Hermann - Mars 2023
Du succès de la saga Moi, moche et méchant au #chubby sur Instagram, du selfie au photo-dumping, du désormais incontournable pull moche arboré à Noël à l’improbable design de la Citroën AMI, il semble qu’aujourd’hui, la Beauté avec un grand B ne soit plus en vogue.
Normatif et dictatorial, artificiel et trompeur, prompt à l’asservissement et au rejet du différent, le Beau est alors à présent accusé d’intolérance et de propagandisme.
Dès lors, la Laideur est devenue en art une source intarissable de liberté esthétique et une critique de la culture du Surhomme des dictatures du XXe siècle avant que le moche ne soit considéré comme une réponse à l’hyperesthétisme impersonnel et deshumanisant des mass media.
Depuis, l’heure semble désormais à l’élaboration d’une esthétique de l’inesthétique et à la banalisation comme à la valorisation de nos penchants les plus abjects. De cette tendance émerge une nouvelle valeur qui ne prétend plus à la transcendance du Beau ni au choc cathartique du Laid, mais revendique une mocheté assumée et militante. Un moche qui entend déconstruire les anciennes hiérarchies esthétiques et morales au profit d’une vision résolument inclusive. Un néo-moche que nous qualifions d’imbeau, et dont ce livre propose d’analyser la genèse artistique autant que sociétale.
Bertrand Naivin est théoricien de l’art et des médias, chercheur associé au laboratoire AIAC (Art des images et art contemporain), conférencier et enseignant. Il est l’auteur notamment de Comprendre la culture numérique (Dunod, 2019) ; Selfie(s), analyses d’une pratique plurielle (Hermann, 2018) ; Monstres 2.0, l’autre visage des réseaux sociaux (François Bourin, 2018) ; Sur la laideur (Complicités, 2018) ; ainsi que de nombreux articles dans des revues en ligne (Esprit, Usbek et Rica, etc.).
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