jeudi 17 octobre 2024

Carlo Ginzburg : La lettre tue

 Verdier - Octobre 2024


Jean-Pierre Purry, calviniste de Neuchâtel, est formel : le meilleur climat au monde se trouve à 33 degrés de latitude. En 1731, il fonde Purrysburg, en Caroline du Sud. Pourquoi ? Dans quel sens peut-on parler d’un secret de Montaigne ? Comment transcrire la langue des Incas ? Et encore : comment peut-on accommoder le christianisme et les rites chinois ?…
Dans la variété des thèmes analysés dans ces quinze essais, le lecteur découvre peu à peu qu’un fil les relie : « la lettre tue, l’esprit vivifie ». Cette parole de Paul opposant la loi des Juifs et la foi des chrétiens, Carlo Ginzburg la corrige : la lettre tue ceux qui l’ignorent. Il faut accepter que certains auteurs choisirent, face au danger, d’écrire entre les lignes. À nous, aujourd’hui, de savoir les lire entre les lignes.
L’auteur de Mythes emblèmes traces nous demande ici de le suivre sur les traces du sens : qu’il s’agisse du sens d’une lettre, de celui d’un texte ou d’une image produite ou reproduite. Lisant lentement, l’historien nous conduit loin, au bout du monde parfois. Lentement aussi, il se retourne sur ses pas – ce qui est une définition de la méthode. D’où le tour parfois réflexif du livre, qui nous conduit à nous interroger sur les relations entre herméneutique et microhistoire, entre parole et texte, entre vérité et révélation.

Traduit de l’italien par Martin Rueff

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Christopher Laquieze : Petit traité de la mort à l'usage des bons vivants

 Guy Trédaniel - Octobre 2024


Quoi de mieux que de penser à la mort pour vivre intensément et savourer la vie!
Les Hommes meurent depuis la nuit des temps, pourtant, l'angoisse et le mystère persistent. Et si, au lieu de l'éviter comme nous esquivons un coup, nous nous rapprochions de notre finitude afin de percevoir en elle le moyen de mieux l'accepter ?
Il n'est pas si évident de mourir, tout comme il n'est pas si simple de faire revivre nos défunts malgré le vide causé par leur perte.
Ce petit traité philosophique ne parle pas de la vie avant la vie, ni de la vie après la mort, mais de la vie dans la vie.
Réfléchir sur la mort pour revenir dans le mouvement de l'existence, s'enfoncer dans les méandres de nos angoisses pour ne plus marcher à côté de sa destinée.

Christopher Laquieze est écrivain et philosophe. Il est l'auteur du Silence de la joie, paru chez le même éditeur.

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Michael Marder, Giovanbattista Tusa (dirs.) : Temps naissant. Un glossaire pour le XXIe siècle

 Presses du Réel - Octobre 2024


Conçu par les philosophes et auteurs Michael Marder et Giovanbattista Tusa, Temps naissant présente les perspectives sur le XXIe siècle d'importants pionniers de la philosophie, de l'écologie et des études culturelles, ainsi que d'artistes du monde entier, dont Slavoj Žižek, Timothy Morton, Denise Ferreira Da Silva, Vandana Shiva, Claire Fontaine, Tomás Saraceno, et bien d'autres encore.

Contributions de Amanda Boetzkes, Anita Chari, Claire Fontaine, Marcia Sé Cavalcante Schuback, Emanuele Coccia, Virgile Dall'Armellina, Denise Ferreira da Silva & Valentina Desideri, Roberto Esposito, Graham Harman, Ranjit Hoskote, Cymene Howe, Yuk Hui, Joela Jacobs, Ken Kawashima, Sabu Kohso, Bogna Konior, Artemy Magun, Michael Marder, Timothy Morton, Jean-Luc Nancy, Tomás Saraceno, Vandana Shiva, Anton Tarasyuk, Anaïs Tondeur, Giovanbattista Tusa, Slavoj Žižek.

Michael Marder est professeur de recherche en philosophie à l'Université du Pays basque (UPVEHU), à Vitoria-Gasteiz, en Espagne. Auteur d'une quinzaine de livres, dont La pensée végétale (Les presses du réel, 2021), il est spécialiste de la philosophie écologique, de la phénoménologie et de la pensée politique.
Giovanbattista Tusa est philosophe, basé à l'Institut Nova de philosophie de l'Universidade Nova de Lisbonne au Portugal. Parmi ses publications, De la fin, coécrit avec Alain Badiou (2023), et des ouvrages sur Fernando Pessoa et Pier Paolo Pasolini. Il a également travaillé comme éditeur et traducteur pour l'édition italienne d'ouvrages de Jean-Luc Nancy, Alain Badiou, Catherine Malabou et Judith Butler, et Edward W. Saïd.

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Ernest Renan : L'art du Moyen Age et les causes de sa décadence

 Manucius - Octobre 2024


« Le XIe siècle avait été témoin, en philosophie, en poésie, en architecture, d’une renaissance comme l’humanité en compte peu dans ses longs souvenirs. Le XIIe et le XIIIe siècle avaient développé ce germe fécond, le XIVe et le XVe siècle en avaient vu la décadence…»
L’Art du Moyen Âge et les causes de sa décadence est un article paru dans la Revue des Deux Mondes du 1er juillet 1862, au moment de la découverte de l’Album de Villard de Honnecourt, maître d’œuvre du XIIIe siècle, dont on retrouva le Carnet de notes, premier et seul témoignage écrit à propos des savoir-faire de l’art architectural gothique. Renan (1823-1892) y recense les différentes phases parcourues par l’art du Moyen Âge, depuis les débuts du XIe siècle, date où il voit le commencement de la période romane, jusqu’à son épuisement pour laisser place à la Renaissance à la fin du XVe siècle.

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Nicolas Poirier : Susan Sontag. À l'avant-garde de la sensibilité

 Michalon - Octobre 2024


Critique, essayiste, romancière et cinéaste, Susan Sontag (1933-2004) a toujours pensé d'une manière ouverte et polémique. Empruntant diverses formes, son œuvre doit se lire comme une tentative pour relire de manière radicale les rapports que le sujet entretient avec le monde à travers les images et les mots.
De ses premiers textes critiques jusqu'à son dernier essai Devant la douleur des autres, en passant par sa réflexion sur la photographie ou sur la maladie, ses écrits expriment la tension entre notre désir d'atteindre le réel dans son immédiateté et la conscience des pouvoirs de l'art pour nous donner à comprendre ce que nous sommes.
À la fois plongée dans les aspects théoriques de l'œuvre de Sontag et exploration de sa dimension intime, cet ouvrage nous montre ce qui, dans cette expérience singulièrement moderne, peut nous servir à nous orienter politiquement et esthétiquement dans l'existence.

Nicolas Poirier est enseignant et chercheur en philosophie, rattaché au Sophiapol/Université Paris Nanterre. Il a notamment publié dans la même collection Canetti. Les métamorphoses contre la puissance (Michalon, 2017).

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Daniela Tononi (dir.) : Les Chemins de l'imperfection. Reconfiguration d'un paradigme moderne (XIXe-XXIe siècle)

 Classiques Garnier - Octobre 2024


À travers les siècles, l'imperfection a façonné l'art et la littérature, prenant des significations diverses selon les époques et les penseurs qui l'ont explorée. Du XVIIIe siècle à nos jours, l'accent est mis sur sa transition perçue comme un défaut esthétique à une composante essentielle de l'acte créatif. Les articles de cet ouvrage examinent de près comment les idéaux esthétiques ont évolué, influençant la perception de l'imperfection. Des oeuvres inachevées à la tension entre écriture et vérité, en passant par les nuances de l'imperfection dans le théâtre, chaque contribution révèle comment elle devient une force motrice dans la création littéraire, défiant les notions traditionnelles de perfection.

Daniela Tononi est professeure de littérature française à l'université de Palerme et membre du Comité directeur du Centre de recherche Argo. Spécialiste de l'Oulipo, elle a consacré plusieurs articles à l'écriture autobiographique de Perec, aux manuscrits de Queneau, aux rapports entre écriture, mémoire et témoignage. Elle a codirigé plusieurs colloques et plusieurs ouvrages collectifs.

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mercredi 16 octobre 2024

Emmanuel Naya : Lire le scepticisme au XVIe siècle. Le phénomène pyrrhonien

 Classiques Garnier - Octobre 2024


Comment une pensée paradoxale retournant la philosophie contre elle-même a-t-elle pu émerger au sein d'un monde essentiellement aristotélicien et platonicien, en un mot dogmatique, à l'époque de la Renaissance, fécondant l'histoire de la pensée jusqu'à nos jours ? Si l'on se donne pour objectif d'observer la reviviscence du scepticisme à cette période, nous ne pourrons le faire à partir des synthèses modernes portant sur cette philosophie qui n'a aucune unité textuelle ni sémantique stable : il faut considérer que les érudits de la Renaissance tels que Montaigne ou Rabelais étaient avant tout des lecteurs, tributaires de sources retrouvées et interprétées au fil du temps par des imprimeurs-libraires ; des lecteurs dépendant d'un prisme philologique transformateur.

Emmanuel Naya est ancien élève de l'ENS Ulm, agrégé de lettres classiques et membre de l'IUF. Il est actuellement maître de conférences à l'université Lumière - Lyon 2 et chercheur à l'IHRIM (UMR 5317). Coéditeur des Essais de Montaigne, ses travaux portent principalement sur la redécouverte des philosophies hellénistiques à la Renaissance.

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Ágnes Heller : Jésus, le juif

 Rivages - Octobre 2024


Le Jésus chrétien est ressuscité après trois jours. Le Jésus juif après deux mille ans.
Heller a écrit en 2002 ce livre sur la redécouverte de la judéité de Jésus, sur un oubli de deux mille ans, ainsi que sur les causes de cet oubli. Jésus, le juif est un livre plein d’espoir, œcuménique, sur ce qui unit ou qui peut unir profondément les deux religions. En ressuscitant pour nous « le Jésus juif », la philosophe hongroise Ágnes Heller (1929-2019) s’attache à ressaisir l’histoire et la mémoire souvent douloureuses des relations entre judaïsme et christianisme, ainsi qu'à explorer la place des religions et leur dialogue à l’ère post-totalitaire.
« S’il est une intellectuelle qui a su philosopher par gros temps, c’est bien la Hongroise Ágnes Heller. » (Le Monde)

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Pascal Engel : Foucault et les normes du savoir

 Eliott - Octobre 2024


L'oeuvre de Michel Foucault est une réflexion sur les normes. C'est de ses conceptions des normes du savoir que traite principalement ce livre, et de son projet d'une généalogie et d'une histoire de la vérité. Foucault renverse les positions classiques : au lieu de parler de vérité, il parle des procédures de véridiction et des techniques de vérité, au lieu de parler de justification des connaissances, il traite de la volonté de savoir et propose une éthique de la vérité. Mais jusqu'à quel point traite-t-il vraiment de vérité et de savoir ? Ne réduit-il pas à de simples effets ces notions, qui disparaissent sous les pratiques, les institutions et les formes sociales ? Et si elles perdent toute objectivité et toute visée universelle, comment peuvent-elles servir à l'entreprise de libération que visait Foucault ?

Pascal Engel est l'auteur de Va savoir ! De la connaissance en général (2007) ; Les vices du savoir. Essai d'éthique intellectuelle (2019) ; Manuel de survie rationaliste (2020) et Les lois de l'esprit, Julien Benda ou la raison (2023).

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Jean Caune : Walter Benjamin. Une pensée juive entre Moscou et Jérusalem

 Imago - Octobre 2024


Walter Benjamin est considéré comme l'un des philosophes les plus importants aujourd'hui. Comme Hannah Arendt, il fut confronté à la transformation du judaïsme en judéité. Dans le premier quart du XXe siècle, sionisme et communisme étaient, pour les jeunes Juifs, la forme de rébellion dont ils disposaient pour s'opposer à la génération des pères. La relation de Benjamin avec le communisme naquit à la suite d'une rencontre amoureuse qui joua un rôle éphémère mais fondamental dans sa vie. Elle opéra le passage d'une conception théologique et métaphysique du langage à une dialectique matérialiste. Son oeuvre pourrait être envisagée telle une ellipse, dont les deux foyers seraient, d'une part, le matérialisme historique ― condensé et enfermé dans la catégorie idéologie marxiste ― et, d'autre part, le messianisme, comme en témoigne son amitié avec Gershom Scholem. Walter Benjamin fut emporté en 1940 par la catastrophe qu'il n'avait cessé d'annoncer dans ses écrits.

Jean Caune est professeur émérite d'université, docteur en troisième cycle en esthétique et sciences de l'art et docteur d'État en sciences de la communication. Après des études d'ingénieur chimiste, il a exercé une activité de comédien. Entre 1992 et 2010, il a été maître de conférence en esthétique et sciences de l'art, puis professeur d'université en Sciences de l'information et de la communication à l'Université Stendhal de Grenoble. Jean Caune a publié de nombreux articles (une quarantaine) et une quinzaine d'ouvrages.

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Julia de Funès : La vertu dangereuse. Les entreprises et le piège de la bien-pensance

 L'Observatoire - Octobre 2024


Le monde de l'entreprise s'humanise, s'adoucit, s'assouplit. Télétravail, semaine de quatre jours, management participatif... Les sociétés s'ouvrent à plus d'autonomie et de confiance. On ne peut que se réjouir de ces libertés nouvelles. Mais gare à l' « empire du bien » ! Lorsque la pensée positive infuse les esprits, que la bienveillance devient une injonction et le bien-être l'unique boussole, le risque est grand de sombrer dans une bien-pensance mortifère pour l'intelligence. Julia de Funès ausculte sans complaisance les symptômes de ce mal qui gangrène désormais nos entreprises : coachs en développement personnel, fresques collaboratives en tous genres, chasse aux talents et aux soft skills, quête effrénée de diversité et d'inclusion... Au fil d'une analyse implacable, elle démontre combien cette volonté du bien, aussi généreuse soit-elle, peut culminer en démagogie ou en imposture. Le mieux n'est-il pas souvent l'ennemi du bien ? Salutaire pamphlet contre le politiquement correct et le prêt-à-penser, La vertu dangereuse est un appel à la résistance. Résistance au consensus mou, à la moraline simpliste, aux bons sentiments convenus.

Docteure en philosophie, diplômée d'un DESS en RH, conférencière, Julia de Funès est notamment l'auteure de Développement (im)personnel (2019) et du Siècle des égarés (2022), aux éditions de l'Observatoire.

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Denis Kambouchner : Écrits pour Derrida

 Manucius - Octobre 2024


Vingt ans ou presque après sa disparition, l’héritage intellectuel de Derrida reste objet de controverse. N’a-t-il pas introduit dans diverses problématiques philosophiques des complications inutiles ? Sa « déconstruction » ne s’est-elle pas muée en phénomène de société, pour ne faire qu’ajouter au désarroi contemporain ?

On propose ici les éléments d’une apologie sans dévotion. Rendre hommage à une saisissante puissance de pensée et d’écriture, en détailler quelques exemples, n’est pas renoncer à affronter des questions difficiles touchant la définition de la « déconstruction », son exacte portée, ou la manière dont ses enseignements prennent place dans le moment critique que nous traversons.

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mardi 15 octobre 2024

Antoine de Rivarol : Pensées & Rivaroliana

 Vagabonde - Octobre 2024


Les Pensées sont un de ces livres qui plaisent parce qu’ils ne flattent pas, et on en raffole parce qu’on ne saurait être maltraité avec plus de grâces, ni mordu avec de plus belles dents. Il se produit aussi dans ces pages le prodige dont une langue est capable quand elle ne renonce à aucun de ses envoûtements : ceux qui adoraient déjà la Beauté n’ont qu’à se baisser pour y ramasser des preuves de son existence, avant de les présenter à des incrédules qu’on appellera bientôt prosélytes, puis apôtres.

« Sur 20 personnes qui parlent de nous, 19 en disent du mal et la 20e qui en dit du bien le dit mal. […] Il faut faire mourir l’orgueil sans le blesser; car si on le blesse, il ne meurt pas. […] La Nature n’ayant plus rien de nouveau à m’offrir et la société encore moins, je ne veux que l’air et l’eau, le silence et l’absence, 4 éléments de ma vie, 4 choses sans goût et sans reproche. » (Rivarol)

« On ne trouvera ici que les pensées dont l’authenticité est incontestable, puisqu’elles sont contenues dans cinq carnets autographes conservés dans le fonds Rivarol de la bibliothèque de Bagnols-sur-Cèze. Les Rivaroliana sont quant à elles plus sujettes à caution : elles apparaissent dans d’autres sources et le bouche à oreille peut les avoir altérées. Soit ignorance, soit désinvolture, beaucoup d’éditions de Rivarol mêlent les unes et les autres tout en conservant l’apparence d’une cloison qui devrait les séparer et qui nous abuse. En voulant éviter cet écueil, il a bien fallu que nous foncions sur de plus gros, que nous n’avons pas besoin de nommer : on ne verra que trop les effets d’une telle navigation » (P. Lafargue)

Édition établie, présentée et annotée par Pierre Lafargue.

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Dominic Fontaine-Lasnier : Le legs d'un philosophe amateur. Essai sur François Hertel

 Nota Bene - Octobre 2024


Philosophe excentrique, poète en exil, François Hertel (1905-1985) fut l’un des plus fervents esprits libres que le Québec ait connus avant la Révolution tranquille. Son œuvre pourtant considérable est largement oubliée de nos jours. La quarantaine d’ouvrages publiés du vivant d’Hertel ne sont plus disponibles en librairie. Pire : on mentionne à peine son nom dans les études d’histoire des idées. Trop avant-gardiste pour son époque qui a cherché à le faire taire, trop vieux jeu pour la modernité qui s’est installée à la suite de la Révolution tranquille, la figure et l’œuvre de François Hertel demeurent dans un angle mort de l’histoire. Cet essai vise à retrouver les traces de son influence dans le Québec intellectuel et culturel d’aujourd’hui.
Essai suivi d’un entretien avec Guylaine Massoutre et d’aphorismes de François Hertel.

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Gérard Bonnet : L'idéal. La force qui nous gouverne

 In Press - Septembre 2024


Beauté, vérité, amour... les idéaux font partie de ces étoiles qu'on hésite à regarder en face : ils nous fascinent, mais ils nous éblouissent aussi, au risque de nous aveugler. Ces étoiles-là exercent un tel pouvoir sur notre vie psychique que la psychanalyse ne peut les ignorer. Cet ouvrage envisage l'idéal en restant au plus près de l'expérience humaine, comme l'une de ses productions les plus typiques et les plus désarmantes. S'il représente a priori ce qu'il y a de plus grand chez l'homme, il est aussi ce qu'il y a de plus violent et de plus dangereux. On tue et on massacre au nom de l'idéal, on accomplit des oeuvres merveilleuses en son nom aussi, et chacun mesure aisément qu'il joue un rôle décisif dans sa destinée. Gérard Bonnet dégage l'idéal de la gangue de généralités dans laquelle on l'enferme souvent, afin de rejoindre ce qu'il veut dire précisément dans le psychisme humain.

Gérard Bonnet est Psychanalyste (APF), co-créateur du Collège des Hautes Etudes Psychanalytiques. Il a été enseignant de psychopathologie à l'Université Paris VII, secrétaire de rédaction de la Revue Psychanalyse à l'Université. Il est l'auteur de nombreux ouvrages de psychanalyse. Il dirige l'Ecole de Propédeutique à la Connaissance de l'Inconscient (EPCI), où il dispense un enseignement de psychanalyse destiné à un large public.

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Cliniques Méditerranéennes n°110 : Discours et vérité. Psychanalyse et analytique foucaldienne

 Erès - Octobre 2024


Discours et vérité nous interrogent de façon particulièrement aigüe à l’heure où des discours scientistes, complotistes, fondamentalistes, populistes, « wokes » ou plus généralement identitaristes se font toujours plus bruyants et où la vérité, si chère à la psychanalyse comme à l’analytique foucaldienne, se retrouve niée, déniée, altérée, déformée, revisitée …
Avec Foucault, les discours sur la sexualité constituent un exemple paradigmatique de « ce qui se passe », ce qui nous arrive. Dans ce moment qui est le nôtre, la quête insatiable de « vérité » et « d’authenticité » ferait voir ce que serait pour le sujet « son vrai moi », « son identité authentique », « son genre », « son symptôme » dans un « discours-vrai ». Mais que devient « la parole vraie » du sujet et de sa singularité dans ce magma idéologique contemporain ?
Les proximités, parfois insoupçonnées, entre Lacan et Foucault sur la notion de discours et son rapport à la place fondamentale à accorder à la vérité, sont à nouveau à interroger, ce à quoi nous invitait J. Allouch dès 1998, qui ouvre ce numéro par un de ses derniers textes (2023) pour des perspectives cliniques et théoriques enrichissantes entre « l’analytique du lieu et l’analytique du lien ».
Chaque auteur de ce numéro, quelle que soit sa discipline, a été saisi par des questionnements permettant d’articuler une interrogation commune qui s’est focalisée sur les thématiques de l’hyperspectacle de l’image et du devenir du sujet, mis en rapport avec les modes de « gouvernementalité » (Foucault) qui configurent notre présent.

Avec la participation de Jean ALLOUCH, Michèle BENHAIM, Anne Emmanuelle BERGER, Valerie BUSSIERESRosa CARON, Laurence CROIX, Murtada CALAMY, Roland GORI, Benjamin JACOBI, Virginie KERBIQUET, Benjamin LEVY, Baptiste LAïD, Théo LUCCIARDI, Christian MALAURIE, Carole MARIOTTI, Christine MATHONNAT, Vannina MICHELI-RECHTMAN, David MONNIER, Jonathan NICOLAS, Emmanuel NIDDAM, Patricio NUSSHOLD, Jean-Brice PASCAL, François POMMIER, Florian POURCHET, Marie-Lorraine PRADELLES-MONOD, Christophe PéBARTHE, Géraldine QUINTIN-VAL, Marie-Jean SAURET, Delphine SCOTTO DI VETTIMO, Axelle SAUTTREAU, Arianna SFORZINI, François VILLA

Direction : Laurence Croix et Christian Malaurie
Laurence Croix est psychanalyste, membre d’Espace analytique et maîtresse de conférences en psychopathologie et sciences de l’éducation à l'université Paris-Nanterre, attachée au Centre de recherche Psychanalyse, médecine et société (EA 3522), université Paris-Diderot.
Christian Malaurie est anthropologue, chercheur honoraire Hdr, membre de l'unité de recherche Artes (UR 24141) université Bordeaux Montaigne. Ses recherches portent sur la médialité de l'image dans ses rapports aux "milieux"

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lundi 14 octobre 2024

Jean-Thomas Lesueur (dir.) : Le souci de l'homme et du monde. Autour de l'oeuvre de Chantal Delsol

 Cerf - Octobre 2024 - Patrimoines


Ce livre n’est pas un hommage. C’est un geste d’amitié, un acte de reconnaissance, un exercice d’admiration. Offertes par des philosophes, des historiens, des juristes, des acteurs de la vie de l’esprit et de la vie civique, les contributions qu’on va lire sont comme des saluts à l’oeuvre de Chantal Delsol, adressés depuis des vigies intellectuelles diverses.
Le 15 novembre 2022, à l’invitation de l’Institut Thomas More, de nombreux amis de Chantal Delsol, intervenants aussi bien que participants, se réunirent à l’Institut Liszt de Paris pour célébrer, en l’explorant, cette oeuvre multiple dans ses formes et ses sujets de préoccupation. Les interventions qui furent prononcées ce jour-là sont comme les refl ets de cette diversité, interrogeant ici sa dimension chrétienne, là son attention européenne, plus loin encore ses intuitions politiques.
Ce qui fait l’oeuvre d’un philosophe, ou d’un écrivain, c’est l’unité qui naît de puis s’impose dans la pluralité de ses approches et de ses explorations. Si nous avons donné pour titre à cette journée d’amitié, et aujourd’hui à ce volume, « Le souci de l’homme et du monde », c’est parce que l’oeuvre de Chantal Delsol témoigne, dans tous ses aspects, d’un profond souci pour le sort de l’homme – de l’homme dans son humanité, dans son incarnation et dans son enracinement. Ce souci fait l’unité de cette oeuvre belle et durable.

Ont contribué à cet ouvrage : Stéphane Bauzon, Guillaume Bernard, Mathieu Bock-Côté, Máté Botos, Rémi Brague, Anne Coffi nier-Barry, Jean-François Colosimo, Stéphane Courtois, Giulio De Ligio, Chantal Delsol, Gergely Fejérdy, Dominique Folscheid, Joanna Nowicki, Henryk Wozniakowski

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Leszek Brogowski, Gwénola Druel, Anna Szyjkowska-Piotrowska (dirs.) : L'insaisissable du visage. Envoûtement esthétique et regard éthique

 PU de Rennes - Octobre 2024


Le visage n’est pas une donnée naturelle. Il est bien souvent une construction historique, sociale et politique. Sa polyvalence reflète nombre de tensions conceptuelles qui ont fondé la conception même de l’être humain : la relation du corps et de l’âme, de l’intérieur et de l’extérieur, de l’artificiel et du naturel. Mais aujourd’hui, il est pris dans de nouvelles tensions suscitées par de nouvelles pratiques allant de la chirurgie esthétique à la greffe du visage, des selfies aux contrôles au faciès, du piercing à la décoloration de la peau et au changement de la couleur des yeux, de la reconnaissance faciale des individus à la prétention de l’intelligence artificielle à connaître les émotions. Ces nouveaux phénomènes ne ressuscitent-ils pas les vieux démons de la science occulte de la physiognomonie, les phantasmes de la transparence du visage par rapport au for intérieur de l’individu, les stéréotypes du visage promus par l’eugénisme et par diverses formes du racisme? Quelle politique du visage envisager alors dans la situation où la construction du visage semble échapper à l’art pour subir les assauts de l’industrie, de la science, du marketing, des nouvelles technologies, de la politique sécuritaire? Le risque n’est-il pas de réduire le visage au seul champ du visible, là où il le dépasse et demeure insaisissable. Dans un regard croisé entre art et psychanalyse, entre envoûtement esthétique et regard éthique, l’ouvrage explore cet insaisissable du visage afin de le laisser à son essentielle irréductibilité.

Anna Szyjkowska-Piotrowska est professeure de l’esthétique à l’Académie des beaux-arts à Varsovie.
Gwénola Druel est maîtresse de conférences en psychopathologie et psychologie clinique de l'enfant, à l'université Rennes 2, membre de l'EA 4050 : « Recherches en psychopathologie, nouveaux symptômes et lien social ». Elle est psychologue clinicienne, psychanalyste.
Leszek Brogowski est professeur de la philosophie de l’art à l’université Rennes 2. Membre du laboratoire « Pratiques et théories de l’art contemporain » (PTAC).

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