jeudi 30 septembre 2021

Lucie Doublet : Emmanuel Levinas et l’héritage de Karl Marx

 Otrante - Septembre 2021


Penseur de l'éthique et théoricien du "face à face", Levinas n'aborderait la dimension politique que de manière subsidiaire. A considérer le contexte de son oeuvre, le rôle fondamental joué par la catastrophe de la Shoah dans son parcours personnel et intellectuel, toute sa réflexion apparait pourtant orientée par la nécessité d'une nouvelle pensée de la communauté humaine à l'épreuve du XXe siècle. Cette lecture fait l'hypothèse d'une centralité de la question sociale dans la philosophie levinassienne. Ce sont les enjeux collectifs qui imposent la reconsidération de l'approche humaniste du sujet et de l'éthique qu'elle s'efforce de mener. A ce titre, l'influence de la tradition socialiste pourrait s'y avérer plus importante qu'il n'y parait. En reconstituant le dialogue implicite que Levinas entretient avec Marx tout au long de son oeuvre, ses propositions trouvent un écho inattendu au sein des pensées révolutionnaires. Comment les notions de visage ou d'Autrement qu'être peuvent-elles renouveler nos réflexions sur la justice et le changement social ? Au-delà de l'intérêt historique de l'étude, il s'agit de donner à l'oeuvre de Levinas une nouvelle pertinence politique, au service d'un champ théorique qui se l'est encore trop peu appropriée.

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Francis Guibal : Entre philosophie et théologie, une provocation réciproque

 Cerf - Septembre 2021


La complexité inédite de notre époque tend à rendre anachroniques les prétentions totalisantes du savoir non moins que du croire. Ces conditions nouvelles pourraient inciter philosophes et théologiens à ne plus s'affronter en vue d'une hégémonie suspecte, mais à s'allier pour garder
sa pertinence à la responsabilité d'une pensée d'expérience soucieuse de s'opposer également à la stupidité et à la violence mortifères des illusions et des idoles. Loin de confondre, cependant, les démarches d'une raison s'ouvrant au risque éclairé de la confi ance et celles d'une foi s'exposant aux interrogations partagées de l'existence, ce livre d'un " chrétien philosophe " plaide pour la reconnaissance d'une juste distance entre des convictions et des trajectoires contrastées qui pourraient contribuer, ensemble mais de manière distincte, à maintenir la liberté de l'esprit au travail dans la vie du monde et de l'histoire.

Francis Guibal est docteur en philosophie et professeur émérite de l'Université de Strasbourg. Spécialiste de Hegel, attentif aux pensées contrastées d'Eric Weil et d'Emmanuel Levinas, il s'intéresse particulièrement aux rapports de la philosophie avec la politique et l'histoire, la culture et la religion.

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Anne-Françoise Schmid & Ivan Liovik Ebel : Topographie discrète. Scénario pour un texte dans dimensions

 Le Griffon - Septembre 2021


Toute rencontre suppose un lieu. Lorsqu’un artiste et un philosophe se rencontrent, le lieu est en règle générale le champ de l’art ou celui de la philosophie. C’est-à-dire qu’elle est toujours le fruit de l’invitation de l’un par l’autre sur un terrain étranger. Il en résulte des échanges asymétriques où la philosophie est convoquée par l’artiste pour servir de support ou de cadre à son discours dans un cas, et où l’art est convoqué par le philosophe pour l’offrir à l’esthétique.

La philosophe Anne-Françoise Schmid et l’artiste Ivan Liovik Ebel ont décidé de travailler ensemble à la création d’un nouveau lieu qui ne soit pas exactement celui de la rencontre asymétrique habituelle. Soit un commun = X. De ce lieu, des matérialités ori-ginales pourront émerger qui ne cherchent pas absolument leurs points d’ancrage dans telle ou telle discipline. Leur projet consiste donc à « théoriser » une topographie de l’autre « espace » où se rejoindront les différentes matérialités.

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mercredi 29 septembre 2021

Hannah Arendt et Karl Jaspers : A propos de l'affaire Eichmann

 L'Herne - Septembre 2021


"Hannah Arendt tente de comprendre Eichmann à partir de ses déclarations et des récits des périodes antérieures. Alors qu'à Jérusalem le monde environnant attend un mauvais démon, elle se libère entièrement de toutes les représentations de ce genre et se confronte de manière réaliste à la tâche qui lui incombe : c'est un être humain, je dois voir jusqu'où je suis capable de le comprendre. Elle apprend alors qu'à l'origine, Eichmann n'a pas approuvé mentalement l'assassinat de masse, qu'une solution violente de ce type lui était au contraire, comme il le dit, étrangère. Elle montre alors comment la conscience morale d'Eichmann s'est transformée en quatre semaines. L'obéissance à l'égard du plus grand homme de l'époque, Hitler – dont la « grandeur » tenait au fait qu'il avait réussi à se hisser au rang de Führer d'un gigantesque Reich, alors qu'il était issu des couches sociales les plus basses de la société – a exigé un changement de sa conscience morale." Karl Jaspers

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L'Herne : Arendt

 Cahier de l'Herne - Septembre 2021


Longtemps tenue à l'écart du monde académique, l'œuvre de Hannah Arendt – désormais largement publiée et traduite – suscite aujourd'hui l'intérêt d'un nombre considérable de travaux, colloques et publications dans le monde entier. En revenant sur les principaux évènements de sa vie, ce Cahier dresse le portrait de cette « théoricienne de la politique » sans pour autant négliger les vives polémiques qui ont marqué sa carrière. Le volume rassemble des contributions qui évoquent notamment son travail majeur sur le totalitarisme, les catégories de sa pensée politique et la centralité de l'action, son insistance sur la responsabilité et le jugement ainsi que son analyse du monde moderne. Il revient sur son expérience historique et personnelle, les moments forts de sa vie et la réflexion qu'ils ont suscités en elle, en particulier sa judéité. Des extraits de correspondance (avec Judah Magnes, David Riesman, Hermann Broch, Hilde Frankel, Kurt et Helen Wolff) dévoilent par ailleurs des facettes moins connues de sa personnalité et de nombreux inédits, extraits de cours ou de conférences issus des archives de la bibliothèque du Congrès à Washington, viennent compléter l'ensemble.

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Jean-Luc Nancy : La vérité du mensonge

 Bayard Culture - Septembre 2021


Jean-Luc Nancy explore avec une grande clarté et même un peu d'espièglerie, la question du mensonge. Pourquoi ne faut-il pas mentir ? N'a-t-on pas le droit d'avoir ses secrets ? La vérité est-elle toujours bonne à dire ? Après tout, y a-t-il une seule vérité ? Et si on ment pour une bonne cause ? Après tout, ces questions sont légitimes. Oui mais si on se ment à soi-même, alors les ennuis commencent. Il n'est pas si simple de dire la vérité sur le mensonge... ni de ne pas inventer la vérité !

Jean-Luc Nancy est philosophe, professeur émérite à l'Université des Sciences humaines de Strasbourg. Il a enseigné à l'Université de Californie (San Diego) et dans les Universités d'Irvine, Berkeley et Berlin. Proche de Derrida, il est l'auteur d'une oeuvre très importante et a publié des dizaines d'ouvrages.

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Sophie Chassat : Elan vital. Antidote philosophique au vague à l'âme contemporain

Calmann-Lévy - Septembre 2021


Jamais la préservation de la vie ne nous a autant préoccupés. Pourtant, nous avons rarement eu le sentiment d’être à ce point dévitalisés. Comme si l’élan vital s’était subitement absenté de notre quotidien. Cet ouvrage se lance à la poursuite de cet appétit d’existence qui seul fait se sentir vraiment vivant. A quoi reconnaît-on l’élan vital ? Quels types d’impulsions et de mouvements suscite-t-il ? Quels en sont les ingrédients, les manifestations, les métaphores ? Surtout, comment le réveiller, le nourrir, le partager, en identifiant nos « biophores », c’est-à-dire nos activateurs de vitalité ? Comment, en miroir, nous prémunir de ce qui l’attaque, l’amenuise, l’éteint, en luttant contre les « biocides » en tous genres, ces expériences destructrices de vitalité ? Cerner ce qu’est l’élan vital pour le faire renaître en nous, tel est l’objectif de ce livre qui se présente comme un antidote philosophique au vague à l’âme contemporain, un manifeste pour l’envie retrouvée.

Sophie Chassat est philosophe. Elle écrit, conseille et enseigne. Ancienne élève de l’ENS de la rue d’Ulm et agrégée de philosophie, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages.

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Yves Cusset : Les mortels et les mourants. Petite philosophie de la fin de vie

Editions du Rocher - Septembre 2021


Dans la tradition philosophique, sagesse et savoir-mourir sont comme l'envers et l'endroit d'une même médaille. Au risque d'occulter la réalité âpre, les affres et les tourments, sinon l'horreur bien réelle de la toute fin de la vie. Avec l'émergence de la fin de vie comme période de la vie à part entière, la philosophie est aujourd'hui appelée à se pencher sur ceux qui meurent plutôt que sur la mort en général, sur la fin plutôt que sur la finitude, sur la situation particulière des mourants plutôt que sur la condition universelle de mortel.
C'est le but de cet ouvrage que de tenter de répondre à cet appel, venu des soins palliatifs et de l'encadrement de la fin de vie, pour construire, tout à la fois dans la confrontation avec les philosophes et à travers les récits de mourants bien réels, une réflexion à égale distance de la représentation philosophique de la mort et de la psychologisation des derniers instants de la vie. Avec en point d'orgue une mise en question de la norme de la « mort apaisée ».

Yves Cusset, ancien élève de l'École normale supérieure, est à la fois philosophe et comédien. Il a écrit de nombreux spectacles et ouvrages d'humour philosophique, en même temps que des essais de philosophie politique, en particulier autour de la question de l'accueil. Son dernier livre est paru chez Flammarion : Réussir sa vie du premier coup.

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mardi 28 septembre 2021

Alain Séguy-Duclot : L'art, en définitive

 Hermann - Septembre 2021


En s’appuyant sur les Recherches philosophiques (1953) de Wittgenstein, Morris Weitz entend démontrer en 1956 l’impossibilité de toute définition de l’art. Après l’examen de la théorie de Weitz, ce livre étudie quatre théories de l’art appartenant à la tradition dite « analytique », qui ont tenté, avec plus ou moins de radicalité, de contourner cet interdit wittgensteinien et ont eu une grande influence sur la philosophe contemporaine de l’art : la théorie institutionnaliste de George Dickie (1973), la théorie réelle d’Arthur Danto (1964), la théorie typale de Richard Wollheim (1968) et la théorie symptomale de Nelson Goodman (1977). L’analyse de ces quatre théories, ainsi que des difficultés qu’elles rencontrent, a pour but de nous mettre sur la voie d’une nouvelle philosophie de l’art.

Alain Séguy-Duclot enseigne la philosophie à l’université de Tours. Il a notamment publié Définir l’art (2017) et Leçons sur l’esthétique de Kant (2018).

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Marc Weinstein : Kafka devant l'immonde. Sacralité politique 3

 Hermann - Septembre 2021 - Le bel aujourd'hui


Immonde, donc répugnant. Mais est-ce le seul sens possible ? Pas sûr, car bien souvent les textes de Kafka paraissent réactiver le sens littéral du mot ou ce qui peut être interprété comme tel : l’immonde comme négation du monde. Quand on compare la langue française et la langue allemande, on constate que si cette dernière a des mots pour dire le répugnant et ses synonymes, elle n’en a pas pour dire l’immonde comme négation du monde. Or, ce que nous avons expérimenté – merveille de la littérature ? –, c’est que la prose simple et concrète de Kafka comporte assez d’idéalité internationale pour s’évader quelques instants de la langue allemande, suggérant alors aux esprits français le concept de l’immonde comme négation du monde. Une question ici ne peut manquer de se poser : quel est au juste le lien, chez Kafka, entre l’immonde comme immondice et l’immonde comme négation du monde ? Ou plutôt : peut-on vraiment parler de lien quand on remarque que l’immondice et la négation du monde sont le plus souvent mêlées ? Mieux : sous un certain rapport, ne sont-elles pas les deux faces de la même médaille ? C’est dire s’il devient impossible de confiner l’immondice dans la signification de déchet. Il faut élargir son champ sémantique. L’immondice : non plus seulement la saleté ou le déchet, mais encore l’état d’une chose ou d’un être qui nie le monde.

Marc Weinstein enseigne l’histoire de la sacralité littéraire et politique à l’université d’Aix-Marseille.

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Paul Audi : Le choix d'Hémon

 Galilée - Septembre 2021


Hémon a tout essayé pour faire entendre raison à son entourage devenu fou. Mais il lui faut prendre acte de son malheur : Antigone, sa fiancée, est morte d’avoir désobéi aux lois de la Cité, et Créon, son père, est muré dans son obstination tyrannique. Maintenant que l’amour lui échappe et que le pouvoir lui répugne, voilà que son univers, qui reposait tout entier sur ces puissants piliers, s’écroule.
Quand on a tout perdu, que reste-t-il encore à faire ?
Telle est la question que se pose Hémon à l’heure du choix.

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Yves Michaud : « L'art, c'est bien fini ». Essai sur l'hyper-esthétique et les atmosphères

 Gallimard - Septembre 2021 - Essais


On doit à Yves Michaud une analyse fondamentale de l’évolution contemporaine de l’Art. Dans le domaine des arts visuels qu’on appelle Art, nous sommes passés d’œuvres (traditionnellement tableaux et sculptures) à des installations, des environnements, des dispositifs multimédias qui enveloppent le spectateur dans des expériences multi-sensorielles. Telle est la « vaporisation de l’art », son passage à l’état gazeux.
La seconde évolution, que décrit cet ouvrage, « le triomphe de l’esthétique », c’est le mouvement d’esthétisation générale de nos milieux de vie. Il faut que tout soit « luxe, calme et volupté », plaisant, charmant, lisse, agréable, ou encore excitant, intéressant dans le registre couramment appelé « esthétique ».
L’apparition au cours du XVIIIe siècle du concept d’esthétique fut indissociable du changement des expériences que donnaient les arts et de nouvelles formes de la sensibilité. Il en va de même aujourd’hui. L’expérience esthétique a changé : de frontale elle est devenue atmosphérique et se fait sous le signe du plaisir, du sensible et de l’éprouvé. Nous sommes en présence d’une révolution sensible qui rend indispensable une révolution dans « la théorie esthétique », mais la révolution de la sensibilité hyper-esthétique est encore plus importante que celle de la théorie. Le monde des atmosphères n’est plus celui de la perception esthétique. Le monde du Grand Art est mort et bien mort.

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Walter Friedrich Otto : Epicure

 Allia - Septembre 2021


“Depuis des millénaires, la science est en quête de ce ‘principe de raison’ (...). Son appétit de découvertes l’a menée à une époque récente bien au-delà de l’atomisme­­­­­ d’Épicure. Mais entre la posture intellectuelle de la recherche antique et celle de la recherche moderne, il y a une grande différence, qui s’impose d’autant plus à l’esprit qu’on s’interroge sur son impact sur la vie. Pour dire les choses en un mot : la recherche actuelle débouche sur la technique, comme si cela en avait été la visée dès le départ. La recherche antique mène à la purification et à l’élévation de l’esprit humain. Nul n’a exprimé cette quête avec une aussi grande clarté qu’Épicure.”
De tous les philosophes antiques, Épicure est peut-être celui dont la pensée a été la plus déformée. Pour y remédier, Walter F. Otto révèle dans cet essai un nouvel Épicure, et rend sa pensée accessible à tous.
Si le fondement de l’épicurisme est la recherche du plaisir, la recette pour y accéder réside dans la simplicité. De plus, la véritable singularité d’Épicure réside dans le rapport qu’il entretient avec le divin. Il parvient à faire coexister son matérialisme avec l’absolue certitude de l’existence des dieux. Les dieux épicuriens n’éprouvent pas d’animosité envers les hommes. Ce n’est que dans la conscience de leur indifférence à son endroit que l’homme accomplira­­­­­ sa liberté.
Alors que, sous l’emprise de la technique­­­­­ et de la science, “la dissension­­­­­, le déchirement, la petitesse­­­­­ d’esprit et l’infortune de l’homme ont crû jusqu’à atteindre des proportions effroyables, et jusqu’à ce qu’il finisse par ne plus savoir ce que c’est que d’être homme”, Walter F. Otto retrace la voie subtile et unique ouverte par Épicure vers un but suprême : “la liberté de l’homme”.

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lundi 27 septembre 2021

Actuel Marx N° 70 : Reproduction sociale

 PUF - Septembre 2021

Ce qu'on appelle aujourd'hui théorie de la reproduction sociale est un développement récent des théories féministes qui renouvelle la question des rapports du marxisme et du féminisme tout en développant des tactiques politiques inédites ayant fortement retenu l'attention (comme la " grève des femmes "). L'actualité des théories de la reproduction sociale tient également au fait que la crise pandémique en cours peut être décrite comme une crise de la reproduction sociale et comme l'un des effets d'une contradiction générale entre capitalisme et reproduction sociale.
Le dossier de ce numéro d'Actuel Marx poursuit un double objectif : rendre compte de la richesse des débats qui se sont développés dans le cadre de la théorie de la reproduction sociale, inviter à déplacer ces débats en tenant compte d'autres conceptions de la reproduction sociale que celles qui sont privilégiées dans ces théories.

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Cristiàn Warnken : Sous le volcan. Réflexions en des temps troubles

 Chora Eds - Septembre 2021


Les volcans se réveillent où et quand ils veulent. À chaque éruption que nous réussissons à prévoir, il y a toujours un volcan qui s'éveille là où nous ne l'attendions pas. C'est la vie. C'est le Chili, un pays bâti sur des cendres et du vent. Chaque fois que nous nous endormons en croyant avoir installé notre campement sur la terre ferme, une éruption nous réveille pour nous rappeler ce que nous sommes : fragilité et miracle. Chaque éruption du volcan est une leçon gratuite et sans équivoque de l'imprévisibilité qui nous entoure. Philosophe et poète chilien, Cristiàn Warnken, éditorialiste au Mercurio (Chili) propose des textes d'une profonde humanité. De toutes parts, la désintégration, la finitude, la décomposition menacent l'être humain. Exister, c'est résister. Or il est une résistance qui, s'il elle est la moins reconnue et la moins valorisée de toutes, n'est pas pour autant la moins miraculeuse ou la moins merveilleuse : c'est la résistance intime.

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Inflexions 2021/3 (N° 48) : Valeurs et vertus

 Armée de terre - Septembre 2021


Page 7 à 9 : Thierry Marchand - Éditorial | Page 13 à 18 : Jean Baechler - L’éthique du guerrier | Page 19 à 26 : Antoine Bondaz - Chine. Des valeurs au service du Parti | Page 27 à 34 : Wassim Nasr - « Valeurs et vertus » dans le djihad armé | Page 35 à 40 : Michaël Fœssel - La morale militaire : une question de regards ? | Page 41 à 44 : Sophie Cotard - L’idéal du citoyen-soldat dans la poésie élégiaque grecque | Page 45 à 52 : Benoît Rossignol - L’armée romaine, en quête d’honneur | Page 53 à 60 : Bénédicte Chéron - Les français, les valeurs et les vertus militaires : le grand malentendu | Page 61 à 67 : Joséphine Staron - Union européenne : retrouver le courage de la solidarité | Page 69 à 77 : François Lecointre - Combattre pour des valeurs, combattre par des vertus | Page 79 à 86 : Michel Goya - Valeurs, vertus et vainqueurs | Page 87 à 93 : Xavier Boniface - Cas de conscience : les inventaires | Page 95 à 100 : Frédéric Gout - Opération Serval | Page 101 à 109 : Romain Desjars de Keranrouë, Matthieu Graff et Pierre-François Mitton - Trois armées, trois milieux, trois expériences | Page 111 à 121 : Franck Chatelus et Patrick Collet - Formation du chef militaire : exigence de valeurs et devoir de vertus | Page 123 à 129 : Marc Vigié - Nec pluribus impar | Page 131 à 135 : Hervé Gaymard - De Gaulle : penser pour agir | Page 137 à 142 : Alexandre Martin - Nietzsche ou l’épreuve de la guerre | Page 143 à 150 : Jean-Luc Leleu - À l’épreuve de la dictature. Le naufrage moral de la Wehrmacht en guerre | Page 151 : Thierry Marchand - Un impératif d’équilibre | Page 155 à 163 : Thomas Fressin - La recherche historique « augmentée » par les humanités numériques | Page 165 à 176 : Benoit Tahon - L’univers sonore des combattants de la grande guerre | Page 179 à 186 : François Lecointre - Values to fight for, virtues to fight with | Page 187 à 191 : Hervé Gaymard - De Gaulle: think in order to act | Page 193 à 204 : Comptes rendus de lecture.

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Chakè Matossian : “Invisible mais présent en esprit”. Le Séducteur de Kierkegaard

 Ousia - Juin 2021

Kierkegaard adopte différents pseudonymes, enquête à la façon du détective et recourt à des mises en abîme narratives. Sa philosophie indicielle au style si singulier est marquée par les trois stades bien connus de l’esthétique, de l’éthique et du religieux. Se démarquant de l’interprétation habituelle accordant aux trois stades kierkegaardiens une valeur croissante, le présent essai propose une lecture faisant apparaître la dimension métaphysique du stade esthétique. Si le stade religieux du chevalier de la foi culmine en effet dans un ailleurs absolu et ne s’atteint que par un saut, il ne s’ensuit pas que le stade éthique en représente une voie d’accès ni qu’il lui soit donné de supplanter le stade esthétique. L’auteur défend ici, – à travers l’analyse des textes, de la correspondance et des dessins toujours oubliés, dont un autoportrait du philosophe danois – l’idée que le stade esthétique reflète en miroir le stade religieux. Il en incarne l’envers diabolique et s’en rapproche comme son ombre. L’homme de l’éthique se croit bon, l’homme de l’esthétique sait qu’il s’acharne dans le rapport spéculaire à l’autre pour mieux esquiver ce qu’il sait devoir voir. L’éthicien rassure et se rassure dans la bonne conscience, alors que l’esthète interprète les indices et scrute la force d’une présence invisible. D’où le repérage des différents procédés optiques, des dispositifs visuels, des milieux transparents et de la résonance (l’influence d’un Chladni) effectué par l’auteur du présent essai, afin d’examiner leur rôle dans l’oeuvre du Danois. On ne lit pas Kierkegaard impunément, l’auteur du Journal du Séducteur peut séduire jusqu’à l’angoisse. Ses doubles l’ont sans doute voulu.

Philosophe, Chakè Matossian a été professeur à l’Universidade Nova de Lisboa ainsi qu’à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles dont elle est professeur honoraire.

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Dix-Huitième Siècle, n° 53/2021) : Le peuple en colère

Société Française d'Étude du XVIIIe Siècle - Juillet 2021


ll semble parfois qu’il n’y ait de mobilisation que populaire. Il semble aussi, parfois, qu’il n’y ait d’action véritable que lorsqu’elle est portée par la colère. Car le « peuple », à la différence du « public », bouscule. Le deuxième suppose l’unanimité alors que le premier, naturellement canaille, révèle une division.
Ce dossier propose d’entendre et de comprendre la colère du peuple : celle qu’on anticipe, celle qu’on craint et celle qu’on revendique. Les paroles des gens du peuple, sous toutes leurs formes, ont traversé la littérature, l’administration et la pensée politique du XVIIIe siècle et les auteurs des Lumières ont défini, jugé, parfois écouté, souvent inventé, mais toujours réduit, les paroles, les espoirs et les frustrations du populaire. Ce volume entend être attentif à la question du peuple, à celle de la souveraineté, et aux revendications qui lient – parfois avec fracas – l’un à l’autre.

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Claude Minière : Comment peut-on être cartésien ?

 Tituli - Juin 2021


Alors que l’on parle d’esprit cartésien, de système cartésien, les écrits de Descartes ne posent pas un édifice stable ni clos, leurs conquêtes sont mouvantes, inquiètes, traversées de contradictions et retouches. Bataille - peut-être le meilleur lecteur de Descartes - dira qu’il a eu une intuition non-subordonnée qu’il a tenté de domestiquer en la soumettant à des principes. Comment peut-on être cartésien ? En le voyant raisonner, méditer, écrire, sur un théâtre personnel.

Essayiste et poète, Claude Minière est né à Paris le 25 octobre 1938. D'abord instituteur dans la campagne beauceronne, il a ensuite exercé différentes missions au Ministère de la Culture. Dernières parutions : Un coup de dés (essai sur Blaise Pascal), Tinbad éditeur, 2019, Itus et reditus, poèmes, Le corridor bleu, 2020, Le Livres des amis et des ennemis, poésie, Za éditions, 2020, Refaire le monde, poèmes, Gallimard, coll. Blanche, 2021.

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samedi 25 septembre 2021

Jusqu’à la mort accompagner la vie 2021/3 (N° 146) : Homme, qui es-tu ?

 PU de Grenoble - Septembre 2021


Page 7 à 9 : Benjamin Autric, Marie Bacquelin, Catherine d’Aranda, Marie Elizabeth Dell’Accio, Étienne Jarrossay, Clémence Joly, Myriam Legenne, Colette Peyrard, Élisabeth Quignard, Bruno Rochas et Michel Sans Jofre - Homme, qui es-tu ? | Page 13 à 29 : Benjamin Guérin - Approche philosophique de la détresse existentielle en soins palliatifs | Page 31 à 40 : Benjamin Guérin, Clémence Joly, Corinne Sisoix et Agata Zielinski - L’inquiétude, une facette de l’angoisse en fin de vie | Page 41 à 51 : Jean-Michel Longneaux - Approche phénoménologique, à partir de Michel Henry | Page 53 à 62 : Thierry Berlanda, Jean-Michel Longneaux, Alain de Broca et Catherine d’Aranda - Le visible et l’invisible | Page 63 à 74 : Marc-Antoine Berthod - Adopter un regard anthropologique dans les situations de fin de vie | Page 75 à 87 : Marc-Antoine Berthod, Corinne Sisoix, Myriam Legenne et Clémence Joly - Les nouveaux enjeux sociétaux de la fin de vie : apport anthropologique | Page 89 à 97 : Laure Marmilloud - Quelle réciprocité dans la relation de soins ? | Page 99 à 107 : Laure Marmilloud, Alain de Broca, Agata Zielinski, Bruno Rochas, Étienne Jarrossay et Catherine d’Aranda - Le soin est une action mais il est aussi une relation | Page 111 à 116 : Aloïse Philippe - Éthique et soin | Page 117 à 126 : Jean-Marc Talpin - Éthique et soin | Page 127 à 131 : René Schaerer et Françoise Poirier - Compte rendu d’actualités | Page 133 à 135 : Marie-Thérèse Bitsch - Recension.

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Jan Patočka : Carnets philosophiques. 1945-1950

 Vrin - Septembre 2021


C’est en français, traduit d’après les manuscrits, que paraît pour la première fois, dans son intégralité, le journal de pensée tenu par Jan Patočka entre 1945 et 1950, document dont la publication était attendue avec impatience depuis sa découverte il y a une vingtaine d’années. Rédigées à une période charnière pour la pensée du philosophe tchèque (entre les fragments systémiques de 1940 et le « platonisme négatif » esquissé au début des années 1950) comme pour l’histoire de son pays et de l’Europe en général (avec le coup d’État communiste à Prague et les débuts de la guerre froide), portées par un mouvement qui fait apparaître questionnement métaphysique et analyse phénoménologique, de plus en plus, comme en prise avec les événements, ces pages « s’imposent – écrit Renaud Barbaras dans sa préface – comme un document philosophique majeur, non seulement pour la compréhension de l’œuvre de la maturité de Patočka, mais par elles-mêmes, tant l’auteur y fait preuve de bout en bout d’une finesse d’analyse et d’une profondeur spéculative dont il y a bien peu d’équivalents ».

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Alice Brière-Haquet : Politique des contes. Il était une fois Perrault aujourd’hui…

 Classiques Garnier - Septembre 2021


Les réécritures de contes, production particulièrement vivante dans le monde de l'édition contemporain, jouent volontiers de la parodie. Grâce aux récents travaux de chercheurs recontextualisant l'émergence du conte de fées sur la scène européenne, l'on s'aperçoit qu'il ne s'agit pas d'une pratique propre à l'époque contemporaine, mais au contraire de ce qui pourrait bien apparaître comme un trait du genre. Charles Perrault déjà, par la scénographie de la vieille conteuse, offrait à son public de citadins des récits pseudo-naïfs l'invitant à dépasser l'illusion d'une parole décrochée pour décrypter sa portée politique.

Alice Brière-Haquet est écrivaine pour la jeunesse. Elle a soutenu en 2016 une thèse de littérature comparée à Sorbonne Université portant sur les réécritures de Charles Perrault en cadre urbain et est actuellement chargée de cours à l'université Caen - Normandie.

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Victor Béguin et Gilles Marmasse (dir.) : Raison et sentiments. De Hamann à Feuerbach, un débat allemand

 Hermann - Septembre 2021


La philosophie allemande de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle valorise extraordinairement la raison. Une idée-clé est que rien – ni savoir, ni valeur, ni pouvoir – ne saurait échapper à la raison comme instance explicative et critique. Toutefois, la raison peut-elle à elle seule fournir une pensée adéquate ? Peut-elle se passer des sentiments, voire des croyances, si elle entend connaître autre chose que des ombres et formuler une morale qui ne soit pas desséchante ?
Cet ouvrage étudie le rapport entre la pensée rationnelle et l’affectivité dans les débats qui se nouent autour de Kant, dans le post-kantisme et l’idéalisme allemand, ainsi que chez les successeurs de Hegel – depuis les Méditations bibliques de Hamann jusqu’à L’Esprit du christianisme de Feuerbach. Les contributions ici réunies s’efforcent non seulement de mettre en évidence les conceptualisations individuelles, mais aussi de repérer comment les problématiques circulent et se transforment d’un auteur à l’autre. L’hypothèse est que les œuvres de la période étudiée forment une transition entre les grands rationalismes post-cartésiens, fascinés par la déduction abstraite, et la mise en cause de la raison dans les vitalismes de la fin du XIXe siècle.

Victor Béguin, ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé et docteur en philosophie, est chercheur postdoctorant au laboratoire MAPP (Université de Poitiers). Il publiera prochainement un Dictionnaire Hegel.
Gilles Marmasse est professeur à l’Université de Poitiers et directeur de l’unité de recherche « Métaphysique allemande et philosophie pratique ». Il a dernièrement publié Le Négatif au travail. Hegel et la raison en devenir (2018) et Force et fragilité des normes. Les Principes de la philosophie du droit de Hegel (2019).

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BERTRAND Frédéric , SAPORTA Gilbert , THOMAS-AGNAN Christine (dir.) : Statistique et causalité

 Technip - Septembre 2021


À l’exception notable des essais contrôlés et randomisés, la statistique a longtemps évacué le problème de la causalité considérant qu’il relevait du domaine d’application et des théories afférentes. Bien souvent les cours et les manuels de statistique se contentent de rappeler que corrélation n’est pas causalité et passent rapidement à d’autres sujets. Or, que ce soit en économie, épidémiologie, génétique, médecine, marketing, pour ne citer que quelques domaines, la recherche de modèles causaux et de variables actionnables est incontournable. Aujourd’hui la mise à disposition de données massives ou de grande dimension repose la question de la causalité de manière aigüe.

Dans le prolongement des travaux pionniers de Granger (prix Nobel d’économie en 2003), Pearl (prix Turing en 2011), Rosenbaum et Rubin, pour ne nommer qu'eux, une très large palette de modèles et méthodes pour l'analyse causale, éventuellement hors d'une expérience contrôlée, s'est peu à peu constituée depuis le début des années 1980. Citons entre autres les thèmes suivants : issues potentielles, données contrefactuelles, scores de propension, double-robustesse, diagramme de causalité, réseaux bayésiens, systèmes d'équations structurelles.

Cet ouvrage est le fruit de la collaboration entre spécialistes réputés : Léon Bottou (Facebook AI Research), Antoine Chambaz (université de Paris), Daniel Commenges (Institut national de la santé et de la recherche médicale), Isabelle Drouet (université Paris-Sorbonne), Ron Kenett (KPA Group), Vivian Viallon (International Agency for Research on Cancer) réunis à l’occasion des 18e Journées d’étude en statistique organisées par la SFdS. Le lecteur y trouvera une synthèse des fondements et des travaux les plus récents dans le domaine de la causalité statistique, avec des applications dans des domaines variés.

Sommaire 

1. La causalité en philosophie et en sciences 18e - 21e siècles. 2. L'échelle de la causalité : allégorie et formalisation. 3. Effets directs et indirects. 4. Les réseaux bayésiens en pratique. 5. Approche dynamique de la causalité. 6. Causalité et apprentissage automatique. 7. Une introduction à l'apprentissage ciblé. Bibliographie. Index.

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vendredi 24 septembre 2021

Guillaume Durand : Un philosophe à l'hôpital

 Flammarion - Septembre 2021


À l'hôpital se croisent des existences singulières, des histoires ordinaires et des destins parfois bouleversants. Face aux choix cruciaux que nous impose le réel, il s'agit toujours de préserver notre liberté. Plus que du soin, on vient y trouver du sens. Faut-il s'acharner à vouloir vivre ou accepter de partir ? Peut-on supporter de voir les yeux de son fils, donneur d'organes, dans le regard d'un autre ? Aujourd'hui plus que jamais, les questions se complexifient : que répondre à cette jeune femme qui désire se faire ligaturer les trompes pour raisons écologiques ? Faut-il aider les couples abstinents sexuels à devenir parents ? Pour être au coeur de ces dilemmes, Guillaume Durand a choisi de diriger la consultation d'éthique clinique au Centre hospitalier de Saint-Nazaire. Son expérience unique nous prouve que soigner est l'un des plus forts enjeux de notre humanité.

Guillaume Durand est maître de conférences en philosophie à Nantes, et spécialiste en éthique médicale et bioéthique.

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Eduardo Viveiros de Castro : Le regard du jaguar. Introduction au perspectivisme amérindien

 La Tempête - Septembre 2021


Quel est le point de vue des Indiens sur la question du point de vue ? Comment repenser la métaphysique depuis le regard du jaguar ? Dans ce recueil d’entretiens, l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro nous introduit à une pensée neuve : le perspectivisme amérindien. À partir des cosmogonies autochtones, c’est un rapport au monde au-delà des oppositions entre Nature et Culture, Sujet et Objet, qu’il s’agit d’affirmer. Lévi-Strauss, les masques, la littérature, les jaguars, les vautours ou les pécaris, tout cela est mobilisé dans un discours synthétique qui renverse totalement nos habitudes de penser. Un appel à un autre régime de perception.

Eduardo Viveiros de Castro est un anthropologue et philosophe brésilien. Il est spécialiste des cultures indigènes d’Amazonie et l’une des figures les plus stimulantes de la pensée contemporaine. Il est l’auteur de Métaphysiques cannibales (2010) et de Politique des multiplicités. Pierre Clastres face à l’État (2019).

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jeudi 23 septembre 2021

Pierre-Joseph Proudhon : Solution du problème social et autres textes (mars-juillet 1848)

 Classiques Garnier - Septembre 2021


Le 24 février 1848, la deuxième République est proclamée. De mars à juillet 1848, Pierre Joseph Proudhon participe à cette révolution en cours. Il développe sa pensée monétaire comme réponse aux désordres économiques, sociaux et politiques : une monnaie enfin débarrassée de la tyrannie de l'or, une monnaie dont la valeur est fondée sur le travail des hommes et qui exprime leur capacité sociale, le mutualisme et la réalité de leurs productions comme de leurs échanges. Peut-être le lecteur se souviendra-t-il que l'abandon de l'étalon-or comme élément fondateur de la valeur internationale de la monnaie ne date que des accords de la Jamaïque en 1976.

Marc Laudet (éd.), spécialisé en histoire de la pensée économique, enseigne tant dans le privé que le public à Caen. Il a notamment publié Fourier, émergence d'une théorie sociale, édité le Traité de l'oeconomie politique d'Antoine de Montchrétien et traduit Un traité sur la monnaie de John Maynard Keynes.

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Chiara Collamati et Hervé Oulc'hen (dir.) : L'institution instable. Parcours critiques à partir de Jean-Paul Sartre

 Hermann - Septembre 2021


Y a-t-il une intelligibilité spécifique du problème de l’institution chez Sartre ? La question est rarement posée car, trop souvent, on la considère comme d'emblée réglée : Sartre n'aurait pas été capable d'envisager la dimension institutionnelle autrement que sous une forme négative, celle de la pétrification et de la bureaucratisation de l'action insurrectionnelle d’un groupe. Fruit d'un travail collectif, l'ouvrage explore différentes déclinaisons de la notion d’institution dans la réflexion sartrienne des années 1950 et 1960, en montrant son importance pour articuler la question de l'histoire, de la transformation politique et d’une éthique matérialiste. Au fil de ce parcours qui fait dialoguer Sartre avec Merleau-Ponty, Mauss, Lévi-Strauss, Derrida, Riesman, Guattari et bien d’autres, on verra se dessiner une conception originale de l’institution : en tant que dynamique historique d’invention collective, elle est porteuse d’une normativité ouverte : c'est moins la stabilité figée que l'instabilité créatrice qui la définit. C’est ce paradoxe d'une "institution instable" que les contributions réunies ici proposent d'élucider.

Chiara Collamati est docteure en philosophie et maîtresse de conférence à l’université de Liège, où elle mène actuellement ses recherches dans le cadre d’une bourse Marie Sk odowska-Curie (EU Horizon 2020), en collaboration avec l’université de Californie à Santa Cruz et l’EHESS de Paris (LIER-FYT).
Hervé Oulc'hen est agrégé, docteur en philosophie, chercheur associé à l'université de Liège. Il est notamment l'auteur de L'Intelligibilité de la pratique. Althusser, Foucault, Sartre (Presses Universitaires de Liège, 2017) et de Sartre et le colonialisme (La Digitale, 2015).

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Alain Durel : Comprendre la pensée du Bouddha. A la lumière du canon pâli

 Deux océans - Septembre 2021


Un texte moderne qui répond aux questionnements de nos contemporains, à la lumière des textes-source, sur ce qu'est, et sur ce que n'est pas le bouddhisme.
Pour qui souhaite comprendre véritablement la pensée du Bouddha, il apparaît nécessaire de remonter à la source, c'est-à-dire au canon pāli, le plus ancien recueil de textes bouddhistes conservé jusqu'à nos jours dans son intégralité.
Dans cet ouvrage, Alain Durel éclaire cette pensée en répondant point par point aux préjugés les plus répandus et en se fondant sur l'enseignement de maîtres et spécialistes contemporains du bouddhisme ancien comme Bhikkhu Bodhi, Thanissaro Bhikkhu, Nyanaponika Thera ou encore Helmut Von Glasenapp.
Cette démarche, aussi rigoureuse qu'originale, ouvre des perspectives insoupçonnées. Ainsi apprenons-nous que l'enseignement du Bouddha sur la " pleine conscience " est bien loin de ce à quoi l'Occident l'a réduit, que sa pensée ne peut en aucun cas être assimilée à la non-dualité, ou encore que tous nos concepts traditionnels sont inopérants pour la comprendre.
L'auteur nous convie donc à un rafraîchissant exercice de déconstruction et, par là même, d'émerveillement, suivant en cela l'enseignement du Bouddha : donner à voir les choses telles qu'elles sont.

Écrivain et philosophe, Alain Durel a fait l'expérience de plusieurs grandes traditions religieuses, étudiant le vedānta en Inde, la lectio divina avec les bénédictins d'En Calcat et la prière du coeur au mont Athos. Après quelques années de vie monastique et un doctorat en philosophie, il prend la plume pour témoigner de ses expériences. La rencontre du bouddhisme au Sri Lanka bouleverse sa vie, et il enseigne depuis la méditation vipassanā.

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Frédéric Fruteau de Laclos : La connaissance des autres

 Cerf - Septembre 2021


Penser serait l'exercice exclusif des sachants de l'Occident. Faux ! Voici l'éloge des marges, des différences et des inconnues qui montre comment et combien, jusque dans la sagesse populaire et les sagesses d'ailleurs, la pensée est la chose la mieux partagée du monde. Une révision profonde de nos idées toutes faites qui nous appelle à nous réveiller.
Et si l'Occident n'avait pas été seul à philosopher ? Nous avons longtemps refusé d'admettre cette évidence alors que, très tôt, des ethnologues, des psychologues et des philosophes des sciences ont repéré l'existence de systèmes d'idées dans le reste du monde.
On croisera, dans cette fresque philosophique d'une extrême originalité, des figures intellectuelles peu communes : une spécialiste des Bantous (J. Roumeguère-Eberhardt), elle-même épouse d'un guerrier Masaï ; un pionnier de l'ethnographie européenne (A. Varagnac), en quête de notions conçues dans des régions de France étrangères à la pensée dominante ; ou encore un philosophe (E. Ortigues) qui, après avoir séjourné en Afrique, montre que la logique de la découverte scientifique est indissociable des expériences vécues par les individus et les groupes humains.
Au terme de cette traversée, les concepts que nous croyions si bien connaître nous apparaissent sous un jour nouveau, au prisme d'une ethnophilosophie et d'une géophilosophie revisitées.
Un ouvrage essentiel pour sortir de l'ethnocentrisme et en finir avec l'héritage intellectuel laissé par la colonisation.

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Elena Bovo : Pensée de la foule, pensée de l'inconscient. Généalogie de la psychologie des foules (1875-1895)

 PUFC - Septembre 2021


Le sujet de ce livre est la naissance de la psychologie des foules dans le contexte des échanges intellectuels franco-italiens, à la fin du xixe siècle. Entre autres thèmes, il met en évidence l'importance de l'inconscient, à la fois individuel et collectif, tel qu'il était conçu à la fin du xixe siècle, avant la systématisation freudienne. Dans la foule, la personnalité de l'individu se dissout, ce qui permet l'émergence de ses pulsions inconscientes. La violence de cette éruption porte en elle le risque d'une déstabilisation des structures sociétales, ce dont les contemporains prenaient déjà conscience. Cet ouvrage veut éclairer le contexte dans lequel est née la psychologie des foules. Le fait qu'elle soit le résultat d'un dialogue sans concession entre intellectuels (sociologues, juristes, psychologues, médecins, philosophes) français et italiens a été peu étudié. Le succès de Gustave Le Bon, peu enclin au partage de la célébrité, a, par ailleurs fini par éclipser les autres acteurs d'un mouvement qui fut fondamentalement collectif et dialogique. La généalogie conceptuelle montre qu'en réalité la Psychologie des foules (1895) de Le Bon, n'ouvre pas, mais referme au contraire l'époque de la pensée de la foule. Et il la referme parce qu'il a ordonné sa pensée de la foule à sa pensée de la race, et par là même dissous l'objet "foule" dans l'objet "race" . Dès lors, contrairement à la vulgate qui réduit la psychologie des foules à une idéologie conservatrice voire réactionnaire, voulant dépolitiser pour mieux neutraliser les mouvements contestataires des foules, il s'avère que les théoriciens italiens, avant Le Bon, ont tenu ensemble, sans jamais les confondre l'un dans l'autre, et au prix de fortes tensions théoriques, un discours déterministe sur la foule et un discours politique progressiste, le plus souvent proche du socialisme, militant en faveur de l'émancipation des classes dominées. Les événements récents ont donné à ce travail une actualité à laquelle je ne pouvais songer lors de son élaboration : les manifestations des gilets jaunes, mais aussi, paradoxalement, le confinement, qui a causé la disparition momentanée des foules physiques, mais révélé la puissance d'une foule imaginaire et virtuelle. L'effet de surprise provoqué par ces phénomènes tient beaucoup au fait que, dans un monde de plus en plus centré sur l'individualisme, on avait oublié le rôle spécifique de la foule comme acteur de l'histoire.

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