mardi 30 novembre 2021

Antonio Gramsci : Cahiers de prison. Anthologie

 Gallimard - Octobre 2021 - Folio


Pourquoi les Cahiers de prison d'Antonio Gramsci sont-ils si souvent cités et pourtant toujours si peu lus ? La cause est-elle à chercher dans leur caractère fragmenté et volumineux à la fois ? Tient-elle à l'oubli des références qui sont celles de la culture de Gramsci ? Se comprend-elle par le peu de connaissance que nous avons de la vie de cet intellectuel engagé dans les combats de son temps ? S'explique-t-elle par un message philosophique et politique aujourd'hui moins audible ? Peut-être... mais il semble avant tout que l'oeuvre majeure de Gramsci pâtisse de la surimposition des interprétations aux dépens de la lecture directe des textes.L'objectif de cette anthologie est de remédier à cette difficulté en permettant une saisie plus facile, plus immédiate et surtout la plus complète de la pensée gramscienne affranchie des gloses qui l'entourent et qui parfois la dénaturent ainsi que des réductions à quelques formules répétées à l'envi.

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lundi 29 novembre 2021

Revue du Mauss n°58 : Générosités du récit. Quand raconter, c’est donner

 Le bord de l'eau - Novembre 2021


Notre vie est tissée de récits. Parfois même d’histoires à dormir debout. Comment expliquer une telle omniprésence mais aussi le plaisir si vif que nous prenons tant à raconter qu’à écouter ou lire des histoires ? L’hypothèse de ce nouveau numéro du MAUSS est que la réponse à ces questions est à chercher dans les relations entre don et récits. Raconter, n’est-ce pas avant tout donner ? Le récit n’est-il pas fondamentalement généreux ?

Ce sont ces générosités du récit que ce numéro propose d’interroger à travers la multiplicité de ses formes. Que donne-t-on en racontant des blagues ? En prononçant une oraison funèbre ? En livrant sa vie intime à un psychanalyste ? En relatant des faits (réels ou imaginaires), le récit relie un « donataire » et un « bénéficiaire », mais quelle est la nature des relations qui se nouent ainsi ? Et notamment entre auteur et lecteur. Car le récit de fiction est aussi offrande, don de vie, donnant à voir des événements, des êtres, mais aussi des possibles qui sans lui resteraient lettre morte. Et n’oublions pas le plaisir du récit, ce qui se donne, libéralement.

Cette dimension esthétique et créative, dont attestent ces multiples récits, n’est-elle pas d’ailleurs l’un des fondements du social, en cela qu’il désigne, plus que l’obligation ou la nécessité d’être ensemble, le plaisir partagé qu’on y éprouve ?

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Catherine Larrère, entretien avec Philippe Sabot : L'anthropocène : une époque pour les transitions ?

 PU Septentrion - Janvier 2022

Au début des années 2000, la notion d'Anthropocène a été avancée pour désigner une nouvelle époque de l’histoire de la Terre, marquée par les transformations profondes et irréversibles induites par les actions humaines sur l’environnement. C’est également au début des années 2000 que, pour caractériser les changements rendus nécessaires par les dégradations écologiques, plutôt que de « développement durable », on s’est mis à parler de « transition écologique ». Que veut-on dire par là ? Quels changements désigne-t-on ? Et pourquoi parle-t-on parfois plutôt de « transition énergétique » ? Dans cette conférence dialoguée, Catherine Larrère aborde ces différentes interrogations en parcourant les étapes de constitution de la question écologique telle que nous la connaissons aujourd’hui et en soulignant que le problème majeur auquel nous sommes désormais confrontés concerne bien la dynamique de transformation des relations entre l’homme et son environnement, mais surtout le rythme de cette transformation et les moyens de le contrôler.

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Savoirs et clinique 2021/1 (n° 28) : Masques et mascarade

 Erès - Octobre 2021


Page 9 à 14 : Monique Vanneufville et Frédéric Yvan - Éditorial | Page 15 à 24 : Geneviève Morel - Masques de chair | Page 25 à 32 : Marie Thaury - Défaillance du masque dans la mélancolie | Page 33 à 44 : Geneviève Trichet - Dorante, un écran qui dévoile | Page 45 à 52 : Pascal Lec’hvien - Le laisser-aller de la vie ou les beaux lendemains ? | Page 53 à 64 : Bénédicte Vidaillet - Corps en chantier en régime techno-trans | Page 65 à 73 : Diane Watteau - Cindy Sherman ou La Roberte (elle est trop pour être seule) | Page 74 à 83 : Sibylle Guipaud - Chateaubriand, le splendide acteur des Mémoires d’outre-tombe | Page 84 à 93 : Marie Lenormand - Sammy, l’enfant dictateur II. Les dictées | Page 94 à 104 : Céline Masson, Xavier Gassmann et Anne Perret - Nouveau dispositif clinique de pratiques artistiques à l’hôpital. Du trans-faire au transfert | Page 105 à 114 : Dora Garcia, Diane Watteau et Frédéric Yvan - « On n’atteint jamais le réel. » | Page 115 à 123 : Alexis Lussier - Portrait de l’obsessionnel en jeune homme, comédien et imposteur : Goethe et la malédiction du désir | Page 124 à 130 : Eckhard Rhode - « …le caractère démoniaque de la compulsion de répétition… ». « Le démon de l’analogie » de Mallarmé, lu avec Schnitte de Rolf Brinkmann | Page 131 à 143 : Michèle Halberstadt, Diane Watteau et Frédéric Yvan - Se situer par l’écriture : Née quelque part, de Michèle Halberstadt | Page 144 à 152 : Geneviève Morel - « Je suis le chien de la maison » : récit de mon entretien avec Raoul | Page 153 à 159 : Geneviève Morel - Les larmes de Midas. À propos de Les larmes amères de Petra von Kant de R.W. Fassibinder | Page 160 à 168 : Michael Meyer zum Wischen et Monique Vanneufville - Franz Kaltenbeck. L’écriture mélancolique. Kleist, Stifter, Nerval, Foster Wallace. Toulouse, érès, coll. « Point hors ligne », 2020 | Page 168 à 170 : Isabelle Baldet - Darian Leader. La jouissance, vraiment ? Paris, Stilus, coll. « Nouages », 2020 | Page 170 à 172 : Antoine Verstraet - Alain Abelhauser. Un doute infini. L’obsessionnel en 40 leçons. Paris, Le Seuil, 2020 | Page 172 à 174 : Lucile Charliac - Catherine Millot. Un peu profond ruisseau… Paris, Gallimard, coll. L’Infini, 2021 | Page 174 à 177 : Julien Jalia - Marilia Aisenstein. Désir, douleur, pensée. Masochisme originaire et théorie psychanalytique. Paris, Ithaque, 2020 | Page 177 à 179 : Mohamed Nechaf - Clotilde Leguil. Céder n’est pas consentir. Une approche clinique et politique du consentement. Paris, Puf, 2021 | Page 179 à 181 : Diane Watteau - Bruno Nassim Aboudrar. Les dessins de la colère. Paris, Flammarion, 2021 | Page 181 à 185 : Bénédicte Vidaillet - Livio Boni, Sophie Mendelsohn. La vie psychique du racisme. 1. L’empire du démenti. Paris, La Découverte, 2021 | Page 185 à 188 : Sibylle Guipaud - Raoul Moati. Sartre et le mystère en pleine lumière. Paris, Les Éditions du Cerf, 2019 | Page 188 à 190 : Emmanuel Fleury - Jean-Michel Rabaté. Rires prodigues. Rire et jouissance chez Marx, Freud et Kafka. Paris, Stilus, coll. « Résonances », 2021 | Page 190 à 193 : Marie-Amélie Roussille - Sara Vassallo. Le désir et la grâce, Saint Augustin, Lacan, Pascal. Paris, epel, 2020 | Page 193 à 194 : Sibylle Guipaud - Llewellyn Brown (sous la direction de). Samuel Beckett, un écrivain de l’abstraction ? La Revue des lettres modernes 2020-9. Paris, Classiques Garnier, 2020. Llewellyn Brown.

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Stephen A. Marglin : Raising Keynes. A Twenty-First-Century General Theory

Harvard University Press - Juillet 2021


Back to the future: a heterodox economist rewrites Keynes's General Theory of Employment, Interest, and Money to serve as the basis for a macroeconomics for the twenty-first century.

John Maynard Keynes's General Theory of Employment, Interest, and Money was the most influential economic idea of the twentieth century. But, argues Stephen Marglin, its radical implications were obscured by Keynes's lack of the mathematical tools necessary to argue convincingly that the problem was the market itself, as distinct from myriad sources of friction around its margins.

Marglin fills in the theoretical gaps, revealing the deeper meaning of the General Theory. Drawing on eight decades of discussion and debate since the General Theory was published, as well as on his own research, Marglin substantiates Keynes's intuition that there is no mechanism within a capitalist economy that ensures full employment. Even if deregulating the economy could make it more like the textbook ideal of perfect competition, this would not address the problem that Keynes identified: the potential inadequacy of aggregate demand.

Ordinary citizens have paid a steep price for the distortion of Keynes's message. Fiscal policy has been relegated to emergencies like the Great Recession. Monetary policy has focused unduly on inflation. In both cases the underlying rationale is the false premise that in the long run at least the economy is self-regulating so that fiscal policy is unnecessary and inflation beyond a modest 2 percent serves no useful purpose.

Fleshing out Keynes's intuition that the problem is not the warts on the body of capitalism but capitalism itself, Raising Keynes provides the foundation for a twenty-first-century macroeconomics that can both respond to crises and guide long-run policy.

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Alessandro Stanziani : Capital Terre. Une histoire longue du monde d'après (XIIè-XXIè siècle)

Payot & Rivages - Octobre 2021


Et si le cœur du problème de la faim dans le monde n’était pas la hausse de la population mais plutôt les modalités de la production agricole et surtout de la distribution au profit des plus riches ? Dans cet essai engagé pour des sociétés plus solidaires et plus justes, qui retrace l’histoire longue du capitalisme, Alessandro Stanziani propose de renouer avec le contrat social cher à J.-J. Rousseau et de faire de la démocratie, de l’égalité sociale et de l’environnement les trois piliers du monde d’après. Défenseur d’une politique publique conciliant croissance économique et démographique, droits du travail, lutte contre les inégalités et protection de la planète, il plaide pour la fin des spéculations sur les denrées alimentaires, de l’accaparement des terres et de la propriété industrielle, en particulier sur les semences, véritable « patrimoine de l’humanité », et prône une refonte plus égalitaire de la fiscalité et des finances publiques.
Une pensée économique globale, qui se préoccupe autant de l’avenir de l’Asie et de l’Afrique que de celui de l’Europe, par un brillant historien reconnu à l’international et fort de décennies de recherches sur le terrain dans le monde entier.
Préface de Thomas Piketty

Alessandro Stanziani est un historien économiste, directeur d’études à l’EHESS et chercheur au CNRS. Spécialiste d’histoire globale, il a réfléchi à la régulation des marchés, à l’Histoire de la qualité alimentaire (2005) et aux Métamorphoses du travail contraint (2020).

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Charles-André Dubreuil et Vincent Mazeaud (dir.) : Ethique et contrats

Editions du Centre Michel de L'Hospital - Décembre 2021


Cet ouvrage reproduit les actes d'un colloque organisé par le Centre Michel de l'Hospital s'étant tenu à l'École de droit de Clermont-Ferrand en 2018.
Juristes publicistes et privatistes y ont traité, chacun selon son point de vue et sa spécialité, d'une thématique transversale qui innerve le droit des contrats : la question de l'éthique.
Contribuant à améliorer la connaissance et la compréhension mutuelles des droits privé et public des contrats, les contributions ont abordé la problématique suivante : quelle place et quel rôle le droit des contrats doit-il tenir et jouer en vue de promouvoir un comportement éthique des parties contractantes?
Pour ce faire, ils ont recherché les traces ou indices de l'éthique tout au long de la vie du contrat : de sa conclusion à son issue, en passant par la période de son exécution.

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dimanche 28 novembre 2021

Delphine Olivier : Ausculter la santé. Généalogie d’une promesse médicale

 Matériologiques - Octobre 2021


La médecine de demain, entend-on parfois, verra son efficacité accrue par le recours à des technologies de pointe et l’élaboration d’un savoir individualisé. Anticiper les risques individuels de développer telle ou telle pathologie, collecter des données de santé, proposer un suivi personnalisé capable de ralentir les déclins insidieux, telle est la proposition des hérauts d’une médecine prédictive tournée vers la santé et sa préservation. Ces ambitions contemporaines suscitent tout à la fois inquiétudes, espoirs et fantasmes. D’où viennent ces promesses médicales ? Quel crédit leur accorder ?

Ce livre entreprend une généalogie critique de ces discours prospectifs et les réinscrit dans une histoire plus longue. On découvre alors un projet médical vieux de plus d’un siècle, lequel s’enracine dans la technique des examens périodiques de santé. L’ambition consistait à révolutionner les pratiques préventives en opérant une réorientation du regard médical, sommé de se détourner de l’étude des pathologies pour se consacrer enfin à l’étude des individus bien-portants. À de multiples reprises, des médecins et des scientifiques ont tenté d’objectiver la santé. Ils se mettent alors à collecter des données tous azimuts, sur des milliers d’individus sains, dans l’espoir de déceler les tendances annonciatrices de déclin.

Les outils de l’épistémologie historique sont ici mobilisés pour interroger la longévité d’une promesse médicale, en mettre à jour les ressorts et les ambiguïtés. Il s’agit de proposer des outils critiques permettant de mieux appréhender cette ambition médicale qui résonne encore aujourd'hui. L’éclairage historique et critique s’avère indispensable à notre compréhension des « médecines de demain ».

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Alain Jugnon : Rimbaud des Bois. Précédé de : Le vent se lève, monsieur Nietzsche

 CANOE - Novembre 2021


Les deux textes qui composent ce livre fonctionnent ensemble. Conjuguant le rêve d’une « révolution poétarienne » à partir de Rimbaud et de Corbière, et la lutte de Bernard Stiegler contre le nihilisme ambiant, Alain Jugnon s’attache à mettre en avant une forme qui – précisément – subvertisse la forme, un essai-poème capable, par le recours systématique à la citation, de véhiculer une véritable force véritable d’individuation, où le je est toujours « fêlé ». En naviguant avec une générosité et une rythmique tout à fait singulières entre les auteurs qui l’animent (Debord, Flaubert, Barthes, Nietzsche, Bataille, Proust…), Alain Jugnon montre que la lecture est une écriture, et le temps présent un mouvement et une tension pour l'à-venir.

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Jean-Claude Maleval : La différence autistique

 PU de Vincennes - Novembre 2021


L'autisme est abordé par la psychanalyse contemporaine comme un mode de fonctionnement spécifique, nettement différenciable de la psychose et nécessitant une prise en charge adaptée. À l'encontre d'une opinion reçue, l'autiste s'intéresse beaucoup aux autres, sa solitude n'est pas fondée sur une volonté de retrait social, mais sur un évitement du désir de l'Autre, lequel suscite son angoisse majeure. La difficulté à engager la voix dans l'échange suscite deux manières distinctes d'investir le langage. La première produit une langue verbeuse, impropre à la communication, mais auto-satisfaisante ; la seconde génère une langue factuelle de signes, qui permet la communication, mais qui est coupée des affects. Pour se protéger du désir de l'Autre, l'autiste élit un bord, composé de trois éléments : l'objet autistique, le double et l'intérêt spécifique. L'autisme apparaît ainsi comme une structure subjective originale compatible avec les réussites existentielles les plus hautes, mais aussi avec des détresses sévères. Quand l'autisme s'accompagne d'un mal-être, le traitement orienté par la psychanalyse passe, non par l'élucidation d'un passé enfoui, mais par la construction, le développement et l'évidement du bord.
Préface de Jacques-Alain Miller

Jean-Claude Maleval est un psychanalyste français, membre de l'École de la Cause freudienne, et professeur émérite de psychologie clinique à l'Université Rennes 2.

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Alain Juranville : L'universalité du judéo-christianisme. Par la philosophie contemporaine jusqu'aux commandements du Décalogue

 Parole et silence - Décembre 2021


On veut ici s'élever contre l'opinion répandue selon laquelle le judéo-christianisme serait au principe de tous les maux actuels de la société et de l'homme en général : développement insupportable du capitalisme, notamment à travers la mondialisation ; ruptures diverses avec la nature (dont la sexualité), mais aussi avec les sagesses élaborées par bien des peuples depuis les origines ; etc. On veut ici au contraire proclamer l'universalité du judéo-christianisme. Soutenir, à partir de la philosophie, que le judéo-christianisme a apporté et apporte des contenus qui valent pour tous les hommes, quels que soient les mondes culturels auxquels ils appartiennent au départ. Cela concernant notamment l'éthique judéo-chrétienne, cette éthique donnée par l'Autre divin sur le mont Sinaï dans les commandements de ce qu'on dénomme le Décalogue. Éthique qui appelle tous les hommes à accéder à l'individualité véritable, cette individualité que le paganisme sous toutes ses formes a cherché à empêcher d'advenir par la violence collective (sacrificielle décisivement). Que ce soit le paganisme des sociétés « primitives » ou « traditionnelles ». Celui dans lequel risque sans cesse de retomber le monde chrétien. Celui dont a le plus grand mal à se défaire le monde islamique. Celui qu'abandonnent au peuple les religions les plus raffinées de l'Asie. Le néo-paganisme enfin (sous couvert de science ou d'écologie) de l'ordinaire monde actuel. On veut ici montrer que cette proclamation de l'universalité du judéo-christianisme est ce vers quoi dirige le mouvement de la pensée philosophique contemporaineattachée, depuis Kierkegaard, à l'affirmation de l'existence, de l'être comme existence.

Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de la Rue d'Ulm, agrégé de philosophie, Docteur d'Etat, Alain Juranville a été maître de conférences de philosophie moderne et contemporaine à l'Université de Rennes 1. Il est également psychanalyste.

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Critique n°894 : Ars longa...toute une histoire !

 Editions de Minuit - Novembre 2021


Une histoire mondiale du Musée qui commence, non à la Révolution française, mais à la lointaine époque des « trésors ». Une histoire universelle des ruines qui remonte jusqu’aux temps égyptiens ou babyloniens, et déploie son enquête sur tous les continents. Une quête savante et stimulante des représentations des choses par l’art, du Paléolithique à nos jours, bien avant l’âge de la « nature morte »... Les travaux de Krzysztof Pomian, d’Alain Schnapp, de Laurence Bertrand Dorléac, ébranlent l'histoire de l’art telle que nous la connaissions. Prodromes d’une révolution épistémologique ? Premières pierres d’une « longue histoire de l’art » qui se construit sous nos yeux ? C’est ce que suggère le dossier conçu et rassemblé pour Critique par Anne Lafont.

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Ivan Alechine : Divinités

 Galilée - Septembre 2021


Dans les montagnes de la Sierra Madre, les Huichols – ils se nomment Wirarika, peuple devin – pensent comme Goethe que Ce qui est formé est aussitôt transformé. La source cachée de la vie est oscillante et impermanente. Les étapes de son développement de l’invisible au visible sont pourtant marquées. Le filet de la pensée wirarika capture un monde d’escapades qui va du feu au soleil et du cerf au maïs. Mettre un nom sur le visage d’une pensée, c’est créer une légende. Mieux que d’assister passivement au déroulement de la légende, les Huichols la développent. Pas de savoir sans saveur. Pas de cœur sans saveur. Un cœur doit parler. L’origine sapiens du mot savoir prospère dans sagesse. On lui souhaite de rencontrer son principe charmant – le sel du plaisir.
Entre divinités précolombiennes et divinités post hollywoodiennes, j’y étais. Presque.

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samedi 27 novembre 2021

Cesaris alessandro et Graziano Lingua (dir.) : Technologies de la visibilité. De l'image ancienne à l'image hypermoderne

 Mimesis- Décembre 2021


L’histoire de la culture est en même temps l’histoire des techniques – les artefacts, les pratiques, les savoirs et les récits – grâce auxquelles l’être humain a maîtrisé son rapport avec la dimension de l’image. Les contributions rassemblées dans ce volume analysent quelques étapes particulièrement marquantes de cette histoire, depuis l’antiquité jusqu’aux temps hypermodernes, avec le but d’identifier des structures paradigmatiques. De cette façon, l’histoire des idées peut fournir des outils pour faire face à la question des images numériques aujourd’hui. L’ouvrage offre une approche interdisciplinaire à la question des images, en recueillant des contributions de spécialistes de différentes disciplines (philosophie, théologie, sémiotique, théorie des médias, histoire de l’art).

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Jacques Aumont : Comment pensent les films. Apologie du filmique

 Mimesis - Novembre 2021


Les œuvres de l’esprit sont-elles simplement le réceptacle et le véhicule d’un sens qu’on y aurait déposé, et qui se transmettrait tel quel ? Il semble bien que non, et qu’elles aient au contraire, dans la production de significations et d’émotions, un rôle propre à jouer, par leur insertion dans des dispositifs socialement ajustés, mais aussi par leurs qualités propres, y compris et surtout leurs qualités formelles. C’est de cette capacité de faire sens qu’il est ici question, à propos des œuvres de cinéma. La thèse centrale de cet ouvrage est que les films, s’ils ne « pensent » pas comme les humains, ont cependant, par leur jeu sur les propriétés des images mouvantes, la capacité de produire des sens neufs – et que la tâche première de toute théorie de l’analyse de film est de s’attacher à cette précieuse aptitude à l’invention.

Jacques Aumont est professeur émérite à l’université Sorbonne Nouvelle Paris-3. Il a également enseigné à l’EHESS et aux Beaux-Arts de Paris. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le cinéma et l’image en général, dont L’OEil interminable (1989, 2007), Amnésies (1999), L’Interprétation des films (2017), Doublures du visible (2021). Il a reçu en 2019 le prix Balzan, décerné pour la première fois aux études cinématographiques.

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Ghyslain Bolduc : Préformation et épigenèse en développement. Naissance de l’embryologie expérimentale

Les Presses de l’Université de Montréal / Vrin - Septembre 2021


La forme vitale est-elle virtuellement fixée dans le germe ou se détermine-t-elle au cours du devenir embryonnaire? Dans les années 1880, Wilhelm Roux cherche à résoudre ce problème par la création de l’embryologie expérimentale. Au moyen d’une reconstruction rationnelle des étapes historiques de cette discipline, cet ouvrage montre l’importance des concepts de préformation et d’épigenèse aux origines de celle-ci. L’analyse porte sur trois périodes charnières : la réforme mécaniste et darwinienne de l’embryologie morphologique par Ernst Haeckel (1866); l’avènement d’une physiologie réductionniste du développement avec Wilhelm His (1874); et la création d’une « mécanique du développement » par Roux ainsi que les interprétations néo-darwinienne, néo-vitaliste et organiciste de ses résultats les plus significatifs (1888-1908). L’auteur y soutient que ces développements suivent une logique de la découverte, selon laquelle les modèles mécaniques d’explication doivent être renouvelés lorsque leur examen empirique engendre la découverte de nouveaux phénomènes de régulation.
Ce livre traite donc d’un enjeu fondamental de la philosophie des sciences : le rapport entre la rationalité scientifique et la découverte. Il offre aussi un éclairage sur une question très actuelle de la philosophie de la biologie, soit les transformations du concept d’épigenèse en rapport avec les théories épigénétiques contemporaines. La méthodologie adoptée ici s’inscrit dans la tradition de l’épistémologie historique, consacrée à l’étude des transformations du savoir scientifique, fondée sur l’analyse historique de diverses sources documentaires. Un éclairage théorique constitué de modèles provenant de la philosophie des sciences et de connaissances scientifiques demeure ici indispensable.

Ghyslain Bolduc est postdoctorant à l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST) de Paris.

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Christos Nikou : Imaginaires postapocalyptiques. Comment penser l'après

 UGA Editions - Novembre 2021


Pandémie, fléaux, holocauste nucléaire, volcanisme, astéroïde ou comète entrant en collision avec la Terre, réchauffement climatique, violences cataclysmiques, crise malthusienne, invasion extraterrestre, cybergeddon… autant de scénarios postapocalyptiques qui nourrissent de manière exceptionnelle l'imaginaire de bon nombre d'écrivains, de cinéastes (films ou séries télévisées), de créateurs de BD ou de jeux vidéo. Le genre postapocalyptique, dont Le Dernier Homme (1805) de Jean-Baptiste Cousin de Grainville et The Last Man (1826) de Mary Shelley sont les premières manifestations, reproduit aussi bien le début de la fin du monde que l'après, dans une ambiance anxiogène. Vouloir raconter un monde différent afin d'interroger la réalité actuelle (écologique, politique, morale, sociale, théologique, psychique, philosophique, etc.) et notre rapport au monde, c'est désormais, à l'ère de l'anthropocène et du capitalocène, une conscience et une angoisse : celles d'habiter postapocalyptiquement le monde.

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Jacques Press (dir.) : L'expérience du corps. Un dialogue psychanalytique sur la psychosomatique

 In Press - Septembre 2021


Le corps est le sujet central au coeur de cet ouvrage sur lequel des psychanalystes de 6 pays nous offrent un nouvel éclairage. Le langage du corps, la maladie somatique, la clinique du corps ... le corps est le sujet central au coeur de cet ouvrage sur lequel des psychanalystes de 6 pays nous offrent un nouvel éclairage. De leur échange nait une pluralité de perspectives sur la maladie somatique. L'originalité de ce livre est en effet double. Tout d'abord, l'ensemble des discussions entre auteurs s'ancre dans le travail clinique et prennent pour point de départ les deux histoires de patients qui ouvrent le livre. Par ailleurs, chaque chapitre expose les points de vue de deux auteurs d'orientations différentes, suivis du commentaire d'un tiers, qui a pour tâche de faire ressortir les convergences et les divergences par-delà la diversité des langages théoriques. L'ouvrage présente des discussions sur des questions théoriques majeures : la pulsion, les affects, le rôle du moi idéal et la fonction de symbolisation... Des cas de patients somatiques sont étudiés à la lumière des concepts de dépression et de trauma. Les questions essentielles relatives au traitement sont également explorées, notamment la recherche en psychosomatique, les diverses modalités thérapeutiques et la question du transfert et du contre-transfert. Fruit des travaux d'un groupe de travail sur la psychosomatique réuni dans le cadre de la Fédération Européenne de Psychanalyse, ce livre unique en son genre s'adresse à tout clinicien intéressé par ce domaine controversé qui n'en reste pas moins fascinant.

LE DIRECTEUR D’OUVRAGE : Jacques Press est analyste formateur et superviseur à la Société Suisse de Psychanalyse et Président du Groupe de Travail sur la Psychosomatique de la Fédération Européenne de Psychanalyse. Il est l’auteur de plusieurs livres et de nombreux articles.

LES AUTEURS : Fotis Bobos, Jörg Frommer, Marina Perris-Myttas, Jacques Press, Eva Schmid-Gloor, Bérengère de Senarclens, Christian Seulin, Luigi Solano, Nick Temple.

Éditrice associée : Catherine Humble.

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Patrice Maniglier : Le philosophe, la terre et le virus. Bruno Latour expliqué par l’actualité

Les Liens Qui Libèrent - Octobre 2021


Nous sommes terrestres avant d’être humains. Un virus vient de nous le rappeler, durement. Car la pandémie de Covid-19 est aussi la manifestation d’un événement plus complexe et plus terrible : le réveil de cette entité que nous croyions connaître, la Terre.
La Terre n’est pas cette planète qui roule dans les cieux obscurs. Elle est un être actif et multiple : non pas le cadre indifférent de nos actions, mais un partenaire exigeant qui interagit avec nous, à côté de nous. Nous ne faisons que commencer à la découvrir. Elle est à la fois une et plusieurs : il n’y a pas de planète B certes, mais aucun terrestre ne peut s’arroger le droit de dire ce qui nous rassemble, pas même les sciences. Il faut composer avec toutes les versions de la Terre.
L’irruption du terrestre dans notre histoire bouleverse nos cadres intellectuels, existentiels, politiques, métaphysiques. Elle nous oblige à repenser ce que veut dire connaître, exister, durer, coexister et même lutter. Prendre la mesure de ces mutations, esquisser le visage de cet être à la fois très ancien et très nouveau qu’on appelle Terre, tel est l’enjeu de ce livre.
Il mobilise pour cela les recherches les plus contemporaines des sciences naturelles et des sciences humaines, qu’il restitue dans une langue claire et vivante. Il offre une introduction sans équivalent à l’œuvre du philosophe français le plus lu au monde, Bruno Latour, trop mal connu dans son pays. Pourtant, elle éclaire mieux que d’autres l’expérience pandémique, parce qu’elle a relevé depuis longtemps le défi de repenser toutes nos catégories en les ramenant sur Terre.
Cet ouvrage constitue à la fois une initiation précieuse à l’état actuel des savoirs, une réflexion engagée sur l’expérience du Covid-19 et un des rares systèmes philosophiques de notre temps entièrement consacré à élaborer ce que signifie être terrestre.
À eux trois, le philosophe, la Terre et le virus nous permettent de devenir, enfin, contemporains de nous-mêmes.

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vendredi 26 novembre 2021

Revue de métaphysique et de morale, 2021-4 : Actualité ou inactualité du Droit naturel

 PUF - Novembre 2021


Jean-François Kervégan, Présentation
Jürgen Habermas, De l’ingénieuse imbrication de l’idée de souveraineté populaire et de celle des droits de l’homme, ou comment relier la volonté de tous à la loi universelle
Jean-François Kervégan, Existe-t-il vraiment des droits naturels ?
Christophe Béal, Lex iniusta non est lex. Les enjeux d’un malentendu
Quentin Dittrich-Lagadec, Ronald Dworkin et le fondement des droits, entre jusnaturalisme et constructivisme
Jirí Baroš, Whose Public Reason? Which Justification of Laws? A Natural Law Response
Samuel Lepine, Le projectivisme humien et ses implications métaéthiques
Michel Bourban, Rawls et Rousseau : liberté, citoyenneté et stabilité
Marion Vorms, Bayes et les biais. Le « biais de confirmation » en question

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Suzanne Husson et Juliette Lemaire (dir.) : Les trois Républiques. Platon, Diogène de Sinope et Zénon de Citium

 Vrin - Décembre 2021

Si la République de Platon continue à inspirer notre présent, ses deux petites sœurs les Républiques de Diogène de Sinope et de Zénon de Citium n’ont pas survécu aux aléas de la transmission des textes.
Pourtant ces trois ouvrages forment une trilogie parcourue par des thèmes communs comme la communauté des femmes et des enfants et scandée par des ruptures, les Républiques cyniques et stoïciennes étant écrites contre Platon, mais aussi en mutuel décalage. Ce volume, accompagné d’un recueil des fragments des Républiques de Diogène et de Zénon, tente pour la première fois de les lire toutes trois en regard, s’interrogeant sur leur commune origine ainsi que sur les sources de leurs divergences.

Ont collaboré À ce volume : L. Brisson, L.-A. Dorion, J.-B. Gourinat, S. Husson, V. Laurand, J. Lemaire, O. Renaut, Chr. Rowe, F. Trabattoni et Chr.Veillard.

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Yves-Marie Adeline : Les nouveaux seigneurs

 Entremises - Novembre 2021


Dans cet ouvrage, Yves-Marie Adeline observe, décrit, examine cette nouvelle époque des rapports sociaux et politiques, ce nouvel âge de seigneurs qui se fait jour progressivement - cette époque où le modèle oligarchique s'impose. Aussi explore-t-il notre monde où s'opposent des masses de plus en plus massifiées, de plus en plus uniformes et donc d'autant mieux gouvernables, à une élite dominante de plus en plus restreinte. Au-delà de l'analyse de ce mouvement irrépressible de domination par ces « nouveaux seigneurs », domination d'ailleurs masquée par notre culture démocratique, Yves-Marie Adeline rappelle aussi, en s'appuyant sur l'enseignement des philosophes grecs, quelle marge de manoeuvre il reste à la réflexion politique pour équilibrer le phénomène.

Docteur de l'Université de Paris 1, Yves-Marie Adeline publie en parallèle des ouvrages universitaires et des oeuvres littéraires. Dans la première catégorie, on distingue des travaux de philosophie générale (Le Carré des philosophes, 1995), d'esthétique (La Musique et le monde, 1995, L'Appel des sirènes, 2002), de politique (La Droite impossible 2012, Abrégé des définitions politiques 2013, Philosophie de la royauté 2015, Les Nouveaux seigneurs 2015), d'histoire (Histoire mondiale des idées politiques 2007, 1914, Une tragédie européenne 2011, Histoire mondiale de la philosophie 2016). Dans la seconde, sept recueils de poèmes (derniers parus : Les Angéliques 2008, Gallia 2015...), des pièces de théâtre (Flora 2006, Marie-Antoinette 2007, Teresa 2015), un roman: 20 ans (2012) et des Nouvelles de l'étrange (2015). Il prépare en ce moment une nouvelle histoire mondiale, et un recueil de poèmes en anglais.

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Steven Lukes : Les curieuses lumières du professeur Caritat. Une comédie philosophique

Van Dieren - Novembre 2021 - Par ailleurs


Traduit de l’anglais par Alain Defossé. Préface de Didier Fassin

Le professeur Caritat [de Condorcet] – notre héros, plus proche du Usbek des Lettres persanes que de Candide – parvient à s’évader des geôles de la Militarie sous la fausse identité du professeur Pangloss. Ces deux noms devraient suffire à donner le ton de cette « comédie philosophique ».
C’est sur le mode d’un récit que Steven Lukes (1941) – politologue et sociologue britannique, professeur de sociologie à la New York University –, a choisi de décrire les principales idéologies politiques qui ont été appliquées en Occident, des Lumières à aujourd’hui.
Chaque pays (Libertarie, Utilitarie, Communautarie, etc.) que visite Caritat est gouverné sous un régime unique. L’absence de pluralisme fait que toutes les idéologies décrites tournent à la dystopie, entraînant la fuite de notre héros en quête d’un régime meilleur.
L’évocation précise des différents régimes donne à de ce livre « d’aventures » – au-delà le plaisir de la lecture – l’utilité d’un memento de science politique.

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El Hadji Cheikh Kandji : La Science dans la littérature britannique postmoderne

 L'Harmattan - Novembre 2021


Le chaos, la turbulence et la catastrophe sont inscrits au coeur de la fiction de William Boyd et de Martin Amis, et concourent tous à la représentation de l'homme et de la société. Dans la fiction de ces deux auteurs postmodernes, la vie humaine et les sciences obéissent aux mêmes principes que ceux énoncés ci-dessus. Il en ressort une représentation du chronotope de la crise. En effet, les personnages de leurs romans respectifs vivent toutes sortes de crises. Les récits de Boyd et d'Amis procèdent ainsi à l'écriture d'une « biofiction » de l'homme moderne, avec des trames « fractales » et des « intrigues incertaines » qui rendent mieux compte du chaos qui gouverne l'existence de ce dernier.

El Hadji Cheikh Kandji est professeur titulaire au Département d'Études Anglophones de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.

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Pascal Ide : La beauté, don de l'amour

 Le Centurion - Décembre 2021


L'expérience de la beauté nous enchante et nous blesse tout à la fois. Elle nous signale ce qui est bon, tout en pouvant illusionner. Très subjective, elle nous ouvre dans le même temps à l'universel.
Pour éclairer cette triple tension psychologique, éthique et philosophique, Pascal Ide montre comment la beauté épouse une dynamique de réception, d'appropriation et de donation qui est celle-là même de l'amour.
Avec pédagogie et rigueur, multipliant les références littéraires, philosophiques et théologiques, il dévoile la puissance salvifique de la beauté et le renversement introduit par le christianisme : ce n'est pas la beauté qui engendre l'amour, mais l'Amour qui est source de la beauté !

Prêtre, Pascal Ide est docteur en philosophie, en théologie et en médecine. Il fut pendant treize ans en charge des Universités catholiques à Rome. Il a publié une trentaine d'ouvrages traduits en diverses langues, dont Une théologie de l'amour (2012), Une théo-logique du don. Le don dans la trilogie de Hans Urs von Balthasar (2013), Le burnout. Une maladie du don (2015), Les quatre sens de la nature (2020).

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jeudi 25 novembre 2021

Pierandrea Amato et Luca Salza : La fin du monde. Pandémie, politique, désertion

 L'Harmattan - Novembre 2021


Cet ouvrage cherche à dégager un horizon de pensée, de pratiques, d'expériences, visant à ce que la pandémie du Covid19, avec la suspension du fonctionnement ordinaire de la société et de l'économie, n'enchaîne pas sur un triste retour « à la normale ». Il s'agirait, au fond, d'opérer une destitution des pouvoirs, par désertion : au mieux, ce pourrait être une forme de suspension d'existence, expérimentant de nouvelles manières d'être, ou, au moins, une attention portée au fait de ne pas donner d'armes au capitalisme, en vue de sa régénérescence. Peut-être serait-il possible d'inscrire cette démarche existentielle et politique dans le cadre d'une opération mimétique à l'égard du virus : reprendre sa capacité de blocage pour libérer des formes inédites d'existence individuelle et collective. Le Covid19 livrerait serait alors un pharmakon, à la fois poison et remède.

Pierandrea Amato enseigne l'esthétique à la faculté de philosophie de l'Université de Messine. Luca Salza enseigne l'histoire des idées et la littérature italienne moderne et contemporaine à l'Université de Lille 3. Tous deux dirigent la revue K. Revue trans-européenne de philosophie et arts (https://revue-k.univ-lille.fr/)

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Robert Boyer : Une discipline sans réflexivité peut-elle être une science ? Épistémologie de l'économie

 Ed. de la Sorbonne - Novembre 2021


La fragilité des acquis de la discipline économique, brutalement révélée lors de la crise ouverte en 2008, tient à la faiblesse de la profession en matière de méthodologie et son absence de réflexivité épistémologique. Les chercheurs ont tendu à confondre vision, grande théorie, modèle pédagogique ou appliqué. Au sein des macro-économistes, le caractère auto-régulé d'une économie de marché est devenu une hypothèse centrale, or c'est une croyance, invalidée par les développements de l'économie mathématique. Au sein d'un complexe réseau d'interdépendances, variable dans le temps et l'espace, chaque économiste privilégie un mécanisme particulier, abusivement qualifié de théorie. Ainsi la volonté de rebâtir la macroéconomie keynésienne à partir de ses fondements microéconomiques a livré d'élégants modèles dénués de pertinence empirique, tant leurs hypothèses sont orthogonales par rapport aux caractéristiques des économies contemporaines. Elles sont en effet dominées par l'impatience de la finance, l'hétérogénéité des comportements et l'incapacité qu'ont les acteurs à percer une incertitude devenue radicale, source de la répétition de crises endogènes. Aussi, d'éminents Prix Nobel d'économie plaident-ils pour un retour réflexif sur les conséquences de la hiérarchie des revues, des procédures de recrutement et de la délégation à la bibliométrie du pilotage les orientations stratégiques de la profession. La désarticulation des régularités économiques provoquée par l'irruption du covid-19 fait ressortir les limites de la plupart des paradigmes hérités des années 2000. Ce peut être l'occasion d'une grande bifurcation de la recherche en économie, en particulier de sa réinsertion tant dans les sciences de la nature que dans celles de la société.

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Matthieu Amat et Carole Maigné (dir.) : Philosophie de la culture. Formes de vie, valeurs, symboles

 Vrin - Novembre 2021 - Textes clés


Avec des textes de H. Blumenberg, E. Cassirer, S. Cavell, J. Derrida, J. Dewey, M. Horkheimer, M. Lazarus, H. Plessner, H. Schnädelbach, G. Simmel, G. Simondon, W. Windelband, la Rédaction de la revue Logos.

Dans « philosophie de la culture », culture renvoie moins à un domaine d’objet, encore moins à des « cultures » réifiées, qu’à une manière de questionner tout objet et les relations, aliénantes ou émancipatrices, appauvrissantes ou formatrices, que nous entretenons avec eux. Croisant les legs de Marx, de Nietzsche et des néokantismes, instruite par les sciences de la culture, la philosophie de la culture interroge les formes de notre expérience des objets, leur sens et leur valeur pour la vie individuelle et sociale. Selon ce programme théorique et pratique, la critique de la culture moderne est en même temps détermination d’une idée de la culture pour aujourd’hui. Ainsi se dessine un air de famille que partagent les multiples directions de la Kulturphilosophie du début du siècle dernier, mais aussi certaines orientations du pragmatisme, de l’anthropologie philosophique, de la théorie critique ou de la philosophie de la technique.

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Frédéric Nef : La mort n'existe pas. Mourir, être mort, ressusciter

 Cerf - Novembre 2021


La mort n'est pas seulement le pendant de la vie, elle est aussi celui de la résurrection. Frédéric Nef réussit la prouesse de nous rendre toutes ces réalités accessibles sans jamais séparer la réflexion philosophique de la méditation théologique et de l'expérience spirituelle.
Que l'idée de votre mort vous inspire angoisse ou insouciance, que l'image de votre dernier souffle à la dernière heure lors de votre dernier jour vous intrigue ou vous indiffère, que la perspective de l'immortalité vous réjouisse ou vous ennuie, ce livre est pour vous. Il ne consiste ni en un manuel de l'agonie, ni en un guide du voyage dans l'au-delà et encore moins en un traité des fins dernières. Il vous invite seulement et simplement à penser la mort.
C'est en philosophe que Frédéric Nef affronte le sens ultime du temps. C'est au présent qu'il s'agit de redécouvrir cette vérité aveuglante de simplicité : le moment présent de votre mort est l'instant de votre résurrection.

Directeur d'étude à l'EHESS, Frédéric Nef est l'auteur d'une douzaine de livres en philosophie, et un grand nombre d'articles, à la croisée de la linguistique, de la logique et de la métaphysique. Il a récemment publié Connaissance mystique aux Éditions de Cerf.

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Olivier Boulnois : Généalogie de la liberté

 Seuil - Novembre 2021 - L'ordre philosophique


La question de la liberté est à la fois fondamentale et posée en des termes qui la rendent insoluble : comment penser une action libre si l'on admet que les phénomènes sont soumis à la causalité ?
En analysant l'émergence du concept de libre arbitre, Olivier Boulnois propose une autre généalogie de la morale. Sous un problème en apparence évident (la liberté de la volonté, née de l'idée de responsabilité, et la difficulté de penser cette liberté dans un monde régi par des rapports de cause à effet), l'auteur débusque une série de questions correspondant aux différents sens de la liberté : la liberté à l'égard d'une contrainte n'est pas la liberté à l'égard des causes extérieures ou internes ; elle peut viser la liberté d'agir, mais aussi la liberté de choisir entre plusieurs options et la liberté de vouloir ou de ne pas vouloir.

Les approches classiques et modernes (celles d'Aristote, d'Augustin, de Descartes ou de Leibniz) sont confrontées aux pensées critiques des XIXe-XXe siècles (de Nietzsche à Freud et Wittgenstein). D'une liberté à l'autre, les questions ne sont pas les mêmes – ainsi, Aristote élabore une théorie cohérente de l'action sans poser la question de la liberté. Il fallait faire apparaître l'" impensé " des théories du libre arbitre pour poser correctement la question, et espérer la résoudre.

Olivier Boulnois est spécialiste de la philosophie médiévale et de l'histoire de la pensée occidentale. Directeur d'études à l'École pratique des hautes études, il a publié une dizaine d'ouvrages dont, au Seuil, Au-delà de l'image. Une archéologie du visuel au Moyen Âge. Il a reçu en 2008 le prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.

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