lundi 16 septembre 2024

Mael Renouard : De la réminiscence

 Rivages - Septembre 2024


Un monde où l’on passe de la musique dans les bars, où l’on diffuse de manière lancinante de vieux tubes dans les rues piétonnes des centres-villes, où l’on monte le son dans la voiture la nuit, est un monde qui aspire à la réminiscence. C’est un monde dont Proust a donné le ton, qu’on l’ait lu ou non – ce qui est la marque d’un tournant majeur dans l’histoire de la sensibilité. La réminiscence demeure une donnée importante du contemporain, à l’époque de la mémoire numérique, qui est le stade actuel de l’histoire de la technique comme histoire des perfectionnements de l’enregistrement et de l’exploration du passé.

Ecrivain, essayiste et traducteur, Maël Renouard est notamment l’auteur de «La Réforme de l’opéra de Pékin» (prix Décembre 2013) et de «L’Historiographe du royaume» (finaliste du prix Goncourt 2020).

acheter ce livre


Marianne Durano : Naître ou le néant. Pourquoi faire des enfants en temps d'effondrement ?

Desclée De Brouwer - Septembre 2024


« No Kids ! » clament les uns, « No Planet B ! » scandent les autres. La catastrophe écologique, dit-on, devrait dissuader quiconque de fonder une famille. Mettre au monde des enfants ne serait-il pas irresponsable, voire criminel, quand tout s'effondre sous nos yeux ?Non, réplique avec force Marianne Durano, agrégée de philosophie, mère de quatre enfants et... décroissante active ! Nous sommes de fait à un tournant de notre société d'abondance : nos richesses, loin d'être au service de la vie, semblent au contraire lui ôter sa valeur, et nous imaginons plus volontiers mourir sans enfants que vivre sans pétrole. Face à la dégradation du monde, il nous faut alors retrouver une raison d'exister et de nous continuer.Penser la surpopulation avec Marx, la naissance avec Aristote, la natalité avec Arendt, le biopouvoir avec Foucault, l'éducation avec Rousseau... Marianne Durano nous propose un véritable vademecum pour nous sauver du non-sens. Faire des enfants en temps d'effondrement est, certes, un défi immense, mais c'est un risque à prendre si nous voulons (encore) rester vivants.

Marianne Durano est normalienne et agrégée de philosophie. Cofondatrice de la revue d'écologie intégrale Limite, elle a publié en 2018 Mon corps ne vous appartient pas (Albin Michel).

acheter ce livre

Serge Latouche : Le désastre urbain et la crise de l'art contemporain

 Le Bord de l'eau - Septembre 2024


Ce livre vise à apporter un éclairage décroissant sur les mystères de l'esthétique. L'analyse du désastre urbain qui ouvre la réflexion ne renvoie pas seulement à l'inscription territoriale de la logique de destruction matérielle de l'économie de croissance, mais aussi à ce qu'on a appelé la crise de la culture, soit une perte des valeurs, une destruction du goût, de la sensibilité, et finalement de l'art de vivre. Cette destruction qu'on peut qualifier d'esthétique se manifeste pleinement dans la crise de l'art contemporain ; elle résulte en dernière instance du même processus de colonisation de l'imaginaire par l'économique que celui de la deterritorialisation. L'esthétique, pièce essentielle du réenchantement du monde, se trouve ainsi au carrefour des réflexions sur la décroissance.

acheter ce livre


Sextus Empiricus : Contre les physiciens

 Les Belles lettres - Septembre 2024


La physique grecque a quelque huit cents ans d’histoire quand, dans ce deuxième volet du Contre les dogmatiques, Sextus Empiricus (IIe-IIIe s. ap. J.-C.) entreprend de la décrire comme un champ de ruines. Ancrant son propos dans des distinctions fondatrices (entre principe divin actif et principe matériel passif, corps et incorporel, continuité ou discontinuité de l’espace et du temps), l’auteur fait, contre les philosophes de toute obédience et contre les mathématiciens, le tour des faiblesses de cette discipline. Sont successivement visées les différentes hypothèses, athées ou non, relatives à l’origine de la croyance en Dieu, la théologie, l’étiologie, les conceptions du rapport entre le tout et la partie, la pensée du corps comme entité tridimensionnelle, les théories du lieu, du mouvement, du temps, du nombre, de la génération et de la corruption.

Les questions abordées concernant la « substance du temps » ou la possibilité même qu’un corps change de place, pour ne prendre que deux exemples, sont souvent des plus profondes. À propos de la doctrine « pythagoricienne » des principes, des raisonnements du philosophe mégarique Diodore Cronos, du monde dans le système du Portique ou de ce qu’on a appelé les « sorites » de l’Académicien Carnéade contre le polythéisme, ce texte, jusqu’alors inédit en français, se distingue aussi par sa richesse doxographique.

acheter ce livre


dimanche 15 septembre 2024

Alain : Définitions

 Manucius - Septembre 2024


Petit dictionnaire philosophique de poche, les Définitions rassemblent sans doute le meilleur d’Émile Chartier, philosophe plus connu sous le nom d’Alain dont la postérité a surtout retenu les Propos. Agrégé de philosophie en 1892, il devient un professeur reconnu notamment au lycée Henri-IV où il exercera une influence majeure sur ses élèves, dont certains devinrent de grandes figures intellectuelles, ainsi, Georges Canguilhem, Raymond Aron, André Maurois, Julien Gracq ou encore Simone Weil.
Ce sont les témoignages de ses élèves qui permettent de retracer la genèse de ces Définitions. Alain avait, dit-on, établi une liste de mots dont il voulait faire surgir le sens profond souvent pas immédiatement explicite mais néanmoins là, dans le propos du locuteur ; tâche éminemment philosophique que rendre le langage conscient de son propre dire. Pour ce faire, il aimait solliciter ses étudiants afin qu’ils rédigent eux-mêmes des définitions qui, lues en classe, étaient alors débattues, complétées, jusqu’à ce que la formule soit satisfaisante. Tout ceci a fini par créer un genre original, à mi-chemin de la Maxime et du Propos dont le succès s’explique sans doute par l’efficacité redoutable d’une langue aussi claire que concise. L’ensemble contient 264 entrées allant d’Allégresse, à Bavardage, d’Enfer à Idéal, de Justice à Dieu, en passant par Larmes, Jalousie, Estime, Égalité, Pardon, Sommeil ou Zèle.

acheter ce livre


Jean-François Billeter : Un Paradigme

 Allia - Septembre 2024


Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses. Le mot signifie modèle ou exemple mais aussi ce qui est central dans la pensée. Après des décennies consacrées à l’analyse et à la traduction du Tchouang-tseu, œuvre centrale de la pensée chinoise, Jean François Billeter s’attaque à la Weltanschauung, la vision du monde. Il décrit un ensemble d’expériences qui influencent la façon dont un individu perçoit la réalité et réagit à cette perception. Il aborde notamment avec une grande lucidité et une grande clarté le phénomène de la dépression, défaillance de la perception du monde, et donc de la relation à soi. Apologie de l’observation, de ce qu’elle provoque comme de la manière dont elle agit, dans une réconciliation inédite et prometteuse du corps et de la pensée.

acheter ce livre


samedi 14 septembre 2024

Aurélia Gaillard : L'invention de la couleur par les Lumières (de Newton à Goethe)

 Les Belles lettres - Septembre 2024


Penser aux tableaux du XVIIIe siècle ou au mobilier de style Louis XV c’est imaginer un camaïeu de tons pastel où le bleu ciel le dispute au rose pâle et au vert céladon, y compris dans des contextes solennels où cette explosion de couleurs lascives semble aujourd’hui assez incongrue. Comment expliquer l’engouement de l’époque pour ces teintes audacieuses et leur utilisation dans de nombreux domaines ? Plus encore, en quoi le siècle des Lumières a-t-il été le témoin d’une révolution – dont nous sommes encore les héritiers – dans la façon de percevoirles couleurs ?

Pour répondre à ces questions, Aurélia Gaillard procède à une relecture attentive des textes évoquant la couleur dans l’Antiquité, au Moyen Âge et à la Renaissance. Elle restitue un ancien monde où les couleurs n’existaient que dans le cadre de corps de métiers sectorisés, revêtaient souvent une valeur symbolique, sans vocabulaire précis pour en caractériser les teintes et les nuances. C’est ensuite à la faveur de découvertes scientifiques et d’évolutions techniques que le XVIIIe siècle connaît une désectorisation des couleurs, un élargissement des gammes chromatiques, une conceptualisation des couleurs en tant que telles (avec leur mathématisation, racialisation, sexualisation), un enrichissement du vocabulaire pour les désigner et, surtout, assiste à leur omniprésence, de la peinture à la littérature, de la science à la mode.

Bien plus qu’une simple parenthèse colorée vite refermée, le siècle des Lumières marque ainsi le passage à une ère nouvelle où la couleur devient un filtre à travers lequel on voit, on pense et on habite le monde. La couleur n’est plus d’abord un symbole ou un emblème, elle vaut désormais pour elle-même, pour sa fonction expressive et esthétique.

Aurelia Gaillard est professeure de littérature française du XVIIIe siècle à l’université Bordeaux Montaigne et membre senior de l’Institut Universitaire de France (IUF). Elle étudie l’époque des Lumières dans des approches transdisciplinaires, croisant littérature, arts et sciences, et dans ses résonances avec la période contemporaine. Elle a dirigé de nombreux numéros de revues, écrit différents ouvrages pédagogiques et dirige actuellement l’édition des oeuvres de Montesquieu en collaboration avec Catherine Volpilhac-Auger.

acheter ce livre

Sylvain Roux : La philosophie antique comme exercice spirituel ? Un paradigme en question

 Les Belles lettres - Septembre 2024


Une nouvelle conception de la philosophie antique mais aussi, plus largement, de la philosophie elle-même, s’est progressivement imposée durant la seconde moitié du vingtième siècle, à la suite des nombreux travaux de Pierre Hadot. Cette conception n’a cessé de rencontrer un vif succès, que ce soit auprès des spécialistes ou auprès d’un public plus large, qu’intéressent les questions relatives au sens de l’activité philosophique. Selon cette nouvelle conception, la philosophie aurait été comprise, depuis Socrate, comme une manière de vivre et non comme une discipline purement théorique visant à produire un savoir. En ce sens, elle avait donc d’abord une finalité pratique : fournir aux hommes les moyens de parvenir au bonheur. Mais surtout, elle reposait sur des exercices de nature spirituelle, dont l’objectif était à la fois, par un entraînement constant, de se préparer à cette vie philosophique et d’en poursuivre la pratique. De tels exercices n’étaient donc pas seulement une partie de la philosophie, ils se confondaient avec elle et constituaient l’activité philosophique tout entière.

Une telle conception a acquis la valeur d’un véritable paradigme au sens où elle est devenue un modèle pour tous ceux qui veulent comprendre la philosophie antique. Mais elle n’a jamais fait l’objet d’une analyse critique approfondie ou d’une réflexion portant sur les présupposés qui sont les siens. Il s’agira donc, dans ce livre, de s’interroger sur les fondements d’une telle conception, et d’en signaler les limites, afin d’ouvrir à nouveau le débat sur le sens de la philosophie antique.

Sylvain Roux est professeur de philosophie ancienne à l’Université de Poitiers. Ses travaux portent sur l’histoire du platonisme, et plus particulièrement sur Plotin et le néoplatonisme.

acheter ce livre


Jean-François Billeter : Li Zhi, philosophe maudit (1527-1602)

 Allia - Septembre 2024


Les deux ouvrages qui ont fait la célébrité de Li Zhi (prononcer Li Dj) sont Le livre à brûler et Le livre à cacher. Immédiatement interdits puis progressivement redécouverts au XXe siècle, ils s'en prenaient vivement à l'hypocrisie qui régnait parmi les gens de pouvoir, dans l'administration impériale et au confucianisme dont ces gens se réclamaient.
De ce personnage aussi attachant qu'inclassable, Jean François Billeter offre une biographie intellectuelle nourrie de nombreuses traductions. Il montre ce que son destin nous apprend sur la société de son époque et sur une Chine bouillonnante dans laquelle était peut-être en gestation un avenir dont elle a été privée.
L'ouvrage, publié pour la première fois en 1979, épuisé depuis longtemps, comprend chronologie, bibliographie et index.

acheter ce livre


Rémi Larue : Albert Camus face à la violence. À l’épreuve du "siècle de la peur"

Le Bord de l'eau - Septembre 2024


Entre révolutions, guerres et autres formes encore, la question de la violence s’est imposée à Camus comme à une grande partie de ses contemporains, soucieux qu’ils étaient de penser une époque particulièrement marquée par ses conséquences concrètes dans le monde. Dans cet ouvrage inspiré, l’auteur nous montre comment la manière dont Camus aborde ce problème philosophique s’inscrit pleinement dans son époque, d’autres diront dans son « moment », tout en faisant apparaître une certaine originalité.
Le premier signe de cette originalité tient dans la façon dont il a cherché à représenter la violence dans sa diversité. De la bagarre d’enfants à la réalité crue de la guerre et de la révolution, en passant par le suicide ou encore le meurtre, cette diversité tient autant dans les formes évoquées que dans les acteurs dépeints.
Le deuxième signe concerne le contenu de cette approche et les pistes de réflexions voire de prises de positions qu’il y développe. Soucieux de se concentrer sur ce que fait la violence aux êtres humains plutôt que de tenter d’en saisir l’essence, on pourrait résumer les positions de Camus par la formule que l’on replace au cœur de sa démarche : « Ni victimes ni bourreaux. »

Chercheur indépendant et éducateur de rue, Rémi Larue s’intéresse particulièrement aux notions de révolte, d’histoire et de violence chez Albert Camus. La pensée camusienne est aussi un repère important dans la construction de son éthique professionnelle de travailleur du lien social.

acheter ce livre

Souleymane Bachir Diagne : Ubuntu. Entretien avec Françoise Blum

EHESS éditions - Septembre 2024


"Le métissage n'est pas simplement un état, mais une valeur, une capacité qu'il nous faut cultiver en nous. Il est l'autre nom du décentrement, qui nous enseigne, et là réside son pouvoir, que nous sommes beaucoup de choses à la fois, et entièrement chacune de ces choses-là. Il est essentiel de s'approprier ce devoir être métis en un temps comme le nôtre".
Dans un entretien recueilli en juillet 2023, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne se raconte face à l’historienne, ainsi qu’amie de longue date, Françoise Blum. Il retrace sa trajectoire intellectuelle dès son enfance à Saint-Louis, la plus ancienne colonie française d’Afrique, et révèle comment il interroge le monde depuis New York, où il enseigne. La blackness, la culture métisse ou le concept ubuntu, issu des langues bantoues, sont autant d’éléments de ce portrait du philosophe en humaniste.
Véritable autobiographie idéologique sous forme d’entretien, ce livre est le témoignage d’un des plus importants intellectuels contemporains. L’ancien élève de l’École normale supérieure de Paris revient dans cet échange avec la spécialiste des socialismes africains sur son travail, toujours ouvert sur la cité.
Conseiller du président sénégalais Abdou Diouf, promoteur de la Biennale de Dakar, Souleymane Bachir Diagne dévoile les soubassements de son projet universaliste, qui réussit à articuler différentes traditions : l’islam soufi et la philosophie française contemporaine, le catholicisme de Senghor et l’œuvre du musulman Iqbal, l’algèbre de Boole et l’anthropologie de Lévi-Strauss. Au cours d’un dialogue nourri de confiance se dessine une doctrine multiculturelle qui prend à bras-le-corps les débats qui agitent nos sociétés sur les études postcoloniales, l’appropriation culturelle ou encore la négritude.
Faisant sienne la leçon de Desmond Tutu et Nelson Mandela, Diagne pense à nouveaux frais le cogito cartésien : « Je suis parce que nous sommes », l’autre nom d’ubuntu.

Souleymane Bachir Diagne est philosophe, professeur à l'université Columbia de New York.

acheter ce livre

Souleymane Bachir Diagne : Universaliser. Pour un dialogue des cultures

 Albin Michel - Septembre 2024


Souleymane Bachir Diagne a mis la question de l’universalité et des singularités au coeur de sa réflexion et de son engagement, appelant à un universel riche de tous les particuliers. Dans cet essai qui fait brillamment dialoguer les cultures, le philosophe montre que l’universel tient compte du pluriel du monde, mais que l’humanité n’est pas une juxtaposition de tribus.
Aucune région du monde ne peut à elle seule décréter ce qu’est l’universel, il nous faut le forger ensemble, même si penser l’humanité dans sa totalité est une tâche infiniment difficile et nécessite de recourir à une philosophie du décentrement.
À l’heure où triomphent les principes ethnonationalistes, les tribalismes, les comportements de domination et de prédation entre les nations et les cultures, Souleymane Bachir Diagne choisit d’avoir foi en l’humain et défend l’universel comme l’oeuvre commune de l’humanité.

acheter ce livre


vendredi 13 septembre 2024

Amirpasha Tavakkoli : Wollstonecraft. Le féminisme des Lumières

 Michalon - Septembre 2024 - Le bien commun


Mary Wollstonecraft (1759-1797) eut un destin exceptionnel, lié à son engagement féministe au cœur du siècle des Lumières. Auteure de romans, traités philosophiques et récits de voyage, elle est principalement connue en son temps pour sa Défense des droits des femmes, critique virulente de la société patriarcale autant que manifeste pour une éducation rationnelle et égalitaire.
Éminemment libre, multipliant les amours et les rencontres, elle débarque à Paris en pleine Révolution. Après des pérégrinations à travers l'Europe, elle rencontre William Godwin, l'un des pères de l'anarchisme, qui lui voue un profonde admiration. De leur relation naîtra celle qui deviendra Mary Shelley, la créatrice de Frankenstein.
Disparue à l'âge de 38 ans, Mary Wollstonecraft laisse des manuscrits inachevés et un mari inconsolable : c'est Godwin qui publiera ses souvenirs et créera ainsi les conditions de sa redécouverte deux siècles plus tard par le mouvement féministe.

acheter ce livre



Critique n°927-928 : Sons. De la musique aux arts sonores

 Editions de Minuit - Septembre 2024


Au début du XXe siècle, le futuriste Luigi Russolo publiait un manifeste pour « l’art des bruits » : l’introduction du son pur comme élément d’une musique élargie (ou continuée par d’autres moyens), ne date donc pas d’hier. Mais des « sound studies » aux « écologies du » en passant par les pratiques du design, de l’art et de la performance, la référence au « sonore » est devenue proliférante, parfois même assourdissante. Le vaste domaine que désigne ce terme excède la musique, mais aussi bien il la concerne. En l’emportant ailleurs, en interrogeant ses limites, il la force à renouveler ses formes et ses formats.
Pour éclairer cette situation, ce numéro spécial de Critique, coordonné par Élie During et Bastien Gallet, veut explorer d’une part de nouvelles approches pratiques et théoriques et d’autre part de nouvelles espèces de sons, de nouveaux environnements sonores, et leurs répercussions sur les pratiques musicales contemporaines.

Avec des contributions de : Frédéric Bisson, Maxime Boidy, Lambert Dousson, Élie During, Bastien Gallet, Agnès Gayraud, Céline Hervet, Pauline Nadrigny, Frédéric Neyrat, Matthieu Saladin, Peter Szendy, Anne Zeitz.
Et deux entretiens avec : Michael Century et Maud Jacquin ; Julie Ackermann et Guillaume Heuguet.
Texte inédit de Pauline Oliveros.

acheter ce livre


Violaine Houdart-Merot (dir.) : Le tournant créatif de la recherche

 PU de Vincennes - Octobre 2024


L’ouvrage met en lumière, dans de nombreuses disciplines, le tournant actuel dans la manière d’écrire la recherche et explore les formes et les enjeux de cette porosité nouvelle entre écriture de la recherche et écriture créative.

En anthropologie comme en littérature ou en linguistique, en histoire comme en sociologie ou en philosophie, nous observons aujourd’hui une porosité nouvelle entre écriture de la recherche et écriture dite littéraire, ou plus largement « créative ».
Ce mouvement met fin à une conception binaire, opposant vérité et fiction, objectivité et subjectivité, transparence de l’écriture et usage rhétorique. L’écriture devient ainsi une partie intégrante la recherche, une source de découverte, un « instrument fouisseur », pour reprendre la métaphore de Pascal Quignard.
Sont explorés ici les nouveaux genres de la recherche qui émergent aujourd’hui : l’essai littéraire, l’écriture du moi, le récit, parfois même la fiction. Pourquoi ces changements historiques ? Quels en sont les enjeux ? Quelles conceptions du littéraire et de la recherche font-elles émerger ?

Violaine Houdart-Merot est professeure émérite en littératures de langue française à CY Cergy Paris Université. Elle a notamment publié La création littéraire à l’université (PUV, Libre cours, 2018) et co-dirigé La recherche-création littéraire (Peter Lang, 2021).

acheter ce livre



Giacomo Leopardi : Petites Œuvres morales

 Allia - Septembre 2024


Traduit de l'italien par Joël Gayraud.
Présentation de Giorgio Colli.

“Je suis né pour aimer, et j’ai aimé peut-être avec autant d’amour qu’en peut montrer une âme humaine. Aujourd’hui, bien que je ne sois pas encore à l’âge où les passions se glacent, ni même s’attiédissent, je ne rougis pas de dire que je n’aime personne, excepté moi-même, par nécessité naturelle, et encore le moins possible.” Rédigées sous forme de dialogues (entre la mode et la mort, la terre et la lune), de contes philosophiques (Histoire du genre humain), à la limite, parfois, du poème en prose (Éloge des oiseaux), les Petites Œuvres morales, dont la rédaction s’étale de 1824 à 1827, offrent un panorama complet de la gamme stylistique et philosophique de Leopardi.

acheter ce livre


Ludwig Wittgenstein : Cahier bleu et Cahier brun

Flammarion - Septembre 2024 - GF Philosophie


Édition et traduction Sabine Plaud

Issus de notes de cours professés par Wittgenstein à Cambridge entre 1933 et 1935, Cahier bleu et Cahier brun sont caractéristiques d’une période intermédiaire du philosophe, au cours de laquelle celui-ci remet en question certaines approches développées dans le Tractatus logico-philosophicus, tout en explorant des pistes qui se retrouveront dans les Recherches philosophiques. À partir d’une interrogation sur ce qu’est la signification d’un mot et en s’appuyant sur le concept fondamental de jeu de langage, ces deux textes essentiels rompent avec l’idée d’un langage logiquement pur, en parfaite adéquation avec la structure du monde, pour présenter une réflexion autour d’un langage ordinaire et vivant, évoluant au gré des usages et de leurs règles.

acheter ce livre

Axel Honneth : Le souverain laborieux. Une théorie normative du travail

 Gallimard - Septembre 2024 - Essais


Traduit de l'allemand par Frédéric Joly et Pierre Rusch

Un des plus grands défauts de presque toutes les théories de la démocratie consiste à oublier obstinément que les membres de ce Souverain qu’elles invoquent à cor et à cri sont toujours aussi des sujets laborieux.
On s’imagine que les citoyennes et les citoyens se soucient avant tout de prendre part aux débats politiques pour y défendre leurs idées ; mais la réalité sociale est que, jour après jour, la plupart des individus se consacrent à un travail, ce qui — en raison de leur position subalterne, de leur faible rémunération ou du surmenage auquel ils sont exposés — leur interdit en pratique ne serait-ce que de se projeter dans le rôle d’acteurs autonomes de la formation démocratique de la volonté.
Le point aveugle de la théorie de la démocratie est donc une division sociale du travail qui est née sur le sol du capitalisme moderne et qui, en raison de positions très inégalement dotées, détermine qui détient quelles possibilités d’influencer le processus de la formation démocratique de la volonté. Négliger cette sphère est d’autant plus fatal pour une théorie de la démocratie qu’elle perd ainsi de vue l’un des rares leviers qui permettent à l’État démocratique d’agir sur ses propres conditions d’existence : en dehors de l’instruction scolaire, l’État démocratique peut, en agissant sur les conditions de travail, déterminer quels sont les schémas comportementaux bénéfiques, c’est-à-dire coopératifs.

acheter ce livre

jeudi 12 septembre 2024

Corine Pelluchon : L'être et la mer. Pour un existentialisme écologique

 PUF - Septembre 2024


Tout en soulignant l'actualité de l'existentialisme, qui implique d'accepter la facticité de notre condition et éclaire le lien entre contingence et liberté, indétermination du sens et responsabilité, Corine Pelluchon montre que l'écologie exige de l'enrichir. Mais l'existentialisme écologique ne se réduit pas au coexistentialisme attestant notre appartenance à une communauté de vivants. Il suppose de prendre ses distances avec l'imaginaire terrestre et de penser l'humain en partant de la mer. Reposant sur une ontologie liquide, cet existentialisme rompt avec l'obsession territoriale qui explique les contradictions du droit international de la mer, déchiré entre l'impératif de préservation d'un écosystème indispensable à notre survie et les rivalités économiques et militaires conduisant à sa surexploitation. Opposée à toute pensée de l'enracinement, cette phénoménologie de la vie marine met en évidence la fluidité du moi et conçoit notre immersion dans le monde commun, qui renvoie à la mémoire et à l'immémorial, à la mer-mère conçue dans sa préséance sur les terres.

acheter ce livre

Stéphanie Roza : Marx contre les GAFAM. Le travail aliéné à l'heure du numérique

 PUF - Septembre 2024


Le capitalisme a beaucoup changé depuis l'époque de Marx. En quoi ses concepts peuvent-ils encore être utiles à celles et ceux qui se placent dans la perspective de l'émancipation ? Cet ouvrage s'appuie sur les apports d'un siècle et demi de travaux et de débats au sein du marxisme, et particulièrement sur ceux de penseurs humanistes comme Georg Lukács, pour décrypter les tendances de fond de la société contemporaine. Il s'appuie sur l'hypothèse d'une essence humaine universelle : elle ne cesse d'évoluer dans le temps grâce aux efforts fournis par les individus dans l'activité de travail, qui peu à peu humanise le monde tout en accroissant la richesse et la puissance des sociétés. Mais ces progrès ont une face sombre : c'est pourquoi l'analyse s'efforce aussi de mettre à jour les nouvelles formes d'aliénation, en particulier celles engendrées par les plateformes numériques, qui se sont invitées dans notre rapport au travail, aux autres et à nous-mêmes. Le pari de ce livre est le suivant : seule une lecture lucide du monde dans lequel nous vivons peut fournir une base sérieuse à une théorie de la libération adaptée à notre temps.

acheter ce livre


Eytan Ellenberg : La caresse éthique. Plaidoyer pour repenser le langage médical

 Atlande - Septembre 2024


Devant faire face à des situations cliniques de plus en plus complexes, le langage médical, qui semble réservé à des initiés, apparait inadéquat à une relation de soins respectueuse du patient.
Le regard clinique, fruit d’un mouvement hospitalier prônant technologie et spécialisations, porte en effet en lui le risque de mise à l’écart de l’humain.
Un langage médical refondé devient nécessaire dans ce nouvel espace de santé pour engager plus profondément la médecine dans ce que nous appelons “la caresse éthique”.
Cet essai est une histoire des idées qui convoque Foucault, Saussure et Levinas dans une réflexion fondamentale sur les grands jalons de la médecine.
Ce parcours aux frontières de nombreuses disciplines scientifiques permet de mieux situer l'importance et les enjeux de certaines exigences auxquelles la médecine doit aujourd’hui faire face, entre efficacité clinique et exigence morale.
Dans une perspective de care, il s’agit de faire émerger un langage qui soigne et des pratiques qui pansent les blessures aux corps mais aussi à l’âme.

Eytan Ellenberg est Médecin de Santé Publique et Docteur en Sciences du Langage. Auteur d’un essai sur l’Hôpital et de nombreux articles sur l'éthique médicale, l'histoire de la médecine, l’antisémitisme et le terrorisme, il a également publié deux romans.

acheter ce livre


Thierry Paquot : Mesure et démesure des villes

CNRS éditions - Septembre 2024


Une réflexion historique et philosophique sur la ville et son habiter.
Y a-t-il une " juste taille " des villes ?
Les mégalopoles connaissent une extension sans limites, s'encombrent de gratte-ciel, de centres commerciaux, d'automobiles, de gated communities et de bidonvilles. Faut-il privilégier des villes plus petites et réduire les trop grandes ? Y a-t-il une " juste taille " des villes et une " bonne échelle " des territoires de notre existence ?
Depuis Platon, philosophes et penseurs se penchent sur ces questions de la taille des villes et de leur mesure.
Dans cet essai foisonnant, Thierry Paquot entrelace démographie, géohistoire, urbanisme, écologie et nous guide dans le labyrinthe des idées et des expérimentations : naissance et évolution des cités, utopies fouriéristes, garden-city d'Ebenezer Howard, shrinking cities... Il nous initie aussi à la pensée de théoriciens souvent méconnus en France, parmi lesquels les partisans du small is beautiful ou des biorégions.

Thierry Paquot, philosophe de l'urbain, est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels La folie des hauteurs. Critique du gratte-ciel , Désastres urbains. Les villes meurent aussi, Le voyage contre le tourisme, Dicorue. Vocabulaire ordinaire et extraordinaire des lieux urbains, Poésies urbaines. De Baudelaire à Grand Corps Malade.

acheter ce livre



Romain Rolland : Oeuvres complètes XVI. Écrits philosophiques et autobiographiques

 Classiques Garnier - Septembre 2024


Les textes présentés ici portent essentiellement sur le rapport de Romain Rolland à la foi : que ce soit celle du héros en un idéal ou celle d'Empédocle et de Spinoza, elle s'enrichit du « sentiment océanique » pour être vécue comme force divine, proche du sentiment religieux. L'ensemble forme un tout où l'essai, le récit biographique et autobiographique, la correspondance et les notes prises sur le vif se font écho et donnent à voir un homme aux multiples facettes. Intellectuel érudit doublé d'un mémorialiste qui livre la part la plus intime de lui-même, historien à la recherche de son passé familial pour mieux se connaître, Romain Rolland offre ainsi au lecteur la riche complexité d'une pensée vivante et enracinée dans le monde réel.

acheter ce livre


Juliette Farjat : Le Langage de la vie réelle. Pour une philosophie des pratiques langagières

Les Editions sociales - Mai 2024


Alors même que l’ensemble de nos activités sociales (discuter, travailler, étudier, faire de la politique, etc.) se vivent et s’expriment dans le langage, la pensée critique ne s’est que très peu intéressée aux phénomènes linguistiques. C’est ce manque que ce livre s’efforce de combler à par tir d’une perspective marxiste. Car, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a chez Marx de nombreuses pistes pour penser les rapports entre le langage et la vie sociale que Juliette Farjat s’efforce de reconstituer pour les confronter avec les analyses empiriques propres aux sciences humaines et aux sciences du langage.
Trois thèses principales sont défendues au fil de l’ouvrage. Juliette Farjat soutient d’abord qu’on ne peut comprendre véritablement la nature des sociétés sans en analyser les pratiques langagières. Elle montre ensuite, à par tir de l’exploration des mécanismes de la domination sociale, que toute critique de la société doit passer par une critique de son langage. Et elle affirme enfin que les processus d’émancipation supposent une libération de notre rapport au langage, car l’idée d’une vie meilleure est inséparable de celle d’une vie langagière plus épanouie.

Juliette Farjat est docteure et professeure agrégée de philosophie en classes préparatoires.

acheter ce livre

mercredi 11 septembre 2024

Florian Laguens : Science et foi, les grandes controverses. Galilée, Darwin, Einstein

 Artège - Septembre 2024


L'affaire semble entendue : l'Église catholique est ennemie des sciences. Il fait preuve d'incohérence, celui qui affirme croire en Dieu et s'attacher aux découvertes scientifiques. Ce sont précisément ces idées reçues que Florian Laguens entend examiner et - disons les choses clairement - remettre en cause. Cela à partir de trois lieux emblématiques de la tension supposée entre sciences et foi : Galilée et l'héliocentrisme, Darwin et l'évolution, Einstein, Lemaître et le Big Bang.Si ces noms sont connus, la plupart serait bien en peine d'en rendre compte précisément. Une lacune que ce livre entend combler en menant l'enquête à travers l'histoire des sciences expérimentales. En s'attachant aux protagonistes eux-mêmes plutôt qu'à des ouvrages de vulgarisation, l'objectif est de faire voir et de faire lire, pour que chacun se trouve muni des pièces du dossier, et en possession des références pour en découvrir davantage selon sa curiosité. Un voyage fascinant aux dimensions de l'univers pour sortir du prêt-à-penser.

Licencié en physique et docteur en philosophie, Florian Laguens est enseignant-chercheur à l'IPC-Facultés libres (Paris) et au Collège des Bernardins. Ses travaux portent notamment sur des questions d'histoire et de philosophie des sciences contemporaines.

acheter ce livre

Bérénice Levet : Penser ce qui nous arrive avec Hannah Arendt

 L'Observatoire - Septembre 2024


Crise de l'autorité, crise de l'école et de l'éducation, crise du travail, exhortations morales en lieu et place de la conscience politique, guerre contre le passé, l'histoire, la langue, "un homme moderne qui a perdu le monde pour le moi": ouvrez un livre d'Hannah Arendt et vous aurez le sentiment que l'encre y est à peine sèche. Arendt jette les lumières les plus vives, les plus crues, les plus cruelles aussi, sur les maux qui nous assaillent. Mais notre philosophe fait mieux encore que nous éclairer: elle ne nous laisse pas sans ressources face à l'ensemble de ces crises. Elle nous dote d'une philosophie qui nous permet d'avancer d'un pas assuré en ce monde, de ne pas vaciller à tous les vents. Alors, Hannah Arendt, un penseur pour notre temps? Assurément. Mais nullement de notre temps. Et en aucune façon pour des lecteurs qui demanderaient à une oeuvre de renchérir sur leurs certitudes, de prendre soin de leur confort moral et intellectuel. C'est toute la fécondité et la saveur de sa pensée que de venir inquiéter les évidences du présent, de désaccorder toutes les clochettes pavloviennes qui nous tiennent lieu de pensée. J'ai moi-même, tôt, contracté cette dette à l'endroit d'Arendt. Fasse que celle-ci soit contagieuse et que le lecteur y puise à son tour de substantielles nourritures !»

acheter ce livre


Lucile Novat : De grandes dents. Enquête sur un petit malentendu

 Zones - Septembre 2024


Et si l'on avait fait fausse route dans l'interprétation du Petit Chaperon rouge ? De cette histoire familière, on a surtout retenu une mise en garde contre des prédateurs inconnus, intégré l'idée que le danger rôdait dehors. Et pourtant...
Il était une fois, sous une flamboyante capuche rouge, un petit malentendu. Perrault et les frères Grimm s'étaient donné de la peine, ils avaient semé les indices comme d'autres sèment les cailloux, mais en vain. Quelque chose en nous résistait, à nos corps défendants. Affabulation collective, le déni mit tout à l'envers : on verrouilla, d'un même geste, et le contresens et la porte de nos maisons. Rembobinons. Qu'est-ce que c'est que cette grand-mère " folle " de sa petite-fille ? Pourquoi l'enfant donne-t-elle si prestement son adresse au loup ? Aurait-elle d'excellentes raisons de traîner des pieds en chemin ? Est-il bien vrai que la forêt est un danger et la maison un lieu sûr ? Et, surtout, qui se cache sous la couverture ? Un loup grimé en mère-grand, vraiment ?
L'enquête est rouverte. À travers un réseau de récits fictionnels et familiaux, où surgissent, au détour d'un sentier, Sigmund Freud, Virginia Woolf ou encore David Lynch, Lucile Novat dissèque la fable, débusque le tabou, et fait retentir un tout autre avertissement.

Suivi de Barbe-Bleue, un conte dont vous êtes le Perrault.

acheter ce livre


Paul Nizan : Toute littérature est une propagande

 Grasset - Septembre 2024


Paul Nizan, célèbre pour ses pamphlets comme Les Chiens de garde (1932), a aussi été un grand critique et un explorateur de la littérature durant toutes les années 1930. Dans la presse quotidienne (L’Humanité) et dans des revues (Europe), il a examiné avec passion et sagacité H.G. Wells, Steinbeck ou encore le Céline de Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit, à propos de qui pas un seul de ses jugements ne pourrait être retranché aujourd’hui. Ces longs et brillants articles avaient été réunis chez Grasset en 1971, les voici pour la première fois réédités.
Nizan ne croit pas à la pureté de la littérature : il cherche les moyens d’y amener ceux qui n’écrivent d’habitude pas et de créer une littérature révolutionnaire. Membre du Parti communiste, mais sans dogmatisme, il impressionne par la perspicacité de ses propos et la pugnacité de ses propositions, plus que jamais d’actualité près d’un siècle après leur publication.
« Toute littérature est une propagande. La propagande bourgeoise est idéaliste (…). La propagande révolutionnaire sait qu’elle est propagande. »

acheter ce livre