'auteur d'une oeuvre importante dont, récemment, Le Judaïsme ancien et les origines du christianisme. Études épistémologiques et méthodologiques (Bayard, 2017) Les baptistes du Codex manichéen de Cologne sont-ils des elkasaïtes ? (Brepols, 2020) et Le Judaïsme ancien, du vie siècle avant notre ère au iiie siècle de notre ère. Des prêtres aux rabbins (Puf, nouvelle édition, 2021).

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mardi 28 mars 2023

Psychanalyse YETU 2023/1 (n° 51) : L'abyme du pouvoir

 Erès - Mars 2023


« L’équivoque Y-I ne se refuse pas. La mise en abyme indique que, aussi grande que soit la dernière poupée russe, celle qui enferme toutes les autres, elle n’est jamais satisfaisante, frustration (Versagung) que Lacan a définitivement inscrite dans le discours capitaliste, où la ronde folle du plus-de-jouir ne cesse de repasser du plus-de-jouir au sujet, sans jamais buter sur la grande barrière. Faute de conclusion, l’abyme se réverbère dans un faux infini. Quant au I de l’abîme, vêtu de son chapeau circonflexe, il fait signe au mieux, ou au pire, que cette course folle se termine soit dans la tombe de la défaite, soit dans les catacombes de l’histoire (on sait les noms).
De ce double destin, dans lequel la malédiction d’être né n’a jamais pu être surmontée, une analyse, ou autre, peut nous écarter, à la condition de servir une cause qui ne soit pas de s’en servir ou s’en asservir. »

Page 5 à 6 : Pierre Bruno - L’abyme du pouvoir | Page 7 à 25 : Catherine Joye Bruno - Hic jacet lepus. Dans « la cuisine des femmes », la part non surveillée de la mère. De quelques destins de l’amour maternel | Page 27 à 37 : Isabelle Morin - L’emprise comme vol psychique | Page 39 à 54 : Pierre Bruno, Mireille Bruyère et Marie-Jean Sauret - De l’argent et du pouvoir | Page 55 à 65 : Mario Uribe - Un violent « réveil » d’Octobre : paradoxes d’un devenir et évolution du droit | Page 67 à 73 : Véronique Sidoit - Là où le fils a échoué, le père a réussi | Page 75 à 80 : Guillaume Nemer - Tibère n’est pas Auguste | Page 81 à 92 : Marie-Jean Sauret - Au fond du pouvoir : l’impouvoir | Page 95 à 100 : Serge Lavoine - Une expérience du « hasard objectif » | Page 103 à 110 : Dimitris Sakellariou - De l’impossible du groupe psychanalytique au pari sur la structure du discours : nécessité ou contingence ? | Page 111 à 124 : Jacques Podlejski - Acte et tâche | Page 127 à 138 : Marc Lescanne - Pomme ou banane | Page 141 à 145 : Dominique Lechevallier - Un amour fou | Page 149 à 157 : Rémi Brassié - « Contemporanéité du nazisme » | Page 161 à 167 : Mathieu Blesson - De l’homme des cavernes à l’homme des cadavres | Page 171 à 174 : Y etu.

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Bell hooks : À propos d'amour

 Divergences - Mars 2023


Parmi les livres les plus appréciés de bell hooks, À propos d’amour est un texte singulier. Avec sa perspicacité habituelle et ses talents de vulgarisatrice, l’autrice afroféministe s’y attaque à une thématique rarement abordée de front en théorie politique. Définissant l’amour comme un acte et non comme un sentiment, bell hooks démonte tous les obstacles que la culture patriarcale oppose à des relations d’amour saines, et envisage un art d’aimer qui ne se résume pas au frisson de l’attraction ou à la simple tendresse. Recourant à la philosophie morale comme à la psychologie, elle s’en prend au cynisme narquois qui entoure les discussions au sujet de l’amour, et s’attache à redonner toute sa noblesse à la possibilité de l’amour, dans une perspective féministe.

GLORIA JEAN WATKINS, connue sous son nom de plume BELL HOOKS, née en 1952, est une intellectuelle, féministe, et militante étasunienne. Elle a publié plus de trente livres et de nombreux articles, et est apparue dans plusieurs films documentaires. Traduits dans de nombreuses langues, ses ouvrages sont considérés parmi les plus importants sur la question aux Etats-Unis et suscitent un réel engouement en France depuis quelques années. Les éditions divergences ont déjà traduit et publié deux de ses ouvrages Tout le monde peut être féministe et La volonté de changer.

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Stefano Harney, Fred Moten : Les sous-communs. Planification fugitive et étude noire

 Brook - Janvier 2023


Une critique politique et esthétique radicale du capitalisme racial ainsi que des modes d'expérimentation sociale en forme de résistance au commun colonial, par Stefano Harney (théoricien en économie politique) et Fred Moten (poète et théoricien des black studies).Les sous-communs est une série d'essais publiée en 2013 par deux amis, Stefano Harney et Fred Moten. Les auteurs y proposent une critique du capitalisme racial et de ses outils, ainsi que des modes d'expérimentation sociale en résistance au colonial. La recherche passe par l'étude et se déroule bien au-delà de l'université, au travail, lors d'une pause cigarette, en famille, autour d'un repas, à la lisière de la lutte et de la fuite, à l'intérieur d'un mouvement de tremblement des fondations impérialistes, d'un mouvement de refus des termes du combat tel qu'il est imposé, vers la construction d'un espace social et politique en perpétuel déplacement. Le lieu et l'être sous-communs relèvent de l'incertitude de la création collective, de l'habitation par l'échange, de l'improvisation comme critique.
Les sous-communs s'écrit dans le sillage de la tradition radicale noire de manière à la fois théorique et poétique, auprès d'auteurices comme Cedric Robinson, Saidiya Hartman, Édouard Glissant ou Frantz Fanon. Cette édition, accompagnée d'une préface de Jack Halberstam, est le fruit d'un travail collectif de traduction mené lors d'ateliers durant un peu plus de deux ans.

« Y a-t-il une façon d'être intellectuelle qui n'est pas sociale ? Quand je pense à la manière dont nous utilisons le mot "étude", je crois que nous sommes attachés à l'idée que l'étude est ce qu'on fait avec d'autres. C'est parler et se balader avec des gens, travailler, danser, souffrir – une irréductible convergence des trois, contenus dans l'expression pratique spéculative. Il y a l'idée d'une répétition – être dans un genre d'atelier, jouer dans un groupe, en impro, des vieux assis devant chez eux, ou des gens qui travaillent ensemble à l'usine… ces différents modes d'activité. (…) Faire ces choses signifie être impliqué·e dans une sorte de pratique intellectuelle commune. Ce qui est important c'est de réaliser que ça a déjà été le cas – parce que cela (te) permet d'accéder à toute une histoire de la pensée, multiple, alternative. »

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Margaret Lucas Cavendish : Considérations sur la philosophie expérimentale

 Clinamen (Genève) - Mars 2023


Quatre textes bilingues français/anglais sur le ciel de Margaret Cavendish (1623-1673), aristocrate anglaise, écrivaine, philosophe et scientifique dont le salon accueillait Descartes, Hobbes et Gassendi, précurseure du féminisme et auteure de l'une des premières œuvres de science-fiction.

Margaret Cavendish est surtout connue pour avoir écrit le roman de proto-science-fiction The Blazing World (Le monde glorieux) dans lequel elle imagine un des premiers – si ce n'est le premier – mondes physiquement accessibles (par le Pôle Nord). Néanmoins, elle a amplement écrit à propos de la nature, les sciences et la philosophie, un œuvre moins connu et demeuré non traduit.
S'il est parfois utile de passer outre ses argumentations baroques, ces courts textes sélectionnés suffisent à saisir une part significative de la pensée et de la sensibilité de Margaret Cavendish.
Choisis parmi Observations upon Experimental Philosophy (Considérations sur la philosophie expérimentale), ces quatre textes, relatifs à sa perception du ciel et ce qui le compose, dévoile sa position anti-aristotélicienne. De plus, sa sensibilité, assimilable à une sorte de matérialisme, réalise une inclusion prévenante de l'humanité parmi les autres espèces – et les autres espèces et créatures parmi l'humanité. En effet, elle n'omet jamais de mentionner les autres animaux et les autres créatures quand elle parle des humains, à l'aide de son expression chaleureuse souvent répétée « l'humain et les créature semblables ». Mais ses préoccupations et sa générosité dépassent une attention spécial donnée au vivant, et embrassent les éléments et les corps du monde, qui évoluent de manière collective au sein de la nature étincelante « auto-mouvante » qu'elle envisage. Et par le biais de son écriture, les sciences et la philosophie cohabite avec intimité et intuition.

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CIRA Lausanne : Refuser de parvenir. Idées et pratiques

Nada - Mars 2023


Nous vivons aujourd’hui sous l’injonction de la réussite. Réussir, c’est rentrer corps et âme dans la compétition pour se hisser au-dessus des autres. Certain.es, pourtant, refusent de gravir les échelons et de se compromettre avec le pouvoir.

Le refus de parvenir a été et reste largement pratiqué et discuté au sein du mouvement anarchiste, depuis Michel Bakounine, Élisée Reclus et Emma Goldman jusque dans les luttes actuelles, en passant par les syndicalistes révolutionnaires.

Ce recueil, qui compile contributions originales, entretiens actuels et traductions inédites, propose de découvrir différents aspects de ce principe radical d’insoumission.

Ouvrage coédité par le Centre international de recherches sur l’anarchisme de Lausanne (CIRA) et Nada.

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Denis Collin : Hobbes pour penser notre temps ?

 Bréal - Mars 2023


Une analyse pertinente de la pensée de Thomas Hobbes, philosophe souvent détesté mais d'une actualité brûlante.
Avec l’effondrement complet du système soviétique entre 1989 et 1991, on nous promettait une nouvelle ère historique, une ère de paix et de démocratie, un «?nouvel ordre mondial?» et même «?la fin de l’histoire?». À l’affrontement de ces monstres froids que sont les États devait succéder une ère de coopération sous l’égide du droit. Il ne restait plus qu’à jeter la dernière pelletée sur le cadavre de Thomas Hobbes, lui qui avait affirmé qu’entre les États régnait l’état de nature, c’est-à-dire la loi du plus fort, affirmant son droit aussi loin que sa puissance le pouvait. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les discours iréniques soient étouffés par le bruit des bombes et que l’histoire fasse son retour. Tous les États, même les plus démocratiques, ont tôt montré que nous n’allions pas vers une démocratie idéale, mais vers la multiplication des contrôles, des états d’urgence, ces lois d’exception. Un virus a suffi pour que les libertés civiles les plus essentielles soient suspendues. Le fantôme de Thomas Hobbes rôde plus que jamais : l’État est bien ce «?monstre froid?», «?le plus froid des monstres froids?», selon la parole fameuse de Nietzsche, qui possède le pouvoir de terroriser les citoyens afin d’obtenir d’eux l’obéissance. À tous égards donc, Hobbes est un philosophe majeur et d’une brulante actualité.

Denis Collin est professeur agrégé de philosophie et docteur en philosophie.

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Maria Gyemant : Freud. Une philosophie de l'inconscient

 Ellipses - Mars 2023


Parmi les penseurs révolutionnaires du XXe siècle, Sigmund Freud occupe une place particulière en tant que l’inventeur d’un nouveau courant de pensée, à l’intersection de la psychiatrie, de la psychologie et de la philosophie : la psychanalyse. Conçue au départ comme une nouvelle technique thérapeutique, la psychanalyse freudienne prend au cours des années une dimension théorique de plus en plus complexe et sa portée s’étend, bien au-delà du domaine restreint de la psychopathologie, au psychique humain pris dans sa généralité.

Il est donc non seulement légitime, mais aussi nécessaire de lire Freud dans une perspective philosophique à partir du moment où l’on s’intéresse à la philosophie du sujet en interrogeant ses facultés et son activité psychique. Traditionnellement centrée sur le concept de conscience, une telle philosophie s’ouvre des nouvelles voies de réflexion particulièrement stimulantes à partir du moment où elle prend au sérieux le concept psychanalytique d’inconscient avec tout ce qu’il implique de radicalement nouveau. Voici pourquoi, dans cet ouvrage, est proposée une généalogie du concept d’inconscient en montrant comment, en suivant cette voie, Freud s’éloigne progressivement de la médecine pour rejoindre fermement, grâce à sa métapsychologie, les rangs des philosophes importants du XXe siècle.

Agrégée et docteure en philosophie, Maria Gyemant enseigne la philosophie et poursuit ses recherches en tant que membre associé des Archives Husserl. Ses travaux portent sur le rapport entre conscience et inconscient et la dynamique des émotions.

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Mario Barra-Jover : Sur la régularité

 La Philosophie hors de soi - Mars 2023


Sans régularité le monde ne serait que chaos. Elle anticipe ce qui peut ou non arriver. Nous proposons un nouveau regard sur cette régularité, sans appel à des règles abstraites comme les lois de la nature ou les maximes morales. Sans régularité le monde ne serait que chaos. C'est la régularité dans nos comportements et dans nos représentations qui nous permet d'anticiper ce qui peut ou non arriver.
La source de cette régularité n'est cependant pas facile à établir sans postuler des entités telles que les " lois de la nature" ou les " maximes morales ", autrement dit, des " règles abstraites " dont la source, la forme et l'implantation semblent nous échapper. Dans cet essai on renonce à la quête de ces insaisissables règles qui existeraient indépendamment de nous. On y fait l'hypothèse que tout ce qui est général, des lois physiques aux principes éthiques, relève en fait d'énoncés normatifs émanant d'une autorité plus ou moins diffuse.
Des énoncés normatifs qui parviennent à s'implanter dans nos sociétés en imposant une façon de regarder le monde et d'y agir. Le reste des régularités sont dès lors le résultat des processus spontanés se déroulant soit au niveau de l'individu (règles individuelles) soit au niveau du collectif (conventions).

Mario Barra-Jover (né à Madrid en1965) a obtenu son doctorat à l'Université de Strasbourg en 1992 et son HDR à l'Université Paris 8 en 1999. Il est depuis 2000 professeur à l'Université Paris 8 où il enseigne dans les départements de philosophie et de linguistique générale.

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Simone Weil : Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale

 L'Alchimiste - Mars 2023


Magistral de lucidité et de profondeur, Simone Weil considérait elle-même ce livre comme son oeuvre principale et la plus chère à ses yeux. Écrit en 1934, il demeure encore aujourd'hui d'une actualité criante et d'une clairvoyance transcendant les époques. L'autrice y dénonce les désillusions suivant les révolutions, l'oppression sociale, le gaspillage des ressources naturelles, la soumission de l'homme au capitalisme et à sa « nécessité » de croissance productive. Proposant des réflexions et des issues tant concrètes que spirituelles, Simone Weil exhorte l'homme à penser par lui-même et à développer le monde de demain par un effort de conscience et une aspiration à une fondamentale liberté d'esprit.

Née en 1909, Simone Weil fut élève de l'École normale supérieure, disciple du philosophe «Alain», et agrégée de philosophie en 1931. D'abord enseignante en lycée, elle abandonne un temps sa carrière et travaille comme ouvrière, entre autres chez Renault. Militante syndicale et proche des milieux anarchistes, elle s'engage dans les Brigades internationales en 1936 et, malgré son dégoût de la guerre, part se battre en Espagne. Mais elle en revient désillusionnée. Elle quitte la France en 1942 pour New York et, enfin, Londres, où elle rejoint la résistance gaulliste pour la France Libre. Atteinte de la tuberculose, elle meurt le 24 août 1943 dans un sanatorium d'Ashford (Angleterre), âgée seulement de 34 ans.
Son oeuvre est considérée comme l'une des plus marquantes du XXe siècle.

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Bertrand Vergely : Devenir un dieu parmi les hommes

 Originel Antoni - Mars 2023


« Il y a un croisement entre la lumière, la fermeté et la douceur. Je vis à ce croisement et j’écoute librement ce qui me dépasse, ce qui sait exactement où je dois être, enfin libre, dans cette expérience incroyable qui est l’Un. » Un témoignage de Bertrand Vergely, artisan-philosophe, théologien, enseignant, écrivain et essayiste. Vivant comme un moine au cœur de Paris, inspiré par des retraites régulières au Mont Athos, il nous propose de nous recentrer, de cesser de vouloir transformer le monde, et de rompre avec l’agitation autour de nous.

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Jérémy Berriau : Apprendre à philosopher avec Lacan

 Ellipses - Mars 2023


Jacques Lacan est une figure incontournable du paysage intellectuel de l’après-guerre. Source d’enthousiasme autant que de controverse, son enseignement de plusieurs décennies rayonne au-delà du monde psychanalytique, notamment par le profond remaniement qu’il fait subir à certaines notions philosophiques majeures comme le sujet, le désir, l’Autre, le réel ou encore le discours. En suivant le fil conducteur du « ratage » et du « non-rapport sexuel », cet ouvrage s’efforce de rendre accessible une pensée dont l’expression parfois sibylline ne révèle pas immédiatement sa rigoureuse cohérence et sa puissante inventivité.

Jérémy Berriau est agrégé de philosophie et psychanalyste.

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Karim Piriou : Politikon. Tout ce qu'il faut savoir des idéologies qui ont façonné notre monde

 Nouveau Monde - Janvier 2023


“Tout est politique”, “La politique est partout”. Mais comment s’y retrouver quand les repères nous semblent brouillés ? Politikon nous propose de revenir à la base avec cette petite histoire des idéologies politiques modernes occidentales – synthétique et accessible à tous les lecteurs désireux d’affermir leurs connaissances.

L’auteur retrace les grands moments théoriques du libéralisme, du socialisme jusqu’aux pensées récentes du féminisme ou de l’écologie politique, en passant par le nationalisme et les doctrines autoritaires. En évoquant les grandes figures de ces courants et les contextes historiques et sociaux de leur émergence, il montre d’où viennent les représentations et les imaginaires politiques qui nous poussent à adopter tel ou tel point de vue sur la société, sur ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire.

Karim Piriou prend le maximum de recul pour placer des points de repères théoriques et déjouer les pièges de la communication politique qui entretiennent la confusion – comme les différents usages du clivage gauche/droite ou de la notion de populisme. Il rappelle ainsi qu’en politique les mots sont souvent utilisés comme des armes, et qu’il est nécessaire de les désamorcer pour mieux en restituer le sens et les enjeux.

Karim Piriou est professeur-documentaliste. Dans Politikon, son premier livre, il prolonge le travail entamé sur sa chaîne YouTube, en se concentrant sur l’histoire des idéologies politiques modernes occidentales.

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dimanche 26 mars 2023

Solange Chavel : Qu’est-ce qu’une frontière ?

 Vrin - Avril 2023


Des lignes sur une mappemonde, un passeport couvert de tampons, un mur, un barbelé : les expériences contemporaines de la frontière sont chargées normativement et émotionnellement, et largement déterminées par la structure de l’État-nation. Elles nous renvoient à la réalité de rapports de force qui façonnent, par leur arbitraire, les destins individuels, et sont un défi à nos théories de la justice. Mais les frontières ont aussi une réalité sociologique plus diverse, et peut-être plus pérenne et plus riche que la seule frontière nationale, qui peut être un recours pour affronter les questions ouvertes sur l’organisation d’ordres collectifs justes.

Solange Chavel est docteur en philosophie.

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Cités N° 93/2023 : Régimes autoritaires et destruction de la pensée

 PUF - Mars 2023


Les régimes autoritaires actuels (la Russie, la Chine, le Corée du Nord, etc.), qui sont très proches des régimes totalitaires du XXe siècle, se caractérisent comme eux par une concentration monopolistique des pouvoirs (politique, policier, militaire, informationnel) dont les instruments sont la terreur, la violence et l'embrigadement idéologique. L'opinion publique et la société civile sont absorbées jusqu'à leur dissolution.
Il s'agit donc dans un premier temps de caractériser ces régimes autoritaires dans ce qui les rapproche et les distingue des régimes totalitaires, en particulier leur prétention à une supériorité sur les démocraties décadentes. En outre, il s'agit de montrer la manière dont s'y opère la destruction de la pensée, inconcevable sans liberté.

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Philosophie n° 157

 Minuit - Mars 2023


Ce numéro s’ouvre sur la traduction, par Clément Lion, de « Logique et Agon », texte d’une conférence prononcée à Rome en 1958 par le philosophe et mathématicien allemand Paul Lorenzen. Dans ce texte inaugural sont posées les bases de la logique dialogique, qui représente une approche alternative de la question du sens et de la vérité logique, fondée sur un formalisme dynamique ; grâce à l’enrichissement de l’approche standard de la logique par des outils originaux, ce fomalisme permet une explication philosophique des fondements du concept de validité formelle. Dans sa présentation, Clément Lion montre que l’ambition initiale de Paul Lorenzen n'était pas tant de proposer un nouveau formalisme logique que de questionner en son principe toute entreprise fondée sur l'usage d’un tel formalisme.
« Description mince et description épaisse d’une œuvre d’art » se situe au carrefour de la philosophie analytique et de l’iconologie. Johann Michel y interroge la démarcation entre la description et l’interprétation d’une œuvre d’art. Plutôt que de les opposer, il cherche à les mettre en dialectique, et ce à partir de la distinction proposée par Ryle entre description mince et description épaisse ; refusant la possibilité de principe d’une description pure et neutre d’une œuvre d’art, la contribution plaide en faveur du relativisme intégral défendu par Joseph Margolis, qui repose sur le principe de tolérance d’interprétations incompatibles, pour autant qu’elles demeurent plausibles.
Romain Couderc, dans « Au travers de la phénoménologie : l’expression et les traces du sens chez Merleau-Ponty », s’intéresse à la notion de trace. Signe faible et équivoque, élevé au rang d’opérateur conceptuel essentiel dans les philosophies de Levinas et de Derrida, elle intervient de façon allusive mais insistante dans les écrits de Merleau-Ponty consacrés à la parole et à l’écriture pour contester la toute-puissance hégémonique du signe. Au travers de la phénoménologie husserlienne, Merleau-Ponty examine le statut essentiel de l’écriture dans la constitution de la corporéité, de l’altérité, de l’intersubjectivité et de l’historicité : pensés comme traces et « expérience d’un absent », les signes graphiques acquièrent une dimension d’idéalité matérielle d’un genre nouveau, aux limites de la phénoménologie.
Dans « Phénoménologie de la peur », Sébastien Perbal donne une interprétation phénoménologique de la peur qui, tout en suivant la lecture que Heidegger donne de la Rhétorique d’Aristote, met en évidence de la tonalité de fond qui est constitutive de la mobilité moyenne de l’existence. Il montre que le signe, tel qu’il se donne dans la peur, est indissociable d’un certain savoir de ce qui approche depuis le lointain. Mais puisque le savoir de ce qui vient est aussi ce que le second Heidegger pense sous le titre de pressentiment (Ahnung) – lequel n’est rien d’autre que le savoir de l’Ereignis –, il se demande si l’herméneutique de la peur procède bien d’une description phénoménologique ou si elle n’est pas déjà l’attestation d’une attention portée à la dimension d’appartenance de la phénoménologie elle-même.

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Olivier Guichard : Voltaire et les Jésuites

Georg (Genève) - Mars 2023


La relation de Voltaire et de ses maîtres a très tôt été réduite à un cri de guerre, tout droit sorti de Candide : « Mangeons du jésuite, mangeons du jésuite » ! Foin des caricatures, le présent travail rend justice à l’une des aventures intellectuelles les plus emblématiques du siècle des Lumières et en rappelle, à l’appui d’une documentation en partie inédite, et une logique d’entrées fidèle aux traités voltairiens (« Catéchismes », « Apostasies », « Écritures ») les principaux enjeux. Il s’attarde, par-delà les provocations de l’un, et les archaïsmes des autres, sur leur rôle respectif dans la défense d’un humanisme et d’un classicisme hérités de la Renaissance et leur prévention commune contre le matérialisme et la société du spectacle naissante. Issue d’une thèse en littérature soutenue à l’Université de Genève, cette étude restitue pour la première fois les détails de l’éducation reçue par Voltaire chez les jésuites. Il établit le rôle majeur de Voltaire dans le renouveau de la pensée aristotélicienne au XVIIIe siècle et revient sur le refus de ses maîtres d’en partager les thèses.

Olivier Guichard, historien, docteur ès lettres, a exercé les fonctions d’attaché culturel à la Ville de Ferney-Voltaire durant vingt ans. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la vie et l’oeuvre du patriarche de Ferney et consacre l’essentiel de sa recherche au XVIIIe siècle.

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François Soulages, Anikó Adám, Aniko Radvanszky (dir.) : Visage à voir, visage à lire

 L'Harmattan - Mars 2023


Dès l'Antiquité, des hommes sont à la recherche du « vrai » visage – le leur et celui d'autrui. Quelle vérité, quelle fiction ? D'autant qu'il y a certes le portrait et l'autoportrait, la biographie et l'autobiographie, mais aussi le masque. Comment se représenter le visage, le montrer dans une image, le dire dans un texte ? Par la vue ou par les mots ? Visage à voir ou visage à lire ? Là est le problème majeur du visage, avec ses enjeux existentiels et interhumains, éthiques et métaphysiques, organiques et philosophiques, artistiques et esthétiques. Les oeuvres des artistes permettent d'aborder des problématiques fondamentales pour et sur l'humain, pour et sur l'art : peinture, collage, sculpture, photographie, cinéma, littérature, etc. Toutes ces représentations diverses et singulières envisagent le visage dans son identité et son altérité : le visage et les visages.

Anikó Ádám est maîtresse de conférences HDR (Université catholique Pázmány Péter, Budapest), comparatiste, traductrice, co-directrice de Connexion française, membre de LEA et RETiiNA.International.
Anikó Radvánszky est maîtresse de conférences (Université catholique Pázmány Péter, Budapest), spécialiste de Derrida, co-directrice de Connexion française, membre de LEA.
François Soulages est philosophe, Professeur émérite des universités (Paris 8) et président de RETiiNA.International.

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