samedi 29 février 2020

Alexandre Moatti : Aux racines du transhumanisme. France 1930-1980

Odile Jacob - Février 2020


Le transhumanisme a le vent en poupe. Les prouesses et promesses conjuguées de l’informatique et de la biologie se chantent sur tous les tons à la une des médias. En bref : l’homme de demain ne nous ressemblera guère ! Mais cette chanson n’est pas nouvelle. Même revue par la technologie, elle parle toujours, in fine, d’eugénisme et de sélection, thèmes tabous que l’on agitait déjà dans les années 1930. On se demandait alors jusqu’où iraient les machines et si l’homme, dépassé par la science, ne pourrait pas en outre être modifié par elle. Quand le physiologiste Alexis Carrel, prix Nobel 1912, milite pour un eugénisme actif, Jean Rostand évoque le « surhomme » et Teilhard de Chardin l’ « ultrahumain ».
Les racines du transhumanisme ne sont pas exclusivement françaises, mais elles ressortent avec une étonnante netteté de cette analyse, qui les montre croisant et recroisant les autres grandes idéologies du siècle dernier. Les technologies les plus « avancées » posent en termes nouveaux des questions débattues depuis un siècle : l’histoire des idées décrit parfois des boucles inattendues.

Alexandre Moatti, ingénieur en chef des Mines, est chercheur associé en histoire des sciences et des idées à l’Université de Paris (Paris-Diderot), habilité à diriger des recherches.

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Michel Biard et Marisa Linton : Terreur ! La Révolution française face à ses démons

Colin - Février 2020


Au cœur de la réflexion sur la Révolution française, la « terreur » constitue une véritable énigme. Comment cette révolution, qui promeut les Droits de l’Homme, entend réformer la justice au nom des Lumières et convaincre ses opposants par la seule force de la Raison, en vient-elle à mettre en œuvre une terrible répression contre ses adversaires ? La guillotine, initialement conçue pour être un symbole d’humanisation de la peine capitale, devient ainsi un redoutable instrument d’élimination politique et marque en profondeur l’image de la Révolution, mais aussi celle de la France dans le monde.
Fruit d’un prétendu « système » inventé par les vainqueurs de Robespierre, la Terreur est ici saisie dans toute sa complexité, notamment dans ses liens avec l’état d’exception et le Gouvernement révolutionnaire. Cet ouvrage a pour ambition de livrer des éléments factuels et des réflexions qui permettront de comprendre comment ce phénomène de la « terreur » a pu aussi durablement ternir l’image et le souvenir de la Révolution française.

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Camille Riquier : Nous ne savons plus croire

Desclée De Brouwer - Février 2020


Quoi que nous nous efforcions de penser, nous continuons d'appartenir à notre siècle par les croyances les plus communes et, quand cela a lieu, par le fait tout aussi commun de ne plus croire - ou de ne pas donner notre confiance au monde. Nos pères se sont tant méfiés, ou ils ont été à ce point cyniques, que cette foi, entendue dans son sens large, semble nous être aujourd'hui interdite. À nous qui avons hérité de cette perte sans l'avoir consommée, ne restent que les débris d'une tradition devenue muette.
Or la foi est vitale, et pas seulement la croyance religieuse. Mais dans une époque désorientée, nous ne pourrons peut-être sauver que le désir de croire : rien ne nous dit que nous retrouverons la croyance. Le paradoxe veut que cette impuissance annonce un temps de dangereuse crédulité. Il nous faut donc tout réapprendre. C'est à cette tâche que la philosophie doit s'atteler en prenant le contrepied de son éternelle tendance : en se mettant en quête de croire aussi résolument qu'elle avait cherché à savoir. La traversée du nihilisme est à ce prix.

Camille Riquier est vice-recteur à la recherche de l'Institut catholique de Paris et professeur à la Faculté de philosophie. Lauréat de l'Académie française pour Archéologie de Bergson (PUF, 2009), il est l'auteur de Philosophie de Péguy ou les mémoires d'un imbécile (PUF, 2017). Il est également membre de la revue Philosophie et de la revue Esprit.

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Collectif : Conversation sur les multivers. Mondes possibles de l'astrophysique, de la philosophie et de l'imaginaire

Flammarion - Février 2020 - Champs science - Le salon scientifique


Et si notre Univers n'était qu'un parmi d'autres ? Cette idée d'univers multiples, envisagée pourtant depuis l'Antiquité, n'est entrée que récemment - et avec fracas - dans le champ de la science. L'hypothèse fascine, mais elle n'en est pas moins dérangeante : comment se formeraient ces mondes invisibles ? Peut-on tester et réfuter leur existence ? Une telle hypothèse est-elle vraiment scientifique ? Ouvrir la porte aux mondes possibles de l'astrophysique, de la philosophie et de l'imaginaire, c'est montrer qu'il y a une multiplicité de « manières de faire des mondes»...

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Ludwig Crespin : Rêve et conscience. Quel apport des sciences du rêve à la philosophie de la conscience ?

Editions Classiques Garnier - Février 2020 - Philosophies contemporaines


Cette étude cherche à déterminer philosophiquement de quel genre est la conscience rêvante, en croisant les données de l'étude scientifique du rêve et de la conscience vigile. À travers cette analyse comparée, ce livre ambitionne plus largement une double redécouverte de la conscience et du rêve.

S'il est naturel de tenir le rêve pour une forme de vie mentale consciente, celle-ci n'en est pas moins paradoxale : bien que nos souvenirs dénotent de vives expériences visuelles et émotionnelles, le rêve a tout l'air, cependant, d'avoir lieu durant le sommeil et d'échapper complètement à notre volonté. Mais ne rêvons-nous pas le rêve en nous éveillant ? Et le rêveur est-il vraiment privé de tout contrôle sur ses pensées ? Enfin, si l'on pouvait empiriquement établir qu'une part significative de l'expérience onirique n'est pas remémorable à l'éveil, en quel sens pourrait-on encore la dire consciente ? En répondant à ces questions grâce aux données des sciences cognitives, nous serons plus largement amenés à redécouvrir la conscience.

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vendredi 28 février 2020

Marc-Williams Debono (dir.) : L'intelligence des plantes en question

Hermann - Février 2020


Qu’il s’agisse d’adaptation sensible au milieu, de neurobiologie végétale, de comportement intelligent ou de pensée sylvestre, la botanique connaît aujourd’hui un rebondissement inattendu. Les plantes – et par extension la nature – sont-elles douées d’intelligence ? Et si oui, le phénomène intelligent, au sens large du terme, existe-t-il en dehors de la représentation anthropocentrée que l’homme s’en fait ? Cet ouvrage tente de répondre pour la première fois à ces questionnements (qui dépassent de loin la quête scientifique) de manière résolument transdisciplinaire. Existe-t-il une ou plusieurs formes d’intelligence ou de cognition ? Est-on face à un problème de sémantique et de zoocentrisme ou assiste-t-on au contraire à un changement de paradigme regardant autant la pyramide évolutive que la plasticité du vivant ? Pour la première fois depuis longtemps dans l’histoire des sciences occidentales, des biologistes, des écologues ou des généticiens s’ouvrent à une réflexion commune avec les sciences humaines et la société. Et ce dépassement conduit à des bouleversements sur nos représentations des écosystèmes comme des racines de l’humanité. Tout l’enjeu de cet ouvrage est de prendre en compte cette prise de conscience collective et l’altérité unique des plantes sous un prisme kaléidoscopique : celui conjoint des mythes fondateurs, des universaux partagés et des formes d’intelligences singulières du vivant. Un véritable challenge à l’heure de l’Anthropocène et de la renaissance d’un vrai dialogue entre les arts, les sciences et les humanités.

Marc-Williams Debono, neurobiologiste de formation, a fait des recherches pionnières en électrophysiologie végétale qui reviennent aujourd’hui au cœur de l’actualité. Plus généralement, ses travaux sont centrés sur la plasticité des systèmes vivants et une vision transdisciplinaire du champ art-science-humanité. À ce titre, il est président fondateur de l’association Plasticités Sciences Arts (PSA), où il dirige la revue PLASTIR depuis 2005, actuellement en charge du pôle Art & Science IDF du collectif Culture 91 et membre du comité de pilotage de La Diagonale, université Paris-Saclay.

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Emmanuel Alloa : Partages de la perspective

Fayard - Février 2020


« C’est une question de point de vue… » On associe aujourd’hui la perspective à l’individualisme, à l’affirmation d’une vérité privée et indépassable. C’est oublier la tradition de la perspectiva communis, celle qui fait de la perspective le vecteur d’un horizon commun. Au croisement de la science, de l’art et de la philosophie, le livre exhume une tradition que l’on se doit de redécouvrir : le point de vue, ce n’est pas seulement ce qui divise, c’est aussi ce qui se partage. Au lieu d’incriminer le perspectivisme d’avoir fait le lit de la post-vérité, et de la perte d’une référence à un monde réel, il est temps de retrouver en quoi la perspective n’est pas qu’une affaire de relativisation, mais de réalisation. C’est à la perspective que nous devons notre perspicacité : « à travers » – voilà le mot-clé pour comprendre son opération. Une mise en regard d’enjeux anciens et contemporains, où s’entrecroisent les arts visuels, l’architecture, la phénoménologie et l’anthropologie sociale. Autant de manières de faire l’éloge d’une perspective qui se décline invariablement au pluriel.

Emmanuel Alloa est professeur d’esthétique et de philosophie de l’art à l’Université de Fribourg.

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Marie-Clotilde Roose : Désir d'être et parole poétique

L'Harmattan - Février 2020


La parole poétique jaillit-elle du désir d'être ? La phénoménologie de Mikel Dufrenne est confrontée à la lecture de poètes. L'expérience poétique est décrite par Dufrenn, pour en analyser les conditions de possibilité, et formuler l'hypothèse de son origine, s'inspirant de Spinoza lu par Schelling : une Nature au double visage, tantôt bienveillant tantôt aveugle. Ici la tentation métaphysique de passer du transcendantal à l'ontologique fait l'objet d'une critique. La question vise alors l'éthique du désir du sujet, auquel répond l'éclairage de psychanalystes. Enfin, la nature du désir d'être se précise à l'écoute des textes des poètes.

Marie-Clotilde Roose est enseignante et chargée de cours à l'UCLouvain. Sa thèse de doctorat, Désir d'être et parole poétique. De la tentative phénoménologique à la tentation métaphysique (Lyon 3) a obtenu le Prix Charles Plisnier (Essai, 2006).

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Roberto Frega : Le projet démocratique. Une approche pragmatiste

Editions de la Sorbonne - Février 2020 - Philosophies pratiques


Ce livre développe une théorie sociale de la démocratie. Il le fait en s’appuyant sur la tradition philosophique du pragmatisme américain, intégrée par la théorie critique et le tocquevilleanisme. Il se propose de montrer que la théorie démocratique contemporaine a largement négligé un aspect essentiel de son concept clé, à savoir celui de la dimension sociales qui constituent la démocratie en tant que forme de société. Une forme de société qui se fonde sur une ontologie sociale complexe, faite d’habitudes, schèmes d’interaction, et formes d’organisation qui lui sont propres et qui, seules, donnent tout son sens à la démocratie en tant que régime politique. Pour ce faire, le livre défend l’idée que le concept de démocratie doit être entendu comme l’un des concepts majeurs de la théorie normative, et non seulement de la théorie du gouvernement, comme un concept qui vise à décrire un état désirable des rapports entre hommes et femmes, en tant que citoyens, mais aussi en tant qu’individus participant à la vie sociale dans ses institutions principales: le lieu de travail, la famille, l’espace public. Ainsi comprise, une théorie sociale de la démocratie met l'accent sur les conditions normatives qui favoriseront la démocratisation des marchés, des entreprises, des associations, des églises, des bureaucraties et d'autres institutions sociales. Ce faisant, ce livre nous aide à mieux comprendre la signification, la portée et l’étendue de ce projet démocratique qui définit le noyau de la vision émancipatrice qui caractérise le monde moderne: un projet qui se propose d’instaurer une société fondée sur le principe de coopération entre individus libres et égaux. L’idée de démocratie, dès lors, n’acquiert sa signification politique que par rapport à cette vision primordiale d’une forme de société qui n’a pas d’équivalent dans toute l’histoire humaine.

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Bertrand Vergely : Le rêve perdu de la sagesse grecque

Privat - Février 2020 - Loin de Paris


« Un matin, je me suis arrêté au bord d'un muret, pour simplement regarder les moulins et les dalles de la rue principale polies par le temps, en goûtant, pour le plaisir de goûter, la pierre, le soleil, le vent, l'empreinte des hommes dans la pierre et dans le temps. Perdu dans le sentiment de baigner dans la douceur du monde, je fus soudain ramené à la réalité par une voix à mes côtés. C'était une dame sans âge, comme il y en tant dans le monde méditerranéen. Petite, des cheveux gris, des lunettes et l'air doux. " Se aressi Amorgos " (" Ça vous plaît Amorgos !") - me dit-elle. "Me aressi poli" ( Ça me plaît beaucoup") -, lui répondis-je. À quoi elle ajouta : "Stin Amorgos imaste konda tout theou" . (" À Amorgos on est tout près de Dieu"). En entendant cette parole, j'ai su tout de suite que je ne l'oublierai jamais. Elle m'avait traversé en résonnant au plus profond. Les Anciens grecs parlaient ainsi. Héraclite parlait ainsi. Il y a encore des Grecs pour parler ainsi. En France, en Occident, plus personne ne parle ainsi ». Dans Le rêve perdu de la sagesse grecque, dont cet extrait plante à la fois le décor et le message, le philosophe Bertrand Vergely exprime ce qui fait l'essence la Grèce, de sa beauté, de sa sagesse et du bonheur qu'elle dispense quand on a la chance - comme lui régulièrement - de pouvoir y voyager. Cette profondeur est au coeur de la Grèce. Toutefois, on n'y pense pas toujours. Aussi peut-on parler de « rêve perdu ». Ce livre, qui a toute sa place dans Loin de Paris, est à la croisée de 5 chemins : ses voyages dans toute la Grèce depuis 1971, la philosophie bien sûr, puis l'orthodoxie et le mont Athos à travers les 32 séjours de l'auteur, et enfin un dialogue avec sa compagne Sophie. Et comme fil conducteur : l'homme divin, cet homme étant le modèle de l'homme idéal recherché par les Grecs ; cet homme étant encore présent dans le fond de la mentalité des Grecs d'aujourd'hui. Il en résulte un voyage littéraire, philosophique et spirituel, combinant images de lieux visités, pensées philosophiques, analyses des grands penseurs anciens, et dialogues actuels autour des Anciens et de notre époque à propos de l'homme divin. Philosophiquement ce parcours donne 7 chapitres intitulés : Parménide l'initié, Héraclite l'éveillé, Platon le visionnaire, Aristote le maître, Épicure le rebelle, Épictète le sage et Palamas le saint. En termes de voyages il fait passer le lecteur par le Pilion, Santorin, Athènes, Stagyre dans le Nord de la Grèce, lieu de naissance d'Aristote, Naxos, le Péloponnèse, le mont Athos. Ainsi que par des incursions à Thessalonique, en Épire, à Ioanina, à Simi, à Patmos, à Épidaure et à Delphes.

Bertrand Vergely est normalien, agrégé de philosophie, professeur en khâgne, à Science Po et à l'institut théologique orthodoxe Saint Serge. Il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages remarqués en librairie dont chez Albin Michel Retour à l'émerveillement où Deviens qui tu es.

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jeudi 27 février 2020

François Durpaire (dir.) : Histoire mondiale du bonheur

Cherche Midi - Février 2020


Cro-Magnon était-il plus ou moins heureux que nous le sommes dans notre monde connecté ? Comment les Indiens d'Amérique ou les esclaves aux Caraïbes, confrontés aux pires tragédies, ont-ils maintenu des formes de joie ? Quels moyens d'accéder au bonheur les différentes spiritualités nous offrent-elles ?
Plus de 60 historiens, philosophes, sociologues, anthropologues, psychologues ont travaillé sur la notion de " bonheur " et livrent le récit magistral de la manière d'être heureux en tout lieu et en tout temps. Ils nous montrent que le bonheur définit la singularité d'une civilisation, de l'Inde ancienne à l'Égypte pharaonique, de la Chine à l'Europe de la Renaissance.
Cet ouvrage inédit témoigne du caractère universel de la quête du bonheur et nous donne des clés pour construire, ici et maintenant, notre propre chemin vers une vie plus heureuse.

François Durpaire est docteur et agrégé d'histoire, maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise, auteur d'une quinzaine d'ouvrages et consultant pour la radio et la télévision.

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Michel Magnien, Claire Lesage, Sergio Cappello, Monique Bouquet (dir.) : Francesco Robortello. Réception des Anciens et construction de la modernité

Presses universitaires de Rennes - Février 2020


La spécificité de cet ouvrage est de contribuer pleinement à une présentation toute nouvelle de l'humaniste italien, Francesco Robortello (1516-1567). On a dit et redit qu'il avait été le premier à commenter intégralement la Poétique d'Aristote mais, jusqu'à présent, on a minimisé le rôle prépondérant que ce pédagogue, éditeur, philologue et philosophe de la Renaissance a joué dans l'instauration de la critique textuelle, dans le renouvellement éthique et méthodique de la lecture des Anciens, dans la (re)définition des genres littéraires. Cherchant à pallier au mieux ces négligences, les différentes contributions du volume donnent une image nouvelle de l'humaniste qu’a été Robortello au sein de la cité, au contact de ses pairs et de ses étudiants ; elles démontrent la grande diversité des domaines de l'antiquité qu'il a explorés avec scrupule et érudition ; elles mettent en exergue la démarche exégétique qu'il a fondée sur une éthique singulière et sur son goût prononcé pour une méthode « ouverte ». Si elles constituent une réhabilitation d'un savant souvent décrié et mal connu, dont la portée de l'œuvre a largement dépassé les frontières italiennes et a nourri la réflexion des intellectuels européens, elles invitent aussi à prolonger la recherche engagée, notamment par l'édition des nombreux ouvrages que Robortello a publiés entre 1543 et 1567, par l'étude spécifique de chacun d'eux, par l'enrichissement du répertoire récemment constitué de ses échanges épistolaires.

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Marc Joly : Après la philosophie. Histoire et épistémologie de la sociologie européenne

Cnrs - Février 2020 - Sociologie/Anthropologie


Après la philosophie entend clore une vaste enquête destinée à éclairer aussi bien la naissance que le statut épistémologique de la sociologie. Cette enquête vise ainsi à dégager l'existence d'un paradigme sociologique unifié, par-delà la pluralité des manières de faire de la sociologie (statistique, ethnographie, analyse des processus de longue durée, etc.).
Émile Durkheim, en prêtant à la sociologie une triple vocation (viser une science sociale intégrée, contribuer à l'élaboration d'une théorie générale de la connaissance et nourrir une image scientifique de l'humanité et du monde), est le véritable fondateur de ce paradigme. Norbert Elias, ensuite, a beaucoup œuvré pour clarifier le domaine d'étude de la sociologie : à savoir des sociétés en développement constituées d'êtres humains interdépendants par nature et selon des dispositifs de contrainte spécifiques. Avant que Pierre Bourdieu ne parachève le paradigme en plaçant la " réflexivité " au cœur de l'habitus du sociologue.
Partant, la sociologie a très largement assumé et redéfini, en lien avec la psychologie et la biologie, les fonctions naguère attribuées à la philosophie par Kant, consacrant ainsi l'ambition théorique et épistémologique d'un au-delà de la philosophie.

Marc Joly, sociologue, est chargé de recherche au CNRS (laboratoire Printemps, UVSQ). Ses travaux ont largement contribué à renouveler la compréhension de la sociologie et de son histoire. Il a notamment publié Devenir Norbert Elias ( 2012), La Révolution sociologique (2017) et Pour Bourdieu (2018).

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Jean-Luc Nancy : La Peau fragile du monde

Editions Galilée - Février 2020 - La philosophie en effet


Ni la fin du monde, ni le début d’un autre, ni la suite de l’histoire – mais une extrême fragilité. Ça peut casser, ça peut tenir, ça demande précaution. Moins des projets (même s’il en faut) qu’une circonspection pour notre présent, car c’est en lui que ça se trame ou se défait. Le comble de la fragilité s’atteint dans l’autonomie technologique – aussi économique qu’industrielle et cybernétique. Pour se déprendre de cette autonomie il faut trouver une allonomie : une loi de l’autre, une autre loi et autre chose qu’une loi.
Trouver n’est pas inventer. Il s’agit moins d’une volonté que d’un désir, moins d’une intention que d’une attention, moins d’un savoir que d’un art.

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Roger Pouivet et Vincent Granata (dir.) : Epistémologie de l'esthétique: Perspectives et débats

PUF - Février 2020


Le terme « esthétique » désigne une discipline philosophique. Une épistémologie de l’esthétique est une enquête méthodologique sur cette discipline. Le terme « esthétique » qualifie aussi les notions d’expérience, de propriétés, de pensée. L’épistémologie de l’esthétique porte alors sur les opérations sensibles et cognitives caractérisant les expériences ou les modes de pensée esthétiques. La première partie, méta-esthétique, examine différentes façons de faire de l’esthétique (Pierre-Henry Frangne, Jacques Morizot, Roger Pouivet). La deuxième partie de l’ouvrage s’interroge sur les relations conceptuelles qui sous-tendent notre perception des œuvres d’art (Alessandro Arbo, Guillaume Schuppert, Carole Talon-Hugon). La troisième partie porte sur la valeur cognitive des arts (Derek Matravers, Julia Beauquel, Catherine Elgin). La dernière partie explore certaines applications des questions épistémologiques en esthétique (Sandrine Darsel sur l’art conceptuel, Hervé Gaff sur l’architecture, Alexandre Declos sur les jeux vidéo, Vincent Granata sur le blues). On a pu parler d’une « tournant épistémologique en esthétique ». Ce livre le prend délibérément.

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mardi 25 février 2020

Laurence Corbel (dir.): Écritures en Acte. Réflexivité, critique et fiction artistiques (XXe-XXIe s)

Mimesis - Février 2020 - Art, esthétique, philosophie


Cet ouvrage collectif offre une analyse de productions discursives d'acteurs de la scène artistique contemporaine des années 1960 jusqu'à aujourd'hui. À travers des formes variées - dactylopoèmes, essais, montages textuels, tracts, récits autorisés en forme de chroniques ou d'archives) - ils mettent l'accent sur la dimension processuelle et la plasticité de l'écriture. Prolongement et parfois supplément des oeuvres, ces textes, aux régimes discursifs divers, développent une approche réflexive et critique de l'écriture où la fiction tient une place de choix. Le discours devient ainsi un espace d'expérimentation, un terrain de jeu où se développe un rapport dialectique entre le travail artistique et les contextes sociaux et politiques de sa production.

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Emilio Lledo : Le sillon du temps

Solanhets - Février 2020


La mémoire et l'oubli sont nés ensemble dans la culture grecque. Se souvenir et oublier, vivre et périr, cette opposition nécessaire et constante a marqué toute la littérature. La mémoire a constitué un immense espace d'expérience, d'exemple, d'apprentissage et, bien entendu, de leçons. L'oubli, au contraire, a signifié quelque chose ressemblant à la mort. Dans une perspective volontairement simple pour des problèmes si ardus et complexes, ce livre traite de la mémoire, de l'oubli, de la conscience, du temps. Il n'ambitionne qu'à signaler quelques questions apparues en dialoguant avec l'imprescriptible et riche mémoire des textes.

Ancré et impliqué dans la réalité de son époque, le travail continu sur l'interprétation des textes antiques qu'a mené Emilio Lledó, né à Séville en 1927, fait de ce penseur et pédagogue une référence intellectuelle et morale reconnue dans le monde hispanique. «Le Sillon du temps» est son deuxième ouvrage publié en français, après «Une sagesse du corps, de la joie et de l'amitié – Lecture d'Epicure» (Solanhets, 2017).

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Stefan Buijsman : Un café avec Archimède

Vuibert - Février 2020


Comment les peuples qui ne connaissent pas les mathématiques font-ils pour compter ? Pourquoi y a-t-il davantage de morts par noyade lorsqu'un film avec Nicolas Cage sort sur les écrans ? Peut-on contester une amende pour excès de vitesse grâce aux mathématiques ? Il y a plusieurs milliers d'années, les habitants de la Mésopotamie utilisaient des chiffres pour la première fois. Dès lors, rien n'a pu arrêter les mathématiques. De nos jours, elles sont partout : des sondages électoraux aux régulateurs de vitesse, des machines à café aux plans de métro sans oublier les nombreux algorithmes que nous utilisons sans nous en rendre compte quand nous regardons Netflix ou faisons une recherche sur Internet. Si nous n'avons pas besoin d'effectuer nous-mêmes les calculs requis par ces outils, il n'en est pas moins capital de comprendre leur fonctionnement pour mieux les maîtriser. C'est ce que nous explique Stefan Buijsman, mathématicien prodige, en combinant histoire, philosophie et vulgarisation. Avec humour et clarté, il dévoile à quel point les mathématiques influencent concrètement notre vie quotidienne. Un café avec Archimède raconte un monde insoupçonné et fascinant, bien loin des leçons rébarbatives apprises sur les bancs de l'école.

Stefan Buijsman est né en 1995. Après avoir obtenu un master en philosophie à l'âge de 18 ans, il a achevé son doctorat en seulement un an et demi. Il étudie actuellement la philosophie des mathématiques. Un café avec Archimède est son premier ouvrage.

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Edward Carpenter : Vers une vie simple

L'Echappée - Février 2020 - Le Pas de côté


Publié en 1887, ce livre est un réquisitoire contre l’idéal qui prédomine alors en Angleterre : s’enrichir en fournissant le moins d’efforts possible. Toute une population rêve en effet de parvenir à l’état de consommateur passif qui vit aux crochets des autres. À l’économie politique bourgeoise qui détruit la fraternité, Carpenter oppose un tout autre idéal : que chacun se dépouille du superflu et se retrousse les manches pour répondre à ses besoins, tout en partageant et en s’entraidant avec ses prochains. S’appuyant à la manière d’un Henry David Thoreau sur sa propre expérience de retour à la terre, sur sa sensibilité à la nature et sur les principes de la simplicité volontaire qu’il expose ici, l’écrivain-maraîcher plaide pour un socialisme anti-industriel. Soit une production à petite échelle fondée sur le travail des paysans et des artisans, qui maîtrisent leurs moyens de subsistance.
Non seulement une telle société décentralisée serait plus juste et égalitaire, mais elle permettrait aussi une plus grande liberté et un épanouissement des individus. Car l’homme n’est pas fait pour s’enfermer dans des villes fumantes, mais pour vivre au grand air et travailler avec ses mains. Voici l’une des leçons de ce magnifique traité de philosophie pratique. 

Edward Carpenter (1844-1929) est un écrivain anglais, socialiste libertaire et « romantique ». Sa critique de la civilisation industrielle en fait un précurseur de la décroissance. Influencé par Emerson, Thoreau, Ruskin ou encore Whitman, ce poète-philosophe mettait ses idées en pratique tout en écrivant sur des sujets aussi divers que l’art, la sexualité et les mœurs de l’Angleterre victorienne, la sagesse orientale, le pacifisme... Il a été qualifié de « Henry David Thoreau britannique », ou encore de « Tolstoï anglais ».

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Jeanne Burgart Goutal : Etre écoféministe. Théories et pratiques

L'Echappée - Mars 2020 - Versus


Oppression des femmes et destruction de la nature seraient deux facettes indissociables d’un modèle de civilisation qu’il faudrait dépasser : telle est la perspective centrale de l’écoféminisme. Mais derrière ce terme se déploie une grande variété de pensées et de pratiques militantes.
Rompant avec une approche chic et apolitique aujourd’hui en vogue, ce livre restitue la richesse et la diversité des théories développées par cette mouvance née il y a plus de 40 ans : critique radicale du capitalisme et de la technoscience, redécouverte des sagesses et savoir-faire traditionnels, réappropriation par les femmes de leur corps, apprentissage d’un rapport intime au cosmos…
Dans ce road trip philosophique alternant reportage et analyse, l’auteure nous emmène sur les pas des écoféministes, depuis les Cévennes où certaines tentent l’aventure de la vie en autonomie, jusqu’au nord de l’Inde, chez la star du mouvement Vandana Shiva. Elle révèle aussi les ambiguïtés de ce courant, où se croisent Occidentaux en quête d’alternatives sociales et de transformations personnelles, ONG poursuivant leurs propres stratégies commerciales et politiques, et luttes concrètes de femmes et de communautés indigènes dans les pays du Sud.

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dimanche 23 février 2020

Archives de Philosophie 2020/1 (Tome 83) : Fichte et le langage

Centre Sèvres - Février 2020


Page 5 à 6 : - Éditorial | Page 7 : Ives Radrizzani - Fichte et le langage. Avant-propos | Page 9 à 27 : Isabelle Thomas-Fogiel - Une philosophie du dire (Sagen) comme faire (Tun) | Page 29 à 38 : Ives Radrizzani - La philosophie du langage dans l’architectonique du système fichtéen | Page 39 à 48 : Marco Ivaldo, Ives Radrizzani - La transcendantalité du langage | Page 49 à 70 : Marc Maesschalck - Langage et protogenèse des normes chez Fichte | Page I : Max Marcuzzi - Le vouloir dire et la référence selon Fichte | Page XIX : Luis Fellipe Garcia - Fichte et la puissante impuissance du langage | Page 71 à 82 : Antonella Carbone - Le langage dans la Logique transcendantale de 1812 | Page 83 à 101 : Augustin Dumont - Fichte et le langage. Le « Lyrisme transcendantal » contre la dissolution | Page 103 à 120 : Sébastien Roman - L’Antiquité et la culture humaniste au XVIe siècle | Page 121 à 138 : Julia Christ - Totalité et symptôme ou comment lire « la société » | Page 139 à 147 : Clémence Guillermain - Note de lecture | Page 151 à 222 : - Bulletin cartésien XLIX.

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Roland Barthes : Le Discours amoureux. Séminaire à l'École pratique des hautes études (1974-1976), suivi de textes inédits des Fragments d'un discours amoureux (poche)

Seuil - Février 2020 - Points Essais


Durant les années 1974-1975 et 1975-1976, Roland Barthes a tenu son séminaire à l’École pratique des hautes études sur le thème du discours amoureux. De là sont nés ses célèbres Fragments d’un discours amoureux. Le présent volume en propose donc la généalogie et permet de mesurer la différence entre le travail du professeur et celui de l’écrivain : fragments en germe dans le Séminaire mais non retenus pour l’édition définitive, postface (« Comment est fait ce livre ») finalement sacrifiée.
On retrouve à la lecture de ce séminaire les fulgurances de Barthes (« Sentiment raisonnable : tout s’arrange – mais rien ne dure. Sentiment amoureux : rien ne s’arrange, et pourtant cela dure »), nourries, comme le veut le genre, de multiples références.
Servie par un remarquable travail d’annotation, l’édition de ce texte privilégie la lisibilité pour le lecteur d’aujourd’hui.

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Quaderni 2020/1 (n° 99-100) : Technologies et jeux de pouvoir

Éditions de la Maison des sciences de l'homme - Février 2020


Page 5 à 6 : Emmanuel Taïeb, Étienne Candel - Fictions du pouvoir | Page 7 à 8 : Pierre Musso - Hommage à Lucien Sfez | Page 9 à 12 : Daniel Dayan - Un témoignage sur Lucien Sfez | Page 13 à 25 : Marc Chopplet - Utopie, fiction et politique dans les Quaderni | Page 27 à 37 : Cynthia Ghorra-Gobin - La ville se métamorphose, elle se qualifie désormais de smart : que révèlent ces ‘nouveaux’récits ? | Page 39 à 67 : Bernard Paulré - La communication et l’entreprise, d’un siècle à l’autre | Page 69 à 80 : Christine Barats - Management et évaluation de l’enseignement supérieur dans les années 2000 | Page 81 à 95 : Patrick Germain-Thomas - La démocratisation culturelle, illusion ou utopie en devenir ? | Page 97 à 112 : Dominique Pagès - La démocratisation culturelle et les promesses des médiations culturelles numériques : mirage ou tournant ? | Page 113 à 124 : Pierre Musso - Le désir technologique de Dieu | Page 125 à 135 : Emmanuel Taïeb - Transhumanisme et santé parfaite | Page 137 à 150 : Étienne Candel - Les nouveaux outils du pouvoir : tours et atours technologiques de l’autorité | Page 151 à 158 : Jean-Marie Vernier - Gilets Jaunes : la carte (les réseaux sociaux) précède le territoire (les ronds-points) | Page 159 à 167 : Christine Barats - Arnaud Mercier, Nathalie Pignard-Cheynel , #info, Commenter et partager l’actualité sur Twitter et Facebook | Page 169 à 172 : Véronique Campion-Vincent - Yves-Marie Bercé, Esprits et Démons. Histoire des phénomènes d’hystérie collective.

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Spinoza : Ethique (traduction Jules Prat, suivi de 'Prat le traducteur' par Bernard Pautrat)

Allia - Février 2020 - Les arcanes de l'âge classique



"Il n’y a, assurément, qu’une triste et farouche superstition qui défende de se divertir. Car, en quoi est-il plus convenable d’apaiser la faim et d’éteindre la soif, que de chasser la mélancolie ? Telle est ma manière de voir, et c’est ainsi que j’ai tourné mon esprit."
Dieu en tant que nature et origine de l’âme, des passions et de la servitude humaine, force des passions, de la puissance de l’entendement, ou de la liberté de l’homme : voici les grands thèmes dont traite l’œuvre philosophique de Spinoza, dont l’Éthique, imprimée en 1677, est la clef de voûte.
Dans ce texte fondateur de la philosophie moderne, Spinoza entend montrer ce que la raison peut sur les passions et énonce une certaine théorie de la volonté. Ce qu’il appelle servitude, c’est l’impuissance humaine à modérer et réprimer ses passions. Une volonté, quelle qu’elle soit, est une idée par laquelle l’âme affirme ou nie quelque chose, fait ou ne fait pas quelque action. Ce traité pratique de sagesse nous enseigne que le philosophe l’emportera toujours sur l’ignorant, car il possède la connaissance de l’âme. Le lecteur pourra le découvrir dans la traduction de Jules Prat. Jusqu’ici publiée seulement partiellement, cette version que l’on doit aux recherches de Bernard Pautrat est ici proposée dans son intégralité.

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samedi 22 février 2020

Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini : Machiavel. Une vie en guerres

Passé composé - Février 2020


Fondé sur l'ensemble des documents disponibles et sur tous les textes écrits par Machiavel, notamment sa correspondance, ce livre fait le récit d'une vie prise dans une guerre quasiment permanente bouleversant Florence et l'Italie. Sans ces « Guerres d'Italie » rien ne se comprend de ce que Machiavel a fait, dit et rédigé. « Du plus loin que je me souvienne, soit on a fait la guerre soit on en a parlé ; maintenant on en parle, d'ici peu on la fera et, quand elle sera finie, on en parlera de nouveau » écrit-il en 1526. Dans une telle situation, les enjeux et les nécessités de l'écriture et de l'existence s'entrecroisent et se nourrissent les uns les autres, dans une expérience que ne sauraient épuiser les lieux communs et les débats entre spécialistes. L'attention portée aux textes et à la vie des mots permet ainsi de faire entendre la voix de Machiavel, dégagée des exégèses comme des simplifications abusives. Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, par ailleurs traducteurs de Machiavel, proposent ici l'histoire d'une exceptionnelle œuvre-vie.

Jean-Louis Fournel, professeur à l'université Paris-8 Vincennes/Saint-Denis, et Jean-Claude Zancarini, professeur des universités émérite à l'ENS de Lyon, ont publié de nombreux travaux sur l'histoire de la pensée politique italienne de l'Ancien Régime, dont Les Guerres d'Italie. Les batailles pour l'Europe (1494-1559), La Politique de l'expérience et La Grammaire de la République. Ils ont aussi proposé plusieurs éditions françaises commentées des oeuvres de Savonarole, Machiavel et Guicciardini.

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Véronique Alexandre Journeau et Kim Hyeon-Suk (dir.) : L'instant et l'essence de l'inspiration à la croisée des arts et des cultures

L'Harmattan - Janvier 2020



« Question funambulesque que celle de l’inspiration ! » (Danièle Pistone en préface), car « la notion d’inspiration comporte une dimension d’irrationnel, d’instinctif, de spontané qui échappe à l’ordre du monde et de la logique » (Laurent Mattiussi en ouverture).
Le concept d’inspiration est étudié en Occident depuis l’Antiquité (cf. Marianne Massin, La pensée vive, Essai sur l’inspiration philosophique, 2007, qui traite l’histoire du concept dans la création philosophique et littéraire ‒ mais de façon restreinte à l’Occident et sans ouverture aux autres arts). En Asie, l’inspiration n’a pas été conceptualisée en tant que telle : il y est plutôt question de sensation, d’intuition, d’éveil subit… Tout acte de création est d’abord considéré comme produit du souffle vital et de l’imprégnation.
Que l’inspiration résulte d’une préparation consciente (valeur du temps), de l’attente, de la prédisposition à son déclenchement, ou d’une fulgurance tangentielle émanant de la rencontre entre l’intériorité de l’artiste et une extériorité, les auteurs en ont cherché les manifestations, les occurrences, les conditions d’émergence et la façon dont elle se déploie, en particulier lorsque cette extériorité est un autre art ou une autre culture. Ce qui a donné son titre au colloque et à la publication : Instant et essence de l’inspiration à la croisée des arts et des cultures.
« Au fil de ces textes lus, décryptés parfois, mais toujours vivement goûtés, nous avons pris l’habitude de cheminer, d’Extrême-Occident vers l’Orient-Extrême, guidés par vingt-et-une analyses savantes » (Danielle Elisseeff en postface).

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Collectif : Vin et altérité. Le vin à l'épreuve des sciences humaines

Presses Universitaires Reims - Mars 2020

Reflet d'un terroir et d’un paysage, emblème d’une région, d’une nation ou d’une civilisation, le vin facilite aussi le rapprochement entre des dimensions culturelles que nous sommes habitués à distinguer dans nos représentations ordinaires (humain/divin, humain/animal, noble/vulgaire, beau/monstrueux, naturel/artificiel). Il est ainsi vecteur d’altérité, il invite à aller vers l’autre, à modifier ou altérer sa vision du monde, à franchir non seulement les frontières régionales et nationales, mais également le seuil séparant le profane du sacré.
Pour tenter de démêler l’écheveau des multiples affinités entre vin et altérité, il était donc indispensable d’associer les réflexions de professionnels spécialistes du monde du vin à celles de chercheurs issus de nombreux secteurs des sciences humaines, de l’histoire à l’économie en passant par la linguistique, la sémiotique, les sciences de l’information et de la communication ou encore la critique littéraire.
Sommaire
Le vin de l'autre. Introduction
Michel Faure, Sonia Goldblum et Augustin Voegele

Territoires du vin
Vignes et terroirs : splendeur des paysages du monde
Joël Rochard

Le champagne entre terroir et industrie : le périlleux équilibre entre quantité et qualité
Yves Tesson

Le vin de Champagne en Alsace au XVIIIe siècle
Claude Muller

Images du vin, images de l'autre
Les paradoxes du vin dans le récit de voyage
Mohamed Bernoussi

À la rencontre de l'Autre : le vin comme analyseur sémiotique
Michel Costantini

Convivialité et œno-bistronomie : pratiques et usages, entre identité et altérité
Mihaela Bonescu et Joëlle Brouard

Les altérations de la civilisation française du vin
Didier Nourrisson

Les mots du vin
Le vin, le paysage et la langue : « linguistic landscaping » dans le Tyrol du Sud et en Alsace
Eva Lavric, Anja Stingeder et Hanna Waldthaler

Vin et altérite´dans un monde numérique : pour une approche info-communicationnelle
Clémence Andréys, Jean-Claude Domenget et Carsten Wilhelm

La rhétorique du vin : un assemblage de communication multi-sensoriel
Craig Hamilton

Vin, civilisation et langage entre Alsace et Champagne
Jean-Louis Vézien

Du vin en littérature
Le vin au féminin : Henriette de Coligny, comtesse de La Suze (1623-1673)
Mariette Cuénin-Lieber

« Calm[er] les ardeurs de Bacchus par le commerce des Nymphes » Des vertus du vin coupé dans La Nouvelle Héloïse
Christine Hammann

Les masques du vin dans La Nouvelle Héloïse, ou la tentation de l’altérité
Marilina Gianico

Baudelaire, de l’ivresse à l’extase
Robert Kopp


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Revue internationale de philosophie 2020/1 (n° 291) : Lectures de Martial Guéroult

De Boeck Supérieur - Février 2020


Page 7 à 12 : Arnaud Pelletier - Contre Saint-Bergson, ou l’héritage philosophique selon Martial Gueroult | Page 13 à 29 : Michel Fichant - Leibniz, dynamique et métaphysique selon Martial Gueroult | Page 31 à 49 : Denis Kambouchner - Descartes aux limites de l’ordre des raisons : Martial Gueroult et la morale cartésienne | Page 51 à 62 : Tad M. Schmaltz - Gueroult on Spinoza and the Ethics | Page 63 à 76 : Baptiste Mélès - Jules Vuillemin, disciple hétérodoxe de Martial Gueroult | Page 77 à 89 : Igor Krtolica - Aux sources de l’empirisme transcendantal. Deleuze avec et au-delà de Gueroult | Page 91 à 105 : Martial Gueroult, Arnaud Pelletier - Leçon inédite sur les deux versions de la déduction kantienne des catégories.

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