lundi 31 octobre 2022

Marc Crépon : L'héritage des langues. Ethique et politique du dire, de l'écrire et du traduire

 Fayard - Novembre 2022


Dans ce séminaire qui s’adresse à tous et ne suppose rien,Marc Crépon lit et nous fait lire Monolinguisme de l’autre un texte bref, paradoxal et terriblement actuel de Jacques Derrida.
Il s’agit, tout compte fait, de « l’enjeu politique de ce temps » : comment défendre la différence linguistique, celle du français comme celle du moldave ou de l’ukrainien, sans céder au nationalisme ? Je n’ai qu’une langue, écrit Jacques Derrida, et ce n’est pas la mienne. Il faut comprendre comment et pourquoi « une langue, ça n’appartient pas ». À partir de ce constat : l’identité, telle que fantasmée et revendiquée par certains discours nationalistes, est une fiction, Marc Crépon propose une éthique et une politique du dire, de l’écrire, du traduire.

Marc Crépon, né en 1962, directeur de recherches au CNRS (Archives Husserl), il a dirigé le département de philosophie de l’École normale supérieure de 2011 à 2019 ; il est actuellement directeur du Master de philosophie de l’université Paris Sciences Lettres. Il travaille en philosophie morale et politique, avec pour fil conducteur la question de la violence. Il a publié, entre autres : ; Nietzsche, l’art de la politique de l’avenir, PUF, 2003 ; Terreur et poésie, Galilée, 2004 ; Langues sans demeure, Galilée, 2005 ; Altérités de l’Europe, Galilée, 2006 La culture de la peur, identité, sécurité, démocratie, Galilée, 2008 ; Vivre avec, la pensée de la mort et la mémoire des guerres, Hermann, 2008 (traduit en anglais) ; La guerre des civilisations, Galilée, 2010, La vocation de l’écriture, la littérature et la philosophie à l’épreuve de la violence, éd. Odile Jacob, 2014., La gauche, c’est quand ?, éd. de l’équateur, 2015 ; L’épreuve de la haine, essai sur le refus de la violence, éd. Odile Jacob, 2016 ; Inhumaines conditions, combattre l’intolérable, éd. Odile Jacob, 2018 ; Ces temps-ci, la société à l’épreuve des affaires de mœurs, Payot-Rivages, 2020.

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dimanche 30 octobre 2022

Sigmund Freud et Marie Bonaparte : Correspondance intégrale, 1925-1939

 Flammarion - Octobre 2022


En 1925, la princesse Marie Bonaparte se rend à Vienne pour consulter le Pr Sigmund Freud. Cette rencontre sera « le plus grand événement de ma vie », note l’arrière-petite-nièce de Napoléon Ier, princesse de Grèce et de Danemark.

Durant quatorze années, ils échangeront près de neuf centslettres jusqu’à la mort du fondateur de la psychanalyse, en 1939. Conservé à la bibliothèque du Congrès à Washington, cet ensemble de lettres est le dernier grand corpus de correspondance freudienne encore inédit.
Passionnante de bout en bout, foisonnant d’informations sur l’introduction de la psychanalyse en France, cette correspondance raconte un monde appelé à disparaître au cœur duquel deux protagonistes des plus étonnants évoluent. Car entre la princesse venue pour soigner sa dépression et l’un des savants les plus influents de son siècle, une amitié naît, qui dépasse bientôt le cadre de l’analyse. Leurs échanges donnent à voir un Freud tour à tour séduit, amusé, parfois lassé de cette patiente qui n’a de cesse de vouloir vivre pleinement sa vie amoureuse et questionne les conceptions freudiennes sur la femme à une époque où la quête du plaisir féminin reste profondément subversive.

« La dernière des Bonaparte », comme elle aimait à se qualifier, loin d’être la disciple dévote que l’on a parfois décrite, témoigne au fil des pages d’une liberté de pensée audacieuse. Quels que soient leurs désaccords, Freud verra en elle une élève loyale. De fait, elle ne le trahira jamais et mettra sa fortune au service de la Société psychanalytique de Paris (SPP), qu’elle contribua à créer et, avec l’aide de nombreux soutiens, se portera à son secours pour l’aider à quitter l’Autriche nazie en 1938.

éd. Rémy Amouroux

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Jean Birnbaum (dir.) : Être humain ?

 Gallimard - Octobre 2022 - Folio essais




Qu’est-ce donc qu’être humain aujourd’hui ? La question, très actuelle, est celle de l’éthique et de ses conditions de possibilité.


À quels gestes reconnaît-on une personne qui se comporte de façon humaine, simplement et solidement humaine ? Si « se montrer » humain, c’est offrir cette « épiphanie du visage » que Levinas affirmait être la condition de tout lien et de toute justice, peut-on encore « être humain » quand on doit être masqué ? Voulons-nous d’une humanité démissionnaire et spectatrice d’elle-même, confiant à des algorithmes le soin de maîtriser les aléas de l’existence ? Réussirons-nous à mettre fin à la hiérarchisation sexuée de notre monde commun afin que les femmes deviennent pour de bon les égales des hommes ?

Telles sont quelques-unes des questions essentielles auxquelles tentent de répondre les auteurs de ce livre.

Textes de Dominique Avon, Étienne Balibar, Étienne Bimbenet, Alain Caillé, Patricia Eichel-Lojkine, Camille Froidevaux-Metterie, Donatien Grau, Sandra Laugier, Andrea Marcolongo, Élisabeth Roudinesco, Marie-Françoise Sales.

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Horst Bredekamp : Les fenêtres de la monade. Gottfried Wilhelm Leibniz. Art et théâtre de la nature

 Les Presses du Réel - Septembre 2022


Dans cet essai, l'historien de l'art et philosophe Horst Bredekamp démontre l'importance de l'analyse visuelle et le rôle central des images dans le développement de la pensée philosophique de Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716). S'appuyant principalement sur le concept leibnizien de monade et sur le Théâtre de la nature et de l'art, élaboré par le philosophe et savant allemand de 1671 jusqu'à sa mort, Bredekamp place Leibniz en précurseur de la théorie de l'image.

Ce livre s'inscrit dans le contexte d'un essai de reconstruction du rôle central des images dans l'émergence de la philosophie moderne à partir de figures marquantes du XVIIe siècle. Ce projet a débuté en 2003 avec l'analyse de la théorie de l'Etat basée sur la politique des images développée dans le Léviathande Thomas Hobbes. A partir des idées de Leibniz de créer un théâtre de la nature et de l'art ainsi qu'un atlas de la force de l'imagination, le travail se prolonge ici, ce qui pourrait se révéler hautement important pour comprendre sa philosophie. En effet, ces idées sont jusqu'à présent quasiment inconnues de la recherche, alors que Leibniz leur attribuait une place centrale et les a portées avec opiniâtreté et persévérance. Ce qui s'explique tout autant par la diffusion lacunaire et fragmentée des écrits de Leibniz que par une traditionnelle tendance de l'histoire de la philosophie à privilégier l'univers de l'haptique et du visuel chaque fois qu'est visée sa transcendance.

Les récents volumes de l'édition de l'Académie offrent cependant pour la première fois la possibilité de retracer dans le contexte la valeur que Leibniz attache à la main qui tâtonne et qui dessine ainsi qu'à l'œil curieux et exercé. Avec son projet de Théâtre de la nature et de l'art, il complète non seulement l'incroyable vivacité et diversité de sa pensée et de ses activités, mais leur donne de surcroît un nouveau cadre. La fascination de Leibniz pour le Theatrum naturae et artis pourrait transformer la perception globale de sa philosophie. En effet, tout en creusant le fossé entre calcul et contemplation, entre l'absence de fenêtre de la Monade et la forme physique de ses modes de perception, elle n'en jette pas moins des ponts réconciliateurs.

Le lecteur découvrira ici une étude majeure du champ disciplinaire de la Bildwissenschaft, la « science de l'image », discipline encore méconnue en France mais au centre des débats internationaux sur la théorie de l'image, constituant le versant germanophone des visual studies anglophones.

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Patrick Tort : Du totalitarisme en Amérique. Comment les Etats-Unis ont instruit le nazisme

 Erès - Octobre 2022


Patrick Tort montre comment les États-Unis ont construit leur puissance sur l’intégration des composantes de l’Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l’individualisme libéral, l’impérialisme et ses justifications raciales et l’eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix. À travers la planification eugéniste, son arsenal médico-législatif (Laughlin) et ses croisades racistes, antisémites et conspirationnistes (Ford), l’Amérique blanche a fourni à Hitler les pièces détachées de sa doctrine pour un montage « externalisé » dont les élaborations concrètes apparaîtront dès son accession au pouvoir. Ce passage à l’acte, rendu possible dans une Allemagne unifiée par la « mise au pas » des Länder, fut encouragé et salué par les voix les plus puissantes de l’eugénisme américain, reconnaissant volontiers sur un mode sincèrement admiratif que, dans cette réalisation, l’élève germanique avait dépassé le maître anglo-saxon, handicapé à cet égard par la disparité juridico-législative des États et le perpétuel souci de la constitutionnalité.

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samedi 29 octobre 2022

Bernard Silvestre : Repenser l'Énéide

 Septentrion - Octobre 2022


Écrit au XIIe siècle, le Commentaire sur les six premiers livres de l'Énéide interprète les errances maritimes d’Énée et sa descente aux enfers comme le périple d’une âme en quête d’elle-même et de Dieu. Les mythes antiques y sont repensés à la lumière d’un syncrétisme philosophique hérité de l’antiquité tardive, et décryptés à travers des jeux étymologiques repris de Fulgence. Un voile se lève peu à peu sur une révélation, un voile nommé integumentum.

Un manuscrit tardif attribue ce commentaire à Bernard Silvestre, un professeur tourangeau proche des maîtres de l’école de Chartres. Nains assis sur les épaules des géants de l’Antiquité, ces clercs médiévaux se conçoivent comme des esprits novateurs, mais aussi comme des passeurs. Le Commentaire sur l’Énéide a été connu de Boccace, il a sans doute inspiré Dante. Il est donc un maillon essentiel de la chaîne de transmission et d’interprétation des mythes gréco-latins. Il est ici traduit et commenté pour la première fois en français.

Sommaire

Transmission du commentaire : la tradition manuscrite
Le problème de l'auteur
Bernard Silvestre, malgré tout ?
Un enseignant : le monde des écoles
Une hiérarchie des sciences : sagesse/savoir, éloquence et poésie
Le « connais-toi toi-même »
Guillaume de Conches et le platonisme chartrain
L'integumentum, entre interprétation allégorique des fables et résurgence néo-platonicienne du mythe platonicien
Un prélude à l’integumentum : l’Énéide selon Fulgence
Calcidius, Macrobe, Boèce et Martianus : pour une lecture « platonicienne » de l’Énéide
La postérité du commentaire
Les éditions et traductions existantes
Notre traduction annotée

Résumé du commentaire

Commentum Super Sex Libros Eneidos VirgiliiCommentaire sur les six premiers livres de l’Énéide attribué à Bernard Silvestre.67

Prologue
Continentia Fabulosa Primi Libri...Le contenu fabuleux du premier livre
Secundus Liber
Second livre
Liber Tertius
Troisième Livre
Quartus liber
Quatrième Livre
Liber Quintus
Cinquième Livre
Liber Sextus
Sixième Livre
Continuation du livre VI (sans doute apocryphe)

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Élisabeth de Fontenay : L'identité humaine

 Bouquin - Octobre 2022


Issue, par son père, d'une vieille famille catholique de droite, Élisabeth de Fontenay a été élevée dans l'ignorance des racines juives de sa mère, convertie au catholicisme, dont la famille fut exterminée à Auschwitz. À vingt-deux ans, elle rompt avec la religion catholique pour se tourner vers le judaïsme et assumer son ascendance juive. À la fois détruite et construite, dit-elle, par le secret qui entoura ses origines. Dans toute son œuvre, elle n'a cessé de s'interroger sur les devoirs que nous avons envers les êtres vulnérables et de chercher à combler le silence de sa mère, celui de son frère, celui aussi des animaux qu'on extermine. Élisabeth de Fontenay, inlassablement, s'est attachée à mettre la philosophie " à l'épreuve de l'animalité ", sans pour autant " offenser le genre humain ". Elle dénonce une tradition philosophique responsable, à ses yeux, de la longue méconnaissance de l'animal au nom du " propre de l'homme ", et rappelle avec force que l'attention portée aux animaux ne saurait entrer en contradiction avec celle que l'on porte aux êtres humains et à leur propre identité. Fragilité, animale ou humaine, stupeur face à la violence génocidaire, amour de la littérature, admiration et méfiance mêlées vis-à-vis des Lumières, mais passion pour Diderot, " inventeur d'un matérialisme enchanté ", engagement politique, autant de thèmes qui s'entrelacent dans ce volume rassemblant l'essentiel d'une œuvre sensible, dense et inclassable, qui fait autorité et assure à son auteur un grand rayonnement.

Ce volume contient : Actes de naissance – Gaspard de la nuit – En terrain miné (avec Alain Finkielkraut) – Une tout autre histoire – La Prière d'Esther – Diderot ou le matérialisme enchanté – " Flaubert, un pensum mystique " – " Barbey, cet absolu littéraire " – La Grâce et le progrès – Sans offenser le genre humain – " Lucrèce, la force de dissidence du poème " – " La raison du plus fort " – " Entretien avec Jean-Louis Poirier ".

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Études 2022/11 (Novembre) : Écologie et démocratie

 S.E.R. - Octobre 2022


Page 5 à 6 : Bruno Saintôt - Prescrire la mort ? | Page 7 à 16 : Jean-Luc Pouthier - Le fascisme revient-il en Italie ? | Page 17 à 28 : Damien Larrouqué - Chili, l’acte constitutionnel manqué | Page 29 à 30 : Thomas Gomart - La dernière colonie | Page 31 à 40 : Éric Pommier et Nathalie Sarthou-Lajus - Écologie et démocratie | Page 41 à 50 : Sidoine Delteil - La fabrication du doute dans le cadre de la pandémie de Covid-19 | Page 51 à 62 : Benoît Gautier - Les cadres catholiques | Page 63 à 64 : Jean-Philippe Pierron - Qu’est-ce que l’Anthropocène ? | Page 65 à 76 : Gilles Routhier - Le pape François au Canada | Page 77 à 88 : Erwan Chauty et Paolo Monzani - Quelle exégèse biblique pour l’Anthropocène ? | Page 89 à 90 : Anne Lécu - Une voix de fin silence | Page 91 à 98 : Jean Collet - Jean-Luc Godard, le cinéma et la vie | Page 99 à 102 : Expositions | Page 103 à 108 : Films | Page 109 à 112 : Notes de lecture | Page 113 à 144 : Récensions.

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Emmanuel Berl : Le Temps, les idées et les hommes

Robert Laffont - Octobre 2022 - Bouquins


Préface de Bernard de Fallois

Auteur d’une vingtaine de livres et de plusieurs centaines d’articles, parent de Bergson et de Proust, ami de Drieu la Rochelle et de Malraux, Emmanuel Berl a occupé une place importante dans la littérature de l’entre-deux-guerres. Modèle d’esprit critique, sans conformisme ni dogmatisme, il est un représentant très original de la pensée libérale. Il est aussi, par l’acuité de son jugement et la limpidité du style, un grand moraliste français.

Essayiste, historien, pamphlétaire, journaliste politique, écrivain d’art, mémorialiste, Berl a touché à beaucoup de genres. Il passe de Tamerlan à l’affaire Dreyfus, d’un cours de Bergson à une lecture de Simone Weil, de la sagesse de Goethe à l’amour chez Proust, de la Kabbale à la psychanalyse. À travers mille anecdotes, portraits, souvenirs ou citations, il s’interroge aussi sur l’oubli, le progrès, le langage, la culture, la révolution, la mort. Il avait un goût extrême de l’amitié. Dans les hommages qu’il a rendus à tel ou tel de ses amis – Daniel Halévy, Martin du Gard, Camus et bien d’autres –, c’est lui que nous voyons comme dans un miroir. Dans ces textes, classés par thèmes mais si divers, on trouvera le meilleur de Berl. Car il n’est jamais plus frappant que quand il réagit à une lecture ou à un événement, passe de la réaction à la réflexion et s’élève avec facilité à l’essentiel.

La lecture de Berl est l’une des plus enrichissantes qui soient, souligne Bernard de Fallois dans sa préface. Elle nous permet de rencontrer l’un des esprits les plus complets, les plus intelligents, les plus justes de notre temps.

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Érik Porge : L'incurable de la vérité. Un réel de la psychanalyse

 Eres - Octobre 2022


Les psychanalystes ont eu à connaître les effets symptomatiques des discours politico-sanitaires de la période pandémique, tant au niveau individuel (symptômes psychosomatiques par exemple) que collectifs (désagrégations sociales). Ils ont eu aussi l’occasion d’en subir eux-mêmes les effets dans les conditions de leur exercice et dans leur rapport au public et aux autres analystes.

Le rapport aux discours sur la pandémie a constitué un « moment de vérité » de la non-adéquation entre vérité, savoir et sexuel, qui a poussé Erik Porge à revisiter les fondements de l’acte analytique : l’importance de la psychanalyse en présence par rapport à la téléanalyse, le soin en psychanalyse et la guérison par surcroit, l’action du surmoi et l’incorporation du signifiant, les définitions structurales des symptômes dits psychosomatiques et l’opposition entre la perversion et la sublimation, la formation des analystes et la transmission de la psychanalyse...

Si l'analyste peut s'orienter en fonction de la normativité de « structures cliniques » – et non d’une psychopathologie –, c’est à condition de « lire entre les lignes » l'instance de la lettre dans les symptômes. Ainsi, il ne peut qu'être attentif aux effets de ségrégations et de « désagrégation moléculaire » liés à la servitude d'un surmoi collectif exacerbé.

Erik Porge exerce la psychanalyste à Paris, il dirige la revue Essaim et il est membre de L’instance lacanienne.

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vendredi 28 octobre 2022

Plotin : Le suicide.Traité 16 (Ennéade I, 9)

 L'Harmattan - Octobre 2022


Plotin (205-270) est le premier des philosophes néoplatoniciens aussi bien d'un point de vue chronologique que par son importance. Auteur de 54 traités regroupés en six Ennéades (« neuvaines »), il consacra l'un d'eux, le traité 16 (Ennéade I, 9), très bref, à la question du suicide. Dans cet ouvrage Plotin se demande si et quand le suicide peut être un choix légitime. Le commentaire qui accompagne la traduction de ce traité s'efforce de l'éclairer même pour un lecteur qui ne connaîtrait rien de la pensée de son auteur, et de déployer les différentes problématiques, issues de la pensée antique et en particulier platonicienne et stoïcienne, dans lesquelles s'inscrit l'analyse de Plotin.

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Auguste Nsonsissa (dir.) : Epistémologiser

 L'Harmattan - Octobre 2022 - Cahiers épistémologiques


Cet ouvrage fait ressortir l'épaisseur contemporaine de la multiversalité de la philosophie des sciences. On aurait donc osé ré-ouvrir, en guise de challenge, de nouveaux couloirs épistémologiques et philosophiques moyennant lesquels les philosophes contemporains sortiraient des réductionnismes pour sursumer la répétitivité des textes philosophiques qui gagnent souvent quelques-uns pensant encore en rond. C'est bien dans cet esprit innovant et problématisant que les contributeurs à ce numéro ont cru pouvoir axer leurs propos. Mahamoudou Konaté a choisi de penser la crise du langage scientifique suivant l'axe épistémologique de la crisologie. Et ce, à la lumière de « l'École de Copenhague ». Quant à Dango Adjoua Bernadette, son analyse critique se fonde sur la logique déontique en tant qu'art de penser et d'appliquer les modalités normatives. Pour Ahamadou Hamage Issa, penser la biodiversité est d'une singulière actualité pour un pluralisme axiologique à partir des pluralismes scientifiques. Auguste Nsonsissa examine « l'émersiologie » pour lever l'équivoque du corps plastique dans l'horizon épistémologique des savoirs corporels. Marcel Homet Miyala Mabiala étudie la position de Wittgenstein dans le débat contemporain sur l'indicibilité du Tractatus. Il relève le caractère problématique de l'existence d'un métalangage. Enfin, ce numéro fait droit à un varia qui donne à lire l'article de Koné Kiyali dont l'enjeu réside dans l'instruction coranique qui conduit à la délinquance juvénile. Le cas des « Garibous » de Korhogo est ici mis en relief.

Auguste Nsonsissa est Professeur titulaire des Universités (CAMES) de Philosophie. Habilité à Diriger des Recherches (HDR) de l'Université Paul Valery Montpellier 3. Enseignant-Chercheur à l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville, il est aussi membre de la Société de Philosophie des Sciences (SPS), et Chercheur Associé au Centre Edgar Morin.

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Agata Zielinski : La perte de l'évidence humaine. Phénoménologie de la relation en situations extrêmes

 Hermann - Octobre 2022


Que se passe-t-il en nous face à la perte de l’évidence humaine, lorsque les attributs classiques de la personne humaine font défaut ? Les situations de non-communication, d’absence de réciprocité interrogent la définition de l’humain : qu’est-ce que rester ou cesser d’être humain ? La question de l’appartenance commune à l’humanité passe par l’interrogation sur le semblable, jusqu’à mettre au jour un paradoxe qui nous semble être la clef de la relation en situations extrêmes : une ressemblance qui s’impose et indispose, causant un effroi que l’on cherche à fuir. Cette ressemblance, qui s’expérimente sur le mode d’une inquiétante étrangeté, renvoie à une historicité humaine primordiale, celle de la détresse initiale. Mais qui est mon semblable ? Celui dont je reconnais la proximité, et dont je peux me décider à m’approcher. La relation, capacité à se tenir proche, réouvre un monde commun. La phénoménologie de la relation en situations extrêmes permet d’esquisser une éthique de la « prochaineté ».

Agata Zielinski, ancienne élève de l’ENS de Fontenay/Saint-Cloud, agrégée et docteur en philosophie, est maître de conférences en philosophie HDR au Centre Sèvres (Paris). Elle est également membre du groupe éthique de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP).

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Tristan Velardo : La Problématique de Schumpeter. De la nouveauté à la théorie générale du capitalisme

 Classiques Garnier - Octobre 2022


Ce livre propose une reconstruction de la théorie générale du capitalisme présente dans les écrits de Joseph A. Schumpeter ainsi qu'une enquête sur sa cohérence et ses limites. Pour ce faire, l'intention et la direction des oeuvres de Schumpeter sont mises au jour sous la perspective d'une problématique permettant leur unification : la dynamique de la nouveauté. L'ouvrage se double d'une enquête en philosophie économique visant à retrouver les implicites philosophiques véhiculés dans la théorie générale, sous la forme de substrats nietzschéens et darwinistes. La théorie générale offre une grille de lecture du capitalisme comme une méthode de diffusion et d'absorption économique, institutionnelle et culturelle de l'irruption des innovations.

Tristan Velardo est docteur en sciences économiques et agrégé de sciences économiques et sociales, il est actuellement enseignant-chercheur à Sciences Po Bordeaux, rattaché au laboratoire CLERSÉ. Ses recherches portent sur l'histoire de la pensée économique et la philosophie économique.

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Arnaud Tripet : La Lanterne de Diogène

 Classiques Garnier - Octobre 2022


Diogène le Cynique n'était pas en quête d'échos. Pourtant, sa philosophie ne cesse d'imprégner la pensée des hommes depuis l'Antiquité. Il s'est dressé contre ce qui entrave notre liberté, préoccupation commune à tous ceux qui, le sachant ou non, le suivent à travers les siècles. Le présent essai est un voyage sur ses traces, un voyage lors duquel des expériences très disparates se rencontrent puisqu'elles vont, sous l'égide du grand répondant cynique du Ive siècle, de la Renaissance au Romantisme et du christianisme au bouddhisme zen. Mais grâce au dénominateur commun de la remise en question, un certain air de famille nous a frappés chez tous ceux que nous interrogions, non moins que la présence d'une agréable bonne humeur.

Arnaud Tripet, professeur émérite de littérature française et italienne des universités de Chicago et de Lausanne, consacre ses travaux à la Renaissance et aux XVIIIe et XIXe siècles européens. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et essais de philosophie ainsi que de trois recueils de nouvelles. Il a notamment publié Jean-Jacques Rousseau : la tension et le rythme (Paris, 2012) et L'Atelier du doute (Paris, 2016).

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mercredi 26 octobre 2022

Philippe Ivernel : Walter Benjamin. Critique en temps de crise

Klincksieck - Octobre 2022


Philippe Ivernel engage vers 1960 une thèse intitulée Walter Benjamin. Critique en temps de crise. Retrouvé dans ses archives après sa disparition en 2016, ce travail inédit et resté inachevé a donné l’impulsion première à ce recueil de textes qui couvre plus de cinquante années de recherches consacrées au philosophe berlinois. Une double ambition s’y donne à voir dès le départ : faire connaître rigoureusement, y compris dans ses dimensions les plus méconnues, la pensée de l’auteur de Sens unique et montrer comment s’y nouent, à partir des années trente, des relations singulières, complexes et parfois tendues, avec l’œuvre de Bertolt Brecht grâce à laquelle, au tout début de sa formation, Philippe Ivernel découvrit les écrits de Walter Benjamin.
La question pratique du geste et plus largement du corps, sur scène comme dans la vie, acquiert dès lors, chez Walter Benjamin et dans les interprétations proposées par Philippe Ivernel, une place éminente, de nature foncièrement politique, place rarement soulignée et où s’origine l’espace de l’action, du passage à l’action, que cette dernière renvoie à la figure de l’enfance, souvent convoquée, ou relève plus souterrainement de la sphère de l’utopie, jamais négligée.
D’articles en conférences, de préfaces en synthèses didactiques, à travers fragments et entretiens, Philippe Ivernel déploie ainsi le profil d’un Walter Benjamin critique en temps de crise : un homme non seulement en prise avec les urgences de son temps exposé aux menaces des fascismes, mais un penseur dont chaque mouvement porte à réflexion.

Germaniste, Philippe Ivernel (1933-2016) rejoint, juste après mai 1968, le Centre universitaire expérimental de Vincennes où il enseigne jusqu’en 1994 (Paris 8 Saint-Denis). Remarqué pour ses articles d’opposition à la guerre d’Algérie, il commence à la même époque une thèse consacrée à Walter Benjamin. Critique en temps de crise. Grand traducteur et interprète subtil de Bertolt Brecht, Walter Benjamin, Max Horkheimer, Günther Anders, Georg Simmel, Hans Jonas, Ernst Bloch, Peter Weiss, Rainer Werner Fassbinder, Valeska Gert ou encore Asja Lacis, il devient aussi spécialiste du théâtre d’agitprop, du théâtre d’intervention, des théâtres anarchistes ou prolétariens, et accompagne des troupes contemporaines comme le Théâtre de l’Aquarium, le Théâtre de l’Est parisien, le Théâtre du Radeau.

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Malick Diagne : La Laïcité. Histoires, théories et pratiques

 Hermann - Octobre 2022


Ce livre montre qu’une analyse du concept de laïcité bute immanquablement sur la double difficulté de l’extraire de sa forte imprégnation de la tradition républicaine française d’un côté, et, de l’autre, de cette vision très étriquée qui en fait une séparation radicale de l’État et des religions dans leur grande diversité. L’enjeu est désormais de sortir de cette vision réductrice pour aller vers une conception ouverte et dynamique qui l’instruit comme un principe républicain de la modernité politique. Ainsi, le postulat de départ est d’appréhender la laïcité comme un principe intégrateur au sein des sociétés modernes. Un tel postulat fait voir au bout du compte que les conceptions du monde, les croyances, les pratiques cultuelles et culturelles ne peuvent cohabiter harmonieusement que dans un « vouloir vivre-ensemble » encadré par les principes de la paix.

Malick DIAGNE est enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est spécialiste d’Éthique, philosophie morale et politique. Il est l’auteur de plusieurs publications de philosophie politique et de sociologie politique. Depuis plus de deux décennies, il s’est particulièrement intéressé aux dynamiques en cours au sein de l’espace public en Afrique à travers l’étude des dynamiques, des acteurs, des discours et des catégories.

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Benoît Peeters : Jacques Derrida

 Flammarion - Octobre 2022


Écrire la vie de Jacques Derrida (1930-2004), c'est raconter l'histoire d'un petit Juif d'Alger, exclu de l'école à douze ans, qui devint le philosophe français le plus traduit dans le monde, l'histoire d'un homme fragile et tourmenté qui, jusqu'au bout, continua de se percevoir comme un "mal aimé" de l'université française.C'est faire revivre des mondes aussi différents que l'Algérie d'avant l'Indépendance, le microcosme de l'École normale supérieure, la nébuleuse structuraliste, les turbulences de l'après-68. C'est évoquer une exceptionnelle série d'amitiés avec des écrivains et philosophes de premier plan, de Louis Althusser à Maurice Blanchot, de Jean Genet à Hélène Cixous, en passant par Emmanuel Levinas et Jean-Luc Nancy. C'est retracer une série d'engagements politiques courageux, en faveur de Nelson Mandela, des sans-papiers ou du mariage gay. C'est relater la fortune d'un concept - la déconstruction - et son extraordinaire influence, bien au-delà du monde philosophique, sur les études littéraires, l'architecture, le droit, la théologie, le féminisme, les queerou les postcolonial studies. Pour écrire cette biographie passionnante et riche en surprises, Benoît Peeters a interrogé plus d'une centaine de témoins. Il est aussi le premier à avoir pris connaissance de l'immense archive personnelle accumulée par Jacques Derrida tout au long de sa vie ainsi que de nombreuses correspondances. Son livre renouvelle en profondeur notre vision de celui qui restera sans doute comme le philosophe majeur de la seconde moitié du XXᵉ siècle.

Benoît Peeters est né à Paris en 1956. Son premier roman, Omnibus, est paru aux éditions de Minuit en 1976. Depuis lors, Benoît Peeters a multiplié les travaux dans les domaines du scénario, de la critique, de l'édition et de la conception d'expositions.

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François Jarrige : On arrête (parfois) le progrès. Histoire et décroissance

 L'échappée - Octobre 2022


Saviez-vous qu’au siècle de la machine à vapeur, on s’inquiétait déjà de la surconsommation d’énergie et des limites à la croissance ? Pensiez-vous que la « fée électricité » avait été rejetée par des réfractaires au confort moderne, soucieux de ne pas dépendre de grands systèmes techniques ? Imaginiez-vous que nos ancêtres fustigeaient les automobilistes « écraseurs » et s’en prenaient à l’accélération des transports ? Que des travailleurs s’opposaient au sacro-saint « développement des forces productives » ? Que des écologistes avant l’heure alertaient sur la destruction de la nature par la civilisation industrielle ? Contrairement au fameux adage selon lequel « on n’arrête pas le progrès », le recours à l’histoire démontre qu’il n’y a pas de fatalité technologique. L’humanité n’est pas vouée à s’adapter, résignée, à l’implacable règne des machines. La course à la puissance a toujours fait face à de profondes remises en cause. Les textes réunis ici s’appuient sur la mémoire de ces résistances pour nourrir la réflexion actuelle autour de la nécessaire décroissance. Alors que l’expansion indéfinie nous conduit à l’abîme et que l’artificialisation du monde s’intensifie, des bifurcations restent possibles. Et elles sont vitales.

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Candice Delmas : Le devoir de résister. Apologie de la désobéissance incivile

 Hermann - Octobre 2022


Quelles sont nos responsabilités face à l’injustice ? Les philosophes considèrent généralement que les citoyens d’un État globalement juste doivent obéir à la loi, même lorsqu’elle est injuste, quitte à employer exceptionnellement la désobéissance civile pour protester. Les militants quant à eux, qu’ils luttent pour les droits civiques, contre les violences faites aux femmes ou pour le climat, jugent souvent que l’obligation première est résister à l’injustice.

En revisitant le concept d’obligation politique, Candice Delmas montre que le devoir de résister a les mêmes fondements que le devoir d’obéir à la loi. Des formes de désobéissance incivile, de l’aide clandestine aux migrants aux fuites de documents non autorisés en passant par l’écosabotage ou les cyberattaques, peuvent parfois être justifiées, voire moralement requises, même dans des sociétés démocratiques.

C'est par ces moyens illicites et incivils que les Freedom Riders ont dénoncé la ségrégation aux Etats-Unis, que #BlackLivesMatter a révélé les violences policières ou #MeToo l'ampleur des phénomènes de harcèlement et des féminicides. L’incivilité interpelle, accuse, rend l’indifférence impossible et force à prendre parti.

Alors, qu'est-il légitime de faire pour défendre une cause juste dans un État de droit qui en ignore les enjeux?

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lundi 24 octobre 2022

F. Dubor, S. Smadja (dir.) : Entre monologue et dialogue

 Hermann - Octobre 2022


Un monologue est-il nécessairement dialogue ? Ma voix ne s’abstrait jamais de la voix des autres. En est-elle pour autant dialogale ? Un dialogue peut-il échapper aux monologues croisés ? Le monologue n’est-il pas parfois un dialogue biaisé, l’aveu fondamental (et parfois déchirant) d’une solitude ? De ce point de vue, le monologue serait révélateur de ressorts psychiques fondamentaux mais aussi, plus généralement, de la condition humaine. Le monologue représente une constante dans les formes que prend le discours humain, parce que l’homme est cet être enraciné dans sa propre finitude, qui naît et meurt seul. Entre littérature et théâtre, cet ouvrage collectif propose une traversée aux frontières du monologue et du dialogue.

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Stéphane Breton (dir.) : Penser le silence

 Editions de l'Aube - Octobre 2022


Cet ouvrage propose un regard croisé, sensible et humain, sur le silence, sur des silences. Chacun à sa manière, selon sa propre musicalité, expose ses perceptions, aborde ses ressentis, dévoile ses sensations vis-à-vis du silence. Le silence comme un écho, une résonance, un faiseur de correspondances. Le silence qui parle, soupire, menace ou tranquillise. Une écoute au plus près de l'intime de l'être, comme le souligne Maurice Maeterlinck : " dès que nous avons quelque chose à nous dire, nous sommes obligés de nous taire. " Le silence précède la création, ou mieux la création procède souvent du silence. C'est cette expérience que cet ouvrage propose de penser.

Stéphane Breton est hypnothérapeute, auteur et enseignant. Avec la participation de Robert Misrahi, philosophe, professeur d'Université ; Daniel Sibony, philosophe, psychanalyste ; Roland Gori, psychanalyste, professeur d'Université ; Jean Allouch, psychanalyste ; Baptiste Trotignon, musicien et compositeur ; Li Chevalier, artiste peintre ; Agnès Renaut, autrice ; Philippe Rei Ryu Coupey, maître zen. Préface de Francis Wolff, philosophe et professeur d'Université.

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dimanche 23 octobre 2022

Frédérique Ildefonse : Le multiple dans l'âme. Sur l'intériorité comme problème

 Vrin - Octobre 2022


La présente enquête ne remet pas seulement en cause l’usage des concepts modernes de moi, soi, sujet, intériorité, personne ou individu dans l’analyse des textes philosophiques de l’Antiquité grecque. Suivant le fil conducteur du multiple dans l’âme, elle cherche à faire apparaître les configurations conceptuelles qu’une telle projection occulte et la façon dont les Anciens, souvent jugés si proches, pensaient autrement que nous. S’attachant à élucider les différentes manières de problématiser l’intérieur qu’on dit mental ou psychique, elle se concentre principalement sur Homère, Platon, Aristote et les Stoïciens, tout particulièrement Épictète et Marc Aurèle. L’analyse qui suppose un travail permanent sur la traduction des textes grecs examinés met au jour la prégnance d’une identité normative et l’inscription de la singularité humaine dans le monde. Prendre en compte le multiple dans l’âme permet de mettre en évidence la part du polythéisme grec et de la théorie du destin, et ce parcours ne concerne pas seulement la philosophie, mais aussi l’anthropologie et la psychanalyse.

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Emmanuel Renault : Le travail et ses problèmes. Biologie, sociologie et politique chez John Dewey

 Vrin - Octobre 2022


Ce livre part d'un constat : rares sont les philosophes ayant conféré autant d'importance au travail que Dewey, lui qui défend son « éternelle dignité ». Déconstruisant les dualismes classiques (poièsis/praxis, travail/loisir, travail/jeu, travail/art, etc.), Dewey analyse le travail selon des points de vue complémentaires. Dans le cadre de la théorie de l'action, le travail se distingue comme activité spécifique. Il est thématisé comme une fonction biologique dans une perspective évolutionniste, et pensé comme un métier d'un point de vue sociologique et psychologique. Enfin, en politique, le travail devient chez Dewey un enjeu majeur, puisqu'une démocratie véritable impliquerait pour lui une démocratisation des lieux de travail qui supposerait à son tour de profondes transformations de nos manières de travailler. Dewey mérite indéniablement d'être considéré comme l'un des principaux philosophes du travail. L'actualité de son oeuvre se joue là aussi.

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Barbara Cassin : Ce que peuvent les mots

 Bouquins - Octobre 2022


Barbara Cassin est inclassable. Marginale, ni normalienne ni agrégée, mais médaillée d'or du CNRS et élue de l'Académie française. Philologue et helléniste quand se perd la science du grec ancien, elle intervient pourtant, à partir de ce savoir, dans le quotidien, au moyen d'expositions, écrit dans les journaux, travaille avec les classes à Saint-Denis ou à Marseille.
Spécialiste des présocratiques, ces " philosophes " du Ve siècle avant J.-C. que Martin Heidegger désigne comme l'aurore de la pensée, Barbara Cassin raconte l'histoire de la philosophie en s'appuyant sur les sophistes, ces autres maîtres en culture et en démocratie.
Ce volume réunit des textes devenus souvent introuvables, des traductions – de Gorgias en particulier – et des ouvrages intégraux, parmi lesquels Parménide, la langue de l'être ?, Aristote, la décision du sens. Tous structurés autour d'une trame qui fait de cet ouvrage une oeuvre à part entière.
Sa rencontre avec René Char et Martin Heidegger a conduit Barbara Cassin à repenser le rapport entre philosophie et poésie. Que peut le langage, peut-on fabriquer le monde aussi avec des mots ? Et que nous apprend la diversité des langues à l'heure du mauvais anglais mondialisé qui raccourcit la pensée ?
L'Antiquité qu'explore Barbara Cassin est aussi d'une grande actualité. Elle ouvre sur le " peuple arc-en-ciel " et la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, sur la psychanalyse ou le rapport entre sens et non-sens chez Freud et Lacan, sur la définition de la culture et de la démocratie avec Google-moi, sur l'hospitalité et la barbarie avec La Nostalgie. Elle livre les clefs du Dictionnaire des intraduisibles avec Plus d'une langue. Et partout, qu'il s'agisse de la toute première Initiation à l'explication de texte ou du récent Avec le plus petit et plus inapparent des corps, l'oeuvre de Barbara Cassin témoigne de cet amour du langage et de l'écriture qui ne requiert aucun savoir préalable et ne se laisse enfermer dans aucune discipline.

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Pierre-Alexandre Fradet : Le désir du réel dans la philosophie québécoise

 Nota Bene - Octobre 2022

Qui peut spontanément nommer des philosophes québécois ? Qui s’est aventuré à les lire ? Sous quels angles singuliers, à travers quels prismes intellectuels réfléchissent-ils ? Trop peu de gens sont en mesure de répondre à ces questions, et c’est pourquoi le présent livre fait œuvre utile en braquant les projecteurs sur cinq figures de taille. Charles De Koninck, Thomas De Koninck, Jacques Lavigne, Charles Taylor, Jean Grondin : voilà cinq philosophes d’hier et d’aujourd’hui qui ont maintenu à flot le désir de connaître le réel, à l’encontre des nombreuses tentatives de déconstruction qui ont innervé le XXe siècle.
Qu’on se rassure : aucun de ces philosophes n’a la prétention de dévoiler une fois pour toutes l’essence même de la réalité. Mais leurs œuvres font bien voir à quelles absurdités on s’expose lorsqu’on affirme que le monde est au pire un tissu de mensonges, au mieux une construction intégrale. En s’attardant tour à tour à leurs diverses réflexions, cet ouvrage n’entend pas jouer la carte de Lionel Groulx contre celle de Paul-Émile Borduas, la carte de la tradition contre celle de la modernité, la carte du passé contre celle de l’avenir ; il cherche plutôt à montrer qu’existe, avant et après la Révolution tranquille, une philosophie québécoise digne de la plus grande attention.

Docteur en philosophie en cotutelle à l’École normale supérieure de Lyon et à l’Université Laval, Pierre-Alexandre Fradet a mené des recherches postdoctorales sur la philosophie québécoise à l’Université de Montréal. Il a publié plusieurs livres, dont Philosopher à travers le cinéma québécois (Hermann), Derrida-Bergson. Sur l’immédiateté (Hermann) et Une vie sans bon sens. Regard philosophique sur Pierre Perrault (Nota bene, avec Olivier Ducharme). Il a codirigé deux dossiers de revue : l’un sur le cinéma québécois et la philosophie pour Nouvelles Vues (avec Sylvano Santini), l’autre sur le réalisme spéculatif pour Spirale (avec Tristan Garcia). Lauréat de l’un des Grands prix du journalisme indépendant, il enseigne avec passion au Cégep de Saint-Laurent.

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samedi 22 octobre 2022

Marie Heyd : Discours et expériences du temps dans la postmodernité. Espace qui se temporalise et temps qui se spatialise

L'Harmattan - Octobre 2022


Si le XXe siècle a été le siècle des guerres et des luttes, le XXIe siècle se présente quant à lui comme celui des proxémies. Chacun fait une expérience particulière du territoire de l'intime. Le XXIe siècle est aussi celui de l'effacement des territoires historiques, où l'idée d'un monde sans réelle identité n'est pas acceptée par tous. Dans ce contexte, les territoires artistiques se superposent, se tournent le dos, s'entre-réseautent, bref, ils expriment les nouveaux modes de vie de citoyens aux mobilités réelles et virtuelles. Les phénomènes d'artification ne sont jamais vraiment loin. D'où une volonté chez les artistes de problématiser les expériences artistiques susceptibles d'accueillir les altérités. Le temps subjectif comme « détente de l'âme » (saint Augustin), comme « durée » (Bergson), comme forme a priori de la subjectivité transcendantale (Kant), comme « rétension et protension de la présence intentionnelle » (Husserl), comme « temps authentique » de l'existence à partir de l'être pour la mort (Heidegger) fait son retour.

Marie Heyd est docteure en Arts visuels, rattachée au laboratoire de recherche ACCRA (Université de Strasbourg).

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vendredi 21 octobre 2022

Rose-Paule Vinciguerra : La Sexuation sans le genre. La jouissance avec les semblants

Lettre volée - Octobre 2022


Ce livre réunit des articles et des travaux adressés au départ à des psychanalystes ; il reprend l'élaboration que fait Lacan du rapport entre les sexes et l'articulation de la jouissance et des semblants autour de cette question. L'importance accordée aujourd'hui aux gender studies et les débats qui traversent les sociétés contemporaines ont amené l'auteure à confronter la recherche de Lacan aux critiques que Judith Butler lui adresse nommément - critiques que l'apport théorique de Lacan déplace de façon décisive. Doit-on dire que la psychanalyse soutient la domination ancestrale « hétéronormée » qui instaurerait un ordre « prétendument symbolique » en réitérant des modèles appartenant à des stéréotypes ? Au-delà des identités socialement revendiquées, la « non-différence des sexes dans l'inconscient », leur « bipartition à chaque instant fuyante » font objection à cette charge contre la psychanalyse lacanienne. Nous nous proposons ici d'éclairer la mise en forme d'un certain déni contemporain de l'inconscient.

Rose-Paule Vinciguerra est psychanalyste, membre de l'École de la Cause freudienne et de l'Association mondiale de psychanalyse. Elle est également psychologue et agrégée de philosophie. Auteur de nombreux travaux publiés dans les revues de l'ECF et de l'AMP, elle est co-auteur de De l'amour (Flammarion, 1999), Lacan, l'écrit, l'image (Flammarion, 2000), Qui sont vos psychanalystes ? (Le Seuil, 2002 avec Jacques-Alain Miller et 84 amis), Pertinences de la psychanalyse appliquée (2003, Le Seuil) et Femmes lacaniennes (Editions Michelle, 2014) - ouvrages déjà traduits en plusieurs langues.

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