mercredi 30 novembre 2022

Roger-Pol Droit et Karine Lefeuvre (dir.) : Droit, éthique et dépendance

 PUF - Novembre 2022


Les Ehpad et les établissements pour personnes handicapées sont aujourd'hui au coeur d'une série de questions. La Fondation Partage & Vie organise des échanges entre acteurs et experts pour élaborer une réflexion éthique concrète sur le grand âge. Un nouveau cycle de refléxions a été consacré aux droits des résidents, des personnes accompagnées et de leurs proches. Quels sont leurs droits spécifiques ? Sont-ils connus ? Appliqués ? Adéquats ? Faut-il les adapter, les réformer ? Quelle place pour l'éthique face à la loi ? Fondé sur des enquêtes menées dans les établissements, des rencontres thématiques, des débats interdisciplinaires, qui ont abordé notamment les questions de l'entrée en Ehpad et du consentement, du statut des familles et des proches, des refus de soins ou d'alimentation, le livre rassemble cas concrets et réflexion philosophique en faisant dialoguer soignants, aidants, familles, résidents, médecins, juristes et philosophes. Avec pour objectif de comprendre les situations pour les améliorer.

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Natalie Depraz et Maria Gyemant (dir.) : Phénoménologie des émotions

 Hermann - Novembre 2022


Un sujet peu exploré dans la phénoménologie husserlienne est encore à ce jour le champ des émotions, longtemps minoré. Or la publication du volume des Husserliana « Sentiment et valeur » montre que les émotions sont un thème qui préoccupa Husserl durant toute sa vie. La raison de cette invisibilité est moins son manque d’importance aux yeux du phénoménologue que la difficulté de lui trouver une place cohérente. Si les actes cognitifs (perceptifs, judicatifs, mémoriels, imaginatifs) représentent souvent le cas d’étude privilégié eu égard à la visée de connaissance qui y apparaît en majeur, les affects (émotions, volitions, valeurs) obéissent à une autre logique ou, du moins, à une logique plus complexe : non seulement descriptive, mais aussi génétique-dynamique. Ce qui se joue avec les émotions est moins la connaissance d’un objet que les tensions, les satisfactions et les déceptions propres aux processus vécus des forces psychiques et de leurs valeurs pour le sujet.

Un tel défi est ici relevé. On identifie les lieux où les émotions entrent en scène en esthétique, dans la pragmatique de l’action et en philosophie de l’esprit, en lien avec sciences cognitives et phénoménologie. Dès lors se profile une ligne directrice nouvelle autour de la complexité de la dynamique émotionnelle et de l’obsolescence conséquente du clivage cognition-émotion.

Avec les contributions de : Natalie Depraz, Shaun Gallagher, Pascale Goutéraux, Maria Gyemant, Uriah Kriegel, Pierre Livet, Ullrich Melle, Denis Seron, Anthony J. Steinbock.

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mardi 29 novembre 2022

Giorgio Agamben : Pinocchio. Les aventures d'un pantin doublement commentées et trois fois illustrées

 Payot Rivages - Novembre 2022


"Pinocchio n’est pas un conte ni un roman, il n’est assignable à aucun genre littéraire ; tout comme son protagoniste, qui n’est ni un animal ni un garçon, n’est pas même un « quoi », mais seulement un « comment » : il est, au sens le plus strict, une voie de sortie, ou une échappatoire, aussi bien hors de l’humain que de l’inhumain – c’est pour cela qu’il ne fait que courir, et que quand il s’arrête, à la fin, il est perdu". (Giorgio Agamben).

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Le Télémaque 2022/1 (N° 61) : Théâtre, Éducation, Liberté

 PU de Caen - Novembre 2022


Page 7 à 20 : Daniel Raichvarg - Auto-(émancip-)action théâtrale. Entre esthétique critique et engagement communicationnel | Page 21 à 32 : Alain Vergnioux - La voix | Page 33 à 36 : Alain Vergnioux - Présentation | Page 37 à 56 : Bernard Esmein - Shakespeare et le Japon | Page 57 à 68 : Patrick Vauday - Deleuze avec Bacon, Beckett, Artaud : un théâtre de l’intensité | Page 69 à 82 : Elena Théodoropoulou - Le tragique comme méthode chez Eschyle. Pour une émergence du philosophique | Page 83 à 98 : Nathalie Dupont - Les aventures du théâtre à l’École | Page 99 à 110 : Duy Su Nguyen - Le théâtre traditionnel vietnamien et ses fonctions dans la société | Page 111 à 124 : Yannic Mancel - De quoi l’œuvre d’un metteur en scène est-elle le nom ? | Page 125 à 145 : Stéphane Douailler - Sur la constante possibilité du théâtre, et sur les marionnettes | Page 147 à 164 : Didier Moreau - « Le feu où jeu et réalité fusionnent », les enfants au théâtre avec Asja Lacis et Walter Benjamin | Page 165 : Louise Ferté - Présentation | Page 166 à 169 : Didier Moreau - Laurence en voyages | Page 170 à 171 : María Beatriz Greco - Une philosophe du sensible. Laurence et ses gestes | Page 172 à 174 : Jordi Riba - La République de la confiance | Page 175 à 178 : Hervé Breton - En chemin avec Laurence Cornu : réciprocité et actions conjointes | Page 179 à 181 : Joël Roman - Laurence Cornu, la force des pratiques | Page 182 à 185 : Samuel Renier - Penser, lire, transmettre | Page 186 à 189 : Anne Maurel - La compagnie d’une voix | Page 191 à 193 : Nassira Hedjerassi et Henri Peyronie - Nicole Mosconi (1942-2021) | Page 195 à 212 : Nicole Mosconi - La mixité scolaire : enjeux sociaux et éthico-politiques.

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Frédérique Aït-Touati et Bruno Latour : Trilogie terrestre

 B42 - Novembre 2022


Face à la crise écologique, nous avons la plus grande peine à nous représenter collectivement où nous sommes, qui nous sommes, quels sont les protagonistes en conflit, et, surtout, quel rôle nous devons jouer dans cette aventure à laquelle nous n’étions pas préparés. Comme toujours en période de crise profonde, le théâtre semble particulièrement apte à capter le bouleversement en cours. Ce que nous ne sommes pas capables de penser ensemble, il faut le mettre en scène devant un public.
Cet ouvrage réunit trois textes qui sont le résultat d’un processus d’écriture singulier mené depuis une douzaine d’années par la metteuse en scène Frédérique Aït-Touati et le philosophe Bruno Latour. Ils empruntent aussi bien à l’expérience scénique, à l’histoire des sciences, à la politique, aux sciences de la Terre et à l’anthropologie, pour tester la capacité de ces disciplines à absorber le choc du nouveau régime climatique.

Ces textes peuvent être lus comme des étapes successives dans la découverte d’une nouvelle condition terrestre. Inside offre une plongée surprenante dans la surface inconnue de la Terre. Moving Earths dresse le parallèle entre l’ancienne Terre et la nouvelle Terre qui se meut, en introduisant la figure de Gaïa. Enfin, Viral tire la leçon des virus pour explorer le terrestre comme intrication de vivants.

Cette trilogie, complétée par des entretiens et une introduction, soutient l’hypothèse que le bouleversement cosmologique majeur que nous vivons actuellement ne peut se passer d’un nouveau personnage, Terre, ou Gaïa, introduit sur la scène du monde.

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L’Enseignement philosophique 2022/4 (72e Année) : Les traditions philosophiques d’Asie (2)

Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public - Novembre 2022


Page 3 à 5 : Marie Perret - Ère de glaciation : comment en sortir ? | Page 9 à 10 : Bertrand Nouailles - Les traditions philosophiques d’Asie (2) | Page 11 à 19 : Stéphane Clerjaud - Pyrrhon : une porte dérobée vers le bouddhisme zen | Page 21 à 34 : François Warin - L’Orient tout entier en un simple bol | Page 35 à 46 : Martine Chifflot - La libération selon le Yoga et le Védānta | Page 47 à 60 : Sandy Hinzelin - Le concept de vacuité dans le bouddhisme | Page 63 à 69 : Hélène Bouchilloux - Du différend entre Descartes et Malebranche sur la connaissance que l’esprit a de lui-même | Page 71 à 82 : Franck Despujol - La modernité de l’éthique d’Aristote | Page 109 : La vérité | Page 110 à 111 : L'oralité.

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Revue de métaphysique et de morale 2022/4 (N° 116) : Liberté d’expression

 PUF - Novembre 2022


Page 453 à 456 : Charles Girard et Clotilde Nouët - Présentation | Page 457 à 475 : Clotilde Nouët - La liberté d’expression : une liberté privée, politique ou sociale ? | Page 477 à 495 : Charles Girard - La liberté d’expression est-elle un droit absolu ? | Page 497 à 513 : Blondine Desbiolles - La liberté d’expression selon Thomas Nagel : un droit à la frontière entre privé et public | Page 515 à 532 : Raphaelle Thery - Infraction ou expression ? Normes de forme et discours minoritaires sur le marché des idées | Page 533 à 553 : Christopher Hamel - Que nous apprend l’histoire intellectuelle sur la liberté d’expression ? | Page 555 à 570 : Quentin Soussen - La théorie de l’erreur épistémique fait-elle une erreur ? | Page 571 à 589 : Henri Galinon et Sébastien Gandon - Ebbs, la référence en partage | Page 591 à 593 : Anthony Bonnemaison - Nicholas D. Smith, Socrates on self-improvement : knowledge, virtue, and happiness, Cambridge, Cambridge University Press, 2021, XIX-182 p. | Page 593 à 595 : Ulysse Chaintreuil - Sylvain Delcomminette, Raphaël Van Daele (dir.), La Méthode de division de Platon à Érigène, Paris, Vrin, Annales de l’institut de philosophie et des sciences morales, 2020, 194 p. | Page 595 à 597 : Dimitri Cunty - Sylvain Delcomminette, Geneviève Lachance (textes réunis et édités par), L’Éristique, définitions, caractérisations et historicité, « Cahiers de philosophie ancienne no 27 », Bruxelles, Éditions Ousia, 2021, 391 p. | Page 597 à 599 : Anthony Bonnemaison - James Warren, Regret : a study in ancient moral psychology, Oxford, Oxford University Press, 2022, xi-194 p. | Page 599 à 602 : Ulysse Chaintreuil - Giovanna R. Giardina (dir.), To Metron, Sur la notion de mesure dans la philosophie d’Aristote, Paris-Bruxelles, Vrin-Ousia, 2020, 250 p. | Page 602 à 604 : P.-M. Morel - Andrea Falcon, Stasinos Stavrianeas (dir.), Aristotle on how animals move. The De incessu animalium : text, translation, and interpretive essays, Cambridge, Cambridge University Press, 2021, 315 p. | Page 605 à 607 : Pierre Balmond - Olivier Renaut, La Rhétorique des passions. Aristote, Rhétorique II.1-11, Paris, Classiques Garnier, « Les Anciens et les Modernes – études de philosophie », 2022, 389 p. | Page 607 à 609 : Charlotte Murgier - Pierre Destrée, Aristote, Poétique, traduction et édition, Paris, GF-Flammarion, 2021, 271 p. | Page 609 à 611 : P.-M. Morel - Francesco Verde (éd.), Epicuro, Epistola a Pitocle, In collaborazione con Mauro Tulli, Dino De Sanctis, Francesca G. Masi, Baden-Baden, Academia Verlag, « Diotima. Studies in Greek Philology », 2022, 329 p. | Page 611 à 614 : P.-M. Morel - Bertrand Ham, Plotin, Traité 30 - III, 8. Sur la nature, la contemplation et l’Un, introduction, traduction, commentaire et notes, Paris, Vrin, « Bibliothèque des textes philosophiques », 2021, 210 p..

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lundi 28 novembre 2022

Jean-Charles Darmon et Charles-Olivier Stiker-Métral (dir.) : Penser par maximes. La Rochefoucauld dans la République des Lettres

 Hermann - Novembre 2022


Les Réflexions ou sentences et maximes morales de La Rochefoucauld inaugurèrent une nouvelle forme de pensée morale dont il importe de prendre la mesure. Mieux que quiconque, La Rochefoucauld a donné une vitalité extraordinairement décapante à un ensemble de formes brèves qui existaient certes avant lui, mais dont il a su découvrir et expérimenter des potentialités insoupçonnées.

La présente enquête collective vise, en premier lieu, à mieux cerner ce qui fit la singularité des Maximes, et à montrer comment elles marquèrent l’avènement de nouvelles ressources de la pensée morale, avec lesquelles d’autres genres, d’autres styles et d’autres visions de l’homme ne cesseront d’entrer en résonance et en débat.

On y essaie plus largement de ressaisir, par l’examen de quelques points d’inflexion caractéristiques, depuis le moment propre à La Rochefoucauld jusqu’à l’époque contemporaine, ce qu’a pu signifier l’art de penser par maximes, en faisant varier les points de vue sur les questions et les valeurs qui leur furent associées. Chemin faisant, en interrogeant les aventures de la Maxime, c’est toute une culture de l’esprit et tout un pan de la vie morale que ce livre s’emploie à sonder.

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Tania Vladova (dir.) : Penser par l'art. Jeux de regards, enjeux esthétiques, débats sociologiques

 Hermann - Novembre 2022


En hommage à la longévité universitaire du sociologue et philosophe Jacques Leenhardt – professeur à l’École des hautes études en sciences sociales depuis 1966, fondateur des Archives de la critique d’art, créateur et directeur du Centre d’art contemporain de Crestet –, cet ouvrage réunit des contributions de sociologues, philosophes, artistes et écrivains qui retracent plusieurs débats marquants liés aux sciences humaines, à la littérature et aux arts, en France et aux Amériques à partir des années 1970. Le riche parcours du chercheur français, né à Genève, se dessine à travers autant de rencontres intellectuelles et de sensibilités artistiques en partage.

Tania Vladova est professeur d’esthétique à l’École supérieure d’art et design Le Havre/Rouen et docteur de l’EHESS. Ses recherches portent sur la théorie des images XIXe-XXIe siècles et sur la science des images (Kunstwissenchaft, Bildwissenschaft, Visual Studies). Elle est membre fondateur du comité de rédaction des revues Fiction-Science et Images Revues, et membre du comité de lecture de la revue Critique d’art.

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Philippe Desan : Montaigne et le social

 Hermann - Novembre 2022


On relève chez Montaigne plusieurs éléments constitutifs d’une sociologie et d’une anthropologie à venir (sous forme de chantier de la pensée) que l’on pourrait regrouper sous la rubrique de « discours social ». Le social influence la pensée de Montaigne plus qu’il ne la détermine : c’est en effet dans le cadre du social que se façonne le soi particulier. L’auteur des Essais interroge son époque sans pour autant la juger ou la modéliser. De ses nombreux jugements sur les hommes en société se dégage une critique qui échappe à tout didactisme et privilégie la description sur la prescription. Dans son rapport aux autres, Montaigne se pose comme un être social dans un monde défini par les échanges. Véritable laboratoire expérimental, les Essais de Montaigne permettent au lecteur de dégager les principes contradictoires d’un modèle de société certes irréalisable, mais néanmoins pensable.

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Auguste Comte : Système de politique positive, tome I - 2. ou Traité de Sociologie, Instituant la Religion de l humanité

 Hermann - Novembre 2022


Rédigé entre 1851 et 1854, le Système de politique positive d'Auguste Comte est une œuvre curieusement oubliée, jamais rééditée depuis 1929. Comte lui-même la considérait pourtant comme une étape décisive de sa pensée : il en parlait comme de sa "seconde carrière" venant parachever la première, celle constituée par le Cours de philosophie positive. En republiant le Système, nous avons voulu, grâce à une édition scientifiquement établie, rendre justice à ce texte monumental, dont la dimension en cinq volumes s'explique par son ambition : après avoir transformé la science en philosophie, Comte y entreprend de transformer la philosophie en religion de l'humanité pour constituer le positivisme complet.

L’Introduction fondamentale, objet de ce volume, expose le système des sciences préliminaires servant de préambule à la sociologie. Comte se livre ici à un travail qui a peu d’équivalent dans l’histoire de la philosophie : une sorte d’épistémologie au second degré, qui consiste à adapter les résultats scientifiques du Cours à la nouvelle perspective subjective et religieuse.

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dimanche 27 novembre 2022

Christophe Perrin : Solus ipse. Phénoménologie de la solitude

 Hermann - Novembre 2022


En philosophie, la question de la solitude a toujours été laissée à sa solitude de question. Les hommes n’ont cependant jamais manqué ni de se trouver ni de se penser seuls. Certes, nul d’entre nous n’est seul à être ni seul à être seul. Mais chacun est pour lui-même le seul non seulement à se sentir l’être, mais encore à connaître le double principe présidant à l’être seul. Car seul l’être peut être seul et seul l’être seul peut être. Sous cette lumière crue, une fois dépouillée de ses oripeaux que sont l’isolement et l’esseulement auxquels on la réduit aussi fréquemment qu’injustement, la solitude nue pourrait bien s’avérer le nom approprié de l’être et le dernier mot de l’individuation de l’ego. C’est là du moins la chose même que doit nous faire voir une phénoménologie de la solitude qui puisse entendre ces deux mots : solus ipse.

Christophe Perrin est enseignant et chercheur, docteur de l’Université Paris-Sorbonne habilité à diriger des recherches en philosophie et collaborateur scientifique de l’Université catholique de Louvain. L’Académie royale de Belgique et l’Institut de France l’ont respectivement honoré du prix Duculot (2016) et du prix Noury (2021).

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Jacques Ascher : Exit homo ?

 Borromées - Novembre 2022


L'Homme sortant, s'en allant, touchant à sa fin évoque en symétrie l'Ecce homo, phrase attribuée à Ponce Pilate présentant Jésus à la foule après son arrestation. Cet homme aux fondements hébraïco-gréco-romains est-il en voie d'effacement après Hiroshima et Auschwitz? Est-il en voie d'effacement dans un monde bousculé par la révolution numérique, le capitalisme financier libertaire, l'illimité du transhumanisme, monde dont le centre n'est certes plus en Europe? Sans prétendre répondre à cette question abyssale, observons la nécessité de nous préserver simultanément du nihilisme passif s'appuyant sur le désespoir et de l'ivresse de l'espérance. Il s'agit de préserver l'équilibre de tous les jours sans capituler devant une situation extrême, de poursuivre un combat à l'issue incertaine sans pour autant perdre courage comme le firent avec une belle constance les médecins d'Hiroshima.

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Dominique Kalifa : Histoire de la nuit des temps

 Ed. de la Sorbonne - Novembre 2022


À la suite de ses travaux sur les chrononymes (Les noms d'époques, Gallimard, Bibliothèque des histoires, 2020), inspirés par une réflexion inaugurale sur l'invention de la Belle Époque (La véritable histoire de la « Belle Époque », Fayard, 2017), l'historien Dominique Kalifa (1957-2020) fait le pari d'écrire l'histoire d'un chrononyme flou et sans histoire, dont l'usage s'est pourtant imposé : la « nuit des temps », à laquelle renvoie le langage courant, pour dire l'ancienneté sans avoir à la dater. Quels imaginaires recouvre cette expression qui nous renvoie à un début incertain ou à des origines obscures ? Qu'y avait-il même avant la « nuit des temps » ? Des ténèbres, le chaos, une vie littéralement pré-historique ? C'est à ce défi historiographique qu'entendait répondre ce texte auquel travaillait Dominique Kalifa juste avant sa mort, et qu'on lira non seulement comme une enquête à travers la philosophie, l'anthropologie, la littérature, l'ésotérisme et le conspirationnisme, mais aussi comme une réflexion sur l'histoire, son écriture et ses usages. Ce livre inachevé, qui donne accès au laboratoire de l'historien, est présenté par Philippe Artières, qui l'éclaire de pages lumineuses et sensibles.

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Études sartriennes 2022, n° 26 : Autour des Chemins de la liberté

Classiques Garnier - Novembre 2022


Seule revue francophone dédiée à Sartre, Études sartriennes couvre tous les aspects de son œuvre. Outre des études spécialisées, elle publie également des inédits de Sartre.
Contributeurs : Ârash Aminian Tabrizi, Hélène Baty-Delalande, Grégory Cormann, Clémentine Fauré-Bellaïche, Alexandra Follonier, Jean-François Louette, Pierre Lyraud et Jean-Paul Sartre.

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vendredi 25 novembre 2022

Christiane Vollaire, Olivier Razac, Sophie Djigo, Isabelle Delpla : Des philosophes sur le terrain

Créaphis - Novembre 2022


Ce livre est né de la volonté d'interroger quatre pratiques différentes de la philosophie de terrain, c'est-à-dire d'un rapport empirique de quatre chercheurs aux situations concrètes à partir desquelles la pratique de l'entretien ou de la relation va leur permettre de questionner un certain nombre de réalités sociales et politiques contemporaines.
Si le terrain appartient traditionnellement aux méthodes des sciences sociales, la philosophie contemporaine, depuis les années 2000, a commencé à le réinvestir. Et les quatre auteurs font partie de ceux qui revendiquent, de façons diverses, une telle entreprise. C'est cette diversité même qui les a poussés à se réunir.
Cet ouvrage ne vise donc pas à homogénéiser leurs pratiques, mais au contraire à en faire valoir l'hétérogénéité, c'est-à-dire la richesse et la pluralité que peut engager un rapport philosophique au terrain. Ce livre ne risque pas non plus d'épuiser une telle hétérogénéité : bien d'autres rapports philosophiques au terrain sont possibles, et actuellement réalisés par d'autres qu'eux.
Enfin ils souhaitent, sous un format relativement court et accessible, présenter directement la manière dont, chacun, ils ont été plongés dans le terrain, travaillés et questionnés par lui avant même de pouvoir le questionner eux-mêmes, à partir de quatre champs d'investigation différents :
- une réalité sociale reconfigurée par l'impact politique des migrations dans le Calaisis
- une réalité judiciaire dans les configurations internationales de la guerre en ex-Yougoslavie
- une réalité pénitentiaire pensée à partir de ses acteurs en France
- une réalité d'engagements à partir de la situation économico-politique de la Grèce.
Ces quatre champs d'investigation suscitent eux-mêmes quatre modes d'approche différents :
- l'immersion
- l'observation combinée aux entretiens et au travail d'archives
- l'enquête par le biais de la position enseignante
- l'association des entretiens à la réflexion esthétique.
Leur petit nombre réfute évidemment toute volonté d'exhaustivité. Et le caractère singulier de chacun de leurs terrains dit qu'ils ont souhaité embarquer le lecteur dans quatre aventures intellectuelles différentes, questionnant chaque fois le rapport de la philosophie au terrain par des abords spécifiques et renouvelés. En se réunissant, ils ont souhaité à la fois attester de cette pluralité à partir du récit de l'analyse de chacune de leurs expériences, et en dégager ce qui les lie à cette constellation commune qui a pris le nom de philosophie de terrain.

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Philippe Forget : La rencontre historique entre Gadamer et Derrida (1981) et au-delà. Avoir raison (de l'herméneutique)

 PU de Rennes - Novembre 2022


En avril 1981, Philippe Forget organisait à l'Institut Goethe de Paris une rencontre qui donnait à Hans-Georg Gadamer et Jacques Derrida l'occasion de faire connaissance. Ce livre est d'abord le récit détaillé, fondé sur les archives entièrement inédites conservées par l'auteur, de la préparation, du déroulement et des suites de ces échanges. Il compare ensuite la manière dont Gadamer et Derrida lisent respectivement Mörike et Baudelaire, et tous deux Celan, pour montrer que leur rencontre fut bel et bien « historique », puisqu'elle n'engage pas moins que notre « tradition philosophique dans son ensemble ».
L'ouvrage constitue donc une intervention profondément originale dans le champ de la philosophie contemporaine puisqu'il rouvre sur de toutes nouvelles bases le problème des rapports entre herméneutique et déconstruction, et tout indique qu'il est appelé à faire référence sur cette question. Il ne manquera pas de s'imposer comme un texte de premier plan dans les débats portant sur les rapports entre littérature et philosophie, sans parler de la contribution qu'il apporte à tout un pan de la philosophie contemporaine du langage.

Germaniste, traducteur et philosophe, Philippe Forget (1953-2021) a enseigné l'allemand au lycée Louis-le-Grand pendant plus de vingt ans. Directeur de la collection « Langue et civilisation germaniques » (Dunod, puis A. Colin), il est l'auteur d'études consacrées à de nombreux écrivains de langue allemande, ainsi que d'ouvrages où les problèmes du lire et du traduire sont centraux. Il a lui-même retraduit le Werther de Goethe, sous le tire Les Passions du jeune Werther.

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jeudi 24 novembre 2022

Jean-Yves Chateau : La technique de Platon à Simondon. Persuader la nécessité

 Jérôme Millon - Novembre 2022


Il ne s’agit pas seulement ici de rendre compte de la philosophie de la technique que l’on trouve chez Platon et chez Simondon, et de quelques autres parmi les plus importantes, mais d’affronter véritablement la question : qu’est-ce que la technique ? On voudrait faire apparaître d’abord le caractère exemplaire et décisif de Platon pour la compréhension de ce qu’a été la réalité technique de son temps aussi bien que pour la compréhension, aujourd’hui encore, de la réalité technique actuelle, des problèmes qui sont liés à son identification comme telle et à la démarche qui convient pour son étude. C’est aller contre la tradition qui en fait un ignorant et un ennemi de la technique, préoccupé avant tout d’un monde d’Idées « coupées » du monde sensible. Cette tradition, quasiment aussi ancienne que Platon lui-même, est toujours vivante, fondée désormais sur une représentation de la technique qui se voudrait moderne (la technique comme « application de la science »). C’est un des intérêts de la pensée de la technique de Gilbert Simondon (prolongeant et systématisant une tradition qui passe en France notamment par Henri Bergson et Georges Canguilhem), que de délivrer de l’idée précipitée selon laquelle l’essence de la technique serait d’être une application de la science, idée dont la faiblesse est la plus évidente quand il s’agit d’une époque où la science n’existait pas encore au sens actuel. La lecture de Platon n’est pas seulement libérée par la compréhension de la technique que propose Simondon, elle est elle-même une préparation très utile à la lecture de ce dernier, reposant sur des exemples plus simples. Ce qu’apprend une philosophie de la technique, on le voit exemplairement chez Platon et chez Simondon, n’est pas seulement comment organiser des concepts et des idées (dont l’importance politique et sociale est évidente), c’est comment regarder précisément le réel, penser son existence et son évolution.

Jean-Yves Chateau est Inspecteur général honoraire de philosophie, spécialiste de philosophie ancienne, de Kant et de Simondon.

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Bildwissenschaft : Débats contemporains sur l'image (éd. Maud Hagelstein et Céline Letawe)

 Mimesis - Novembre 2022


Cette anthologie critique vise à établir une archéologie de la théorie de l’image contemporaine, en particulier dans son versant germanophone, celui de la « science de l’image » ou Bildwissenschaft. Pour des raisons diverses (obstacle de la langue, hermétisme des débats, dispersion des positions), cette discipline reste encore peu connue dans la sphère francophone. Pourtant, le développement exponentiel de la théorie de l’image depuis les années 1990 appelle une nouvelle cartographie des études visuelles ainsi qu’une redéfinition philosophique de l’image et de l’expérience qui en découle.

Maud Hagelstein est chercheuse F.R.S.-FNRS et enseigne l’esthétique à l’Université de Liège. Elle a consacré un ouvrage aux fondements de l’iconologie critique : “Origine et survivances des symboles (Warburg, Cassirer, Panofsky)” (2014). Ses recherches actuelles s’inscrivent dans le domaine de la théorie du visuel et portent sur l’actualité de l’approche iconologique dans la théorie de l’image contemporaine.
Céline Letawe est docteure en philosophie et lettres et enseigne la traduction allemand-français à l’Université de Liège, où elle dirige actuellement la filière en traduction. Elle est membre du CIRTI, le Centre Interdisciplinaire de Recherche en Traduction et en Interprétation, et ses recherches portent notamment sur la traduction collective et la visibilité du traducteur.

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Jan Patocka : Intériorité et monde

 Vrin - Novembre 2022


« Le fait d’entrevoir, aux confins de la compréhension humaine des choses, la nature pure, la pure indifférenciation, close sur soi, du sujet et de l’objet, a entraîné un changement fondamental dans notre conception de la phénoménologie transcendantale… » (Jan Patočka)
Les manuscrits des années 1939-1944 traduits dans ce volume présentent, en réponse à « la tâche d’interpréter toute existence à partir des sources internes de la vie même » formulée dans la conclusion du Monde naturel comme problème philosophique et en complément des « Études sur le concept de monde » qui introduisent les Carnets philosophiques, une première ébauche de la révision patočkienne de la phénoménologie transcendantale de Husserl. À proximité de Bergson, en parallèle avec Merleau-Ponty, un point de départ d’une nouveauté radicale qui, vingt ans après, nourrira la réflexion sur la phénoménologie « asubjective » et les mouvements de l’existence.

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Georges Charbonneau (dir.) : L'intime, la pudeur et le sacré. Anthropologie et psychopathologie phénoménologique

 Le Cercle herméneutique - Novembre 2022

L’intime est une question négligée dans les sciences humaines. A peine est-il différencié du privé, de l’intériorité, du propre, du non-dit, du quant-à-soi. Cette intimité ne serait-elle qu’affective ou sexuelle? Non. Une telle réduction appauvrirait considérablement le sens des rencontres humaines, si riche et subtil entre ce qui se dit, ce qui se préserve, se sous-entend ou se tait. Ou, tout simplement, se retient.
Pourquoi la si précieuse retenue qui vise et protège ces espaces d’intimité n’a-t-elle jamais, en Occident, été conceptualisée et valorisée? N’y-aurait-il dans les mouvements de la vie, dans les directions de sens, que celles qui dévoilent, traversent, découvrent, rendent équivalents ou transparents? Devons-nous toujours tout exhiber pour se rencontrer et comprendre? Tout doit-il ou peut-il se traduire, se réduire, se phénoménaliser?
La pudeur est un concept qui a été davantage travaillé par la philosophie et l’anthropologie. Ce qui est avancé ici, dans certains textes, est que cette pudeur réalise une proto-expérience du sacré; un sacré précisément constitué de la capacité de se retirer, de s’interrompre, de faire retenue, de s’inhiber aussi, pour reconnaître, saluer quelque chose qui est précieux, immense, qui nous dépasse et dont nous voulons prendre soin.
Le travail qui s’expose ici ne prétend pas seulement explorer une question anthropologique, celle des corrélations entre intime, pudeur et sacré mais veut oeuvrer à d’autres fins : à la reconnaissance des diverses formes et possibilités du sacré, à montrer que dans certaines attitudes simples de notre vie – telle la retenue, le retrait, la réserve – il y a déjà du sacré; d’un sacré ou d’une spiritualité aussi bien avec que sans dieux (laïc). Ce travail de valorisation de la pudeur en tant que proto-expérience du sacré est nécessaire pour le dialogue entre les coutumes, les sociétés, les civilisations, notamment celles d’Orient et d’Occident; il est nécessaire car de grandes lignes de fractures se dessinent sur ces questions.

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mercredi 23 novembre 2022

Nathalie Ferrand : Dans l'atelier de Jean-Jacques Rousseau

 Hermann - Novembre 2022



L’atelier de Jean-Jacques Rousseau se compose d’une succession de lieux symboles où, au cours d’une vie en mouvement, il a quelque temps posé sa table de travail : parmi eux son donjon à Montmorency, son laboratoire à Môtiers, cette chambre « qui ne ressemblait en aucune manière à celle d’un homme de lettres » rue Plâtrière à Paris… sans compter bois et bosquets des promenades qu’il fréquentait un carnet et un crayon en poche. Mais cet atelier est surtout l’immense espace de papier constitué par ses manuscrits de travail, des milliers de pages autographes aujourd’hui dispersées à travers le monde. Il nous permet de découvrir les chemins de l’invention d’un écrivain penseur critique des Lumières, de suivre brouillons à l’appui la naissance du Contrat social, de l’Émile ou de La Nouvelle Héloïse, et de regarder Rousseau annoter Platon, Montaigne ou Voltaire dans les marges des livres de sa
bibliothèque.

Nathalie Ferrand est directrice de recherche à l’Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS/École normale supérieure, Paris), où elle est responsable de l’équipe « Écritures des Lumières ». Elle vient notamment de publier Écrire en Europe de Leibniz à Foscolo (CNRS-Éditions, 2019) et une édition de récits brefs de Rousseau sous le titre de Trois contes (Rivages, 2021). 

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Audrey Rieber et Baptiste Tochon-Danguy (dir.) : La Modernité en art

 Classiques Garnier - Novembre 2022


Qu'est-ce qu'un art, un style et un artiste modernes ? Pour définir la modernité dans les beaux-arts, la musique et la littérature, il ne suffit pas d'invoquer une période historique ou des caractères stylistiques. Il faut plutôt interroger la fonction de cette catégorie telle qu'elle est mobilisée par les artistes, critiques d'art, historiens et théoriciens, en particulier dans son rapport à l'histoire et au présent, ainsi que la façon dont elle bouleverse les normes esthétiques. En montrant comment la revendication (ou la condamnation) de la modernité repose sur une conception des buts de l'art, les contributions des philosophes, littéraires, historiens de l'art et musicologues ici rassemblées explorent les liens nouveaux tissés entre art, vie et politique.

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Alexis de Tocqueville : La démocratie à l'épreuve d'elle-même ( De la démocratie en Amérique, t. 2 et 4)

 Manucius - Novembre 2022


Lorsqu'Alexis de Tocqueville publie en 1835 le premier tome de De la démocratie en Amérique, il est âgé d'à peine trente ans. Sa jeunesse ne l'empêche pourtant pas de livrer une œuvre de philosophie politique qui deviendra un classique aujourd'hui encore largement commenté.
Dans la quatrième partie du tome II (publié en 1840) ici proposée, Tocqueville souligne que si liberté et égalité sont les principes fondateurs du système démocratique, ils sont par ailleurs l'occasion de dérives potentiellement néfastes.
Poussé par sa passion de l'égalité, le peuple est tenté de rejeter les corps intermédiaires pour déléguer tout pouvoir à l'État qui, pour accomplir sa mission, devient d'une part, pléthorique et d'autre part intrusif. Ainsi la démocratie dégénère naturellement vers un despotisme « bienveillant », où, faute de contre-pouvoir, on aboutit à un monopole administratif étatique amenant à diriger […] les moindres citoyens et à conduire seul chacun d'eux dans les moindres affaires.
Sans une vigilance combative, une tyrannie, même « douce », a tôt fait d'enchaîner à nouveau le peuple souverain.

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lundi 21 novembre 2022

Pierre Bruno : La réalité. Essai de psychanalyse

Erès - Novembre 2022


La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ? A partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part. La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du " je n'en veux rien savoir " dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le " je n'en veux rien savoir " qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.

Pierre Bruno est psychanalyste à Paris, membre de l'association Le pari de Lacan.

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Sergueï Panov : L'expérimentation philosophique et littéraire de la nature

 L'Harmattan - Novembre 2022


L'anthropobiologie esthétique du langage a découvert la nature dialogique de l'imagination : sa capacité à harmoniser le monde et la vie humaine en testant l'objectivité de ses créations à l'aune du bonheur auquel elles ouvrent l'accès. De Shakespeare à Duras, les temps modernes se sont facilité la tâche. Il suffisait à ces philosophes et à ces écrivains de s'approprier la prosopopée judéo-chrétienne pour expérimenter leurs résultats sur leur propre nature. Ils se dispensaient ainsi allègrement de juger l'objectivité de leurs innovations culturelles. Serguei Panov analyse ici avec acribie l'expérimentation philosophique et littéraire par laquelle ils ont transformé leurs convictions et leurs sentiments en ersatz de leurs propres jugements. Il y étend sa critique de la prosopopée littéraire russe à la modernité elle-même. Il montre qu'elle nous soumettait ainsi à une nature régulatrice transcendante présumée nous dicter ses lois morales sous couvert de lois objectives et irrécusables.

Serguei Panov, docteur habilité en philosophie de l'Université Paris 8, enseigne à l'Université MISIS (Moscou).

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François Renaud : La justice du dialogue et ses limites. Étude du Gorgias de Platon

 Les belles lettres - Novembre 2022


Le point de départ de cette étude est l’examen du caractère expressément agonistique du Gorgias. En situant le dialogue de manière originale par rapport aux contemporains de Platon, en particulier Xénophon, et aux interprétations anciennes, notamment celle d’Olympiodore d’Alexandrie, et en s’appuyant sur une analyse textuelle attentive, l’ouvrage prend le contre-pied des principaux types d’interprétation du Gorgias, sur des points aussi fondamentaux que le statut de l’elenchos et de la rhétorique, sur le sens du paradoxe socratique, et sur la cohérence du dialogue, pourtant souvent contestée. Le livre défend ainsi plusieurs thèses essentielles à la pleine compréhension de la portée du Gorgias. Il montre comment la dialectique de Socrate comporte deux fonctions distinctes, selon le contexte et l’interlocuteur : réfuter et démontrer d’une part, persuader par des moyens extralogiques d’autre part. Socrate emploie en effet dans un sens à la fois conventionnel et philosophique les notions de correction, de rhétorique, de politique et de honte. Ainsi le livre montre comment la dialectique socratique dans le Gorgias se confronte à la rhétorique et à la politique véritables, auxquelles Socrate fait souvent allusion dans le dialogue. L’échec dialectique final sur lequel
s’achève le Gorgias révèle, comme nul autre dialogue platonicien, ce sur quoi porte précisément le conflit entre le discours et la vie du philosophe, soucieux de justice, et le discours et la vie du rhéteur-politique, avant tout préoccupé par le pouvoir et le plaisir. De l’étude de cette présentation et de ce diagnostic du conflit, se dégage ainsi la nature même des obstacles à la vie philosophique.

Titulaire d’un doctorat de l’Université de Tübingen, François Renaud est professeur de philosophie à l’Université de Moncton (Canada). Ses travaux portent avant tout sur Platon ainsi que sur la théorie et la pratique herméneutiques en rapport avec l’œuvre platonicienne. Il a publié notamment The Platonic Alcibiades I : The Dialogue and its Ancient Reception (Cambridge University Press, 2015) en collaboration avec Harold Tarrant.

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Paul Colrat : L'invention de la philosophie politique. La cité-philosophe dans les "Politiques" d'Aristote

 Kimé - Novembre 2022

Alors qu’il n’était pas vraiment apparu chez Platon, le « philosophe-roi » disparaît complètement dans Les politiques d’Aristote. En revanche apparaît pour la première fois celui de « philosophie politique », en un sens bien éloigné de celui d’aujourd’hui, la théorisation abstraite, détachée de la pratique, réservée aux cabinets de philosophes, voire de consultants. La philosophie politique est entendue non pas comme la théorisation que l’on peut faire de la cité, mais l’étude – theoria – que la cité fait d’elle-même, comme une forme d’autoconnaissance, c’est-à-dire une contemplation de la cité par elle-même. Or cela implique que règne dans la cité non pas un personnage aux capacités extraordinaires, le « philosophe-roi », mais une certaine pratique théorique, celle par laquelle les citoyens s’assemblent pour se connaître eux-mêmes directement. Ainsi, même si les critiques qu’il formule de la démocratie ne sont pas négligeables, Aristote fournit avec son Peri politeia, une définition fortement citoyenne de la philosophie politique.

Paul Colrat est normalien, agrégé et docteur en philosophie. Il est l’auteur d’une thèse, à paraître, sur Le mythe du « philosophe-roi » chez Platon.

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dimanche 20 novembre 2022

Corneliu Mircea : L'éternelle création. Le traité de l'Être

 Kimé - Novembre 2022


Ce livre propose une nouvelle manière de penser l’Être, dans une perspective essentiellement dynamique. L’Être este envisagé comme arrachement au Néant (qui lui consubstantiel) et, conséquemment, comme entrée-dans-l’Être, acte créateur qui le remplace, implicitement, dans son commencement-sans-commencement. Les catégories classiques de la philosophie ont été repensées dans leur articulation paradoxale ; s’y ajoutent d’autres catégories, partiellement suggérées par un fertile dialogue avec les sciences exactes. Le discours philosophique original et novateur suit la logique rigoureuse de la création graduelle-étagée, en essayant de répondre à une multitude de questions négligées par la métaphysique traditionnelle, telles que : si, en revenant à soi, l’Être se retrouve en tant qu’essence spirituelle éternelle, se manifestant concomitamment par une création d’un autre ordre – la création « matérielle » – qui va engendrer une multitude de cosmos physiques (et noétiques), quel est le sens de la décréation et quel est le sens de la recréation ? Est-ce qu’il existe en dehors du Monde de l’esprit pur – l’éon divin – un seul univers ou bien une infinité de cosmos ? Comment les différents éléments de l’Être se structurent-ils dans des formations unitaires qu’on appellera nucléons ? Comment apparaissent les créatures dans leur immense diversité ? Peut-on parler, dans les termes de la philosophie, de Mondes et d’Antimondes ? On s’interroge aussi sur l’espace, le temps, le devenir, ou encore sur la communication entre les différents Mondes ou entre les Mondes et les Antimondes.

Né en 1944 à Timișoara, Corneliu Mircea est un philosophe roumain, docteur en philosophie, professeur associé de métaphysique à l’Université de l’Ouest de Timișoara ; professeur invité à l’Université de Poitiers. Parmi les livres publiés : Traité de l’Être, Paris, Kimé, 2015 (traduit en français par Maria Țenchea), Traité de l’esprit, Paris, Kimé, 2018 (traduit en français par Maria Țenchea et Adina Tihu).

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