mercredi 28 mars 2012

Genèses de l'acte de parole. Dans le monde grec, romain et médiéval

B. Cassin, C. Lévy (eds.)


Janvier 2012 - Brepols ed - 75 €

L'objectif de ce recueil est de définir l'acte de parole, ou plus exactement les différents statuts et composantes de l'acte de parole, à partir des pratiques grecques, romaines et médiévales, telles que peuvent rétrospectivement les éclairer les concepts et / ou les pratiques modernes et contemporaines, apparus en philosophie du langage avec les speech-acts d'Austin et en esthétique avec la « performance ». « Comment faire des choses avec des mots? », How to do things with words?, le titre de l'oeuvre d'Austin peut en effet servir de motif à une grande partie des pratiques discursives de l'Antiquité et du Moyen-Âge - le titre, mais non pas exactement les concepts qui se trouvent forgés aujourd'hui sous ce titre ou en rapport avec lui. Ce sont ainsi les singularités antiques et médiévales des actes de parole que nous voudrions déterminer: comprendre ce qu'est la « performance » d'avant le « performatif ».

La supplication comme rituel chez Homère : le geste et la parole, Françoise Letoublon - Refaire le présent. Hésiode et Archiloque, Pierre Judet de la Combe - Vacate et videte. Notule sur le dire et le faire chez Pétrarque, Ruedi Imbach - Entre formes et sujet : l’acte de parole en droit romain, Annette Ruelle - La performance avant le performatif ou la troisième dimension du langage, Barbara Cassin - L’argumentation, la persuasion, la manipulation et leurs thématisations rhétoriques: le cas de la Rhétorique à Alexandre - Pierre Chiron, Comment faire de la liberté avec des mots? Critiques et usages de la parole chez Diogène le cynique, Thomas Benatouïl - Cités de parole. Athènes, Nephelokokkugia et Kallipolis, Giulia Sissa - Le Dieu performatif. Sur la Parole créatrice dans la Bible et ses evaluations, Thierry-Dominique Humbrecht - Des aléas de la Parole divine au Verbe performatif, Maurice Olender- Acte de parole et ontologie du discours chez Cicéron, Carlos Lévy - Les actes de langage entre logique, rhétorique et théologie au Moyen-Âge, Costantino Marmo.



mardi 27 mars 2012

Revue ESPRIT : Où en sont les philosophes?

Mars-Avril 2012


Extrait de l'introduction : "À quoi bon des philosophes ? Au premier abord, la question semble ironique. Et ce d’autant que l’on ne la pose plus très souvent à l’heure où la présence d’un philosophe sur les plateaux de télévision ou dans les comités d’experts est devenue monnaie courante. C’est justement parce que cette présence apparaît désormais évidente qu’elle mérite d’être interrogée. Non pas pour déplorer la médiatisation de la philosophie ou sa valorisation symbolique sur le marché des idées, mais afin de comprendre ce qui se joue dans ce lien entre la société et la parole des philosophes. Cette parole est, aujourd’hui plus que jamais, éclatée dans des lieux différents : université, médias, institutions publiques, associations de la société civile. À côté de l’histoire de la philosophie française, il existe une géographie de la philosophie en France : c’est à elle que, de manière évidemment non exhaustive, est consacré ce dossier."

dimanche 25 mars 2012

Pourquoi lit-on des livres de philosophie ?

Danièle PONTREMOLI


Mars 2012 - Éditions Jérôme Millon - 15 €

Qu'y a-t-il dans les livres de philosophie ? On ne peut répondre à cette question qu'entre lecteurs.
On ne peut pas enseigner ce qu'ils recèlent, ils n'ont pas de contenu que l'on puisse vulgariser utilement, de méthodes auxquelles on puisse initier les questionneurs. C'est entre soi que l'on s'explique la fréquentation de cette littérature, pour témoigner d'une expérience, de son intérêt exceptionnel et inattendu. Imprévisible, cette expérience n'a pas été passive. Au contraire, le lecteur l'a faite, autant qu'il a pu reconstituer les intentions de l'auteur en mettant à l'œuvre ses propres capacités.
Ce n'est pas l'auteur qui communique une pensée, c'est le lecteur, à la fois maître et élève qui s'explique à lui- même ce qu'il lit. Pour cela il doit trouver comment accomplir les actes de pensée, imaginer, juger, se souvenir, interroger, traquer les intuitions qu'ils produisent et enfin décider de les retenir, de les prendre à son compte, ou non. En partant de textes de Platon, de Descartes, et d'un court article de Levinas, cet essai relève l'implication réelle de celui qui lit.
À la différence de l'historien et du commentateur, ce lecteur ne s'intéresse pas à la vérité des œuvres, il fait une affaire personnelle de textes dont il dispose de façon anarchique. Mais il n'oublie pas ceux à qui il doit des révélations dont il est pressé de s'entretenir avec des semblables.

La subsistance de l'homme. La place de l'économie dans l'histoire et la société

Karl Polanyi


Mars 2012 - Flammarion - Bibliothèque des savoirs 

Penseur majeur de l'économie de marché et historien du libéralisme, Karl Polanyi reste l'un des rares théoriciens capables de nous aider à comprendre la nature du libéralisme en économie et à reconnaître les limites actuelles de nos démocraties.
La Subsistance de l'homme - ouvrage inachevé paru aux Etats-Unis en 1977, et enfin disponible en français - prolonge et complète son oeuvre magistrale, La Grande Transformation. Polanyi y formulait une critique de l'utopie libérale du XIXe siècle à l'origine du mouvement social d'autoprotection, de l'Etat providence", aujourd'hui encore fortement menacé. En prenant le parti d'analyser la subsistance de l'homme sur une très longue période historique, Polanyi offre ici une interprétation originale de la nature et des racines de l'économisme contemporain.
L'économie des sociétés primitives, de la vieille Babylone, de l'Egypte ancienne et du royaume du Dahomey au XVIIIe siècle permet de repenser l'universalité et la spécificité des relations sociales et des modes d'"encastrement" de l'économie au sein de la société. Dans la Grèce antique, le commerce extérieur, les usages de la monnaie et l'émergence de marchés à l'échelle locale ou méditerranéenne sont autant d'exemples où l'échange était subordonné à la réciprocité et à la redistribution et où l'économie était étroitement liée au politique.
Derrière ce travail de recherche, exigeant et exceptionnel, se déploie l'une des grandes pensées humanistes du XXe siècle, aujourd'hui indispensable pour desserrer l'emprise que la logique libérale exerce sur notre représentation de l'économie et du monde.

samedi 17 mars 2012

Par-delà la révolution copernicienne. Sujet transcendantal et facultés chez Kant et Husserl

Dominique PRADELLE


Mars 2012 - Presses universitaires de France | Epiméthée - 32 €

Dans l'histoire de la métaphysique, l’époque initiée par Descartes se caractérise par le projet de tirer toute connaissance de son propre fonds. C’est ce que Kant a exprimé par la révolution copernicienne : les structures universelles des objets de l’expérience (temporalité, spatialité, grandeur, force, mathématisabilité) se règlent sur les structures a priori impliquées dans la constitution du sujet transcendantal (les facultés et leurs formes pures). Par là, toute l’ontologie de l’objet d’expérience possible trouve son fondement dans une présupposition transcendantale : celle de la préconstitution invariante du sujet transcendantal, caractérisée par un système de facultés (sensibilité, imagination, entendement, raison) et de formes pures (intuitions, schèmes, concepts et Idées pures).
N’est-il pas possible d’élaborer une philosophie transcendantale qui fasse l’économie d’un tel présupposé ? Tel est le projet que l’auteur voit dans la phénoménologie husserlienne : un dépassement de la révolution copernicienne, dont le but n’est pas de restaurer une ontologie réaliste, mais d’élucider l’essence du sujet transcendantal sans en présupposer l’identité ni les facultés invariantes. En voici le principe : toute catégorie d’objets prescrit au sujet transcendantal une structure régulatrice, de sorte que le système des facultés du sujet peut être réélaboré au fil conducteur des types d’objets possibles. Dès lors se présente un cercle : l’essence du sujet pur se lit à partir des catégories d’objets, mais ces mêmes objets sont constitués par l’activité synthétique du sujet. Or comment peut-on admettre le paradoxe selon lequel le sujet serait le produit de ses produits ?

Potence avec paratonnerre - Surréalisme et philosophie

Georges Sebbag


Mars 2012 - Hermann - "Philosophie" - 45 €

Au sein du groupe surréaliste, le duo Aragon-Breton et les francs-tireurs Artaud et Crevel ont élaboré un véritable projet philosophique au cours des années vingt. En particulier, ils ont engagé une bataille de l’esprit avec leurs jeunes rivaux de la revue « Philosophies ». Le Culte du moide Barrès a beaucoup compté pour Aragon et Breton. La lecture des « Déracinés » les a mis dans les pas de Kant. LesPoésies d’Isidore Ducasse, détournant les maximes des moralistes et repeignant Les Chants de Maldoror sous les couleurs du bien, les a initiés à l’axiomatique morale comme à l’emprunt collagiste et leur a signalé le point d’indifférence. La peinture métaphysique et énigmatique de Chirico, réinvention du séjour de Nietzsche à Turin, les a rangés pour longtemps dans le camp des métaphysiciens.
Le Manifeste du surréalisme, Une vague de rêves, Introduction au Discours sur le peu de réalité, Le Paysan de Paris, L’Esprit contre la Raison abondent en analyses et en intuitions philosophiques. À l’instar de Descartes et Fichte, Aragon et Breton ont mis le monde extérieur à l’épreuve du doute. Leur idéalisme absolu oscille alors entre l’immatérialisme de Berkeley, l’idéalisme magique de Novalis et l’idéalisme transcendantal de Schelling. Le 6 octobre 1926, vers minuit, Nadja, « l’âme errante », voit dans le jet d’eau du bassin des Tuileries le jaillissement puis la retombée de ses pensées mêlées à celles de Breton. Celui-ci lui fait aussitôt remarquer qu’elle emploie la même image médiatrice du jet d’eau par laquelle se concluent les Dialogues entre Hylas et Philonous de Berkeley.




vendredi 16 mars 2012

Généalogie de l'idée de progrès. Histoire d'une philosophie cruelle sous un nom consolant

Yohan Ariffin



Janvier 2012 - Editions du Félin - 35 €

Vénérée par les uns et détestée par les autres au XIXe siècle, technicisée et redoutée au XXe siècle, l'idée de progrès a été forgée par les Lumières dans le creuset d'une lutte opiniâtre. Comment en est-on venu à aplanir la temporalité circulaire assignée aux affaires humaines depuis la plus haute Antiquité ? L'histoire n'enseignait-elle pas que les collectivités étaient soumises à des vicissitudes constantes qui voyaient alterner, comme l'aurore et le crépuscule, succès et échecs, grandeur et décadence ? La difficulté allait être levée en prenant pour sujet le genre humain, son rapport au monde physique, sa capacité d'en percer les secrets, de domestiquer, transformer, artificialiser la nature. Les civilisations avaient beau se succéder, l'homme, disait-on, était destiné, en tant qu'être doué de raison, à s'améliorer. Cette exaltation de l'homo faber ouvrait la voie à l'établissement d'une hiérarchie entre les collectivités humaines qui réduisait l'altérité à autant d'écarts sur une trajectoire dont la civilisation occidentale représentait le dernier degré de complétude. Pourtant, l'idée de progrès n'a jamais cessé d'être combattue. Bien que les conceptions concurrentes formées sur les figures du pessimisme historique, de l'anti-rationalisme, ou du relativisme culturel aient été en partie marginalisées au siècle des Lumières, elles n'ont pas été abolies pour autant. Leur regain actuel face à la crise environnementale et aux malaises suscités par la mondialisation en témoigne. Soucieux de leur accorder une égale importance, l'ouvrage renouvelle l'historiographie du progrès en réunissant une somme d'opinions sur le processus de civilisation tel qu'il fut représenté par ses défenseurs et ses détracteurs les plus convaincus. En conclusion, l'auteur offre une interprétation sur les ressorts socio-affectifs du progrès qui doit son pouvoir de persuasion au fait qu'il a aussi été le grand consolateur de la modernité. Un consolateur cruel par les sacrifices justifiés en son nom.

dimanche 11 mars 2012

Les Yeux de la langue. L'abîme et le volcan

Jacques Derrida


Mars 2012 - Galilée - "La philosophie en effet - 19 euros

Ce pays est pareil à un volcan où bouillonnerait le langage.  On y parle de tout ce qui risque de nous conduire à l’échec, et plus que jamais, des Arabes.  Mais il existe un autre danger, bien plus inquiétant que la nation arabe et qui est une conséquence nécessaire de l’entreprise sioniste :  qu’en est-il de l’« actualisation » de la langue hébraïque ? Cette langue sacrée dont on nourrit nos enfants ne constitue-t-elle pas un abîme qui ne manquera pas de s’ouvrir un jour ? […] Quant à nous, nous vivons à l’intérieur de notre langue, pareils, pour la plupart d’entre nous, à des aveugles qui marchent au-dessus d’un abîme. Mais lorsque la vue nous sera rendue, à nous ou à nos descendants, ne tomberons-nous pas au fond de cet abîme ? […] Un jour viendra où la langue se retournera contre ceux qui la parlent. […] Ce jour-là, aurons-nous une jeunesse capable de faire face à la révolte d’une langue sacrée ? […]

Lettre de Gershom Scholem à Franz Rosenzweig, 1926.

« Cette lettre, cette “Confession au sujet de notre langue”, « n’a pas de caractère testamentaire bien qu’elle ait été retrouvée après la mort de Scholem, dans ses papiers, en 1985. Néanmoins, la voici qui nous arrive, elle nous revient et nous parle après la mort de son signataire ; et dès lors quelque chose en elle résonne comme la voix d’un fantôme.
Ce qui donne une sorte de profondeur à cette résonance, c’est encore autre chose : cette voix de revenant qui met en garde, prévient, annonce le pire, le retour ou le renversement, la vengeance et la catastrophe, le ressentiment, la représaille, le châtiment, la voici qui ressurgit à un moment de l’histoire d’Israël qui rend plus sensible que jamais à cette imminence de l’apocalypse. Cette lettre a été écrite bien avant la naissance de l’État d’Israël, en décembre 1926, mais ce qui fait son thème, à savoir la sécularisation de la langue, était déjà entrepris de façon systématique depuis le début du siècle en Palestine.
On a parfois l’impression qu’un revenant nous annonce le terrifiant retour d’un fantôme. »


mardi 6 mars 2012

Matière première n°2 : Le déterminisme entre sciences et philosophie

Sous la direction de Pascal Charbonnat et François Pépin


Mars 2012 - Editions Matériologiques - 20 €

Depuis la célèbre fiction forgée par Laplace en 1814 dans ses Essai philosophique sur les probabilités – dite du démon de Laplace, abondamment commentée dans ce Matière première –, qui voit une intelligence infinie calculer selon certaines lois tous les états du monde, le déterminisme est un cadre central de la connaissance scientifique. Pourtant, de nombreux débats parcourent cette idée. Existe-t-il un seul paradigme déterministe, dont les modifications seraient en fait des variantes, ou faut-il pluraliser les déterminismes selon les sciences (biologiques, historiques et sociales, etc.) et les positionnements philosophiques ? Face aux limites des modèles déterministes et du cadre laplacien, qu’il s’agisse de mécanique classique, de mécanique quantique, de biologie, des sciences humaines ou de philosophie, doit-on accepter l’écart entre l’horizon de notre connaissance et sa mise en pratique, éventuellement en nuançant l’idéal laplacien, ou faut-il au contraire tenter de dépasser tout paradigme déterministe ? Tombe-t-on alors nécessairement dans l’indéterminisme ontologique, comme on l’a souvent affirmé précipitamment ? Enfin, philosophiquement, quelles sont les implications d’un déterminisme conséquent, en particulier sur le plan moral ?
Ce numéro de Matière première aborde d’une manière multiple et interdisciplinaire ces questions. Il articule des enjeux scientifiques, épistémologiques et philosophiques autour de la tension entre le déterminisme, ses critiques et l’indéterminisme. Epistémologues, historiens des sciences (naturelles et humaines), scientifiques et philosophes font le point sur les approches classiques et proposent de nouvelles perspectives.

samedi 3 mars 2012

Faut-il se révolter ?

Fabienne Brugère


Mars 2012 - Bayard- Collection Le temps d'une question - 15 €

"Contemporains des émeutes grecques, du printemps arabe et de l'occupation de Wall Street, nous avons à nous demander de quoi les révoltes sont le signe.
La conviction qui anime cet essai est que, loin d'annoncer la mort de la politique, elles sont le désir d'une autre politique." C'est bien cette intuition d'une alter-politique en construction que Fabienne Brugère poursuit ici, à quelques mois des élections présidentielles où nous risquons une nouvelle fois de faire l'expérience de la dévalorisation du vote, à la fois par les sondages et par l'abstention.
Comment donc insuffler la puissance de l'insoumission dans une démocratie qui semble souvent inerte ? A quelles conditions l'espérance de la révolte peut-elle se transformer en désir de participation ? Quelle démocratie désirons-nous ? Quels gouvernants voulons-nous ? Comment passe-t-on de la contestation à la politique de gouvernement ? Des réponses que nous saurons apporter à ces questions dépend en grande partie notre avenir politique.

"Penser avec... et contre..." - La pragmatique transcendantale de Karl-Otto Apel : une théorie et une pratique de l'intersubjectivité

Martine Le Corre-Chantecaille


Mars 20121 - Maison des Sciences de l'Homme - Coll. Philia - 26,50 €

Karl-Otto Apel a élaboré, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, une "pragmatique transcendantale" dont l'ambition est de fonder la raison par une réflexion sur les présuppositions incontournables de l'argumentation.
En transformant la philosophie kantienne, Apel entend répondre aux nombreux défis auxquels la philosophie, qu'elle soit théorique ou pratique, doit faire face à notre époque, notamment celui du relativisme. Cet ouvrage retrace la genèse et le développement de la "pragmatique transcendantale" tout en mettant en évidence la cohérence interne entre une pensée substituant l'intersubjectivité au sujet solipsiste et une pratique philosophique consistant à "penser avec et contre" mais jamais "sans" les autres.

Métaphysique

Marcel Conche


Mars 2012 - PUF - Perspectives critiques - 17 €

Aucune métaphysique ne peut reposer aujourd’hui sur ce socle emprunté à la religion que fut, pour Descartes, Kant ou Hegel, l’idée de Dieu. Puisqu’il s’agit de rendre compte de toutes choses finies, ce socle ne peut être que l’Infini – non pas une idée de l’Infini mais l’Infini lui-même qui nous cerne de toutes parts et que l’on nomme Nature. La doctrine « pour laquelle il n’existe rien en dehors de la Nature » est le « naturalisme » (Vocabulaire de Lalande). C’est de la Nature (Physis) éternelle, omnigénératrice, omnienglobante, qu’il est ici question, et de la façon de la concevoir : non comme un ensemble qui peut être pensé en un (Menge ou Cantor), mais comme un ensemble qui ne peut être pensé en un (Vielheit). Car si la Nature est unique, elle n’est pas une.
Marcel Conche, agrégé de philosophie, docteur ès lettres, membre associé de l’Académie d’Athènes, lauréat de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, est professeur émérite à la Sorbonne. Il est l’auteur de nombreuses publications aux PUF dont, dans la collection « Perspectives critiques », quatre des cinq tomes de son Journal étrange, ainsi qu’une traduction commentée du Tao Te king de Lao Tseu.

Lire le cerveau. Neuro/science/fiction

Pierre Cassou-Noguès


Mars 2012 - Seuil - 21 €

La science-fiction a souvent exploré l’idée d’un "lecteur de cerveaux", appareil qui permettrait de lire directement la pensée dans le cerveau.
Plusieurs articles scientifiques récents reprennent et discutent un tel projet. Les chercheurs ici rêvent et ils le savent. Mais ce rêve, ou ce fantasme, pose des questions fondamentales et passionnantes sur ce qu’on dénomme "pensée". Comment concevoir un lecteur de cerveaux ? Quelles seraient ses fonctions ? Quel usage en ferions-nous ? Comment transformerait-il les relations humaines ? C’est ce qu’il s’agit ici de chercher à comprendre, par le biais de la fiction, par exemple en en appelant à Proust et Hitchcock.
On rencontre en effet dans leurs œuvres ce que l’on pourrait appeler des scènes "critiques", véritables expériences de pensée permettant de mesurer la portée et de préciser les fonctions d’un lecteur de cerveaux.