Si la souffrance semble être l’existential majeur qui domine l’œuvre de Bernanos, c’est parce qu’elle permet la révélation d’une expérience fondamentale : l’homme habite le monde parce qu’il y tombe. Dans cette chaotisation de l’espace et du temps qu’est la chute se dit en effet la constitution même de l’être comme corps. Ainsi l’écrivain ne nous donne-t-il à voir l’écroulement que pour nous conduire aussi à le vivre comme dimension de l’être-là de ce que nous sommes – non pas en luttant contre lui, mais en nous laissant rouler en lui comme en une vague. Nul n’a son corps. Nul n’est son corps. C’est à se tenir à la frontière, ou à accepter de tomber sans trop immédiatement se relever, que la philosophie pourra donc sans doute repenser le sens de l’inhabitation du corps, voire de l’inhabitation de l’homme même par Dieu.
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