En 1905, alors que le régime tsariste se désagrège et que les soulèvements se multiplient en Russie, la voix de Léon Tolstoï s’élève au-dessus de la mêlée. Ce chrétien excommunié, constamment en butte à la censure, ne s’en prend pas seulement à l’autocratie ; il critique aussi les desseins des révolutionnaires, libéraux ou socialistes. Il accuse les meneurs urbains de tromper le peuple, de conduire les masses paysannes dans une impasse : celle de la modernisation du pays, de son industrialisation et de son occidentalisation rampante. Peu importe la forme du gouvernement, qu’il s’agisse d’une monarchie absolue ou d’une république sociale-démocrate : puisque celui-ci est fondé sur la violence et l’oppression, il doit être combattu en tant que tel. Dans la lignée de Thoreau et de La Boétie, Tolstoï appelle à l’insoumission.
Le pouvoir d’une minorité reposant sur la servitude volontaire de chacun, il s’agit de refuser d’obéir, de ne plus participer à un régime tyrannique quel qu’il soit. L’affranchissement des travailleurs ne pourra venir que d’eux-mêmes, quand ils décideront de ne plus servir les puissants, quand ils opteront pour le perfectionnement moral, l’entraide et la vie des champs, enracinés sur un sol soustrait à la propriété foncière. La terre et la liberté, l’autodétermination des paysans dans les communes rurales : tel est l’horizon que défend l’anarchiste russe.
Léon Tolstoï (1828-1910), reconnu comme un géant de la littérature, auteur de Guerre et paix et Anna Karénine, a passé les trente dernières années de sa vie à diffuser des écrits politiques et philosophiques constamment censurés par le pouvoir tsariste.
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