mardi 31 mai 2016

Revue de métaphysique et de morale 2016, n° 1 : Ethique et gouvernance du climat

PUF - Mars 2016


L’éthique de l’environnement connaît une grande actualité sous la forme des problèmes posés par les changements climatiques globaux. En effet, la fin de l’année 2015 fut marquée par un rendez-vous d’importance mondiale à Paris : la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21). Pourtant, si de nombreux enjeux comportent des dimensions éthiques avérées, la réflexion éthique est peu sollicitée. En effet, celle-ci pourrait offrir des ressources tant pour clarifier les implicites éthiques à l’œuvre dans les négociations que pour imaginer des solutions (innovation éthique) en vue des choix économiques, politiques, voire scientifiques, ainsi que pour la difficile cohabitation de ces domaines. C'est cette tâche que s'adjuge ce numéro de la Revue de métaphysiquye et de morale. 

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lundi 30 mai 2016

Philippe Descola : L'écologie des autres. L'anthropologie et la question de la nature

Quae éditions - Mai 2016 -  Sciences en questions


Depuis la fin du XIXe siècle, l'anthropologie qui étudie l'unité de l'humanité dans la diversité de ses manifestations n'échappe pas au partage entre nature et culture. Elle est scindée entre une anthropologie physique qui établit l'unité par-delà les variations et une anthropologie culturelle ou sociale qui fait état des variations sur fond d'unité. Mais l'anthropologie culturelle est elle-même divisée entre deux explications : celle qui considère les diversités culturelles comme autant de réponses adaptatives aux contraintes du milieu naturel et celle qui insiste sur le traitement symbolique d'éléments naturels choisis dans le milieu environnant. Selon Philippe Descola, c'est en se libérant du dualisme et en recomposant une écologie des relations entre humains et non-humains que l'anthropologie, acceptant de renoncer à son anthropocentrisme, pourra sortir des débats entre déterminismes naturels et déterminismes culturels.

Après des études de philosophie, Philippe Descola s'est orienté vers l'ethnologie américaniste. Il étudie les relations à l'environnement des Achuar de haute Amazonie. Parallèlement, il se consacre à l'étude anthropologique des relations entre humains et non-humains. En 1996, ses travaux sont récompensés par une médaille d'argent du CNRS. Il mène toute sa carrière à l'Ecole des hautes études en sciences sociales avant d'être nommé, en 2000, professeur au Collège de France dans la chaire d'anthropologie de la nature ; il y dirige le laboratoire d'anthropologie sociale.

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Pablo Iglesias Turrion : Machiavel face au grand écran, cinéma et politique

La Contre Allée - Mai 2016 - Un singulier pluriel


Et si nous allions au cinéma en compagnie de Machiavel ? Si Pablo Iglesias est désigné comme le porte-parole de Podemos, ce professeur de sciences politiques est avant tout l'un des penseurs et fondateurs de ce parti antilibéral. Machiavel face au grand écran se présente comme la somme de ses cours de Cinéma politique à l'université Complutense de Madrid entre 2006 et 2010. Sa lecture de la représentation du pouvoir au cinéma nous permet de mieux connaître la pensée d un homme qui bouscule la scène politique internationale et pour qui le 7ème art ne relève pas seulement du divertissement intellectuel mais permet aussi de parler de politique telle que l'entendait Machiavel, c'est-à-dire comme la science du pouvoir. En analysant des films tels que Apocalypse now, La Bataille d Alger, Dogville... Pablo Iglesias aborde les thématiques de la violence politique, la mémoire historique, la nation, le colonialisme, la post-modernité capitaliste en Amérique latine, le genre et le féminisme. Figure historique « maudite », Machiavel reste aujourd'hui une référence que d'aucuns pourraient considérer dangereuse pour ceux qui veulent comprendre et pratiquer la politique. Pablo Iglesias Turrión tient ici à faire entendre que la politique ne concerne pas que « les politiques » et ne se limite pas à la recherche du consensus.

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Marie-Thérèse Desouche et Monique-Lise Cohen (dirs.) : Emmanuel Levinas et la pensée de l'infini

DOMUNI PRESS - Mai 2016 - Humanités


Cet ouvrage est le fruit du colloque international organisé par l’Institut catholique de Toulouse en 2011, pour fêter le 50e anniversaire de « Totalité et infini », ouvrage-phare d’Emmanuel Levinas. Le texte est exploré, confronté à d’autres pensées, contextualisé dans la tradition juive du philosophe, ouvert au questionnement des autres traditions religieuses…
Responsabilité de l’humain envers autrui, envers la création; dialogue entre les religions et la philosophie; dérives politiques : tous ces enjeux contemporains prennent sens à la lumière de « Totalité et Infini ». C’est l’enseignement novateur de ce colloque.

Avec les contributions de :

Monique-Lise COHEN
Marie-Thérèse DESOUCHE
Branko KLUN
Edvard KOVAC
Jean-Michel MALDAMÉ
Daniel VIGNE
Abraham Harold WEIL

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dimanche 29 mai 2016

John Dewey : L'influence de Darwin sur la philosophie et autres essais de philosophie contemporaine

Gallimard - Mai 2016 - Bibliothèque de philosophie


Si Darwin est le nom d'une révolution, pour Dewey, né la même année que la publication de L'Origine des espèces, il ne s'agit pas seulement d'une révolution scientifique concernant notre compréhension des espèces végétales et animales. Il s'agit d'une révolution intellectuelle dont on n'a pas encore suffisamment pris la mesure philosophique ni tiré toutes les conséquences théoriques et pratiques : " En touchant à l'arche sacrée de la permanence absolue et en considérant comme ayant une origine et un terme les formes qui avaient été conçues comme des types de fixité et de perfection, L'Origine des espèces a introduit une manière de penser qui, finalement, ne pouvait que transformer la logique de la connaissance, et ainsi le traitement des questions morales, politiques et religieuses ". Loin d'appliquer telle quelle la théorie darwinienne aux problèmes que posent la connaissance, la morale, la politique ou la religion, il s'agit au contraire d'opérer dans ces domaines le même type de volte-face intellectuelle qu'il a fallu à Darwin pour accoler ensemble les deux termes d'" origine " et d'" espèce ". Comment abandonner les manières de penser fixistes et finalistes lorsqu'on se réclame de la vérité ou lorsqu'on invoque certaines valeurs pour orienter notre action ? Mais s'il n'y a plus de principes fixes ou de valeurs absolues et que tout ce qui reste est notre expérience sans cesse changeante, comment pouvoir encore garantir nos croyances ou justifier notre action ? Ces essais que Dewey réunit en 1910 montrent le caractère obsolète et inadapté d'une grande partie de notre bagage intellectuel et posent les premiers jalons, avant les grandes oeuvres de la maturité, pour reconstruire les outils conceptuels dont nous avons besoin pour vivre et penser dans un monde post-darwinien. Ils sont eux-mêmes le fruit et le témoin de toute une évolution intellectuelle de la part de Dewey, que l'on voit passer de Hegel à Darwin et de l'absolutisme au pragmatisme.

Philosophe et pédagogue américain, John Dewey (1859-1952) est considéré comme l'un des chefs de file du pragmatisme et de la psychologie appliquée. De lui, les Editions Gallimard ont publié Le public et ses problèmes (Folio essais n° 533), L'art comme expérience (Folio essais n° 534), Expérience et nature (Bibliothèque de Philosophie, 2012), Reconstruction en philosophie (Folio essais n° 585), La Quête de certitude (Bibliothèque de philosophie, 2014).

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mercredi 25 mai 2016

Nadine Salamé : L'hyperréalité du monde postmoderne selon Jean Baudrillard

L'Harmattan - Avril 2016


La philosophie de Baudrillard est inédite puisqu’il possède une façon originale de voir le monde, ses yeux étant ceux d’un philosophe critique, d’un sociologue, d’un journaliste et d’un pataphysicien. Ce faisant, il possède une manière fort intéressante de nommer les faits. D’où toute la série de termes qu’il revisite ou invente surtout ceux formés par le préfixe hyper comme hyperconsommation, hypermarché, hyperréel, hypercorps, hyperespace et bien d’autres. Malgré sa quête du sens et du réel, Baudrillard débouche sur le non-sens et proclame moyennement l’absence du réel. C’est comme si tout l’objectif de sa quête était uniquement la description du réel disparu et non la recherche et l’instauration du réel voire d’un nouveau réel. La recherche conduite ici s’attaque à la pensée hyperréelle de Jean Baudrillard tout en présentant l’originalité de cette pensée singulière et controversée.

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Sébastien Gandon et Ivahn Smadja (dir.) : Textes clés de Philosophie des mathématiques. Vol. 2 : Logique, preuve et pratiques

Vrin - mai 2016 - textes clés


Avec des textes de S. Awodey, S. Feferman, S. Shapiro, J. Tappenden, Th. Tymoczko, M. Wilson.

Le compagnonnage entre la philosophie et les mathématiques ne date pas d’hier. Mais l’émergence des nouvelles logiques, au début du XXe siècle, a profondément modifié la forme des interactions entre les deux disciplines, suscitant de nouvelles interrogations et modifiant la formulation des problèmes hérités de la tradition. Le premier tome du volume « Philosophie des mathématiques » était consacré tant aux questions ontologiques qu’à celles liées aux fondements. Ce second tome porte sur des questions qui sont davantage en prise avec les mathématiques du XXe siècle. Comment, après l’émergence de l’axiomatisation, rendre compte de l’évolution et de la formation des concepts et des théories mathématiques? Comment concevoir l’articulation entre langue formelle, théorie axiomatisée et pratiques mathématiques après l’échec des grands mouvements fondationnalistes? Les avancées mathématiques récentes posent-elles de nouvelles questions philosophiques? Qu’en est-il par exemple du rôle joué par les ordinateurs dans certaines preuves ?

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lundi 23 mai 2016

Revue Le Philosophoire n°45 : "La Mort"

Vrin - Mai 2016


Editorial. La mort comme problème anthropologique, politique, existentiel et ontologique. Par Vincent Citot

Entretien avec Françoise Dastur
Par Jean-Claude Poizat

–Philosopher après les EMI, parYann Flipo

–La mort in vivo et le vivantpostmortem, par Mathieu Corteel

–La sagesse du droit : mort naturelle, mort violente, mort suspecte, par Sylvie Taussig

–Savoir vivre est-il autre chose que savoir mourir ? Ulysse, Socrate et le Samouraï, par Claude Obadia

–« Le boudoir de la mort » : le couloir de la mort…, par Etienne Pierre

–Le pédagogue et la mort : penser l’éducation avec Michel de Certeau, par Baptiste Jacomino

–Se passer de la pulsion de mort ? Une diagonale à travers le système philosophique d’Alain Badiou, par Livio Boni

Les Livres passent en Revue

–L’idéologie de la régénération: ce legs délétère de la Révolution (à propos du dernier livre de Lucien Jaume), par Jean-François Bacot

–Peut-on encore parler de race ?, par Charles Boyer

–Critique de la destruction créatrice de Pierre Caye, par Sylvie Taussig

–Notices sur quelques publications récentes et ouvrages envoyés à la rédaction

Hors Thème

–Nishida et l’idée d’une autre histoire de la philosophie, par Bernard Stevens

–Sur quelques questions épistémologiques à propos de l’épistèmê aisthêtikê, par Marc Jiménez

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dimanche 22 mai 2016

Arnaud Milanese : Bacon et le gouvernement du savoir. Critique, invention, système: la pensée moderne comme épreuve de l'histoire

Classiques Garnier - Mai 2016 - Constitution de la modernité


« Bacon est souvent jugé sans nuance. Conservateur pré-moderne ou héraut de la science nouvelle, les historiens défont volontiers cette articulation de la permanence et de la nouveauté. C’est à la condition de saisir son ambition de reconstruction dans toute son ampleur, philosophique et politique, que Bacon est a contrario lu à partir de ses propres questions : comment, à partir d’une critique des conditions historiques qui sont les nôtres, saisir le système des institutions épistémiques et politiques, et ouvrir une nouvelle époque centrée sur une invention maîtrisée ? Comment répéter et poursuivre l’autonomie des Grecs ? Comment concevoir donc un bon gouvernement du savoir et par le savoir ? Tel est le sens que Bacon semble avoir imprimé à notre modernité. »
Collection « Constitution de la modernité »

Bacon et le gouvernement du savoir est le premier ouvrage paru dans la collection « Constitution de la modernité (Classiques Garnier) », dirigée par Jean-Claude Zancarini.
Cette collection, liée aux recherches menées par le LABEX COMOD publie des ouvrages concernant la généalogie de la rationalité moderne et les rapports entre Etat, religions et citoyens.

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Didier Heulot : Bernard Stiegler ou Le poisson volant

Apogée - Mai 2016 - Ateliers Populaires De Philosophie


Le capitalisme de notre époque, numérique, nous entraîne avec lui vers la catastrophe. Ce mouvement planétaire n'offre aucun refuge. Pour le combattre, notre seule issue est de le penser. Bernard Stiegler nous le propose.
Notre capitalisme est une « prolétarisation généralisée » Les algorithmes prennent au salarié son savoir-faire et au consommateur son savoir-vivre, le big data automatise son existence, loisirs compris. Le savoir théorique est passé dans les machines, qui décident pour nous.
La solution de Bernard Stiegler passe par une « relance du désir ». Nous désirons travailler et ne nous contentons plus d'un emploi. Nous désirons consommer ce que nous aimons et souffrons d'une consommation addictive. Nous désirons employer notre temps hors travail à autre chose qu'à être des clients d'industries culturelles. Nous désirons et rêvons à l'improbable, interdit par ce capitalisme.
Nous désirons et aimons l'intelligence.
Nous sommes ces poissons empoisonnés dans leur milieu qui ne rêvent que de s'en échapper « par intermittences » et voler. L'urgence est que l'Europe mette le savoir au coeur de sa politique industrielle, le pharmakon numérique en est l'instrument.
Telle est la proposition de Bernard Stiegler pour « réenchanter le monde ».

Didier Heulot enseigne la philosophie dans un lycée rennais. Il a fait paraître en 2014 aux Éditions Apogée Qui sont les bêtes ?

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Antoine Destutt de Tracy : Oeuvres complètes VII. Commentaires sur L'esprit des lois de Montesquieu

Librairie Philosophique Vrin - Mai 2016 - Bibliothèque des Textes Philosophiques


Dans les premières années du XIXe siècle, la pensée libérale est confrontée à l’exigence d’une profonde reformulation. Il ne s’agit plus, comme au siècle précédent, de s’élever contre un État d’inspiration absolutiste; il s’agit désormais d’accomplir positivement les promesses de liberté et d’égalité de la Révolution française. Écrit en 1806 et 1807, le Commentaire sur l’Esprit des lois de Montesquieu participe de ce travail de refondation. Fort de l’expérience – récente et difficile – du gouvernement représentatif et de la réflexion théorique qui l’a accompagnée, Destutt de Tracy soumet le chef-d’œuvre de Montesquieu à l’épreuve des principes et de la méthode de l’Idéologie et dessine les contours d’un nouvel art social respectueux à la fois des lois naturelles et de la volonté générale exprimée par le « corps entier de la nation ». Aussi, comme cela a été souvent souligné, l’ouvrage est-il moins un « commentaire » qu’une œuvre originale renouvelant en profondeur la science politique, au même titre que les Principes de politique rédigés au même moment par Benjamin Constant. Dans la mesure où Destutt de Tracy, devenu aveugle, n’a pas écrit son volume de Législation (troisième partie du Traité de la volonté et de ses effets), ce Commentaire en tient lieu et renferme toutes les idées qui y auraient été présentées dans un ordre sans doute plus systématique.

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Adriano Tilgher : La philosophie de Léopardi

Editions de la revue Conférence - Mai 2016 -  Lettres d'Italie


Dès sa parution en 1940, Giuseppe Capograssi souligne l’intérêt de cet essai sur Leopardi: « c’est, de l’intérieur, une exploration et une reconstruction complètes de cette pensée organique, comme ja- mais on ne l’avait tentée ». Le premier, Tilgher a su reconnaître l’existence d’une « philosophie de Leopardi », alors même que les voix de l’époque les plus autorisées, à la suite de Benedetto Croce, lui refusaient cette dimension. Il le fait — au sommet de sa maturité et de son propre cheminement philosophique — dans un ouvrage d’une grande élégance d’écriture ; un voyage captivant, pas à pas, dans la pensée leopardienne, selon les étapes que constituent les grands thèmes de la réflexion du poète de Recanati. Et ces thèmes sont toujours les nôtres.

Traduit de l’italien par Arnaud Clément. Préface de Stefano Biancu.

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vendredi 20 mai 2016

Walter Benjamin : Technique et expérience. Mélancolie de gauche et autres textes

Eterotopia - Mai 2016


Le choix de textes de Walter Benjamin (1929-1933) présentés dans ce livre concerne le rapport entre la technique et l’existence, avec un essai encore inédit en France, Mélancolie de gauche. Au centre de ce livre il y a le rapport entre corps et transformations techniques qui transforment les subjectivités et le social, surtout eu égard à ce que Benjamin appelle la « pauvreté de l’expérience ». Benjamin a été sans doute un des premiers philosophes à avoir compris comment un tel processus de transformation du capital pouvait agir en vue d'une domestication à travers l’introduction de la technique dans la vie et vice-versa. Voici ce que le philosophe allemand écrit dans Expérience et pauvreté : « De barbarie ? Mais oui. Nous le disons pour introduire une conception nouvelle, positive, de la barbarie. Car à quoi sa pauvreté en expérience amène-t-elle le barbare ? Elle l’amène à recommencer au début, à reprendre à zéro, à se débrouiller avec peu, à construire avec presque rien, sans tourner la tête de droite ni de gauche. Parmi les grands créateurs, il y a toujours eu de ces esprits impitoyables, qui commençaient par faire table rase. Il leur fallait en effet une planche à dessin, ils étaient des constructeurs ».

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Gérald Sfez : Logiques du vif. Lyotard en éclaireur

Hermann - Mai 2016 - Le bel aujourd'hui


Que signifie philosopher, en guetteur critique, dans la postmodernité? Telle est l'interrogation de l'auteur, à partir de la philosophie de Lyotard. En effet, dans un dialogue continuel avec Adorno et Levinas, Lyotard invente une philosophie nouvelle et dresse une critique de notre temps, qui s'affranchit à la fois de l'espérance dialectique, hégélienne ou marxiste, et de tout dogmatisme de la déconstruction. Prenant acte de la succession des politiques d'anéantissement en même temps que de l'ambiguïté constitutive des politiques légitimes, la philosophie du Différend et des ouvrages ultérieurs répond aux enjeux les plus directs des choses politiques. Lyotard nous oriente ainsi vers une philosophie des ordres de justice et la reconnaissance de leurs contours flous, et pose une double mesure : l'une, intérieure au politique, qui relève de l'estime du décidable dans l'action ; l'autre, extérieure, dont attestent les arts, où le modus est celui de l'écriture.

Gérald SFEZ est spécialiste de philosophie politique, à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages. Il travaille actuellement sur la diversité des formes du judaïsme philosophique.

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jeudi 19 mai 2016

Jan Patocka : Le monde naturel comme problème philosophique

Vrin - Mai 2016 - Bibl. de textes philosphiques



Le monde naturel comme problème philosophique, thèse d’habilitation de Jan Patocka, parut d’abord en 1936, en même temps que la première partie de la Krisis. C’était alors le premier ouvrage – et longtemps le seul – expressément consacré à la notion, à la description et aux analyses husserliennes de la Lebenswelt. Si le jeune Patocka y demeure fidèle au transcendantalisme de son maître, c’est en toute indépendance qu’il tente la restitution du monde dans lequel nous vivons – dans un dialogue avec l’analytique existentiale de Heidegger, la cosmologie de Fink, la théorie de la forme et les inspirations du Cercle linguistique de Prague. Cette nouvelle traduction, comprenant l’autocritique approfondie que l’auteur a tenu à ajouter en 1970 à la seconde édition tchèque, permet au lecteur de suivre le développement de ce thème clef dans la genèse de sa conception originale de l’existence en tant que mouvement et le virage vers une phénoménologie « asubjective ».

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Slavoj Zizek : La nouvelle lutte des classes. Les vraies raisons du terrorisme et des réfugiés

Fayard - Mai 2016 - Essais


L’Europe est à la croisée des chemins. Le flux des réfugiés et le terrorisme islamiste ont plongé le continent dans la plus grande crise depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans un monde qui fonctionne en excluant des régions et des populations entières, est-ce si surprenant que les sociétés s’effondrent, que les hommes se radicalisent ou qu’ils aspirent à rejoindre l’Europe ? Il ne s’agit pas un choc des civilisations mais d’une nouvelle lutte des classes.C’est pourquoi nous devons impérativement défendre les valeurs européennes, qui sont les seules à même de lutter contre les causes économiques des flux migratoires et du terrorisme. Une telle solidarité globale est peut-être une utopie, mais si nous ne nous y engageons pas, alors nous méritons d’être perdus. 

Slavoj Zizek est l’auteur d’une œuvre qui en fait l’un des philosophes les plus importants de sa génération. Traduit à travers le monde, il est notamment l’auteur, chez Fayard, de La Parallaxe (2008) et de Moins que rien (2015).

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mercredi 18 mai 2016

Lucy Nusseibeh, Aline Alterman, Henri Cohen-Solal : Penser le conflit israélo-palestinien. La philosophie à l'épreuve de la paix

Mimesis - Mai 2016 - Collection : Philosophie


Le volume rassemble des contributions aussi variées qu'audacieuses, pour certaines basées sur une expérience de l'histoire. Pour d'autres philosophiques, notamment centrées sur la pensée de Sari Nusseibeh, intellectuel palestinien mondialement connu par son engagement en faveur de la paix. Sa philosophie, à ce jour peu connue en France et peut-être une pensée des vaincus pour employer les vocables de Walter Benjamin, bouscule quelques lieux communs de la pensée occidentale.

Lucy Nusseibeh vit et travaille à Jérusalem-Est, où elle a fondé et préside le Middle East Nonviolence and Democracy. Depuis 2007, elle dirige l Institute of Modern Media, l'outil « médias » de l Université Al-Quds (Palestine). Aline Alterman, philosophe et historienne de l art, est notamment auteure de Visages. De Shoah, le film de Claude Lanzmann. Henri Cohen-Solal, psychanalyste, a fondé et dirige le Collège Doctoral Paris-Jérusalem auquel participent le CNRS et les Universités Al-Quds (Palestine), Ben Gurion (Israël) et Paris VII.

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Gottfried Wilhelm Leibniz et Burcher De Volder : Correspondance

Vrin - Mai 2016 - Bibl. des textes Philosophiques


La correspondance entre Leibniz et le physicien hollandais Burcher De Volder, menée de 1698 à 1706, est un texte important pour comprendre la science nouvelle de la puissance et de l’action que Leibniz a inventée et désignée par le néologisme de dynamica. Cet ouvrage présente la première traduction en français d’une correspondance cruciale pour saisir le rapport de la dynamique avec la métaphysique. A cet égard, le concept d’action joue un rôle central : il est, sous la plume de Leibniz, l’objet du principe de conservation (l’action motrice) et la caractéristique essentielle de la substance. Ce concept d’action est ambivalent dans la mesure où Leibniz choisit d’utiliser le même terme et de le doter de la même signification (actio in se ipsum) dans les deux champs théoriques distincts que sont la dynamique et la métaphysique. Le concept d’action permet, en effet, à Leibniz de penser le rapport entre le mouvement dans les corps physiques et la série des perceptions dans les substances simples. La dynamique est, par conséquent, un moyen de rendre intelligible la substance. Cette correspondance est déterminante pour comprendre le renouveau que la dynamique offre à la métaphysique de Leibniz à la fin des années 1690 : l’unité métaphysique de la réalité est assurée et rendue intelligible par l’intégration à la dynamique du lexique métaphysique de l’action. Cette opération conduira au dispositif monadologique de la dernière métaphysique de Leibniz.

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Michael J. Sandel : Contre la perfection. L’éthique à l'âge du génie génétique

Librairie Philosophique Vrin - Mai 2016 - Collection : Matière étrangère


Qu’y a-t-il de problématique à créer un enfant qui soit le jumeau identique de son père ou de sa mère, ou d’un frère ou une soeur disparus dans un accident tragique, ou bien encore d’un scientifique, d’une star du sport, ou d’une célébrité que les parents admirent? […] Quand la science progresse plus vite que la morale, comme c’est le cas aujourd’hui, les hommes et les femmes ont du mal à formuler leur malaise. Dans les sociétés libérales, ils se tournent en premier lieu vers le vocabulaire de l’autonomie, de la justice et des droits individuels. Mais cette partie de notre vocabulaire moral ne nous donne pas les outils nécessaires pour traiter des questions les plus ardues que posent le clonage, la création d’enfants sur mesure et le génie génétique ».

Traduction par Hélène Valance.

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lundi 16 mai 2016

Patrick Rödel : Michel Serres, la sage-femme du monde

Le Pommier - Mai 2016


Au départ de ce livre, une admiration. Celle du philosophe Patrick Rödel pour Michel Serres et sa pensée, sa langue, sa liberté d'esprit, son humour aussi… Et surtout pour cette étrange relation qui existe dans son oeuvre entre fonds et forme, entre pensée et écriture, dont il tente ici de nous révéler les puissants ressorts. Une réflexion en deux parties, «Michel Serres-écrivain» et «Michel Serres-philosophe», complétée par un «gloserre» qui recense 350 mots du vocabulaire foisonnant que Michel Serres aime à dénicher. À ces mots s'ajoutent certains concepts-clefs de sa pensée, illustrés par des exemples tirés d'une oeuvre résolument tournée vers l'avenir… Conjuguant l'école buissonnière aux bancs de l'université, Michel Serres parcourt les savoirs comme il arpente la langue, pour nous aider à mieux connaître et penser le monde d'aujourd'hui. L'image traditionnelle du sage cède la place à celle de la sage-femme qui aide la vie à éclore.

Né à Bordeaux en 1941, ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de philosophie, Patrick Rödel a enseigné en hypokhâgne et en khâgne. Il a écrit des romans et des nouvelles; il est l'auteur d'une biographie imaginaire, Spinoza ou le masque de la sagesse (Climats) et du Livre du cèpe (Confluences). Il est le cofondateur de l'Association Les Ami(e)s d'Henri Guillemin, à qui il a consacré un essai, Les Petits Papiers d'Henri Guillemin (Utovie, 2015).

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Arnaud Dewalque et Charlotte Gauvry (dirs.) : Conscience et représentation. Introduction aux théories représentationnelles de l’esprit

Vrin - Mai 2016 - Analye et philosophie


L’analyse de la conscience a récemment suscité un spectaculaire regain d’intérêt en philosophie de l’esprit, où elle a donné naissance à une famille de théories baptisées théories représentationnelles de l’esprit. Leurs partisans – se réappropriant incidemment certaines positions traditionnelles, de Locke à Sartre en passant par Brentano ou Moore – soutiennent que conscience et représentation ne font qu’un. Notre capacité à ressentir quelque chose serait donc inséparable de notre capacité à représenter le monde. 
Doté d’une introduction substantielle, ce volume rassemble huit textes fondateurs qui plongent le lecteur au cœur des riches controverses liées aux théories représentationnelles. Faire l’expérience de voir une rose rouge, est-ce vraiment avoir une représentation? Si oui, est-ce avoir une représentation de la rose rouge? Ou bien une représentation de soi-même voyant la rose rouge? S’il s’agit de deux actes distincts, quelle relation entretiennent-ils? Sinon, ne doit-on pas en conclure qu’intentionnalité et conscience de soi sont inséparables, comme le pensaient traditionnellement les phénoménologues? 

Avec des textes de B. Brewer, P. Carruthers, F. Dretske, G. Graham, T. Horgan et J.Tienson, U. Kriegel, D. Rosenthal, Ch.Travis, M.Tye.

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Miguel Benasayag : Cerveau augmenté, homme diminué

La Découverte - Mai 2016


Le cerveau humain connaît, étudie, explique et comprend, au point qu'il en est arrivé à prendre comme objet d'étude... lui-même. Et les nouvelles connaissances sur le fonctionnement du cerveau ébranlent profondément nombre de croyances au fondement de la culture occidentale. Car les remarquables avancées des neurosciences rendent en effet désormais envisageable pour certains la perspective d'améliorer le cerveau et de supprimer ses faiblesses et ses " défauts " : le rêve d'un cerveau " parfait " semble à portée de la main. 
Cette vision conduit à considérer notre cerveau comme un ordinateur qu'il s'agirait d'optimiser en l'améliorant par divers outils pharmacologiques ou informatiques. À partir d'une vulgarisation très pédagogique de recherches récentes souvent très " pointues " en neurosciences, Miguel Benasayag montre ici, de façon fort convaincante, pourquoi ce nouvel idéalisme du " cerveau augmenté " est en réalité une illusion dangereuse : le monde qu'entendent préparer les transhumanistes et certains scientifiques risque fort d'être surtout habité par la folie et la maladie... 
Une thèse critique solidement argumentée, qui a commencé à faire son chemin dans le milieu des chercheurs les plus préoccupés par les apories et les failles de ce nouveau mythe du progrès.r

Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, anime le collectif " Malgré tout ". Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont aux Éditions La Découverte dont, avec Angélique del Rey, professeure de philosophie,Connaître est agir (2006) et Éloge du conflit (2007) ; et avec Pierre-Henri Gouyon, Fabriquer le vivant. Ce que nous apprennent les sciences de la vie sur les défis de notre époque (2012). Dernière parution à La Découverte : Clinique du mal-être. La "psy" face aux nouvelles souffrances psychiques (2015).

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dimanche 15 mai 2016

Thierry Paquot : Géopoétique de l'eau, Hommage à Gaston Bachelard

Editions Etérotopia - Mai 2016


L’eau est indispensable au vivant (aux plantes comme aux animaux) et à l’humain. Chacun à en tête la photographie d’un champ aride, craquelé, sec, encombré de carcasses de bovins en décomposition... La sécheresse depuis des temps immémoriaux est considérée comme une calamité, la punition d’un Dieu mécontent ou un sinistre aussi grave que son contraire, l’inondation ! Si la quantité d’eau présente sur Terre ne varie guère d’une année à l’autre, elle est inégalement répartie, aussi certains territoires doivent effectuer un dessalement coûteux en énergie (solaire, éolienne...), tandis que d’autres pratiquent l’épuration et protègent l’aquifère. Au final, l’eau apparaît aux uns comme un enjeu et aux autres comme une ressource, dans les deux cas, elle fait l’objet de tensions géopolitiques et enrichie les multinationales qui la distribuent... C’est principalement l’agriculture productiviste qui surconsomme l’eau, les canons à eau arrosent les champs de maïs tandis que le lisier des cochons pollue les nappes phréatiques... L’industrie agro-alimentaire n’est pas en reste, chaque bien nécessite une certaine quantité d’« eau virtuelle », ainsi un kilo d’hamburger réclame en moyenne 16000 litres d’eau, un kilo de poulet 5700, un kilo de fromage 5000, de pain 1300... Pour le dire autrement, il faut de 400 à 2000 litres d’eau selon les régions pour récolter un kilo de blé ! Les entreprises de textiles, d’électronique, de métallurgie, etc., utilisent également beaucoup d’eau. Chaque année les organisations internationales dénombrent les sans eau (plus de 800 millions en 2015), la majorité résident en Afrique et sont victimes des maladies hydriques (choléra, diarrhées, légionellose). L’inégalité face à l’eau potable est flagrante. Si l’on considère que 20 litres par jour et par personne est un minimum, certains terriens ne disposent que d’un à deux litres tandis qu’un Américain « moyen » en consomme 500 litres (certains moins et d’autres plus pour laver leurs 4x4, remplir leur piscine et arroser leur pelouse dans les régions particulièrement chaudes de la Sun Belt), un Européen « moyen » environ 300 litres... L’eau appartient aux quatre éléments selon la culture occidentale, avec la terre, l’air et le feu. La culture orientale admet cinq éléments et ajoute le métal ou le bois. Les philosophes s’en sont préoccupés dès l’aurore de la pensée... Gaston Bachelard (1884-1962) a consacré plusieurs ouvrages à cette « imagination matérielle » des éléments, dont L’Eau et les rêves (José Corti, 1942) que nous relisons ici et situons dans l’ensemble de son œuvre afin de penser l’eau en ce début du XXI siècle où nombreux sont ceux qui la proclament « bien en commun ».

Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, ardent bachelardien et soucieux de la question environnementale (il est l’auteur du Petit Manifeste pour une écologie existentielle, Bourin-éditeur, 2007) examine philosophiquement la place de l’eau dans la vie des sociétés et des individus, mêlant informations chimique, économique, géographique, écologique à l’étude symbolique que réclame l’eau stagnante comme l’eau vive, l’eau douce comme l’eau de mer, l’eau de pluie comme l’eau du ruisseau et élabore ainsi une géopoétique de l’eau, garant de cet imaginaire singulier qui assure à chaque humain sa part d’humanité. Il a publié aux éditions Eterotopia France, Le voyage contre le tourisme (2014) avec une préface de Marc Augé.

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samedi 14 mai 2016

Georges Bataille : La limite de l'utile (Préface de Mathilde Girard)

Nouvelles Editions Lignes - Mai 2016


La Limite de l’utile, entre la « Notion de dépense » et La Part maudite, constitue l’un des jalons essentiels de l’œuvre « politique » de Bataille. Il est publié ici pour la première fois séparément.

« […] il est nécessaire à la vie de se tenir à hauteur de la mort », écrit Bataille dans La Limite de l’utile. Commandement où se lit certes l’influence persistante de Hegel sur lui et le projet d’une histoire universelle qui portera bientôt le titre de La Part maudite ; commandement que Bataille déshégélianise cependant aussitôt en apportant cette précision : « Une communauté ne peut durer qu’au degré d’intensité de la mort, elle se décompose dès qu’elle manque à la grandeur particulière au danger. »

Par quoi l’on voit que la question, dès lors, n’est pas pour lui qu’ontologique, mais sociologique aussi, et économique. Certainement, l’une des singularités les plus grandes de son génie se mesure-t-elle au fait d’avoir su, durant les mêmes années du début de la guerre, mener de front l’écriture de L’Expérience intérieure et du Coupable, livres d’une expérience authentiquement intérieure, et celle de La Limite de l’utile, où l’expérience qui est entreprise est celle de l’universalité des formes de l’histoire.

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Collectif : Penser avec Fukushima

Editions Cécile Defaut - Mai 2016


Le mot avec est écrit en italiques parce qu'il prend ici la place d'un autre qu'on attendrait, mais qu'on doit s'interdire d'écrire, du moins tant qu'on n'a pas réfléchi à ce qu'il signifie désormais?: après. L'ensemble d'événements rassemblés sous le nom de Fukushima n'a en effet pas achevé son déroulement, quoi que certaines voix intéressées essaient d'en dire, et c'est pourquoi après serait une erreur objective. Il n'y a pas, pour l'instant, d'après Fukushima, et au fond, l'alarme dont ce livre est aussi la traduction tient à ce détail sémantique d'importance majeure.Si la préposition après ne convient pas pour penser Fukushima, c'est qu'il n'y a pas d'«?après-Fukushima?», au sens où on pourrait passer à autre chose, «?dépasser?» Fukushima. Pourtant, il y a bel et un bien un monde – à décrire, à critiquer, mais aussi à construire et à accompagner – à partir de cette catastrophe et sous sa lumière. C'est ce que ces textes s'efforcent de mettre en place : venus d'horizons variés (littérature, philosophie, histoire de l'art, poésie, géographie), ils s'efforcent tous de penser après Fukushima si l'on veut, dans son ombre portée, contre Fukushima évidemment (dans ses effets mortifères), mais surtout avec Fukushima, c'est-à-dire en tenant compte de Fukushima, dans la proximité sans cesse renouvelée de ses problèmes et de ses ressources, de ses paysages et de ses habitants.

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