jeudi 29 février 2024

Anne Roche : Habiter l’utopie. Walter Benjamin architecte

Les éditions Chemin de Ronde - Avril 2024


Sans abandonner le fléchage historien qui est au cœur de deux œuvres majeures de Walter Benjamin, Sens unique et Paris, capitale du XIXe siècle, Anne Roche, après Exercices sur le tracé des ombres, interroge les liens de l’auteur du Narrateur à l’espace urbain, à l’espace habitable ou inhabitable et aux modes de vie. S’écartant du mobilier bourgeois et de l’architecture néo-classique à la Schinkel qui ont pesé de tout leur poids sur Enfance berlinoise, Benjamin cherche là des alternatives.
Du côté de l’architecture vernaculaire d’une Ibiza encore intouchée par le tourisme; du côté, apparemment opposé, des matériaux de la modernité (verre, fer, béton) sans céder aux mirages d’un « progrès » dont il a vu, l’un des premiers, les ambiguïtés et les risques.
À égale distance des chantres de la décroissance et des apôtres du « progrès » indéfini, Benjamin, en relevant les rêves d’un Fourier ou d’un Scheerbart comme les analyses de Marx, se demande comment faire un monde habitable, où la nature ne soit pas exploitée par les empiètements de l’industrie et du profit mais redevienne « le corps inorganique de l’homme » (Marx).

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Jérôme de Gramont etJérôme Laurent (dir.) : L’autre versant du cri. Sur la poésie de Jean-Louis Chrétien

Éditions de Corlevour - Décembre 2023


Poète et philosophe, et chrétien aussi – c’est le même homme assurément, parce que le même corps habité de toutes ces passions. Et pourtant combien de voix distinctes échangent, se répondent, comme une première polyphonie, restreinte mais déjà bien réelle, avant de convoquer tant d’œuvres au fil d’une érudition prodigieuse et pourtant légère.
On le connaît philosophe, tout à la tâche de méditer les promesses de sens contenues dans la parole, de toute parole qui se lève et se risque à répondre à l’appel du monde, du beau, des autres, de Dieu…, mais contenues aussi dans l’espace plus resserré du poème. La parole et la voix, le nom et le corps, le cri et le murmure, la nudité et la pudeur, le plus bouleversant dans le plus intime, l’aventure entière d’être-homme dans le souffle des mots et leur silence – la poésie ne dit rien d’autre, mais avec une encore plus grande retenue, et sans aucun souci d’illustrer. Le poème juste dit, ne démontre rien. On le sait chrétien, sans jeu de mots facile, et surtout sans que la foi brûlante qui fut la sienne ne dresse le moindre péage dont le lecteur devrait s’acquitter pour entrer dans l’espace tout d’hospitalité du poème.
Poésie profane donc, comme lui-même le reconnaissait, et sans qu’il y ait lieu d’émettre sur ce point le moindre soupçon. Voilà pour les différences – mais n’eussions-nous que les livres de philosophie, sans doute aurions-nous pu deviner une sensibilité poétique à l’œuvre, doublant de sa langue d’orfèvre la rigueur des descriptions et commentaires.

Sommaire

Préface : Patrick Kéchichian La tempérance de la parole dans l’œuvre de Jean-Louis Chrétien
Jean-Louis Chrétien Quatre septains suivi d’un Entretien avec Nunc
Jérôme Laurent « Lentes leçons de nudité »
Benoît Thirion De la nudité
Jérôme de Gramont Nommer la voix
Anne Gourio « Le prénom secret des vagues »
Michel Collot Poésie, paysage et philosophie
Jean-Pierre Lemaire Le chant blessé de Jean-Louis Chrétien dans Traversées de l’imminence
Marie-Anne Lescourret Entre cri et louange
Jean-Louis Chrétien Poèmes inédits (choix et présentation par Pierre Carrique)
Postface : Carla Canullo L’antiphonaire de la philosophie
Pierre Carrique Repères biographiques
Chronologie bibliographique

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Nishida Kitaro : De la chose qui agit au soi qui voit

 PU de Montréal - Mars 2024


Le livre de Nishida Kitarō (1870-1945), quatrième volume de l'édition de 1965 des oeuvres complètes, est offert pour la première fois ici en traduction intégrale. Composé de neuf essais rédigés entre 1923 et 1927, cet ouvrage marque la transition vers la philosophie originale caractérisant Nishida. Ce tournant est directement exprimé dans le titre « De ce qui agit à ce qui voit ». Partant d'une position qui considère la réalité fondamentale ou réalité véritable en tant que point d'unité des choses qui agissent, l'auteur passe à « ce qui voit », c'est-à-dire à une position qui met en scène le « plan d'englobement » de la réalité, soit une philosophie de la relation organisant en une vaste fresque tous les plans du réel, de même que les rapports mutuels établis entre tous leurs éléments constituants.

Jacynthe Tremblay (traduction) est chercheuse à l’Université Nanzan de Nagoya (Japon). Elle a contribué notablement à la diffusion de la philosophie de Nishida en Occident au moyen d’une série de livres et de traductions, notamment celle des quatre ouvrages qui composent la période médiane (1923-1933) de cette philosophie.

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mercredi 28 février 2024

Jean Vioulac : Métaphysique de l'anthropocène. Vol. 1. Nihilisme et totalitarisme

PUF - Avril 2024


Le concept d'Anthropocène s'est aujourd'hui imposé pour désigner une époque au cours de laquelle l'humanité est devenue une puissance globale en mesure d'affecter l'écosystème terrestre. Ce concept requiert une anthropologie philosophique, qui définit l'essence de l'homme par la négativité, pour concevoir son histoire comme un événement métaphysique en lequel un être s'oppose à la nature pour y mettre en oeuvre un processus de dénaturation qui s'avère annihilation.
Cet événement est ici abordé à partir de la Première Guerre mondiale, conçue comme déchaînement absolu de la monstrueuse puissance du négatif, puis du totalitarisme compris comme système politique en lequel s'est institutionnalisé ce régime de mobilisation totale pour la destruction totale. La généalogie du totalitarisme montre alors que la métaphysique platonicienne en a élaboré le modèle théorique, puis que l'Église catholique médiévale a instauré l'appareil étatique nécessaire pour le réaliser. Le destin du christianisme, dans une troublante analogie avec celui du marxisme, est reconnu comme archétype d'une dialectique tragique, qui est alors analysée en termes métapsychologiques pour la fonder sur la structure psychique de la mélancolie.

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Muhammad ibn Arabi : Des hiérarchies initiatiques. Les Futûhât al-Makkiyyah

i Littérature - Mars 2024


Surnommé « le plus grand des Maîtres » (al-Shaykh al-akbar), Ibn 'Arabî (1165-1240) occupe au sein de la hiérarchie initiatique de l'islam un statut particulier, celui du Sceau des saints. Nul autre mieux que lui ne pouvait par conséquent exposer quels étaient les degrés de cette hiérarchie. Référence majeure du soufisme, ses écrits conservent une permanente actualité que rien n'est venu perturber. Son oeuvre est immense, que ce soit par la taille (on lui attribue plus de huit cents ouvrages, certains très courts mais d'autres de plusieurs milliers de pages) ou par le caractère exceptionnel de son contenu et sa richesse. Al-Futûhât al-Makkiyah (« Les Illuminations de La Mecque ») synthétise de son enseignement. Il en a entrepris la rédaction alors qu'il était en pèlerinage dans la ville sainte. Monument de la spiritualité soufie, qualifié de « Bible de l'ésotérisme en Islam », la somme de connaissances qu'il contient est sans équivalent dans aucune civilisation. Le présent recueil est une nouvelle anthologie de la partie de la première section des Futûhât qui réunit les principaux chapitres ayant trait aux hiérarchies initiatiques. Cette sélection répertorie ceux traitant des Pôles spirituels ou encore ceux sur les saints christiques, sur les hommes de la perplexité ou ceux qui sont revenus après l'union intérieure. Il répond à des questions essentielles telles que : « à quelle station le saint est-il ramené quand Dieu l'exclut de Sa présence ? » et le statut de ceux qui sont revenus après l'union spirituelle. Ibn Arabi y aborde les étapes essentielles de la réalisation intérieure en se référant comme toujours au Coran ou à l'histoire islamique. Cette anthologie se conclue sur la connaissance des pensées sataniques qui peuvent accabler le spirituel dans sa quête initiatique. Elle peut être utile à quiconque souhaite entrevoir l'immensité de la dimension intérieure du soufisme, coeur de la tradition musulmane. Comme dans chacun de ses ouvrages, Ibn Arabi conduit le lecteur à reconsidérer non seulement sa vision de cette dernière mais aussi du monde lui-même tout entier et permet à la conscience d'en élargir les limites. Cette anthologie est le second volume de la réédition revue et corrigée des Révélations de La Mecque, volume épuisé depuis de nombreuses années. Chacun de ces recueils est d'un petit nombre de pages mais d'une extrême densité. Chaque lecture en révélera de nouveaux prolongements en sorte que ce livre peut accompagner un lecteur sa vie durant. Il constitue un condensé d'une somme d'enseignements sans équivalent aussi bien dans le soufisme que dans le monde musulman et dont la portée s'ouvre sur une vision universelle du monde. Le choix des textes qui le compose a été effectué par Abdallah Penot, un des meilleurs traducteurs actuels de l'islam classique. Cofondateur des éditions i, est l'auteur d'une des meilleures traductions du Coran mais aussi des grands maîtres du soufisme tels que l'émir Abdel-Kader ou Iskandari. La traduction des textes est complétée par une introduction à la cosmologie islamique qui résume avec clarté pour le non-spécialiste les notions de base qu'Ibn Arabi suppose connue de son lecteur. Ce recueil, à l'origine destiné exclusivement aux savants, constitue aujourd'hui pour chaque lecteur, musulman ou non, un support de méditation permanente et présente un intérêt technique exceptionnel pour toute personne suivant une voie initiatique, ne serait-ce que, par comparaison, de comprendre à quel point on est désormais éloigné du degré de ce qui en furent autrefois les tenants.

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Amine Boukerche : L'universalisme contesté. Que reproche-t-on à l'Occident ?

 Apogée - Mars 2024


Jamais, de toute son histoire, l'Occident n'a semblé aussi critiqué. Pratiquement tous les malheurs du monde lui sont reprochés. Les non occidentaux lui reprochent l'humiliation qu'il leur a fait subir pendant des siècles à travers les colonisations. Mais l'Occident est aussi contesté chez lui par les siens. Il est accusé d'avoir assuré au mâle hétérosexuel blanc des privilèges indus, au détriment des opprimés que sont les femmes, les immigrés, les LGBTQ+, les Noirs, etc., et aussi d'avoir saccagé la planète pour assurer sa seule prospérité. Toutefois, et paradoxalement, l'Occident fascine ceux-là mêmes qui le critiquent, qu'ils soient occidentaux ou non. La preuve : les mouvements migratoires s'effectuent toujours dans le même sens : du sud vers le nord. Ce ne sont jamais les Occidentaux qui fuient leurs pays au risque de leurs vies. De même, pour les citoyens des pays occidentaux qui militent pour les droits des discriminés, ils ne songent nullement à aller vivre ailleurs, car leurs revendications resteraient lettre morte. Cet attrait de l'Occident s'explique par le fait que sur les quatre derniers siècles il n'a cessé d'inventer et d'innover. Que ce soit dans le domaine politique, moral, épistémologique, esthétique, scientifique, philosophique, etc., l'Occident a toujours été à l'initiative. Le progrès, et ses bienfaits, en principe, l'Occident ne le garde pas pour lui-même, il veut en faire profiter l'humanité tout entière. Pourtant, cette noble intention suscite des réticences qui ne sont pas infondées. Songeons aux Russes, aux Chinois, aux Indiens, à la longue liste de ceux qui refusent de suivre l'Occident les yeux fermés. Que lui reprochent-ils précisément? C'est à cette question que ce livre veut modestement répondre.

Amine Boukerche, est titulaire d'un DEA de philosophie en bioéthique. Il a publié aux éditions Apogée De la fragilité de la démocratie (2015), La Citoyenneté républicaine face au libéralisme économique (2017), L'Algérie de Tocqueville, chronique d'une colonisation ratée (2018), Des cultures et des hommes (2019) et Autopsie de la valeur travail (2020).

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'Hazon Ich : Croyance et confiance. Émounah Oubita'hon

 L'Harmattan - Février 2024


Jamais encore traduit en français, le livre emblématique du ‘Hazon Ich, Croyance et Confiance - Émounah Oubita’hon est enfin présenté au public francophone. La traduction de ce livre donnera l’occasion au lecteur de découvrir un « Grand de la Torah », un des derniers talmudistes de génie du XXe siècle, dont la ligne de pensée qui traverse cet ouvrage, ne se limite pas exclusivement à l’aspect halakhique ou théologique des problèmes de la pensée juive, mais se révèle également, de façon inédite, sous l’angle de leurs implications existentielles.

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Thomas Bauer : Vers un monde univoque. Sur la perte d'ambiguïté et de diversité

 L'échappée - Mars 2024


Traduit de l'allemand par Christophe Lucchese
Préface de Christopher Pollmann

« Seul le monde coloré de la consommation nous fournit encore une façade de diversité, la façade d’une diversité factice qui cache une éternelle monotonie de stimuli sensoriels bon marché pour une consommation rapide par les yeux, les oreilles et le palais. » Quel est le point commun entre la disparition des variétés de pommes, la mise en scène d’hommes politiques dans les talk-shows, l’extinction de nombreuses langues, les fondamentalismes (anti-)religieux et la culture de masse ? Partout, que ce soit dans la nature ou dans la culture, la diversité se perd et l’ambiguïté recule.

Sur les pas de Tocqueville, de Paul Valéry et de Stefan Zweig, l’auteur pense ces phénomènes comme un mouvement vers un monde de plus en plus univoque. Accompagnant l’exacerbation des affects, les quêtes identitaires et le désir d’authenticité, cette évolution apparaît comme une réponse – inopérante – à la rationalisation et à l’informatisation de la vie, à l’affaiblissement des convictions traditionnelles et à la progressive mise en concurrence généralisée des individus et des groupes.

Important succès critique et de librairie en Allemagne et dans plusieurs autres pays, cet essai est une œuvre majeure pour comprendre ce qui se joue dans notre incapacité croissante à supporter la pluralité, la nuance et l’ambiguïté, pourtant seules manières de pouvoir faire face à la complexité du monde.

Professeur d’études arabes et islamiques à l’université de Münster, Thomas Bauer a reçu le prix Leibniz, le prix scientifique le plus important d’Allemagne, puis le prestigieux prix Tractatus de l’essai philosophique pour le présent ouvrage, « un des grands livres sur l’époque » selon le Süddeutsche Zeitung.

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mardi 27 février 2024

Hicham-Stéphane Afeissa : L'ardeur des pillards. Essais de philosophie environnementale et animale

 Dehors - Mars 2024


La philosophie de l'environnement et la philosophie animale sont devenues, en quelques décennies, des champs de recherche en plein expansion à l'échelle mondiale. L'ambition de cet ouvrage est à la fois d'offrir une introduction aux principales problématiques qui y sont examinées, et de constituer une contribution originale dans ces différents domaines. Ce recueil d'essais et de chroniques alterne des articles de fond et des comptes rendus critiques parus au cours des dix dernières années, organisés autour de quatre thématiques : l'animalité, l'écologie politique, l'esthétique environnementale et l'écosophie. Plus qu'une synthèse des travaux de l'auteur, l'ouvrage tente d'ouvrir de nouvelles perspectives pour un monde habitable.

Sommaire

Avant-propos
Philosophie animale :
1. La béatification des animaux
2. Le déni de la mise à mort des animaux
3. D'un prédateur, l'autre : le loup, l'humain et le capitaliste
Écologie politique :
4. L'éthique environnementale et l'écologie politique
5. Appréhender la fin ? discours écologique et catastrophisme
6. La consolation a l'ombre de la bombe
Esthétique environnementale :
7. L'ardeur des pillards : vandalisme écologique et valeur intrinsèque de la nature
8. Qu'est-ce que l'Esthétique de l'environnement ?
9. L'Esthétique des marais
10. Le protectionnisme Esthétique de Ned Hettinger
Écosophie :
11. Les trois écologies : écologie continentale, éthique environnementale et écologie
profonde
12. Solidarité, identification et politique des affects : le débat entre l'écologie profonde et
l'écoféminisme
13. De la foulée à la marche forcée. éléments pour une écologie urbaine

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Les Cahiers Philosophiques n°175 : Foucault et « l’effet Nietzsche »

 Vrin - Mars 2024


Quarante ans après sa disparition, l’œuvre de Foucault fait à nouveau l’objet d’une intense actualité éditoriale qui ouvre la voie à des lectures et relectures inédites. Dans le sillage de la parution de La question anthropologique (EHESS-Gallimard-Seuil, 2022) et du Discours philosophique (EHESS-Gallimard-Seuil, 2023), de nouveaux travaux de recherche s’attachent notamment à diversifier et réévaluer l’importance de la philosophie de Nietzsche dans l’élaboration progressive de la pensée foucaldienne. Ce numéro des Cahiers philosophiques s’en fait l’écho et explore l’existence et la teneur d’un « effet Nietzsche » au cœur de la philosophie de Foucault.

MICHÈLE COHEN-HALIMI ET ORAZIO IRRERA (DIR.)

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Miguel Benasayag, Bastien Cany : Contre-offensive. Agir et résister dans la complexité

 Le Pommier - Mars 2024


Comment promouvoir un changement social et écologique sans se heurter aux écueils anthropocentristes de l'Anthropocène ? Comment sortir du mode occidental de l'agir linéaire, rationaliste et programmatique, d'un sujet qui se conçoit comme extrait du monde sur lequel il veut intervenir. Bref, comment agir et résister dans et par la complexité ? Poursuivant la réflexion de leurs précédents ouvrages (Les Nouvelles Figures de l'agir, La Découverte, 2019 ; Le Retour de l'exil, Le Pommier, 2019), Miguel Benasayag et Bastien Cany proposent ici de sortir des bibliothèques pour se tourner vers le terreau des pratiques concrètes. S'appuyant sur des pistes développées au sein d'expériences alternatives et radicales en Amérique du Sud mais aussi en Italie, en Belgique et en France, ils tentent de constituer un petit manuel de l'agir dans la complexité. Sans chercher à jouer à la nouvelle avant-garde éclairée, à fournir modèles ou recettes prêtes à l'emploi, ils veulent offrir au lectorat un vadémécum de résistance.

Philosophe, psychanalyste, ancien résistant guévariste, Miguel Benasayag est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Connaître est agir (La Découverte, 2006), Eloge du conflit (La Découverte, 2007) et Fonctionner ou exister ? (Le Pommier, 2018). Journaliste, formé à l'histoire contemporaine, Bastien Cany anime avec Angélique Del Rey et Miguel Benasayag le collectif Malgré Tout.

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Enrique Dussel : Métaphysique de l'altérité. Levinas et la libération latino-américaine

 Hermann - Mars 2024


Comment l’Amérique latine et les autres pays du Sud peuvent-ils s’affranchir de la situation de dépendance économique, politique et culturelle dans laquelle ils restent plongés ? Au fil d’une relecture incessante de l’éthique d’Emmanuel Levinas depuis 1970, le philosophe argentino-mexicain Enrique Dussel a soutenu que cette libération devait prendre pour point de départ notre responsabilité pour les Autres, maintenus dans l’extériorité du système social et que cette dépendance opprime. « Métaphysique de l’altérité » contre « ontologie de la totalité », la Philosophie de la libération propose une traduction politique des grandes catégories de la pensée levinassienne. Nourrie par la tradition occidentale (la phénoménologie, Marx, Nietzsche et l’École de Francfort), la pensée juive et la théorie latino-américaine de son temps, cette éthique critique se veut à la fois méthode philosophique et philosophie engagée. Jamais traduits en français, les textes réunis dans ce recueil présentent une des lectures les plus anciennes et les plus originales de Levinas. Grâce à des documents inédits, elle expose aussi l’écho que cette réception latino-américaine eut dans l’œuvre levinassienne. Ils en montrent enfin toute la fécondité pour penser les questions contemporaines de la crise écologique, du dialogue interculturel et de la solidarité envers les victimes de violence et d’exclusion.

Enrique Dussel (1934-2023) est un philosophe, historien et théologien d’origine argentine, naturalisé mexicain.

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Jean-Luc Nancy et Ârash Aminian Tabrizi : Sexpositions

 Presses du réel - Mars 2024


Une série d'échanges relatifs aux questions du sexe, des sexualités et de la différence sexuelle, permettant non seulement une relecture du corpus de Jean-Luc Nancy et de ses développements au prisme de ce que ce dernier a appelé la sexistence, mais aussi la réinscription de l'élaboration de ce concept dans un tissu d'éléments biographiques et, partant, d'une exploration de la sexistence effective du philosophe. Cet entretien est accompagné d'un dessin et de gravures de Léa Falguère.
Dans cet entretien, Jean-Luc Nancy et Ârash Aminian Tabrizi agitent de sexe, du sexe, des sexes – de la sexualité, de la différence sexuelle ? – en tout cas, de ce que séparément, de ce qu'autrement, ils ont, tous deux, pu appeler, la « sexistence ». Ici, là, ça sexpose – sinon s'expose parfois – et ça pose « sexe » entre (d)eux.
Par le biais de « sexe », on relit la biographie et la philosophie ; on relie la pensée à la voix de l'écriture. On parle, par exemple, de l'enfance, des amours, du désir et de la jouissance. Mais, on se retourne aussi sur l'œuvre signé J.-L. N. et compulse les textes qui le composent pour distinguer les rumeurs du sexe, des sexes – des susurrements et murmures s'échappant dès les premières publications aux différents cris poussés plus franchement à partir des années 2000. Bref, on explore des corps, leurs mondes, leurs histoires : leurs présences, leurs souvenirs, leurs avenirs ; et on entre dans un corpus abondant pour le parcourir, par haltes successives, de ses commencements à ses conclusions d'alors.
Ainsi, là, ici, ça devise, ça fait suivre – une réponse après l'autre. Aussi sec, on s'ex : on questionne, on repart. On réplique, on repique. On déplace, on joue, on diffère, on supplémente. Et on n'hésite jamais à toucher certaines limites qui jusque-là, jusqu'ici, étaient encore restées ininterrogées. Par cette porte dérobée qu'est ce « sexe » posé, Sexpositions donne donc à lire la vie et l'œuvre d'un philosophe hors du commun, tout en promettant de continuer à écrire cette vie et cet œuvre et de les laisser s'excrire, et s'écrier peut-être même, toujours déjà autrement.

Dessins et gravures de Lea Falguère

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La Part de l'Œil, n° 38 : Esthétiques du vivant / René Thom et la plasticité des formes

 La Part de l'oeil - Mars 2024


L’hypothèse d’une attention nouvelle pour l’esthétique du vivant est aujourd’hui vérifiée dans le domaine de la création contemporaine. Dans un ouvrage récent, Clélia Nau s’est ainsi intéressée à la représentation du feuillage en explorant les puissances du végétal dans l’art. Si l’on a pu parler d’un « tournant végétal » dans le domaine de l’esthétique, c’est plus largement, comme y invite ici Jean-Christophe Bailly, la place de « l’homme entre les règnes » qu’il s’agit de repenser.

Le présent volume se penche sur le passage du vivant à l’ornement, le bruissement chaotique des nœuds entrelacés ou encore sur la puissance évocatrice des formes naturelles, végétales ou animales, qui animent de façon discrète ou saturée l’espace de la représentation. Analysant Les Quatre fleuves du paradis de Rubens, Chakè Matossian s’intéresse par exemple au bestiaire des animaux à écailles et à rayures, tandis que Bertrand Prévost, Clélia Nau et Lucien Massaert portent le regard sur les nœuds dans l’œuvre de Guy Massaux, le principe d’éclosion ou encore la réalité expressive des formes du vivant. Trois artistes, Jean Arnaud, Pauline Hafsia M’barek et Mélanie Berger rendent compte d’une pratique artistique biomorphique. Mais au-delà de la représentation, c’est la question de l’intrication des formes entre elles qui se trouve également soulevée, imposant le passage de la forme isolée à un mouvement, une dynamique d’ensemble, celle, par exemple, que dessine dans le ciel un vol d’étourneaux ou que produisent les feuilles dans un feuillage. La forme appelle du même coup une attention à sa morphogenèse, à la prise de forme et à la métamorphose, à une dynamique qu’il convient de penser à même l’immobilité apparente dans laquelle semble se tenir l’image. C’est dans cette perspective que le volume consacre un dossier à la pensée morphodynamique de René Thom pour aborder les relations actuelles entre le champ de la création et les nouvelles investigations en direction d’une philosophie de la nature.

Sommaire

— Dossier : Esthétiques du vivant

Dirk Dehouck - Liminaire. "Ce que les oeuvres et les vivants donnent à penser"

Jean-Christophe Bailly - "L’homme entre les règnes"

Bertrand Prévost - "Florilège pour un anti-Narcisse"

Jean Arnaud - "Road Tress"

Chakè Matossian - "L’écaille et la rayure. Les quatre fleuves du paradis de Rubens"

Pauline Hafsia M’barek - "Devenir feuille"

Clélia Nau - "La vie des formes : le paradigme de l’éclosion"

Massimo Carboni - "L’arabesque de Husserl"

Lucien Massaert - "Guy Massaux, au noeud du chaos"

Mélanie Berger - "Micro-peintures : chroniques"

Gérard Wajcman - "De rouge et de gris"

— Dossier : René Thom et la morphogenèse, en dialogue

De la plasticité des formes

Clément Morier et Isabel Marcos - "Porter un regard sur les manifestations morphologiques dans les arts et les sciences, ou faire vivre l’actualité de René Thom"

Stefania Caliandro - "Du Chaos à l’(in)intelligibilité catastrophique de l’art"

Benoit Virole - "Stabilité structurelle dans l’harmonie"

Valeria De Luca - "À partir du pouvoir sémiurgique de la danse. Morphogenèse et expressivité de René Thom à Rudolf Laban"

Bruno Pinchard - "À propos d’une lecture de René Thom. L’infinito de Leopardi"

Wolfgang Wildgen - "À la recherche du sens (perdu). Le parcours sémiotique de René Thom"

Carlos Lobo - "Le problème de la morphogenèse chez Thom, au croisement de la phénoménologie transcendantale et de la théorie des catastrophes"

Antonino Bondì - "Du morphologique à l’expressif. La parole comme objet complexe entre sémiogenèse et énonciation"

— Varia

Aram Mekhitarian - "Bribes, noyaux, lignes".


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lundi 26 février 2024

Jacques MAY : Les vers didactiques fondamentaux sur la doctrine de la voie du milieu (Mūla-Madhyamaka-kārikā) de Nāgārjuna

 Librairie Droz - Mars 2024


Les Mūla-Madhyamaka-kārikā de Nāgārjuna (IIIe s.) constituent l’un des textes philosophiques les plus fondamentaux du bouddhisme dit du Grand Véhicule. Inspirés des sermons du Buddha sur la sagesse transcendante et le vide universel, ils subsistent aussi bien dans leur original sanscrit qu’en traductions chinoises et tibétaine. La lecture de ces vers ne peut cependant pas se dispenser d’un commentaire, en raison même de la subtilité de leur pensée. Le cours que leur a consacré Jacques May cinq années durant à l’Université de Lausanne offre précisément mieux qu’une simple traduction : une immersion profonde dans les méandres de ce texte, en suivant le propre cheminement de la pensée de leur commentateur.
On trouvera ici une analyse claire et serrée de ces vers, recourant non seulement aux ressorts de la philologie des langues asiatiques, mais aussi aux ressources d’une réflexion particulièrement bien formée aux concepts occidentaux.

(Édité par Jérôme DUCOR & Henry W. ISLER)

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Igor Krtolica : Deleuze et Guattari. Une philosophie des devenirs-révolutionnaires

 Amsterdam - Mars 2024


« Au premier chapitre de L’Anti-Œdipe, et donc au seuil de leur œuvre, Deleuze et Guattari affirment que le problème fondamental de la philosophie politique est le désir de servitude. »

L’œuvre de Deleuze et Guattari est une philosophie des devenirs-révolutionnaires, qui est à la fois ancrée dans son époque et en rupture avec elle. Dans L’Anti-Œdipe et Mille plateaux, Deleuze et Guattari veulent en effet : théoriser le potentiel révolutionnaire qui s’est manifesté en Mai 68 et qui a rouvert les possibles dans l’histoire, par une combinaison originale de révolution sociale et de révolution désirante (théorie des minorités) ; analyser les conditions qui ont permis le retournement de ce moment révolutionnaire en une vaste contre-révolution mondiale, avec les nouvelles formes de répression des minorités (théorie du néo-fascisme) ; et déterminer les moyens d’élargir la brèche ouverte dans l’histoire par le mouvement de Mai 68 et contribuer à dresser l’organisation révolutionnaire qui lui a fait défaut (théorie de la machine de guerre minoritaire et révolutionnaire). S’exprime là tout un effort pour revitaliser les forces sociales et en libérer le potentiel révolutionnaire. Cet horizon n’est-il pas encore le nôtre ?

Igor Krtolica est maître de conférences en philosophie à l’Université Picardie-Jules Verne et directeur de programme au Collège international de philosophie. Son travail porte principalement sur la philosophie française contemporaine, ses sources dans l’histoire de la philosophie classique et moderne, et ses liens avec les arts et les sciences. Il travaille actuellement sur le rapport entre philosophie de la nature et philosophie politique. Il a publié en 2015 le « Que sais-je ? » sur Deleuze.

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William T. Cavanaugh : The Uses of Idolatry

Oxford University Press Inc - Février 2024


In The Uses of Idolatry, William T. Cavanaugh offers a sustained and interdisciplinary argument that worship has not waned in our supposedly "secular" world. Rather, the target of worship has changed, migrating from the explicit worship of God to the implicit worship of things. Cavanaugh examines modern idolatries and the ways in which humans become dominated by our own creations.

While Cavanaugh is critical of modern idolatries, his argument is also sympathetic, seeing in idolatry a deep longing in the human heart for the transformation of our lives. We all believe in something, he argues: we are worshipping creatures whose devotion alights on all sorts of things, in part because we are material creatures, and the material world is beautiful. Following an invisible God is hard for material creatures, so we-those who profess belief in God and those who don't-fixate on things that are closer to hand.

Ranging widely across the fields of history, philosophy, political science, sociology, and cultural studies, Cavanaugh develops an account of modernity as not the condition of being disenchanted but the condition of having learned to describe the world as disenchanted. For a better description of the world, Cavanaugh turns to scriptural, theological, and phenomenological accounts of idolatry as inordinate devotion to created things. Through deep explorations of nationalism and consumer culture, The Uses of Idolatry presents a sympathetic but critical account of how and why we sacrifice ourselves and others to gods of our own design.

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Hélène Baty-Delalande et Dominique Vaugeois (dir.) : Relire La Tentation de l'Occident

 Hermann - Février 2024 - Cahiers Textuel


Relire La Tentation de l’Occident, près d’un siècle après sa parution en 1926, c’est se confronter à l’éclat d’une écriture vive, qui impose Malraux comme l’un des acteurs majeurs des débats sur la présence obsédante de « l’Orient » qui marquent les années vingt et trente. On a peut-être trop souvent réduit cet étrange essai à n’être qu’un avant-texte, en mineur, du roman Les Conquérants, publié en 1930. La première partie de l’ouvrage propose d’en déplier les singularités, en croisant les perspectives : enjeux idéologiques d’époque, perspective générique, perspective comparatiste, réflexion esthétique, analyses formelles, dans les études critiques contemporaines qui la constituent. Dans une seconde partie, le dossier de presse permet de resituer l’essai dans son temps et de mesurer l’importance d’une réception nuancée, qui prend en charge la question brûlante d’un orientalisme ambigu et salue un style en train de s’affirmer.

Avec les contributions d'Hélène Baty-Delalande, Stéphanie Bertrand, Guillaume Bridet, Yvan Daniel, Jean-Louis Jeannelle, Dominique Vaugeois.

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Anne Godard (dir.) : Les Ateliers du sujet. Approches pluridisciplinaires des écritures de soi

Presses Sorbonne Nouvelle - Février 2024


Abordant l’écriture de soi comme instrument de connaissance et de construction subjective, ce volume collectif, issu d’un séminaire pluridisciplinaire de l’équipe de Didactique des langues, des textes et des cultures (DILTEC-EA 2288), en éclaire les modalités et les contraintes, et en cerne les formes discursives et les visées éthiques.
À partir d’études appartenant aux domaines de la création littéraire, de la recherche en sciences humaines, de la formation professionnelle et de l’enseignement de langues, l’ouvrage montre que le projet de rendre compte de soi par l’écriture ne se réduit ni à l’expression ni au récit de soi, notamment par ses dimensions intersubjectives et relationnelles.
Portées par un « je » qui ne se réduit pas au « moi », les différentes écritures de soi – littéraires, scientifiques et formatives – situent le sujet à la fois dans une relation interlocutive et dans une communauté d’interprétation. Ce faisant, elles associent, dans leur mouvement réflexif, l’investigation, l’expérimentation et l’émancipation.

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Julien Abed, Yves Meessen (dir.) : La Métaphore médiévale comme exercice spirituel

 Éditions de l'Université de Lorraine - Février 2024


Les textes médiévaux ont recours à la métaphore comme un outil pédagogique ou thérapeutique, voire comme une arme de conversion, visant à modifier, en soi et chez les autres, la manière de vivre ou de voir le monde.
La métaphore à l’époque médiévale est souvent appréhendée sous l’angle de la rhétorique ou de la sémantique. Cet ouvrage collectif puise dans la philosophie, la théologie, la mystique et la poétique pour repenser la notion de métaphore en mettant à l’épreuve une définition nouvelle faisant appel à la pragmatique.
En recourant à l’expression d’exercice spirituel, fil conducteur de l’ensemble de l’ouvrage, les contributeurs analysent le recours des textes médiévaux à la métaphore comme un outil pédagogique ou thérapeutique, voire comme une arme de conversion, visant à modifier, en soi et chez les autres, la manière de vivre ou de voir le monde.
L’ensemble ouvre à une réflexion plus générale sur l’articulation entre lectures des textes et pratiques de soi.

Julien Abed est maître de conférences en histoire médiévale, docteur en études médiévales et membre du laboratoire Écritures (Université de Lorraine). Ses recherches portent principalement sur la représentation et la réception de l’Antiquité au Moyen Âge.
Yves Meessen est maître de conférences habilité à diriger des recherches en théologie, docteur en philosophie et membre du laboratoire Écritures (Université de Lorraine). Ses travaux portent principalement sur la philosophie et la théologie.

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dimanche 25 février 2024

Gérald Sfez (dir.) : Contredons. Hommage à Marcel Hénaff

 Hermann - Mars 2024


Dans cet hommage interdisciplinaire rendu à l’œuvre de Marcel Hénaff (1942-2018), philosophe et anthropologue, des auteurs de sensibilités et d’horizons différents mettent ici en relief l’importance de sa pensée tant dans le domaine des sciences humaines qu’en philosophie. Ils réfléchissent sur les perspectives d’avenir qu’elle ouvre tout en soumettant ses présupposés à l’examen. Ce sont autant de contredons qui engagent à approfondir la question des rapports étroits entre don et symbolisme, de leur rôle dans la constitution du lien social, à distance de l’échange marchand. L’ouvrage invite ainsi à mesurer tout l’intérêt de cette orientation novatrice et à en transmettre l’héritage.

Avec les contributions de : Sylviane Agacinski, Isabelle Alfandary, Marco Fioravanti, Antoine Garapon, Denis Kambouchner, Élise Lamy-Rested, Jean Lassègue, Alain Loute, Hélène Merlin-Kajman, Olivier Mongin, Bruno Paradis, Jean-Michel Rey, André Sauge, Gérald Sfez, Arnaud Villani.

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Lucia Angelino, Marc Crepon (dir.) : La communauté aujourd'hui. Autour de Jean-Luc Nancy

 Hermann - Mars 2024


Jean-Luc Nancy (1940-2021) a, tout au long de son chemin philosophique, maintenu le cap d’une interrogation centrée autour de la question dite de la « communauté », ou bien encore, et comme ses travaux ont incité à le dire le plus souvent, de l’« être-en-commun », de l’« être-ensemble », et finalement de l’« être-avec ». Philosophe pleinement engagé dans son temps, il en a tout à la fois vécu les bouleversements et pensé les nouvelles articulations à l’ère de la mondialisation, les dérives les plus dangereuses de nos jours, en réaffirmant en toute circonstance le fort caractère éthico-politique qui caractérise sa manière unique de faire de la philosophie depuis ses premiers écrits.
Fruit d’un travail collectif, cet ouvrage explore différents aspects de la question de la communauté, envisagée à la fois comme la question essentielle de la philosophie de Jean-Luc Nancy et comme la question philosophique majeure de notre temps. Au croisement de multiples voix singulières, qui font dialoguer Jean-Luc Nancy avec Jacques Derrida, Roland Barthes, Hans Jonas, Sigmund Freud, Jacques Lacan et bien d’autres, les essais qui composent ce volume explorent la cartographie complexe et variée des questionnements que la réflexion philosophique de Jean-Luc Nancy sur la communauté a contribué à faire émerger et à nourrir.

Avec les contributions de : Lucia Angelino, María Bacilio, Jean-Christophe Bailly, Justine Brisson, Danielle Cohen-Levinas, Marc Crépon, Vincent Delecroix, Georges Didi-Huberman, Divya Dwivedi, Yann Goupil, Jérôme Lèbre, Susanna Lindberg, Naintara Maya Oberoi, Jacob Rogozinski, Marcia Sá Cavalcante Schuback, Alice Thibaud.

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Beccaria. Revue d’histoire du droit de punir, VII

 Georg - Novembre 2023


Ce septième numéro de Beccaria. Revue d’histoire du droit de punir accueille des contributions inédites sur le conservatisme pénal comme un domaine antibeccarien, depuis les années 1760 jusqu’à aujourd’hui. S’ajoute à ce sondage un substantiel essai sur la rupture beccarienne entre le péché et le crime comme impératif politique voire moral pour forclore, au temps des Lumières, le droit de punir du champ religieux et de l’espace des supplices.
Depuis la réfutation philosophique de 1765 du célèbre censeur de Beccaria Ferdinando Facchinei, via le juriste wolffien Christian Gottlieb Porsch ou encore le thuriféraire anti-rousseauiste Pierre-François Muyart de Vouglans jusqu’aux apologistes-pénalistes sous la Restauration, c’est un peu une histoire du rétentionnisme pénal qui s’esquisse ici. Et cela, même chez les « derniers Mohicans » de l’an 2000, ces adeptes et idéologues entêtés de la peine capitale en France, abolie tardivement en 1981 grâce la ténacité du garde des sceaux d’alors, l’ancien avocat Robert Badinter.
Souvent, par ailleurs, les rétentionnistes plus libéraux prônent la modération de la mort comme peine plutôt que son abolition, car elle appartiendrait à la tradition ancestrale du droit de punir et au pacte sécuritaire entre le souverain et ses sujets.

Sommaire du numéro 

Michel Porret - Éditorial. Les contradicteurs de Beccaria
Michel Porret - Daniel Roche, Le cavalier des Lumières fraternelles

Les ennemis de beccaria
Michel Porret - Les antibeccariens
Dario Ippolito - Antinomie filosofiche e paradigmi di giustizia. Facchinei censore di Beccaria
Wolfgang Rother - Un adversaire de Beccaria à Königsberg : Christian Gottlieb Porsch et sa réfutation des arguments contre la peine de mort de 1769
Michel Porret - Pierre-François Muyart de Vouglans : un antibeccarien absolutiste
Mathieu Nicati - Contredire Beccaria. Les apologistes de la mort pénale sous la Restauration (1815-1830)
Nicolas Picard - Les « derniers des Mohicans » : les partisans de la peine de mort dans la droite parlementaire française des années 2000

Crime vs péché
Philippe Audegean - L’insecte et l’architecte. Tolérance religieuse et tolérance pénale chez Beccaria

Sources
Notice accusatrice du traité Des délits et des peines - Daniel Jousse, Traité de la justice criminelle de France, 1771
Beccaria, ce grand oracle des philosophes - Charles-Joseph Sarreste, Examen de la législation…, an XI
Livres et revues reçus


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Revue des Collèges de Clinique psychanalytique du Champ Lacanien n°23 : Clinique du désir

 Hermann - Mars 2024


Clinique du désir. Cette expression souligne deux aspects : la visée de la clinique et ce qu’on y adresse. Pour le premier, n’est-ce pas la spécificité de notre clinique psychanalytique qui se trouve là formulée ? Une clinique qui tient compte du désir au regard d’autres pratiques qui cherchent avant tout à guérir et visent l’éradication des symptômes. Pour le second aspect, clinique du désir permet de qualifier les demandes adressées aux analystes par nos contemporains, « malades du désir » : quand s’éprouve un désir vacillant, faiblissant, ce que nous pourrions rapporter à une défaillance de la fonction cause de l’objet.

Pour autant, qu’est-ce que le désir ? Ni le souhait, ni l’envie, ni la volonté. On ne peut le définir autrement qu’en passant par ce qui le cause : l’effet négativant du signifiant qui fait du sujet un manque-à-être : le désir, métonymie du manque-à-être implique cet insaisissable du désir. Impossible de dire ce qu’il est, d’en préciser son objet puisque ceux qui s’offrent au sujet ne sont que des pastiches de cet objet premier, perdu pour toujours : l’« objet a ». Le rapport du sujet à l’objet est donc marqué d’une séparation que Lacan formalise d’un poinçon dans la formule du fantasme. La séparation versus aliénation sont des opérations majeures dans la structuration du sujet : la séparation d’avec la jouissance produit un reste d’où naît le désir. Qu’en est-il alors quand la séparation n’a pas opéré ? C’est une question que nous pose la clinique : celle des vicissitudes du désir névrotique et celle de l’existence même du désir dans les psychoses.

Véronique Maufaugerat (Directeur de publication)

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Xavier Darcos : Tacite, ses vérités sont les nôtres

 Classiques Garnier - Février 2024


Vers la fin du Ier siècle, l’historien latin Tacite s’interroge sur le destin du monde. Il fait la revue des moeurs collectives et des caractères privés, révèle les calculs et les manoeuvres des acteurs politiques, décrit la folie contagieuse, provoquée par la volonté de puissance, tout en se souvenant d’une cause déjà perdue : l’idéal républicain.
Les lettrés, les propriétaires terriens et les militaires désintéressés, qui formaient l’élite romaine, ont cédé la place à des courtisans, à des technocrates, à des nouveaux riches. J’ai pris le parti de considérer que la pensée de Tacite a valeur universelle et qu’il s’adresse encore à notre temps. Certes, il évoque une période cruelle où les princes étaient surtout des tueurs ou des scélérats. Il montre comment le pouvoir peut dégénérer en despotisme de palais, en servilité, en affairisme et en bureaucratie.
Nos manières sont plus policées. Mais ses formules, étincelantes d’intelligence et de pénétration, semblent subitement viser une actualité permanente. Sonnent-elles plus juste à nos oreilles parce qu’elles concernaient une forme de décadence ou de déclin ? Je laisse à chacun le soin d’en juger et de lire entre les lignes.

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