jeudi 29 décembre 2011

Agonie terminée, agonie interminable. Sur Maurice Blanchot

Philippe Lacoue-Labarthe


2011 - Galilée - "La philosophie en effet" - 26 €

Dans « Le miracle secret », Borges imagine la mort étrange d’un écrivain praguois que la Gestapo arrête en mars 1939 et condamne, au seul prétexte qu’il est juif et qu’il a été dénoncé comme tel, à être passé par les armes. La nuit qui précède son exécution, il a rêvé que la voix même de Dieu lui accorde le temps nécessaire pour achever son travail. Le lendemain à l’aube, entre le moment où les soldats du peloton braquent leurs fusils sur lui et celui de la décharge mortelle, le temps de l’« univers physique » est comme suspendu : l’écrivain remanie et accomplit en secret son « œuvre », à jamais pourtant inachevée.

À la considérer sous l’angle de son ultime « récit » publié, L’Instant de ma mort, et d’un énigmatique fragment « autobiographique » antérieur, « (Une scène primitive ?) », on est peut-être en droit d’estimer que le conte de Borges emblématise assez bien l’œuvre « désœuvrée » de Blanchot, tout entière écrite ou réécrite, achevée inachevable, dans le temps incommensurable qui sépare le 20 juillet 1944, date à laquelle il faillit être fusillé par les nazis (ou telle journée de l’hiver 1914 ou 1915, qui fut celle d’une extase enfantine), et la mort désormais survenue le 20 février 2003 : le temps atemporel de l’agonie native et de la mort immémoriale, « impossible nécessaire », qui aura autorisé la dernière méditation de celui qui avait interrogé sans relâche la Littérature ou l’Écriture dans sa possibilité même.

Ce livre tente de proposer une lecture de ces deux textes. Plus exactement, il les interroge pour mettre à l’épreuve ce qui, à travers la hantise du « mourir », s’est joué quant aux catégories majeures de la fiction et du mythe, du testimonial et du testamentaire, de l’aveu et du secret, de la non-présence à soi et du retrait, de l’autre (éthique) et de l’être-ensemble (politique), etc. Mais surtout quant à ce qu’il faut bien se résoudre à nommer l’écriture posthume de Blanchot.

dimanche 25 décembre 2011

Opus dei archeologie de l'office, homo sacer II, 5.

Giorgio Agemben


Janvier 2012 - Seuil - 19 €

Si la philosophie politique ne se donne pas pour tâche de nettoyer la situation verbale, d'entreprendre une critique radicale de sa tradition et de son vocabulaire, elle se trouve dans une situation qui n'est pas sans rappeler celle que décrivait Pasolini : un homme utilise un horaire des chemins de fer périmé et s'étonne de ne pas voir passer les trains.
Poursuivant l'archéologie entamée dans Le Règne et la Gloire, Giorgio Agamben mène dans ce nouvel ouvrage l'enquête sur la signature théologique des concepts cruciaux de la pensée morale et politique contemporaine. Comment penser l'action aujourd'hui ? Comment articuler action et œuvre ? Alors que ces questions agitent la philosophie morale mais aussi les discussions politiques les plus vives, Giorgio Agamben se tourne vers leur passé théologique.
A partir d'une archéologie de l'Opus Dei - l'Oeuvre de Dieu - et ses notions fondamentales telles que la liturgie, le sacerdoce ou l'office, le philosophe italien montre que l'Eglise a inventé un nouveau paradigme ontologique et pratique dans lequel l'être prescrit l'action, mais l'action définit intégralement l'être. Et ce paradigme " offert à l'action humaine s'est révélé constituer pour la culture séculaire de l'Occident un pôle d'attraction étendu et constant ".


Darwinisme et marxisme

Patrick Tort et Anton Pannekoek



Janvier 2012 - Arkhe editions - 19 €

Au cours de l'année 1909, l'astronome et astrophysicien révolutionnaire hollandais Anton Pannekoek (1873-1960), à l'occasion du centenaire de la naissance de Charles Darwin (1809-1882), publie un essai intitulé Darwinisme et Marxisme. Ce spécialiste reconnu des révolutions cosmiques y interroge la plus grande révolution biologique du XIXe siècle pour tester sa relation possible avec la révolution politique placée par Marx à l'horizon du processus historique. Ce faisant, il affronte un héritage : celui d'une intuition critique de Marx, inscrite dans une lettre à Engels du 18 juin 1862, selon laquelle, en dépit de l'intérêt manifeste qu'offre chez lui un matérialisme naturaliste apte à servir de socle au matérialisme historique, Darwin n'aurait fait en définitive que projeter sur la nature le schéma social de lutte concurrentielle qu'il avait emprunté à Malthus -, ce qui pouvait lui permettre en retour de naturaliser ad aeternum la structure même de la société capitaliste. Les positions anti-malthusiennes exprimées par Darwin en 1871 dans La Filiation de l'Homme donneront tort à Marx, qui a cédé trop tôt au devoir militant de combattre certains "darwinistes bourgeois", et qui ne pouvait en tout état de cause avoir lu en 1862 l'ouvrage au sein duquel Darwin allait exposer ouvertement sa théorie du dépérissement de la sélection éliminatoire au profit des conduites bienfaisantes, coopératives et altruistes dont s'accompagne l'extension indéfinie du processus de civilisation. Pannekoek, lui, a lu La Filiation. Comme il a lu, à l'opposé, Spencer, véritable inventeur de ce que l'on nommera plus tard, malencontreusement, le "darwinisme social". Il en résulte l'idée que Darwin et les "darwinistes sociaux", ce n'est pas la même chose. Et que darwinisme et marxisme ne sont plus incompatibles, mais, effectivement, complémentaires, à condition de pouvoir penser, entre l'histoire de la nature et l'histoire des sociétés, le recouvrement partiel des échelles temporelles et la combinaison connexe des tendances évolutives. Au coeur de cette problématique fondamentale, Patrick Tort, explique, dans son introduction et ses commentaires intercalés, l'intérêt, les enjeux et les limites du travail effectué par Pannekoek autour de ces questions majeures de la pensée contemporaine, et propose des clés pour mieux les comprendre.

jeudi 15 décembre 2011

Philosophie des possessions

Didier Debaise (Ed.)

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Décembre 2011 – Les Presse du Réel – Collection Relectures – 22 €

Edité par Didier Debaise.
Textes de Didier Debaise, Michael Halewood, David Lapoujade, Bruno Latour, Pierre Montebello, Camille Riquier, Isabelle Stengers, Olivier Thiery.

Une série de portraits de penseurs restés en marge des mouvements majoritaires de la philosophie contemporaine, réunis autour du thème de la « possession » : une enquête sur la manière dont les divers modes de possession (toutes opérations par lesquelles des éléments physiques, biologiques, psychiques ou techniques sont intégrés, capturés par un être qui les fait siens) permettent d'envisager des projets de reconstruction métaphysique originaux en dialogue avec des champs d'investigation hétérogènes – de la psychologie expérimentale aux sciences sociales et politiques, en passant par la philosophie de la nature, de la biologie et de la perception.

Tout au long du XXe siècle, une série de théoriciens, plus ou moins minoritaires, introduisent un nouveau genre de questions, faisant directement communiquer la philosophie avec les sciences sociales, la psychologie et l'esthétique. Comment un individu se constitue-t-il par des activités possessives ? Avec quelle intensité un être en possède-t-il un autre ? Quelle est l'étendue spatiale et temporelle de ces possessions ? Et quelles en sont les techniques ?
Ce livre tente, à partir d'une série des portraits – Gabriel Tarde, William James, Alfred North Whitehead, John Dewey, Charles Péguy, Etienne Souriau, Raymond Ruyer et Gilbert Simondon –, de donner une nouvelle actualité à la question de la possession et, par là même, de mettre en évidence une autre scène de la philosophie contemporaine.

Didier Debaise, docteur en philosophie, est chercheur au FNRS et enseigne la philosophie à l'Université Libre de Bruxelles. Il travaille principalement sur les formes contemporaines de la philosophie spéculative et les théories de l'événement. Il est notamment l'auteur d'un livre intitulé Un empirisme spéculatif.

mercredi 14 décembre 2011

Cahiers de lexicologie, n° 99 (2011 – 2) - Lexique et philosophie

Décembre 2011

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Classiques Garnier – 45 €

Le numéro 99 des Cahiers de lexicologieLexique et philosophie – est la contribution de la sémantique lexicale à l’analyse conceptuelle. Il s’articule en trois sections: une générale, concernant les universels, les rapports langue-pensée et individus-catégories en langue; une appliquée, concernant l’expression et la conceptualisation de l’espace, des sentiments et des couleurs, la sémantique de vrai, faux, bien et la notion de norme. Une dernière section présente les perspectives informatiques dans l’élaboration d’ontologies naturelles.

Une autre existence - La condition animale

Florence Burgat

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Janvier 2011 - Albin Michel - Bibliothèque Idées – 24 €

Il faut modifier radicalement notre façon de parler des animaux et reconnaître l'évidence de la condition animale, ne plus penser uniquement par rapport à l'être humain ou par rapport à la nature.
Pour cela, l'auteur propose un parcours critique à travers les philosophies qui ont pensé l'animal. Florence Burgat montre comment l'existentialisme (Sartre et Levinas notamment), plus encore peut-être que la philosophie classique, a liquidé et interdit la question de l'animal. Elle explicite ces positions en développant le thème de l'organisme, non plus en tant que machine mais organisation, et démontre que le sens biologique est autre chose que l'ensemble des parties d'un animal, et qu'il fonde cette conscience animale dans l'angoisse dont les animaux sont atteints.
Elle questionne la condition animale, et s'interroge sur la subjectivité des animaux, mettant en évidence leur pensée, leur résistance, avant d'attaquer les traitements inhumains et indifférents qui leur sont souvent réservés, dont elle dénonce l'idéologie sous-jacente. Enfin, avec l'évidence de la pratique de l'art chez les animaux, l'auteur propose une réflexion sur le symbolique et sur la capacité à symboliser, montrant, pour conclure, que les animaux sont " sujets d'une vie ".
Une invitation à dépasser le cadre de la compassion pour fonder notre changement d'attitude sur la base d'une phénoménologie de l'existence animale, ce qui a des conséquences également sur notre façon d'appréhender la vie humaine.

La République de Platon

Alain Badiou

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Janvier 2011 – Fayard – 25 €

La République de Platon est peut-être le texte le plus connu, le plus traduit et le plus commenté de toute l’histoire de la philosophie.
Mais comment restituer la vérité de cette œuvre aujourd’hui, 2500 ans après sa rédaction? Alain Badiou a choisi d’inventer un genre nouveau pour rendre au texte de Platon son universalité et sa vivacité sans passer par un commentaire critique. Il a traduit l’œuvre à partir de l’original grec et a procédé à quelques changements afin de l’adapter à notre temps. Tout d’abord, il a supprimé toute référence aux particularités de la société grecque antique, des interminables développements sur la valeur morale des poètes aux considérations politiques destinées par Platon à la seule élite aristocratique (les mesures révolutionnaires que Platon réserve aux seuls « gardiens » de la cité valent, sous la plume de Badiou, pour tous les habitants du pays).
Il a élargi les références culturelles : la philosophie fait feu de tout bois, ainsi Socrate et ses compagnons connaissent-ils Beckett, Pessoa, Freud et Hegel. Ils  réalisent l’actualité intemporelle de toute philosophie véritable, propre à s’ajuster à son époque. Enfin, Badiou, par ailleurs dramaturge, a fait du dialogue socratique une véritable joute oratoire : dans cette version de la République, les interlocuteurs de Socrate ne se contentent pas d’approuver ce qu’énonce le Maître.
Ils lui tiennent tête, le mettent en difficulté et livrent ainsi une pensée en mouvement. Grâce à ce travail d’écriture, d’érudition et, avant tout, de philosophie, Alain Badiou donne à lire pour la première fois une version absolument contemporaine, vivante et stimulante du texte de Platon. (Présentation de l’Editeur)

Le Travail sans fin. Discours et représentations à l’oeuvre

RAISON PUBLIQUE N°15 - DOSSIER COORDONNÉ PAR SYLVIE SERVOISE

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Décembre 2011

Le thème de la fin du travail traverse de multiples horizons. De la promotion d’une automatisation toujours plus avancée de la production à l’affirmation d’un « droit à la paresse », en passant par la critique écologiste du productivisme et de la société de consommation, il exprime une diversité de perspectives qui pourrait nous faire perdre de vue l’unité d’un questionnement qui interroge fondamentalement la valeur travail telle qu’elle se pose et se pense aujourd’hui. Bien loin de constituer un vecteur d’émancipation et d’humanisation, le travail serait en effet devenu cette forme d’aliénation dont il est souhaitable de se libérer. Un monde sans travail serait-il alors l’utopie de notre temps ?

Très influente dans les années 1980 et 1990, une telle perspective se nourrissait alors d’un diagnostic alarmant et juste quant à la dégradation du marché de l’emploi et des conditions de travail. Si le travail pouvait avoir un sens, nul doute qu’en auraient raison le chômage de masse, la précarisation de l’emploi et la montée en puissance d’un discours managérial intégralement soumis, au nom d’une concurrence mondialisée, à des impératifs de rentabilité économique toujours plus contraignants. Cette perspective n’épuisait toutefois pas le sens de ce qui survenait alors dans ce domaine. La raréfaction de l’emploi, la mise en cause de la condition salariale, la détérioration des conditions de travail, bien loin de le déstabiliser comme valeur et comme statut, ont entraîné son fort réinvestissement social, politique, intellectuel et culturel. Critiqué, le travail semble de fait n’avoir jamais été autant désiré. Dans le contexte de ces transformations, quel sens conserve le travail ?

C’est à ce niveau que le présent dossier se situe. Comment la question des finalités du travail est-elle appréhendée dans les discours et représentations ? Comment les sciences sociales, la philosophie, la littérature, les documentaires, les arts en général, la prennent-ils en charge, la nuancent-ils, la reconfigurent-ils ? Dans l’espace de la réflexion ici menée, tous les types de discours et d’écriture, tous les genres et toutes les disciplines ne sont pas représentés. Les chemins explorés – de la littérature au documentaire en passant par l’histoire des idées et la philosophie – offrent cependant un aperçu saisissant des problèmes que le travail pose aujourd’hui et des interrogations auxquelles il donne lieu.

samedi 10 décembre 2011

Sur l'Etat. Cours au collège de France (1989-1992)

Pierre Bourdieu


Janvier 2011 - Seuil - 29 euros

Transversale à l'oeuvre de Pierre Bourdieu, la question de l'Etat n'a pu faire l'objet du livre qui devait en unifier la théorie.
Or celle-ci fournit à bien des égards la clé d'intégration de l'ensemble de ses recherches. Etudier cet " objet impensable ", c'est en effet appréhender le lieu d'où, dans les sociétés modernes, tous les pouvoirs tirent en dernière instance leur légitimité et leur autorité. Dévoilant les illusions de la " pensée d'Etat ", vouée à entretenir la croyance en un principe de gouvernement orienté vers le bien commun, comme celles de l'" humeur anti-institutionnelle ", qui résume la construction d'un appareil bureaucratique à une fonction de maintien de l'ordre social, Pierre Bourdieu montre que cette " fiction collective " aux effets bien réels est à la fois le produit, l'enjeu et l'espace ultimes de toutes les luttes d'intérêts.
Mais, à rebours de sa réputation de théoricien ardu, cette transcription donne aussi à lire un " autre Bourdieu ", d'autant plus concret et pédagogue qu'il livre sa pensée en cours d'élaboration. A l'heure où la crise financière permet à des instances supranationales de hâter le basculement du rapport de force et de condamner, au mépris des démocraties, les services publics au démantèlement, cet ouvrage apporte enfin les instruments critiques nécessaires pour assumer, en toute lucidité, un rôle de citoyen.

vendredi 9 décembre 2011

Georges Canguilhem, Œuvres complètes Tome I : écrits philosophiques et politiques (1926-1939)

Préface de Jacques Bouveresse


Vrin, « Bibliothèque des Textes Philosophiques », 2011

Georges Canguilhem fut un personnage majeur dans l’univers intellectuel français de l’après-guerre. Pendant longtemps, sa notoriété a largement reposé sur ses travaux d’histoire des sciences, et ses vues originales sur la technique. Aux yeux de ses disciples, il apparaissait comme un maître dans le maniement rigoureux des concepts, avec une attention particulière aux sciences de la vie et aux pratiques de la médecine.
Depuis une décennie, on a le sentiment que ses écrits et sa personne, au-delà de cette spécialisation de l’exercice philosophique, sollicitent l’intérêt et les recherches de publics nouveaux, dépassant largement les cercles de ceux qui l’ont connu. Le premier volume de ces Œuvres Complètes devrait aider à comprendre ce phénomène : Georges Canguilhem est sans aucun doute un représentant de l’école française d’histoire des sciences, mais cette spécialisation intellectuelle repose sur un engagement philosophique, politique, profond, passionné, parfois virulent, dont va témoigner son engagement dans la Résistance. C’est ce qui devrait apparaître aux lecteurs des textes publiés par le jeune Canguilhem, de 1926 à 1939.
Réunis et présentés par un collectif d’universitaires et de jeunes chercheurs, ces textes sont regroupés en trois parties : l’ensemble des articles de revues, lettres et divers documents de circonstance, le fascicule Le Fascisme et les paysans de 1935, et le Traité de Logique et de Morale, publié à compte d’auteur à Marseille en 1939, avec Camille Planet.

mardi 6 décembre 2011

Paul Ricœur et l’histoire

Archives de Philosophie, Tome 74, 2011/4

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hiver — octobre-décembre 2011 - Editeur : Centre Sèvres

La question de l'histoire...
... n'a cessé, en même temps que celle du temps, d'être l'objet des réflexions de Paul Ricoeur depuis le tout début des années 1950, comme en témoignent ces quelques lignes écrites en conclusion d'un article de 1953 - "L'histoire de la philosophie et l'unité du vrai" -, destiné à un volume d'hommages à Karl Jaspers : « L'histoire veut être objective et elle ne peut pas l'être. Elle veut rendre les choses contemporaines, mais en même temps il lui faut restituer la distance et la profondeur de l'éloignement historique ».

Marc de LAUNAY, Jean-Claude MONOD / Présentation   
Françoise DASTUR / La critique ricoeurienne de la conception de la temporalité dans Être et temps de Heidegger   
Alexandre ESCUDIER / L'herméneutique de la condition historique selon Paul Ricœur   
Myriam REVAULT D'ALLONNES / La vie refigurée : les implications éthiques du récit   
László TENGELYI / Refiguration de l'expérience temporelle selon Ricoeur   
    
David LEMLER / Noachisme et philosophie. Destin d'un thème talmudique de Maïmonide à Cohen en passant par Spinoza   
    
Comptes rendus / VOLTAIRE, Œuvres complètes. Questions sur l'Encyclopédie, par des amateurs (C. Duflo) — Philippe BÜTTGEN, Luther et la philosophie (M. de Launay) — Emmanuel HOUSSET, Husserl et l'idée de Dieu (L. Gallois) — Jean GRONDIN, Hans Georg Gadamer. Une biographie (G. Petitdemange)    
Bulletin de littérature hégélienne XXI   
Bulletin de bibliographie spinoziste XXXIII

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lundi 5 décembre 2011

L'Etat-monde - Libéralisme, socialisme et communisme à l'échelle globale

Jacques Bidet

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Novembre 2011 – PUF – “Actuel Marx Confrontation” – 27 €

A lire comme on lit un roman policier : comme une analyse complexe mais systématique qui vous entraîne là où vous ne voudriez pas aller.
L'argumentaire met aux prises philosophes (Spinoza, Kant, Hegel, Althusser, Derrida, Habermas, Honneth), historiens du moderne (Brenner, Meiksins Wood) et du global (Wallerstein, Arrighi, Sassen), Schmitt, Bourdieu et Foucault. Il fait apparaître qu'émerge, derrière notre dos, un État-monde de classe articulé au Système-monde impérialiste. Une anti-utopie, donc. Une thèse réaliste, qui n'est pas celle d'un État mondial.
Ou bien comme on lit un recueil de nouvelles liées les unes aux autres : comme autant de mises en perspective du même sujet. On peut ainsi scruter chaque chapitre pour lui-même. Les uns s'adressent aux économistes, d'autres aux sociologues et aux politologues, d'autres encore aux féministes, altermondialistes, théoriciens du discours ou chercheurs du postcolonial, d'autres enfin aux historiens, juristes ou géographes.
Ils prennent chaque destinataire sur son terrain "scientifique" particulier. En y impliquant chaque fois le philosophe, c'est-à-dire aussi le citoyen. Il n'y a qu'une seule idée, un seul paradigme : une théorie. Il s'agit bien sûr de transformer le monde, mais en commençant par le comprendre, là où Marx a en partie échoué. C'est donc aussi une refondation du marxisme qui est proposée. Ce livre est le quatrième d'un ensemble publié aux PUF - Que faire du Capital ?, 1985, Théorie Générale du droit, de l'économie et de la politique, 1999, Explication et reconstruction du Capital, 2004 - qui a fait l'objet de traductions en une dizaine de langues étrangères.

dimanche 4 décembre 2011

Poésie de la pensée

George Steiner

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Novembre 2011 – Gallimard – “Essais” – 20 €

Les praticiens l'ont toujours su. Dans toute philosophie, concédait Sartre, il y a "une prose littéraire cachée". Ce qu'on a moins élucidé, c'est la pression formatrice incessante des formes du discours, du style, sur les programmes philosophiques et métaphysiques. A quels égards une proposition philosophique, même dans la nudité de la logique de Frege, est-elle une rhétorique ? Veut-on dissocier un système cognitif ou épistémologique de ses conventions stylistiques, des genres d'expression qui prévalent ou sont contestés à l'époque ou dans le milieu qui sont les siens ? Dans quelle mesure les métaphysiques de Descartes, Spinoza ou Leibniz sont-elles conditionnées par les éléments constituants et l'autorité sous-jacente d'une latinité partiellement artificielle au sein de l'Europe moderne ? Quand, tels Nietzsche et Heidegger, le philosophe entreprend d'assembler une langue nouvelle, son idiolecte propre à son dessein est lui-même saturé par le contexte oratoire, familier ou esthétique. L'association étroite de la musique et de la poésie est un lien commun, toutes deux partageant les catégories du rythme, du phrasé, de la cadence, de la sonorité, de l'intonation et de la mesure. "La musique de la poésie" est exactement cela. Y aurait-il, en un sens apparenté, "une poésie, une musique de la pensée" plus profonde que celle qui s'attaque aux usages extérieurs de la langue, au style ? Ces aspects de la "stylisation" de certains textes philosophiques, de l'engendrement de ces textes via des outils et des modes littéraires, George Steiner nous les restitue dans son souci d'"écouter plus attentivement".

mercredi 30 novembre 2011

Temps physique et temps métaphysique

Revue de métaphysique et de morale 2011 n°4

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Décembre 2011 – PUF – 20 €

Francis Wolff, Présentation
Marc Lachièze-Rey, La disparition du temps en relativité
Elie During, Occuper le temps
Tristan Garcia, Un autre ordre du temps. Pour une intensité variable du maintenant
Francis Wolff, Le temps comme concept hybride
Muriel Cahen et Frédéric Nef, Atomisme et physicalisme à l’épreuve du temps : le principe d’indépendance d’Armstrong et la topologie temporelle

vendredi 25 novembre 2011

La philosophie expérimentale

Julien DUTANT, Édouard MACHERY, Joshua KNOBE, Eddy NAHMIAS, Florian COVA, Shaun NICHOLS

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Novembre 2011 – Vuibert – 32 €

Un ouvrage qui renouvelle les débats sur la conscience, le rôle des intuitions en philosophie, la moralité, le déterminisme et la liberté.

La philosophie expérimentale est un mouvement récent qui tente de faire progresser certains débats philosophiques grâce à l'utilisation de méthodes expérimentales. À la différence de la philosophie conventionnelle qui privilégie l'analyse conceptuelle ou la spéculation, la philosophie expérimentale préconise le recours aux études empiriques pour mieux comprendre les concepts philosophiques. Apparue il y a une dizaine d'années dans les pays anglo-saxons, cette approche constitue actuellement l'une des branches les plus dynamiques de la philosophie contemporaine.
L'objectif de cet ouvrage est d'offrir un contact direct avec les travaux les plus connus et les plus discutés des philosophes expérimentaux. Il regroupe ainsi dix textes représentatifs de ce domaine jeune, mais déjà florissant, et couvre une large partie du champ philosophique contemporain (philosophie du langage, théorie de la connaissance, conscience, théorie de l'action, éthique et philosophie des sciences).

Les Conjectures

Nicolas DE CUES

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Novembre 2011 – Beauchesne – 29 €

Avec les Conjectures (1441-1443), la philosophie de Nicolas de Cues connait un tournant essentiel qui conduit à une reconfiguration générale de l'oeuvre. Cela tient précisément à la nouvelle compréhension cusaine de l'altérité sur la base du caractère symbolique des conjectures.
Mettant en cause la tradition théologico-philosophique, les Conjectures proposent, selon une expression lullienne, un art général des conjectures, c'est-à-dire une nouvelle méthode pour les arts d'investigation.
Privilégiant la modélisation de l'objet mathématique et de l'organisme vivant, les Conjectures amorcent une révolution gnoséologique. Ce mouvement, qui pense le savoir en termes relationnels, est fondé sur une réflexion théologique : comment la vérité en soi qu'est Dieu " pensée comme inatteignable dans son exactitude " peut-elle fonder mon savoir comme savoir d'une vérité inexacte, conceptualisée comme vérité dans l'altérité, sans en invalider la prétention de savoir ? Cette question, désormais centrale dans l'oeuvre cusaine, donnera lieu à des élaborations successives du rapport entre vérité et altérité, jusqu'aux théorisations du Non-Autre.
Les Conjectures sont ainsi le lieu de bifurcation dans l'oeuvre, d'où émerge une philosophie de l'esprit développée dans le Tétralogue du Profane. Car, l'exactitude ne pouvant être atteinte, c'est dans le déploiement du sens, toujours symbolique, que la conjecture peut-être plus ou moins vraie. Chacun fraie là son chemin singulier en déployant les dimensions de son humanité. L'agir humain se mesure à la capacité toujours singulière de l'individu à se (re)connaître comme mens et, ce faisant, à développer concrètement sa propre créativité mentale. L'intérêt des Conjectures est ainsi de montrer que la relation essentielle entre vérité et altérité permet d'explorer et de fonder les différents savoirs positifs.
Pour faciliter la compréhension du lecteur, l'appareil critique de cette première traduction française a été élaboré avec soin : plus de 600 notes viennent expliciter au fur et à mesure les références implicites aux auteurs de la tradition philosophique et théologique et éclairer les choix de traduction. Un glossaire en fin de volume précise le sens des concepts principaux des Conjectures et des autres oeuvres de Nicolas de Cues.

La traductrice, Jocelyne Sfez, est ingénieur en génie biologique (UTC) et docteur en philosophie de l'Ecole normale supérieure de Lyon. Elle poursuit actuellement ses travaux de recherche sur la réception de la pensée cusaine et nous livre simultanément un commentaire suivi des Conjectures.

lundi 21 novembre 2011

Art et éthique

Carole Talon-Hugon (dir.)

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Novembre 2011 – PUF – 20 €

Des oeuvres d'art moralement transgressives défrayent régulièrement la chronique.
Inversement, un certain nombre d'artistes contemporains affirment poursuivre, par leurs œuvres, des buts éthiques. Critiques et spectateurs s'interrogent sur la place de cette dimension éthique, négative ou positive, dans la valeur globale de l'œuvre. Est-elle légitime ? Quelles formes peut-elle prendre ? Que penser de l'idée de censure ? Seule une démarche réflexive peut fournir les outils nécessaires pour aborder ces questions.
En France, la philosophie de l'art s'est emparée depuis peu de ce sujet, mais aux États-Unis il a donné lieu depuis une trentaine d'années à un débat théorique approfondi et passionnant. Cet ouvrage propose, traduits en français pour la première fois, une sélection de dix articles qui en sont issus, et qui ont joué un rôle séminal dans un vaste débat qui est loin d'être clos.

Philosophies des possessions

Didier Debaise

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Décembre 2011 – Presses du Reel – 22 €

Tout au long du XXe siècle, une série de théoriciens, plus ou moins minoritaires, introduisent un nouveau genre de questions, faisant directement communiquer la philosophie avec les sciences sociales, la psychologie et l'esthétique.
Comment un individu se constitue-t-il par des activités possessives? Avec quelle intensité un être en possède-t-il un autre ? Quelle est l'étendue spatiale et temporelle de ces possessions ? Et quelles en sont les techniques ? Ce livre tente, à partir d'une série des portraits – G. Tarde, W. James, A. N. Whitehead, J. Dewey, C. Péguy, E. Souriau et G. Simondon –, de donner une nouvelle actualité à la question de la possession et, par là même, de mettre en évidence une autre scène de la philosophie contemporaine.

Lire les présocratiques

Marie-Laurence Desclos , Francesco Fronterotta

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Décembre 2011 – PUF – Quadrige – 13 €

Cet ouvrage se propose d'examiner les " penseurs " présocratiques dans une perspective différente par rapport à celle que la tradition moderne et contemporaine a rendue classique.
On a d'abord essayé d'élargir la notion de " penseur " présocratique, pour prendre en compte ces intellectuels (comme les poètes, les médecins, les historiens, les scientifiques...) qui ont pris part à un débat sur la constitution du kosmos et sur la nature de l'homme, en mettant en lumière les modalités méthodologiques et discursives que ce débat a " inventées ". On s'est ensuite efforcé de ne pas céder à la tentation anachronique de regrouper ces penseurs en " écoles " philosophiques qui se seraient confrontées dans l'agôn idéal d'une histoire des idées abstraite reconstruite a posteriori, en proposant plutôt de les associer et de les distinguer selon un critère géographique, consistant à déterminer leurs lieux et leurs domaines d'action et d'influence.

Epistémologie pour une marquise

Pascal Engel

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Décembre 2011 – Ithaque – 16 €

Tels leurs lointains prédécesseurs des Entretiens sur la pluralité des mondes, la Marquise d’U*** et le chevalier d’E*** sont réunis à la campagne et se livrent à des entretiens sur les sciences et la philosophie naturelle.
Ils passent en revue les principaux problèmes de la philosophie des sciences, la nature de la découverte, des faits, de la probabilité, le réalisme et l’instrumentalisme, fictions et expériences de pensée, abordent quelques grands sujets de la science d’aujourd’hui, astronomie, chaos et hasard, objets quantiques, nature des entités mathématiques et s’intéressent particulièrement à la biologie évolutionniste et à l’éthologie.
Ils débattent des valeurs et des idéaux du savant et de la relation entre la science et la religion.  La philosophie, de nos jours, aspire à être populaire, et même "peuple". On fustige son ésotérisme et sa sophistication et l’on voudrait qu’elle soit toujours accessible. Mais ne faut-il pas également songer à l’éducation philosophique des marquises ? N’ont-elles pas droit elles-aussi à des introductions claires et légères aux questions centrales de l’épistémologie ? Et ce qui est bon pour elles ne peut-il l’être pour tout un chacun ?

dimanche 13 novembre 2011

Le beau danger. Un entretien de Michel Foucault avec Claude Bonnefoy

Édition établie et présentée par Philippe Artières

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Novembre 2011 – Ed. EHESS – Coll. Audiographie – 8 €

Pour la première fois publié, cet entretien de Michel Foucault avec le critique d’art Claude Bonnefoy nous révèle le penseur intime, qui déroule le fil de sa vie pour décrire son rapport à l’écriture. Nous voici dans les coulisses du travail du savant.
Foucault vient d’achever les Mots et les choses et fait avec Claude Bonnefoy, critique d’art, une expérience de langage : peu habitué du genre de l’entretien, il lui est demandé d’évoquer son rapport à l’écriture. Au début réticent et inquiet, Foucault adopte pour réfléchir à la manière dont il travaille, pour dire ses difficultés d’écrivant, un registre inédit, une langue nouvelle, avoue finalement son plaisir à défaire son langage habituel. Il déroule le fil de sa vie pour dire l’histoire de son écriture, revient sur ses écrits, ceux des autres aussi, décrit le poids de son milieu « médical » où la parole était dévalorisée, les filiations repérables dans son écriture, notamment ce « regard de diagnosticien ».

« […] Quelque chose d’absolument inédit s’énonce lors de cet entretien entre le philosophe et le critique, quelque chose d’inédit survient par la parole. Un événement singulier : la mise en danger de Foucault par lui-même. » (P. Artières) .

« Je me place résolument du côté des écrivants, de ceux dont l’écriture est transitive. Je veux dire dont l’écriture est destinée à désigner, montrer, manifester hors d’elle-même quelque chose qui, sans elle, serait resté sinon caché, du moins invisible. C’est peut-être là qu’existe, malgré tout, pour moi, un enchantement de l’écriture. » (Michel Foucault)

samedi 12 novembre 2011

Les dialectiques de l'ascèse

dir. Brigitte PÉREZ avec la collaboration de Michel FOURCADE, Pierre-Yves KIRSCHLEGER et Sabine LUCIANI

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Novembre 2011 – Classiques Garnier – 47 €

Des paganismes aux christianismes, la notion d’ascèse a traversé différents univers linguistiques, constructions philosophiques et théologiques de la chair, appareils de légitimation de sa pratique. Dans sa rencontre avec la théologie chrétienne, l’ascèse signifie l’entraînement de l’âme à la pratique des vertus et au renoncement, inspirant les règles de vie monastique, avant de donner lieu aux controverses mystiques des siècles classiques et aux débats théologiques et politiques de l’époque contemporaine.

Penser avec Desanti

Collectif

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Novembre 2011 – Editions T.E.R

Desanti occupe une place particulière dans le tableau de la philosophie française de la seconde moitié du XXe siècle. Dans l’histoire de la réception de la phénoménologie husserlienne en France, qu'il a soumise à une critique radicale d'un point de vue marxien ; dans celle de l'épistémologie des mathématiques, en donnant dans Les Idéalités mathématiques une analyse épistémologique interne de la théorie des fonctions de variables réelles, puis des textes affirmant le polymorphisme historique des matheseis ; enfin, dans celle du marxisme français, en livrant dans Un destin philosophique une critique du dispositif idéologique de capture des esprits par une croyance collective.
 
Comment ressaisir l'unité d'une telle pensée ? Son épistémologie des mathématiques est-elle phénoménologique, matérialiste ou dialectique ? Sa critique de la phénoménologie conduit-elle à refuser toute phénoménologie au profit d'une position matérialiste ? Y a-t-il un sens unitaire de la raison ou seulement des rationalités locales et plurielles ? Comment rendre raison du temps, de l'Autre ou d'une autre pensée ? « Il faut toujours rester au brouillon, c’est-à-dire toujours recommencer, ne jamais laisser les choses en l’état où elles semblent être achevées », écrit Desanti dans « Fonctions de la philosophie aujourd'hui » ici publié ; doit-on se contenter de cet inachèvement, ou peut-on dégager chez lui un ensemble de thèses philosophiques ?
 
Ce collectif édité sous la responsabilité de Dominique Pradelle et François David Sebbah s'ouvre par deux inédits de J.-T. Desanti.

Avec les contributions de :  YPierre Cassou-Noguès, Jacques Dubucs, Vincent Gérard, Pierre-François Moreau, André Pessel, Dominique Pradelle, Marc Richir, Élisabeth Rigal, Jean-Michel Salanskis, François-David Sebbah.

Théorie des maisons L’habitation, la surprise

Benoît Goetz

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Novembre 2011 – Verdier – 13,20 €

Théorie des maisons vise à mettre au jour - chez les penseurs modernes et contemporains parmi lesquels Benjamin, Deleuze, Derrida, Heidegger et Lévinas - une architecture qui, très souvent, ne se manifeste pas explicitement.

L'auteur se propose de nommer cette architecture cachée : «une maison», la maison des philosophes. Cette maison, qui n'est pas toujours thématisée et dessinée dans ses contours, il s'agit de chercher à la localiser et à la rendre perceptible, comme dans ces jeux de devinette où une figure surgit d'un coup et saute aux yeux.

Cet essai engage ainsi à un déplacement du regard. La «maison» ne se réduit plus aux visions du monde que le lecteur serait invité à habiter. Une maison n'est pas une image (pas plus qu'un visage n'est une image). C'est, au contraire, à partir de la maison que le monde se dispose pour être éventuellement contemplé en une vision.

Théorie des maisons n'est pas une réflexion sur la maison qui est en vue mais elle cherche à montrer que la maison est un instrument de la vision.

Benoît Goetz est professeur de philosophie à l'université Paul-Verlaine de Metz. Rédacteur de la revue Le Portique, il est l'auteur de La Dislocation et de L'Indéfinition de l'architecture (avec Philippe Madec et Chris Younès) aux éditions de La Villette (2009).

mardi 8 novembre 2011

Précis de philosophie des sciences

Sous la direction de Thierry MARTIN et sous la coordination de Denis BONNAY

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Octobre 2011 – Vuibert – 45 €

Cet ouvrage aborde de manière pédagogique les grands domaines de la philosophie des sciences.

Pour en présenter les développements récents, il couvre aussi bien les questions relevant de la philosophie générale de l’activité scientifique (qu’est-ce qu’une explication scientifique ? l’unité des sciences est-elle un mythe ou un idéal ?...) que celles portant sur l’épistémologie des sciences particulières (de quoi les mathématiques sont-elles l’étude ? l’économie est-elle une science empirique comme les autres ?...).
Ce précis constitue, pour les étudiants de Licence 3 et de Master en philosophie et en sciences, un support d’approfondissement de leurs cours mais aussi de préparation aux épreuves d’épistémologie des CAPES scientifiques. Il sera également utile aux doctorants et aux chercheurs confirmés qui souhaitent élargir ou actualiser leur savoir dans ce domaine.

La démocratie sans "démos"

Catherine Colliot-Thélène

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Août 2011 – PUF – Collection : pratiques théoriques – 27 €

Penser la démocratie sans demos implique de dénouer le lien solidement établi au XIXe siècle entre les concepts de démocratie et de souveraineté du peuple.
A cela, la mondialisation contemporaine ne cesse de nous inciter. Le procès continu de démocratisation de l'Etat moderne a été rendu possible par l'individualisation du sujet de droit, elle-même résultat de la destruction des droits particuliers des sociétés d'Ancien Régime par l'action centralisatrice d'un pouvoir de type territorial. Mais, en s'imposant comme la seule instance garante des droits, l'Etat moderne a aussi nationalisé la citoyenneté.
Or, il est certain qu'aujourd'hui l'érosion du monopole juridique et judiciaire de l'Etat s'accompagne d'une multiplication et d'une hétérogénéité croissantes des pouvoirs auxquels les individus peuvent et doivent s'adresser pour obtenir la reconnaissance et la garantie des droits qu'ils revendiquent. Cette situation nous fait obligation de dénationaliser la citoyenneté sans sacrifier pour autant cette forme spécifique de subjectivité politique qu'est l'individu sujet de droits, sans renoncer par conséquent aux ressources émancipatrices dont cette figure du sujet politique a fait la preuve au cours des deux derniers siècles.

dimanche 6 novembre 2011

L'économiste, la cour et la patrie

Arnault Skornicki

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Novembre 2011 – CNRS Editions - Collection : Culture et société – 28 €

La science économique est devenue la forme dominante du discours politique. Elle se présente pourtant volontiers comme le plus neutre et impartial des savoirs. Que signifie cette dénégation du politique de la part d’une science si intimement liée au champ du pouvoir ? Arnault Skornicki propose un détour historique par la France des Lumières pour mettre au jour l’impensé de ce qui n’était pas encore une discipline universitaire, mais un simple genre intellectuel.

De la naissance du libéralisme d’État au Dialogue sur le commerce des blés de Galiani, de la science du commerce aux luttes entre Turgot et Necker en passant par la Physiocratie, le xviiie siècle apparaît en effet comme une période clé pour l’économie politique. Savants, hommes de lettres, philosophes et administrateurs mettent leur intelligence au service des Lumières qui s’officialisent et d’un État éclairé qui tente de se réformer. L’économie politique finira par accéder aux sommets du pouvoir, pour ne plus jamais les quitter. Une étude ambitieuse pour comprendre la naissance du libéralisme.

lundi 31 octobre 2011

Platon et l'irrationnel mathématique

Imre Toth

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Octobre 2011 – Editions de l’Eclat - Collection : philosophie imaginaire – 14 €

La question au nombre irrationnel et de l'irrationnel mathématique en général, tient une part discrète dans l'oeuvre de Platon, mais elle est comme cette "pierre délaissée par les architectes" et qui est pourtant "la pierre angulaire".
Elle concentre toutes les questions de l'être et du non-être, du possible et de l'impossible, du fini et de l'infini et ouvre la voie à la liberté pleine et entière de l'homme en quête de vérité. En elle, convergent pensée mathématique et spéculation philosophique, en une harmonie riche de conséquences inestimables. C'est cette harmonie que révèle Imre Toth dans un essai brillant et rigoureux, le dernier qu'il ait écrit avant sa brusque disparition en mai 2010.

  • LES PREMIERES OCCURENCES TERMINOLOGIQUES DE L'IRRATIONNEL MATHEMATIQUE
  • ARISTOTE : L'INCOMMENSURABLE ET L'IRRATIONNEL
  • LONGUEURS IRRATIONNELLES DANS LE THEETETE
  • LA PUISSANCE DE THEETETE : NOMBRE IRRATIONEL, RACINE CARREE D'UN NOMBRE NON-CARRE
  • LE MIRACLE DIVIN DE L'EPINOMIS ET LES LONGUEURS IRRATIONNELLES DANS LE THEETETE
  • L'ESCALVE DE MENON : PRISE DE CONSCIENCE DE L'IRRATIONALITE
  • EMERGENCE DE L'IRRATIONNEL
  • LE NOMBRE IRRATIONNEL DANS LE PHILEBE
  • METAPHYSIQUE ET ARITHMETIQUE PYTHAGORICIENNES : L'INDIVISIBILITE DE LA NONADE
  • EUXODE : L'IRRATIONNEL ET LE CONCEPT NON PYTHGORIQUE DU LOGOS

Philosophie, n° 111: Etudes sur Husserl

Automne 2011

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Editions de Minuit – 10 €

Ce numéro s'ouvre sur la présentation et la traduction, par Guillaume Fagniez, de la conférence de Heidegger prononcée à Constance en novembre 1934 (juste après la période du Rectorat) sous le titre "Situation présente et tâche future de la philosophie allemande". A partir de la question de l'essence de la philosophie, Heidegger déploie les trois questions de l'histoire, de la vérité et de la langue. Dans quelle mesure peut-on dire que le Dasein est historial, et sur le fondement de quel rapport de l'histoire au temps ? Si l'homme est historial parce qu'il est dans la vérité, que signifie le fait même d'être dans la vérité, et implique-t-il une subjectivation de la vérité ? Enfin, si le fondement de la possibilité de l'histoire réside dans la langue, qu'est-ce que cette dernière, si elle ne se réduit pas à l'expression de nos vécus ou jugements ? La conférence de Constance livre ainsi un aperçu exceptionnel sur le mouvement qui conduit la pensée heideggérienne de l'"ontologie fondamentale" à l'"histoire de l'être". Le numéro se poursuit avec trois études consacrées à la pensée du fondateur de la phénoménologie. Dans "Husserl et le mythe des objets", Robert Brisart met en question la célèbre lecture frégéenne de Husserl proposée par D Follesdal. Pour Husserl, l'objet n'est en effet accessible qu'à partir de sa visée par le moyen d'un sens noématique. Or, si le noème husserlien s'apparente bien à la notion frégéenne de sens, il n'en va pas ainsi pour la référence : alors que l'objet est pour Frege un en soi objectif situé hors de la conscience et de toute dimension sémantique, l'identité de l'objet est pour Husserl "intensionnelle", atteinte par une synthèse de la conscience. Bien qu'il se soit libéré du mythe du donné, Husserl serait ainsi demeuré prisonnier d'un mythe du sens. Dans "La question de la signification des propositions subjectives chez le premier Husserl", Alain Gallerand s'interroge sur le statut de ces dernières - négligées dans la tradition logique au motif qu'elles n'ont pas de valeur de vérité, et problématiques au sein de la position des Recherches logiques : vu que Husserl tient les significations pour des unités idéales par opposition à la multiplicité des actes de conscience, comment peut-il rendre compte de telles propositions, dont la signification semble intimement liée à la vie psychique ? Les concepts noétique et noématique de Bedeutung, le paradigme du jugement et de l'énoncé s'appliquent-ils à toutes les propositions - y compris celles qui ont trait aux phénomènes affectifs ? Enfin, dans "Le plaisir dans la phénoménologie de Husserl", Samuel Le Quitte s'interroge sur une notion apparemment absente de cette dernière, puisque sur son versant pratique, elle ne cesse de s'élever contre le scepticisme moral, dont l'hédonisme est l'un des représentants éminents. Cette critique de l'hédonisme signifie-t-elle ipso facto une récusation du plaisir en général et en tant que tel ? La position de Husserl à l'égard de l'hédonisme résume-t-elle sa conception générale du plaisir ? Cette dernière n'est-elle pas plus complexe qu'il n'y paraît ?

dimanche 30 octobre 2011

Europe n° 991-992 : Emmanuel Levinas

Novembre & Décembre 2011

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Présentation de l’éditeur

Né en Lituanie, Emmanuel Levinas (1906-1995) est l’un des penseurs les plus influents de notre temps. Après ses études à Strasbourg, où il fut le condisciple de Maurice Blanchot, il suivit en 1927-1928 les cours de Husserl et de Heidegger à Fribourg.

Si Levinas s’inscrit dans le sillage de la phénoménologie husserlienne, son chemin de pensée n’est pas celui d’un épigone, mais ouvre au contraire des horizons nouveaux en articulant le concret phénoménologique de la vie et la rigueur éthique de l’altérité.

En se montrant soucieux de « rechercher l’intrigue humaine ou interhumaine comme le tissu de l’intelligibilité ultime », Levinas a rompu sans retour avec les visées omni-compréhensives « d’une philosophie de l’unité et de la totalité de l’Être appelé Esprit », c’est-à-dire avec le système clos de la Totalité où tout rapport est saisi en termes de savoir ou de pouvoir.

En rupture avec la tradition venue de l’idéalisme, Levinas participe de ce que Franz Rosenzweig appelait la « nouvelle pensée » : pensée nouvelle en ce qu’elle fait droit à ce que la pensée traditionnelle tenait à l’extérieur d’elle-même. Et là où la tradition philosophique tendait à réduire l’autre au même, nous voyons l’écriture de Levinas travailler à ouvrir des brèches dans le corps de la totalité telles que le philosophe, surmontant son allergie à l’autre, puisse, à l’inverse de la tradition, l’accueillir, le laisser surgir. Des percées d’extériorité...

Là où la tradition déduisait l’éthique de la connaissance ou de la Raison, on rencontre chez Levinas une conception renouvelée, voire révolutionnaire de l’éthique.

Loin de prendre son origine dans un universel, dans la compréhension ou la connaissance, l’éthique apparaît dans la relation spécifique où le Je rencontre le Tu.

Cela dit, lire Levinas aujourd’hui nous engage à résister à la banalisation et à l’idéologisation de sa pensée qui conduit à voir en lui le penseur du « tout éthique ». Derrière cette thèse qui relève d’une simplification outrancière, il s’en cache une autre selon laquelle la sortie du totalitarisme devrait entraîner aussitôt une dépréciation de la politique, comme si le totalitarisme consistait en un excès, une excroissance de la politique et non en sa destruction systématique.

Or Levinas, loin d’avoir recours à l’éthique pour déprécier la politique, invente plutôt entre les deux sphères une articulation originale qui vise à rendre à la politique sa consistance et sa dignité, à renouveler en quelque sorte la question politique.

Sommaire

  • Danielle COHEN-LEVINAS : Levinas en plusieurs temps.
  • Jacques TAMINIAUX : Une autre phénoménologie.
  • Miguel ABENSOUR : Penser l'humain.
  • Emmanuel LEVINAS : Visage et violence première.
  • Marc CRÉPON : Cette tumeur dans la mémoire.
  • Jean-Luc NANCY : Éros, une fois encore.
  • Edoardo FERRARIO : L’heure où Pénélope commence à défaire sa toile.
  • Ginette MICHAUD : Bruissement, oblitération, percée.
  • Hagi KENAAN : Le langage comme proximité.
  • John McKEANE : Réverbérations.
  • Pierre ZAOUI : L’entre-deux infini.
  • Évelyne GROSSMAN : Faute de langue…
  • Bettina BERGO : Chair métaphysique, chair de forces.
  • Patrick HOCHART : Les nourritures terrestres.
  • Raoul MOATI : L’intentionalité à l’envers.
  • Gérald SFEZ : L’infini, là où il est temps.
  • Marc GOLDSCHMIT : La contra-diction, folie éthique dans l’ontologie.
  • Alain DAVID : Énigme et phénoménologie.
  • Danielle COHEN-LEVINAS : Passer infiniment la justice.
  • David BREZIS : Messianisme et pensée sacrificielle.
  • Dan ARBIB : « Un certain athéisme ».
  • David PÉREZ : Révélation du visage et Révélation biblique.
  • Marc de LAUNAY : Dialectique du rite.
  • Silvano FACIONI : « Un, Élohim parle ; deux, ceci, je l’entends ».

L’ouverture au monde. Lecture de Jan Patočka

Renaud Barbaras

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Août 2011 – Les Editions de la transparence – 24 €

Renaud Barbaras avait publié en 2007 aux Éditions de La Transparence un recueil d’« études » sur Jan Patočka, Le Mouvement de l’existence. Le présent ouvrage constitue donc un approfondissement du dialogue établi avec l’un des plus grands phénoménologues avec Husserl et Heidegger.
Il s’agit ici d’une « lecture », ce qui signifie qu’elle s’inscrit dans le parcours philosophique de l’auteur, qui prépare depuis plusieurs années un système phénoménologico-métaphysique, qui comportera trois volets : une phénoménologie de la vie (parue chez Vrin sous le titre Introduction à une phénoménologie de la vie, 2008), une cosmologie, puis une métaphysique. Le présent ouvrage constitue l’articulation entre phénoménologie et cosmologie.
Plus précisément, la première partie du livre construit le passage de la phénoménologie à la cosmologie, en établissant l’identité du sujet et de son mouvement. La première section de la seconde partie du livre thématise le plan cosmologique de l’archi-mouvement, mouvement du monde dont procèdent nos mouvements. La seconde section et, en particulier, le dernier chapitre, ouvrent la voie de la métaphysique en faisant apparaître la nécessité d’un archi-événement de séparation.
Outre Patočka, cet essai ambitieux discute des auteurs tels que Descartes, Husserl, Heidegger, Maine de Biran, Bergson.

CAHIERS SIMONDON Numéro 3

Sous la direction de Jean-Hugues Barthélémy

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Octobre 2011 – L’Harmattan – Coll. Esthétiques – 15,50 €

Ce troisième numéro dresse d'abord un bilan de la redécouverte récente du lien central de Deleuze à Simondon. Il confronte ensuite Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l'esthétique. Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d'unité de l'ensemble de l'oeuvre, et Vincent Bontems clôt ce volume en évoquant les activités de l'Atelier Simondon qu'il anime à l'École normale supérieure de Paris.

Sommaire

    • Technique, travail et anthropologie chez Arendt et Simondon
    • Simondon et la construction de l'empirisme transcendantal
    • La néoténie dans la pensée de Gilbert Simondon Ontogenèse d'une hypothèse
    • ACTIVITES DE L'ATELIER SIMONDON Séminaire "Individuation et Technique" (2010-2011
    • Esthétique et techno-esthétique chez Simondon
    • Simondon technologue, une individuation inachevée Dialogues (et silences) avec les théories des machines dans la France de l'après-guerre1
    • Quel mode d'unité pour l'oeuvre de Simondon
    • Le corps social du sujet

vendredi 28 octobre 2011

Sur la connaissance de Dieu et l'univocité de l'étant

John Duns Scot

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Novembre 2011 – PUGF – Epiméthée – 31 €

Au tournant du XIVe siècle, Duns Scot porte à son achèvement la pensée scolastique et esquisse la figure moderne de la métaphysique.
Il rejette l’analogie appliquée à la question de l’être : à la place des articulations multiples supposées par l’analogie et la théorie de la participation qui la soutient, le concept d’étant, décollé du réel, offre une unité primordiale, qui embrasse Dieu et la créature, la substance et les accidents. Connu naturellement, sans illumination divine, il remplace la créature (Thomas d’Aquin) ou Dieu (Henri de Gand) comme objet premier de l’intellect.
La théologie des noms divins se transforme ainsi en attribution univoque de concepts formels, distincts les uns des autres en Dieu comme dans la créature, et pourtant fondus dans l’identité infinie de l’essence divine. La multiplicité des sens de l’être et la connaissance de Dieu passent sous l’égide du concept d’étant, neutre, indifférent et commun à toutes choses. Celui-ci permet l’institution d’une métaphysique entendue comme science de l’étant en tant qu’étant : la genèse d’une ontologie.

Les styles de Deleuze

Adnen Jdey (dir.)

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Novembre 2011 – Les Impressions nouvelles – 24 €

En s’accordant aux multiplicités transversales de l’écriture et des opérations réflexives qui lui sont liées, le présent recueil pose le problème du style chez Deleuze suivant trois découpes connexes : entre philosophie et histoire de la philosophie, logique et esthétique, clinique et politique.
L’ensemble des études ici réunies ont en commun de référer chaque fois la stylistique deleuzienne à un concept ou un cas d’analyse précis, susceptibles d’en cerner les présupposés théoriques et le mode de fonctionnement. La multiplication des perspectives devrait ainsi permettre de dégager les jalons de ce qui, dans cette pensée en acte, s’offre précisément comme méthode et pratique singulière du style, consignant par là un style de pensée spécifique : le style-Deleuze.

dimanche 23 octobre 2011

Le bon usage des savoirs - Scolastique, philosophie et politique cutlurelle

C. König-Pralong

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Octobre 2011 - Vrin, coll. Etudes de philosophie médiévale – 35 €

La philosophie médiévale est en général mieux connue que ses auteurs. Ce livre s'intéresse aux acteurs intellectuels auteurs des textes qui ont servi de matériaux à l'histoire de la philosophie médiévale. Qui sont-ils ? Dans quels lieux institutionnels et dans quelles conditions culturelles ont-ils travaillé ? Quelles conceptions se faisaient-ils de leur mission, de ses intérêts et de ses fins ? Démentant un préjugé répandu, les scolastiques se révèlent intéressés à la politique culturelle ; ils avaient une conscience aigue des enjeux épistémiques, éthiques et sociaux de leurs pratiques professionnelles. Cette étude documente ces autoreprésentations et les contraste au moyen d'un regard plus extérieur, qui décrit les pratiques savantes des auteurs scolastiques et reconstruit leurs différentes conceptions du savoir et de la société chrétienne. À l'étude des contextes intellectuels et sociaux, elle présente des mises en série, de la division des sciences à la structuration du champ social en évêque, docteur, moine et laïc. À la lecture de textes issus de divers milieux et temps, elle articule des distinctions, entre clerc et laïc, évêque et docteur, arts libéraux et arts mécaniques, sédentaires et pérégrins, adulte et enfant, homme et femme, centre et périphérie, chrétien et non chrétien, théologie et philosophie. Conditions culturelles du savoir et contenus doctrinaux sont approchés par des méthodes irréductiblement différentes, qui convergent cependant sur un même objet, le texte qualifié de « philosophique » par son auteur ou par ses historiens.

Le zéro et le un

Sous la direction de Jérôme Segal

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Octobre 2011 – Ed. Matériologiques – Coll. Sciences & Philosophie – 29 €

La notion d’information est particulièrement polymorphe, luxuriante même. Ses définitions prolifèrent, son domaine lexical est si vaste que la probabilité que deux spécialistes de l’information (sans plus de précision) évoquant cette notion ne parlent en fait pas de la même chose est très élevée. Nous avons tous une idée vague et courante de que ce terme veut dire, nous utilisons tous ce vocable aux multiples acceptions propres à notre quotidien, tandis que les physiciens et les mathématiciens, entre tentatives de formalisation rigoureuses et multiplications des domaines d’application de l’information, développent sans cesse leur compréhension de ce que certains voient comme une nouvelle catégorie du réel. Les sciences humaines, via notamment les sciences de l’information et de la communication, et la linguistique, ont également contribué à l’inflation conceptuelle et lexicale des usages et significations de ce terme. Quant à la biologie, il est patent qu’elle a incorporé l’information à son socle théorique de manière massive. Cette discipline est sans doute celle où cette notion est des plus discutée, notamment parce que la biologie peut dialoguer avec la physique, l’informatique et les mathématiques via la notion d’information, et parce que le programme génétique, Deus ex machina du fonctionnement cellulaire pendant ces cinquante dernières années, est redevable de fortes critiques issues de théories très stimulantes. Le chapitre 7, véritable essai de 110 pages sur «  l’information et le vivant  : aléas de la métaphore informationnelle  », offre une vision panoramique de cette histoire dense et complexe.
Le livre de Jérôme Segal permet de comprendre les racines historiques et épistémologiques de cette profusion et des confusions qui continuent encore trop souvent à perturber notre perception de la notion scientifique d’information. Il s’interroge également sur l’unité du savoir que certains théoriciens de l’information ont cru fonder sur cette instance du réel qui a véritablement révolutionné le XXe siècle et qui sera sans nul doute un objet scientifique crucial durant le siècle en cours.

Nouvelle édition (ouvrage initialement paru en 2003), augmentée d’une postface d’Antoine Danchin et de 800 liens hypertextes bibliographiques.

samedi 22 octobre 2011

Bestiaire de Nietzsche

François Brémondy

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Octobre 2011 - Sils Maria, « Nouvelles possibilités d’existence » – 23 €

Aucune œuvre – hormis, évidemment, celles des fabulistes – n’offre un bestiaire aussi riche. C’est sans doute que Nietzsche pensa surtout par images, et qu’il se laissa séduire par les images animales, parce qu’elles sont les plus expressives. Ainsi, adolescent, il rebaptise sa sœur Elizabeth « Lama » et ne s’adressa plus à elle autrement jusqu’à la dernière lettre qu’il lui écrivit, ainsi encore, jeune homme, il adjure un camarade de déposer « sa peau d’ours de théologien pour prendre la figure d’un lionceau philologue ». C’est d’autre part que Nietzsche devint un penseur, comme on a dit, « éthique », en ce sens qu’il ne se soucia plus que de la valeur des choses ou du danger qu’elles peuvent représenter pour la vie, et de ce point de vue les images animales lui convenaient, parce que la plupart des animaux sont valorisés positivement ou négativement. Et comme il se proposa finalement de renverser nos évaluations morales, on ne s’étonnera pas qu’il ait inversé aussi certaines de ces valorisations – qu’il ait fait l’éloge des bêtes de proie et qu’il ait vitupéré le bétail, qu’il ait loué les bêtes sauvages et méprisé les animaux domestiques. Mais Nietzsche n’est pas seulement l’auteur d’une doctrine, il est aussi l’auteur de quelques beaux poèmes, dans certains desquels il célèbre des figures animales qui expriment les aspirations les plus profondes de son âme.

La Liberté des contemporains - Pourquoi il faut rénover la république

Thierry Ménissier

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Octobre 2011 - Presses Universitaires de Grenoble (PUG) – 24,90 €

Les débats récurrents sur la nécessité en France d'une réforme institutionnelle montrent que l'idée de république est en crise.
Le projet politique de la modernité a en effet échoué. Il visait depuis le XVIIe siècle à unifier l'espace civique et, tout en favorisant l'émancipation des sujets rationnels, à le penser comme un vaste ensemble soumis à la même discipline. Un soupçon plane de surcroît sur la référence républicaine exacerbée dans les discours actuels: dans le contexte de l'érosion des souverainetés nationales sous l'effet de la globalisation et de la construction de l'Union européenne, cette référence apparaît au mieux comme une incantation vers un passé rassurant mais défunt, au pire comme un levier démagogique qui en appelle à la souveraineté toute puissante du "peuple", cette entité aux contours mal définis.
Le moment est venu de savoir si l'on gagne à se passer de cette référence ou si l'on peut en sauver quelque chose. En voulant examiner cette question, cet ouvrage constitue une enquête sur les principes fondamentaux du discours républicain, tout en les situant dans l'histoire concrète des évolutions politiques et propose une troisième voie entre la liberté des anciens et celle des modernes: la liberté des contemporains, qui ouvre une perspective stimulante pour rénover la notion de république.

vendredi 14 octobre 2011

Les jeux philosophiques de la trilogie Matrix

Hugo Clémot

9782711623952

Septembre 2011 – Vrin – Coll “Philosophie et Cinéma” – 9,80 €

La trilogie Matrix a suscité une littérature philosophique très importante dans le monde entier. Plus de dix ans après la sortie du premier des trois films, il est temps de faire un bilan des meilleures contributions et de proposer une interprétation inédite qui s’appuie non seulement sur l’ensemble de la trilogie, mais aussi sur les courts métrages animés, les comic books et les jeux vidéo conçus pour accompagner les films. Cette approche prétend en outre apporter une réponse à la question de savoir si et en quel sens une œuvre cinématographique comme Matrix peut faire de la philosophie.

L'autorité de la démocratie. Une perspective philosophique

David Estlund - traduit par Yves Meinard

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Octobre 2011 - Hermann, L'avocat du diable – 35 €

Faut-il sacrifier la vérité à la démocratie ?

S’il est vrai que certaines lois sont meilleures que d’autres, c’est à celles-là que nous voulons être soumis. Mais il est dès lors tentant, la majorité ne prenant pas toujours les bonnes décisions, de ne confier le pouvoir qu’aux plus compétents. Le gouvernement d’une élite savante soumet toutefois le peuple à une autorité illégitime, car le savoir ne confère aucun droit à commander autrui. L’épistocratie, qui réserve le pouvoir aux seuls experts, est inacceptable.

Dans cette contribution majeure à la théorie démocratique contemporaine, David Estlund montre comment concilier la recherche de lois justes et le respect de l’égalité morale des citoyens. Il ouvre ainsi une nouvelle perspective philosophique pour penser l’autorité de la démocratie. Entre le souci de la vérité et le pouvoir au peuple, il n’est pas sûr que nous devions choisir.

Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes

Isabelle DELPLA

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Octobre 2011 - Hermann, L'avocat du diable – 23,80 €

Les crimes de masse défient la réflexion morale. Ce sont les procès de ces crimes qui façonnent nos conceptions du mal extrême. Le procès Eichmann est en ce sens exemplaire.

La description par Hannah Arendt d'un Adolf Eichmann insignifiant a imposé l'idée de la banalité du mal, du crime bureaucratique commis sans pensée ni méchanceté. Pourtant, ce portrait ne correspond pas à ceux des historiens ou des chroniqueurs. Il reprend la défense d’Eichmann et réactive le genre des théodicées, qui défendaient Dieu en niant l’existence du mal : si Eichmann ne pense pas, alors la pensée est sauve.

Pour dépasser l’alternative stérile du diabolique et du banal, ce livre analyse la forme même du procès, en faisant de la chronique judiciaire un genre philosophique. Il éclaire ainsi l’influence du procès de Jérusalem sur l'évolution de la justice pénale internationale et sur la réflexion morale contemporaine.

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mardi 11 octobre 2011

La théorie de Pierre Bourdieu et ses usages sociologiques

Anne Jourdain et Sidonie Naulin

9782200248710FS

Septembre 2011 – Aarmand Colin – 9,80 €

De tous les sociologues français du XXe siècle, Pierre Bourdieu (1930-2002) est sans doute aujourd’hui le plus connu et le plus controversé. Son œuvre foisonnante a durablement marqué le champ intellectuel en France et dans le monde. À l’origine d’une nouvelle théorie du monde social qui s’appuie sur des concepts clés tels que l’habitus, la violence symbolique ou le champ, Pierre Bourdieu s’attache à mettre au jour la réalité des rapports sociaux pour mieux la dénoncer. Cet ouvrage présente trois dimensions centrales de l’œuvre de Pierre Bourdieu : sa réflexion épistémologique sur le métier de sociologue, l’élaboration de ses principaux concepts d’analyse à travers l’étude de domaines particuliers (école et culture) et enfin sa théorie de l’espace social. Dans chacun des chapitres, sont présentés des travaux d’auteurs qui ont poursuivi la réflexion de Pierre Bourdieu ou qui s’en sont inspirés. C’est en s’intéressant aux apports et aspects critiques de la sociologie de Pierre Bourdieu que peuvent être saisies l’importance et la nature de son influence intellectuelle aujourd’hui. Anne Jourdain et Sidonie Naulin sont doctorantes en sociologie, normaliennes et agrégées de sciences économiques et sociales.

lundi 10 octobre 2011

Pensées du corps. La matérialité et l'organique vus par les sciences sociales

Édité par Mélina Balcazar Moreno, Sarah Anaïs Crevier Goulet

27000100299790L

Septembre 2011 - Presses Sorbonne Nouvelle – 25 €

Ce début de XXIe siècle aura vu le corps s'imposer comme le « lieu commun » par excellence dans les médias mais aussi dans l'art, la littérature et les sciences humaines. Le pari de cet ouvrage est de s'en emparer en tant que carrefour disciplinaire, afin de dessiner une épistémologie du corps qui soit propre aux sciences humaines. Les différentes contributions abordent la question de la surexposition médiatique des corps en reparcourant quelques-uns des grands jalons théoriques qui, de la modernité au post-structuralisme, auront marqué les réflexions sur le corps. Sont ainsi examinés les effets de sa marchandisation ou des lois qui visent à le régir, mais aussi la question des modifications corporelles ou les problématiques du corps-machine, de l'anomal, du rapport du psychique au somatique, du matriciel. A la croisée de l'esthétique, des études littéraires, de la philosophie, des études culturelles, des études de genre et de la psychanalyse, cet ouvrage rassemble des textes qui s’ancrent dans des expériences singulières du corps et explorent en même temps la possibilité de métamorphose de celui-ci. Tout en allant au plus près de la fragilité et de la vulnérabilité du vivant, ce livre donne à voir et à penser l’infinie transformabilité de la matière qui est celle même du corps.

vendredi 7 octobre 2011

Les mésaventures de la théodicée. Plotin, Origène, Grégoire de Nysse

Cinzia Arruzza

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Octobre 2011 – Brepols – 70 €

La théodicée de Plotin et la théodicée chrétienne d'Origène et Grégoire de Nysse ont plusieurs éléments en commun : l'identification du mal et du non-être, l'idée d'un ordre rationnel de la réalité provenant du principe divin, l'élaboration d'une notion unitaire de mal. Cependant, ces similarités cachent des logiques très différentes. Pour Plotin, la solution au problème du mal réside dans la démonstration de sa nécessité en tant que produit non accidentel de la procession. Pour Origène et Grégoire de Nysse, par contre, c'est dans l'élaboration d'une idée radicale de liberté et dans l'instabilité ontologique de la créature qu'il faut chercher la solution. Ce livre analyse ces deux théodicées, la théodicée de la nécessité et celle de la liberté, les confrontant à une série de “mésaventures”, afin de mettre en lumière aussi bien les difficultés surmontées par ces auteurs dans leur élaboration de la notion de mal que celles qui restent encore ouvertes.

dimanche 2 octobre 2011

Forme et objet. Un traité des choses.

Tristan Garcia

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Octobre 2011 – PUF – “MétaphysiqueS” – 29 €

Ce Traité ne propose ni une phénoménologie des objets ni une analyse du concept de " chose ", ni une pensée critique de la chosification ni une épistémologie du " découpage " de notre environnement par notre cognition.
Ce Traité invite à prendre le large pour une tout autre aventure. Il suggère d'explorer d'abord notre monde comme s'il était vraiment plat, en lui ôtant toute intensité, toute valeur. Dans un second temps seulement, avec en poche la boussole de cette solitude ontologique radicale, cet ouvrage invite à retrouver la possibilité d'un univers, c'est-à-dire d'un ensemble de choses non plus seules, mais les unes dans les autres.
Le désert théorique se transformera alors en encyclopédie luxuriante de nos objets contemporains, traversés d'ordres et de valeurs cosmologiques, biologiques, anthropologiques, artistiques, économiques ou sexuels.

Le monde plausible - Espace, lieu, carte

Bertrand Westphal

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Octobre 2011 – Ed. de Minuit – 18 €

Les cartes donnent souvent l’impression que le monde est saturé et que la surface de notre fragile planète a renoncé à la dimension du mystère.
Ce sentiment d’accomplissement est trompeur. Il est le propre de la modernité occidentale. Tout au long de son histoire, l’Occident n’a eu cesse d’affronter les espaces ouverts pour les transformer en lieux clos sans que ce verrouillage eût jamais été décisif. Tant mieux, car, à chaque fois qu’il rouvre sur un horizon nouveau, le monde suscite l’éblouissement. Les Argonautes et Ulysse ont connu cette sidération, de même que Christophe Colomb à sa manière. L’art du lienzo aztèque, les lignes de chant des Aborigènes australiens et la cartographie extrême-orientale confirment que l’Occident ne détient pas le monopole de la vision géographique du monde.
Et plutôt que de réserver les océans aux seules caravelles de Colomb, on lancera aussi dans l’aventure Abou Bakari II, empereur malinké, et Zheng He, amiral chinois. Ces tours et détours à travers espaces et lieux d’hier et d’aujourd’hui postulent l’existence d’un monde plausible qui sonnerait le glas des revendications hégémoniques de l’Occident.

jeudi 29 septembre 2011

Le nombre et la sirène

Quentin Meillassoux

9782213665917

Septembre 2011 – Fayard – “Ouvertures” – 19 €

Un coup de dés jamais n’abolira le hasard est composé par Mallarmé, dans sa version finale, en 1898, l’année même de sa mort. Le poème constitue l’une des ruptures littéraires les plus radicales de la modernité : lignes éclatées sur tout l’espace de la double page, jeu sur la taille des caractères empruntant au procédé des affiches, multiplication des incises qui déroutent la lecture. Mais son énigme la plus profonde tient peut-être à son contenu : une intrigue, à peine suggérée, dont le sens, l’étrangeté continuent aujourd’hui d’échapper à une pleine élucidation. L’hypothèse de Quentin Meillassoux consiste à affirmer que Mallarmé a caché dans son poème un mètre secret, un Nombre unique, qui devait permettre de réinventer une poésie à la fois moderne et toujours liée à l’antique règle du décompte. Une investigation est alors menée, qui tient à la fois de l’étude littéraire, de la chasse au trésor et de l’enquête policière à la Edgar Poe. On y découvre progressivement que le Nombre n’est autre que la somme des mots du poème et que cette idée – apparemment fantaisiste – devait pourtant être à la source, pour Mallarmé, d’un geste poétique révolutionnaire et d’une rigueur sans pareille.

vendredi 23 septembre 2011

Rousseau, politique et esthétique. Sur la lettre à d'Alembert

Blaise BACHOFEN

98222100376100L

Septembre 2011 – ENS Editions - La croisée des chemins – 25 €

Lorsque l'article Genève paraît dans l'Encyclopédie, Rousseau publie une Lettre à d'Alembert sur son article Genève, réponse foisonnante et virulente qui traite aussi bien du clergé, des moeurs, de l'honneur, des lois, que des spectacles ou des divertissements qui conviennent au peuple genevois.
Pourquoi prend-il ces questions tellement à cœur ? En dépit de ses origines genevoises revendiquées, on ne lui a pas confié la rédaction de l'article. D'Alembert, en s'en chargeant personnellement, sait qu'il attise une polémique. Son Discours préliminaire de l'Encyclopédie visait déjà à réfuter le Discours sur les sciences et les arts. L'article sur Genève présente la cité calviniste comme un exemple de liberté politique et religieuse mais critique des restes d'obscurantisme que la lumière philosophique doit dissiper : il suggère des réformes, notamment la levée de l'interdiction d'un théâtre permanent.
D'Alembert imagine ce qu'il nomme une "cité philosophe", où fleuriraient à la fois la liberté de la république et les raffinements culturels des grandes monarchies. Or ce projet résume tout ce que Rousseau, depuis le premier Discours, dénonce comme une illusion. Sa Lettre approfondit la démonstration : le théâtre comme école de l'hypocrisie, le bel esprit, la civilité telle qu'on la conçoit à Paris sont inconciliables avec les moeurs de véritables citoyens.
Ses thèses sur les spectacles ne sont qu'un aspect de sa réflexion sur la modernité : à quelles conditions la république est-elle possible ? Comment lier adéquatement morale, esthétique et politique ? Les études réunies dans ce volume éclairent les enjeux et les logiques complexes d'un texte que son auteur, alors malade et croyant vivre ses derniers jours, a rédigé comme s'il devait s'agir de son testament philosophique.

Les paradoxes de l’empathie. Philosophie, psychanalyse, sciences sociales

Sous la direction de Patricia Attigui et Alexis Cukier

6480-1329-Couverture

Septembre 2011 - CNRS Alpha – 35 €

Pourquoi, après des décennies de critique, de discrédit, voire d’ignorance, l’empathie connaît-elle aujourd’hui un regain d’intérêt théorique en philosophie, en psychanalyse et en sciences sociales ? C’est à cette question que cet ouvrage collectif souhaite répondre en interrogeant les recherches contemporaines sur l’empathie à partir de ses paradoxes théoriques, cliniques et moraux : une compréhension d’autrui à la fois affective et cognitive, identificatoire et sélective, automatique et inégalement distribuée. En examinant les perspectives récemment ouvertes qui montrent l’empathie sous un jour nouveau, en prenant en compte la complexité de son histoire et de ses modèles, la diversité de ses pratiques et de ses usages, les auteurs proposent des analyses originales qui la remettent au cœur d’une dialectique de l’affectivité et de la représentation, de l’intersubjectivité et des rapports sociaux, de l’expérience individuelle et de l’expérience sociale. Cet ouvrage s’appuie sur des rencontres et des programmes de recherche pluridisciplinaires qui renouvellent l’approche de l’empathie, en examinent les mécanismes, les usages et la portée dans les sciences sociales, la philosophie morale et sociale, et la psychanalyse. Il constituera un instrument irremplaçable de découverte, d’approfondissement et de critique d’une notion qui a enfin trouvé toute sa place dans la pensée contemporaine.