samedi 31 août 2024

Gérard Rabinovitch : Philosophie clinique. Au chevet de l'animal parlant

 Hermann - Août 2024


Quand la philosophie se penche sur la condition humaine plutôt que de voltiger dans le ciel des idées, et qu’elle interroge les possibilités d’une « vie bonne » pour en faire son but explicite, alors la philosophie politique naît, soulignait Léo Strauss. Quand la philosophie politique se porte au chevet de la condition humaine, épaulée d’une histoire des mentalités et des apports d’une anthropologie non lénifiante, celle explorée par Sigmund Freud, elle devient clinique. L’objet central de celle-ci est alors cet « animal parlant », tel que les sagesses antiques d’Athènes et Jérusalem définissaient essentiellement l’Homme : zoon phonanta et haï medaber. Une spécification axiale qui s’est perdue, progressivement remplacée par la conception dévoyée d’« animal social ». Mais c’est là un fourvoiement qui n’a servi qu’à sociologiser les humains pour mieux les domestiquer en masse.

Clinique, la philosophie retrouve sa vocation inaugurale, en replaçant le langage au cœur de la condition humaine : elle redevient capable d’affronter les fracas mortifères récurrents de notre espèce. Tel est le motif du présent essai.

Gérard Rabinovitch, philosophe, sociologue et essayiste, est directeur de l’Institut européen Emmanuel Levinas-AIU et vice-président de l’Institut universitaire Rachi à Troyes. Auteur de nombreux ouvrages sur les crises civilisationnelles contemporaines, il situe son travail dans la philosophie politique, attelée à l’histoire et à l’anthropologie freudienne. Derniers ouvrages parus : Leçons de la Shoah (Canope, 2018) ; Crise de l’Autorité et de la Vérité, désagrégation du politique (dir., Hermann, 2021).

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vendredi 30 août 2024

Geneviève Fraisse : L'égalité sans retour

 CNRS éditions - Août 2024


Un va-et-vient constant entre les pensées d'hier et les enjeux d'aujourd'hui.
À distance de l'idée de backlash automatique, une réflexion sur la profondeur historique du processus de libération des femmes.
L'Ancien Régime prend fin en 1789 avec la proclamation de l'égalité des citoyens, la chose est entendue. Mais il n'existe pas, pour les femmes, un moment historique précis, un point décisif qui marquerait la fin de leur oppression, la fin du patriarcat. Pour autant, avant et après la Révolution, puis dans les premières décennies du XIXe siècle, les principes démocratiques ne sont pas sans effets sur la pensée de leur émancipation.
Trente-cinq ans après Muse de la raison, qui mettait en lumière les incertitudes d'une " démocratie exclusive " des femmes, Geneviève Fraisse scrute ici les intuitions et les conséquences de ces principes chez celles et ceux qu'on peut qualifier de logiciennes et logiciens de l'égalité : Choderlos de Laclos, Olympe de Gouges, Fanny Raoul, Stendhal, Germaine de Staël ou Charles Fourier. De manière à chaque fois pertinente, chacun déploie les transformations possibles des relations entre les sexes.
À distance de l'idée de backlash mécanique, ils et elles viennent nous dire, deux siècles plus tard, à quel point la marche vers l'égalité est puissante, avec son histoire autant que sa raison.

Philosophe, Geneviève Fraisse est directrice de recherches émérite au CNRS. Elle a notamment publié Les Femmes et leur histoire, À côté du genre, sexe et philosophie de l'égalité et, chez CNRS Éditions, Le Féminisme, ça pense ! (2023).

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Pierre Rosanvallon : Les Institutions invisibles

 Seuil - Septembre 2024


Autorité, confiance, légitimité. Le sentiment spontané de leur centralité dans le fonctionnement des sociétés voisine avec le flou de leur caractérisation. En retraçant l’histoire longue de leur appréhension, ce livre propose de les comprendre comme des institutions invisibles. Institutions, car elles ont une fonction de production du commun et d’inscription dans la durée des rapports économiques, sociaux et politiques. Mais invisibles, car elles ne sont pas définies par des règles et des statuts ni dotées d’une capacité de contrainte. Elles sont en effet constituées par la nature et la qualité des relations entre individus, ou entre individus et organisations. Autorité, confiance et légitimité s’entrelacent sur ce mode pour faire système.
Cette conceptualisation permet d’élargir le cadre d’analyse des sociétés contemporaines tout en l’inscrivant dans une histoire comparative renouvelée. Elle ouvre simultanément des perspectives pour agir en vue de surmonter la perplexité des intelligences et l’assèchement des imaginations qui nourrissent aujourd’hui le fatalisme résigné à l’ombre duquel prospèrent les mirages populistes.

Pierre Rosanvallon est professeur émérite au Collège de France. De L’Âge de l’autogestion (1976) aux Épreuves de la vie (2021), il est l’auteur de nombreux ouvrages qui occupent une place majeure dans la théorie politique contemporaine, la réflexion sur la démocratie et la question sociale. Il a notamment fondé la République des idées et la Vie des idées.

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Pierre Charbonnier : Vers l'écologie de guerre. Une histoire environnementale de la paix

 La Découverte - Août 2024


L'étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c'est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d'une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l'axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d'exploiter la nature, d'échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s'effacent, il fallait d'abord lutter contre la rareté des ressources naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l'humanité, qui sera celui des sciences, des techniques, du développement.
Ces idées, que l'on peut faire remonter au XVIIIe siècle, ont trouvé au milieu du XXe une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la productivité. Ainsi, la paix, ou l'équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des fossiles, notamment du pétrole.
Au XXIe siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les limites planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C'est dans ce contexte qu'émerge la possibilité de l'écologie de guerre, selon laquelle soutenabilité et sécurité doivent désormais s'aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu'ils apprennent à parler le langage de la géopolitique.

Pierre Charbonnier, philosophe, agrégé et docteur en philosophie, est actuellement chargé de recherches au CNRS et enseignant à Sciences Po. Il est l'auteur de La Fin d'un grand partage (CNRS, 2015), d'un livre d'entretiens avec Philippe Descola, La Composition des mondes (Flammarion, 2014), d' Abondance et liberté (La Découverte, 2019) et de Culture écologique (Presses de Sciences Po, 2022).

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jeudi 29 août 2024

Alexis Lager et Rémi Larue : Albert Camus et la nature contre l'histoire

Le Passager Clandestin - Août 2024


« La nature oppose ses ciels calmes et ses raisons à la folie des hommes. »
Ni « éclaireur » de l’écologie radicale, ni « pionnier » de la décroissance – les deux termes n’apparaîtront que bien après sa mort –, le philosophe, écrivain et journaliste Albert Camus (1913-1960) peut cependant être qualifié de lanceur d’alerte. En effet, il a su avertir du danger des idéologies totalitaires, s’élever face à l’exploitation de l’homme par l’homme, dénoncer la défiguration des paysages par la civilisation industrielle, le culte de la raison et du progrès ainsi que l’exil de la beauté naturelle.
Alexis Lager et Rémi Larue souhaitent ici interroger la tension entre les notions de « nature » et d’« histoire » afin de mieux mettre en lumière ce que la pensée d’Albert Camus a pu, directement ou indirectement, léguer à l’écologie politique et aux pensées de la décroissance.

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François Roudaut : Sur la lettre de Gargantua à Pantagruel. Éléments d’histoire des idées à la Renaissance, II

 Classiques Garnier - Août 2024


La lettre de Gargantua à son fils Pantagruel (Rabelais, Pantagruel, chapitre VIII) est célèbre parce que le programme d'étude qu'elle propose est devenu pour ainsi dire l'emblème de l'humanisme. C'est à la compréhension de ce programme et à sa liaison avec le reste - essentiel - de la lettre qu'est consacré ce livre. Il s'agit de proposer, en fin de compte, quelques lectures ressortissant à l'histoire des idées à la Renaissance, en France. Et en particulier de montrer comment cette lettre est nourrie non seulement par un discours théologique à la fois profond et fort connu à l'époque mais aussi par une vision complexe de l'histoire et de ce qu'on a accoutumé d'appeler la Renaissance.

François Roudaut, professeur de littérature à l'université Paul-Valéry - Montpellier III, étudie les rapports entre religion, philosophie et poésie à la Renaissance. Nous lui devons, entre autres publications, Sur le sonnet 31 des Regrets (Paris, 2014). Il a également édité, seul ou en collaboration, des textes d'auteurs du XVIe siècle, dont Étienne Pasquier, Joachim Du Bellay, Clément Marot et Pontus de Tyard.

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Georg Northoff : The Spontaneous Brain. From the Mind–Body to the World–Brain Problem

MIT Press - Août 2024


An argument for a Copernican revolution in our consideration of mental features--a shift in which the world-brain problem supersedes the mind-body problem.

Philosophers have long debated the mind-body problem--whether to attribute such mental features as consciousness to mind or to body. Meanwhile, neuroscientists search for empirical answers, seeking neural correlates for consciousness, self, and free will. In this book, Georg Northoff does not propose new solutions to the mind-body problem; instead, he questions the problem itself, arguing that it is an empirically, ontologically, and conceptually implausible way to address the existence and reality of mental features. We are better off, he contends, by addressing consciousness and other mental features in terms of the relationship between world and brain; philosophers should consider the world-brain problem rather than the mind-body problem. This calls for a Copernican shift in vantage point--from within the mind or brain to beyond the brain--in our consideration of mental features.

Northoff, a neuroscientist, psychiatrist, and philosopher, explains that empirical evidence suggests that the brain's spontaneous activity and its spatiotemporal structure are central to aligning and integrating the brain within the world. This spatiotemporal structure allows the brain to extend beyond itself into body and world, creating the "world-brain relation" that is central to mental features. Northoff makes his argument in empirical, ontological, and epistemic-methodological terms. He discusses current models of the brain and applies these models to recent data on neuronal features underlying consciousness and proposes the world-brain relation as the ontological predisposition for consciousness.

Georg Northoff is Professor and Canada Research Chair in Mind, Brain Imaging, and Neuroethics at the University of Ottawa. He is the author of Unlocking the Brain, Neurophilosophy and the Healthy Mind and other books.

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Nicolas Bouteloup : Quand les liens nous libèrent. Les déclinaisons de l'ordre chez Spinoza

 Hermann - Août 2024


Spinoza est un philosophe fascinant qui a laissé perplexe de nombreux lecteurs. Alors qu'il rédige une éthique, pourquoi décider de l'écrire "more geometrico", selon l'ordre des géomètres ? Y a-t-il une contradiction entre le fond et la forme d'un des monuments de la philosophie occidentale ? En quoi l'ordre, et à plus forte raison l'ordre géométrique, est-il nécessaire pour exprimer l'intuition tant métaphysique qu'éthique d'une philosophie de la joie et de la puissance ?
À partir d'une étude minutieuse, Nicolas Bouteloup propose, dans cet ouvrage, de décliner les différentes facettes de la notion d'ordre chez Spinoza, afin d'éclairer les thématiques centrales de cet auteur telles que le rapport à la nature, l'union de l'âme et du corps, mais également l'étrange idée déterministe que certains liens peuvent nous libérer plutôt que nous asservir.
Un ouvrage qui conviendra comme introduction originale de la philosophie de Spinoza, ou pour tout public de chercheurs.

Nicolas Bouteloup est docteur en philosophie, spécialiste de Spinoza et des questions éthiques en milieu professionnel. Il est membre associé au Centre d'histoire des philosophies modernes (HiPhiMO) à l'université Paris 1. Il intervient dans différentes universités, associations et organisations privées.

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lundi 26 août 2024

Claire Larroque : Philosophie du déchet

 PUF - Septembre 2024


En philosophie, l'analyse de la gestion des déchets se limite à une approche symbolique des rapports que nous entretenons avec eux, or, non seulement une telle approche occulte l'arrière-plan politique et social du problème mais elle ne fait pas de la gestion des déchets l'objet d'un questionnement sur le rapport entre l'humain et la nature, reléguant l'enjeu environnemental posé par les déchets au domaine technique. L'ouvrage se propose de dépasser la logique dualiste, selon laquelle il reviendrait aux techniciens de prendre en charge le traitement physique des déchets et aux philosophes de s'occuper de l'examen d'une signification symbolique. Pour cela, en s'appuyant sur une documentation pluridisciplinaire, l'auteure soumet la question des déchets à un examen philosophique portant sur ses enjeux sociaux, écologiques et politiques. Non que ces différents enjeux n'existaient pas auparavant, mais ils ont pu être occultés car la gestion des déchets a longtemps relevé d'une stricte question de sécurité collective, circonscrite essentiellement à son aspect sanitaire. Or, les déchets posent des problèmes nouveaux qui demandent à être explorés, analysés et débattus démocratiquement.

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Claude Coste (dir.) : Dictionnaire Roland Barthes

 Honoré Champion - Août 2024


Animée par un déplacement incessant qui la conduit de l’engagement des Mythologies au structuralisme (« Analyse structurale des récits », « Éléments de sémiologie ») au post-structuralisme (S/Z), puis à l’essayisme de L’Empire des signes, des Fragments d’un discours amoureux et de La Chambre claire, l’œuvre de Roland Barthes manifeste une grande fidélité à des valeurs fondamentales comme la passion du sens, l’amour de la littérature, le « non-vouloir-saisir » ou le goût de la nuance. C’est cette extraordinaire diversité que le dictionnaire a l’ambition de mettre en évidence, grâce à une équipe réunissant une soixantaine de spécialistes internationaux. À chaque livre, aux articles les plus connus, aux intellectuels contemporains, aux principaux concepts ou mots-clés correspond une entrée suivie d’une courte bibliographie. Une place importante est réservée aux archives conservées à la BnF, qu’il s’agisse du monumental fichier, des séminaires inédits à l’École pratique de hautes études ou des esquisses de Vita nova, le projet de roman qui a occupé Barthes jusqu’à la fin de sa vie.

Professeur de littérature à l’université de Cergy Paris, Claude Coste consacre une grande partie de sa recherche à l’œuvre de Roland Barthes dont il a édité plusieurs séminaires et auquel il a consacré plusieurs monographies.

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Stéphane Breton (dir.) : Pourquoi a-t-on besoin de donner un sens à sa vie ?

 L'Aube - Août 2024


Cet ouvrage propose un regard croisé à huit voix, sensible et humain, sur la question du sens de sa vie. Chacun à sa manière, selon sa propre musicalité, son expérience, expose ses perceptions, aborde ses ressentis, dévoile ses sensations vis-à-vis de ce qu’est le sens, de ce qui fait sens. Le sens comme un écho, une résonance, un faiseur de correspondances. Le sens qui se dit, s’impose, se cherche. Une réflexion au plus près de l’intime. C’est cette expérience que les auteurs veulent proposer aux lecteurs. Tous sont des spécialistes issus de différents champs des sciences humaines (anthropologie, philosophie, psychologie…), qui apportent un regard neuf et pluriel sur cette question qui a pu se poser pour chaque individu.

Il rassemble dans cet ouvrage des interventions de Pierre Bergounioux, écrivain ; Abdennour Bidar, philosophe ; François Galichet, philo­sophe ; David Le Breton, anthropologue et sociologue ; Jean-Michel Salanskis, philosophe ; Georges-Elia Sarfati, philosophe ; et Serge Tisseron, psychiatre.

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Kaoutar Harchi : Ainsi l'Animal et nous

 Actes Sud - Septembre 2024


Les animaux sont tout. Ils sont eux-mêmes, certes, mais surtout ce que nous faisons d’eux. Nous, les humains. Car chaque fois que nous parlons des animaux, nous ne parlons en vérité que de leur animalité : l’état animal que nous décrétons inférieur. Ainsi nous animalisons les animaux, nous les rendons tuables et sans peine nous les tuons. Cet état animal, affirment des humains, n’est pas le propre des animaux, il est également celui de certains humains. Ces autres : les femmes, les prolétaires, les minorités raciales qui, ni homme, ni bourgeois, ni blanc, ont été exclus de la communauté morale par le viol, par l’usine, par le fouet, par l’en fu mage des grottes, par la persécution et par l’enfermement. Car animalisés. Livre tout autant théorique qu’auto-bio graphique, Ainsi l’animal et nous appelle à reconnaître la totalité de la question animale, en laquelle toutes les questions de notre monde se rejoignent. Il devient dès lors possible de tenir ensemble tout ce qui va ensemble, de défaire tout ce qui a été fait. Puis de tout refaire.

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samedi 24 août 2024

Patrick Wotling : La pensée du sous-sol. Statut et structure de la psychologie dans la philosophie de Nietzsche

 Allia - Août 2024


L'étude rigoureuse et exhaustive de Patrick Wotling s'attache à faire le point sur la place qu'occupe la psychologie, cette "reine des sciences" dans l'œuvre de Nietzsche, place centrale, au point qu'elle semble devoir remplacer la philosophie elle-même.
Edition revisitée

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vendredi 23 août 2024

Chenavier (Robert), Jacob-Boisson (Élisabeth) (dirs.) : Linguistique, anthropologique, éthique. Rencontres autour de la pensée d’André Jacob, philosophe centenaire

 Classiques Garnier - Août 2024


Ce recueil célèbre le travail accompli par André Jacob (né le 7 octobre 1921) sur près d'un demi-siècle. Philosophes, linguistes, spécialistes de sciences humaines et de littérature s'engagent dans une analyse approfondie de ce que son oeuvre doit à la linguistique de Gustave Guillaume. Cette investigation conduit à interroger le lien entre linguistique et anthropologie dans l'oeuvre du philosophe, lien développé dans une philosophie pratique qui déconstruit une interprétation ontothéologique du mal. Peut apparaître, alors, l'importance revêtue par la notion de Sujet dans le parcours d'André Jacob. Ce volume rassemble, pour l'essentiel, les articles issus des conférences données au symposium des 17, 18 et 19 août 2021, tenu à Abondance (Haute-Savoie).
Biographie de l'auteur

Élisabeth Jacob-Boisson, professeure de mathématiques, ENI/IUFM de Cergy Pontoise (1988-2018) est chargée de la formation initiale et continue des professeurs d'école, enseignants spécialisés et travailleurs handicapés dans le cadre d'une convention UCP-ESAT de l'ARMME (95). Elle est l'auteure de documents de réflexion et séquences de mathématiques en maternelle (site de l'inspection du Val d'Oise, 2011-2018).
Robert Chenavier, agrégé de philosophie, est responsable de l'établissement des oeuvres complètes de Simone Weil. Il est notamment l'auteur de Simone Weil. Une philosophie du travail (Paris, 2001), André Gorz. Fonder l'écologie politique (Paris, 2020) et Simone Weil, une Juive antisémite ? Éteindre les polémiques (Paris, 2021). Il a également codirigé Simone Weil, réception et transposition (Paris 2019).

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mercredi 21 août 2024

Emmanuel Falque : Spiritualisme et phénoménologie. Le "cas" Maine de Biran

 PUF - Août 2024


Le conflit entre spiritualisme et phénoménologie n'aura plus lieu. Mieux, c'est dans leur rencontre et leur choc en retour que se jouera une nouvelle fécondité pour la pensée. Le cas Maine de Biran devient alors le type exemplaire d'un autre commencement à la française de la métaphysique d'une part, et de la phénoménologie d'autre part. Mais le philosophe de Bergerac (Dordogne) est lu le plus souvent en plein et non pas en creux. Il serait le penseur de la « liberté et de la conscience » (spiritualisme) ou du « moi intime et du corps propre » (phénoménologie). Mais c'est oublier les exceptions au fait primitif de l'effort intérieur (maladie, sommeil, somnambulisme, folie, corps objet, moi extime...), qui consacrent l'oeuvre biranienne comme l'un des sommets d'une pensée qui échappe à la phénoménalité, et confèrent une véritable consistance à la corporéité. Nouveau Colomb de la métaphysique, comme il se nomme lui-même, Maine de Biran, lu autrement, pourrait ainsi et pour aujourd'hui initier un nouveau commencement à la pensée.

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mardi 20 août 2024

Michel Foucault : Généalogies de la sexualité

 Vrin - Septembre 2024 - Philosophie du présent


La sexualité, est-elle réprimée? Devrions-nous par conséquent nous efforcer de la libérer? Et si elle l’est, pourquoi sommes-nous sans cesse appelés à en parler – à dire vrai à propos de nos désirs sexuels et à reconnaître dans notre sexualité la clé de notre identité?
Ces questions sont au cœur du projet foucaldien d’une histoire de la sexualité. Ce volume réunit une série de textes inédits qui relèvent de deux moments fondamentaux dans l’élaboration d’un tel projet. D’une part, le moment 1975-1976 : les conférences prononcées aux États-Unis sur la notion de répression, le cours à l’Université de São Paulo sur la généalogie du savoir moderne sur la sexualité, ainsi que la première version du début de La volonté de savoir sont tous centrés sur l’époque moderne et nous offrent une perspective précieuse sur la façon dont Foucault conçoit initialement son Histoire de la sexualité. D’autre part, le séminaire que Foucault anime, en 1980, au New York Institute for the Humanities sur le thème « Sexualité et solitude » témoigne du recentrement de l’étude du dispositif de sexualité en direction de l’analyse de l’émergence historique de la chair chrétienne dans le christianisme primitif.
Les textes ici recueillis permettent ainsi de suivre l’évolution complexe du projet foucaldien d’une histoire de la sexualité et de prendre la mesure de son ambition, de sa richesse et de son actualité.

Édition et apparat critique par H.-P. Fruchaud et D. Lorenzini.Introduction par D. Lorenzini, H.-P. Fruchaud, A.I. Davidson.

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Reiner Schürmann : Lire Marx

 Diaphanes - Août 2024 - Anarchies


Le titre est, bien entendu, inspiré par Althusser (“Lire Le Capital”) – mais de façon polémique. Par “lire Marx” j'entends lire Marx et non pas Engels, Mao, Gramsci, Lukács, Marcuse, Althusser et ainsi de suite. En d'autres termes : le but de ce cours est, avant tout, de délibérément désintriquer la pensée de Marx de la pensée marxiste. Une polémique avec certains marxistes sera ainsi menée en sous-main, par des allusions ponctuelles. Un tel programme véhicule trois implications majeures : Qu'il y a effectivement une différence de pensée entre Marx et le marxisme. Ce premier point sera établi à travers une lecture philosophique de Marx : l'hypothèse étant que ce qui se trouve de plus original dans Marx, ce n'est ni sa pensée politique, ni sa pensée sociologique ou économique, mais bien sa charpente philosophique. Cette charpente philosophique détermine et situe ses autres théories. La seconde implication, c'est qu'un clivage entre Marx et les marxistes existe comme tel, qu'il peut être défini par certaines caractéristiques générales, et que ces caractéristiques générales différent de la pensée originale de Marx ou la restreignent. Il s'agit là d'un sujet passablement complexe, voire compliqué ; mais on peut résumer ce clivage en disant que le marxisme a surtout retenu de Marx les éléments utiles à l'action politique dans une situation donnée, urgente. Une théorie de la “praxis révolutionnaire” a donc pris la place de la philosophie. La troisième implication est la précompréhension qui préside à l'approche du texte. Un texte est quelque chose d'imprimé : il représente comme tel un objet clos, constitué, fini. Mais nous n'en obtiendrons de réponses décisives que si nous le soumettons à des questions décisives. Et la question décisive que soulèvent les marxistes, c'est l'urgence d'une situation révolutionnaire (qu'elle existe de fait ou doive être réalisée). Leur question est donc généralement homothétique à celle de Lénine : “Que faire ?” C'est la question de ceux qu'Althusser appelle les “intellectuels militants” (pour Marx 24), et qui participent directement aux luttes de la classe ouvrière. Une telle “ lecture” de Marx est stratégique. Or, je tiens que la lecture stratégique ne peut que rester aveugle, de par sa nature même, au questionnement philosophique. Notre précompréhension des textes de Marx n'a, par conséquent, rien de stratégique ; elle est bien plutôt qu'ils proposent une réponse à la plus ancienne question de la philosophie occidentale : ti to on, savoir : qu'est-ce que l'être ? ou : qu'est-ce que la réalité, ainsi que son corollaire : qu'est-ce que la vérité ? Donc : Marx versus marxisme ; le concept de “praxis” comme étant le concept différenciant Marx du marxisme ; une double théorie des textes. Développons plus avant ces trois points.

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Aliocha Wald Lasowski : Réhabilitons Sartre. Biographie critique et contextuelle d'un penseur du XXe siècle

Frémeaux & Associés - Août 2024


« Le 19 avril 1980, une foule immense, silencieuse, accompagne le convoi funèbre de Sartre jusqu’au cimetière du Montparnasse, à Paris. Derrière Simone de Beauvoir, en tête de cortège, plus de cinquante mille personnes sont venues rendre un dernier hommage au penseur français le plus célèbre au monde. Comment expliquer sa notoriété, comment mesurer aujourd’hui l’impact de la pensée et de l’écriture de Sartre dans la société actuelle ? Considéré comme le “dernier des classiques” pour les uns, célébré comme le “premier des modernes” par les autres, Sartre intrigue, fascine autant qu’il dérange et perturbe. » Aliocha WALD LASOWSKI Chef de file du mouvement existentialiste et auteur de son manifeste, « L’existentialisme est un humanisme » (1946), Jean-Paul Sartre (1905-1980) est l’auteur entre autres de L’Être et le néant, La Nausée, Les Mains sales, Huis-clos et Les Mots. Il exerçe une grande influence sur la vie intellectuelle et politique du second XXe siècle. Figure par excellence de l’intellectuel engagé - de tendance marxiste -, il défend ardemment la cause anticoloniale. Et pourtant cet homme-monument clive les philosophes, historiens et le public. Il est pour certains le penseur des bourgeois et pour d’autres le théoricien de l’anti-totalitarisme qui oubliera d’en appliquer les principes. Aliocha Wald Lasowski propose une biographie critique mais juste et contextualisée de celui qui a dominé la pensée pendant la seconde moitié du XXe siècle.

Aliocha Wald Lasowski est un enseignant-chercheur en philosophie politique à Sciences Po Lille au sein du master philosophie, politique et économie. Auteur de vingt-cinq livres, traduits en plusieurs langues, il est aussi essayiste et journaliste. Auteur de Commentaire de L’Enfance d’un chef de Jean-Paul Sartre, Gallimard, 2007 et Jean-Paul Sartre, une introduction, Pocket, 2011

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samedi 17 août 2024

Pierre Charbonnier : Vers l'écologie de guerre. Une histoire environnementale de la paix

 La découverte - Août 2024


L'étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c'est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d'une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l'axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d'exploiter la nature, d'échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante. Dans cette logique, pour que jalousie, conflit et désir de guerre s'effacent, il fallait d'abord lutter contre la rareté des ressources naturelles. Il fallait aussi un langage universel à l'humanité, qui sera celui des sciences, des techniques, du développement.
Ces idées, que l'on peut faire remonter au XVIIIe siècle, ont trouvé au milieu du XXe une concrétisation tout à fait frappante. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le développement des infrastructures fossiles a été jumelé à un discours pacifiste et universaliste qui entendait saper les causes de la guerre en libérant la productivité. Ainsi, la paix, ou l'équilibre des grandes puissances mis en place par les États-Unis, est en large partie un don des fossiles, notamment du pétrole.
Au XXIe siècle, ce paradigme est devenu obsolète puisque nous devons à la fois garantir la paix et la sécurité et intégrer les limites planétaires : soit apprendre à faire la paix sans détruire la planète. C'est dans ce contexte qu'émerge la possibilité de l'écologie de guerre, selon laquelle soutenabilité et sécurité doivent désormais s'aligner pour aiguiller vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce livre est un appel lancé aux écologistes pour qu'ils apprennent à parler le langage de la géopolitique.

Pierre Charbonnier, philosophe, agrégé et docteur en philosophie, est actuellement chargé de recherches au CNRS et enseignant à Sciences Po. Il est l'auteur de La Fin d'un grand partage (CNRS, 2015), d'un livre d'entretiens avec Philippe Descola, La Composition des mondes (Flammarion, 2014), d' Abondance et liberté (La Découverte, 2019) et de Culture écologique (Presses de Sciences Po, 2022).

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Kohei Saito : Moins ! La décroissance est une philosophie

 Seuil - Septembre 2024


Il fait de plus en plus chaud, on n’arrête pas de travailler, tout est transformé en marchandise.

En quête de survie et de liberté, un jeune philosophe japonais, né en 1987, lit les carnets d’un vieux philosophe allemand, mort en 1883. Il y découvre une pensée qui aurait tout pour sauver le monde entier et la partage dans le livre que vous tenez entre vos mains. Rien de plus, tout au moins.

S’appuyant sur les carnets tardifs inédits de Marx et voyant dans le pacte vert le nouvel opium des masses, Kohei Saito déconstruit le désastre social et écologique du capitalisme, dénonce le mode de vie des pays développés, et prône une société fondée sur les communs. Radical et urgent, cet essai fixe un objectif politique et civilisationnel apparemment incompatible : le communisme de décroissance. Il aspire à la transformation du travail, à la démocratisation du processus de production, à la démarchandisation progressive, et à la mise en valeur des services essentiels.

Multiplier les espaces de liberté, miser sur les communs, l’autolimitation, la confiance et l’entraide, c’est dire si Kohei Saito assume sa responsabilité sociale et croit en ses lecteurs.

Kohei Saito est docteur en philosophie de l’Université Humboldt de Berlin et professeur associé à l’Université de Tokyo. Il participe à l’édition des œuvres complètes de Marx et Engels (MEGA). En 2018, il est devenu le plus jeune lauréat du Deutscher Memorial Prize. Il est l’auteur de La nature contre le capital. L’écologie de Marx dans sa critique inachevée du capital (Syllepse, 2021). À l’origine d’un débat inédit sur les changements climatiques au Japon, Moins ! La décroissance est une philosophie, déjàtraduit dans 12 pays, est un bestseller international.

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Henri Bergson : Correspondances II

 PUF - Septembre 2024


Plus qu'un supplément au recueil édité en 2002 par André Robinet, ce second volume rassemble près d'un millier de lettres, souvent inédites, adressées à plus de 200 personnalités françaises et étrangères. En plus d'illustrer les grandes phases de la vie du célèbre philosophe parisien, cette Correspondance met en lumière de multiples aspects de l'histoire sociale, culturelle, intellectuelle et politique de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle. Bergson y apparaît sous ses facettes les plus diverses : l'étudiant, le professeur, l'académicien, le diplomate, de même que l'époux et le père de famille. Avec en toile de fond, le paysage intellectuel et politique de la IIIe République, les tensions internationales, les deux guerres mondiales, ainsi qu'une multitude de temps forts de la vie de grandes institutions culturelles françaises. La variété des thèmes et des correspondants confirme le rayonnement national et international de son oeuvre.

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Martina Kramer : Atelier lumière, où se joue une physique poétique

 Erès - Août 2024


Autour des expérimentations d’un atelier d’artiste, où la lumière tient le rôle principal, il se développe tout un jeu de dimensions, de considérations et d’écrits poétiques, avec vue sur une certaine physique, réelle ou imaginaire, qui présente ses figures et ses surprises.
Et si la pensée poétique était toujours ce vecteur ardent qui mène au plus près de la nature des choses, comme la pratiquait Lucrèce et autres philosophes naturels d’avant les moyens scientifiques ultrasophistiqués d’aujourd’hui ? Sinon l’ultime recours devant ce qui se dérobe dans une explication théorique ou mathématique, comme dans le silence d’un espace plastique ?
Pendant que la lumière dessine et que l’oeil voit, il se tresse dans la pensée un territoire de résonnances, où les mots tentés et les lectures retenues accompagnent une expérience à la fois métaphysique et artistique.

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vendredi 16 août 2024

Chris Younès, Céline Bodart, David Marcillon (dirs.) : Prendre soin. Architecture et philosophie

 In folio - Août 2024


Les séparations et les surexploitations épuisant les milieux ont été extrêmisées avec démesure, multipliant les vulnérabilités. Entre accueillance, maintenance, portance et accordance, le sursaut du prendre soin en architecture relance la question des manières de cohabiter et de faire établissements humains.
En ces temps de trouble et de tourmente, le prendre soin, qui est au cœur de ce qui fait " l'humanité de l'humanité ", relance dès à présent les manières de penser et d'agir. Compte tenu de l'ampleur des bouleversements et désorientations civilisationnels, comment les projets architecturaux, paysagers et territoriaux peuvent-ils en prendre la mesure, à l'échelle des individus, des lieux, des sociétés, des écosystèmes et de la planète Terre, dans leur spécificité et leur appartenance commune ? Par-delà des récits opposant la nature à la culture, qui poursuivent des volontés de maîtrise et domination, comment renouer des liens réels, imaginaires et symboliques avec les fragiles puissances et interdépendances du vivant ? Comment, en reconsidérant les limites et les vulnérabilités, bifurquer dans un souci à la fois éthique, esthétique et politique ? Est exploré dans cet ouvrage en quoi les entrelacements de l'accueillance, de la maintenance, de la portance et de l'accordance, constituent un quatuor de lignes potentiellement régénératrices des conditions d'habitabilité.

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mercredi 14 août 2024

Adelino Braz : Machiavel

 Ellipses - Août 2024 - Pas à pas


Contre une lecture qui réduirait la pensée de l’auteur florentin à l’expression d’un simple machiavélisme, il s’agit de pouvoir mettre à jour ce qu’une telle réflexion, au-delà des siècles, a encore à nous dire sur la fondation, la pérennité et la ruine des États. Ce que Machiavel met précisément en exergue, c’est l’idée que l’agir politique et l’exercice du pouvoir ne peuvent être appréhendés et compris que dans leur rapport au temps. En effet, la finitude, l’aléatoire et la contingence de l’ordre des choses, éléments impondérables de notre condition, n’excluent en rien l’exigence de se réapproprier le temps à condition de viser la préservation de l’État et l’utilité commune. Cela n’est possible qu’en saisissant la singularité des situations, la logique passionnelle des hommes afin de pouvoir à chaque occasion, moduler l’art de gouverner, qui se veut à la fois efficace et inscrit dans la durée.

Adelino Braz est professeur de Philosophie, Docteur de l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.

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mardi 13 août 2024

Alexandre Lagodkine : L'animal

 Ellipses - Août 2024 - Pas à pas


Quelle place la philosophie, au sein de ses différents courants, a-t-elle réservé à l’animal ? Cette discipline, qui se définit historiquement comme « l’amour du savoir », rend-elle justice à la richesse du monde animal ? Comment et où a-t-elle fixé la différence entre l’être humain et les autres animaux ? A-t-elle pris la mesure de la singularité des espèces animales, sur laquelle des disciplines nouvelles comme l’éthologie la renseignent ? Et aujourd’hui, quelles sont les conséquences éthiques à tirer de notre savoir grandissant sur l’intelligence, les émotions, la sensibilité chez les animaux ?

D’Aristote à la philosophie contemporaine, du rationalisme cartésien creusant l’écart entre l’homme et l’animal à la phénoménologie de l’existence animale qui tente d’en penser l’originalité, cet ouvrage propose un parcours de l’histoire de la philosophie vu sous le prisme de la question animale. Il s’articule autour de trois axes : « quels concepts ont fondé la différence entre l’être humain et les animaux ? », « comment comprendre la complexité des diverses formes de vie animale ? », « en quoi consiste l’éthique animale ? », qui forment autant d’interrogations décisives, non seulement pour la philosophie mais également pour toute réflexion s’intéressant à la manière dont la dévalorisation de l’animalité a pu s’opérer et comment il est possible d’en repenser le statut.

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Anna Longo : Deleuze. Une philosophie de la multiplicité

 Ellipses - Août 2024


Pour Gilles Deleuze, « la philosophie c’est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts », et toute philosophie requiert de produire un réseau de concepts original à partir de problèmes singuliers. Fidèle à cette définition, Deleuze a produit nombre de concepts inédits, tout autant qu’il a transformé le sens de concepts tirés d’autres philosophies pour les inscrire dans le sillage de sa création propre. Parmi eux, celui de multiplicité, qu’il instaure en principe de l’ontologie même : l’Être est multiplicité, chacun des êtres est multiplicité. Il n’y a que des « différences de multiplicités, et la différence dans la multiplicité », « que la variété de multiplicité, c’est-à-dire la différence. » Cette logique de l’être se retrouve dans la philosophie elle-même : pour Deleuze, la philosophie n’est pas l’adéquation progressive des idées à l’Idée, mais l’expression de l’Idée en tant que multiplicité. Ainsi, la création de concepts est l’expression adéquate de la multiplicité intensive que le penseur enveloppe, et la fonction de cette création est d’en stimuler d’autres dans son sillage.

Anna Longo est philosophe, directrice de programme au Collège international de philosophie et docteur en esthétique (Paris 1). Depuis sa thèse, elle explore les implications de la philosophie deleuzienne pour le présent.

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