Maxime Chastaing s’étonne de l’embarras manifesté par les philosophes pour s’assurer de l’existence des autres : ne va-t-il pas de soi que nous coexistons depuis toujours avec nos semblables et que nous ne doutons pas de leur présence tant que nous ne spéculons pas ? Il s’agit dès lors de dénoncer avec énergie le faux problème philosophique de la connaissance d’autrui, tout en s’employant à rendre compte, grâce à la psychologie, des conditions de notre communauté d’existence.
Cette perspective proprement psycho-philosophique est déployée dès 1934, dans un travail inédit à ce jour, La compréhension d’autrui. Essai de psychologie descriptive.
Proche à cette époque de Gabriel Marcel et d’Emmanuel Mounier, après avoir été l’élève de Jean-Paul Sartre au lycée du Havre, Chastaing est un des premiers en France à discuter les thèses de la phénoménologie allemande, d’Edmund Husserl à Max Scheler. Il anticipe ce faisant sur la phénoménologie d’autrui que Sartre développera, non sans résoudre par avance des difficultés que ce dernier mettra du temps à apercevoir.
Maxime Chastaing (1913-1997) est une figure méconnue de la pensée française. Professeur de psychologie à l’université de Dijon à partir des années 1950, inspiré par Wittgenstein et la philosophie du langage ordinaire, lui-même inspirateur de la sociologie de Pierre Bourdieu, il est l’auteur d’une psycholinguistique, d’une doctrine des interactions sociales et d’une théorie de la littérature originales.
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